Djaël Brisegivre - l'histoire d'un Altérac
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Djaël Brisegivre - l'histoire d'un Altérac
[ Avant tout, je tiens à signaler que je dis " Altérac " et pas " Perenolde " ]
- Allez, les gars ! Tournée générale !
Les clients de la taverne se levèrent tous, et criaient de joie… Comme à chaque fois. Une réaction typique des clients du cochon siffleur ! Tous s’agglutinaient au bar, où le barman essayait tant bien que mal de remplir les chopes sans en renverser trop. Ce spectacle me fit sourire : encore une journée normale dans la Vieille Ville.
Mon sourire s’effaça peu à peu. Dans le fond de la salle, assis à une table contre le mur, un homme sirotait tranquillement sa boisson…
- Hé, Aedis ! A la santé de qui on boit ?! Lança un homme.
Je me dirigeai alors vers le comptoir, à travers la cohue, et y prenait deux chopes pleines. L’homme ne réagissait toujours pas : il était vêtu d’une robe blanche, portait la barbe et la moustache. Cependant, sa tête était légèrement penchée en avant, et je ne pouvais pas voir son visage. Lentement, à travers la foule, en prenant soin de ne pas renverser l’une des chopes, je me rapprochai de sa table.
Enfin, j’y étais. Je posais la chope sur la table, peut-être un peu trop fort, car un peu de bière fut éjectée de la chope. Puis je dis d’une voix forte :
- On boit à la santé du roi de Stormwind ! Et quand on paie la tournée, au cochon siffleur, on boit la tournée !
L’inconnu leva alors la tête, et me regarda dans les yeux.
Dans ses yeux bleus, une lueur d’amusement brillait.
- Boire ? Ais-je jamais dit que j’avais l’intention de ne pas boire, mon garçon ?
Sa réponse me déconcerta tout autant que le ton qu’il avait employé. Oui, il était amusé, c’était sûr.
- Je vous ai jamais vu ici, avant.
- Je ne suis jamais venu ici, « avant ».
- Vous avez entendu, les gars ? Un homme qui n’était jamais venu au cochon siffleur !
Quelques rires se firent entendre dans l’assistance. Je souriais.
- Et vous venez d’où ?
- D’un peu partout…
- Un peu partout ?
- Du Nord, mon garçon, du Nord !
- Moi aussi, je viens du nord… Vous allez nous raconter ça.
L’homme sourit de plus belle. Les clients se rapprochèrent et prirent des cercles pour former un cercle autour de la petite table. Quant à moi, je m’asseyais en face de lui.
Il prit sa bière et commença à boire à petites gorgées.
- Mon nom, commença-t-il, est Djaël Brisegivre. Je suis un mage du Kirin Tor. Et, quant à mon histoire…
Il sortit un livre de sa sacoche, posée juste au pied de sa chaise.
- Toute mon histoire est consignée là-dedans. Ceci est le journal de l’archimage Djaël Aube-Glorieuse, de Quel’Thalas.
Il but à nouveau, ouvrit le livre, s’éclaircit la voix et commença à lire…
« Douzième jour. Les apprentis de Dalaran viennent d’arriver à Lune-d’Argent… Chacun a rejoint son maître, préchoisi par le Haut Conseil du royaume et les dirigeants de Dalaran. Le mien s’appelle Aetius Brisegivre… Il vient d’Alterac. Je lui ai un peu parlé… Il est déterminé à apprendre. C’est bien. Il a également une affinité avec les arcanes peu commune chez un humain… S’il survit, il deviendra un grand mage. Oui, Dalaran a trouvé en lui une bonne recrue.
Quatorzième jour. Aujourd’hui, je suis allé avec Aetius dans le Bois des Chants éternels. Nous avons beaucoup parlé… Il comprend à une vitesse que je n’ai que rarement vue chez d’autres que des Quel’Dorei. Plus étonnant encore, il a senti plus de la moitié des nœuds telluriques auxquels je l’ai amené… Je pensais qu’il disposait d’une formation plus avancée que celle des autres apprentis, mais je viens de vérifier. Il a reçu les mêmes enseignements. Il est juste plus sensible… Incroyablement plus sensible. Et courageux, avec ça. Des Amani nous ont sauté dessus lorsque nous passions à proximité d’un nœud tellurique situé non loin de leurs terres… J’ai chauffé leurs ardeurs à un point qui ne leur a pas plu. Mais Aetius, lui, n’est pas resté planté à ne rien faire : il a essayé d’envoyer un projectile arcanique sur un des trolls… Pas assez puissant pour l’abattre, mais assez pour le faire tomber. Il lui a alors sauté dessus pour le tuer à coups de couteau. Sur le moment, j’ai eu peur qu’il ne se fasse réduire ne charpie pas le berserker troll… Mais celui-ci était vraiment sonné, et il l’a égorgé rapidement, d’un mouvement fluide. Une fois tous les assaillants morts, il s’est retourné vers moi, et m’a souris. « Maître, m’as-t-il dit, tout n’est pas une question de maîtrise magique, mais de réflexes ». Une vérité.
Oui, il fera de grandes choses. »
- Ceci, nous dit Djaël, est l’histoire de mon père. Vous allez comprendre.
Puis il replongea dans sa lecture.
« 6800 après la fondation de Quel’Thalas. Je viens d’avoir des nouvelles d’Aetius, que j’ai quitté il y a plusieurs années déjà… Sa lettre me dit qu’il a regagné son Alterac bien-aimée après avoir obtenu son diplôme de mage du Kirin Tor, et qu’il est à présent père ! Mon vieil ami… Il est allé jusqu’à baptiser son fils de mon nom…
Djaël Brisegivre…
6801 après la fondation de Quel’Thalas. Une nouvelle race inconnue est apparue… Les hostilités avec le royaume humain de Stormwind ont été ouvertes, et les envahisseurs massacrés. Tout cela est trop inquiétant… Et le Conseil ne fait rien.
6802 après la fondation de Quel’Thalas. La cité de Stormwind a été rasée par la « Horde »… Les Orcs, ces créatures bestiales, n’ont eu aucune pitié. De la ville, il ne reste que des décombres fumants… On s’est moqué de moi, au Conseil, aujourd’hui, lorsque j’ai dit que la menace Orc allait remonter vers le nord et nous atteindre. L’avenir me donnera raison, j’en suis sûr. Aetius me presse de venir en Altérac pour le revoir, et voir son fils… Lui aussi, il est aveuglé. Je dois rester en Quel’Thalas, et former un maximum d’apprentis aux arcanes. La survie du Haut-Royaume en dépend.
6803 après la fondation de Quel’Thalas. Anduin Lothar, le Dernier des Arathi, a découvert la trahison du Gardien de Tirisfal, Medivh… Celui-ci est mort. Cela m’inquiète, et me choque en même temps. Le Gardien était un atout majeur pour nous… Un homme de confiance. Moi-même, je commence à douter.
Mais je n’abandonnerai pas pour autant.
6805 après la fondation de Quel’Thalas. Ce jour est un grand jour ! Anduin Lothar et Terenas ont réussi à convaincre le Conseil. L’Alliance de Lordaeron a été créé. Le roi Anasterian a décidé d’envoyer un contingent de mages Quel’Dorei soutenir les armées alliées… J’ai été l’un des premiers à signer. Avec moi, je prends tous ceux que je n’ai pu complètement former. Ils devront apprendre en cours de route, et ceux qui échoueront périront.
La rumeur court en Quel’Thalas qu’un ordre de chevalerie de la Lumière vient d’être créé par Alonsus Faol et un jeune homme du nom d’Uther Lightbringer… L’Ordre de la Main d’Argent, le dernier rempart contre la Horde.
Mais le dernier rempart contre la Horde, c’est nous, maîtres des arcanes. J’en suis convaincu.
6806 après la fondation de Quel’Thalas… La Horde nous a atteint, comme je l’avais prévu. Les frontières du Haut-Royaume sont ravagées… Le Haut-Roi Anasterian envoie des troupes pour renforcer l’armée de l’Alliance ! De notre côté, nous avons déjà engagé l’ennemi… Ces Chevaliers de la Main d’Argent sont efficaces. Presque autant que nous.
Dans la dernière lettre que j’ai reçue d’Aetius, il me dit qu’i s’est engagé, et qu’il vient me rejoindre. Ils ont, me dit-il, un nouveau roi, du nom de Prestor…
6807 après la fondation de Quel’Thalas. Voilà plusieurs semaines que ma plume n’a pas effleuré le papier… Les évènements m’en ont empêché. Je suis actuellement dans la cité d’Altérac, avec Aetius, sa femme, Luthia, et son fils. Tout est confus… Altérac s’est rallié à la Horde, et les armées de l’Alliance, après avoir défait le Chef de Guerre Orgrim Marteau-du-Destin, marchent sur la ville dans le but de la raser.
Hier, Aetius m’a fait part de sa volonté de rester… Pas pour défendre le royaume, m’as-t-il dit, mais la ville. Il m’a demandé, il m’a supplié à genoux de prendre sa femme, son fils, et de gagner le village de Stranhbrande, à quelques heures de cheval. Moi, Djaël Aube-Glorieuse, j’ai accepté, au nom de la vieille amitié qui me lie à cet homme qui aujourd’hui est déterminé à mourir pour ce qu’il estime être bien… Je respecte et honore ce choix. Demain, je partirai, la rage et la tristesse au cœur.
6806 après la fondation de Quel’Thalas. Aujourd’hui, j’ai quitté Altérac avec la femme et le fils de mon vieil ami. Au loin, on commençait à apercevoir la poussière soulevée par les fantassins et les cavaliers de l’Alliance. Aetius était en haut des remparts… Lorsque nous nous sommes retournés pour jeter un dernier coup d’œil à la ville, nous l’avons vu. C’est alors qu’il a lancé une immense boule de feu vers le ciel… boule de feu qui a explosé en une sorte de feu d’artifice improvisé. Son fils, Djaël, alors âgé de sept ans, trépignait de joie… sa femme ne pu s’empêcher de pleurer. Je la comprenais. Moi-même, je devais retenir mes larmes. En réponse à cela, je me retournai et pressait mon cheval. Luthia et Djaël en firent autant.
« Pourquoi on peut pas rester avec papa, oncle Djaël ? »
J’ai été pris de cours par sa réponse. Je ne savais pas quoi répondre. Je ne répondis rien.
Le soir, alors que nous étions arrivés dans le village depuis longtemps déjà, le petit garçon vint vers moi en courant, m’appelant, une lettre à la main.
« Oncle Djaël ! »
Aetius m’avait présenté comme celui qui était véritablement un frère pour lui. Ainsi, son fils me considérait comme son oncle…
« Qu’y a-t-il, Djaël ?
C’est papa ! Il m’a demandé de te donner ça, le soir ! »
Il agita la lettre. Je la pris et l’ouvris : mes yeux commencèrent à parcourir les lignes…
« Mon cher Djaël, disait la lettre, je vais mourir. Ce combat est sans espoir. Nous le savons. Je veux que tu t’occupes de ma femme et de mon fils, à Stranhbrande. Cet enfant a un grand potentiel magique… Je peux te l’assurer. Je l’ai emmené à Dalaran, je l’ai testé, et je suis formel : il deviendra un mage plus grand que moi. Bien plus grand. Je veux pour lui le meilleur des professeurs ; toi. Veille sur eux, comme tu as veillé sur moi. »
J’aurai reconnu son écriture entre mille… J’avais de toute façon l’intention de veiller sur sa famille.
Mais pour le petit…
Je levais les yeux de la lettre : il me regardait avec un grand sourire.
« Bonnes nouvelles ?
Excellentes… Rentre à la maison, Djaël. Ta mère t’attend. »
Il se retourna et partit en courant. Oui, il se pouvait qu’il ait du potentiel.
6808 après la fondation de Quel’Thalas. Luthia est morte aujourd’hui. Elle est partie ce matin, et n’est pas revenue. Nous avons retrouvé son corps en fin d’après midi… Elle a été attaquée par des ogres. Des survivants de la Horde… Ils l’ont massacrée, et l’ont abandonnée. Nous l’avons enterrée… Djaël est dans sa chambre, en train de pleurer. J’ai commencé à lui apprendre les bases de la magie ; à présent, plus rien ne nous retient dans ces montagnes. Je vais l’emmener à Dalaran, où il pourra commencer de vraies études de magie. Je resterai avec lui… J’ai bien l’impression qu’il ne supporterait pas de perdre quelqu’un d’autre.
6824 après la fondation de Quel’Thalas. Arthas le félon approche avec son infâme armée. Cette armée qui a anéanti le Haut-Royaume s’en prend désormais à Dalaran… Qu’il vienne ! Il connaîtra la défaite ! Je vengerai mon peuple ! Djaël est devenu un jeune homme, à présent… Récemment promu mage. Ensemble, aux côtés de tout le Kirin Tor, nous nous dresserons, et arrêterons cette engeance ! Au nom des morts ! »
Djaël inspira, et referma le livre.
- Peu après, Arthas est arrivé, et a percé nos défenses magiques. Il ne lui a fallu que quelques heures pour s’enfoncer dans la ville et s’emparer du livre de Medivh… C’est alors qu’Archimonde est arrivé, et a détruit la magnifique cité. L’Elfe et moi avons cherché à fuir… Il est mort sous une colonne, écrasé. Mais avant de trépasser, il m’a confié ce journal… Toute sa sacoche, à vrai dire. Je la porte encore aujourd’hui. J’ai passé quelques temps à errer, jusqu'à ce que Dalaran soit reprise par l'Alliance, et que le Kirin Tor erige son bouclier afin de reconstruire la cité en toute sécurité. A présent que Dalaran a été envoyée à Northrend, je voyage... Au nom du Concordat Argenté. Au nom du vrai Kirin Tor, du seul, de celui qui a toujours été loyal à l'Alliance. Au nom du Kirin Tor qu'Antonidas aurait voulu.
Il se leva, tenant toujours sa chope. Je ne pouvais détacher mon regard de cet homme qui avait tant enduré, tout autant que moi sur les champs de bataille. Il me donna une tape sur l’épaule.
- A la santé du Roi, mon garçon !
Il but sa bière d’un trait, reposa la chope sur la table, passa sa sacoche autour de son épaule, et partit. La foule se fendait pour le laisser passer. Il quitta le cochon siffleur sans un mot, ne laissant qu’un souvenir.
- Allez, les gars ! Tournée générale !
Les clients de la taverne se levèrent tous, et criaient de joie… Comme à chaque fois. Une réaction typique des clients du cochon siffleur ! Tous s’agglutinaient au bar, où le barman essayait tant bien que mal de remplir les chopes sans en renverser trop. Ce spectacle me fit sourire : encore une journée normale dans la Vieille Ville.
Mon sourire s’effaça peu à peu. Dans le fond de la salle, assis à une table contre le mur, un homme sirotait tranquillement sa boisson…
- Hé, Aedis ! A la santé de qui on boit ?! Lança un homme.
Je me dirigeai alors vers le comptoir, à travers la cohue, et y prenait deux chopes pleines. L’homme ne réagissait toujours pas : il était vêtu d’une robe blanche, portait la barbe et la moustache. Cependant, sa tête était légèrement penchée en avant, et je ne pouvais pas voir son visage. Lentement, à travers la foule, en prenant soin de ne pas renverser l’une des chopes, je me rapprochai de sa table.
Enfin, j’y étais. Je posais la chope sur la table, peut-être un peu trop fort, car un peu de bière fut éjectée de la chope. Puis je dis d’une voix forte :
- On boit à la santé du roi de Stormwind ! Et quand on paie la tournée, au cochon siffleur, on boit la tournée !
L’inconnu leva alors la tête, et me regarda dans les yeux.
Dans ses yeux bleus, une lueur d’amusement brillait.
- Boire ? Ais-je jamais dit que j’avais l’intention de ne pas boire, mon garçon ?
Sa réponse me déconcerta tout autant que le ton qu’il avait employé. Oui, il était amusé, c’était sûr.
- Je vous ai jamais vu ici, avant.
- Je ne suis jamais venu ici, « avant ».
- Vous avez entendu, les gars ? Un homme qui n’était jamais venu au cochon siffleur !
Quelques rires se firent entendre dans l’assistance. Je souriais.
- Et vous venez d’où ?
- D’un peu partout…
- Un peu partout ?
- Du Nord, mon garçon, du Nord !
- Moi aussi, je viens du nord… Vous allez nous raconter ça.
L’homme sourit de plus belle. Les clients se rapprochèrent et prirent des cercles pour former un cercle autour de la petite table. Quant à moi, je m’asseyais en face de lui.
Il prit sa bière et commença à boire à petites gorgées.
- Mon nom, commença-t-il, est Djaël Brisegivre. Je suis un mage du Kirin Tor. Et, quant à mon histoire…
Il sortit un livre de sa sacoche, posée juste au pied de sa chaise.
- Toute mon histoire est consignée là-dedans. Ceci est le journal de l’archimage Djaël Aube-Glorieuse, de Quel’Thalas.
Il but à nouveau, ouvrit le livre, s’éclaircit la voix et commença à lire…
« Douzième jour. Les apprentis de Dalaran viennent d’arriver à Lune-d’Argent… Chacun a rejoint son maître, préchoisi par le Haut Conseil du royaume et les dirigeants de Dalaran. Le mien s’appelle Aetius Brisegivre… Il vient d’Alterac. Je lui ai un peu parlé… Il est déterminé à apprendre. C’est bien. Il a également une affinité avec les arcanes peu commune chez un humain… S’il survit, il deviendra un grand mage. Oui, Dalaran a trouvé en lui une bonne recrue.
Quatorzième jour. Aujourd’hui, je suis allé avec Aetius dans le Bois des Chants éternels. Nous avons beaucoup parlé… Il comprend à une vitesse que je n’ai que rarement vue chez d’autres que des Quel’Dorei. Plus étonnant encore, il a senti plus de la moitié des nœuds telluriques auxquels je l’ai amené… Je pensais qu’il disposait d’une formation plus avancée que celle des autres apprentis, mais je viens de vérifier. Il a reçu les mêmes enseignements. Il est juste plus sensible… Incroyablement plus sensible. Et courageux, avec ça. Des Amani nous ont sauté dessus lorsque nous passions à proximité d’un nœud tellurique situé non loin de leurs terres… J’ai chauffé leurs ardeurs à un point qui ne leur a pas plu. Mais Aetius, lui, n’est pas resté planté à ne rien faire : il a essayé d’envoyer un projectile arcanique sur un des trolls… Pas assez puissant pour l’abattre, mais assez pour le faire tomber. Il lui a alors sauté dessus pour le tuer à coups de couteau. Sur le moment, j’ai eu peur qu’il ne se fasse réduire ne charpie pas le berserker troll… Mais celui-ci était vraiment sonné, et il l’a égorgé rapidement, d’un mouvement fluide. Une fois tous les assaillants morts, il s’est retourné vers moi, et m’a souris. « Maître, m’as-t-il dit, tout n’est pas une question de maîtrise magique, mais de réflexes ». Une vérité.
Oui, il fera de grandes choses. »
- Ceci, nous dit Djaël, est l’histoire de mon père. Vous allez comprendre.
Puis il replongea dans sa lecture.
« 6800 après la fondation de Quel’Thalas. Je viens d’avoir des nouvelles d’Aetius, que j’ai quitté il y a plusieurs années déjà… Sa lettre me dit qu’il a regagné son Alterac bien-aimée après avoir obtenu son diplôme de mage du Kirin Tor, et qu’il est à présent père ! Mon vieil ami… Il est allé jusqu’à baptiser son fils de mon nom…
Djaël Brisegivre…
6801 après la fondation de Quel’Thalas. Une nouvelle race inconnue est apparue… Les hostilités avec le royaume humain de Stormwind ont été ouvertes, et les envahisseurs massacrés. Tout cela est trop inquiétant… Et le Conseil ne fait rien.
6802 après la fondation de Quel’Thalas. La cité de Stormwind a été rasée par la « Horde »… Les Orcs, ces créatures bestiales, n’ont eu aucune pitié. De la ville, il ne reste que des décombres fumants… On s’est moqué de moi, au Conseil, aujourd’hui, lorsque j’ai dit que la menace Orc allait remonter vers le nord et nous atteindre. L’avenir me donnera raison, j’en suis sûr. Aetius me presse de venir en Altérac pour le revoir, et voir son fils… Lui aussi, il est aveuglé. Je dois rester en Quel’Thalas, et former un maximum d’apprentis aux arcanes. La survie du Haut-Royaume en dépend.
6803 après la fondation de Quel’Thalas. Anduin Lothar, le Dernier des Arathi, a découvert la trahison du Gardien de Tirisfal, Medivh… Celui-ci est mort. Cela m’inquiète, et me choque en même temps. Le Gardien était un atout majeur pour nous… Un homme de confiance. Moi-même, je commence à douter.
Mais je n’abandonnerai pas pour autant.
6805 après la fondation de Quel’Thalas. Ce jour est un grand jour ! Anduin Lothar et Terenas ont réussi à convaincre le Conseil. L’Alliance de Lordaeron a été créé. Le roi Anasterian a décidé d’envoyer un contingent de mages Quel’Dorei soutenir les armées alliées… J’ai été l’un des premiers à signer. Avec moi, je prends tous ceux que je n’ai pu complètement former. Ils devront apprendre en cours de route, et ceux qui échoueront périront.
La rumeur court en Quel’Thalas qu’un ordre de chevalerie de la Lumière vient d’être créé par Alonsus Faol et un jeune homme du nom d’Uther Lightbringer… L’Ordre de la Main d’Argent, le dernier rempart contre la Horde.
Mais le dernier rempart contre la Horde, c’est nous, maîtres des arcanes. J’en suis convaincu.
6806 après la fondation de Quel’Thalas… La Horde nous a atteint, comme je l’avais prévu. Les frontières du Haut-Royaume sont ravagées… Le Haut-Roi Anasterian envoie des troupes pour renforcer l’armée de l’Alliance ! De notre côté, nous avons déjà engagé l’ennemi… Ces Chevaliers de la Main d’Argent sont efficaces. Presque autant que nous.
Dans la dernière lettre que j’ai reçue d’Aetius, il me dit qu’i s’est engagé, et qu’il vient me rejoindre. Ils ont, me dit-il, un nouveau roi, du nom de Prestor…
6807 après la fondation de Quel’Thalas. Voilà plusieurs semaines que ma plume n’a pas effleuré le papier… Les évènements m’en ont empêché. Je suis actuellement dans la cité d’Altérac, avec Aetius, sa femme, Luthia, et son fils. Tout est confus… Altérac s’est rallié à la Horde, et les armées de l’Alliance, après avoir défait le Chef de Guerre Orgrim Marteau-du-Destin, marchent sur la ville dans le but de la raser.
Hier, Aetius m’a fait part de sa volonté de rester… Pas pour défendre le royaume, m’as-t-il dit, mais la ville. Il m’a demandé, il m’a supplié à genoux de prendre sa femme, son fils, et de gagner le village de Stranhbrande, à quelques heures de cheval. Moi, Djaël Aube-Glorieuse, j’ai accepté, au nom de la vieille amitié qui me lie à cet homme qui aujourd’hui est déterminé à mourir pour ce qu’il estime être bien… Je respecte et honore ce choix. Demain, je partirai, la rage et la tristesse au cœur.
6806 après la fondation de Quel’Thalas. Aujourd’hui, j’ai quitté Altérac avec la femme et le fils de mon vieil ami. Au loin, on commençait à apercevoir la poussière soulevée par les fantassins et les cavaliers de l’Alliance. Aetius était en haut des remparts… Lorsque nous nous sommes retournés pour jeter un dernier coup d’œil à la ville, nous l’avons vu. C’est alors qu’il a lancé une immense boule de feu vers le ciel… boule de feu qui a explosé en une sorte de feu d’artifice improvisé. Son fils, Djaël, alors âgé de sept ans, trépignait de joie… sa femme ne pu s’empêcher de pleurer. Je la comprenais. Moi-même, je devais retenir mes larmes. En réponse à cela, je me retournai et pressait mon cheval. Luthia et Djaël en firent autant.
« Pourquoi on peut pas rester avec papa, oncle Djaël ? »
J’ai été pris de cours par sa réponse. Je ne savais pas quoi répondre. Je ne répondis rien.
Le soir, alors que nous étions arrivés dans le village depuis longtemps déjà, le petit garçon vint vers moi en courant, m’appelant, une lettre à la main.
« Oncle Djaël ! »
Aetius m’avait présenté comme celui qui était véritablement un frère pour lui. Ainsi, son fils me considérait comme son oncle…
« Qu’y a-t-il, Djaël ?
C’est papa ! Il m’a demandé de te donner ça, le soir ! »
Il agita la lettre. Je la pris et l’ouvris : mes yeux commencèrent à parcourir les lignes…
« Mon cher Djaël, disait la lettre, je vais mourir. Ce combat est sans espoir. Nous le savons. Je veux que tu t’occupes de ma femme et de mon fils, à Stranhbrande. Cet enfant a un grand potentiel magique… Je peux te l’assurer. Je l’ai emmené à Dalaran, je l’ai testé, et je suis formel : il deviendra un mage plus grand que moi. Bien plus grand. Je veux pour lui le meilleur des professeurs ; toi. Veille sur eux, comme tu as veillé sur moi. »
J’aurai reconnu son écriture entre mille… J’avais de toute façon l’intention de veiller sur sa famille.
Mais pour le petit…
Je levais les yeux de la lettre : il me regardait avec un grand sourire.
« Bonnes nouvelles ?
Excellentes… Rentre à la maison, Djaël. Ta mère t’attend. »
Il se retourna et partit en courant. Oui, il se pouvait qu’il ait du potentiel.
6808 après la fondation de Quel’Thalas. Luthia est morte aujourd’hui. Elle est partie ce matin, et n’est pas revenue. Nous avons retrouvé son corps en fin d’après midi… Elle a été attaquée par des ogres. Des survivants de la Horde… Ils l’ont massacrée, et l’ont abandonnée. Nous l’avons enterrée… Djaël est dans sa chambre, en train de pleurer. J’ai commencé à lui apprendre les bases de la magie ; à présent, plus rien ne nous retient dans ces montagnes. Je vais l’emmener à Dalaran, où il pourra commencer de vraies études de magie. Je resterai avec lui… J’ai bien l’impression qu’il ne supporterait pas de perdre quelqu’un d’autre.
6824 après la fondation de Quel’Thalas. Arthas le félon approche avec son infâme armée. Cette armée qui a anéanti le Haut-Royaume s’en prend désormais à Dalaran… Qu’il vienne ! Il connaîtra la défaite ! Je vengerai mon peuple ! Djaël est devenu un jeune homme, à présent… Récemment promu mage. Ensemble, aux côtés de tout le Kirin Tor, nous nous dresserons, et arrêterons cette engeance ! Au nom des morts ! »
Djaël inspira, et referma le livre.
- Peu après, Arthas est arrivé, et a percé nos défenses magiques. Il ne lui a fallu que quelques heures pour s’enfoncer dans la ville et s’emparer du livre de Medivh… C’est alors qu’Archimonde est arrivé, et a détruit la magnifique cité. L’Elfe et moi avons cherché à fuir… Il est mort sous une colonne, écrasé. Mais avant de trépasser, il m’a confié ce journal… Toute sa sacoche, à vrai dire. Je la porte encore aujourd’hui. J’ai passé quelques temps à errer, jusqu'à ce que Dalaran soit reprise par l'Alliance, et que le Kirin Tor erige son bouclier afin de reconstruire la cité en toute sécurité. A présent que Dalaran a été envoyée à Northrend, je voyage... Au nom du Concordat Argenté. Au nom du vrai Kirin Tor, du seul, de celui qui a toujours été loyal à l'Alliance. Au nom du Kirin Tor qu'Antonidas aurait voulu.
Il se leva, tenant toujours sa chope. Je ne pouvais détacher mon regard de cet homme qui avait tant enduré, tout autant que moi sur les champs de bataille. Il me donna une tape sur l’épaule.
- A la santé du Roi, mon garçon !
Il but sa bière d’un trait, reposa la chope sur la table, passa sa sacoche autour de son épaule, et partit. La foule se fendait pour le laisser passer. Il quitta le cochon siffleur sans un mot, ne laissant qu’un souvenir.
Aerelan Theredras
Re: Djaël Brisegivre - l'histoire d'un Altérac
[ Je tiens à signaler que la partie du bg que vous venez peut-être de lire est un bg que j'ai ressorti du fin fond de mes disques durs, et qui date. Par conséquent, la crédibilité ou la concordance historique de certains éléments peuvent être sujettes à caution. Merci de me signaler ces éventuelles incohérences. ]
Aerelan Theredras
Re: Djaël Brisegivre - l'histoire d'un Altérac
L'Archimage Rhonin, chef du Kirin Tor, était assis dans le salon violet, en compagnie des archimages Modera et Aethas Sunreaver. Les dernières nouvelles rapportées à la Citadelle Violette par les différents éclaireurs et espions du Kirin Tor restaient préoccupantes, mais néanmoins, la situation s'arrangeait pour la cité des mages : Dalaran avait été transférée avec succès des berges du Lac Lordamere à la Forêt du Chant de Cristal, et ses mages – dont Rhonin et ses deux acolytes présents – prenaient à présent un peu de repos, suite aux efforts qu'il leur avait fallu déployer pour reconstruire l'idyllique ville, réunir les composants et les énergies nécessaires au rituel de transfert, et enfin, l'accomplir. Pour cela, il avait dû rassembler tout le Kirin Tor, et ne laisser dans les Royaumes de l'Est qu'un effectif réduit au strict minimum. Et c'était encore sans compter le fait que la Citadelle Violette n'avait pas été déplacée n'importe où : non, en plein devant le barrage Mur-de-Fer, première ligne de défense du Glacier de la Couronne de Glace.
Oui, Dalaran avait sué sang et eau pour conquérir la place qui était à présent nouvellement sienne, mais les nouvelles étaient bonnes : l'Expédition de la Bravoure et l'Expédition Warsong avaient toutes deux abordées les côtes de Northrend. Le Kirin Tor n'était plus seul dans son combat, et il lui suffirait d'attendre, à présent.
Hélas, songea Rhonin, l'attente ne règle jamais tous les problèmes.
- Ecoutez, Rhonin, je sais bien que le Kirin Tor a jusque là fait partie de l'Alliance, mais songez tout de même que nous nous sommes isolés de ses membres derrière un infranchissable bouclier magique pendant plusieurs années. Je suis bien placé pour le savoir, j'ai aidé à l'ériger.
- C'est vrai, Aethas.
- Je suis en communication permanente avec Lune-d'Argent depuis quelques temps, à présent, vous le savez. Mon peuple, les sin'dorei, a beaucoup souffert... mais à présent, nous avons trouvé une nouvelle place dans ce monde. Je sais que vous n'envisagez pas d'hostilité envers la Horde, et j'en suis heureux...
- L'idée serait stupide. Nous sommes déjà entourés d'ennemis, inutile donc de s'en créer un nouveau. Introduire le loup dans la bergerie...
- Justement ! Archimage, mon peuple fait maintenant partie intégrante de cette Horde. Que vous acceptiez en nos murs les membres d'une Alliance qui a, après tout, abandonné Dalaran à son sort, et tenté d'attenter à la vie du prince Kael'thas... Nous savons tous les conséquentes que cela a eu... et non les membres d'une Horde qui n'a pu faire de mal à cette cité que sous l'influence de démons dont elle s'est aujourd'hui libérée serait une insulte aux sin'dorei du Kirin Tor.
- En somme, vous proposez de pousser la neutralité.
- En quelque sorte. Croyez-vous que la Horde sera très encline à participer à nos opérations contre le Vol Bleu si vous ne laissez même pas ses membres pénétrer votre cité ? Dédions-leur une enclave, ici, à Dalaran. Un quartier où ils puissent se sentir chez eux, et bienvenus.
Rhonin hésita quelques instants, et paru pour la forme plongé dans ses pensées, mais en vérité, Aethas avait raison. Sa position étant ce qu'elle était, il n'avait tout simplement aucune autre alternative.
- D'accord. Créez votre enclave pour la Horde.
Aethas Sunreaver voulut incliner la tête en signe de remerciement, mais il n'en eut pas l'occasion : un cercle d'énergie apparut sur le sol, se dessinant en runes complexes et tournoyantes, signe d'une téléportation, qui accapara l'attention des trois hauts dignitaires du Kirin Tor. Dans un rai d'énergie arcanique apparut un humain plutôt grand, vêtu d'une ample robe violette, et portant sur sa poitrine le Grand Oeil du Kirin Tor. Il était un peu plus jeune que Rhonin, et portait les cheveux mi-longs, ainsi qu'une barbe et une moustache bien entretenues. Tous trois le connaissaient de près ou de loin, mais au lieu de son calme habituel, son visage exprimait à présent la colère.
- Rhonin !
- Adepte Brisegivre, rétorqua Rhonin, ayant remarqué que le mage humain n'avait pas utilisé son titre, mais en faisant volontairement abstraction. Vous semblez tendu. Un problème ?
- Si j'ai un problème ? Répondit Djaël, sur un ton hésitant entre la fureur et l'ébahissement. Oh que oui, j'ai un problème, et un gros problème ; en fait, nous avons tous un problème. J'entends partout dire que, non content de laisser ces monstres agir sans bouger le petit doigt, vous allez aussi renier notre position au sein de l'Alliance et les accepter dans nos murs !
- J'imagine que vous faites référence à la Horde, intervint Aethas Sunreaver, avec un sourire mauvais. En retour, Brisegivre lui lança un regard des plus noirs.
- Exactement. Archimage Rhonin, s'il vous plaît, rassurez-moi.
- Adepte Brisegivre, vous devez comprendre que le sort de la magie même et du monde est en jeu, ici...
- Et vous comptez laisser le monde et Dalaran en merci à ces bêtes ?! Non content de les avoir vues corrompues par la Légion, vous voulez les laisser être corrompues par pire encore, et leur ouvrir nos portes ?! Vous parlez de la Horde ! Des Orcs que nous avons ici même, à Dalaran, examinés, soumis à des expériences pour vérifier l'ampleur de l'implication démoniaque dans les résultats de la Horde, que nous avons internés dans des camps, parqués comme des animaux ! Et ceux-là alliés à une race dégénérée qui s'est appliquée à détruire Strom, à une bande de morts-vivants assoiffés de vengeance vers on ne sait qui précisément, et si vous voulez mon avis, c'est sûrement envers tous les vivants. Sans compter cette bande d'elfes, nés d'une trahison, qui ne savent visiblement rien faire d'autre que ça ! Trahir !
Aethas Sunreaver s'empourpra à ses paroles, et s'apprêta à parler d'un ton aussi courroucé que l'expression de son visage, mais le chef du Kirin Tor lui fit signe de s'apaiser, et parla à sa place.
- Adepte Brisegivre, vous parlez à un Archimage, qui a accédé à ce poste pour une bonne raison. Parce que je peux comprendre votre réaction, vous pouvez vous excuser, et vous en tirer sans plus de blâme.
- M'excuser ? Rhonin, vous avez perdu l'esprit. Je me demande quand est-ce que vous l'avez perdu, ou si vous en avez un jour eu un. Non content de vous aussi trahir l'Alliance, vous fermez les yeux face à la moitié de la menace !
L'assistance resta ébahie quelques instants devant tant d'impertinence, et l'insulte directe faite au chef du Kirin Tor.
- Je ne sais pas comment vous avez pu accéder au poste qui est aujourd'hui le vôtre, mais par la Lumière, je sais qu'il sera non seulement votre perte, mais aussi la perte de Dalaran toute entière. Antonidas aurait pleuré de honte en vous voyant. Je ne veux pas prendre part à cette erreur. Je quitte le Kirin Tor.
Sur ces paroles, le mage humain retira de son petit doigt gauche la chevalière du Kirin Tor qu'il y portait, symbole de son appartenance et de son rang. La bague n'avait pas finie de rebondir sur le sol richement carrelé qu'il s'était déjà téléporté au bas de la Citadelle Violette.
Affichant toujours une expression courroucée, Djaël Brisegivre entreprit de traverser la ville, sans même songer à récupérer ses affaires, dont sa luxueuse garde-robe, et descendit les escaliers de la Citadelle afin de traverser la Place Runeweaver et atteindre la plate-forme de Krasus, où il prendrait un griffon qui l'emmènerait directement à l'avant-poste de l'Alliance le plus proche, dans la Toundra Boréenne. Il marchait d'un pas décidé, ignorant royalement tous ses ex-confrères du Kirin Tor, qui continuaient à vaquer tranquillement à leurs occupations, lui jetant parfois un regard étonné mais curieux plutôt qu'intéressé, et sans plus.
C'est alors que, tandis qu'il quittait la place Runeweaver par une petite ruelle, devant l'entrée de la plate-forme, il rencontra quelqu'un. Quelqu'un, qui, visiblement, l'attendait.
Le mage inclina la tête en guise de salut. Cela pouvait sembler peu, mais le geste était empli d'un profond respect. Sa colère disparut un peu, et il entreprit d'afficher une expression plus calme tant qu'il avait la tête inclinée, masquée à sa vue.
- Dame Windrunner.
- Maître Brisegivre, lança-t-elle en retour. Vous semblez décidé à aller quelque part. En voyage, peut-être ?
La Haute-Elfe était fine, et se mouvait avec une agilité et une grâce qui était peu communes jusque dans sa propre espèce. Sa voix était douce, et presque un murmure, mais malgré cela, on y sentait une détermination et une autorité certaines. Après tout, elle était une Windrunner. La dernière de cette famille au destin tragique...
- Je pars pour le Donjon de la Bravoure, madame.
- Le Donjon de la Bravoure... Seriez-vous donc en désaccord avec mon époux ?
Elle savait pertinnement ce qui s'était passé, le mage en était persuadé. Quant au comment, il ne se posa pas la question : ces Rangers Elfes avaient des capacités insoupçonnées, en particulier cette ranger-la.
- Votre époux a autorisé l'Archimage Sunreaver a accueillir la Horde dans son sanctuaire. Je ne sais pas ce qu'il a dans la tête, et j'avoue ne pas vouloir savoir. J'ai vu Dalaran détruite par la Légion Ardente ; je refuse d'assister à sa mise à sac par leurs anciens minions, pas une seconde fois. Je quitte le Kirin Tor. Non content de trahir l'Alliance avec sa... neutralité... Il accepte ces monstres et ces traîtres Sin'dorei dans nos murs. C'est bien trop pour moi, madame.
Vereesa afficha un air compatissant, et hocha doucement la tête, avant de s'avancer jusqu'à Djaël, de lui poser une main sur l'épaule, et de l'emmener avec elle, dans les rues de Dalaran. A l'opposé de la plate-forme.
- Maître Brisegivre, quelque part, nous sommes semblables, vous savez.
- Comment cela ?
- Mon peuple a trahi l'Alliance pour passer à l'ennemi, avant de trahir le Prince Kael'thas, qui a lui-même trahi le Kirin Tor en abandonnant Dalaran et le Conseil des Six. Toute notre histoire récente n'est que trahison... A l'image de l'histoire de votre propre peuple. Vous êtes Altérac, c'est bien cela ?
- Il est vrai, madame. C'est une époque sombre, et je n'aspire qu'à trouver le pardon et l'estime de mes frères pour cela.
- Votre père est mort sur les murs de la cité, pourtant.
- Quoi qu'on puisse en dire, je suis et je resterai fier de mon père. Il est mort pour tenter d'endiguer la folie de Thoras Trollbane. Non content de tuer la tête d'Altérac, il a massacré le corps. Ces civils n'avaient rien demandé, et étaient pour la plupart en désaccord avec le seigneur Pérénolde.
- Peut-être. En tout cas, nous sommes semblables. Tous deux, nous souffrons de la trahison, et du désir de racheter les erreurs de nos pairs.
- Où voulez-vous en venir, madame ?
- Maître Brisegivre, vous n'êtes pas assez impliqué dans les hautes sphères du Kirin Tor pour réfléchir de la bonne manière. J'avais prévu les décisions de Rhonin et la politique d'Aethas Sunreaver depuis bien longtemps.
Sur ces paroles, l'elfe et l'humain débouchèrent sur un grand bâtiment, qui était visiblement en travaux. Une grande rosace était en cours de remplacement, entre autres. Le nouveau vitrail représentait un lion.
- Voilà plusieurs mois que j'organise les Quel'dorei de Dalaran. Tout a été organisé. A présent que les Sunreaver ont leur faction, nous avons aussi la nôtre. Bienvenue dans l'Enclave Argentée.
Devant un tel spectacle, et à la vue des bannières violettes ornées de l'Oeil du Kirin Tor remplacées par des bannières de l'Alliance, le mage chercha ses mots quelques instants.
- Je... Un Kirin Tor fidèle à l'Alliance ?
- Le Concordat Argenté. Les Hauts-Elfes sont de retour dans l'Alliance. Et pour cela, vous allez m'être d'une aide précieuse, Maître Brisegivre.
- C'est-à-dire ?
- Le Concordat a besoin d'un ambassadeur humain. Au vu de l'histoire, l'Alliance écoutera plus facilement un des leurs qu'un des nôtres.
- Je suis Altérac. Ils ont autant de raisons de se méfier de moi que de vous.
- Vous êtes peut-être Altérac, mais ce n'est pas écrit sur votre visage.
Djaël pris quelques secondes pour réfléchir, le regard perdu dans le vague, avant qu'il ne soit reporté sur les ouvriers Hauts-Elfes en train d'aménager leur Enclave.
- C'est un début, mais il faut bien commencer par quelque chose. J'accepte votre offre, Dame Windrunner.
Derrière lui, la Haute-Elfe afficha un début de sourire satisfait.
Oui, Dalaran avait sué sang et eau pour conquérir la place qui était à présent nouvellement sienne, mais les nouvelles étaient bonnes : l'Expédition de la Bravoure et l'Expédition Warsong avaient toutes deux abordées les côtes de Northrend. Le Kirin Tor n'était plus seul dans son combat, et il lui suffirait d'attendre, à présent.
Hélas, songea Rhonin, l'attente ne règle jamais tous les problèmes.
- Ecoutez, Rhonin, je sais bien que le Kirin Tor a jusque là fait partie de l'Alliance, mais songez tout de même que nous nous sommes isolés de ses membres derrière un infranchissable bouclier magique pendant plusieurs années. Je suis bien placé pour le savoir, j'ai aidé à l'ériger.
- C'est vrai, Aethas.
- Je suis en communication permanente avec Lune-d'Argent depuis quelques temps, à présent, vous le savez. Mon peuple, les sin'dorei, a beaucoup souffert... mais à présent, nous avons trouvé une nouvelle place dans ce monde. Je sais que vous n'envisagez pas d'hostilité envers la Horde, et j'en suis heureux...
- L'idée serait stupide. Nous sommes déjà entourés d'ennemis, inutile donc de s'en créer un nouveau. Introduire le loup dans la bergerie...
- Justement ! Archimage, mon peuple fait maintenant partie intégrante de cette Horde. Que vous acceptiez en nos murs les membres d'une Alliance qui a, après tout, abandonné Dalaran à son sort, et tenté d'attenter à la vie du prince Kael'thas... Nous savons tous les conséquentes que cela a eu... et non les membres d'une Horde qui n'a pu faire de mal à cette cité que sous l'influence de démons dont elle s'est aujourd'hui libérée serait une insulte aux sin'dorei du Kirin Tor.
- En somme, vous proposez de pousser la neutralité.
- En quelque sorte. Croyez-vous que la Horde sera très encline à participer à nos opérations contre le Vol Bleu si vous ne laissez même pas ses membres pénétrer votre cité ? Dédions-leur une enclave, ici, à Dalaran. Un quartier où ils puissent se sentir chez eux, et bienvenus.
Rhonin hésita quelques instants, et paru pour la forme plongé dans ses pensées, mais en vérité, Aethas avait raison. Sa position étant ce qu'elle était, il n'avait tout simplement aucune autre alternative.
- D'accord. Créez votre enclave pour la Horde.
Aethas Sunreaver voulut incliner la tête en signe de remerciement, mais il n'en eut pas l'occasion : un cercle d'énergie apparut sur le sol, se dessinant en runes complexes et tournoyantes, signe d'une téléportation, qui accapara l'attention des trois hauts dignitaires du Kirin Tor. Dans un rai d'énergie arcanique apparut un humain plutôt grand, vêtu d'une ample robe violette, et portant sur sa poitrine le Grand Oeil du Kirin Tor. Il était un peu plus jeune que Rhonin, et portait les cheveux mi-longs, ainsi qu'une barbe et une moustache bien entretenues. Tous trois le connaissaient de près ou de loin, mais au lieu de son calme habituel, son visage exprimait à présent la colère.
- Rhonin !
- Adepte Brisegivre, rétorqua Rhonin, ayant remarqué que le mage humain n'avait pas utilisé son titre, mais en faisant volontairement abstraction. Vous semblez tendu. Un problème ?
- Si j'ai un problème ? Répondit Djaël, sur un ton hésitant entre la fureur et l'ébahissement. Oh que oui, j'ai un problème, et un gros problème ; en fait, nous avons tous un problème. J'entends partout dire que, non content de laisser ces monstres agir sans bouger le petit doigt, vous allez aussi renier notre position au sein de l'Alliance et les accepter dans nos murs !
- J'imagine que vous faites référence à la Horde, intervint Aethas Sunreaver, avec un sourire mauvais. En retour, Brisegivre lui lança un regard des plus noirs.
- Exactement. Archimage Rhonin, s'il vous plaît, rassurez-moi.
- Adepte Brisegivre, vous devez comprendre que le sort de la magie même et du monde est en jeu, ici...
- Et vous comptez laisser le monde et Dalaran en merci à ces bêtes ?! Non content de les avoir vues corrompues par la Légion, vous voulez les laisser être corrompues par pire encore, et leur ouvrir nos portes ?! Vous parlez de la Horde ! Des Orcs que nous avons ici même, à Dalaran, examinés, soumis à des expériences pour vérifier l'ampleur de l'implication démoniaque dans les résultats de la Horde, que nous avons internés dans des camps, parqués comme des animaux ! Et ceux-là alliés à une race dégénérée qui s'est appliquée à détruire Strom, à une bande de morts-vivants assoiffés de vengeance vers on ne sait qui précisément, et si vous voulez mon avis, c'est sûrement envers tous les vivants. Sans compter cette bande d'elfes, nés d'une trahison, qui ne savent visiblement rien faire d'autre que ça ! Trahir !
Aethas Sunreaver s'empourpra à ses paroles, et s'apprêta à parler d'un ton aussi courroucé que l'expression de son visage, mais le chef du Kirin Tor lui fit signe de s'apaiser, et parla à sa place.
- Adepte Brisegivre, vous parlez à un Archimage, qui a accédé à ce poste pour une bonne raison. Parce que je peux comprendre votre réaction, vous pouvez vous excuser, et vous en tirer sans plus de blâme.
- M'excuser ? Rhonin, vous avez perdu l'esprit. Je me demande quand est-ce que vous l'avez perdu, ou si vous en avez un jour eu un. Non content de vous aussi trahir l'Alliance, vous fermez les yeux face à la moitié de la menace !
L'assistance resta ébahie quelques instants devant tant d'impertinence, et l'insulte directe faite au chef du Kirin Tor.
- Je ne sais pas comment vous avez pu accéder au poste qui est aujourd'hui le vôtre, mais par la Lumière, je sais qu'il sera non seulement votre perte, mais aussi la perte de Dalaran toute entière. Antonidas aurait pleuré de honte en vous voyant. Je ne veux pas prendre part à cette erreur. Je quitte le Kirin Tor.
Sur ces paroles, le mage humain retira de son petit doigt gauche la chevalière du Kirin Tor qu'il y portait, symbole de son appartenance et de son rang. La bague n'avait pas finie de rebondir sur le sol richement carrelé qu'il s'était déjà téléporté au bas de la Citadelle Violette.
Affichant toujours une expression courroucée, Djaël Brisegivre entreprit de traverser la ville, sans même songer à récupérer ses affaires, dont sa luxueuse garde-robe, et descendit les escaliers de la Citadelle afin de traverser la Place Runeweaver et atteindre la plate-forme de Krasus, où il prendrait un griffon qui l'emmènerait directement à l'avant-poste de l'Alliance le plus proche, dans la Toundra Boréenne. Il marchait d'un pas décidé, ignorant royalement tous ses ex-confrères du Kirin Tor, qui continuaient à vaquer tranquillement à leurs occupations, lui jetant parfois un regard étonné mais curieux plutôt qu'intéressé, et sans plus.
C'est alors que, tandis qu'il quittait la place Runeweaver par une petite ruelle, devant l'entrée de la plate-forme, il rencontra quelqu'un. Quelqu'un, qui, visiblement, l'attendait.
Le mage inclina la tête en guise de salut. Cela pouvait sembler peu, mais le geste était empli d'un profond respect. Sa colère disparut un peu, et il entreprit d'afficher une expression plus calme tant qu'il avait la tête inclinée, masquée à sa vue.
- Dame Windrunner.
- Maître Brisegivre, lança-t-elle en retour. Vous semblez décidé à aller quelque part. En voyage, peut-être ?
La Haute-Elfe était fine, et se mouvait avec une agilité et une grâce qui était peu communes jusque dans sa propre espèce. Sa voix était douce, et presque un murmure, mais malgré cela, on y sentait une détermination et une autorité certaines. Après tout, elle était une Windrunner. La dernière de cette famille au destin tragique...
- Je pars pour le Donjon de la Bravoure, madame.
- Le Donjon de la Bravoure... Seriez-vous donc en désaccord avec mon époux ?
Elle savait pertinnement ce qui s'était passé, le mage en était persuadé. Quant au comment, il ne se posa pas la question : ces Rangers Elfes avaient des capacités insoupçonnées, en particulier cette ranger-la.
- Votre époux a autorisé l'Archimage Sunreaver a accueillir la Horde dans son sanctuaire. Je ne sais pas ce qu'il a dans la tête, et j'avoue ne pas vouloir savoir. J'ai vu Dalaran détruite par la Légion Ardente ; je refuse d'assister à sa mise à sac par leurs anciens minions, pas une seconde fois. Je quitte le Kirin Tor. Non content de trahir l'Alliance avec sa... neutralité... Il accepte ces monstres et ces traîtres Sin'dorei dans nos murs. C'est bien trop pour moi, madame.
Vereesa afficha un air compatissant, et hocha doucement la tête, avant de s'avancer jusqu'à Djaël, de lui poser une main sur l'épaule, et de l'emmener avec elle, dans les rues de Dalaran. A l'opposé de la plate-forme.
- Maître Brisegivre, quelque part, nous sommes semblables, vous savez.
- Comment cela ?
- Mon peuple a trahi l'Alliance pour passer à l'ennemi, avant de trahir le Prince Kael'thas, qui a lui-même trahi le Kirin Tor en abandonnant Dalaran et le Conseil des Six. Toute notre histoire récente n'est que trahison... A l'image de l'histoire de votre propre peuple. Vous êtes Altérac, c'est bien cela ?
- Il est vrai, madame. C'est une époque sombre, et je n'aspire qu'à trouver le pardon et l'estime de mes frères pour cela.
- Votre père est mort sur les murs de la cité, pourtant.
- Quoi qu'on puisse en dire, je suis et je resterai fier de mon père. Il est mort pour tenter d'endiguer la folie de Thoras Trollbane. Non content de tuer la tête d'Altérac, il a massacré le corps. Ces civils n'avaient rien demandé, et étaient pour la plupart en désaccord avec le seigneur Pérénolde.
- Peut-être. En tout cas, nous sommes semblables. Tous deux, nous souffrons de la trahison, et du désir de racheter les erreurs de nos pairs.
- Où voulez-vous en venir, madame ?
- Maître Brisegivre, vous n'êtes pas assez impliqué dans les hautes sphères du Kirin Tor pour réfléchir de la bonne manière. J'avais prévu les décisions de Rhonin et la politique d'Aethas Sunreaver depuis bien longtemps.
Sur ces paroles, l'elfe et l'humain débouchèrent sur un grand bâtiment, qui était visiblement en travaux. Une grande rosace était en cours de remplacement, entre autres. Le nouveau vitrail représentait un lion.
- Voilà plusieurs mois que j'organise les Quel'dorei de Dalaran. Tout a été organisé. A présent que les Sunreaver ont leur faction, nous avons aussi la nôtre. Bienvenue dans l'Enclave Argentée.
Devant un tel spectacle, et à la vue des bannières violettes ornées de l'Oeil du Kirin Tor remplacées par des bannières de l'Alliance, le mage chercha ses mots quelques instants.
- Je... Un Kirin Tor fidèle à l'Alliance ?
- Le Concordat Argenté. Les Hauts-Elfes sont de retour dans l'Alliance. Et pour cela, vous allez m'être d'une aide précieuse, Maître Brisegivre.
- C'est-à-dire ?
- Le Concordat a besoin d'un ambassadeur humain. Au vu de l'histoire, l'Alliance écoutera plus facilement un des leurs qu'un des nôtres.
- Je suis Altérac. Ils ont autant de raisons de se méfier de moi que de vous.
- Vous êtes peut-être Altérac, mais ce n'est pas écrit sur votre visage.
Djaël pris quelques secondes pour réfléchir, le regard perdu dans le vague, avant qu'il ne soit reporté sur les ouvriers Hauts-Elfes en train d'aménager leur Enclave.
- C'est un début, mais il faut bien commencer par quelque chose. J'accepte votre offre, Dame Windrunner.
Derrière lui, la Haute-Elfe afficha un début de sourire satisfait.
Aerelan Theredras
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