Mais nous irons au théatre
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Mais nous irons au théatre
Ceci est le résumé d'un event d'abord destiné aux Lames Brisées, situé en Sombre-Comté. L'event n'est pas fermé, et si votre personnage est lié à Colline-Aux-Corbeaux, a pu découvrir certaines choses et s'y intéresser, n'hésitez pas à me contacter par mp pour en savoir davantage, de même que si vous souhaitiez un lien avec la famille Orlshae. Le rp, c'est à faire vivre, même pour les morts !
Bonne lecture.
Colline aux Corbeaux. Une demeure reculée, moins en ruines que d'autres. Quelques fenêtres illuminées. Une mélodie de piano résonne dans les airs. Au travers d'une fenêtre, on distingue quatre personnes. Un homme capte d'abord l'attention, visiblement noble, austère, d'un certain âge, son menton est dans son poing, il est assis près d'un feu nourri. Une femme, plus âgée que lui encore, lui fait face, assise très droite, un chignon sévère au dessus de son visage très rond et souriant. Une autre femme, d'un âge moyen, à ses côtés, qui n'a pas l'air à l'aise. Enfin, une jeune fille, tout juste adolescente, s'exerce au piano.
L'homme austère : _ Je vais y retourner.
La femme âgée au chignon : _ Mon aimé, vous n'avez pas même goûté au vin.
La fillette au piano : _ Ni écouté mes progrès, mon Oncle.
L'oncle austère, après un mouvement de main impatient : _ Il suffit. Ca ne m'attendra pas.
La femme âgée au chignon : _ Personne ne s'est perdu ce soir. Laissez-vous donc une nuit de repos.
L'oncle austère, se relevant : _ Ne me suis-je pas déjà reposé hier ?
La femme âgée au chignon, faisant de même : _ Juste le vin.
L'homme sourit très vaguement, boit, puis cille, vacille, retournant à son siège. Pour finir, rapidement, il s'endort.
La femme âgée au chignon : _ Continue donc de jouer, Charmayne.
La fillette au piano, dite Charmayne, restée à contempler l'endormi : _ Oui ma Tante. Quelque chose pour votre plaisir ?
La femme âgée au chignon : _ Joue, joue donc, ce qu'il te plaira, et va te coucher bientôt.
Charmayne, d'un ton joyeux : _ N'ai-je pas réellement progressé ?
La femme d'âge moyen : _ Oh que si, bien entendu. Beaucoup. Laisse-moi donc t'aider, Gladys.
La femme âgée, Gladys, et l'autre dame prennent l'Oncle avec peine en leurs bras, le portant au travers de la demeure pour le coucher. La fillette au piano reste seule à jouer. Au dehors, trois silhouettes, une grande, une bien plus modeste, une troisième fine et recroquevillée, c'est une goule. Les deux autres sont assis non loin de la statue ornant le centre de la ville fantôme. Caparaçonnés dans leurs armures, les traits de l'homme ne se distinguent pas, quand ceux de la toute petite dame à côté laissent deviner une gnome assez jeune. Tous deux ont des yeux luisants d'un éclat froid et bleu. Une cavalière s'annonce, sur un cheval mort. Ils se redressent.
La cavalière draeneï: _ Sang et Acier, Chance. Chrysaline.
L'homme en armure, nommé Chance : _ Sang et Acier, Dame Kiera.
La gnome en armure, désignée comme Chrysaline : _ Sang. Acier.
La cavalière, nommée Kiera: _ De nouvelles découvertes entre temps ?
Chance : _ Comme j'en faisais note à Chrysaline, ça n'est pas exactement flagrant, mais il y a, dans cette région, des influences diverses... Dont certaines poussent les morts à se relever. Dont certaines les rendent particuliers. J'aimerais me faire une idée plus nette d'à quel point elles sont liées, et entre elles, et à la terre.
Kiera, mettant sabot en terre : _ Des non-morts basiques doués de raison... Les conséquences d'une telle chose seraient tout simplement... Un pas de plus vers la perfection de la chair. Si je peux t'aider d'une manière ou d'une autre.
Chance, ouvrant sa main vers les environs : _ L'amour de la connaissance n'est pas ma seule motivation. Quant à m'aider... Les pistes sont tellement vastes et le chantier si grand que je m'en voudrai de perdre de leur substance par orgueil. A dire vrai, de piste fiable, je n'en ai aucune.
Kiera : _ Si la prochaine étape vers l'amélioration de la non-mort réside dans ces ruines, nous retournerons pierre après pierre...
Chance, rabaissant sa main vers la garde de sa lame, stoïque : _ Vous avez pu lire les fragments de journaux. Je n'ai pu récupérer le livre, le manoir semble animé. Du moins, plus que de coutume.
Kiera : _ Animé ?
Une cavalière arrive à son tour, juchée sur une monture morte et cornue.
La nouvelle arrivante draeneï : _ Sang et Acier.
Kiera : _ Sang et Acier Krilleb.
Chrysaline : _ Sang. Acier.
Chance : _ Sang et Acier. Êtes-vous au fait de ce que nous cherchons et d'où nous en sommes ?
La nouvelle arrivante, nommée Krilleb : _ Vaguement...
Chance, se tournant un instant vers la goule qui se redresse, puis la gnome : _ L'exemple sera plus parlant si tu lui libères les lèvres.
Les attentions se tournent vers la goule que la pression de main de Chance sur son épaule fait mettre à genou. C'est une goule peu commune, qui a davantage une apparence de femme soignée, les ongles trop longs et à la chair sèche et tendue comme une momie. Chrysaline lui fend les sutures à ses lèvres, Kiera s'avance, Krilleb tourne tête. La goule ne dit rien encore, croisant les bras avec une attitude hautaine et blessée.
Kiera : _ Des traces de souvenirs ..?
Chance : _ Oh que oui.
Chrysaline, sur un ton joyeux : _ Bonjour madame !
La goule : _ Eh bien quoi ? Devrais-je faire le petit singe savant ? Oh, bonjour ma Chrysaline.
Kiera, stupéfaite : _ ... N'est-ce pas seulement dû à tes soins sur elle ?
Chance, maintenant sa poigne sur l'épaule de la goule qui se recroqueville : _ Ca n'affecterait pas les autres qui s'y trouvent.
Kiera : _ En effet, ma question était idiote... Elle ne sait pas ce qui l'affecte, je suppose ?
Chance : _ Ses réponses varient et sont parfois contradictoires. J'en conclus qu'elle n'en sait rien.
Kiera : _ Nous ignorons si c'est dû à l'air, à la terre ou à une quelconque forme de magie...
Chance : _ Je songeais à enquêter auprès de la demeure Orlshae, puisqu'il semblerait qu'ils aient eu à faire avec un phénomène particulier. Ceci dit, encore une fois, c'est purement empirique. Ce disant... Il nous faudra être prudents.
Krilleb : _ Évidemment.
Kiera : _ Nous nous ferons discrets.
Chance : _ Déjà pour ne pas attirer d'ennemis ou d'autres qui pourraient vouloir piller ces richesses. D'autre part, parce que d'une façon ou d'une autre, les Orlshae me sont liés. Et par le fait. Quelque part sous ma protection.
Kiera : _ Avançons, trouvons un accès, nous pourrons obtenir des informations. Ce ne sont que des humains après tout...
Ils progressent alors le long de la bâtisse, cherchant l'accès aux caves. Un orage lointain gronde et éclate, et la pluie tombe en trombes. Ils trouvent la trappe.
Bonne lecture.
- Acte I, Scène I: Le chant des Corbeaux
Colline aux Corbeaux. Une demeure reculée, moins en ruines que d'autres. Quelques fenêtres illuminées. Une mélodie de piano résonne dans les airs. Au travers d'une fenêtre, on distingue quatre personnes. Un homme capte d'abord l'attention, visiblement noble, austère, d'un certain âge, son menton est dans son poing, il est assis près d'un feu nourri. Une femme, plus âgée que lui encore, lui fait face, assise très droite, un chignon sévère au dessus de son visage très rond et souriant. Une autre femme, d'un âge moyen, à ses côtés, qui n'a pas l'air à l'aise. Enfin, une jeune fille, tout juste adolescente, s'exerce au piano.
L'homme austère : _ Je vais y retourner.
La femme âgée au chignon : _ Mon aimé, vous n'avez pas même goûté au vin.
La fillette au piano : _ Ni écouté mes progrès, mon Oncle.
L'oncle austère, après un mouvement de main impatient : _ Il suffit. Ca ne m'attendra pas.
La femme âgée au chignon : _ Personne ne s'est perdu ce soir. Laissez-vous donc une nuit de repos.
L'oncle austère, se relevant : _ Ne me suis-je pas déjà reposé hier ?
La femme âgée au chignon, faisant de même : _ Juste le vin.
L'homme sourit très vaguement, boit, puis cille, vacille, retournant à son siège. Pour finir, rapidement, il s'endort.
La femme âgée au chignon : _ Continue donc de jouer, Charmayne.
La fillette au piano, dite Charmayne, restée à contempler l'endormi : _ Oui ma Tante. Quelque chose pour votre plaisir ?
La femme âgée au chignon : _ Joue, joue donc, ce qu'il te plaira, et va te coucher bientôt.
Charmayne, d'un ton joyeux : _ N'ai-je pas réellement progressé ?
La femme d'âge moyen : _ Oh que si, bien entendu. Beaucoup. Laisse-moi donc t'aider, Gladys.
La femme âgée, Gladys, et l'autre dame prennent l'Oncle avec peine en leurs bras, le portant au travers de la demeure pour le coucher. La fillette au piano reste seule à jouer. Au dehors, trois silhouettes, une grande, une bien plus modeste, une troisième fine et recroquevillée, c'est une goule. Les deux autres sont assis non loin de la statue ornant le centre de la ville fantôme. Caparaçonnés dans leurs armures, les traits de l'homme ne se distinguent pas, quand ceux de la toute petite dame à côté laissent deviner une gnome assez jeune. Tous deux ont des yeux luisants d'un éclat froid et bleu. Une cavalière s'annonce, sur un cheval mort. Ils se redressent.
La cavalière draeneï: _ Sang et Acier, Chance. Chrysaline.
L'homme en armure, nommé Chance : _ Sang et Acier, Dame Kiera.
La gnome en armure, désignée comme Chrysaline : _ Sang. Acier.
La cavalière, nommée Kiera: _ De nouvelles découvertes entre temps ?
Chance : _ Comme j'en faisais note à Chrysaline, ça n'est pas exactement flagrant, mais il y a, dans cette région, des influences diverses... Dont certaines poussent les morts à se relever. Dont certaines les rendent particuliers. J'aimerais me faire une idée plus nette d'à quel point elles sont liées, et entre elles, et à la terre.
Kiera, mettant sabot en terre : _ Des non-morts basiques doués de raison... Les conséquences d'une telle chose seraient tout simplement... Un pas de plus vers la perfection de la chair. Si je peux t'aider d'une manière ou d'une autre.
Chance, ouvrant sa main vers les environs : _ L'amour de la connaissance n'est pas ma seule motivation. Quant à m'aider... Les pistes sont tellement vastes et le chantier si grand que je m'en voudrai de perdre de leur substance par orgueil. A dire vrai, de piste fiable, je n'en ai aucune.
Kiera : _ Si la prochaine étape vers l'amélioration de la non-mort réside dans ces ruines, nous retournerons pierre après pierre...
Chance, rabaissant sa main vers la garde de sa lame, stoïque : _ Vous avez pu lire les fragments de journaux. Je n'ai pu récupérer le livre, le manoir semble animé. Du moins, plus que de coutume.
Kiera : _ Animé ?
Une cavalière arrive à son tour, juchée sur une monture morte et cornue.
La nouvelle arrivante draeneï : _ Sang et Acier.
Kiera : _ Sang et Acier Krilleb.
Chrysaline : _ Sang. Acier.
Chance : _ Sang et Acier. Êtes-vous au fait de ce que nous cherchons et d'où nous en sommes ?
La nouvelle arrivante, nommée Krilleb : _ Vaguement...
Chance, se tournant un instant vers la goule qui se redresse, puis la gnome : _ L'exemple sera plus parlant si tu lui libères les lèvres.
Les attentions se tournent vers la goule que la pression de main de Chance sur son épaule fait mettre à genou. C'est une goule peu commune, qui a davantage une apparence de femme soignée, les ongles trop longs et à la chair sèche et tendue comme une momie. Chrysaline lui fend les sutures à ses lèvres, Kiera s'avance, Krilleb tourne tête. La goule ne dit rien encore, croisant les bras avec une attitude hautaine et blessée.
Kiera : _ Des traces de souvenirs ..?
Chance : _ Oh que oui.
Chrysaline, sur un ton joyeux : _ Bonjour madame !
La goule : _ Eh bien quoi ? Devrais-je faire le petit singe savant ? Oh, bonjour ma Chrysaline.
Kiera, stupéfaite : _ ... N'est-ce pas seulement dû à tes soins sur elle ?
Chance, maintenant sa poigne sur l'épaule de la goule qui se recroqueville : _ Ca n'affecterait pas les autres qui s'y trouvent.
Kiera : _ En effet, ma question était idiote... Elle ne sait pas ce qui l'affecte, je suppose ?
Chance : _ Ses réponses varient et sont parfois contradictoires. J'en conclus qu'elle n'en sait rien.
Kiera : _ Nous ignorons si c'est dû à l'air, à la terre ou à une quelconque forme de magie...
Chance : _ Je songeais à enquêter auprès de la demeure Orlshae, puisqu'il semblerait qu'ils aient eu à faire avec un phénomène particulier. Ceci dit, encore une fois, c'est purement empirique. Ce disant... Il nous faudra être prudents.
Krilleb : _ Évidemment.
Kiera : _ Nous nous ferons discrets.
Chance : _ Déjà pour ne pas attirer d'ennemis ou d'autres qui pourraient vouloir piller ces richesses. D'autre part, parce que d'une façon ou d'une autre, les Orlshae me sont liés. Et par le fait. Quelque part sous ma protection.
Kiera : _ Avançons, trouvons un accès, nous pourrons obtenir des informations. Ce ne sont que des humains après tout...
Ils progressent alors le long de la bâtisse, cherchant l'accès aux caves. Un orage lointain gronde et éclate, et la pluie tombe en trombes. Ils trouvent la trappe.
Dernière édition par Liucia le Sam 12 Juin 2010, 16:55, édité 2 fois
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte I, Scène II: La poussière des caves
La cave est toute relativement propre et rangée. Des étagères séparent caisses et outils des sacs de farine entreposés, dans un dédale sombre. Les yeux des chevaliers de la mort luisent, alors qu'ils progressent. La gnome s'avance en premier, l'attention attirée par des caisses soigneusement alignées auprès des escaliers menant aux entrailles de la demeure, Kiera, elle, pose un doigt ganté de métal sur une poupée aux yeux de boutons arrachés, Chance et Krilleb guettent. La goule reste à l'entrée vers l'extérieur, tout juste refermée. La fouille est silencieuse, seulement ponctuée de petits pas qui se font entendre dans le couloir adjacent. Une voix de fillette, soudain, depuis le couloir, après de longues minutes.
Charmayne : _ Il n'y a pas comme une odeur, ma Lison ?
La dite Lison : _ Hé bien, mademoiselle, si, mademoiselle.
Charmayne : _ Va donc voir, et fais attention de ne pas être mangée par un monstre !
Lison : _ B-bien, mademoiselle, ci-fait, mademoiselle.
La porte s'entrouvre et les chevaliers se décalent, l'un derrière une étagère, l'autre presque vers la trappe. Chrysaline se colle derrière la porte, profitant de sa petite taille. Kiera, elle, reste de face. La silhouette se découpe dans la lumière, tenant une petite lampe à huile. C'est une autre fillette, maigre, portant un tablier et des vêtements de lin très sobres. Elle descend une marche, mal assurée, la porte claque derrière elle. Aussitôt, Kiera se saisit d'elle, main à ses lèvres, l'autre à son bras.
Kiera : _ Je vais retirer ma main, si tu cries, je te tuerai, si tu essaies de t'enfuir, je te tuerai, si tu fais quoi que ce soit qui pourrait me déplaire, je te tuerai. As-tu compris ?
Lison, après avoir hoché la tête en retenant un gros sanglot effrayé et qu'elle ait pu respirer : _Oui madame, bien sûr madame...
Kiera : _ Chance, parle-lui, tu le fais bien.
Chance, s'approchant de la jeune fille, après avoir retiré son casque : _ Bonsoir à vous, jeune demoiselle, et navrée d'en venir à des biais si discourtois. Pourriez-vous toutefois répondre aux questions de voyageurs curieux ?
Krilleb : _ Forcément quand on met les formes...
Lison, entre l'horreur et la stupeur : _ Oui monsieur, tout ce que vous voudrez, monsieur, ne me tuez pas, monsieur.
Kiera : _ Parle nous de ces choses au dehors.
Lison : _ Oui madame, elles gémissent la nuit madame, et on les entend parfois parler entre elles madame. Madame, en ville on dit qu'elles enlèvent les jeunes filles madame, et moi je crois que c'est vrai. Madame.
Kiera : _ Qu'est-ce que tu sais de plus à leur sujet ?
Lison : _ Madame, pas grand chose madame, mais monsieur l'Oncle de mademoiselle en sait beaucoup madame, il les chasse, madame, dès que madame son épouse le laisse sortir. Madame.
Kiera : _ C'est lui qu'il nous faut.
Charmayne, au travers de la porte, après de petits pas : _ Ma Lison, est-ce que le gros rat t'a mangé ?
Kiera, murmurant : _Réponds-lui...
Lison, après un hoquet étranglé : _ Je chasse toujours la bête... A vrai dire, mademoiselle, je crois qu'il y en a plusieurs.
Charmayne : _ Je vais te garder une part de tartelette, ma Lison... Mais il faudra que tu ailles te laver, avant, c'est que... Ca sent la mort.
Lison, au bord des larmes : _ Oui mademoiselle, bien sûr mademoiselle, merci mademoiselle.
Kiera, après un temps de silence, guettant l'éloignement de l'autre jeune fille : _ Nous devons parler à cet homme. S'il en sait tant et qu'il peut être notre ennemi.
Chance : _ C'est un Orlshae, alors pas d'acte qui ne soit pas nécessaire. Mais soit. Présentons-nous directement.
Tirant Lison à eux, ils en reviennent à la porte de la cave, pour aller au devant de la demeure.
Dernière édition par Liucia le Sam 12 Juin 2010, 17:07, édité 2 fois
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte I, Scène III: Soyez les bienvenus dans la famille
Trois coups sont portés par le battant à la porte. Une voix de femme s'élève, alors que le piano qui avait reprit, faiblit.
Gladys : _ Qui s'annonce ?
Chance : _ Chance. Et de grandes dames de sa connaissance.
Gladys, ouvrant la porte, retenant une grimace : _ Ah, vous... Et... Le, euh, bien le bonsoir, Mesdames.
Krilleb : _ C'est vétuste ici.
Chrysaline : _ Bonsoir madame !
Kiera : _ Bonsoir. Nous voudrions parler à l'oncle de mademoiselle.
Gladys, portant les yeux sur Lison : _ Assurément. Vous l'avez sauvée des monstres du dehors ?
Kiera : _ Est-il possible de le voir ?
Gladys, désignant la goule : _ Elle, elle reste là. Je ne veux pas la voir. Faites entrer Lison. Et... Suivez-moi. Il dort, il n'est pas possible de le visiter. Il est tard, savez-vous...
Lison s'enfuit plus qu'elle n'entre dans la demeure, alors que les quatre chevaliers entrent à la suite de la vieille dame qui les conduit au salon. Elle chasse de la main la jeune fille intriguée, qui sourit aux morts et les salue, puis s'éloigne de bien mauvaise grâce. Kiera s'intéresse un temps au piano, tandis que Gladys leur désigne des chaises avec des manières très protocolaires.
Gladys, se tenant droite, près du feu : _ Hé bien, je vous écoute.
Kiera : _ C'est à lui que nous voulons parler.
Gladys : _ C'est impossible, comme je vous l'ai dit, son sommeil est rare, et précieux. Mais je suis là.
Kiera : _ Nous nous intéressons aux phénomènes qui se déroulent ici. Vous n'avez pas pu ne pas les remarquer.
Gladys, plus froidement : _ Certes. Vous les étudiez ?
Kiera : _ Oui.
Gladys : _ Pour qu'en faire ?
Kiera : _ Nous sommes concernés.
Gladys : _ Ma grand mère disait... Les vivants vont avec les vivants, les affaires des morts ne concernent que les morts. Mais ici, ça concerne aussi ma famille. Alors, pour qu'en faire ?
Kiera : _ Ces morts ont des souvenirs. Un caractère. Notre terre déborde de morts qui perdent leur substance, ce qu'ils sont. Il y a ici quelque chose pour le contrer. C'est ce que nous cherchons.
Gladys, plus lentement : _ Et vous pourriez prendre ce qu'il y a ici et en libérer les miens ?
Kiera, après un temps : _ Oui.
Gladys : _ Et si je vous demandais... De vous assurer que ma famille serait libérée de cette chose, que mon époux ne serait plus tourmenté, ni le moindre des miens, et que nous resterions aux vivants, ceci en échange de toute mon aide à ce propos, vous promettriez ?
Kiera : _ Tout dépend de ce que vous offrez.
Gladys, après un regard à chance : _ Tout ce que je sais et ce que mon époux sait. Ma famille a trop longtemps souffert de cette chose qui la hante...
Kiera : _ Alors je m'y engage.
Gladys : _ N'avez-vous pas... Un chef, un seigneur, qui pourrait jurer pour vous tous ?
Kiera : _ L'honneur du clan s'oppose à ce que l'un des nôtres mette en péril l'honneur des siens. Si un s'engage, c'est tout le clan qui le fait.
Gladys : _ Alors, vous promettez ?
Kiera : _ Nous irons, nous comprendrons, et nous détruirons cette chose, je le jure.
Chrysaline, d'un ton très joyeux : _ Promis !
Chance : _ Vous savez ce que j'en ai déjà dit, Dame Orlshae.
Gladys, soudain fébrile : _ Ah, oui, où était-elle... Pour commencer. Cette carte.. Ah ! Derrière le manteau de la cheminée. Attendez... La voilà.
Kiera, se redressant : _ Qu'est-ce ?
Gladys, la tendant à Chance : _ Je savais que nous ferions quelque chose de toi, enfin...
Kiera, surprise : _ Vous vous connaitriez ?
Gladys, soudain gênée : _ Hé bien, il est mon neveu.
Chance : _ Cette carcasse l'était. Le bonsoir, Dame Orlshae.
Dans un silence tombant aussi lourdement que la pluie après l'orage, ils passent la porte, montent leurs destriers, et s'éloignent vers les leurs, pour leur apporter le savoir. Ils reviendront bientôt.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte I, Scène IV: Une statue pleurait de la rouille
Gladys erre dans sa demeure. Elle se passe les mains l'une contre l'autre, impatiente, agitée. Un bruit la fait sursauter, elle s'en va auprès des escaliers.
Gladys:_ Ariste, est-ce vous déjà ?
L'oncle austère, désigné comme Ariste:_ Ce n'est pas encore mon spectre, femme. Quels étaient donc ces bruits ?
Gladys:_ Peu de choses, mon aimé, peu de choses...
Ariste:_ Ton visage me dit que tes lèvres mentent.
Gladys:_ Je suis nerveuse. Vous vous levez pour vous y rendre.
Ariste:_ Qui d'autre ? Va, tu m'as déjà trop fait dormir. Prépare mon armure.
Gladys:_ J'ai un pressentiment...
Ariste:_ Je crois aux faits.
Gladys:_ De mauvaises choses s'annoncent.
Ariste:_ Raison de plus pour aller au devant d'elles.
Gladys:_ Vous devriez accepter l'aide qu'on vous tend.
Ariste, ironique:_ J'accepterai l'aide de ceux qui n'ont plus leur vie à perdre.
Gladys, après un temps:_ Soyez entendu, mon aimé.
L'homme se fait revêtir de son armure, et passe la porte.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte I, Scène V: Le rideau sur la scène
Charmayne est devant un grand meuble recouvert d'un drap rouge, qu'elle retire, dévoilant un miroir. Elle se penche vers son reflet, s'examinant longuement.
Charmayne :_ C'est agaçant. C'est agaçant, ça ne va pas du tout.
Le miroir :_ Quoi donc, jeune maîtresse ?
Charmayne :_ Réfléchis mieux, miroir ! Je suis bien trop pâle, bien trop maigre. Ca ne convient pas.
Le miroir :_ Ils vous ont donc vexée.
Charmayne, après un soupir :_ Ils n'ont pas même écouté mon morceau jusqu'au bout.
Le miroir :_ Laissez, laissez, il y a bien plus important.
Charmayne :_ Et quand le reverrais-je ?
Le miroir :_ Vous savez bien qu'il est occupé à bien des affaires.
Charmayne :_ S'il m'oublie, je l'égorge. Je jure que je l'égorge.
Le miroir :_ Il sera touché.
Charmayne :_ Tu peux le lui répéter.
Lison, depuis la porte :_ Mademoiselle ?
Charmayne, sursautant :_ Enfin ! N'écoute donc pas aux portes. Je répète un poème !
Lison, rapidement :_ Milles excuses Mademoiselle. Je ne voulais que vous chanter un petit chose, pour votre sommeil !
Charmayne, recouvrant le miroir :_ Ca ira. Va donc dormir à ton tour.
Lison :_ Bien, Mademoiselle. Je viendrai vous habiller au matin.
L'adolescente pousse un soupir, tourne dans la pièce en rond, visiblement en colère, puis se jette sur son lit, pour s'endormir.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte II, scène I: Des rouages qui s'enclenchent
Les abords de la demeure Orlshae sont calmes, autant que faire se peut. La nuit est tombée depuis peu, les goules gémissent et grognent au loin. Le pas de cavaliers se fait entendre, des non-morts rejoignant ceux qui attendaient déjà aux abords des vieilles pierres. Ceux qui sont déjà présent se relèvent devant l'une des figures arrivant.
Kiera :_ Sang et Acier, Ronae.
Le cavalier nommé Ronae, frappant sèchement son torse du poing :_ L'honneur du Clan a été évoqué. Je l'ai senti. Je me suis réveillé. Conduis-nous.
Krilleb :_ Sang et Acier Patron.
Chrysaline :_ Sang. Acier !
Une troisième Draeneï, sur sa monture :_ Sang et Acier...
Kiera :_ Sang et Acier, Kédira.
Chance, rendant un salut similaire et retirant son casque :_ C'est exact. La famille qui vit, malgré tout, en ces lieux est liée à moi, par conséquent, sous ma protection et mon joug, en quelque sorte. Elle semble hantée. Assaillie. Maudite. Difficile à qualifier encore... Mais du reste, ce qui est en ces lieux provoque des évènements qui nous concernent. Nous pouvons reprendre depuis ce que ces mortels savent, ou aller à la crypte de famille, que j'ai aperçue.
Kiera :_ J'ai toujours eu une nette préférence pour les tombes.
Passant au devant de la demeure, les cavaliers agitent les masses cliquetantes qui font leurs montures, allant au nord, vers le cimetière. Depuis l'étage de la demeure, une fenêtre s'est allumée, depuis la porte, une vieille dame observe.
C'est devant un caveau entretenu, mais ancien, qu'ils s'arrêtent. Les ronces et le lierre camouflent presque tout à fait les armoiries de la famille Orlshae. Les grilles en sont ouvertes.
Kiera :_ Penses-tu que nous trouverons quelque chose ?
Ronae :_ Certains seuils ne se passent pas impunément.
Chance :_ S'il fallait une invitation de la famille, vous avez la mienne. Quant à savoir, je me prononcerai une fois sortis.
Ronae :_ Bien.
Et les ruines les avalent, alors qu'ils entrent dans le caveau.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte II, scène II: Un jeu d'enfant
Ils avancent dans les dédales de la crypte sombre, ensemble. Ils avancent longtemps, de l'eau d'abord en flaques, puis en nappes, vient finalement couvrir leurs pieds ou sabots. Ils décrivent les alentours, sans rien trouver, jusqu'à tomber devant un mur comme d'autres, à l'exception que celui-ci est couvert de traces de mains ensanglantées. Ils restent silencieux, cherchant l'origine, humant l'air. Certains contemplent l'onde, avant de détourner le regard, rapidement. Finalement, l'un d'eux brise le silence.
Ronae :_ Ainsi, elle sait.
Kiera :_ Pardon ?
Ronae :_ L'odeur. Ne sens-tu pas ?
Kiera :_ Je ne sens plus rien depuis un certain temps.
Ronae :_ Inspire, si tu le peux encore.
Kiera :_ Hé bien...
Chance, caressant pensivement la garde de son épée :_ Je ne saurai dire. Mais c'est maternel.
Kiera :_ La Maison Orlshae est-elle du genre à piéger ses sépultures ?
Chance :_ Je l'ignore.
Ronae, posant sa main à plat sur le mur, baissant la tête vers l'onde noire à ses pieds :_ Tu es là. Montre-toi. Qui que tu sois.
Kiera :_ Ces traces ne doivent pas être simplement décoratives. Peut être est-ce une sorte de droit de passage, ou de moyen de reconnaissance.
Ronae, retirant sa main pour la porter vers sa seconde :_ S'il faut faire une offrande...
Chance, retirant un de ses gantelets :_ C'est à moi de la faire.
Ronae :_ Qu'il en soit ainsi.
Le chevalier s'avance, ouvrant sa main de sa lame, avant de la porter au mur, le barbouillant de sang. Le mur s'effondre en trombes d'eau, modelant une pièce circulaire,d 'abord plongée dans l'obscurité. Une lueur s'anime, puis un son se fait entendre. C'est une sorte de fête foraine, avec un carrousel et quelques autres manèges. Un temps surpris, le Clan observe sans mot dire, avant d'avancer.
Chrysaline, courant vers le carrousel :_ Manège !
Kiera, tendant l'oreille au son de la mélodie :_ Comment une telle chose pourrait-elle se...
Le chef du clan s'avance, marmoréen, vers les ronces qui cerclent l'endroit, en taillant une. Kiera, elle, va droit vers le manège que la gnome vient d'actionner. Ronae coupe une ronce, qui se met à saigner. Et coupe encore. Et encore. Du manège, on entend soudain un rire de fillette. Une fille d'une douzaine d'années, blonde aux yeux de cendre. Elle porte une robe rouge, ainsi qu'un tabard trop grand pour elle, funestement connu.
Chrysaline :_ Bonjour !
Une fillette, juchée sur l'un des chevaux du carrousel, battant des mains :_ Cinq, cinq, cinq fois ils sont tombés, trois, trois, trois fois ils ont tourné !
Kiera, avisant la fuite des ronces envers Ronae, puis le manège, avant de tendre la main vers l'enfant :_ Une illusion, ça ne peut être que ça...
La fillette, prenant la main de Kiera dans la sienne :_ Vous venez pour la fête ? C'est gentil. Vous aimez ?
Kiera :_ C'est impossible...
La fillette, contemplant les autres Draeneï restant à l'écart :_ J'avais si peur que personne ne vienne ! Aux douze coups, il faut que je rentre.
Ronae :_ Quand sonneront-ils ?
La fillette :_ Oh hé bien euh... Et vous êtes qui ?
Kiera, soulevant la fillette « en mariée », laquelle éclate de rire :_ Quel est ton nom ?
Ronae :_ Nous sommes des amis de Chance Orlshae.
La fillette :_ Miaë ! C'est mon nom. Miaë. Et Chance ? C'est qui ?
Ronae :_ Notre guide.
La fillette, nommée Miaë :_ Mince alors ! J'espère qu'il ne s'est pas perdu.
Certains se retournent, cherchant Chance des yeux. Kiera descend du manège, emportant l'enfant. Le manège s'arrête aussitôt.
Ronae :_ Qu'arrive-t-il à ceux qui se perdent ?
Miaë :_ Hé bien, ce n'est pas eux qui reviennent.
Ronae :_ Je vois.
Miaë :_ Mes cadeaux ! J'ai hâte.
Kiera :_ Quelle fête est-ce ?
Miaë:_ C'est mon anniversaire !
Chrysaline, fouillant dans son bardas avant de tendre une poupée :_ Cadeau pour Miaë !
Miaë :_ Oooh, comme elle est jolie ! Une poupée ! Une poupée ! Ma poupée. Comment tu t'appelles ?
Ronae, regardant l'une des femmes du clan s'agiter :_ Attends. D'abord, les cadeaux.
Miaë, pressant jalousement la poupée contre son coeur :_ Mes cadeaux, jolis cadeaux !
Ronae, posant une griffe à son oeil droit, pour le tirer lentement hors de sa cavité, et le tendre à la petite, alors que les dernières flammèches de givre s'éteignent sur l'iris :_ Tiens.
Miaë, perdant tout sourire :_ C'est... C'est très joli... C'est personnel, en plus...
Kiera, tendant après avoir fouillé à son tour dans ses affaires, un croc verdâtre :_ Tiens. Ca vient du nord. Et c'est très rare.
Ronae :_ Tu nous rendras service en échange.
Miaë, prenant le croc avec un sourire retrouvé :_ Vrai vrai ? Du nord gelé ?
Kiera :_ Lui-même.
Miaë, vers le chef de clan :_ C'est que... Papa sera en colère si je m'échappe d'ici.
Ronae :_ Il ne le saura pas. Et nous te couvrirons de cadeaux.
Miaë, avec un sourire hésitant, mais malicieux :_ Vrai que ça serait malpoli de ne pas vous rendre vos faveurs !
Ronae :_ Nous cherchons l'un des nôtres.
Miaë :_ Il ressemble à quoi ?
Ronae :_ C'est un Orlshae.
Ronae :_ Alors il est blond.
Kiera :_ Hm... Non.
Miaë :_ Au moins grand. Et un peu fin. Et ses yeux ?
Ronae :_ Morts.
Miaë :_ Le pauvre. Il aime quoi ? C'est important. C'est grand ici, et les gens vont vers ce qu'ils aiment.
Ronae, montrant Chrysaline :_ Elle. Juste elle.
Miaë, hochant la tête, puis s'intéressant à la gnome :_ Oh. Et toi tu aimes quoi ?
Chrysaline, après un long temps de reflexion :_ Acier. Dessins. Plans. Sang.
Miaë, dont les yeux prennent une curieuse teinte luisante, bleutée un instant, avant s'exclamer :_ Je sais ! Par ici ! Suivez moi !
Kiera relâche l'enfant qui se met à courir. Le décor convulse, plutôt qu'il ne s'efface. La lueur du jour commence à se dessiner, puis les alentours d'une colline. Le ciel est toujours noir, pourtant il fait à présent clair comme en plein jour. Un fortin au loin. Des cavaliers sur une route. Une musique de bal tombant des fortifications. Soudain, Ronae hurle, comme une banshee, pour attirer l'attention des cavaliers. Un seul d'entre eux tourne bride, s'avance. C'est Chance, mais un Chance jeune, en armure rutilante, au sourire d'enfant.
Chance :_ Dame Kiera ! Chrysaline. Seigneur Semelys, et... Je ne m'attendais pas à vous voir.
Kiera, incrédule :_ Chance ..?
Ronae se tourne vers l'enfant, dont les yeux sont tout à fait luisants et bleus, quand Chance, lui, porte la main à son libram, hochant vigoureusement la tête. Le chef de clan giffle fortement l'enfant, laquelle s'écroule au sol, quand résonnent des cris d'effroi depuis le fortin. Chance tourne tête et bride, choqué.
Ronae :_ Réveille-toi à présent, tu rêves trop loin, mon frère.
Chrysaline, se précipitant vers la petite :_ Chance !
Kiera, observant avec méfiance le symbole de foi :_ Tu n'es pas celui qu'on cherche... Où est-il ? C'est l'incarnation de sa mémoire ?
Ronae :_ Quelque chose dans ce genre-là. Sans doute.
Chance, semblant hésiter un temps, avant que le sourire ne se fonde en rictus, que ses yeux reprennent leur teinte macabre :_ J'ai juré. Alors je ferai. Et je vous reviens.
Ronae, fixant l'enfant alors que Chance tourne bride :_ Quel est ton vrai nom ?
Miaë, se frottant la joue avec effroi :_ M... Miaë...
Ronae, agrippant l'enfant:_ Tu fais bien peu de cas de nos cadeaux. Soit. Tournons la chose autrement. Qu'es-tu.
Miaë :_ Je vous ai guidé... Je ne voulais rien faire de mal ! Je n'ai jamais voulu faire quoi que ce soit de mal !
Ronae :_ Réponds.
Miaë :_ Je... Je suis la fille de mon père !
Ronae :_ Qui est ton père ?
Miaë :_ Ariste ! Ariste Orlshae. Il... Est le patriarche.
Ronae :_ Est-il ici ?
Miaë :_ Il est ici.
Kiera :_ Où ?
Miaë, baissant la tête, renfrognée :_ Il ne veut jamais me voir... Il ne me cherche jamais. Il me gronde si je le cherche.
Kiera :_ Et où est Chance ? Je doute qu'il...
Il revient, justement, couvert de sang, l'arme au clair. Une petite fleur de tissu dans la main libre. Ronae le flaire, avant de hocher la tête, satisfait.
Ronae, vers Miaë :_ Réponds. Où est ton père ?
Miaë, d'un ton suppliant :_ Vous me faites mal... Il est vers les Miroirs.
Ronae, relâchant négligemment la gamine :_ Conduis-nous.
L'enfant effrayée acquiesce, avant de se mettre à courir, les chevaliers sur ses talons.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte II, scène III: Réflexions
L'eau monte au fur et à mesure qu'ils avancent. Ils sont sur une sorte de promontoire affleurant l'onde de pétrole, présentant sept miroirs lisses, alignés. L'enfant semble chercher quelqu'un avant de se tourner vers les chevaliers de la mort, nerveuse, fermée.
Miaë :_ Alors c'est important. Si vous vous perdez, il faut chanter.
Kiera :_ Chanter ..?
Miaë :_ Oui, la comptine. Celle que je chantais.
Ronae :_ Répète-la nous.
Miaë, commençant à chantonner d'un ton peu convaincu :_ Cinq, cinq fois ils sont tombés, trois, trois fois ils ont roulé... Sept ! Ils étaient sept à créer; tous, tous ont trépassé. Prends garde à tes voeux quand vient l'orage ! Il te les fera vrais, si tu n'es sage ! Six, ils étaient six à venir... La suite, bah, vous la ferez.
Chrysaline, reprenant joyeusement en choeur :_ Créer !
Kiera, observant les alentours :_ Pourquoi ton père n'est-il pas ici ?
Miaë :_ Je ne comprends pas... Il devrait !
Ronae :_ Tu as dit que tu conduirais. As-tu menti ?
Miaë, paniquée :_ Non ! Papa. Papa !
Ronae s'approche de l'enfant qui hurle après son père, alors que les autres chevaliers s'approchent des miroirs. La première d'entre elle s'y regarde, pour s'y voir exactement comme lorsqu'elle était encore vivante. Le chef de clan ferme petit à petit le poing.
Chrysaline, hélant alentours :_ Tonton ?
Krilleb, prenant une pose moins statique que les précédentes :_ J'suis nettement mieux maint'nant !
Miaë, s'asseyant lentement :_ Je comprends pas... Papa...
Ronae frappe un miroir, tandis que Kédira reste à se mirer sans réaction. Le miroir frappé ne bouge même pas, comme si le coup n'avait jamais existé. Il feule, frappe encore et encore. Puis finit par se calmer. Kiera ôte son gantelet droit pour poser la main sur la surface réfléchissante, tandis que Krilleb fait le tour pour observer tout le monde, et surtout leurs reflets. Le reflet de la fillette lui ressemble, mis à part qu'on la voit comme si elle avait été battue à mort.
Kiera :_ Comment un miroir peut-il ..?
Ronae, après s'être penché sur l'eau, et l'avoir humée :_ Règles.
Kiera, vers l'enfant :_ Nous étions venus pour rencontrer un homme, Miaë, non pas le passé...
Miaë :_ Je suis désolée... J'y arrive pas...
Kiera :_ S'il n'est pas ici, où peut-il être ?
Miaë :_ Mais il est là !
Kiera, perdant légèrement son sang froid :_ Alors comment expliques-tu qu'il n'y aie que ces maudits miroirs ?!
Krilleb :_ J'ai un peu maigri. V'trouvez pas ?
Kiera :_ Cesse de regarder ses choses. Ca n'est pas sain.
Krilleb :_ J'peux regarder l'tien alors ?
Kiera :_ Non plus.
Le chef de clan se penche vers l'eau une nouvelle fois, pour en prendre une gorgée. Il se pourlèche les babines, pensif, avant de se redresser, à l'affût. Tous suivent le mouvement, alors qu'il semble qu'une présence se fait sentir. L'enfant se redresse, époussetant son tabard, avec une allure qui n'est plus craintive, bien au contraire.
Chrysaline :_ Tonton ?
La chose dans Miaë :_ Oncle Ariste va bien, ne t'en fait pas.
Ronae :_ Qui es-tu, cette fois ?
La chose dans Miaë :_ On m'avait donné un nom, mais je préfère celui que je me suis choisi. Appelez-moi Vertu.
Ronae :_ Admettons. Je suis Honneur.
La chose dans Miaë, nommée Vertu :_ C'était une rencontre qui se devait.
Les chevaliers observent l'enfant, sauf Kédira qui est encore à sa propre contemplation, caressant son reflet de la main. D'autres remarquent que Vertu n'a désormais plus de reflet. Aucun.
Ronae :_ Nous sommes venus chercher quelque chose. En tant qu'hôte, vous savez quoi.
Vertu :_ Je le sais, en effet... Et vous avez promis la destruction.
Ronae :_ Oui.
Vertu :_ Nous sommes face à l'esquisse de menus tracas.
Ronae :_ Disséquez-les. Que nous puissions en saisir l'essence.
Vertu :_ Disséquer. Les miens ? Mes oeuvres ? Pour vous ?
Ronae :_ Pourquoi pas ?
Vertu :_ Donnez-moi un pourquoi.
Ronae :_ Je suis Honneur. Et ceci est mon Clan. Il y a un Orlshae en son sein. C'est suffisant.
Vertu :_ Il y a l'un des vôtres en mon sein, également. C'est suffisant de même pour que je puisse réclamer.
Ronae :_ Que réclamer ?
Vertu :_ Ceci est mon oeuvre et mon sang. Vous en désirez la substance, parce que vous êtes venus. Entre nous, Honneur, je le comprends, mais je ne puis souffrir de les abandonner.
Ronae :_ Mais nous le prendrons pourtant. Car telle est notre nature. Il y a un prix pour toute chose.
Vertu :_ Nous pourrions avoir lignage.
Ronae :_ Lignage. Nous sommes morts. Cela ne se peut.
Vertu :_ Vous êtes ferme, Honneur, mais vous manquez de vision.
Ronae :_ Honneur est pragmatique.
Vertu, avec un petit rire, très doux :_ Qui serais-je à proposer des sortes de, quoi, copulations ? Non. Ce serait trop offrir. Femme se doit d'être courtisée, terre d'être conquise.
Ronae :_ Parlez par énigmes alors, mais parlez.
Vertu :_ Montrez-vous dignes, percez, découvrez, trouvez, ce que vous aurez sera vôtre, ce que vous m'aurez laissé sera mien. Ainsi est la Vertu dans la guerre.
Ronae, après avoir claqué de la mâchoire :_ Qu'il en soit ainsi.
Vertu, s'inclinant :_ Souvent, on peut constater sa valeur à celle de ses adversaires. Nous aurons beau combat.
Vertu s'approche d'un miroir, et y entre, le fil de ce dernier ondoyant comme de l'onde à son passage. Ronae, lui, s'approche de Kedira, pour la gifler sans hésitation. Elle sursaute, hoche la tête. La marche reprend, sous ces augures. En quelque sorte, il avait vendu leurs âmes, en échange de la conquête.
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Re: Mais nous irons au théatre
- Acte II, scène IV: Je t'ai longtemps attendu
Le Clan dénué de guide avance hors de la salle, franchissant ce qui semble en être les portes. Encore une fois, leurs visions convulsent, et apparaît ce qui semble être un coin de verdure, une rivière, une cascade au loin. Autour, une épaisse forêt. Ce serait un bel endroit s'il ne dégageait pas une impression de félonie, de quelque chose de caché, de mauvais. Ronae, de nouveau épuisé, s'appuie sur son arme pour suivre, sans plus parler.
Kiera :_ Pourquoi une cascade..?
Chance :_ Il y en avait mention dans la carte. Je crois.
Krilleb, avançant vers la cascade :_ Je déteste qu'on joue avec ma tête...
Krilleb commence l'ascension des abords de la cascade, décrivant du regard une statue de sirène, puis la source de la cascade, une fontaine où se baignent trois jeunes filles. Elle dégaine sa lame, alors que les autres se décident enfin à monter à leur tour.
Kiera :_ Attendez...
Kédira :_ Quoi ?
Krilleb :_ C'est pas trois gamines à poil qu'vont m'faire peur.
Kiera :_ Rien.
Krilleb :_ Rien ?
Kiera :_ Le bassin est vide... Décris-les nous ?
Krilleb, agacée :_ Identiques. Humaines. Vivantes.
Kiera :_ Compare-les à l'enfant que nous avons déjà vue.
Un bruit de pierre broyée se fait entendre. Tous se retournent, sauf Krilleb, puis avise l'une des enfants, lame au clair. Chance fait soudain un brutal vol plané jusqu'au bassin, quand une statue gigantesque vient fondre sur l'ensemble des chevaliers, remontant les marches de la cascade. L'eau de la fontaine se trouble de sang alors que Krilleb empale l'une des gamines, et que toutes trois saignent. Kedira fond vers la statue; alors que Kiera prend quelques secondes à tenter de relier sa vision et une réalité quelconque. Temps que la chose de pierre met à profit pour lui saisir la gorge, la broyer dans sa grande main. Kédira comme Chrysaline choisissent d'attaquer le bras de la statue, et leurs coups brutaux finissent par vaincre la chose, malgré ses ripostes violentes qui visent avant tout Kédira, et la statue qui s'effondre en éclats de pierres et de sang, rougissant toute l'eau alentours. L'eau, derrière, bouillonne soudain, et Chance se redresse de l'onde, les pouces enfoncés dans les yeux d'un petit corps d'enfant humaine. Krilleb secoue vaguement sa lame, tandis que Kiera se relève, toussant et éructant.
Kiera :_ Si cette chose qui s'autoproclame « Vertu » dispose d'une enveloppe charnelle, je jure d'en faire une goule dédiée à l'inspection intestinale des abominations !
Chance, retirant ses doigts des orbites de l'enfant :_ Sauf votre respect, ce serait peut être sous-classer ses capacités.
Chrysaline, restée jusqu'à présent froide à la présence de chance, se tourne vers lui, et voyant ce qu'il fait, retrouve le grand sourire qu'elle lui adresse toujours, et file dans ses bras. Marmoréen, il la cale contre son bras gauche, à l'emplacement qui est réservé d'ordinaire à la gnome. Ronae, resté au bas des marches, observe, simplement. Au loin, un homme approche l'onde. C'est un humain, visiblement, armé d'une lourde épée nimbée de Lumière et d'un carnet sur lequel il écrit rageusement. Il relève le heaume vers les chevaliers sur les hauteurs, marque un temps d'arrêt, note de nouveau. Retourne en arrière, se relit, griffonne une annotation. Chrysaline lui fait de grand signes joyeux, il lui présente sa paume, pour lui faire signe d'attendre, avant de noter avec frénésie. Kiera entame la descente. Ronae flaire. Tous descendent, finalement.
Ronae :_ Qui ?
Chrysaline :_ Tonton !
Chance, bas, après avoir remis de l'ordre dans les cheveux de Chrysaline :_ Mon Oncle, le Patriarche.
Kiera, d'une voix forte :_ Humain !
Ariste, après avoir claqué le carnet dans sa main, relevé la tête, et s'être entouré d'un éclat de Lumière vif :_ Vous êtes les cinq, donc. Je ne vous connais pas.
Ronae, après avoir reculé en sifflant :_ L'un d'entre nous vous connait, lui. Monsieur Orlshae.
Ariste, vers Kiera qui a dégainé :_ Range cette lame, Morte, elle ne te servira pas ici. C'est un conseil, pas un ordre, fait en ce que voudras. Cinq, donc, cinq. L'un de vous me connait ?
Chrysaline, chantonnant alors que Ronae désigne Chance :_ Cinq, cinq, cinq ont tourné...
Kiera :_ Qu'est-ce que cela signifie ? Comment un caveau peut-il créer de telles illusions ? Et qu'y faites vous ?
Ariste :_ Ais-je l'air en tourisme ? Vous pensez que je viens ici pour passer d'agréables moments auprès de fontaines de sang ?
Ronae :_ Vous avez l'air d'un analyste.
Ariste, jetant un regard à Chance :_ Je suis un combattant, je lutte pour purger ce qui concerne mon sang et ma famille.. Quoi qu'il puisse être. Que que venez-vous faire, vous ?
Kiera :_ Comprendre tout d'abord, et honorer notre parole.
Ronae :_ Nous venons prendre ce que vous laisserez. Ce qui sera laissé sera aussitôt pris. Ce qui sera pris sera aussitôt emporté.
Ariste, fouillant ses notes :_ Votre parole. Je n'ai pas mention de votre parole. Vous l'avez croisée.
Ronae :_ Oui. De fait, il n'y a pas de temps pour les palabres.
Ariste :_ Palabres. Quelle est votre parole ?
Ronae :_ Vous savez ce que nous sommes venus chercher. En un sens, c'est dans l'ordre des choses. Nous venons prendre ce qui vous hante.
Kiera :_ Savez-vous où se trouve la Source ?
Ariste, après avoir noté :_ L'ordre des choses, oui. L'ordre des choses... Bien. J'ai fréquenté ce lieu. Longtemps. Je l'ai oublié presque à chaque fois. La Source, je l'ai su, sans doute, puisque j'ai noté quatre fois l'avoir trouvée.
Ronae :_ Cet endroit fluctue. Comme le Royaume des Ombres. Il s'étire et digresse. Il est tout sauf ce qu'il montre. Mais il existe des logiques, et des passeurs. Tout change. Aidez-nous.
Kiera :_ Le seul guide que nous avions a disparu.
Ronae :_ Nous oeuvrons dans le même sens.
Ariste :_ Des années que je le parcours, des années que je lutte contre ces... Choses. Je doute d'un règlement rapide. Mais, oui, bien sûr que je vais vous aider. Même si ce n'est certes pas l'intention... Soit. Avançons. Il ne fait pas bon rester auprès des arbres. Ils boivent le sol et rejettent des choses mauvaises. Enfin, techniquement, ça doit être ça.
Ronae :_ Où aller, alors ?
Ariste :_ Avez-vous trouvé la rivière en l'état ?
Kiera :_ Non. Son eau était pure...
Ariste :_ Qu'avez-vous fait, ou dit, en ce cas.
Krilleb :_ J'ai juste réglé l'compte à trois illusions.
Ariste, marquant un temps :_ Blondes, yeux noirs, nageant ? Soit. Avancez vers les hauteurs. On devrait trouver une montagne, des falaises, ou un manège de chevaux.
Ariste marmonne quelque chose ensuite, que seul Ronae semble percevoir. Et les entraine. Ils remontent le cours, jusqu'à un grand lac. Un grand lac limpide, niché entre deux aplombs rocheux qui se rejoignent presque. Son eau est si claire qu'elle se distingue à peine, laissant nets les contours de ses profondeurs. Pas d'arbres, juste quelques nuages dans le ciel toujours noir, malgré la luminosité diurne. Ronae hume, et décrit les environs du regard, alors que tous semblent pensif, l'humain prenant des notes rapides encore.
Ronae :_ Elle est là. Elle est partout. Avez-vous déjà plongé ?
Kiera, regardant Ariste prier :_ La Lumière n'a jamais sauvé qui que ce soit. Nous en sommes la preuve.
Ariste, d'abord à Ronae :_ Surement que non. J'évite de toucher. J'évite tout ce qu... Ferme-la, femme !
Ronae :_ Là n'est pas la question. Ce qu'est cet endroit. Vous n'en savez rien ?
Ariste, roulant des épaules :_ Si mes souvenirs sont exacts, c'est le reflet d'un lieu dédié à une entité à laquelle on sacrifiait des gamins. Je l'ai souvent évité. Le peu que j'en ai vu, ce sont des enfants qui supplient. Mais je crois qu'ils préfèrent ne pas venir aujourd'hui.
Kiera :_ Cette entité serait peut être celle qui hante ce lieu ?
Ronae, s'avançant vers l'eau :_ Un fragment.
Kiera :_ Il faut savoir ce qu'il y a dans l'eau, malgré la vue.
Ariste :_ Nous pouvons tenter. Si quelque chose sort, mon neveux, ces chères dames et moi-même aviserons. Ce sont des songes. Des rêves. Elle s'en nourrit. Vous comprenez ? Des fantasmes, des souvenirs. Ce genre de truc.
Semelys avance au bord de l'eau, se penche pour la goûter. Il avance encore d'un pas, puis disparaît, brutalement. S'effaçant de la vue des autres. Chrysaline lance une Poigne de Mort à sa poursuite, commençant à chantonner, tandis que les autres avancent. Guettent. L'oncle leur ordonne de chanter, seule Kiera reprenant quelques mots. Avant de se jeter à l'eau à son tour, et d'y disparaître.
Kiera, avant de couler :_ Prends garde...
Chrysaline et Chance :_ Prends garde à tes voeux quand vient l'orage...
Krilleb, seule restée silencieuse, commence à régurgiter de l'eau épaisse. Ils en sont encore à marmonner et à s'interroger quand une créature sort des eaux, colossale, cherchant à les happer. Le combat est très bref, très sanglant. Et lorsque le monstre est à leurs pieds, abattu, il n'y a plus que le silence. Et la comptine. Deux autres leur manquent.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte II, scène V: Et nous nous reverrons
Ronae flotte dans l'onde, ou plutôt coule. Il finit par toucher un sol presque spongieux, lisse comme une gorge, entouré d'une rangée de dents. Il s'avance, et des sortes de petits poissons voguent autour de lui, tous dans la même direction, celle des tréfonds de l'endroit. Il en saisit un, le contemple: On dirait un foetus. Il l'avale après une hésitation, poursuit un second. Ils se mettent tous à le fuir, il nage après l'un, après l'autre. Bientôt, avec un murmure aqueux, Kiera est derrière lui. Ils échangent des regards, des pensées, et s'en vont vers les tréfonds, dans la gorge. Bientôt, ils découvrent une cache, alors que Ronae tient dans sa main le fruit d'une seconde cache, un enfant à peine plus formé. C'est une grande poche amniotique, au pied de laquelle viennent se fondre tous les résidus humanoïdes qui nageaient, et cette poche contient ce qui semble être un homme, ou un adolescent. Yeux clos. S'apercevant qu'elle peut parler, malgré la logique, Kiera souffle, tandis que Ronae effleure la membrane.
Kiera :_ Cette chose tente de donner la vie...
Ronae :_ Possible.
Kiera :_ Peut être est-ce cela son secret. Ronae, nous devons comprendre !
Ronae :_ C'est une femme qui rêvait d'être mère. Cela s'est senti dès le départ.
Kiera, frôlant la membrane de la main, cherchant le regard de la créature qui a ouvert les yeux :_ La perfection de la chair...
Ronae :_ Peut être, Kiera.
Kiera :_ J'en suis certaine, ne sens-tu pas ? Nous touchons au but.
Ronae :_ Pas d'empressement.
Il tire sa lame, tranchant net le cordon, tandis que l' »enfant » tendait la main vers celle de Kiera, pour lui rendre le contact. La poche crève et se déverse dans d'étranges volutes brumeuses, la créature est au sol. Kiera se tourne vers le chef de Clan, empressée.
Kiera, d'un ton presque suppliant :_ Ce n'est pas une illusion, je peux ressentir notre énergie dans sa chair !
Ronae :_ Ne te laisse pas avoir, Kiera. Ne la laisse pas flatter ce qu'elle sent en toi. Inspire. Dis-moi ensuite ce que tu sens.
Kiera, regardant l'enfant se redresser, et après avoir hésité, hume longuement et souffle dans un murmure:_ Je sens notre pouvoir, la terre... Et une odeur doucereuse... Sucrée.
Ronae :_ Sois plus précise.
Kiera :_ Du miel, oui...
Ronae :_ Tue-le.
Kiera :_ Mais ..?
Ronae :_ C'est un ordre. Tue-le.
Kiera :_ Tu m'avais déjà ordonné d'éliminer l'un de mes enfants ! Combien t'en faudra-t-il encore !
Ronae :_ Justement. Les souvenirs, les fantasmes. C'est le tien. Kiera. Affronte. Tue-le.
Kiera :_ Qui me dit que tu n'es pas toi-même le fruit de cette créature... Qui tente d'emporter ses secrets avec elle ?
Ronae :_ Tue-le, avant que je ne le fasse moi-même.
Tiraillée, Kiera dégaine lentement, s'élançant d'abord vers Ronae avant de jeter sa lame à l'assaut de la gorge de la créature au visage paré d'un sourire aussi étrange que beau. Le sang s'écoule, partant en fumerolles dans l'onde. Le chef de Clan paraît satisfait. Il ronronne.
Ronae :_ C'était nécessaire.
Une voix :_ Ce n'est pas un joli rêve !
L'onde se dissipe. Le lac se ternit. Ils remontent toux deux, retrouvant les autres chevaliers et l'Oncle, devant un décor qui s'estompe, se fait gris, se fait pierre. Un simple caveau.
Ariste, notant encore :_ Elle est partie pour cette fois. Je crois, presque sûr.
Ronae :_ L'un des rêves a été brisé. Peut être faudra-t-il tous les briser.
Ariste :_ Expliquez. Je pourrais peut être mettre bout à bout.
Ronae :_ Charmayne. C'est ainsi que vous l'avez appelée.
Ariste, fronçant les sourcils :_ Ma nièce est-elle entrée en contact avec vous ?
Ronae :_ Pas directement. Elle n'a fait que jouer de loin. Elle n'a pas apprécié le dénouement.
Ariste :_ Ce n'est qu'une gosse. Je pense plutôt que quelqu'un se joue d'elle, ou avec elle, plutôt que ce soit elle.
Ronae :_ Qui, ou quoi ?
Ariste, se relisant :_ Vertu, Sagesse, ou Mémoire. Décrivez ?
Ronae :_ Nous avons trouvé Vertu, dans la salle aux Miroirs.
Kiera :_ Je refuse d'être manipulée de la sorte par quoi ou qui que ce soit...
Ariste, après un mouvement de main impatient vers Kiera:_ Vous n'êtes pas du sang, vous pourrez repartir. Ensuite ?
Ronae :_ Elle a proposé un marché. Nous prenons ce que nous trouvons. Elle garde ce qui restera.
Ariste, griffonnant rapidement :_ Hm. Qui est vierge, ici ?
Kiera :_ Quoi ?
Ariste, avec un soupir impatienté :_ C'est crucial, quand on a affaire à Vertu.
Krilleb, avisant Ronae qui la regarde avec insistance :_ Inutil'de m'regarder. J'le suis pas.
Kiera :_ En quoi cela pourrait-il être d'une utilité quelconque...
Ronae :_ Si c'est crucial, cela doit être su. Je ne le suis pas.
Ariste :_ Elle pourrait vous posséder. Je l'ai vu. Je l'ai noté. Relu. Reconstaté.
Kiera, serrant le poing brièvement :_ Je le suis.
Ronae :_ Ah. Qui d'autre ?
Chance :_ Moi non. Je n'en ai aucune idée pour Chrysaline, et le... Mh. Et je déconseille à quiconque de se permettre de vérifier.
Kédira :_ Je le suis pas non plus.
Ronae :_ Quant aux autres ?
Ariste, se tapotant le front de son graphite :_ Mémoire ? Vous êtes morts, Mémoire peinera à prendre la vôtre. Moi... Je n'ai pas cette toute relative faveur. Quant à Sagesse, je n'ai rien sur elle de tangible.
Le silence se fait. Le Patriarche note. Les morts jaugent.
Ariste :_ Nous ne trouverons plus rien. Plus ce soir. Il faudra revenir... Vous vous présenterez, et nous partirons.
Ronae :_ Qu'il en soit ainsi.
Ils partent, pour cette fois, laissant derrière eux les traces de leurs pas dans la poussière humide du caveau.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte III, scène I: Celle qui murmurait
Les sept miroirs. L'onde est calme, la scène est sombre. Une forme titubante s'en approche, les mains aux yeux, tentant de s'en arracher les coutures. C'est la goule de Chance, qui parvient finalement à se détacher une suture. Elle se penche vers un miroir, contemple son reflet.
La goule :_ Quelle misère... Comme j'étais splendide. Regarde-moi ça ! Ce n'est pas fameux... Bah !
Elle ajuste sa robe, regarde les coutures à ses mains, les ferme, les ouvre. Redresse la tête vers un miroir, qu'elle frappe.
La goule :_ Et toi, réponds ! Bougresse. Tu as cru te débarrasser de moi ? On avait un accord !
La goule peste, se rajuste encore. Défait la seconde suture, bat des cils. Rattrape un oeil qui vient de tomber de son orbite.
La goule :_ Mais merde !
Le troisième miroir :_ Et c'est ça qui réclame ?
La goule, rajustant son globe oculaire :_ La paix, toi ! Tu ne m'as jamais été utile. A quoi ont servi tes caprices ? Tout ce que je t'ai offert ? Rien !
Le troisième miroir :_ C'était raté.
La goule :_ C'était parfait ! C'est toi qui exige un travail déjà achevé. Je suis une artiste, pas une intendante !
Le cinquième miroir :_ Une artiste, parlons-en...
La goule, avec hauteur :_ Mes mélodies perdurent.
Le troisième miroir :_ Et à qui cela sert-il le plus ?
La goule :_ Vous n'avez jamais eu tant de personnes à venir à vos pieds !
Le premier miroir :_ Je veux... Du silence...
La goule, empressée :_ Mais je chanterai mieux que lui, Mon Seigneur.
Le cinquième miroir :_ Il faudrait pour ça que tu aies une meilleure gorge...
La goule :_ Tes conseils m'avaient tant manqué... Bast ! Permettez-moi un passage.
Le troisième miroir :_ Tu n'as pas mes faveurs, mignonne.
La goule :_ Hmph ! J'ai cru comprendre, merci !
Le cinquième miroir :_ Allons-bon... J'ai bien un peu d'intérêt pour ce que tu as su faire... Même si c'était bâclé.
La goule :_ Il me manquait du temps !
Le cinquième miroir :_ Que tu as perdu en frivolités.
La goule :_ C'était nécessaire pour avoir les moyens. Elle me demandait tant !
Le cinquième miroir :_ Le prix de la facilité... Ce qu'on n'accomplit pas le jour dit, on le paye trois fois par la suite.
La goule :_ Il suffit ! Faisons un accord.
Le troisième miroir :_ Tu as déjà des dettes.
La goule :_ J'ai des idées. Des visions.
Le premier miroir :_ Du silence !..
Le cinquième miroir :_ Tu es bavarde. Viens, mets-toi en oeuvre. Tu connais les termes.
La goule, avec hauteur :_ Vous ne serez pas déçue. Vous devrez le reconnaître !
Elle s'avance vers le miroir, qu'elle touche. Son reflet ondoie, lui sourit, et s'éloigne dans le miroir, tandis que son corps chancelle, et s'effondre, inanimé. Le silence revient.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte III, scène II: Pour la sauver
Les abords de la demeure Orlshae, d'où se laisse entendre une mélodie de piano. Au devant, trois femmes s'approchent. Une femme humaine, blonde, proche d'une fille plus jeune, un peu plus qu'adolescente, aux cheveux de jais. Une elfe, enfin, ferme la marche, hautaine et droite.
La femme blonde :_ Je pense qu'ils sauront qui tu es, de toute façon. Autant ne pas leur mentir.
L'elfe :_ Si ce sont des esprits asservis, comme ceux de Karazhan, vous perdez votre temps.
La femme blonde :_ Je n'ai jamais dit ça.
L'elfe frappe à la porte grâce au heurtoir, des coups secs. On entend des bruits de pas, la mélodie de piano se suspend.
Lison :_ Qui s'annonce ?
La femme blonde :_ Leizen Alrun... Pouvons-nous entrer ?
L'elfe :_ Nolme Salossë.
La fille aux cheveux noirs, hésitante :_ Tie... Manon Alrun...
Lison :_ Oh euh, oui. Prenez place ! Prenez place ! Madame ?
Gladys descend les marches, attirée par l'appel et les bruits. Elle fronce les sourcils, avant de sourire. Les femmes s'installent, Lison en fait le tour pour proposer thé et biscuits, la vieille dame les rejoint, s'installe à son tour.
La femme blonde, nommée Leizen :_ Excusez-moi, madame, mais vous êtes ?
Gladys :_ La petite Manon...Bien sûr, que tu es déjà grande ! Ah, quel miracle... Mademoiselle ? Oh ! Oh, oui, bien sûr, je suis Gladys, Gladys Orlshae. Sa tante. Sa tante bien sûr... Je suppose que tout ça doit être confus pour t... Vous, jeune fille. Pardonnez ma familiarité, elle n'est que la joie de vous voir !
La fille aux cheveux noirs, nommée Manon :_ Hier, je ne me connaissais pas ce nom-là, mad... Ma tante. Vous le savez sans doute, notre mère nous a abandonnées à la naissance, ma soeur et moi.
Gladys :_ Comment ne pas le regretter... Dès que nous avons su, nous vous avons cherchées. Mais c'était trop tard, et elle en a dit si peu... Nous vous avons crues... Mortes.
L'elfe, nommée Nolme :_ Manon est la manne de Calice, sa soeur, le réceptacle... Avez-vous une idée de ce que cela veut dire ?
Gladys, balayant l'air de la main :_ Ce sont des choses affreuses que je ne crois pas bonnes d'aborder alors qu'on se rencontre tout juste.
Leizen :_ Il va falloir. Votre seconde nièce a des soucis.
Gladys :_ Vous dites ?
Manon :_ Je serais heureuse de faire plus ample connaissance avec une famille dont j'ignore tout mais... Nous sommes avant tout venues chercher des réponses, pour Coeur... Calice. Et pour moi.
Gladys, se relevant, très froide :_ Bien. Attendez un instant.
La vieille femme remonte les escaliers, raide. Une jeune fille se distingue dans un petit coin sous les marches, espionnant la scène: C'est Charmayne. L'elfe et Leizen échangent de rapides propos dans une langue chantante.
Leizen :_ « De famille ». Bienvenue dans la leur.
Nolme :_ Mhumpf. Toutefois... Ca signifie que je vais peut être continuer à perdre certains souvenirs... Sauf si cela n'est dû qu'à la proximité.
Le bois de l'escalier craque sous le pas d'un homme. C'est Ariste, lame au côté, dans des vêtements renforcés, les cheveux défaits.
Ariste, d'un ton sec :_ Alors, qu'est-ce que c'est que ça ?
Leizen, vers Nolme :_ Il n'y a rien de plus en vous. Je pense que c'est dû au fait de côtoyer tout ça... Bonsoir.
Nolme, détournant le regard :_ Bonsoir.
Ariste, vers Nolme :_ Ah, encore vous. Vous n'avez pas forcé la porte de nos tombeaux, cette fois ?
Nolme :_ Forcé ? Il ne me semble rien avoir forcé...
Ariste, traversant la salle pour fouiller une commode, et en tirer une bouteille :_ Bien sûr, les morts répondent toujours favorablement quand on frappe à leur porte. Je suis Ariste Orlshae, et j'attends que vous m'expliquiez pourquoi mon épouse était dans cet état.
Manon, le fixant, droite :_ Je suis Manon. Manon Orlshae.
Ariste, l'avisant de bas en haut, et sur un ton glacial :_ Mage ?
Manon :_ Oui, mage.
Nolme :_ Un esprit ayant besoin d'arcane pour se manifester et s'ancrer dans notre monde... Elle est sensée servir d'ancre à Calice. Calice, qui elle, doit servir de réceptacle pour un esprit.
Leizen :_ Ecoutez. Je vais faire court et quelque peu cavalier, excusez-moi par avance. Vous aurez tout loisir de faire des retrouvailles de famille. Calice est souffrante et du peu que nous sachions, il s'agit d'un mal de famille. Lié à vous, à vos anc...
Ariste, s'approchant de Manon, après avoir tiré une gorgée de la bouteille :_ Silence, femelle, je parle à ma nièce.
Nolme, après avoir peiné à retenir un rire :_ Votre nièce va mourir.
Leizen, reprenant d'un ton posé :_ Ancêtres. Nous n'avons plus le temps de « parler », si ce n'est pour trouver une solution à ce mal. Et la femelle est la soeur de votre nièce dont votre maisonnée s'est désintéressée depuis des années. Rattrapez donc ce temps perdu comme il se soit.
Ariste, face à Manon, ignorant les autres interventions :_ Sachez, jeune fille, que vous êtes plus en danger ici qu'ailleurs. J'ai sauvé assez de peau de barbouilleur d'arcane pour le savoir... Et vous allez sans doute prétendre que vous savez ce que vous faites, que je ne suis qu'un vieux connard radotant, et vous irez vous balader sans sourciller entre les tombes. Alors, puisque je suis votre bourreau, donnez moi donc l'arme. Et que puis-je faire pour ces dames ? Posez vos questions ou prenez vos manteaux !
Manon :_ Ce n'est pas par inconscience que je suis ici, mon Oncle, bien au contraire. J'ai besoin... Nous avons besoin de réponses.
Nolme :_ Je n'aurai que quelques questions dans un premier temps. Qu'a fait leur mère à Calice et Manon et dans quel but ?
Ariste, se détournant pour boire encore, poser la bouteille et chercher des écrits posés sur le manteau de la cheminée :_ Elles sont nées d'une union contre nature, dans le but d'en faire un réceptacle valable pour l'une d'Elles. Ca a échoué, et, devant l'échec et l'abandon de l'intérêt de cette chosse, elle les a jetées aux ordures. Vous voulez des détails sur les manipulations ? Je n'en ai pas.
Nolme, interrogative un temps avant de jeter un oeil à ses notes :_ Contre nature ? Oh... Avec... Son propre fils.
Leizen, d'un ton blanc :_ Monsieur Chance a oublié ce passage, mais j'imagine que se présenter comme « Père et frère » ne doit pas être évident.
Manon vire au blanc avant de rougir, un silence gêné s'installe un temps.
Nolme :_ Vous avez dit que lorsqu'on frappe aux portes, les morts se montraient plus... Vous savez frapper à leurs portes ?
Ariste, ironique :_ J'y vais fréquemment, par exemple, pour sauver des elfettes perdues.
Leizen :_ Il y a eu des réussites de réceptacle ?
Ariste, se relisant :_ Mmh, c'est ça, elle voulait n'en faire qu'une, et il y a eu division. Je n'en sais pas plus. Et oui, il y en a eu.
Leizen :_ Il y en a encore ?
Manon :_ Ainsi... Nous aurions dû... Ne faire qu'une ?
Ariste :_ Mnh, pas à mon souvenir, ou si je le savais, le problème serait résolu. Et, oui. Vous auriez dû, et c'est un bien pour vous que ça ne soit pas le cas.
Nolme, notant et relisant :_ Le meilleur moyen de faire un réceptacle est de se faire posséder puis d'avoir une grossesse... L'esprit peut alors posséder l'enfant en gestation sans aucun soucis... Mais s'il y a deux enfants...
Leizen :_ Pas à votre souvenir... Vous avez plutôt bonne mémoire pour un Orlshae. Pourquoi ?
Ariste, vers Nolme d'abord, puis Leizen :_ C'est tout à fait ça, oui. Et, au contraire, elle est très mauvaise. Mais je note tout.
Manon, pensive et réservée :_ Un bien.. Tout le problème est là. Ce n'est pas un bien pour Coeur.
Ariste, prenant des notes rapides :_ Vous seriez toutes deux mortes si ça avait été le cas. Enfin, toutes deux...
Nolme :_ Un esprit a probablement tenté de vous posséder pendant la gestation, mais a échoué parce que vous étiez deux... Ou bien... Cela a marché, en partie... Et c'est pourquoi Liucia cauchemarde.
Ariste, notant encore :_ Aucune idée. Et intéressante hypothèse.
Leizen :_ Quoi qu'il en soit, défaillante ou non, Calice semble prête dans son rôle de « réceptacle ». Je n'ai pas vraiment envie qu'un esprit ou je ne sais quoi vienne y faire son nid. Est-il possible de lui octroyer une autre énergie qui ne lui serait pas néfaste ?
Leizen :_ Si Calice est devenue un réceptacle défaillant. Qu'est Manon ?
Nolme :_ La manne dont elle a besoin... Son énergie.
Leizen :_ Je sais ça. Je connais leur lien.
Nolme :_ La défaillance de Manon...
Ariste, vers Manon :_ Vous êtes vierges ? Toutes deux ?
Manon, hochant vigoureusement la tête :_ Bien sûr !
Ariste, se relisant de nouveau :_ Remédiez à ça. Question de prudence.
Manon :_ Je... Pardon ?
Leizen :_ Quoi, qu'elles perdent leur virginité ?
Nolme :_ Question de prudence ? L'activité sexuelle a une influence sur ce mal ?
Leizen :_ Je pense plutôt qu'il désacralise le réceptacle.
Ariste, marmonnant :_ L'une d'entre Elles ne prend que des vierges. Surtout lorsqu'elle sont, hm, influencées par l'Arcane. Ce genre de délire mystique.
Leizen :_ Voilà. Personne ne prendra personne. Désacralisé, cela voulait dire, que ça rend moins attirant pour certains. Ce que vous venez de confirmer. Je n'ai pas l'air d'une illuminée.
Ariste :_ Elles ont été jugées inconvenantes enfants, ça n'est pas certain que ça soit encore le cas. On ne vous a pas retrouvées pour vous perdre.
Nolme :_ Pouvons-nous communiquer « pacifiquement » avec ces choses ?
Ariste :_ Les derniers à avoir essayé leur ont vendu le peu d'âme qu'il leur restait. Ca répond à votre question ?
Nolme :_ Les humains vendent facilement leur âme, ça ne répond pas à ma question. Peut-on communiquer avec eux ?
Ariste :_ Ils n'étaient pas humains. Oui, on peut. Elles aiment beaucoup.
Nolme :_ Le plus simple est de leur demander alors.
Leizen :_ Leur demander quoi ?
Nolme :_ Ce qui ne va pas chez Calice et Manon.
Leizen :_ Pas question de leur parler de Calice. Moins elles s'y intéressent, mieux c'est.
Ariste :_ D'ailleurs, qu'est-ce qui ne va pas chez Calice ? Vous parlez de mal, mais je n'ai rien noté de plus.
Nolme :_ Ils sont coincés ici. C'est ce lieu qui est maudit.
Leizen :_ « S'il vous plait, réparez-la, mais surtout ne la prenez pas pour vous hein. » Vous croyez que ça va fonctionner ?
Nolme :_ Je n'ai pas parlé de la réparer. Mais de dire ce qui ne va pas chez elle.
Ariste :_ Donc ?
Nolme :_ Son esprit se détache de son corps. Qui lui, s'affaiblit grandement. Au point qu'elle risque d'en mourir.
Ariste, se grattant son début de barbe :_ Ah.
Leizen :_ Parce qu'elle devient ce réceptacle. Et normalement il devrait y avoir l'une de ces choses pour s'installer. Leur mère, vous l'avez vue avec elles ?
Ariste :_ Jamais. Je ne l'ai même jamais vue enceinte, sinon, je l'aurais enfermée dans la cave pour reprendre ses enfants.
Leizen :_ Non, je veux dire.. Avec « elles », ces âmes errantes, ces esprits.. Est-elle parmi eux ?
Ariste, avec un sourire grinçant :_ Depuis ? Non. Mais je l'ai revue, oui. Elle est morte et elle remue.
Nolme :_ Une goule ?
Ariste :_ Oui. Je précise qui l'a relevée ?
Leizen :_ Inutile.
Manon :_ Ce... N'est pas nécessaire...
Nolme :_ Celui qui l'a relevée est le seul à pouvoir « communiquer » avec si nous voulons des réponses précises. De plus, une goule ne peut mentir.
Leizen :_ Pourquoi rester là ? Près de ces choses qui vous dévorent les souvenirs ?
Ariste :_ Et pourquoi ne pas leur livrer la ville, si nous laissons faire ?
Nolme :_ Ce qui les énervent, ce sont les lignes telluriques.
Ariste, s'emportant :_ Et pourquoi avoir combattu au Norfendre ? C'était loin ! Qu'en avions nous à faire !
Leizen, pensive :_ L'héroïsme vous rend aigri.
Ariste, hurlant presque :_ Et pourquoi lutter contre les orcs ! Accueillons les avec des fleurs ! Ben voyons ! Bien des femmes !
Nolme, détachée :_ Une seconde Karazhan. Voilà ce qu'est cet endroit.
Leizen, avec un sourire pour Ariste :_ D'abord Calice, ensuite... On vous aidera à les renvoyer. Mes soeurs voudront sûrement connaître leur famille, et il n'est pas question qu'elles soient à proximité de ces choses.
Ariste, de nouveau froid :_ Je ne refuse aucune aide. Je vous considère averties.
Nolme :_ Le meilleur moyen de vaincre ce genre d'esprit est soit de leur couper leur nourriture, l'arcane, soit de leur en donner trop. Vu les lignes telluriques par ici, vous ne pourrez jamais leur couper leur nourriture.
Ariste :_ Hé bien, je n'ai plus qu'à rôder dans les tréfonds de la capitale, offrant à ces apprentis sorciers des sensations fortes, et les livrer en masse ! Ah ! Quelle excellente idée !
Leizen, espiègle :_ N'oubliez pas les fleurs.
Ariste, rendant un sourire presque complice :_ Bien entendu.
Manon :_ Une... Surcharge d'arcane ?
Leizen :_ Je pourrais avoir vos notes ? J'imagine que vous cherchez une solution, en vain, à ce problème. Mais parmi vos mémos il peut y avoir un début de solution.
Ariste, les lui tendant :_ Rendez-les moi.
Leizen, les parcourant rapidement :_ Entendu. Vous sauriez me définir quelle sorte d'esprits ils sont ? Des ectoplasmes énergétiques ? Des manifestations d'âmes ?
Nolme :_ Oui, une surcharge. Les bombes à Mana de Kael'thas fonctionnaient de cette manière.
Ariste, d'abord à Nolme, puis Leizen :_ Et quoi ? A les rendre obèses on les fait éclater comme des bubons ? Quelle sorte ? J'en sais foutre rien, pour être franc.
Leizen :_ Les ectoplasmes énergétiques sont instables. Une sorte de bombe mal construite. Trop d'énergie les fait exploser. D'où le fait de savoir ce qu'ils sont vraiment. S'il s'agit d'ectoplasmes, la solution de Nolme est viable.
Ariste :_ Ce que je sais, c'est que ce sont des choses vieilles, intelligentes, avec un vrai sens de la stratégie.
Nolme :_ Les deux... Si c'est une conscience collective, il est possible que ce ne soit que des ectoplasmes guidés par une entité supérieure.
Ariste :_ En tous cas, Elles agissent en groupe. Et d'après mes derniers visiteurs... Elles feraient don, volontairement ou pas, j'en sais rien et eux pas davantage, aux goules des environs de souvenirs et de personnalité. Je ne sais pas si ça peut avoir son importance.
Leizen, soupirant :_ C'est ardu comme manipulation, m'est avis qu'elles ont leurs propres capacités. Ce ne sont pas des ectoplasmes.
Nolme :_ Si ce sont des âmes... Un trafiquant d'âme... Un démoniste... Ou bien des nécromants... Savent très bien procéder avec elles.
Manon :_ Nous ne pouvons de toute façon pas les faire... « Exploser » sans avoir obtenu d'elles des réponses pour Coeur.
Nolme :_ Je suis pour aller voir. Il y a un temps pour la parole, mais il faut pouvoir constater de nos yeux ce qu'il en est.
Leizen, avec une grimace :_ Pour l'oublier par la suite ? Regardez-vous...
Nolme, montrant ses feuillets :_ Vous avez de quoi noter ?
Ariste, claquant de la langue :_ Bien ! J'ai cet attroupement de cadavres qui cherchent leurs réponses également. Prenez des livres, prenez des lames, et nous irons ensemble. La joyeuse troupe !
Nolme :_ Un attroupement de cadavres... Pourquoi pas, ils seront à même de négocier avec les « leurs ».
Leizen, regardant Ariste :_ Allons les nourrir de nos souvenirs qu'elles redistribueront à leur guise ! Danger ? Mais c'est pas grave on l'aura vite oublié !
Ariste :_ Et que proposez-vous d'autre ?
Nolme :_ Toutefois... Par précaution, j'aimerai anéantir une éventuelle goule qui se serait vue dotée de mes souvenirs et de ma personnalité.
Leizen :_ Dommage, j'aurai aimé voir votre jumelle.
Nolme :_ Elle vous aurait probablement mordue.
Leizen, vers Manon :_ Tien', tu veux vraiment aller les voir ?
Nolme :_ J'ai promis de vous soigner, pas de vous faire prendre des risques.
Ariste, sec :_ Pour Manon, c'est hors de question. Bien trop risqué dans son cas.
Leizen :_ Vous allez faire comment pour leur parler ?
Nolme :_ Si j'y vais avec ces cadavres, eux, sauront leur parler. Vous avez une autre idée ?
Leizen, prenant soudain un port de tête militaire :_ Vous êtes sur les terres du Roi, osez seulement faire de la nécromancie...
Nolme, hautaine :_ Moi ? Oh non, je les laisserai faire eux. Je ne touche pas à ça.
Manon :_ Je l'ai bien compris. Je n'irai pas. Même si, pour Coeur... Mais je vous fais confiance.
Leizen, vers Ariste :_ Votre femme peut-elle rester avec ma soeur ?
Ariste, tendant la main vers ses notes :_ Elle le peut, bien entendu, et surement avec plaisir.
Leizen, parcourant les notes encore avant de les rendre, et venant prendre les mains de Manon :_ On ne sera pas longues. Promis.
Ariste, reprenant ses feuillets, et après les avoir parcourus :_ Que la Lumière nous garde, tant que la faiblesse, que de la lâcheté... Bien ! Le temps que nos chers cadavres s'en viennent, et que je passe mon armure. Finissez-donc les gâteaux ! Vous êtes les bienvenues ici pour cette nuit.
Les femmes acquiescent. Leizen rajuste son sac, Manon soupire. La nuit passe, et une part de la journée avec elle. Elles prennent place dans une chambre chacune.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte III, scène III: Mauvais mélange
Nolme est attablée, dessinant des schémas. Leizen et Manon sont entre soeurs, la première occupée à rassurer la seconde. Charmayne joue inlassablement le même air au piano. Gladys s'enquiert du bien être de tout ce petit monde, envoyant Lison quérir ceci ou cela. Ariste revient de la ville avec de quoi écrire des centaines de livres, déposant le tout sur la table. Chacun prend ce que veut, et des fenêtres, Charmayne penchée annonce que les non-morts sont présent, allant vers les tombes. Ariste donne le départ, tout le monde saisit ses affaires. Leizen embrasse Manon, laquelle sourit, avant d'adresser un regard à Charmayne, qui le lui rend à peine. Sur la prière silencieuse de Gladys, ils partent tous, et bientôt, les non-morts croisent les vivants au devant des larges grilles ouvertes.
Kiera :_ Qu'est-ce que cela signifie ? Que font-elles ici ?
Ariste :_ Ca signifie que j'invite qui j'entends à parcourir mes tombeaux. Vous pouvez toujours aller vous décomposer ailleurs.
Nolme :_ Nerveuse ?
Leizen, contemplant les non-morts visiblement hostiles :_ Charmants, comme à l'habitude. Le bonsoir à vous aussi.
Kiera :_ Vous estimez que le Clan est incapable d'honorer ses serments ?
Ariste :_ Elles ont d'autres affaires qui se croisent avec les vôtres. Ces affaires sont les miennes avant tout. Vous tenez vraiment à ce que ça devienne encore plus désagréable ?
Kiera :_ Sauf le respect que je vous dois, Dame Alrun... votre présence n'est pas.. Souhaitée, ni même utile.
Nolme :_ Elle m'est utile.
Leizen :_ Avez-vous la moindre idée, du pourquoi je me trouve ici ? Je suis sure que non, alors vous avisez bien trop vite d'où je dois me trouver ou non.
Ariste :_ J'ai dit. Sa présence est liée à d'autres affaires. J'en suis seul juge ici.
Kiera :_ Allez vous-en.
Leizen :_ Non, je reste.
Ariste :_ Et c'est parti...
Ronae, arrivant en arrière, et posant le poing sur le coeur :_ Sang et Acier.
Chance, tenant la main de Chrysaline dans la sienne :_ Sang et Acier.
Un humaine non morte, membre du Clan :_ Sang et Acier.
Ronae :_ Que font-elles ici ?
Ariste :_ Affaire de famille. Voilà ce qu'elles font.
Ronae :_ De famille. Laquelle ?
Ariste :_ La mienne.
Nolme :_ Je ne vous permets pas de me questionner.
Ariste :_ Très bien. Le prochain qui jacte de travers, j'lui remets les idées en place. On est ici pour un but, on va y aller, peu importe si c'est pas particulièrement plaisant.
Ronae, descendant lourdement de monture :_ Sage parole, mortel.
Ariste :_ Parfait.
Ronae :_ Pied à terre, tous.
Ariste, pendant que les non-morts s'exécutent, observant encore les mortels de biais pour la plupart :_ Des règles simples pour que ça soit le plus efficace. Veillez à prendre des notes. Faites attention à ne pas vous séparer. Si vous voyez de la forêt ou du feu, n'y allez pas.
Ronae :_ Nous sommes prêts.
Ariste, jetant un oeil à ses notes :_ Ce qu'on trouvera.. J'en sais rien. Allons-y.
Ils passent les grilles, puis entrent dans le caveau. La marche s'entame, dans un bruissement d'eau. Une eau noire et épaisse. Ils sont avalés, encore.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte III, scène IV: Le son de mon sang
Ils avancent depuis un temps indéterminé, de l'eau jusqu'aux mollets. Ariste interrompt la marche dans l'obscurité, levant la main.
Ariste :_ Les vivantes ? Vous cherchiez quoi ?
Leizen :_ Vos aïeux. Vos esprits. Enfin, ces choses-là.
Kiera :_ Pour quelle raison ?
Nolme :_ Ca ne vous regarde pas.
Ariste, d'abord d'un ton bas, puis commençant à chantonner :_ Bien. J'ai noté Calice. Un calice, une source. Bien... Sol-sol, soleil, où te caches-tu, sol-sol-soleil, lumière dans les rues...
Suivant les pas de leur guide, ils parviennent à une étrange porte. Elle appartient à ce qui semble être une boite de fort belle taille, toute en gravure, d'une couleur pâle qui se distingue dans les ténèbres. Sur les deux poignées de la porte, un petit mot jurant avec l'ensemble élégant des gravures ésotériques. On entend qui filtre de la grande architecture un air de boite à musique. Ariste se saisit du message.
Ariste :_ « Ne pas ouvrir ». Ben voyons.
Kiera :_ Qui a laissé ça ?
Leizen :_ Surement Ariste.
Ariste :_ Pas mon écriture. Celle de Miaë.
Ronae s'approche de la porte, hume, grogne, gronde... Et mord la surface, qui en saigne.
Ronae :_ Eau. Fleurs à épines. Ce n'est pas la même. Qui es-tu ?
Ariste, fouillant ses notes :_ J'crois pas être déjà entré ici. J'ai rien.
Leizen, parcourant les motifs du regard :_ Ca représente une personne. Une constitution en arcanes.
Ronae :_ Qui, de vous, a une bonne mémoire ?
Leizen :_ J'en ai une plutôt bonne.
Krilleb :_ Ca dépend pour quoi, Patron.
Ariste, retournant la note dans sa main :_ Boite de Calice. C'est ce que vous cherchiez, non ?
Ronae :_ Qui sont les autres, hormis Vertu ?
Ariste :_ Mémoire et Sagesse.
Ronae, tendant l'oreille à l'entente d'un cri d'enfant :_ J'opte pour Sagesse.
Kiera :_ Si tu n'es jamais rentré là dedans, humain... Tu ne peux pas nous y guider.
Krilleb :_ Sinon. On compte rester devant longtemps ?
Ronae :_ Qui es-tu ? Mrrrrh. Faites-la parler.
Kiera :_ Recule.
Ariste, ironique :_ Mais, après vous ma dame.
Kiera, après avoir frôlé la porte :_ Elfe, approche. A toi l'honneur, puisque tu es si désireuse d'être ici.
Nolme, après s'être approchée, et avoir posé les mains sur les clenches :_ Hm. Il manque quelque chose.
Kédira :_ La force dans les bras ?
Ronae :_ Demande-lui de s'ouvrir.
Nolme :_ Elle a un Nom ? Ou Porte fera l'affaire ?
Ronae :_ Essaie Calice.
Nolme, après avoir griffonné quelque chose dans ses notes, et soupirant du ridicule :_ Calice ? Ouvre-toi.
Une onde de stupéfaction glisse lorsque les portes s'ouvrent dans un souffle. Après un instant d'hésitation, tous entrent, découvrant les contours d'une pièce cubique. Ronae mord la porte une dernière fois, lapant le sang, alors que se dessine des crochets de boucher pendant du plafond. Certains sont vides, d'autres suspendent des morceaux de poupée de taille humaine. Des jouets sont ça et là au sol, ainsi que des livres, des tas de livres. Pas d'eau. Des éclaboussures de sang, partout. Un ricanement avide perce du fond de la salle, ainsi que des sanglots de fillette.
Nolme :_ Charmant endroit... Surtout le plafond.
Kiera :_ Tu as peur ?
Une voix depuis le fond :_ Ils sssont nombreux cssse sssoir...
Nolme, avec un sourire :_ Une voix sifflante...
Ronae :_ Présente-toi.
La chose avance. C'est une araignée, une très grande araignée. Un visage de femme, que certains reconnaissent comme étant celui de la Goule que Chance avait amenée, sa mère. Des deux bras qu'il lui reste, elle joue avec des crochets, avançant au plafond.
Nolme, déçue :_ Oh.
Une voix depuis le fond, devenant l'Araignée :_ Je sssuis quelqu'un d'affamé...
Kiera :_ Si ce n'est pas une illusion, c'est un beau travail de greffe.
Ronae :_ J'opterais pour Mémoire, finalement.
Kiera :_ Impossible de la confondre avec Vertu en tous cas...
La chose paraît se vexer franchement aux derniers mots, et s'élance vers Ronae, qu'elle saisit entre ses bras tordus, avant de se retirer, secouant le chef de Clan comme un jouet cassé. Le Clan dans son entièreté dégaine.
L'Araignée :_ Css'est de bonnes jambes, çssa, oui, un truc sssolide...
Kiera :_ Lâche-le !
Ariste, poli :_ R'voilà c'te putain...
Leizen :_ La mère...
Nolme :_ Ooooh ! Il ne faut pas l'abîmer alors.
Les chevaliers chargent, sans subtilité, à l'exception de Chrysaline. Leizen, elle, contourne la pièce, s'approchant de la direction des sanglots de la fillette, suivie de l'elfe et de la gnome défunte. L'Araignée recule davantage, serrant sa prise contre elle avec un air d'enfant jalouse. La curée commence, Kédira portant le premier coup réussi. Une odeur fétide se répand: Mort, putréfaction, sperme aussi. Les femmes finissent par trouver la gamine, terrée dans un recoin de la pièce, tenant une boite à musique contre elle. Tandis que Leizen se saisit de l'enfant, l'araignée se sert de Ronae comme d'un gourdin, frappant au hasard.
Nolme :_ Etrange anomalie... Leizen, reculez maintenant que vous la tenez. Je vais juste tenter un petit quelque chose pour handicaper cet animal.
L'enfant, serrant Leizen contre elle avec un bras, l'autre tenant ferme sa boite:_ Leizen ! M'dame Nolme !
Leizen, constatant avec horreur que l'enfant n'a plus de jambes :_ Liucia ! Est-ce que... Ca va ?
L'enfant, nommée Liucia :_ C'est que, ça va pas trop, non, elle m'a encore attrapée... Mais elle a pas eu mon secret.
Leizen, vers la gnome :_ Emmène-la au loin, veux-tu ?
L'Araignée, dans une charge contre Kiera, se fait contrer et tombe lourdement au sol. Les chevaliers se jettent à son encontre, un sang immonde gicle. Ils finissent par s'en écarter, alors qu'elle ne bouge plus que par frémissements.
Liucia, tenue par la gnome :_ J'aime pas les morts !
Leizen, se redressant :_ Reste avec elle. Je reviens. Et je sais. Ca ne sera que pour un court moment. Promis.
Ronae, vers l'araignée, et devant son regard hostile et son silence :_ Es-tu enfin décidée à te présenter ? Bien. Nous allons donc sectionner toutes tes jambes.
L'Araignée, observant Chance qui s'approche :_ Tu ne vas pas faire çsssa à ta mère !
Nolme :_ Tant qu'elle est en état de répondre aux questions.
L'enfant est emportée à l'écart, dos à la scène, demandant un instant à la gnome si elle aime les orages, bougonnant devant sa réponse négative. Une patte, une autre, bientôt elles sont toutes tranchées, et pourtant, la chose reste muette. Leizen se tient le ventre, prise de haut-le-coeur.
Kiera :_ Je regrette sincèrement d'abimer un être aussi unique, mais tu n'aurais jamais dû Lui manquer de respect.
Leizen, après avoir déglutit :_ Dites leur votre nom, bon sang !
L'Araignée :_ Allez tous vous faire trouer !
Kiera, penchée et farfouillant à loisir dans les plaies :_ Ca me rappelle ces Nérubiens dans les Maleterres, en un peu plus gros, c'est vrai.
Ronae :_ Ton nom ?
Nolme quitte la scène de massacre pour aller auprès de Liucia. La chose s'arrache elle-même la langue pour la brandir avec un sourire ensanglanté et fier devant les chevaliers. Ronae hoche la tête, avant de saisir l'une des pattes de l'animal, et se l'empaler, sèchement.
Nolme :_ Tu entendais quoi par « orage » ? Il y en a à l'intérieur ?
Liucia :_ Les choses blanches qui tombent du ciel. Ca arrive, vi. Dedans. Oh, ils font quoi à Maman ?
Chrysaline :_ Maman ?
Nolme :_ Ils s'en occupent. Comment t'a-t-elle attrapée ?
Liucia, avec une grimace :_ C'est facile, pour elle. Elle entre, chuis là. Oui, oui, la dame avec des pattes, c'est ma maman. Elle me découpe quand j'suis pas sage.
Kiera, devant le cadavre de la chose :_ Je me demande si elle peut être relevée.
L'humaine non-morte, rengainant :_ Décevant.
Nolme :_ Et c'est quoi être sage ?
Liucia :_ Je sais pas. Ca change tout l'temps. Maman n'est pas gentille.
Leizen :_ Génial. Des araignées géantes à qui on coupe les pattes. C'est une soirée légendaire !
Nolme :_ Où sont tes jambes, dis-moi ?
Liucia :_ Elle les a prises pour ses poupées. Elle joue beaucoup, vous savez.
Chance équarrit ce qu'il reste de la chose, pour en extraire le buste de sa mère, tandis qu'Ariste, neutre ou presque, prend des notes en grommelant une comptine. Ronae approche de l'enfant, après avoir craché sur la chose. Leizen finit par s'approcher de l'enfant à son tour.
Nolme :_ As-tu une soeur ?
Liucia, à l'elfe d'abord, avant de désigner Ronae :_ Vous savez bien qu'oui, m'dame Nolme. C'est qui, lui ?
Ronae, souriant lentement, de tous ses crocs :_ Tu vas avoir de nouvelles jambes.
Leizen, s'approchant pour prendre la fillette dans ses bras :_ Monsieur Ronae, le chef de ton père-frère.
Liucia :_ Ah, oui, Papa-frère, maman m'en parlait souvent. Elle le découpait pas, lui.
Nolme :_ Depuis combien de temps es-tu ici ?
Liucia :_ Elle m'a attrapée j'avais sept ans, j'crois.
Nolme :_ Comment me connais-tu si tu es ici depuis lors ?
Liucia :_ Je crois que c'est quand j'dors, en fait. Je dois dormir en vrai. Fin j'suppose.
Leizen :_ Oui tu dors, Liu'. Et il faut que tu te réveilles.
Kiera, avisant les choses suspendues aux crochets :_ Hmm, de cette taille...
Ronae, vers Kiera :_ Les pattes sectionnées.
Kiera, désignant des jambes taille enfant :_ Tu es sûr ? Il y a celles là...
Ronae :_ Fais-le.
Leizen :_ Vous n'allez pas lui mettre ça.
Ronae :_ Si.
Nolme :_ Elle n'aura pas de pattes d'araignée à moins de donner une bonne raison à cela.
Ronae :_ Ce sont celles de sa mère. Ceci est une bonne raison.
Nolme :_ Si son esprit est mutilé... Il faut le remettre en état avant de la réveiller. Si vous voulez faire quelque chose, faites-le bien ou ne le faites pas.
Ronae :_ Silence, Bien-Née.
Liucia :_ Je veux pas avoir les jambes de maman !
Chance approche, dans le dos de l'enfant, la contemplant sans mot dire. Il tend une main, un instant, renonce, la rabat sur son côté. L'un des assemblages étranges étire les bras vers Nolme, qui s'en approche avec un rien de stupeur, et le décroche pour le garder contre elle. Ronae finit par faire un geste envers Kiera, qui décroche les jambes de l'enfant à leur tour, avant de s'approcher.
Liucia :_ Tu seras pas fâchée contre moi, Leizen, hein ?
Leizen :_ Fâchée, pourquoi donc ?
Liucia :_ Je sais plus.
Leizen :_ Tu peux te réveiller maintenant que ta mère ne te retient plus ?
Liucia, à sa soeur, avant de désigner Kiera s'approchant :_ Je vais essayer de me réveiller, oui. Mais elle reviendra ? Et c'est qui, elle ?
Kiera, tenant les jambes en mains :_ Je suis celle qui te refera marcher.
Leizen :_ Une camarade de ton frère.
Kiera, avec un sourire savouré :_ Et écartez-vous, je n'aime pas qu'on soit dans mes pattes.
Leizen :_ Tu veux récupérer tes jambes, Liu' ? Ou en te réveillant tu retrouveras les tiennes ?
Liucia :_ Je sais pas trop. J'ai marché quand j'étais réveillée. Je lui fais confiance à la morte ?
Leizen, posant sa soeur devant Kiera :_ Oui.
Kiera :_ Alors, n'aie pas peur de crier si tu souffres, mes enfants sont toujours si silencieux pendant les retouches, c'en est lassant.
Leizen, tandis que Liucia soulève sa petite robe avec un soupir :_ Quoi ? Ca va lui faire mal ?!
Kiera, accompagnée du ricanement de Ronae :_ Je vais la recoudre « à vif », à votre avis ?
Liucia :_ C'est pas grave. Allez-y.
Nolme, pensive devant les assemblages :_ Un corps de rechange...
Liucia, constatant que la morte pose la mauvaise jambe contre un moignon :_ C'pas la bonne madame.
Kiera, grommelant :_ ces vivants et leurs manières...
Liucia :_ Oui ben je suis pas un crabe, madame.
Kiera, vers Leizen :_ Si vous pouviez me tenir le morceau.
Leizen :_ Tenir le... Oh bon sang. Ripez pas... Evitez d'y coudre mon doigt.
Liucia :_ Elle a pas l'air douée...
Leizen :_ Je pense qu'elle a l'habitude d'une chair moins... Fraîche.
Kiera :_ J'ai déjà travaillé sur des mourants, à Âtreval.
Liucia :_ Âtreval ? Aïe ! C'était comment ?
Leizen :_ C'était avant.
Ronae :_ C'était décevant.
Kiera, achevant sa couture :_ C'était une récolte acceptable malgré tout.
Liucia :_ Un monsieur m'en a parlé !
Leizen, commençant à s'affoler :_ Un monsieur ? Pas ça... Liu', il était en rouge et or ?
Liucia :_ Tu sais bien que j'y vois plus, quand je suis réveillée ! Ah ! Je me rappelle, c'était pour ça que je voulais pas que tu sois fâchée !
Un rapide échange, alors. Certains se jaugent, d'autres débattent de la politesse. Leizen câline sa soeur, lui demandant de se réveiller, d'autres parlent de la couleur du sang. Alors que l'enfant s'allonge, signifiant qu'elle va se réveiller, Ronae approche.
Ronae :_ La boite.
Leizen :_ Hey'... Elle est à elle.
Ronae :_ Donne.
Liucia :_ Non !
Ronae :_ Donne.
Liucia :_ C'est à moi !
Nolme :_ Elle ne veut pas.
Ronae :_ Je veux la voir.
Liucia :_ Même. T'es qu'un mort.
Leizen:_ Montre-la lui. Il te la rendra ensuite. C'est entendu ?
Ronae :_ Bien sûr.
Liucia :_ C'est à moi et à Âme. Âme elle l'a même jamais vue.
Kiera :_ Âme ?
Ronae :_ Elle n'est pas ici. Où ?
Leizen, désignant Ariste :_ En sécurité.
Liucia :_ Âme c'est notre soeur. C'est notre nom rien qu'à nous. Quand la dame est venue nous chercher j'ai dit qu'elle était morte pour pas qu'elle la prenne.
Ronae :_ La dame ?
Nolme :_ L'araignée... Sans doute. Ne restez pas si près de moi, c'est incommodant.
Ronae :_ Pas l'araignée, j'en doute.
Liucia :_ La dame qui fait des poupées.
Ronae :_ Qui est-ce ?
Liucia :_ Je sais pas. Elle fait des poupées.
Ronae :_ Son nom. Tu le connais ?
Liucia :_ Non m'sieur le mort qui parle.
Ronae :_ Bien. A quoi ressemble-t-elle ?
Liucia, collant son oreille à sa boite :_ Elle est grande, pis elle est blonde, pis elle est jolie, mais elle a des yeux noirs.
Kiera :_ Une manipulatrice de chair...
Nolme, pensive, regardant la poupée qu'elle tient :_ Cela... Me dit quelque chose...
Ronae, se détournant :_ Il faut continuer.
Kiera :_ En espérant que notre « guide » connaisse les prochains lieux...
Ariste, sans relever le nez de ses notes :_ Pas d'commentaires.
Sur ces mots, Leizen embrasse sa soeur, qui s'enfuit dans son coin avec sa précieuse boite, tandis qu'elle tout comme Nolme viennent trouver, sous le guide d'Ariste, la sortie et l'air du dehors. Les morts, eux, restent. Continuant de s'enfoncer dans les profondeurs. La boite n'avait pas révélé son secret.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
Re: Mais nous irons au théatre
- Acte III, scène V: La chair de ma chair
Charmayne est dans sa chambre, seule. Elle époussète un pantalon couvert de poussière, avant de darder un regard vers le drap couvrant son miroir. Elle hésite, visiblement, puis le découvre, prudemment. Elle décrit son reflet du regard, avant de soupirer, dépitée.
Le miroir :_ Hé bien, jolie demoiselle ? Vous avez l'air bien contrite.
Charmayne :_ Ils savent. Ils se doutent !
Le miroir :_ Peu importe. Qu'ont-ils pris, pour l'instant ?
Charmayne :_ Qu'en sais-je ? Je ne fraye pas avec les morts.
Le miroir :_ Vous feignez à merveille les apprécier.
Charmayne :_ Pouah !
Le miroir :_ C'était un compliment, jolie demoiselle.
Charmayne, avec une ombre de sourire :_ Je sais... Je sais.
Le miroir :_ Alors pourquoi cette mine alors que vous êtes face à moi ?
Charmayne :_ Parce que je suis menacée, peut être ?
Le miroir :_ Ils ne vous devinent pas. La vraie raison ?
Charmayne :_ Elle est revenue. Et elle, je ne l'aime pas.
Le miroir :_ Son vice vous dégoute, pour sûr, mais elle nous sera utile pour les basses tâches.
Charmayne :_ Peut être. Mais j'en aurais préféré une autre. Pourquoi ne pas m'avoir prévenue que ça serait elle ?
Le miroir :_ Auriez-vous fait le cadeau, sans cela ?
Charmayne :_ … Vrai que non, je ne l'aurais pas fait.
Le miroir :_ Voyez.
Charmayne :_ Et ses filles. Elle m'agacent, elles m'agacent. Peut-on encore être plus niaises !
Le miroir :_ De l'aigreur dans une si délicate bouche, ma Chagrine ?
Charmayne, minaudant :_ Tu dois bien comprendre combien tu as à faire pardonner, à me cajoler ainsi !
Le miroir :_ Mais pas d'inquiétude ! Vous aurez à faire encore.
Charmayne :_ Mh. J'imagine. Oh. Ils savent, pour la faiseuse.
Le miroir :_ Voilà qui est plus contraignant. Veillez bien à ce que la greffe prenne.
Charmayne, s'asseyant sur son lit, face au miroir :_ Bah ! Elle devrait apprendre à se débrouiller.
Le miroir :_ Elle est encore là.
Charmayne :_ Parce que son si cher fils l'a trimballée depuis la tombe ! Quelle preuve de doigté !
Le miroir :_ Elle s'en est échappé.
Charmayne :_ Oui, enfin, plutôt parce que son engeance possède les mêmes tares...
Le miroir :_ Elle sera utile en son temps. Elle est prête, à présent, grâce à vous en partie.
Charmayne :_ Quand le reverrais-je ..?
Le miroir :_ Bientôt, bientôt.
Charmayne :_ Pour toi, ou pour moi ?
Le miroir :_ Votre malice a le don de m'exciter, jeune fille.
Charmayne, détournant de regard, avant de minauder de plus belle :_ Il suffit.
Le miroir :_ Passez bien vos leçons de piano, demoiselle Chagrine. Il est l'heure pour une petite dame comme vous de fermer ses yeux.
Charmayne :_ Oui, oui... Je suppose qu'il va me falloir faire semblant encore un temps.
Le miroir :_ Votre patience sera récompensée.
Charmayne, recouvrant le miroir, après s'être relevée :_ Sache que j'y compte.
Charmayne s'étire, s'allonge sur son lit, et reste à fixer le plafond, jouant avec l'Arcane du bout des doigts, avant de s'endormir enfin. Les goules murmurent au loin, tandis qu'une mélodie de piano se fait entendre dans la maisonnée. Une mélodie parfaitement exécutée, loin des hésitations de Charmayne. Assurément, la main qui la joue est celle qui l'a composée, pour avoir une telle maîtrise.
Ainsi s'achève la première pièce du drame Orlshae.
Ludjana- Personnages Joués : Contemplative.
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