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Journal d'un capitaine écarlate en Norfendre.

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Journal d'un capitaine écarlate en Norfendre. - Page 2 Empty Re: Journal d'un capitaine écarlate en Norfendre.

Message  Scarlet Rouge Mar 06 Juil 2010, 06:08

« - Ecoutez, je ne peux pas me prononcer pour le moment. Nous ne connaissons pas clairement les circonstances de son arrivée et, de toute façon – comme je l’ai dit précédemment – ça n’est pas officiel. Ca ne reste qu’une rumeur. Mais il est difficile d’expliquer pourquoi tant d’écarlates l’ont vu traverser le campement. »
« - En plein jour ? » demanda Sonnecor.
« - Non. Il faisait nuit. »
« - Alors, ils l’ont sans doute confondus avec quelqu’un d’autre. »
Taleon secoua la tête.
« - Non. Les descriptions que j’ai reçues sont bien trop précises. Elles correspondent parfaitement au profil de Pônevent. »
« - Il doit sans doute y’avoir des centaines de personnes qui ressemblent à l’amiral Pônevent. Une moustache, un front dégarni, des cheveux gris, ça doit se trouver à tous les coins de rues. » Persista Sonnecor, en se campant devant le commandant Taleon.
« - Je vous dis que non. Les descriptions ne se sont pas limitées à cela. »
« - Un sosie, alors ? »
« - Non. »
« - Hallucination collective ? »
« - Ecoutez, si la mise en doute des miracles fait partie de vos prérogatives, dites-le tout de suite et cessons de tourner autour du pot. Vous ne croyez pas aux miracles ? » Demanda un Taleon passablement agacé.
« - Si, bien sur que si. » bafouilla le capitaine Sonnecor.
« - Un miracle est justement un miracle, parce qu’il conserve l’essence du mystère. Un miracle ne peut pas être expliqué, un miracle n’est pas sujet à nos lois physiques ou mathématiques, un miracle n’est pas logique, et un miracle ne prend pas en compte le taux de survivabilité d’un amiral moustachu originaire de Kul Tiras au milieu d’un territoire hostile. »
Il y’eut un silence pesant sur l’assemblée. Le capitaine Sonnecor retint son souffle, contrit, gêné, et furieux à la fois. Le commandant Taleon approcha son visage du sien. Sonnecor pouvait même sentir le souffle chaud du commandant sur sa face.
« - Est-ce que c’est cette notion de « mystère » qui vous fait défaut, capitaine Sonnecor ? » fit calmement le commandant Taleon.
Othon déglutit avec difficulté.
« - Non, monsieur – je veux dire – commandant. Je comprends, commandant. »
Taleon plongea son regard dans les yeux du capitaine Sonnecor. Ils se fixèrent pendant ce qui semblait être une éternité pour Sonnecor. Finalement, le commandant hocha la tête, puis il recula lentement. Il se tourna vers le reste des écarlates.
« - Dès qu’Abbendis nous mettra au courant de quoi que ce soit de nouveau, vous serez informé de la situation et nous confirmerons l’information le cas échéant. En attendant, messieurs : bonne journée. » Termina Taleon en saluant.
Les écarlates se redressèrent et rendirent le salut, avant de se rasseoir et de parler à voix basse. Sonnecor se tenait immobile, tenant toujours son casque sous le bras. Il sentait le regard pesant de l’officier Efrem. Blessé dans son amour propre devant l’un de ses camarades. Rouge de honte et de colère, le jeune capitaine enfila son heaume et quitta les lieux sans dire un mot.

« - Hé, les gars ? J’aurai du parier que Pônevent était revenu ! J’aurai gagné le gros lot ! »
« - Pas de jeux d’argent, Gideon. Pas de jeux d’argent. » Rectifia Effrem en observant le capitaine Sonnecor s'éloigner à grandes enjambées.



19 Novembre de l’an 624 (selon le calendrier du Roi), Nouvelle-Âtreval.

Cher journal,
Il est là ! Pônevent est parmi nous ! Comme je l’espérais, la prophétie de Langrain s’est réalisée ! J’ai été tiré du lit en pleine nuit par Dallaire. Il m’a affirmé qu’Abbendis convoquait tous les officiers. « En pleine nuit », ce qui m’a semblé on ne peut plus suspect. Nous avons traversés le campement en silence, jusqu’à la tente d’Abbendis et nous sommes entrés. Et il était là ! Le héro, le guide, l’envoyé ! Pônevent se tenait devant nous, sain et sauf ! Nous lui avons posés un grand nombre de questions, mais il a refusé d’y répondre. Il a affirmé que nous n’étions pas prêts à entendre ses réponses et qu’il était lui-même très fatigué par son périple. Il a promis qu’il donnerait des explications lorsque le contexte s’y prêterait. Je suis l’homme le plus heureux du monde ! Nous allons remporter la victoire, j’en suis certain. C’était écrit, et même Langrain le savait. La Généralissime a prédit la chute de l’Enclave écarlate. Le Haut-Abbé a vu l’arrivée de Pônevent. Nos chefs savent ce qu’ils font ! Ils nous ont menés en Norfendre et nous ont fait attendre, parce qu’ils lisent l’avenir ! Ils connaissent notre destin à tous ! Ou plutôt, la Lumière nous a murmurés les actes et les évènements à venir. La Lumière est de notre coté, le monde ne le sait pas encore, mais lorsque nous reviendrons en héros et que nous conterons nos récits de bataille, alors les gens ouvriront les yeux. Je suis triste de l’écrire, mais pendant si longtemps nous avons été abandonnés et conspués. Il est temps de redorer notre blason et de ramener la vraie foi dans les esprits ! Je me répète, je le sais cher journal. Depuis quelques temps, je ne cesse de brosser un portrait idéal des ordres écarlates. Mais si tu étais en mesure de voir ce que je vois. Si tu pouvais vivre les évènements que je vis. Alors tu partagerais mes sentiments. Tes doutes s’envoleraient et même ton esprit critique – si tu en avais un – n’y trouverait rien à redire. Je suis en train de vivre une expérience hors du commun. Une expérience exaltante et valorisante. [Gribouillis illisible et phrases raturés] Je combats pour la Lumière, pour Lordaeron et pour l’Assaut écarlate. Mais je me bats aussi pour moi-même. Je suis un officier au sein d’une armée de quelques milliers d’hommes. Et contrairement à mes frères et sœurs, à mes cousins et cousines, à mes oncles et mes tantes : j’ai fait quelque chose de ma vie. J’ai construit ma propre histoire, mes propres faits d’armes, à la sueur de mon front et à la force de mes bras. Je me suis élevé au dessus d’eux. Ils me haïssent, pour la plupart. Mais je reviendrais triomphant et j’accepterais leur pardon. Ils ont seulement été trompés par l’Alliance (peut-être) et par les pacifistes de Hurlevent (beaucoup plus probable). Je ne dois pas les blâmer pour cela. La Lumière me donne la force de pardonner à ceux qui m’ont offensé. Je ne leur en veux pas.


« - Capitaine Sonnecor ! »
La nuit était tombée depuis longtemps sur la Nouvelle-Âtreval. Le vent était toujours aussi fort et certain braseros s’étaient éteints. Othon dormait paisiblement, couché sur sa modeste paillasse. La tente était plongée dans la pénombre.
« - Capitaine Sonnecor ! Capitaine Sonnecor ! » Murmura une voix familière.
Le cœur palpitant, l’officier se leva en sursaut. Depuis son arrivée en Norfendre, le moindre bruit, le moindre frémissement parvenait à le tirer de son sommeil. Il s’épongea le front à l’aide de ses couvertures.
« - Qui est-ce ? » demanda t-il d’une voix rauque.
« - Le capitaine Dallaire ! Réveillez-vous ! Abbendis convoque les officiers ! »
Il y’eut un court silence. Sonnecor prit une gourde au pied de son lit et en dévissa le capuchon.
« - Pour quelles raisons ? »
« - Je n’en ai aucune idée, Sonnecor ! Venez, maintenant ! C’est important ! »
Othon avala quelques gorgées d’eau. Il s’essuya du revers de la main et entreprit d’enfiler rapidement quelques vêtements chauds.
« - Si vous n’en avez aucune idée, comment savez-vous que c’est important ? »
« - Merde, Sonnecor ! Dépêchez-vous, maintenant ! » Fit la voix d’un Dallaire irrité.
« - Laissez-moi quelques instants. »
Le capitaine Sonnecor enfila ses bottes, puis il releva le pan de sa toile de tente. La silhouette de Dallaire se tenait face à lui, large et imposante. Sonnecor ferma le col de son caban et s’engonça dans celui-ci. L’air était plus glacial que d’habitude. Sans un mot, Dallaire lui fit signe de suivre. Ils se dirigèrent en silence vers la grande tente du campement, celle d’Abbendis, se penchant en avant pour progresser face aux bourrasques glacées. Les environs étaient calmes. Seules quelques sentinelles patrouillaient calmement, se frottant les mains et tapant du pied pour se réchauffer. Après quelques instants, les deux officiers arrivèrent à la tente du généralissime. Ils y pénétrèrent. A l’intérieur, un poêle ronronnait doucement diffusant une douce chaleur dans tout l’espace. Quelques officiers étaient déjà présents, installés sur des chaises et parlant à voix basse. Ils saluèrent les nouveaux venus puis se replongèrent dans leurs bavardages. Dallaire et Sonnecor s’installèrent sur deux chaises libres. Les commandants Taleon, Gibbons, Iustus et Jordan étaient présents. Sonnecor aperçût également l’officier Efrem, en train d’écouter avec attention le capitaine Shely.
« - Tous le monde est présent. » fit Sonnecor en se penchant vers Dallaire.
« - Non. Je ne vois nulle part la généralissime Daion. »
« - Sans doute un peu de retard. »
Ils patientèrent durant plusieurs minutes, minutes qui parurent être des heures aux yeux de Sonnecor. L’officier dodelinait de la tête, complètement somnolent. Celle-ci retomba sur sa poitrine et ses yeux se fermèrent. Il se réveilla en sursaut, quelques instants plus tard, lorsque toute l’assemblée se leva pour accueillir quelqu’un ou quelque chose. Comme sous l’effet d’un coup de fouet, le capitaine bondit sur ses pieds et se tint raide comme un prussien, ouvrant des yeux hébétés. Tous les officiers étaient présents. Et ils venaient de se lever de leurs chaises pour accueillir les généralissimes Abbendis et Daion, qui venaient de faire leur apparition au fond de la tente. Elles semblaient parfaitement réveillées et adressèrent un sourire de circonstance à tout leur staff.
« - Vous pouvez vous rasseoir. » ordonna Abbendis, tandis qu’elle prenait place dans un fauteuil, derrière une table en bois.
Les officiers s’exécutèrent, comprenant mal la raison de leur présence dans la tente de commandement. La généralissime prit la parole, sans crier gare.


Dernière édition par Othon Sonnecor le Ven 16 Nov 2012, 16:53, édité 1 fois
Scarlet Rouge
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Message  Scarlet Rouge Mar 06 Juil 2010, 06:09

« - Officiers, je vous remercie de vous être déplacés jusque dans mes modestes appartements. Vous avez tous répondus à ma convocation et j’en suis ravie. »
« - Comme si nous en avions eu le choix… » Murmura le capitaine Sonnecor, avant d’être ramené à la raison par son voisin, qui lui assena un coup de coude dans les cotes. Sonnecor poussa une légère exclamation étouffée.
« - Vous vous interrogez très certainement, et à juste titre, sur la raison de votre convocation. » poursuivit Abbendis, tandis que plusieurs hochements de têtes accompagnèrent la déclaration.
Le commandant Gibbons écoutait avec attention, gardant les bras croisés. Son regard passait de Daion à Abbendis, scrutant les deux généralissimes, sourcils froncés. Près de lui, Iustus était penché en avant, buvant les paroles de Brigitte Abbendis. Tous étaient pendus aux lèvres de la commandante suprême de l’Assaut..
« - Si je vous ai donné l’ordre de vous rendre dans ma tente en pleine nuit, c’est dans le but de vous annoncer une grande nouvelle. »
Aucune réaction de l’assistance.
« - …Une nouvelle qui risque de bouleverser notre ordre jusque dans ses fondations. » ajouta Abbendis, en joignant ses mains.
Quelques officiers remuèrent sur leurs chaises, se demandant s’il s’agissait d’une GRANDE bonne nouvelle ou d’une GRANDE mauvaise nouvelle. Sonnecor repensa à l’altercation qui l’avait opposé au commandant Taleon. Etait-il possible que le miracle se produise réellement ?
« - Messieurs, au préalable, il me semble nécessaire de vous expliquer en détail la teneur de la présentation dans laquelle je m’apprête à me lancer. Sachez tout d’abord que le choc risque d’être grand, comme il l’a été pour moi. Cet homme, car il s’agit d’un homme, vous le connaissiez autrefois sous le nom de…»
« - Non, généralissime Abbendis. Je suis encore en mesure de me présenter par moi-même. » Coupa une voix rocailleuse, dans la pièce annexe de la tente.
Abbendis se tut instantanément, semblant brusquement frappé d’un grand intérêt pour ses bottes, qu’elle se mit à fixer en dessous de la table. Daion l’imita. Et tandis que les deux généralissimes gardaient le visage baissé, des pas lourds résonnèrent sur le plancher humide de la tente. Tous les officiers gardaient les yeux rivé sur l’ouverture qui se découpait dans la toile de la tente, s’attendant à voir surgir un colosse. Et ce fut effectivement le cas. Une masse immense apparut, se baissant pour pénétrer dans la salle de réunion improvisée. L’homme était vêtu d’une lourde armure où se mêlaient des teintes sombres et écarlates. Une rapière pendait à son ceinturon. Ses gantelets et ses jambières, serties de pierres et de gemmes, semblaient luire d’une faible lueur. Et son tabard était impeccablement propre, immaculé. Le colosse fit quelques pas à l’intérieur de la tente, puis il daigna relever son visage. Un silence pesant s’installa. Puis, un a un, les officiers posèrent un genou à terre, présentant leurs lames, leurs masses et leurs haches au guide. Au miraculé. Car le miracle s’était accompli.
Barean Pônevent contemplait l’assemblée, son œil féroce brillant de satisfaction. Il leva ses mains.
« - Relevez-vous. Relevez-vous, frères et sœurs. Un écarlate reste debout, en toutes circonstances. »
Lentement, les capitaines, les commandants et les chevaliers se relevèrent, frappés de stupeur et d’incompréhension. Le choc était trop grand.
« - Je suis très honoré de votre accueil, croisés. Vous vous posez des questions. Beaucoup de questions. Je ne suis pas certain d’en posséder les réponses, mais je reste certain d’une seule et unique chose : je suis vivant, parce que la Lumière l’a souhaitée. La Lumière m’a accordé son aide durant ma longue épopée dans ces terres. J’ai survécu. J’ai survécu et je témoignerais. J’ai survécu et je vous appuierais. Je porterais à bout de bras l’Assaut écarlate, nos valeurs et notre étendard. Aujourd’hui, je suis de retour. Et personne ne pourra stopper ma vengeance. Je suis ici pour vous sauver. »
La mine contrite d’Abbendis n’échappa pas à l’œil de plusieurs officiers avisés. Ce faisant, plusieurs mains se levèrent. Chacun avait hâte d’en savoir plus.
« - Comment avez-vous survécu durant ces cinq années ? »
« - Y’a-t-il d’autres survivants ? »
« - Avez-vous tentés de rentrer en Lordaeron ? »
« - Avez-vous le don de clairvoyance ? »
« - Pouvez-vous prédire notre victoire ? »
« - Qu’est-il advenu d’Orman de Stromgarde ? »
« - …Et de l’assassin Invar ? »
L’ancien amiral de la flotte leva les mains, comme pour demander le silence. Ne l’obtenant pas, il haussa légèrement le ton.
« - Messieurs, mesdames, camarades officiers s’il vous plait. Gardez votre calme. Je ne peux pas répondre à vos questions. Pas pour le moment. Vous n’êtes, pour l’instant, pas en mesure de comprendre toute l’intensité et toute la complexité de mon récit. Vous ne comprenez pas ce qui vous entoure. Je vous assure que nous en reparlerons à l’avenir. Pour l’heure, cette rapide séance n’aura pour but que de vous expliquer ma tache et mes fonctions au sein de l’Assaut écarlate. »
L’amiral se tourna vers Abbendis et lui intima, d’une voix doucereuse, l’ordre de poursuivre. La généralissime semblait complètement perdue. Elle resta silencieuse pendant quelques instants, hébétée, faisant mine de lire quelques parchemins qu’elle avait pris soin d’emporter. Elle se racla la gorge puis déclara d’une voix forte.
« - En tant que généralissime de l’Assaut et ex-grand général de la Croisade écarlate, je réintègre Barean Pônevent, ici présent, dans ses fonctions d’Amiral de l’Assaut écarlate en Norfendre et de commandant suprême de la flotte écarlate. En outre, je lui accorde également la fonction de commandant en titre des forces terrestres de l’expédition. Il sera chargé de me seconder dans les opérations militaires que nous mènerons très prochainement dans la région. »
Abbendis releva la tête de ses parchemins, fixant ses officiers d’un œil inquisiteur.
« - J’attends de vous une obéissance sans failles, officiers. Vous accomplirez scrupuleusement les ordres de l’amiral Barean Pônevent. Aucun écart de conduite, aucune digression ne saurait être autorisée au sein de notre ordre. Quiconque faillirait à sa tache se verrait sous le coup de sanctions pluridisciplinaire et d’un ou plusieurs blâmes selon la gravitée des fautes commises. Je ne tolérerais aucun remous au sein de l’Assaut. Vous informerez individuellement chacun de vos hommes sur les changements effectuées au sein de la chaine de commandement de nos forces. Je compte sur vous pour que cette semi-transition se passe dans le calme le plus total. Vous voilà avertis, messieurs. Vous pouvez disposer. »
Les officiers restèrent silencieux, éberlués. Alors c’était tout ? Aucunes réponses, seulement de nouveaux ordres et de nouvelles directives ? Et qu’appelait-elle par « semi-transition » ? Abbendis répéta son ordre, insistante cette fois.
« - Vous êtes priés de disposer, officiers. Rompez. »
Résignés, les hommes et les femmes se levèrent et quittèrent la tente, sans un mot de plus. Pônevent était toujours présent, les observant calmement, faisant jouer un anneau qu’il portait a son index. Daion, elle, quitta rapidement la salle sans attendre d’en avoir reçu l’ordre. Consternés par l’attitude des dirigeants, Sonnecor et Dallaire suivirent l’attroupement, se dirigeant à l’extérieur de la tente. Au-dehors, quelques flocons de neige s’abattaient sur les toiles de tente à présent. Assise sur un promontoire rocheux, une sentinelle observait la petite troupe d’officiers qui était en train de se disperser entre les rangées de tentes, regagnant leurs quartiers improvisés. Le capitaine Dallaire souffla dans ses mains, tentant de les réchauffer.
« - Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Décidemment, même avec l’arrivée de l’amiral, rien n’a filtré quand au sort qu’il a enduré sur ce fichu continent. » Constata Dallaire, dépité.
« - Non. Mais en y réfléchissant bien, peu m’importe. Il est parmi nous, c’est le principal. Si rien n’a été révélé, c’est peut-être parce qu’il ne souhaite pas s’étaler sur son calvaire. Et je le comprends. »
Dallaire et Sonnecor s’éloignèrent un peu de la tente, marchant tête baissée. Leurs pas crissaient sur les plaques de verglas et le gravier mêlés qui recouvraient les chemins de fortune de la Nouvelle-Âtreval.
« - De cette courte réunion, je n’en retient que la principale information. » fit Dallaire en s’arrêtant soudainement au milieu du chemin.
« - Laquelle ? » demanda Sonnecor, en l’imitant.
« - Nous allons passer à l’action. Abbendis l’a affirmée elle-même. Pônevent est à ses cotés, pour enfin mettre une stratégie au point. Cela sonne peut-être le glas de notre immobilisme ici. » Expliqua Dallaire en manquant de glisser sur une épaisse couche de givre.
Sonnecor le rattrapa en pouffant.
« - Vous êtes certain de parvenir à tenir debout dans ces terres hostiles ? Plus sérieusement, vous avez raison. Vous avez l’oreille. Je ne me suis pas attardé sur ce détail dans le discours d’Abbendis. Alors il n’y a plus qu’à espérer. »
« - Croisons les doigts, messire Sonnecor ! » fit Dallaire d’une voix haut perchée, en mimant le ton obséquieux d'un vieux noble.
« - Oui. Croisons les doigts. »
Une forme furtive survola le campement en croassant.
« - Croisons les doigts. »
Scarlet Rouge
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