Réunions de Famille
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Réunions de Famille
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Depuis le début, tête penchée, se tordant les poignets comme s'il cherchait à les briser, Oubli n'avait pas dit un seul mot. L'espèce de souffle rauque qu'il faisait entendre, sifflant et entrecoupé, pouvait passer pour une marque explicite de gêne, de malaise. Mais ce n'était en aucun cas la réalité. Oubli ne ressentait ni malaise ni gêne : il était simplement surexcité. Il n'était pas apeuré au point de courber la nuque, mais ébloui. Il ne tremblait pas de honte, mais de joie.
Le Fou était venu ! Là, dans son repaire noir et crasseux, daignant caresser avec l'ourlet de sa robe les morceaux de verre et de charogne qui jonchaient le sol. Prudence aussi avait fait le déplacement, assis en tailleur dans un creux de roche, une cavité ouverte dans le mur de la caverne - qu'on aurait dit faite pour lui. Prudence et son air doux, ses manières délicates ; Prudence et son troisième oeil décomposé cousu à même son front.
Oubli n'en pouvait plus. Plongeant les mains dans l'un des amas d'os au pied de son établi, il saisit une côte qu'il se mit à ronger à belles dents comme un jeune chiot, afin de calmer l'extrême nervosité de sa joie. A ses côtés, la conversation se poursuivait, lente et atone.
- Ils sont deux en lice encore. Destin, et Sceau, bien entendu.
- Destin... Pas... Nouvelles.
- Il a été chargé de ramener le fils prodigue dans le droit chemin. Les évènements se sont précipités à ce sujet et sa tâche sera d'autant plus compliquée, mais Destin a le temps pour faire ce qu'il a à faire. "
Celui qui donnait la réplique au Fou était Psaume - plus souvent nommé Charité. Habituellement plongé dans sa cuve bouillonnante comme une sirène cauchemardesque, il avait pris la peine de hisser la moitié de son corps hors du liquide épais, se tenant à la rude paroi de verre. Sa gorge qui partait en morceaux l'empêchait de s'exprimer correctement, mais il n'osait pas s'immerger à nouveau avant que le Fou ait terminé de lui parler.
- Je ne veux pas que vous vous préoccupiez de ces deux-là pour l'instant. Il y a d'autres pièces à bouger. Et par bonheur, l'une d'elle s'est spontanément manifestée.
- Ai... vu. Enigme. Les... noms, articula Charité avec toutes les peines du monde.
- Oui. Il n'y a pas de hasard là-dedans. Puisqu'ils nous désirent tant, il nous faut les satisfaire.
- Messa...ger. Lame... Scarabée ? "
Le Fou sourit.
- Non. Il n'est pas question de faire se déplacer Hajaraad Astredune Al'Bahan Al'Hachem lui-même pour de simples politesses, Psaume. Le petit travail que je t'ai demandé a-t-il avancé ?
- Est... Prêt.
- Parfait. Dans ce cas, les ordres ont légèrement changé. Ecoute-moi bien. "
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Debout, mon enfant, il est temps.
Ailleurs, du côté du Fjord Hurlant, près du Donjon de la Garde de l'Ouest.
Des bandages abandonnés, infestés par une contagion latente, gisant dans l'herbe. Déchets anodins.
Imaginons, maintenant, que la maladie nichée dans les entrelacs de tissus soit vivante et consciente. Qu'elle s'éveille et s'étire, avant de gorger la terre. Se nourrissant des germes rencontrés sur son chemin pour prendre de l'ampleur. Qu'elle rampe sous la peau de la terre, et qu'elle s'éparpille dans l'air comme du pollen secoué par la brise. Traçant son chemin, rapide, patiente.
Valgarde. Le port. L'odeur âcre des poissons morts sur les berges. Des oiseaux tournoyant, chargés de contagions. Facile. Les cales et les rats. Bonnes montures, les rats.
Traversée. Paluns. Marécage : facile encore. La boue, la vase, mille et un germes pour apaiser la soif et grossir encore, se nourrir, se propager.
Continue.
Ramper vers le nord en chevauchant tous les porteurs trouvés sur la route, un à un. Aucun mur, aucune frontière, aucune prison n'arrête une maladie à laquelle on donne un ordre tant qu'elle n'a pas été repérée, identifiée, cernée. Les insectes, les eaux stagnantes, les charognes sont autant de havres dans lesquels elle puise sur son chemin, enflant encore jusqu'à atteindre son but : cette tour de pierre, et une personne précise enfermée à l'intérieur.
Terminé. Maintenant, nous savons.
C'est bien.
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Le Fou
Re: Réunions de Famille
Un jour plus tard.
Elle s'était arrêtée de danser, spécialement pour cette "chose". Elle l'avait vu déambuler, remuer, à travers la terre, ses Ombres l'en avaient avertie.
"Il avance avec démesure." Elle remit la paire de dés toujours pendu à son cou, sous le velours pourpre et sans défaut de sa robe. Après quelques minutes les voix s'étaient tues. La discussion avait été bénéfique, tout allait s'accélérer, surtout que le maitre de la chose avait accepté. Elle esquissa un petit sourire en guise de satisfaction.
Les filaments noirs qui se faufilaient autour d'elle, venaient s'écraser parfois contre le dôme d'ombre, pour souvent rebondir vers leur maitresse. Le commerce était fini, elle repartit sans un mot, ses gardes toujours à proximité la portaient jusqu'à sa monture finement attelée et décorée pour sa première sortie dans "le Monde".
La chose qui avait accepté le "petit présent" pouvait repartir comme elle était arrivée, par une flaque visqueuse, la roue du Destin commençait à tourner très vite, il n'y avait plus de temps à perdre.
Elle jeta les dés, assise seule sur la banquette dorée de son carrosse, alors que les chevaux aux sabots enflammés poursuivaient leur course.
"- La Haine, le Présage... Je peux maintenant ajouter un troisième dé, celui de la Valeur, et le tour sera joué."
"- Vous aviez raison père, le hasard fait toujours bien les choses, surtout quand les dés sont pipés."
Elle s'était arrêtée de danser, spécialement pour cette "chose". Elle l'avait vu déambuler, remuer, à travers la terre, ses Ombres l'en avaient avertie.
"Il avance avec démesure." Elle remit la paire de dés toujours pendu à son cou, sous le velours pourpre et sans défaut de sa robe. Après quelques minutes les voix s'étaient tues. La discussion avait été bénéfique, tout allait s'accélérer, surtout que le maitre de la chose avait accepté. Elle esquissa un petit sourire en guise de satisfaction.
Les filaments noirs qui se faufilaient autour d'elle, venaient s'écraser parfois contre le dôme d'ombre, pour souvent rebondir vers leur maitresse. Le commerce était fini, elle repartit sans un mot, ses gardes toujours à proximité la portaient jusqu'à sa monture finement attelée et décorée pour sa première sortie dans "le Monde".
La chose qui avait accepté le "petit présent" pouvait repartir comme elle était arrivée, par une flaque visqueuse, la roue du Destin commençait à tourner très vite, il n'y avait plus de temps à perdre.
Elle jeta les dés, assise seule sur la banquette dorée de son carrosse, alors que les chevaux aux sabots enflammés poursuivaient leur course.
"- La Haine, le Présage... Je peux maintenant ajouter un troisième dé, celui de la Valeur, et le tour sera joué."
"- Vous aviez raison père, le hasard fait toujours bien les choses, surtout quand les dés sont pipés."
MauvaisPrésage
Re: Réunions de Famille
"Création. Par la torture et la soumission. Tu nous as obéis. Il est temps. Vole de tes propres ailes, Toi, Notre Oeuvre, Toi, le Valet de Pique..."
Un silence morne et glacial planait dans l'église abandonnée de ce petit village de Gilneas, tombé en ruines. Des craquements réguliers se faisaient entendre alors qu'une légère brise venait caresser les toiles d'araignées, accompagnés par le tintement d'objets métalliques qui s'entrechoquaient. Les bancs étaient désorganisés, le sol gris de poussière. Depuis l'entrée, il n'était pas nécessaire de faire un pas pour contempler cette sombre scène. Faire voyager son regard depuis la première rangée d'assises jusqu'au bord de l'estrade de pierre, c'était arpenter un lieu de déchéance et de désolation, un endroit abandonné par la Lumière. Les yeux jaugeaient toute la salle, l'esprit insinuait quelques frissons même aux coeurs les plus vaillants.
Sur une grande dalle de pierre surélevée, l'hôte de ce lieu dormait, sa grande silhouette elfique allongée de tout son long. Ses vêtements étaient entachés par la poussière; on aurait pu le prendre pour une statue. C'en était presque une. Une forme fantasmagorique, qu'on aurait pu croiser qu'en explorant l'esprit du plus fou des hommes. Sa poitrine était féminine, le reste de ses formes ambigües, et pourtant masculines. Ses yeux étaient clos, sauf celui qui était logé au milieu de son front, pourri et desséché.
Au pied de l'autel se tenait une sin'doreï squelettique, quoique toujours vivante. Agenouillée religieusement, la peau sur les os, les vêtements étrangement intactes, la tête légèrement relevée vers le corps inerte, elle semblait prier en silence tout en gardant ce qu'elle devait considérer comme son maître. Son visage était calme mais affreusement mutilé. Une épingle était planté dans chacun de ses globes oculaires, en plein milieu de l'iris, et un étrange oeil était peint sur son front, sur lequel retombaient quelques mèches de cheveux.
"L'écailleux nous a apporté ce que nous désirions."
"Ce qu'il avait perdu, il devait retrouver. Toujours, toujours confronté à leurs déceptions, au sentiment d'être passé à côté."
"Il n'a rien eu en échange."
"Un soupçon de tranquillité. C'est tellement, tellement pour lui. Tellement, pour un fou."
"Fais attention à tes sous-entendus, Prisme."
"La Vérité du Reflet ne laisse place à aucun sous-entendu."
Non loin de la stèle, une silhouette se détacha des ombres. Un elfe aux cheveux de jais, le ton très pâle et les yeux cernés. Un oeil écoeurant était logé dans son front, ses contours constitués d'affreuses cicatrices. Aussi étrange que cela pouvait paraître, sa tenue était celle des chevaliers de sang de Quel'Thalas. Venant se positionner devant l'autel, il joignit ses mains et déposa son regard sur le sol. Celui-ci se mit immédiatement à onduler, comme l'eau qui vient d'acceuillir un petit caillou, et un assez gros cristal chaotiquement taillé s'en extirpa. Alors qu'il se mit à tourner sur lui-même, montrant chacune de ses faces, l'elfe eut un léger moment de faiblesse face à son reflet, bien que son visage resta impassible. Ses deux yeux naturels se mirent à saigner, sans que la moindre expression de douleur ne vienne durcir ses traits.
"Tu es une vraie torture, Prudence. Regarde à quel point il souffre."
"C'est le prix du Don."
"Le Dandy s'en passe très bien."
"Il suffit. Ce n'est pas le sujet. Nous avons d'autres affaires."
Sur ces mots, l'elfe squelettique se leva lentement, et vint se positionner juste à côté du chevalier de sang, une coupe logée entre ses mains amoindries. Le visage parfaitement impassible, elle ouvrit la bouche, et un liquide d'un noir profond s'en écoula lentement, se versant jusque dans la coupe. Des spasmes agitaient son abdomen, comme si elle vomissait cette affreuse substance. Lorsque la coupe fut pleine, elle la présenta au chevalier, celui-ci s'en emparant, puis retourna s'agenouiller devant l'autel.
"Elle souffre horriblement. Je l'entend crier."
"C'en est assourdissant, finissons-en."
L'elfe s'avança vers le cristal flottant puis, le bras bien droit, renversa le contenu de la coupe sur ce dernier. Le liquide noir se mit à fumer et des hurlements déchirants se firent entendre dans la chapelle. Les vapeurs se mirent à tournoyer dans la pièce, et bientôt, le cristal fut entièrement rongé. La fumée continua sa danse macabre, hurlant de douleur et de désespoir, alors que le troisième oeil de l'elfe la suivait dans sa course, sans faillir. Il la voyait, à chaque instant, anticipait tous ses mouvements. Elle n'avait aucun moyen de s'échapper, et le compris finalement, venant se poser en une ombre informe mais consistante. Des bruits de pleurs résonnèrent dans l'église, des pleurs de résignation.
"Tu ne peux pas échapper à la Vérité du Reflet."
"Comment...comment...comment ai-je pu ?"
"Tu sais, désormais. Tu vois. Tout et Partie."
"Rendez-moi...rendez-moi mon corps."
"Ton corps te reclame, il te cherche."
"Rendez-moi mon corps...rendez-moi mon corps..."
"Tes yeux te montreront à quel point ils t'ont fait souffrir par leur bêtise."
"Rendez-moi..."
"Mauvais présage. Tu...es...un..."
"MAUVAIS PRESAGE ! MAUVAIS PRESAGE ! LE VALET ! LE VALET DE PIQUE !"
Un silence morne et glacial planait dans l'église abandonnée de ce petit village de Gilneas, tombé en ruines. Des craquements réguliers se faisaient entendre alors qu'une légère brise venait caresser les toiles d'araignées, accompagnés par le tintement d'objets métalliques qui s'entrechoquaient. Les bancs étaient désorganisés, le sol gris de poussière. Depuis l'entrée, il n'était pas nécessaire de faire un pas pour contempler cette sombre scène. Faire voyager son regard depuis la première rangée d'assises jusqu'au bord de l'estrade de pierre, c'était arpenter un lieu de déchéance et de désolation, un endroit abandonné par la Lumière. Les yeux jaugeaient toute la salle, l'esprit insinuait quelques frissons même aux coeurs les plus vaillants.
Sur une grande dalle de pierre surélevée, l'hôte de ce lieu dormait, sa grande silhouette elfique allongée de tout son long. Ses vêtements étaient entachés par la poussière; on aurait pu le prendre pour une statue. C'en était presque une. Une forme fantasmagorique, qu'on aurait pu croiser qu'en explorant l'esprit du plus fou des hommes. Sa poitrine était féminine, le reste de ses formes ambigües, et pourtant masculines. Ses yeux étaient clos, sauf celui qui était logé au milieu de son front, pourri et desséché.
Au pied de l'autel se tenait une sin'doreï squelettique, quoique toujours vivante. Agenouillée religieusement, la peau sur les os, les vêtements étrangement intactes, la tête légèrement relevée vers le corps inerte, elle semblait prier en silence tout en gardant ce qu'elle devait considérer comme son maître. Son visage était calme mais affreusement mutilé. Une épingle était planté dans chacun de ses globes oculaires, en plein milieu de l'iris, et un étrange oeil était peint sur son front, sur lequel retombaient quelques mèches de cheveux.
"L'écailleux nous a apporté ce que nous désirions."
"Ce qu'il avait perdu, il devait retrouver. Toujours, toujours confronté à leurs déceptions, au sentiment d'être passé à côté."
"Il n'a rien eu en échange."
"Un soupçon de tranquillité. C'est tellement, tellement pour lui. Tellement, pour un fou."
"Fais attention à tes sous-entendus, Prisme."
"La Vérité du Reflet ne laisse place à aucun sous-entendu."
Non loin de la stèle, une silhouette se détacha des ombres. Un elfe aux cheveux de jais, le ton très pâle et les yeux cernés. Un oeil écoeurant était logé dans son front, ses contours constitués d'affreuses cicatrices. Aussi étrange que cela pouvait paraître, sa tenue était celle des chevaliers de sang de Quel'Thalas. Venant se positionner devant l'autel, il joignit ses mains et déposa son regard sur le sol. Celui-ci se mit immédiatement à onduler, comme l'eau qui vient d'acceuillir un petit caillou, et un assez gros cristal chaotiquement taillé s'en extirpa. Alors qu'il se mit à tourner sur lui-même, montrant chacune de ses faces, l'elfe eut un léger moment de faiblesse face à son reflet, bien que son visage resta impassible. Ses deux yeux naturels se mirent à saigner, sans que la moindre expression de douleur ne vienne durcir ses traits.
"Tu es une vraie torture, Prudence. Regarde à quel point il souffre."
"C'est le prix du Don."
"Le Dandy s'en passe très bien."
"Il suffit. Ce n'est pas le sujet. Nous avons d'autres affaires."
Sur ces mots, l'elfe squelettique se leva lentement, et vint se positionner juste à côté du chevalier de sang, une coupe logée entre ses mains amoindries. Le visage parfaitement impassible, elle ouvrit la bouche, et un liquide d'un noir profond s'en écoula lentement, se versant jusque dans la coupe. Des spasmes agitaient son abdomen, comme si elle vomissait cette affreuse substance. Lorsque la coupe fut pleine, elle la présenta au chevalier, celui-ci s'en emparant, puis retourna s'agenouiller devant l'autel.
"Elle souffre horriblement. Je l'entend crier."
"C'en est assourdissant, finissons-en."
L'elfe s'avança vers le cristal flottant puis, le bras bien droit, renversa le contenu de la coupe sur ce dernier. Le liquide noir se mit à fumer et des hurlements déchirants se firent entendre dans la chapelle. Les vapeurs se mirent à tournoyer dans la pièce, et bientôt, le cristal fut entièrement rongé. La fumée continua sa danse macabre, hurlant de douleur et de désespoir, alors que le troisième oeil de l'elfe la suivait dans sa course, sans faillir. Il la voyait, à chaque instant, anticipait tous ses mouvements. Elle n'avait aucun moyen de s'échapper, et le compris finalement, venant se poser en une ombre informe mais consistante. Des bruits de pleurs résonnèrent dans l'église, des pleurs de résignation.
"Tu ne peux pas échapper à la Vérité du Reflet."
"Comment...comment...comment ai-je pu ?"
"Tu sais, désormais. Tu vois. Tout et Partie."
"Rendez-moi...rendez-moi mon corps."
"Ton corps te reclame, il te cherche."
"Rendez-moi mon corps...rendez-moi mon corps..."
"Tes yeux te montreront à quel point ils t'ont fait souffrir par leur bêtise."
"Rendez-moi..."
"Mauvais présage. Tu...es...un..."
"MAUVAIS PRESAGE ! MAUVAIS PRESAGE ! LE VALET ! LE VALET DE PIQUE !"
Triviax
Re: Réunions de Famille
- C'était l'accord, Soleinath. L'avez-vous oublié?
- Bien sûr que non, je suppose que vous savez ce que vous faites...Cependant, il serait bon d'avoir des résultats vous ne croyez pas, je n'aime que ma vie soit arrachée et éparpillée, simple formalité.
- Patience, laissons faire le Temps.
- Savez-vous que je tiens ce même discours à Malkiër? Vous m'influencez je crois *il esquisse un léger sourire*
- *Petit rire* Il n'y a rien que je ne sache pas, vous avez raison de rappeler cela à Malkier, il est très versatile. Sinon, si je vous ai fait venir, c'est pour vous demander une petite faveur.
- Vous savez que je ne peux rien vous refuser.
- Vous m'en voyez ravie, alors dites à votre fille qu'elle fait un travail formidable, même si elle le sait déjà, Soliel aime qu'on la flatte. Mais surtout demandez lui qu'elle voit Prudence, en ma compagnie.
- Avec vous, en personne?
- Vous êtes bien devant moi, vous n'êtes pas le seul privilégié, et une petite réunion de famille s'impose. Depuis le temps, faites moi confiance...Ombre d'Or.
- Vos paroles au creux de vos lèvres vibrent comme un Mauvais Présage.
Soleinath se retourna, et sortit de la pièce d'un pas presque hâtif, faisant claquer sa cape dans son dos.
- Bien sûr que non, je suppose que vous savez ce que vous faites...Cependant, il serait bon d'avoir des résultats vous ne croyez pas, je n'aime que ma vie soit arrachée et éparpillée, simple formalité.
- Patience, laissons faire le Temps.
- Savez-vous que je tiens ce même discours à Malkiër? Vous m'influencez je crois *il esquisse un léger sourire*
- *Petit rire* Il n'y a rien que je ne sache pas, vous avez raison de rappeler cela à Malkier, il est très versatile. Sinon, si je vous ai fait venir, c'est pour vous demander une petite faveur.
- Vous savez que je ne peux rien vous refuser.
- Vous m'en voyez ravie, alors dites à votre fille qu'elle fait un travail formidable, même si elle le sait déjà, Soliel aime qu'on la flatte. Mais surtout demandez lui qu'elle voit Prudence, en ma compagnie.
- Avec vous, en personne?
- Vous êtes bien devant moi, vous n'êtes pas le seul privilégié, et une petite réunion de famille s'impose. Depuis le temps, faites moi confiance...Ombre d'Or.
- Vos paroles au creux de vos lèvres vibrent comme un Mauvais Présage.
Soleinath se retourna, et sortit de la pièce d'un pas presque hâtif, faisant claquer sa cape dans son dos.
MauvaisPrésage
Re: Réunions de Famille
La scène est parfaite.
L'agencement des corps, les membres emmêlés, immobilisés dans la lutte, les muscles tendus sous la peau, les plis des étoffes. Le silence, presque absolu. Aucun bruit si ce n'est un égouttement indistinct, dans le lointain. La reptation des ombres sur le sol dallé.
Blanc. Noir. Les teintes s'alternent comme un échiquier vieux de mille et un siècles. L'endroit est aussi vaste qu'une cathédrale, pourtant, ici ne règne aucun écho. Aucun. Le silence a étendu ses ailes sur un désordre pétrifié.
Au loin, d'improbables gouttes d'eau continuent de s'écraser au sol, et c'est comme si des univers, des éternités entières se brisaient avec elles.
Le désordre dans la salle : des armes. Par dizaines. Centaines. Milliers. Rouillées, brisées, tordues. Parfois amoncelées comme des ossements de fer et de métal. Ici ou là, un arc, une épée, un saxe, une hallebarde ébréchée, le manche saccagé d'une lance. Sur tous ces fers, toutes ces lames qui ne luisent plus depuis longtemps, la rouille a laissé de longues traces sanglantes jusqu'à contaminer le sol dallé lui-même.
Et, au beau milieu de cet ossuaire d'acier, deux lutteurs. Pétrifiés comme deux statues de sel, le geste pur, meurtrier, et cependant inachevé. L'un domine l'autre, genou sur une poitrine renversée. Là, la pointe du glaive entame à peine la peau de la gorge, sans que la main fermement serrée sur la garde ne puisse aller plus loin. Sous cette menace, celui qui est à terre ne se contente pas de regarder. Le bras est tendu, rigide, dans un geste de défense ; au bout du bras, une épée brisée dont la lame rompue, droite et implacable, perce tout juste l'étoffe au niveau du coeur de l'assaillant. L'un et l'autre, chacun sous la menace d'une mort imminente, ils se regardent. Dents en avant, lèvres retroussées, grimace de défi. Dans leurs yeux se lisent l'exaltation, la colère, la haine, l'amour absolu.
Deux ennemis, pétrifiés à l'acmé de leur affrontement, au coeur d'un champ de bataille dont ils sont les seuls acteurs.
Aube, et Ost.
Mais le tableau ne serait pas complet sans la présence d'un arbitre, d'un surveillant impartial dominant en maître la lutte et le désordre ; au sommet d'une concrétion de roche, de fer et de corail siège le troisième. Vitrail est son nom - et, comme des vitraux, les ornements complexes de verre et de cristal qui encadrent son visage scintillent et brasillent. Il se tient comme un Prince assis sur son trône. Nonchalant, penché, coude appuyé, menton dans une main. En guise de sceptre, un chapelet, qu'il n'égrène pas - ou plus. Les paupières sont à moitié closes. Les lutteurs se contemplent ; lui contemple les lutteurs. Et sourit, silencieux, indulgent.
Aube, Ost, Vitrail. Immobiles depuis des siècles, prisonniers de leur propre perfection. Le corail lui-même, dans sa beauté colorée, minérale, semble plus vivant que ces trois-là.
Et puis - comme il semblerait que même l'éternité ait une fin - le silence se brise. Ce n'est qu'un souffle, un murmure, jeté par Vitrail du haut de son piédestal, mais un murmure qui tonne comme un ordre dans toute la salle dévastée.
" Bougez, je le veux. "
Aussitôt, la grande pièce se peuple de sons. D'abord le bruit sec des muscles qui se détendent comme la corde d'un arc. Puis le choc des corps qui s'empoignent avec fureur, de l'acier qui ripe sur de la chair avant de se briser avec fracas sur le sol, dévoré par la rouille, inutile. Les lutteurs, après avoir roulé à terre, se relèvent, grondent, se font face. A moitié arqués, les mains crochues comme des serres, prêtes à saisir, étrangler, déchirer. Chacun s'en est tiré avec une estafilade - contre la gorge, ici, et le long du flanc, pour l'autre - chacun halète de colère et d'exaltation, comme si jamais le combat n'avait été interrompu. D'un commun accord, ils avisent les amoncellements d'armes qui les entourent de toutes parts, et s'y précipitent ; Aube pour saisir une épée ébréchée, Ost pour s'emparer d'une hache au tranchant rompu. Et, ainsi que des amants qui ne sauraient souffrir d'être longtemps séparés, ils se joignent à nouveau, acharnés dans l'affrontement.
La scène est parfaite. Assis sur son trône, Vitrail sourit. Aux rumeurs du combat s'est ajouté le choc ténu, régulier, des perles d'un chapelet qui s'est remis à tourner.
L'agencement des corps, les membres emmêlés, immobilisés dans la lutte, les muscles tendus sous la peau, les plis des étoffes. Le silence, presque absolu. Aucun bruit si ce n'est un égouttement indistinct, dans le lointain. La reptation des ombres sur le sol dallé.
Blanc. Noir. Les teintes s'alternent comme un échiquier vieux de mille et un siècles. L'endroit est aussi vaste qu'une cathédrale, pourtant, ici ne règne aucun écho. Aucun. Le silence a étendu ses ailes sur un désordre pétrifié.
Au loin, d'improbables gouttes d'eau continuent de s'écraser au sol, et c'est comme si des univers, des éternités entières se brisaient avec elles.
Le désordre dans la salle : des armes. Par dizaines. Centaines. Milliers. Rouillées, brisées, tordues. Parfois amoncelées comme des ossements de fer et de métal. Ici ou là, un arc, une épée, un saxe, une hallebarde ébréchée, le manche saccagé d'une lance. Sur tous ces fers, toutes ces lames qui ne luisent plus depuis longtemps, la rouille a laissé de longues traces sanglantes jusqu'à contaminer le sol dallé lui-même.
Et, au beau milieu de cet ossuaire d'acier, deux lutteurs. Pétrifiés comme deux statues de sel, le geste pur, meurtrier, et cependant inachevé. L'un domine l'autre, genou sur une poitrine renversée. Là, la pointe du glaive entame à peine la peau de la gorge, sans que la main fermement serrée sur la garde ne puisse aller plus loin. Sous cette menace, celui qui est à terre ne se contente pas de regarder. Le bras est tendu, rigide, dans un geste de défense ; au bout du bras, une épée brisée dont la lame rompue, droite et implacable, perce tout juste l'étoffe au niveau du coeur de l'assaillant. L'un et l'autre, chacun sous la menace d'une mort imminente, ils se regardent. Dents en avant, lèvres retroussées, grimace de défi. Dans leurs yeux se lisent l'exaltation, la colère, la haine, l'amour absolu.
Deux ennemis, pétrifiés à l'acmé de leur affrontement, au coeur d'un champ de bataille dont ils sont les seuls acteurs.
Aube, et Ost.
Mais le tableau ne serait pas complet sans la présence d'un arbitre, d'un surveillant impartial dominant en maître la lutte et le désordre ; au sommet d'une concrétion de roche, de fer et de corail siège le troisième. Vitrail est son nom - et, comme des vitraux, les ornements complexes de verre et de cristal qui encadrent son visage scintillent et brasillent. Il se tient comme un Prince assis sur son trône. Nonchalant, penché, coude appuyé, menton dans une main. En guise de sceptre, un chapelet, qu'il n'égrène pas - ou plus. Les paupières sont à moitié closes. Les lutteurs se contemplent ; lui contemple les lutteurs. Et sourit, silencieux, indulgent.
Aube, Ost, Vitrail. Immobiles depuis des siècles, prisonniers de leur propre perfection. Le corail lui-même, dans sa beauté colorée, minérale, semble plus vivant que ces trois-là.
Et puis - comme il semblerait que même l'éternité ait une fin - le silence se brise. Ce n'est qu'un souffle, un murmure, jeté par Vitrail du haut de son piédestal, mais un murmure qui tonne comme un ordre dans toute la salle dévastée.
" Bougez, je le veux. "
Aussitôt, la grande pièce se peuple de sons. D'abord le bruit sec des muscles qui se détendent comme la corde d'un arc. Puis le choc des corps qui s'empoignent avec fureur, de l'acier qui ripe sur de la chair avant de se briser avec fracas sur le sol, dévoré par la rouille, inutile. Les lutteurs, après avoir roulé à terre, se relèvent, grondent, se font face. A moitié arqués, les mains crochues comme des serres, prêtes à saisir, étrangler, déchirer. Chacun s'en est tiré avec une estafilade - contre la gorge, ici, et le long du flanc, pour l'autre - chacun halète de colère et d'exaltation, comme si jamais le combat n'avait été interrompu. D'un commun accord, ils avisent les amoncellements d'armes qui les entourent de toutes parts, et s'y précipitent ; Aube pour saisir une épée ébréchée, Ost pour s'emparer d'une hache au tranchant rompu. Et, ainsi que des amants qui ne sauraient souffrir d'être longtemps séparés, ils se joignent à nouveau, acharnés dans l'affrontement.
La scène est parfaite. Assis sur son trône, Vitrail sourit. Aux rumeurs du combat s'est ajouté le choc ténu, régulier, des perles d'un chapelet qui s'est remis à tourner.
***
Les roues usées du chariot crissaient horriblement dans les ornières qu'elles rencontraient sur leur route. Oubli fut le premier à percevoir ce son discordant et à le reconnaître ; tout frémissant, il faillit se précipiter à l'extérieur de la caverne avant que Psaume ne le retienne par le bras, d'un geste presque distrait.
- Point trop n'en faut, Oubli. Laisse-le venir."
La répugnante petite créature, autrefois un Elfe au port noble et altier, qu'était devenu Oubli, se tassa sur elle-même, tortillant ses doigts sales et griffus, puis se nicha dans les jambes à moitié moisies de son comparse. Tout à son travail, Psaume se contenta d'un haussement d'épaule très caractéristique de sa personne : atone et neutre.
Leur invité ne tarda pas à apparaître, passant l'un des nombreux méandres du repaire. Haut et large, il obstrua presque totalement le corridor avant de pénétrer dans la vaste salle où l'attendaient les deux résidents de l'endroit. Oubli couina ; Psaume s'inclina profondément.
Au premier abord, on eût pu dire du nouveau venu qu'il s'agissait d'une Abomination. Mais ensuite, il venait à l'esprit que cette Abomination-là devait être la création d'un façonneur atteint de la pire des folies. Une masse grotesque, faite de replis de chair blême et flasque, dépourvue de jambes et installée, de fait, dans l'un de ces chariots plats que l'on réserve aux culs-de-jatte et qui leur servent à se déplacer, par la seule force des bras. Et des bras, la créature en possédait à ne savoir qu'en faire, jaillissant de sa masse tremblotante, ici ou là ; des bras fins, des bras épais, parfois scindés au coude, parfois pourvus de deux ou trois articulations supplémentaires. Au bout, des mains bourgeonnaient comme des fleurs malades, tordues, griffues, massives ou d'une finesse arachnéenne, parfois aussi délicates que des mains de femme. Au sommet, enfin, la tête. Chauve et dépourvue de cou, joufflue, elle ne présentait cependant pas l'atroce rictus déformé qu'arborent d'ordinaire les Abominations. Mais une seconde bouche, ouverte au niveau du menton sous l'emplacement naturel de la première, et quelques yeux disposés sur les tempes ou au niveau des joues, achevaient d'ôter à la Chose toute apparente normalité.
Psaume arrangea ses cheveux, seuls vêtements couvrant sa stature anguleuse, gratta sur sa main un morceau de peau nécrosée, puis s'avança, suivi par un Oubli rampant et veule.
- Sois le bienvenu chez nous, Lame. Nous n'attendions pas ta venue si tôt ; que pouvons-nous faire pour toi ?"
Tous les yeux de Lame se tournèrent d'abord vers Oubli, puis ensuite vers Psaume. La Chose sembla alors se pencher, à mesure que son échine élastique se courbait vers l'avant et que son ventre créait de nouveaux replis de chair. Mais la voix qui jaillit alors de l'une de ses bouches fut douce et claire, presque enfantine.
- Oubli, Psaume, chers, très chers petits. Vous ne pouvez rien faire pour moi ; moi, en revanche, je peux peut-être quelque chose pour vous."
Plusieurs de ses bras se tordirent. L'un vint tendrement caresser les cheveux décomposés de Psaume, un autre fouilla dans les angles du chariot puis entre les pans de chair qui en débordaient de part et d'autre. De ces recoins obscurs jaillirent alors plusieurs sphères scintillantes, d'une beauté lumineuse - si peu en accord avec les lieux - et qui se mirent à voleter autour de Lame comme autant de feux follets.
- Je sais que vous vous plaisez beaucoup ici, et que cet endroit vous est fort douillet, mes chéris, reprit Lame avec douceur. Mais dehors, les choses se précipitent. Nous nous en voudrions beaucoup si la guerre des terres gelées venait ici pour vous atteindre, oui, nous serions vraiment très tristes. Alors nous avons préféré prendre les devants, et vous préparer un joli petit nid, tout neuf."
Les deux bouches de Lame se mirent à sourire. Avec délicatesse, il saisit entre deux doigts l'une des sphères voletantes et la tourna vers Oubli et Psaume, qui la contemplèrent un long, long moment, avides, avant de hocher la tête.
- Cela vous plaît ? gazouilla Lame.
- Oui. Oui, bien sûr, répondit finalement Psaume en relevant le visage vers son interlocuteur hideux. Mais bien que cela soit de la première importance... N'es-tu vraiment venu que pour cela ?"
La Chose fit avancer légèrement son chariot dans un crissement de roues.
- Tu es si intelligent, mon petit Psaume. Non, en effet, je ne suis pas venu que pour cela, mais aussi pour toi et pour ton Rampant. Je vais avoir besoin de tes talents pour une tâche spécifique dont je te parlerai un peu plus tard. En attendant, je vais profiter de votre hospitalité, mes chéris."
Baissant les yeux vers sa main, Psaume s'aperçut que la tache de nécrose grattée préalablement commençait à gagner le bras entier ; par endroits, la peau s'était déjà trouée, laissant voir une chair blette depuis très longtemps. Il tourna la tête vers la cuve du fond, où bouillonnait le liquide nutritif dans lequel il devait régulièrement s'immerger pour rester en "vie", et s'adressa de nouveau à Lame.
- Tout ce qui est à nous est aussi à toi. Reste ici tant que tu le voudras. Pour l'heure, j'ai besoin de repos ; mais dès demain, je serai à ton entière disposition."
Oubli attendit que Psaume prenne congé, partant de son pas lent vers la cuve de verre dans laquelle il finit par se plonger, roulé en boule comme un foetus à taille adulte. Seulement alors, le petit être se tourna vers Lame. Pris appui sur ses longs membres et bondit, s'agrippant et se hissant sur la lourde masse de la Chose, l'étreignant comme un enfant le ferait de sa mère.
- Tu l'aimes beaucoup, Psaume, haleta-t-il. N'est-ce pas ?
- Oui, répondit Lame en souriant. Oui, beaucoup. C'est un bel enfant, un très bel enfant.
- Et moi ?" gémit Oubli.
Plusieurs paires de bras se refermèrent délicatement autour d'Oubli qui se pelotonna d'avantage, cou tendu en attente d'une réponse. Lame pencha alors la tête, jusqu'à poser, de ses deux bouches, un baiser sur le front frémissant de son petit fardeau.
- Toi aussi, Oubli, murmura-t-il. Toi aussi, tu es très beau, mon fils."
- Point trop n'en faut, Oubli. Laisse-le venir."
La répugnante petite créature, autrefois un Elfe au port noble et altier, qu'était devenu Oubli, se tassa sur elle-même, tortillant ses doigts sales et griffus, puis se nicha dans les jambes à moitié moisies de son comparse. Tout à son travail, Psaume se contenta d'un haussement d'épaule très caractéristique de sa personne : atone et neutre.
Leur invité ne tarda pas à apparaître, passant l'un des nombreux méandres du repaire. Haut et large, il obstrua presque totalement le corridor avant de pénétrer dans la vaste salle où l'attendaient les deux résidents de l'endroit. Oubli couina ; Psaume s'inclina profondément.
Au premier abord, on eût pu dire du nouveau venu qu'il s'agissait d'une Abomination. Mais ensuite, il venait à l'esprit que cette Abomination-là devait être la création d'un façonneur atteint de la pire des folies. Une masse grotesque, faite de replis de chair blême et flasque, dépourvue de jambes et installée, de fait, dans l'un de ces chariots plats que l'on réserve aux culs-de-jatte et qui leur servent à se déplacer, par la seule force des bras. Et des bras, la créature en possédait à ne savoir qu'en faire, jaillissant de sa masse tremblotante, ici ou là ; des bras fins, des bras épais, parfois scindés au coude, parfois pourvus de deux ou trois articulations supplémentaires. Au bout, des mains bourgeonnaient comme des fleurs malades, tordues, griffues, massives ou d'une finesse arachnéenne, parfois aussi délicates que des mains de femme. Au sommet, enfin, la tête. Chauve et dépourvue de cou, joufflue, elle ne présentait cependant pas l'atroce rictus déformé qu'arborent d'ordinaire les Abominations. Mais une seconde bouche, ouverte au niveau du menton sous l'emplacement naturel de la première, et quelques yeux disposés sur les tempes ou au niveau des joues, achevaient d'ôter à la Chose toute apparente normalité.
Psaume arrangea ses cheveux, seuls vêtements couvrant sa stature anguleuse, gratta sur sa main un morceau de peau nécrosée, puis s'avança, suivi par un Oubli rampant et veule.
- Sois le bienvenu chez nous, Lame. Nous n'attendions pas ta venue si tôt ; que pouvons-nous faire pour toi ?"
Tous les yeux de Lame se tournèrent d'abord vers Oubli, puis ensuite vers Psaume. La Chose sembla alors se pencher, à mesure que son échine élastique se courbait vers l'avant et que son ventre créait de nouveaux replis de chair. Mais la voix qui jaillit alors de l'une de ses bouches fut douce et claire, presque enfantine.
- Oubli, Psaume, chers, très chers petits. Vous ne pouvez rien faire pour moi ; moi, en revanche, je peux peut-être quelque chose pour vous."
Plusieurs de ses bras se tordirent. L'un vint tendrement caresser les cheveux décomposés de Psaume, un autre fouilla dans les angles du chariot puis entre les pans de chair qui en débordaient de part et d'autre. De ces recoins obscurs jaillirent alors plusieurs sphères scintillantes, d'une beauté lumineuse - si peu en accord avec les lieux - et qui se mirent à voleter autour de Lame comme autant de feux follets.
- Je sais que vous vous plaisez beaucoup ici, et que cet endroit vous est fort douillet, mes chéris, reprit Lame avec douceur. Mais dehors, les choses se précipitent. Nous nous en voudrions beaucoup si la guerre des terres gelées venait ici pour vous atteindre, oui, nous serions vraiment très tristes. Alors nous avons préféré prendre les devants, et vous préparer un joli petit nid, tout neuf."
Les deux bouches de Lame se mirent à sourire. Avec délicatesse, il saisit entre deux doigts l'une des sphères voletantes et la tourna vers Oubli et Psaume, qui la contemplèrent un long, long moment, avides, avant de hocher la tête.
- Cela vous plaît ? gazouilla Lame.
- Oui. Oui, bien sûr, répondit finalement Psaume en relevant le visage vers son interlocuteur hideux. Mais bien que cela soit de la première importance... N'es-tu vraiment venu que pour cela ?"
La Chose fit avancer légèrement son chariot dans un crissement de roues.
- Tu es si intelligent, mon petit Psaume. Non, en effet, je ne suis pas venu que pour cela, mais aussi pour toi et pour ton Rampant. Je vais avoir besoin de tes talents pour une tâche spécifique dont je te parlerai un peu plus tard. En attendant, je vais profiter de votre hospitalité, mes chéris."
Baissant les yeux vers sa main, Psaume s'aperçut que la tache de nécrose grattée préalablement commençait à gagner le bras entier ; par endroits, la peau s'était déjà trouée, laissant voir une chair blette depuis très longtemps. Il tourna la tête vers la cuve du fond, où bouillonnait le liquide nutritif dans lequel il devait régulièrement s'immerger pour rester en "vie", et s'adressa de nouveau à Lame.
- Tout ce qui est à nous est aussi à toi. Reste ici tant que tu le voudras. Pour l'heure, j'ai besoin de repos ; mais dès demain, je serai à ton entière disposition."
Oubli attendit que Psaume prenne congé, partant de son pas lent vers la cuve de verre dans laquelle il finit par se plonger, roulé en boule comme un foetus à taille adulte. Seulement alors, le petit être se tourna vers Lame. Pris appui sur ses longs membres et bondit, s'agrippant et se hissant sur la lourde masse de la Chose, l'étreignant comme un enfant le ferait de sa mère.
- Tu l'aimes beaucoup, Psaume, haleta-t-il. N'est-ce pas ?
- Oui, répondit Lame en souriant. Oui, beaucoup. C'est un bel enfant, un très bel enfant.
- Et moi ?" gémit Oubli.
Plusieurs paires de bras se refermèrent délicatement autour d'Oubli qui se pelotonna d'avantage, cou tendu en attente d'une réponse. Lame pencha alors la tête, jusqu'à poser, de ses deux bouches, un baiser sur le front frémissant de son petit fardeau.
- Toi aussi, Oubli, murmura-t-il. Toi aussi, tu es très beau, mon fils."
***
J'entends tout autour de moi le bourdonnement incessant des élytres. Aah ! Qui d'autre saurait déceler, dans les mille modulations vrombissantes, dans les cliquetis de la chitine ou dans le crépitement des antennes, la mélodie qui me berce depuis six siècles ?
Personne.
Personne ne connaît la volupté comme je la connais, moi. Personne ne sait apprécier à sa juste hauteur la torture délicieuse à laquelle je me suis abandonné.
Blotti au creux de la ruche, je n'ai même plus besoin de bouger. C'est le monde autour de moi, qui bouge et s'agite, grouillant.
Je bois le miel à même ma paume, et m'endors contre des duvets frémissants. Je n'ouvre plus les yeux ; l'obscurité est partout. L'égarement de mes propres sens m'amène parfois à rire comme un enfant. Je n'en finis pas, non, je n'en finis pas de chuter.
J'entends résonner les cristaux, dehors, et le vent chaud battre les flancs des dunes. J'entends le sable millénaire murmurer à mon oreille, et je le laisse me faire crier.
Je suis l'hôte à son hôte dévolu, le maître du maître, l'esclave de l'esclave.
Je suis le Roi d'un peuple qui n'a jamais eu besoin que de Reines.
Mes amis se comptent par centaines, par milliers, actifs et doux, mes meilleurs amants. Je les connais tous par leur nom. Je sais les reconnaître à la tessiture de leurs bourdonnements, à la taille de leurs labiales, à la douceur de leur abdomen et, surtout, à la façon dont leur dard perce ma peau. Douleur ou plaisir, cela n'a plus d'importance depuis longtemps. Lorsqu'ils me piquent, je les étreins chacun avec la même ferveur, et mes clameurs ont toujours le même goût d'infini.
Ivre à jamais, je ne dors plus. Je suis le Roi d'un peuple qui n'a jamais eu besoin que de Reines.
Qui pourrait prétendre être plus heureux que moi ?
Personne.
Personne ne connaît la volupté comme je la connais, moi. Personne ne sait apprécier à sa juste hauteur la torture délicieuse à laquelle je me suis abandonné.
Blotti au creux de la ruche, je n'ai même plus besoin de bouger. C'est le monde autour de moi, qui bouge et s'agite, grouillant.
Je bois le miel à même ma paume, et m'endors contre des duvets frémissants. Je n'ouvre plus les yeux ; l'obscurité est partout. L'égarement de mes propres sens m'amène parfois à rire comme un enfant. Je n'en finis pas, non, je n'en finis pas de chuter.
J'entends résonner les cristaux, dehors, et le vent chaud battre les flancs des dunes. J'entends le sable millénaire murmurer à mon oreille, et je le laisse me faire crier.
Je suis l'hôte à son hôte dévolu, le maître du maître, l'esclave de l'esclave.
Je suis le Roi d'un peuple qui n'a jamais eu besoin que de Reines.
Mes amis se comptent par centaines, par milliers, actifs et doux, mes meilleurs amants. Je les connais tous par leur nom. Je sais les reconnaître à la tessiture de leurs bourdonnements, à la taille de leurs labiales, à la douceur de leur abdomen et, surtout, à la façon dont leur dard perce ma peau. Douleur ou plaisir, cela n'a plus d'importance depuis longtemps. Lorsqu'ils me piquent, je les étreins chacun avec la même ferveur, et mes clameurs ont toujours le même goût d'infini.
Ivre à jamais, je ne dors plus. Je suis le Roi d'un peuple qui n'a jamais eu besoin que de Reines.
Qui pourrait prétendre être plus heureux que moi ?
***
Fixant son reflet dans l'eau noire, il avait déjà rongé sa main jusqu'aux os sans même s'en apercevoir. Son dos était prostré et tremblant, sa poitrine gonflée de sanglots douloureux. Ses yeux saignaient sans cesse, et la douleur poussait dans sa gorge des gémissements plaintifs, à la régularité effrayante.
Vêtu de lambeaux, les genoux écorchés contre la terre morte et sèche, les cheveux en rideau autour de son visage, il ressemblait à un mendiant, à un homme auquel on aurait retiré tout ce qui pouvait lui être cher. Ah, il faisait pitié et horreur, celui qu'autrefois l'on haïssait ou craignait sous le nom de Neige.
Les vastes étendues du Royaume des Ombres déroulaient leurs anneaux autour de lui. Perdu dans le reflet que lui renvoyait l'étang figé, il n'y prêtait aucune attention. Ni à la fausse végétation calcifiée et tordue, ni aux bruissements des vastes ailes des Gardiens, ni aux regards qu'un psychopompe ou un quelconque guide lui envoyaient parfois. Ni aux autres âmes errantes, perdues dans leurs propres chimères en attente de la dissolution finale. Et Neige ne vit pas non plus ce groupe de trois qui s'approchèrent de lui et s'arrêtèrent enfin, à distance.
Toile planta sèchement son bâton en terre et renifla, méprisant, en fixant celui qui avait été autrefois son "Frère". A ses côtés, Ether et Ronce dévisageaient également Neige de loin, quoique avec plus de sobriété, ou de compassion.
- Regardez-le, Ivernys Dorchen, fils de rien, frère de personne, chien du Fou ! A quoi bon s'être crevé les yeux au nom de la Justice, dis-moi, si ce n'était que pour t'aveugler toi-même ?"
La voix de Toile résonnait avec force. Dans ce monde tout en demi-teintes et en murmures, elle fut comme une onde propagée dans l'air, une déflagration qui altéra - oh, très brièvement - le paysage. Des colonnes de fumée à semblance d'arbres se figèrent au bord de l'étang, avant de se disperser à nouveau. Mais Neige ne releva pas la tête.
- Ainsi finit l'homme qui se renie et renie ce en quoi il a cru, déclara Ether d'un ton sentencieux. Que vois-tu dans cette eau, Neige, dis-nous ? Celui que tu as été, ou bien celui que tu aurais pu devenir ?"
A ces mots, Toile et Ronce sourirent brièvement - et leur apparence devint floue, une ou deux secondes, avant de reprendre un semblant de consistance. Même si, ici, réalité ou consistance ne signifiaient plus grand chose.
Neige ne répondit pas non plus. Cependant, laissant aller sa main déchirée, il se prostra encore plus et éclata en sanglots.
Ce fut Ronce qui, le dernier, prit la parole. Et sa voix, contrairement à celle de ses deux compagnons, était calme et posée, presque tendre, presque comme une promesse de pardon.
- Regrettes-tu ?
- Oui ! geignit Neige entre deux accès de larmes. Oui, je regrette, comme je regrette !"
Les trois s'entre-regardèrent, un instant silencieux, tandis que Neige continuait d'alimenter de son chagrin l'eau placide de l'étang. Finalement, un par un, ils hochèrent la tête.
- C'en est assez, dit Toile. Les remords sont la pire des punitions. Laissons-le là, l'oubli finira par le consumer, comme tous les autres.
- Il brûle déjà, murmura Ronce, alors que tous trois rebroussaient lentement chemin. Mais tu te trompes, Toile, si tu penses que ce feu-là lui accordera un jour le repos. Non. Il brûlera à jamais. Comme nous."
Vêtu de lambeaux, les genoux écorchés contre la terre morte et sèche, les cheveux en rideau autour de son visage, il ressemblait à un mendiant, à un homme auquel on aurait retiré tout ce qui pouvait lui être cher. Ah, il faisait pitié et horreur, celui qu'autrefois l'on haïssait ou craignait sous le nom de Neige.
Les vastes étendues du Royaume des Ombres déroulaient leurs anneaux autour de lui. Perdu dans le reflet que lui renvoyait l'étang figé, il n'y prêtait aucune attention. Ni à la fausse végétation calcifiée et tordue, ni aux bruissements des vastes ailes des Gardiens, ni aux regards qu'un psychopompe ou un quelconque guide lui envoyaient parfois. Ni aux autres âmes errantes, perdues dans leurs propres chimères en attente de la dissolution finale. Et Neige ne vit pas non plus ce groupe de trois qui s'approchèrent de lui et s'arrêtèrent enfin, à distance.
Toile planta sèchement son bâton en terre et renifla, méprisant, en fixant celui qui avait été autrefois son "Frère". A ses côtés, Ether et Ronce dévisageaient également Neige de loin, quoique avec plus de sobriété, ou de compassion.
- Regardez-le, Ivernys Dorchen, fils de rien, frère de personne, chien du Fou ! A quoi bon s'être crevé les yeux au nom de la Justice, dis-moi, si ce n'était que pour t'aveugler toi-même ?"
La voix de Toile résonnait avec force. Dans ce monde tout en demi-teintes et en murmures, elle fut comme une onde propagée dans l'air, une déflagration qui altéra - oh, très brièvement - le paysage. Des colonnes de fumée à semblance d'arbres se figèrent au bord de l'étang, avant de se disperser à nouveau. Mais Neige ne releva pas la tête.
- Ainsi finit l'homme qui se renie et renie ce en quoi il a cru, déclara Ether d'un ton sentencieux. Que vois-tu dans cette eau, Neige, dis-nous ? Celui que tu as été, ou bien celui que tu aurais pu devenir ?"
A ces mots, Toile et Ronce sourirent brièvement - et leur apparence devint floue, une ou deux secondes, avant de reprendre un semblant de consistance. Même si, ici, réalité ou consistance ne signifiaient plus grand chose.
Neige ne répondit pas non plus. Cependant, laissant aller sa main déchirée, il se prostra encore plus et éclata en sanglots.
Ce fut Ronce qui, le dernier, prit la parole. Et sa voix, contrairement à celle de ses deux compagnons, était calme et posée, presque tendre, presque comme une promesse de pardon.
- Regrettes-tu ?
- Oui ! geignit Neige entre deux accès de larmes. Oui, je regrette, comme je regrette !"
Les trois s'entre-regardèrent, un instant silencieux, tandis que Neige continuait d'alimenter de son chagrin l'eau placide de l'étang. Finalement, un par un, ils hochèrent la tête.
- C'en est assez, dit Toile. Les remords sont la pire des punitions. Laissons-le là, l'oubli finira par le consumer, comme tous les autres.
- Il brûle déjà, murmura Ronce, alors que tous trois rebroussaient lentement chemin. Mais tu te trompes, Toile, si tu penses que ce feu-là lui accordera un jour le repos. Non. Il brûlera à jamais. Comme nous."
***
Dans l'ombre d'Auberdine, il se tenait là, impassible et attentif, depuis déjà bien des heures. Ses cartes dans les mains, il les faisait valser de l'une à l'autre tel un habile croupier. Puis elle vint.
Sous son armure pourpre, Prodige arpentait la colline en sa direction. Au premier regard posé sur elle, il comprit qu'elle lui serait vite un atout de choix. Il ne manquait plus que le principal intéressé : Sceau.
Lorsqu'il arriva enfin, Prodige et Destin étaient déjà paré à le recevoir. Bien que Sceau soit trop soupçonneux pour tomber dans un quelconque piège ou supercherie, ils avaient un avantage de poids, la morale de Sceau le guiderait à sa perte.
Le combat s'engagea, les mains non-loin des armes, Destin observait Prodige, il fut stupéfait de son efficacité. Les coups tranchants, la langue acérée, le regard dévastateur. Nul doute, il avait pour allié un véritable prodige de la destruction.
Il sourit.
Malmené, à terre et sans défense, Destin priva son frère de son arme de runique. Prodige se battra avec, tirant force et confiance de la défaillance de l'adversaire. Bien que sa venue fût attendue, Destin s'agaça de la présence de Espoir, elle refusait le combat, elle ne voulait pas se plier au jeu ! Il pesta en silence. Il confia alors la tâche à Prodige de s'occuper d'elle tout en la maintenant en vie, selon la volonté du Fou. Destin se chargea de guider le corps meurtri de Sceau au pied de l'honneur des mortels, dans la déchéance et le souffre du désespoir en compagnie de leur mère, symbolisée par une carte de Destin.
Le regard qu'il porta à Sceau ne suggérait aucune pitié, amour ou haine. Mais bien l'euphorie, l'excitation de savoir que Sceau ne se pliera pas à la volonté du Fou docilement, une nouvelle manche de cette bataille venait d'être jouée, il en restera bien d'autres encore... Le Destin réserve bien des surprises.
A l'instar d'un jeu d'échec, ils ont prévu de s'en prendre à la Reine avant de s'occuper du Roi. Espoir n'aura de son nom plus qu'un vague souvenir, l'illusion d'avoir un jour cru pouvoir se dresser contre le Fou. Son nom ne sera plus que le symbole de la bêtise des hommes. L'Espoir sera brisée, le Prodigieux Destin reservé à Sceau par le Fou pourra alors s'accomplir.
Sous son armure pourpre, Prodige arpentait la colline en sa direction. Au premier regard posé sur elle, il comprit qu'elle lui serait vite un atout de choix. Il ne manquait plus que le principal intéressé : Sceau.
Lorsqu'il arriva enfin, Prodige et Destin étaient déjà paré à le recevoir. Bien que Sceau soit trop soupçonneux pour tomber dans un quelconque piège ou supercherie, ils avaient un avantage de poids, la morale de Sceau le guiderait à sa perte.
Le combat s'engagea, les mains non-loin des armes, Destin observait Prodige, il fut stupéfait de son efficacité. Les coups tranchants, la langue acérée, le regard dévastateur. Nul doute, il avait pour allié un véritable prodige de la destruction.
Il sourit.
Malmené, à terre et sans défense, Destin priva son frère de son arme de runique. Prodige se battra avec, tirant force et confiance de la défaillance de l'adversaire. Bien que sa venue fût attendue, Destin s'agaça de la présence de Espoir, elle refusait le combat, elle ne voulait pas se plier au jeu ! Il pesta en silence. Il confia alors la tâche à Prodige de s'occuper d'elle tout en la maintenant en vie, selon la volonté du Fou. Destin se chargea de guider le corps meurtri de Sceau au pied de l'honneur des mortels, dans la déchéance et le souffre du désespoir en compagnie de leur mère, symbolisée par une carte de Destin.
Le regard qu'il porta à Sceau ne suggérait aucune pitié, amour ou haine. Mais bien l'euphorie, l'excitation de savoir que Sceau ne se pliera pas à la volonté du Fou docilement, une nouvelle manche de cette bataille venait d'être jouée, il en restera bien d'autres encore... Le Destin réserve bien des surprises.
A l'instar d'un jeu d'échec, ils ont prévu de s'en prendre à la Reine avant de s'occuper du Roi. Espoir n'aura de son nom plus qu'un vague souvenir, l'illusion d'avoir un jour cru pouvoir se dresser contre le Fou. Son nom ne sera plus que le symbole de la bêtise des hommes. L'Espoir sera brisée, le Prodigieux Destin reservé à Sceau par le Fou pourra alors s'accomplir.
Texte de Destin
---
Prodige gardait un oeil sur les affaires de ses frères. Le plus proche, celui qu'elle avait vu plusieurs fois, Sceau. Grondant envers elle lors de l'attaque à Elwynn, incapable d'en finir avec de misérables humains, elle se doutait qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond.
Inadmissible pour Prodige qui fourbe, comme on l'a été avec ses Maîtres, décide d'en savoir plus. Elle se renseigne donc à Austrivage, et apprend qu'une dénommée Espoir le protège et l'aime même. Se rendant compte qu'Espoir peut être un danger pour le bien être de la Famille, elle décide d'avertir son frère Destin.
Elle ne l'avait jamais vu mais elle le connaissait, comme tous ses autres frères. Elle proposa un rendez-vous à Sceau, auquel Destin pourrait assister. Le but était de connaitre les aspirations de Sceau et de le remettre dans le droit chemin, s'il était trop aveuglé par Espoir.
Elle vit Destin juste avant que Sceau n'arrive sur le lieu de rendez-vous. Destin demanda à Prodige de le Juger qu'en cas de nécessité, s'il désobéissait à Mère.
Quand Sceau est arrivé, son attitude sur ses gardes alerta Prodige, et de fil en aiguille, Sceau avoua qu'il souhaitait que la Famille se retire de ses affaires. Comment osait-il se demandait Prodige. Alors qu'elle connaissait la Vérité, et que sa Mère n'aurait pu lui mentir...Vouloir la quitter était tout simplement une aberration.
Sceau devenait alors à ses yeux, comme tous les autres traitres qu'il fallait ramener dans le droit chemin. Elle décida de le juger avec l'accord de son frère, Destin.
Le Jugement Dernier, via la lame éthérée venant du Néant Distordu ne lui a alors laissé aucune chance. Ou peut être une infime, Destin emmena son corps à moitié mort, le but n'était plus de le tuer mais de lui faire comprendre ses fautes. Espoir arrivant sur le lieu, eut le même châtiment, mais atteignit aussi Prodige.
Destin avait été clair quand il donna la lame de Sceau à Prodige.
"Mère veut le récupérer, occupe t-en et cette lame t'appartient."
Elle allait alors s'occuper de Sceau dans les prochains jours et surement le ramener à Mère.
Inadmissible pour Prodige qui fourbe, comme on l'a été avec ses Maîtres, décide d'en savoir plus. Elle se renseigne donc à Austrivage, et apprend qu'une dénommée Espoir le protège et l'aime même. Se rendant compte qu'Espoir peut être un danger pour le bien être de la Famille, elle décide d'avertir son frère Destin.
Elle ne l'avait jamais vu mais elle le connaissait, comme tous ses autres frères. Elle proposa un rendez-vous à Sceau, auquel Destin pourrait assister. Le but était de connaitre les aspirations de Sceau et de le remettre dans le droit chemin, s'il était trop aveuglé par Espoir.
Elle vit Destin juste avant que Sceau n'arrive sur le lieu de rendez-vous. Destin demanda à Prodige de le Juger qu'en cas de nécessité, s'il désobéissait à Mère.
Quand Sceau est arrivé, son attitude sur ses gardes alerta Prodige, et de fil en aiguille, Sceau avoua qu'il souhaitait que la Famille se retire de ses affaires. Comment osait-il se demandait Prodige. Alors qu'elle connaissait la Vérité, et que sa Mère n'aurait pu lui mentir...Vouloir la quitter était tout simplement une aberration.
Sceau devenait alors à ses yeux, comme tous les autres traitres qu'il fallait ramener dans le droit chemin. Elle décida de le juger avec l'accord de son frère, Destin.
Le Jugement Dernier, via la lame éthérée venant du Néant Distordu ne lui a alors laissé aucune chance. Ou peut être une infime, Destin emmena son corps à moitié mort, le but n'était plus de le tuer mais de lui faire comprendre ses fautes. Espoir arrivant sur le lieu, eut le même châtiment, mais atteignit aussi Prodige.
Destin avait été clair quand il donna la lame de Sceau à Prodige.
"Mère veut le récupérer, occupe t-en et cette lame t'appartient."
Elle allait alors s'occuper de Sceau dans les prochains jours et surement le ramener à Mère.
Texte de Prodige
---
Lorsque mon dos rencontre brutalement le sol, je me rends soudain compte d'à quel point j'ai été orgueilleux et stupide.
Orgueilleux de vouloir combattre seul, stupide de penser que j'aurais pu remporter la victoire. L'armure fume sur mes membres, me rappelant la cruelle caresse du feu auquel je viens d'être confronté. Le feu abhorré, honni. Le feu qui me ressemble tellement tout en incarnant tout ce que je ne suis pas.
Mon arme m'a échappé, après m'avoir sauvé de l'embrasement. Elle gît, brûlante, presque à portée de main. Destin et Prodige se sont rapprochés cependant, alors que je peine à retrouver suffisamment de forces pour me redresser. Le pied de Prodige sur ma poitrine, le mépris affiché de Destin. Tout me brûle et me blesse. Ah, je montre les crocs, oui, mais je suis tout aussi crédible qu'une bête aux abois. En cet instant, je me méprise et je me hais.
Je me hais d'être le Guerrier, je me hais d'être la Bête, et je me hais d'avoir été cependant abattu avec tant de facilité.
J'agrippe la jambe qui me cloue au sol, en vain. Jugé coupable, paraît-il. Moi qui fus Scylence, et que la Famille nomme désormais Sceau, coupable d'avoir trahi, coupable de parjure envers le Fou, envers "la Mère". Ah ! J'aurais ri, si je l'avais pu. Sont-ils à ce point aveugles, ou bien s'agit-il d'une nouvelle manoeuvre, d'un plan encore inconnu ? Que peuvent-ils me vouloir encore, à moi le traître, à moi le paria ?
Je n'ai pas le temps de m'interroger d'avantage. Jugement a été rendu, et la sentence s'abat. Je vois le serpent de feu fondre brutalement vers ma poitrine et mordre à pleines dents un coeur qui ne bat plus depuis longtemps. Il est probable que le coup m'aurait tué net si j'avais été encore vivant ; là, c'est le Souffle en moi, lui qui me tient en non-vie, que l'attaque atteint de plein fouet. Je m'écroule à nouveau, foudroyé, et je sens que déjà tout se fige. Ma langue emprunte le goût des cendres, mes yeux se voilent ; plus rien ne retient ma chute.
Mais avant que la Léthargie ne m'emporte tout à fait, j'ai le temps de percevoir, dans le lointain, les échos d'une musique ancienne, et l'éclat d'un visage familier. Et tandis que la pénombre m'emporte, pour ne pas sombrer une fois de plus, je m'accroche à son souvenir, à son image, à Elle.
Espoir.
Orgueilleux de vouloir combattre seul, stupide de penser que j'aurais pu remporter la victoire. L'armure fume sur mes membres, me rappelant la cruelle caresse du feu auquel je viens d'être confronté. Le feu abhorré, honni. Le feu qui me ressemble tellement tout en incarnant tout ce que je ne suis pas.
Mon arme m'a échappé, après m'avoir sauvé de l'embrasement. Elle gît, brûlante, presque à portée de main. Destin et Prodige se sont rapprochés cependant, alors que je peine à retrouver suffisamment de forces pour me redresser. Le pied de Prodige sur ma poitrine, le mépris affiché de Destin. Tout me brûle et me blesse. Ah, je montre les crocs, oui, mais je suis tout aussi crédible qu'une bête aux abois. En cet instant, je me méprise et je me hais.
Je me hais d'être le Guerrier, je me hais d'être la Bête, et je me hais d'avoir été cependant abattu avec tant de facilité.
J'agrippe la jambe qui me cloue au sol, en vain. Jugé coupable, paraît-il. Moi qui fus Scylence, et que la Famille nomme désormais Sceau, coupable d'avoir trahi, coupable de parjure envers le Fou, envers "la Mère". Ah ! J'aurais ri, si je l'avais pu. Sont-ils à ce point aveugles, ou bien s'agit-il d'une nouvelle manoeuvre, d'un plan encore inconnu ? Que peuvent-ils me vouloir encore, à moi le traître, à moi le paria ?
Je n'ai pas le temps de m'interroger d'avantage. Jugement a été rendu, et la sentence s'abat. Je vois le serpent de feu fondre brutalement vers ma poitrine et mordre à pleines dents un coeur qui ne bat plus depuis longtemps. Il est probable que le coup m'aurait tué net si j'avais été encore vivant ; là, c'est le Souffle en moi, lui qui me tient en non-vie, que l'attaque atteint de plein fouet. Je m'écroule à nouveau, foudroyé, et je sens que déjà tout se fige. Ma langue emprunte le goût des cendres, mes yeux se voilent ; plus rien ne retient ma chute.
Mais avant que la Léthargie ne m'emporte tout à fait, j'ai le temps de percevoir, dans le lointain, les échos d'une musique ancienne, et l'éclat d'un visage familier. Et tandis que la pénombre m'emporte, pour ne pas sombrer une fois de plus, je m'accroche à son souvenir, à son image, à Elle.
Espoir.
***
Autrefois, je croyais savoir deux ou trois choses de l'horreur.
Je savais m'inventer enfant alors qu'au fond de moi, c'est toujours un vieillard qui demeurait enfoui. Je pouvais jouer sur les apparences comme un jongleur avec des torches de feu, faisant briller sur moi la lumière des flammes selon l'angle que je souhaitais.
J'avais été jeune, il y a longtemps de cela, et même jeune j'étais dur comme le cristal ou comme l'acier. J'avais grandi trop vite, trop brusquement, et sans le vouloir. La guerre en a enfanté des dizaines comme moi, plantes sauvages qui n'ont eu pour tout tuteur que le sang, les larmes, la peur, ou la solitude.
Mais la peur, je lui montrais les dents. J'avais décidé de faire du monde entier ma proie. Ce n'était pas vraiment un instinct de vengeance : non, j'étais simplement de la race des chasseurs. Les vrais, qui avancent dans l'ombre, trompant l'ennemi, avant de fondre dans son dos et de lui déchirer la gorge.
J'avais du mépris pour les peureux et les faibles, et pour ceux qui se laissent vaincre par le premier obstacle venu. Moi, j'aimais les manoeuvres et les ruses et les artifices, et les beaux sourires qui masquent les crocs. J'aimais mon visage d'enfant innocent, au nom duquel on pouvait pardonner les pires atrocités.
Je me suis blotti dans la jupe des forts comme un serpent, et je guettais depuis l'ombre pour jaillir quand bon me semblait.
Je tutoyais avec bonheur l'immoralité et le meurtre. Jamais, je crois, je n'ai regretté. Enfant de la guerre et de l'horreur, il m'a toujours paru naturel de brandir leurs étendards. Et ceux que le Fou avait mis entre mes mains étaient un plaisir à manier.
On me nomma Miracle. L'enfant éternel, l'enfant Roi, l'enfant-Masque. Seul le Temps était mon ennemi, et du Temps je me jouais en riant, protégé de ses assauts par la magie de la Famille. Libre de jongler, libre de tromper, libre de tuer. Si libre de moi-même que je m'inventais multiple, et que je changeais de rôle à l'envi pour le plaisir de déconcerter ceux qui avaient l'audace de m'approcher. Miracle Mille-visages. Ensorceleur et charlatan, sage aliéné, poseur d'énigmes. Je brillais si fort en dedans que je croyais que j'allais éclater.
Et j'ai éclaté, en effet. Cela se fit sans bruit ni fracas, au point que je ne m'en rendis pas compte au départ. Ce n'est que lorsque j'ai senti mes mille et un costumes se débattre dans mes mains que j'ai commencé à comprendre.
De marionnettiste et montreur, je devenais lentement spectateur. Si nombreux que je m'échappais à moi-même, et que les facettes que j'avais amoureusement taillées pour donner le change au monde - à ma proie - me déchiquetaient de l'intérieur.
Et j'ai senti, oui, j'ai senti mon ennemi le Temps, le Vieillard, ressurgir en moi. Il me chuchotait de sa voix âpre et brisée, "Miracle, tu n'existes pas." Et j'ai tremblé. Pour la première fois, j'ai tremblé.
Frénétique, j'ai comblé les brèches. J'ai souri au monde, j'ai trompé, j'ai menti, et j'ai posé de nouvelles énigmes. Sitôt endossais-je une nouvelle peau que je l'abandonnais dans l'heure, de peur de la voir se rider et se flétrir - ou, pire, de la sentir s'agiter indépendamment de ma volonté. Le souffle du Temps était sur ma nuque, et je me jetais en avant pour éviter d'avoir à me retourner.
J'étais Miracle, l'Enfant éternel, l'enfant Roi, l'enfant-vieillard, le multiple, le monstre. La peur en moi devint un abîme sans fond que je niais de toutes mes forces.
Et puis, j'ai été pris. Cela faisait bien sûr partie de mes projets, mais j'ignorais à quel point l'obscurité et la solitude des cellules de prison allaient me renvoyer à moi-même. Je vis le vieillard - mon vieillard - peindre des hurlements sur les murs. Et je me suis mis, moi aussi, à hurler en silence.
On vint me voir pour me poser des questions, mais je n'entendais déjà plus. Je perdais pied. Je me perdais, je me noyais en moi-même. Et lorsque, alors que j'aurais voulu crier - moi ? mon masque ? - je me suis, au contraire, senti sourire... J'ai su que mes dernières accroches au monde venaient de s'effondrer.
J'ai vu ma peau se rider et se ternir. J'ai vu les veines gonfler mes membres, et j'ai senti mes os grincer. Ma vue s'est voilée, j'ai perdu des ongles et des cheveux. Mes gencives, ma langue s'asséchèrent, se fissurèrent. Et dans les yeux de celui qui me tenait, je me suis vu. Je me suis vu, moi, le Vieillard, et j'ai chaviré.
Autrefois, je croyais savoir deux ou trois choses de l'horreur.
A présent, je savais parfaitement ce qu'était l'horreur.
Je savais m'inventer enfant alors qu'au fond de moi, c'est toujours un vieillard qui demeurait enfoui. Je pouvais jouer sur les apparences comme un jongleur avec des torches de feu, faisant briller sur moi la lumière des flammes selon l'angle que je souhaitais.
J'avais été jeune, il y a longtemps de cela, et même jeune j'étais dur comme le cristal ou comme l'acier. J'avais grandi trop vite, trop brusquement, et sans le vouloir. La guerre en a enfanté des dizaines comme moi, plantes sauvages qui n'ont eu pour tout tuteur que le sang, les larmes, la peur, ou la solitude.
Mais la peur, je lui montrais les dents. J'avais décidé de faire du monde entier ma proie. Ce n'était pas vraiment un instinct de vengeance : non, j'étais simplement de la race des chasseurs. Les vrais, qui avancent dans l'ombre, trompant l'ennemi, avant de fondre dans son dos et de lui déchirer la gorge.
J'avais du mépris pour les peureux et les faibles, et pour ceux qui se laissent vaincre par le premier obstacle venu. Moi, j'aimais les manoeuvres et les ruses et les artifices, et les beaux sourires qui masquent les crocs. J'aimais mon visage d'enfant innocent, au nom duquel on pouvait pardonner les pires atrocités.
Je me suis blotti dans la jupe des forts comme un serpent, et je guettais depuis l'ombre pour jaillir quand bon me semblait.
Je tutoyais avec bonheur l'immoralité et le meurtre. Jamais, je crois, je n'ai regretté. Enfant de la guerre et de l'horreur, il m'a toujours paru naturel de brandir leurs étendards. Et ceux que le Fou avait mis entre mes mains étaient un plaisir à manier.
On me nomma Miracle. L'enfant éternel, l'enfant Roi, l'enfant-Masque. Seul le Temps était mon ennemi, et du Temps je me jouais en riant, protégé de ses assauts par la magie de la Famille. Libre de jongler, libre de tromper, libre de tuer. Si libre de moi-même que je m'inventais multiple, et que je changeais de rôle à l'envi pour le plaisir de déconcerter ceux qui avaient l'audace de m'approcher. Miracle Mille-visages. Ensorceleur et charlatan, sage aliéné, poseur d'énigmes. Je brillais si fort en dedans que je croyais que j'allais éclater.
Et j'ai éclaté, en effet. Cela se fit sans bruit ni fracas, au point que je ne m'en rendis pas compte au départ. Ce n'est que lorsque j'ai senti mes mille et un costumes se débattre dans mes mains que j'ai commencé à comprendre.
De marionnettiste et montreur, je devenais lentement spectateur. Si nombreux que je m'échappais à moi-même, et que les facettes que j'avais amoureusement taillées pour donner le change au monde - à ma proie - me déchiquetaient de l'intérieur.
Et j'ai senti, oui, j'ai senti mon ennemi le Temps, le Vieillard, ressurgir en moi. Il me chuchotait de sa voix âpre et brisée, "Miracle, tu n'existes pas." Et j'ai tremblé. Pour la première fois, j'ai tremblé.
Frénétique, j'ai comblé les brèches. J'ai souri au monde, j'ai trompé, j'ai menti, et j'ai posé de nouvelles énigmes. Sitôt endossais-je une nouvelle peau que je l'abandonnais dans l'heure, de peur de la voir se rider et se flétrir - ou, pire, de la sentir s'agiter indépendamment de ma volonté. Le souffle du Temps était sur ma nuque, et je me jetais en avant pour éviter d'avoir à me retourner.
J'étais Miracle, l'Enfant éternel, l'enfant Roi, l'enfant-vieillard, le multiple, le monstre. La peur en moi devint un abîme sans fond que je niais de toutes mes forces.
Et puis, j'ai été pris. Cela faisait bien sûr partie de mes projets, mais j'ignorais à quel point l'obscurité et la solitude des cellules de prison allaient me renvoyer à moi-même. Je vis le vieillard - mon vieillard - peindre des hurlements sur les murs. Et je me suis mis, moi aussi, à hurler en silence.
On vint me voir pour me poser des questions, mais je n'entendais déjà plus. Je perdais pied. Je me perdais, je me noyais en moi-même. Et lorsque, alors que j'aurais voulu crier - moi ? mon masque ? - je me suis, au contraire, senti sourire... J'ai su que mes dernières accroches au monde venaient de s'effondrer.
J'ai vu ma peau se rider et se ternir. J'ai vu les veines gonfler mes membres, et j'ai senti mes os grincer. Ma vue s'est voilée, j'ai perdu des ongles et des cheveux. Mes gencives, ma langue s'asséchèrent, se fissurèrent. Et dans les yeux de celui qui me tenait, je me suis vu. Je me suis vu, moi, le Vieillard, et j'ai chaviré.
Autrefois, je croyais savoir deux ou trois choses de l'horreur.
A présent, je savais parfaitement ce qu'était l'horreur.
***
"Ô Prudence, préserve-moi de vaines paroles. Sois toujours à mes côtés. Viens, toi qui es la parole divine. Tu es une douce fontaine pour le voyageur altéré dans le désert. Elle est scellée pour le bavard, ouverte pour le silencieux."
L'homme prosterné répète sa prière depuis de longues heures maintenant. Mains dans la poussière, face contre terre, il offre tout l'aspect de la déférence la plus absolue. Face à lui, un autel de pierre, sur lequel repose un gisant de chair aux mains jointes sur la poitrine. Le gisant - dont on ne saurait dire s'il s'agit d'une femme ou d'un homme - ne bouge pas, ne parle pas. Son visage est doux et paisible, ses cheveux, couleur de neige ou d'os, le voilent comme un suaire. Sur son front, un oeil cousu et desséché, ouvert, scrute le plafond.
"Viens, Serpent, serpent de sagesse, Oeil-Qui-Voit-Tout, Bien-Aimé, psalmodie encore le suppliant, la voix étouffée. Tu es le Rebis resplendissant. Tu es la Porte, tu es la Clé de la Porte. Viens ; tu es le Serpent enroulé autour du monde. Viens et parle à ton serviteur."
La supplique se répète, encore, encore, encore. Une prière aux accents de ferveur qui ne cède pas à la monotonie, bien que seul l'écho de la vaste église en ruines lui réponde. Sous une arche de pierre, à l'endroit où devait se trouver, autrefois, un vitrail coloré, un corbeau se pose dans un grand froissement de plumes, lance un appel rauque, puis fourre son bec sous une aile. Dehors, la lune est gibbeuse. Sa lumière, sur les dalles poussiéreuses, ressemble à du lait renversé.
Enfin, au bout d'une attente interminable, l'ombre s'anime à droite de l'autel. Prend la forme d'une femme petite et squelettique, aux allures de Quel'doreï, le visage calme et grave. Deux longues épingles sont plantées chacune dans ses orbites désormais vides et sanglantes, sans qu'elle paraisse en souffrir. Elle appuie d'une main son corps vacillant, prenant prise sur l'angle de l'autel, ouvre la bouche. Sa voix, grave et masculine, semble venir d'une gorge autre que la sienne.
"Prudence a entendu ton appel, Rêveur, et a décidé de considérer ta demande. Parle ; le Guide écoute et répondra par ma bouche, car je suis l'outil et lui la Voix, et car son Verbe est mon ordre."
Tapi au sol, tremblant de tout son être, l'homme sanglote de joie.
- Seigneur, mon Seigneur, ô Trois Fois Grand, balbutie-t-il, nous avons fait tout ce que tu as demandé. Tempérance a joué son rôle, mais les profanes ne semblent pas décidés à la tuer, que doit-on faire, Seigneur ? Quand pourra-t-on relancer le Grand Oeuvre ?"
La femme-martyr ne répond pas tout de suite, penchant de côté son visage, totalement neutre. Ses ongles crissent sur la pierre, prennent le temps de caresser, à tâtons, le mollet du gisant.
- Nous nous chargeons de Tempérance, Rêveur, dit-elle finalement - du moins, dit la voix à travers elle. Car l'outil, après avoir bien servi, doit être purifié. Que son dévouement soit un modèle pour vous tous. Quant au Grand Oeuvre... Nous nous re-concentrerons dessus une fois que quelques détails auront été réglés. Sais-tu de quoi je veux parler, Rêveur ?"
L'homme hoche lentement la tête, soulevant à peine son front hors de la poussière comme s'il craignait de croiser le regard mutilé de son étrange interlocutrice.
- Oui, Guide, je le sais, nous le savons. Le Livre n'a pas été récupéré, et le Traître est toujours en vie. Mais nous savons aussi que c'est délibérément que toi, Seigneur, tu as laissé le Livre aux mains des profanes. Tes ordres ont-ils changé ?
- Ils n'ont pas changé. L'ère de la Lumière est bien entamée désormais, et le Livre est l'un de nos meilleurs atouts. Plus les profanes se pencheront sur ses pages, plus nous gagnerons en influence. Et plus le Grand Oeuvre aura l'impact escompté."
Rêveur et martyr, sur ces paroles, se mettent à sourire de concert. Le silence ne s'installe pas longtemps avant que la voix profonde de Prudence ne résonne à nouveau.
- Il y a autre chose que nous aimerions également mener à terme. Le Valet, ici enfanté, là même où tu te tiens, Rêveur, poursuit ses propres objectifs au nom de notre Vérité à tous. Et le Valet aussi a un Traître à retrouver.
- Nous n'avons pas oublié, Seigneur, murmure le suppliant, d'une voix altérée par la transe. Mais il n'y a pas encore de piste valable. Les deux te seront amenés, Seigneur, pieds et poings liés, là même où je me tiens. Je t'en fais la promesse.
- Nous t'entendons, Rêveur, et prenons note. Sois fidèle à ta parole, et nous ferons en sorte que l'Ordre tout entier glorifie ton nom."
La femme-martyr hoche ensuite la tête, satisfaite.
- A présent dépose tes cadeaux, et prends congé."
Le Rêveur ne se fait pas prier. Il tend d'une main frémissante l'encens et la myrrhe dont se saisit son interlocutrice, calmement, puis recule. De sept pas exactement, avant de se fendre de trois révérences successives puis de quitter les murs décrépis de l'église. L'écho de ses pas résonne un moment, puis meurt au loin. Dans le silence, on peut de nouveau entendre bruire le vent contre les vieilles pierres, et les loups hurler, innombrables.
La femme-martyr allume trois bâtons d'encens. Les laisse se consumer non loin de l'autel, l'odeur parfumée et cendrée embaumant rapidement les alentours. Son devoir accompli, elle retourne sagement s'agenouiller dans l'ombre et s'immobilise, en attente du prochain fidèle qui leur rendra visite, à elle et son maître.
Soudain, le corbeau jusque là perché en hauteur s'envole à grand bruit. Il tournoie un moment sous l'ample coupole de l'église, parmi de vieilles toiles d'araignée, puis perd de l'altitude jusqu'à se poser sur l'épaule d'une quatrième personne, présente depuis le début, et silencieuse tout autant. Flattant d'une main son familier à plumes, celle-là entre enfin en scène, lentement, ménageant ses effets - chaque pas faisant bruire l'ample robe rouge dont elle est vêtue. Elle s'arrête à la frontière des ombres, là où la lune moire son visage de clairs-obscurs sans la dévoiler tout à fait.
Une Elfe, grande et altière. Elle serait belle sans cette expression de perpétuelle sévérité gravée sur ses traits, et si sa figure ne semblait pas être faite, au lieu de chair, de porcelaine ou de résine douce. Ses cheveux sont tout aussi blancs que ceux du gisant, quoique moins longs, et finement tressés. Malgré cela, son apparence reste ordinaire ; mais il émane d'elle quelque chose de si malsain, indicible, que l'espace autour d'elle semble parfois se cristalliser ou se tordre sur lui-même.
- Je n'ai rien contre les initiatives personnelles, murmure alors celle qui fut autrefois connue comme "Dame Ghalë" - et qui n'est, à présent, ni plus ni moins que le Fou. Mais ce à quoi je viens d'assister m'étonne vraiment, Prudence. Il est dangereux d'avancer sur une voie différente de la mienne lorsqu'on a prêté les serments que tu as prêtés."
Elle s'avance pour de bon cette fois, d'un pas feutré, et contemple le gisant de plus près. Mène une main à la joue immobile le temps d'y déposer une brève caresse ; et bien que Prudence ne bronche guère à ce geste, la femme-martyr porte aussitôt d'instinct les doigts à son propre visage, imitée en cela - et au même moment - par une centaine d'autres personnes disséminées dans le monde entier.
- Méfie-toi, reprend le Fou. Méfie-toi, ou bien nous n'allons vraiment pas être amis, mon Enfant."
***
« Il ne faut regarder ni les choses, ni les personnes. Il ne faut regarder que dans les miroirs, car les miroirs ne nous montrent que des masques. »
- Oscar Wilde
Les grandes et inébranlables colonnes s'alignaient en un couloir menant à un horizon factice. Tout ce que l'on pouvait voir sur cette façade lointaine n'était qu'un vaste mensonge et là, dans les allées fantomatiques qui menaient au temple de la grande citadelle du désert, le mensonge n'était qu'un résident parmi tant d'autres.
Tout était ocre, d'un ocre rendu brillant par le soleil. Ici, on foulait un sable vitrifié.
Ici, on marchait sur l'or. Un or qui n'avait qu'un prix : celui de la damnation.
Les murs étaient pour la plupart en ruine, des gros blocs de pierre avaient chutés au sol, profondément enfoncés dans les milliards de cristaux ambrés. Tout était terne et sali, mais le sable, lui, flambait et reflétait la gloire, l'immensité monumentale et merveilleuse de ce qui autrefois était un palais d'une beauté chaotique. Un diamant rageusement taillé, complexe, asymétrique, déformé, au milliard de facettes.
Le vent balayait respectueusement le sol des rois, offrant le plus noble des voyages aux minuscules pépites qui en avaient trop vu. L'une s'envola et virevolta, abandonnant sans remord le tapis de ses frères. Son attention était douce, lorsqu'elle vint caresser affectueusement ce visage d'une beauté parfaite qui scrutait toutes ces chimères. Elle lui cristallisa la joue, un instant, puis sombra dans sa propre abîme.
Ses cheveux se confondaient avec les chemins princiers, dorés et lumineux. Son regard était gracieusement mélancolique, fixait tout et rien. Dressé telle une majestueuse statue au milieu des tristes vestiges des empereurs de tous les mondes, seuls les plis et replis de sa robe richement tissée attestaient qu'il n'était pas une sculpture inerte.
On le devinait nu sous son vêtement, à mesure que le tissu venait se plaqué contre ses magnifiques formes, à la fois rudes et douces. Sa haute silhouette toisait hautainement tout ce qui pouvait contester sa dominante beauté.
Et personne ne trouva à en redire.
Un joyau entre les joyaux, lorsque l'orfèvre devint lui même pierre précieuse. Derrière lui, la citadelle s'essoufflait, rattrapée par son colossal passé. Lui, était intemporel. Un témoignage immortel de sa vie révolue. Et partout, le sable reflétait sa sublime présence.
Un miroir entre les miroirs, dans lequel même la lumière trouvait une raison à son existence.
Et là, taillé dans le plus beau des matériaux en plein milieu du tout à la fois clair et ténébreux désert de Silithus, demeure du Dieu et de ses serviteurs, Prisme marchait sur ses innombrables vies.
- Oscar Wilde
Les grandes et inébranlables colonnes s'alignaient en un couloir menant à un horizon factice. Tout ce que l'on pouvait voir sur cette façade lointaine n'était qu'un vaste mensonge et là, dans les allées fantomatiques qui menaient au temple de la grande citadelle du désert, le mensonge n'était qu'un résident parmi tant d'autres.
Tout était ocre, d'un ocre rendu brillant par le soleil. Ici, on foulait un sable vitrifié.
Ici, on marchait sur l'or. Un or qui n'avait qu'un prix : celui de la damnation.
Les murs étaient pour la plupart en ruine, des gros blocs de pierre avaient chutés au sol, profondément enfoncés dans les milliards de cristaux ambrés. Tout était terne et sali, mais le sable, lui, flambait et reflétait la gloire, l'immensité monumentale et merveilleuse de ce qui autrefois était un palais d'une beauté chaotique. Un diamant rageusement taillé, complexe, asymétrique, déformé, au milliard de facettes.
Le vent balayait respectueusement le sol des rois, offrant le plus noble des voyages aux minuscules pépites qui en avaient trop vu. L'une s'envola et virevolta, abandonnant sans remord le tapis de ses frères. Son attention était douce, lorsqu'elle vint caresser affectueusement ce visage d'une beauté parfaite qui scrutait toutes ces chimères. Elle lui cristallisa la joue, un instant, puis sombra dans sa propre abîme.
Ses cheveux se confondaient avec les chemins princiers, dorés et lumineux. Son regard était gracieusement mélancolique, fixait tout et rien. Dressé telle une majestueuse statue au milieu des tristes vestiges des empereurs de tous les mondes, seuls les plis et replis de sa robe richement tissée attestaient qu'il n'était pas une sculpture inerte.
On le devinait nu sous son vêtement, à mesure que le tissu venait se plaqué contre ses magnifiques formes, à la fois rudes et douces. Sa haute silhouette toisait hautainement tout ce qui pouvait contester sa dominante beauté.
Et personne ne trouva à en redire.
Un joyau entre les joyaux, lorsque l'orfèvre devint lui même pierre précieuse. Derrière lui, la citadelle s'essoufflait, rattrapée par son colossal passé. Lui, était intemporel. Un témoignage immortel de sa vie révolue. Et partout, le sable reflétait sa sublime présence.
Un miroir entre les miroirs, dans lequel même la lumière trouvait une raison à son existence.
Et là, taillé dans le plus beau des matériaux en plein milieu du tout à la fois clair et ténébreux désert de Silithus, demeure du Dieu et de ses serviteurs, Prisme marchait sur ses innombrables vies.
Texte de Prisme
***
Une charrette s'avançait cahin-caha sur les routes du Défilé de Deuillevent.
Assis à l'arrière, un jeune homme voûté et encapuchonné laissait traîner ses talons dans la poussière grise et molle, fixant les sillons irréguliers qu'il traçait ainsi entre ceux des roues, tout en marmonnant des propos incohérents. A l'avant, sur la banquette du conducteur, deux autres personnes. L'homme de gauche, au visage balafré de la pommette au menton, tenait les rênes d'un air concentré. Son comparse, à droite, petites bésicles sur le nez, paraissait compulser un vieil ouvrage relié de cuir, le front barré d'un pli soucieux. Tous trois d'allure elfique, ils portaient également la marque d'une pesante fatigue, comme peuvent la porter ceux qui rentrent d'un long voyage ou qui n'ont pas dormi depuis longtemps.
Mis à part le babillage entrecoupé de rires du garçon à l'arrière, nul ne desserrait les dents. Même les chevaux de trait semblaient partager leur épuisement, l'échine courbée et les naseaux écarquillés, la bave aux mords bien que restant au pas.
Quelques charognards ailés planaient loin au-dessus, lançant parfois un appel strident. Le paysage écorché n'offrait rien qui puisse égayer la vue ; rien, à part ses arches de pierre, lancées par dessus les précipices, ses falaises tailladées et, bien sûr, la tour solitaire, sinistre, de Karazhan.
Celui aux bésicles soupira, ajusta ses verres sur son nez puis ferma son ouvrage dans un claquement sec.
- Nous approchons du but.
- Oui... Enfin", répondit le conducteur après un instant, les yeux rivés sur la route.
Le ricanement qu'émit alors leur passager de l'arrière les fit tous deux grincer des dents.
- Dis-moi, Encre..."
Le balafré, ainsi interpellé, tourna la tête, stoppant les chevaux.
- Oui ?
- Quand penses-tu que finira toute cette folie ?"
Encre ne répondit pas tout de suite. Il leva les yeux vers le ciel, et vers la Tour qui, désormais toute proche, semblait vouloir les avaler dans sa grande ombre.
- Très bientôt, Poison. Très bientôt. Quand le monde lui-même sera tout entier devenu fou."
Assis à l'arrière, un jeune homme voûté et encapuchonné laissait traîner ses talons dans la poussière grise et molle, fixant les sillons irréguliers qu'il traçait ainsi entre ceux des roues, tout en marmonnant des propos incohérents. A l'avant, sur la banquette du conducteur, deux autres personnes. L'homme de gauche, au visage balafré de la pommette au menton, tenait les rênes d'un air concentré. Son comparse, à droite, petites bésicles sur le nez, paraissait compulser un vieil ouvrage relié de cuir, le front barré d'un pli soucieux. Tous trois d'allure elfique, ils portaient également la marque d'une pesante fatigue, comme peuvent la porter ceux qui rentrent d'un long voyage ou qui n'ont pas dormi depuis longtemps.
Mis à part le babillage entrecoupé de rires du garçon à l'arrière, nul ne desserrait les dents. Même les chevaux de trait semblaient partager leur épuisement, l'échine courbée et les naseaux écarquillés, la bave aux mords bien que restant au pas.
Quelques charognards ailés planaient loin au-dessus, lançant parfois un appel strident. Le paysage écorché n'offrait rien qui puisse égayer la vue ; rien, à part ses arches de pierre, lancées par dessus les précipices, ses falaises tailladées et, bien sûr, la tour solitaire, sinistre, de Karazhan.
Celui aux bésicles soupira, ajusta ses verres sur son nez puis ferma son ouvrage dans un claquement sec.
- Nous approchons du but.
- Oui... Enfin", répondit le conducteur après un instant, les yeux rivés sur la route.
Le ricanement qu'émit alors leur passager de l'arrière les fit tous deux grincer des dents.
- Dis-moi, Encre..."
Le balafré, ainsi interpellé, tourna la tête, stoppant les chevaux.
- Oui ?
- Quand penses-tu que finira toute cette folie ?"
Encre ne répondit pas tout de suite. Il leva les yeux vers le ciel, et vers la Tour qui, désormais toute proche, semblait vouloir les avaler dans sa grande ombre.
- Très bientôt, Poison. Très bientôt. Quand le monde lui-même sera tout entier devenu fou."
******
***
*
***
*
Le Fou
Re: Réunions de Famille
Quelques semaines auparavant.
Ses cheveux blonds valsaient, au même rythme que ses lèvres balbutiaient d'éparses chants et mélodies. Ses fines jambes se balançaient sous sa robe de velours rouge, tandis que ses bras faisaient des arabesques harmonieux. Ses bijoux tintaient à son entrain, et ses yeux devenaient amandes, comme voulant se satisfaire de ces bruits agréables pour son oreille.
Elle dansait, comme elle en avait pris l'habitude de faire. Tout autour d'elle, une véritable pièce aux couleurs vives et chatoyantes. Entreposés comme de véritables oeuvres d'arts, des dizaines et dizaines d'objets. Non pas montrés comme dans un bric-à-brac mais bel et bien sous un verre orné de dorures, protégés comme un véritable trésor, par des filaments d'ombre contrastant avec la chaleur de ce cocon soyeux.
Une collection des plus extraordinaires des insolites de ce Monde. Après tout c'était une Ombre d'or, et elle avait toujours vécu ainsi, dans une myriades de vestiges du passé, devant des aquariums aux poissons rares et colorés. Quand le verre ne retenait pas une chose immuable, il était cage. Des barreaux laissant entrevoir des bêtes, toute aussi étranges les unes que les autres, souvent des races éteintes, ou en voie d'extinction. Son palais où se mélangeait l'Ombre à l'or, sa véritable raison de vivre, était pour elle, héritière du trône de l'imaginaire et de la démesure, sa seule source de réconfort.
Toute seule, elle tournait sur elle-même, pour finir dans un rythme endiablé à la mesure accélérée et le pas plus que sûr. Tournoyant ses mains vers "la Reine" de son Empire, elle en caressa le bocal. Dans un liquide verdâtre, une tête tranchée, aussi blonde que le blé, aussi sauvegardée qu'une pièce maîtresse.
Elle s'agenouilla berçant son bien le plus précieux, un court instant.
-"Mère...." Etouffa-t-elle dans un long souffle.
Puis elle referma les yeux, et c'est tout son corps qui se recroquevilla sur lui même, pour enfin reprendre la route de cette douce mélopée que son père lui chantait jadis.
Le plus beau cadeau qu'elle pouvait faire à ses invités, était de leur montrer qu'elle possédait, qu'elle pouvait tout posséder. Enfant trop gâtée, aveuglée par la richesse et le goût de la fortune, elle était fière de leur faire partager son royaume.
Souvent seule et sans contre balance de la réalité, elle vivait dans son "Monde", et quand elle y voyait des étrangers, elle ne pouvait s'empêcher de les accueillir par cette danse.
Ils étaient arrivés, lui avec son bandeau finement dressé sur son front cachant son troisième oeil, et elle aussi tumultueuse qu'impie. Le soleil commençait à peine à se coucher sur les terres des Bois des Chants Eternels, seuls quelques nuages venaient parfois faire de l'ombre.
-"Nous venons voir Soliel Ombre d'Or. Nous avons été conviés." Dit alors l'elfe de sang aussi fin qu'étrange.
Elle s'arrêta de danser et les accueillit dans la pièce principale de sa demeure, les invitant à s'assoir pour déguster les plats les plus rares qu'ils soient, et cuisinés par sa servante la plus dévouée. L'elfe au troisième oeil regardait la collection avant de venir s'attabler, et l'autre runique semblait mal à l'aise, surtout quand elle vit là sur un petit trône doré et des coussins pourpres, ce bocal et cette tête.
-"Je le veux." Dit alors Soliel. Puis elle reprit tout en dégustant son plat avec autant de manières que des nobles Sindorei.
-"Vous n'avez pas oublié n'est ce pas ce petit présent que vous m'aviez promis? Cet écureuil aux aspects métalliques."
Le Sindorei acquiesça lentement.
-"Je vous le ferai parvenir."
-"J'espère bien!" Dit-elle avec ton de la fierté.
-"Mais parlons donc de choses sérieuses, vous avez reçu le présent, et j'espère que votre Mère en est satisfaite. Mais si je vous ai fait venir c'est pour autre chose, et vous savez quoi."
Soliel effleura les dés pendus à son cou et esquissa un sourire.
-"Je vous écoute Soliel Ombre d'Or." Dit Amerghen.
-"Voilà....Prudence..."
Après un long échange entre les deux attablés, l'elfe impie criait à terre étrangement, tandis que Soliel restait simplement à regarder. Le troisième oeil était celui elle faisait confiance, car lui était son seul interlocuteur. Ils laissèrent la runique en proie à des maux de folie, à terre, pendant que Soliel et Amerghen continuaient leur repas. Puis tout s'éteignit, et ils repartirent comme ils étaient arrivés.
A la différence que ce Sindorei au bandeau portait dans ses bras la Runique, complètement évanouie et instable. Soliel ordonna de refermer la porte de sa demeure, à ses gardes, puis ôta le pendentif aux trois dés dorés, et les jeta au sol, les faisant rouler.
Quatre - Quatre - Quatre.
-"Décidément le Hasard n'épargnera aucune probabilité. Mauvais Présage... où es-tu ?"
Mais elle s'interrompit alors qu'une humaine vint s'arrêter juste derrière elle. Pourtant aucun garde ni servant ne manifesta de l'étonnement, tout semblait évident qu'elle soit là pour eux. L'humaine regarda longuement Soliel avant de reprendre:
-"Soliel, mon amie, si tu le veux, alors je reste ici pour la nuit."Soliel se retourna et afficha un large sourire.
-"Reste ici autant que tu veux, te voir dans cette pièce me rappelle à quel point tu es ce Joyau, que je garde précieusement dans les murs de mon Palais. Mais tu sais, je l'ai encore vu...J'aurai tant voulu avoir une Famille comme lui, moi aussi."
-"Tu as toujours voulu tout avoir Soliel." Rétorqua l'humaine avant que la jeune Sindorei offre une dernière danse à son "amie".
Ses cheveux blonds valsaient, au même rythme que ses lèvres balbutiaient d'éparses chants et mélodies. Ses fines jambes se balançaient sous sa robe de velours rouge, tandis que ses bras faisaient des arabesques harmonieux. Ses bijoux tintaient à son entrain, et ses yeux devenaient amandes, comme voulant se satisfaire de ces bruits agréables pour son oreille.
Elle dansait, comme elle en avait pris l'habitude de faire. Tout autour d'elle, une véritable pièce aux couleurs vives et chatoyantes. Entreposés comme de véritables oeuvres d'arts, des dizaines et dizaines d'objets. Non pas montrés comme dans un bric-à-brac mais bel et bien sous un verre orné de dorures, protégés comme un véritable trésor, par des filaments d'ombre contrastant avec la chaleur de ce cocon soyeux.
Une collection des plus extraordinaires des insolites de ce Monde. Après tout c'était une Ombre d'or, et elle avait toujours vécu ainsi, dans une myriades de vestiges du passé, devant des aquariums aux poissons rares et colorés. Quand le verre ne retenait pas une chose immuable, il était cage. Des barreaux laissant entrevoir des bêtes, toute aussi étranges les unes que les autres, souvent des races éteintes, ou en voie d'extinction. Son palais où se mélangeait l'Ombre à l'or, sa véritable raison de vivre, était pour elle, héritière du trône de l'imaginaire et de la démesure, sa seule source de réconfort.
Toute seule, elle tournait sur elle-même, pour finir dans un rythme endiablé à la mesure accélérée et le pas plus que sûr. Tournoyant ses mains vers "la Reine" de son Empire, elle en caressa le bocal. Dans un liquide verdâtre, une tête tranchée, aussi blonde que le blé, aussi sauvegardée qu'une pièce maîtresse.
Elle s'agenouilla berçant son bien le plus précieux, un court instant.
-"Mère...." Etouffa-t-elle dans un long souffle.
Puis elle referma les yeux, et c'est tout son corps qui se recroquevilla sur lui même, pour enfin reprendre la route de cette douce mélopée que son père lui chantait jadis.
Le plus beau cadeau qu'elle pouvait faire à ses invités, était de leur montrer qu'elle possédait, qu'elle pouvait tout posséder. Enfant trop gâtée, aveuglée par la richesse et le goût de la fortune, elle était fière de leur faire partager son royaume.
Souvent seule et sans contre balance de la réalité, elle vivait dans son "Monde", et quand elle y voyait des étrangers, elle ne pouvait s'empêcher de les accueillir par cette danse.
Ils étaient arrivés, lui avec son bandeau finement dressé sur son front cachant son troisième oeil, et elle aussi tumultueuse qu'impie. Le soleil commençait à peine à se coucher sur les terres des Bois des Chants Eternels, seuls quelques nuages venaient parfois faire de l'ombre.
-"Nous venons voir Soliel Ombre d'Or. Nous avons été conviés." Dit alors l'elfe de sang aussi fin qu'étrange.
Elle s'arrêta de danser et les accueillit dans la pièce principale de sa demeure, les invitant à s'assoir pour déguster les plats les plus rares qu'ils soient, et cuisinés par sa servante la plus dévouée. L'elfe au troisième oeil regardait la collection avant de venir s'attabler, et l'autre runique semblait mal à l'aise, surtout quand elle vit là sur un petit trône doré et des coussins pourpres, ce bocal et cette tête.
-"Je le veux." Dit alors Soliel. Puis elle reprit tout en dégustant son plat avec autant de manières que des nobles Sindorei.
-"Vous n'avez pas oublié n'est ce pas ce petit présent que vous m'aviez promis? Cet écureuil aux aspects métalliques."
Le Sindorei acquiesça lentement.
-"Je vous le ferai parvenir."
-"J'espère bien!" Dit-elle avec ton de la fierté.
-"Mais parlons donc de choses sérieuses, vous avez reçu le présent, et j'espère que votre Mère en est satisfaite. Mais si je vous ai fait venir c'est pour autre chose, et vous savez quoi."
Soliel effleura les dés pendus à son cou et esquissa un sourire.
-"Je vous écoute Soliel Ombre d'Or." Dit Amerghen.
-"Voilà....Prudence..."
Après un long échange entre les deux attablés, l'elfe impie criait à terre étrangement, tandis que Soliel restait simplement à regarder. Le troisième oeil était celui elle faisait confiance, car lui était son seul interlocuteur. Ils laissèrent la runique en proie à des maux de folie, à terre, pendant que Soliel et Amerghen continuaient leur repas. Puis tout s'éteignit, et ils repartirent comme ils étaient arrivés.
A la différence que ce Sindorei au bandeau portait dans ses bras la Runique, complètement évanouie et instable. Soliel ordonna de refermer la porte de sa demeure, à ses gardes, puis ôta le pendentif aux trois dés dorés, et les jeta au sol, les faisant rouler.
Quatre - Quatre - Quatre.
-"Décidément le Hasard n'épargnera aucune probabilité. Mauvais Présage... où es-tu ?"
Mais elle s'interrompit alors qu'une humaine vint s'arrêter juste derrière elle. Pourtant aucun garde ni servant ne manifesta de l'étonnement, tout semblait évident qu'elle soit là pour eux. L'humaine regarda longuement Soliel avant de reprendre:
-"Soliel, mon amie, si tu le veux, alors je reste ici pour la nuit."Soliel se retourna et afficha un large sourire.
-"Reste ici autant que tu veux, te voir dans cette pièce me rappelle à quel point tu es ce Joyau, que je garde précieusement dans les murs de mon Palais. Mais tu sais, je l'ai encore vu...J'aurai tant voulu avoir une Famille comme lui, moi aussi."
-"Tu as toujours voulu tout avoir Soliel." Rétorqua l'humaine avant que la jeune Sindorei offre une dernière danse à son "amie".
MauvaisPrésage
Re: Réunions de Famille
La complainte de l'Escargot
Sa coquille crépite lentement, là, sous mon pied. Si je relève la jambe, verrai-je ce que je viens d'écrabouiller? Incrusté sur ma semelle en cuir, tu es si Minuscule...Non, pire...Insignifiant. Pourtant, je t'ai senti te repentir d'un long cri d'agonie. Es-tu vraiment si futile puisque ta complainte caresse mes tympans?
"Destruction." M'as-tu soufflé. Oui tu connais ma vie, et tu as décidé de me le chuchoter pour te faire innocenter. Le Pardon? Je ne l'assimile pas, je sais pourtant qu'il existe, mais pour moi il est incompréhensible, inataignable, comme expulsé de mon Univers.
[Chuchotements langoureux] Ne m'oublie pas.
Chut(e)! Il n y a pas de chemin plus savoureux, plus tortueux, que celui que j'emprunte, aussi abrupte qu'un mont escarpé, je sais que je vais tomber, mais j'emporterai dans ma décadence la moindre particule, la moindre essence de ce Monde. C'est le Cycle, la ronde des milliers d'étoiles du "Tout" qui me guide. Alors oui petit mollusque, sache que même enroulé dans ton colimaçon, tu devras te plier à ma Boucle et sortir de la tienne. Ta révolution est maintenant hors du temps, hors du champ ...Tu es sous mon plan.
Je relève ma cheville, avec un flegme d'excitation, pour t'observer et tu n'es plus que chaire éparpillée. La voilà la vérité! La sentence, je la décide, mon jugement est infaillible car il est le plus juste que ce que toutes les âmes peuvent enfanter. Tu ne saurais dire mot à présent. Ta radula ne claque plus, et c'est ma langue qui se faufile sur mes lèvres pour t'annoncer le procès. Oui, tu sais que la perfection est incarnée, qu'elle est immuable quand ton oeil me regarde. Va...Et ne refais plus la même erreur: celle d'exister.
[Chuchotements saccadés] Azrathud Ash Kieldaz !
"Mère, si je suis parfaite, Vous, vous êtes abstraite." Soyez fière de votre fille, car c'est un véritable Prodige. Je n'épargnerai pas les coupables, que cela soit cette brindille que je découpe de mes ongles, ou de cet escargot mort...à qui, seule, je confie ses torts.
MauvaisPrésage
Re: Réunions de Famille
Un rêve ou un cauchemar...Sans doute un Mauvais Présage.
Le seizième jour du onzième mois de l'année 29. Près de lune-Argent.
L'amertume dans le regard, une pointe d'effronterie et de familiarité singulière...Voilà ce qui pouvait définir cette amie à qui Soliel Ombre d'Or prêtait tant d'attention. Elle avait le teint hâlé, les cheveux presque blanc comme neige. Quel contraste avec la petite sindorei. Cette dernière, elle, avait arrêté de grandir, depuis que sa propre mère était enfermée dans son palais aux milles et une galeries.
Oui les Ombre d'Or aimaient la collection et la facilité de posséder, comme un besoin constant de tout obtenir pour exister. Soliel n'avait pas échappé à la règle, et quand son amie humaine venait, elle se plaisait à lui montrer par la danse, sa beauté et sans doute sa domination. L'humaine, elle, savait. Oui, elle connaissait sa vie et son destin. Elle combattait par le hasard, qu'elle avait enseigné à ceux qui l'avait accueilli jadis.
A peine son amie arrivée en sa demeure, c'est Soleinath, son père qui fit une entrée fracassante. Il portait toujours sa robe de velours rouge, digne présent de son défunt père. Il ouvrit les portes et scruta sa fille qui dansait devant l'humaine assise sur les coussins aux couleurs chatoyantes.
"- Soliel, qu'est ce que cela veut dire?!" S'exclama t-il, les portes grandes ouvertes retentissant sur le mur.
La démoniste s'arrêta subitement de danser et se retourna presque dans un sursaut en fronçant les sourcils. Qui osait déranger le plaisir de la danse? Même ses Ombres se retournèrent à la vue du nouvel arrivant.
"- Père. N'entrez plus ainsi, sans prévenir de votre venue je vous en prie, par le Soleil...Quel dard vous a piqué?"
"- Prodige est ici. N'est ce pas là de ton fait, ma fille?" Dit Soleinath d'un ton inhabituel de dédain.
"- Oh, elle est enfin arrivée. Je suis pressée de la revoir. Lune aussi. Elle voulait la rencontrer, et j'apprécie de faire les plans que JE décide, Père."
"- N'as-tu pas pensé aux conséquences de tes actes? Si le Fou l'apprend, c'est Prodige qui te jugera. Et tu finiras comme ta mère." Rétorqua Soleinath, plus anxieux que jamais.
"- [i]Voyons, père, depuis ma rencontre avec Prudence, il fallait que je vois Prodige. Je l'aide dans ses travaux, plus au sud. Vous savez à la Marche de l'Ouest et puis le C..."
"- Chut ! C'est assez. Nous devions juste leur offrir Neaniel, un présent que tu as décidé d'arracher à notre fondement capital. La faire venir jusqu'ici, est trop dangereux à présent, elle ne nous appartient plus! N'est ce pas Lune ? Dites lui, faites lui entendre raison!"
Pour une fois, l'humaine prit la parole, dans un souffle, devant l'immaturité de la scène:
"- Je ne puis accorder votre faveur, Soleinath, je le sais, je l'ai vu, qu'il en soit ainsi. Votre fille apportera beaucoup...Peut être plus que le Mauvais Présage."
"- Lui...Vous deviez m'aider à le retrouver, Lune. - Soleinathcoula un regard en biais vers sa fille- Malkiër vous a fait confiance aussi. Ne changez pas les plans à la dernière minute, Lune. Si Mauvais Présage n'est plus, vous savez que je n'épargnerai personne."
"- Oh, rassurez vous Soleinath, votre fils est en vie, et votre fille ici présent a eu raison de faire venir un des enfants du Fou. Simpl...
Soliel resta bouche bée un instant avant de couper la parole à Lune.
"- Comment ça "votre fils" ?! Je suis l'unique ici. L'enfant reine de ce palais! Père, m'avez vous trahi?!"
"- Soliel, nous en reparlerons plus longuement plus tard. Les bavardages sur notre famille n'ont rien à faire en présence d'invités. C'est le dernier caprice que je te cède ici." Soleinath, excédé par la situation, et surtout gêné par les aveux de Lune, se racla la gorge avant de faire une annonce aux gardes derrière les portes.
"- Gardes, faites donc entrer Prodige." Puis il lança son regard d'émeraude vers Lune qui semblait lui sourire en retour.
"- Je croyais que tu devais tout me dire Lune. Si j'ai un frère, j'aurai du le savoir! Tu aurais du me le dire! Mon palais n'est pas un repaire de sans manières, sache le. Après mon entrevue avec Prodige je veux des explications." Reprit Soliel, furieuse.
"- Calme toi, si je ne te l'ai pas dit c'est sans doute car l'avenir était tout autre à l'époque. Aide prodige, et le Fou te donnera plus que toutes ces merveilles que tu possèdes."
Au même moment Prodige entra dans la salle, détaillant chaque cage, chaque espace. Le temps semblait s'arrêter, les esprits étaient échaudés, mais elle, restait aussi froide que la neige. Elle se mit à scruter Lune, vêtue de sa robe verte turquoise puis ferma les yeux un bref instant.
Le deuxième jour du sixième mois de l'année 29. Cauchemar.
Dans la nuit, alors qu'Idrid retournait dormir auprès de Fanélia, épuisé comme pas deux...Il fit un rêve, ou plutôt un cauchemar...
Idrid est à l'hôtel de ville, seul, plongé dans des dossiers. Il est en sueur, il a l'air de faire chaud, dehors des cris qu'il ne semble pas entendre. Il continue sa lecture, presque las, et la chaleur commence à l'étouffer. Pourtant l'hôtel de ville semble intacte.
Il sort donc pour prendre l'air. Mais dehors, le feu partout, les cris des citoyens, les rédempteurs qui essayent d'éteindre l'incendie, mais périssent brûlés sous ses yeux. Pourtant, lui ne fait toujours rien, il ne semble pas étonné de voir le feu. Il passe à travers les flammes et respire un grand coup une fois arrivé sur le ponton. Le feu l'encercle mais il ne s'en soucie guère.
Idrid s'allonge sur le bois du ponton et regarde les étoiles. Il fait nuit, et malgré les flammes vives du brasier en ville, les étoiles sont encore visibles distinctement. Il ferme lentement les yeux, la ville en cendre. Il attend peut -être que les flammes le touchent ? En tous les cas, il parait ne se soucier de rien, et est sur le point de s'endormir.
Il rouvre les yeux légèrement, comme pour dire adieu aux étoiles, mais elles ne sont plus là, elles ont disparu. Une chose étrange et énorme les cache. Elle se confond presque avec le ciel noir comme l'ébène, sans nuages indésirables. Agham bien sûr. Un dragon noir majestueux, immense, rien à voir avec ce qu'Idrid a vu d'elle la veille. Ses ailes fendent l'air, mais elle semble faire du sur-place juste au dessus du paladin étalé sur le ponton.
"- Alors Idrid, on veut toujours regarder les étoiles ? Tu es ici chez moi, dans un cauchemar qui peut devenir sans fin, entre la Lune et les Etoiles, et je peux faire de toi ce que je veux. Tu voudrais parler, mais tu ne peux pas, car je n'ai pas envie de t'entendre, je suis épuisée. *lasse*
Qui pourrait bien avoir besoin de moi pour venir perturber mon sommeil? Eux? Les Snowhisper? Ou serait-ce celui qui a donné naissance au Mauvais Présage? Solenfa...Ou plutôt de son vrai nom Soliel...Voilà celle qui m'a sorti de ma torpeur, je devrai la remercier, mais je ne laisserai personne prendre le dessus. Fierté ? Tu dois connaitre cela Idrid. "
Le dragon montre les crocs, ce qui ressemble à un rire.
"- Mais oui...La Haine, voilà la clé, paladin. La Haine, un joyau pur, qui s'approprie tes souvenirs, s'accroche, et avale l'Amour qui règne comme le Roi de ton âme. Je la vois me chercher, je les vois me traquer, sur mon territoire, le rêve. Trouve celle qui se fait appeler "Solenfa", Idrid, tue-la, ou ta ville, ton Amour se feront happer par la Haine. Trouve celle qui s'amuse à me réveiller, où ce rêve deviendra réalité."
Tout s'arrête, Idrid se réveille en sursaut, il a chaud, il est sur le ponton d'Austrivage, allongé une torche à la main, qui commence à lui cramer les doigts. Mais la ville semble bien endormie et saine et sauve. Un garde se demande d'ailleurs ce que fait le sénéchal avec cette torche étendu au sol.
MauvaisPrésage
Re: Réunions de Famille
Distortion
- Hyjal-
L'arche était en piteux état, les piliers craquelés prêts à céder, les sceaux bleutés qui tournaient autour avançaient au ralenti. La faille s'élargissait, si bien que l'on pouvait discerner la bête retenue à l'intérieur. "L'Arche du Dragon Noir" était sur le point de s'affaisser sur elle même, la magie ici depuis des centaines d'années voir des milliers allait-elle s'évaporer? Il ne tenait qu'aux descendantes des Gardiennes d'en faire le voeux et tout serait possible. Une arme ultime et manipulatrice, une prétention sans limite, qui reposait sur les épaules d'une seule Kaldorei. Elle avait été choisi auprès du Fou pour cela après tout, offerte comme un vulgaire cadeau par les Ombre d'Or, car elle seule pouvait faire sortir Agham de sa prison et même mieux: la contrôler.
Repliée sur ses pattes avant encore majestueuses après tout ce temps, la tête posée sur les griffes, son oeil s'ouvrit, regardant le monde extérieur avec stupeur, comme sortant d'un mauvais rêve. La faille juste devant cet oeil immense et rougeoyant : elle ne put voir que le Néant prêt à se distordre à tout moment, pourtant elle le savait, la terre sous son ventre maintenant bien maigre était dure comme le fer.
Alors la dragonne releva la tête pour la première fois depuis des lustres, entrouvrit la gueule dégoulinant de salive et remplie de crocs rongés par le temps. Son regard balaya cette faille qui s'élargissait de plus en plus, les sphères d'arcane s'amenuisaient à cet endroit et elle savait qu'elle venait de s'éveiller. Impossible de sortir pour le moment, trop puissant est encore le sceau, mais elle pouvait dès à présent réfléchir à bien plus malicieux.
-Hurlevent, prison-
Prodige était instable depuis hier, toute la nuit elle gesticulait dans sa cellule. Attachée, elle essaya de forcer ses chaînes mais en vain. Ses jambes tremblaient, les muscles de ses cuisses tirés comme jamais. Cela faisait plus de trois mois que Kohlastrasz et Leizen l'avaient attrapée et mise en geôles, et trois mois qu'elle ne voulait pas s'assoir, à tenir debout, contre le mur, en s'endormant comme elle pouvait. Mais il n'était pas question de s'allonger ici, dans la moisissure et la crasse. Elle tiendrait, mais pour combien de temps encore? Elle avait trouvé un moyen de dormir en se laissant aller de l'avant, ses chaines à ses bras la retenaient, même si la douleur était à la limite du supportable.
Alors qu'elle s'était endormie ainsi après ses turbulences nocturnes, elle ouvrit un oeil vivement dans son sommeil, releva la tête, et examinait les barreaux comme une faille de la prison. Elle n'avait plus toute sa raison, en ce bref instant, son Ouroboros disparu de son cou, sa lame du Jugement impossible à tirer de son fourreau éthéré...
Le front levé observant les barres de ferraille, elle souffla un coup, sa tête était martelée de part en part, des murmures, des mots et des maux, alors elle ouvrit la bouche montrant ses dents, et se mit à baver. Brutalement elle s'effondra au sol, prise dans une crise d'épilepsie, comme si les images qu'elle voyait arrivaient trop vite pour qu'elle ne puisse les comprendre.
Ce n'est que pleine de soubresauts que des gardes de Hurlevent furent alertés qu'en geôles, Prodige était tombée au sol. Au même moment en Outre Terre, Agham reposa sa tête sur ses pattes, elle souffla longuement et referma son oeil, elle était trop lasse pour bouger plus maintenant, elle venait de faire un effort bien trop grand pour sa condition.
"Mère...Mère...Que faites-vous? Destin que veux-tu?"
L'arche était en piteux état, les piliers craquelés prêts à céder, les sceaux bleutés qui tournaient autour avançaient au ralenti. La faille s'élargissait, si bien que l'on pouvait discerner la bête retenue à l'intérieur. "L'Arche du Dragon Noir" était sur le point de s'affaisser sur elle même, la magie ici depuis des centaines d'années voir des milliers allait-elle s'évaporer? Il ne tenait qu'aux descendantes des Gardiennes d'en faire le voeux et tout serait possible. Une arme ultime et manipulatrice, une prétention sans limite, qui reposait sur les épaules d'une seule Kaldorei. Elle avait été choisi auprès du Fou pour cela après tout, offerte comme un vulgaire cadeau par les Ombre d'Or, car elle seule pouvait faire sortir Agham de sa prison et même mieux: la contrôler.
Repliée sur ses pattes avant encore majestueuses après tout ce temps, la tête posée sur les griffes, son oeil s'ouvrit, regardant le monde extérieur avec stupeur, comme sortant d'un mauvais rêve. La faille juste devant cet oeil immense et rougeoyant : elle ne put voir que le Néant prêt à se distordre à tout moment, pourtant elle le savait, la terre sous son ventre maintenant bien maigre était dure comme le fer.
Alors la dragonne releva la tête pour la première fois depuis des lustres, entrouvrit la gueule dégoulinant de salive et remplie de crocs rongés par le temps. Son regard balaya cette faille qui s'élargissait de plus en plus, les sphères d'arcane s'amenuisaient à cet endroit et elle savait qu'elle venait de s'éveiller. Impossible de sortir pour le moment, trop puissant est encore le sceau, mais elle pouvait dès à présent réfléchir à bien plus malicieux.
-Hurlevent, prison-
Prodige était instable depuis hier, toute la nuit elle gesticulait dans sa cellule. Attachée, elle essaya de forcer ses chaînes mais en vain. Ses jambes tremblaient, les muscles de ses cuisses tirés comme jamais. Cela faisait plus de trois mois que Kohlastrasz et Leizen l'avaient attrapée et mise en geôles, et trois mois qu'elle ne voulait pas s'assoir, à tenir debout, contre le mur, en s'endormant comme elle pouvait. Mais il n'était pas question de s'allonger ici, dans la moisissure et la crasse. Elle tiendrait, mais pour combien de temps encore? Elle avait trouvé un moyen de dormir en se laissant aller de l'avant, ses chaines à ses bras la retenaient, même si la douleur était à la limite du supportable.
Alors qu'elle s'était endormie ainsi après ses turbulences nocturnes, elle ouvrit un oeil vivement dans son sommeil, releva la tête, et examinait les barreaux comme une faille de la prison. Elle n'avait plus toute sa raison, en ce bref instant, son Ouroboros disparu de son cou, sa lame du Jugement impossible à tirer de son fourreau éthéré...
Le front levé observant les barres de ferraille, elle souffla un coup, sa tête était martelée de part en part, des murmures, des mots et des maux, alors elle ouvrit la bouche montrant ses dents, et se mit à baver. Brutalement elle s'effondra au sol, prise dans une crise d'épilepsie, comme si les images qu'elle voyait arrivaient trop vite pour qu'elle ne puisse les comprendre.
Ce n'est que pleine de soubresauts que des gardes de Hurlevent furent alertés qu'en geôles, Prodige était tombée au sol. Au même moment en Outre Terre, Agham reposa sa tête sur ses pattes, elle souffla longuement et referma son oeil, elle était trop lasse pour bouger plus maintenant, elle venait de faire un effort bien trop grand pour sa condition.
"Mère...Mère...Que faites-vous? Destin que veux-tu?"
"Tous ces rêves, à qui appartiennent-ils?"
"Vous allez crever avec moi, sous-êtres, ça sera toujours ça de pris."
MauvaisPrésage
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