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Si le Chaos règne...

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Message  La Dame Dim 03 Juil 2011, 20:10

Lorsque la silhouette tordue apparut soudainement à ses côtés, la Dame ne daigna pas sursauter, se contentant de tendre une main impatiente vers elle. L'être y déposa un objet qui ressemblait fort à un fragment d'âme.
- Carmines, murmura le serviteur, s'accroupissant en retrait dans la salle sombre. Peu d'ennuis et pas de témoins.
- Parfait, répondit la Dame, examinant le fragment à la lueur faible d'une bougie vacillante. Il n'est pas endommagé et donc utilisable. Nous avançons.
Elle se tourna vers l'être vêtu de cuir noir, accroupi, et baissa les yeux vers lui, un sourire affecté aux lèvres.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire.
- Oui, maîtresse.
L'être s'inclina et se releva, révélant brièvement des formes féminines, avant de se fondre dans l'ombre.


L'arrivée de cet artefact en Hurlevent ne passera pas inaperçue. Son emplacement précis est masqué, entraînant des vagues d'énergies chaotiques sur la ville sans qu'elles paraîssent avoir une origine. Ces flux magiques perturbés feront frissonner les manieurs d'Ombre et heurteront les lumineux ; assurément cela n'augure rien de bon.
Ensuite, on se rendre compte de quelques anomalies au cimetière de Hurlevent ; de la terre fraîchement retournée et tassée dans un effort de dissimulation et des pierres tombales légèrement déplacées. Des tombes auront été vidées dans le dos des Gardes, au plus profond de la nuit, les plus éloignées des sources de lumière, les plus distantes, et donc les plus dures à surveiller. Ce ne sont pas de réelles personnalités ou même des héros, mais des cadavres ont bel et bien été emportés.
Vous remarquerez également que quelques citoyens tout à fait normaux auront disparu, le soir, dans des ruelles étroites, sans que la lumière du jour y apporte une piste lors des enquêtes.
Vous n'avez absolument aucun indice, si ce n'est quelques noms étranges, murmurés : la Dame, Discorde. Ou encore l’Éveil.

Votre instinct, si jamais vous l'écoutez, vous le dira : ce n'est que le commencement.


Dernière édition par La Dame le Jeu 01 Sep 2011, 20:13, édité 3 fois
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Si le Chaos règne... Empty Re: Si le Chaos règne...

Message  La Dame Lun 04 Juil 2011, 21:08

- Tu sais ce qu'il te reste à faire.
La Dame, cette garce, était penchée sur elle, un sourire factice aux lèvres, irradiant d'auto-satisfaction.
Bien malgré elle, Discorde se courba devant elle et se releva, prenant soin de laisser ses formes ravagées se révéler. Elle savait que cela l'irritait, cette manière de lui rappeler que malgré tout, elle restait elle-même, elle restait humaine, elle restait de son sang.
Le regard haineux de sa maîtresse la ravit au plus haut point, et tout en échappant à son courroux en se faufilant dans les ombres, elle laisse éclater un rire ignoble. Un croassement éraillé, dissonant, qui agressait l'oreille de son carillonnement brisé et discordant. Un rire qui trahissait un passé de tortures et certainement quelques désordres mentaux qui pousseraient n'importe quel psychologue au suicide.
Discorde avait conscience que le passé révolu ne reviendrait pas et qu'elle-même resterait ainsi - silhouette tourmentée, voûtée, dégingandée - pour longtemps, peut-être même l'éternité si le Plan marchait.
La garce avait eu le dessus lorsqu'elle l'avait Asservie. Une simple question de magie. Mais sous cette forme, malgré tous les désagréments qu'elle offrait - et ils étaient nombreux - elle était maîtresse de ses pouvoirs. Totalement.
Mais depuis peu, on avait perturbé ses pensées, ce qui l'emplissait d'une rage froide. La petite Maerith et son épée maudite avaient jeté en elle cette horrible.... compassion.... qui l'empêchait de se concentrer sur sa tâche. Elle se jura que ce méprisable débris roux et la non moins méprisable garce seraient écrasés. Elle y veillerait.
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Message  La Dame Mar 05 Juil 2011, 10:27

Elle lui avait jeté un dernier regard et murmuré une ultime parole.
- Ne me déçoit pas.
Puis elle s'était détournée et éloignée alors qu'il s'inclinait.
Il savait que certains serviteurs de la Dame cherchaient des moyens de briser l'asservissement ; sa mission était de les trouver et de les punir. La Dame ne devait pas être menacée et encore moins par ses propres serviteurs, il devait donc assurer ses arrières, lui, le seul incorruptible, le seul qui resterait volontairement rallié à sa cause.
Hiver savait pourtant qu'elle ne l'avait pas sauvé, qu'il était bel et bien une de ces bêtes qui avaient envahi son royaume d'exil, autrefois. Il savait aussi que la Dame avait laissé mourir sa famille, qu'il essayait de défendre lorsqu'il s'était fait mordre.
Au fond, peu importait. Même l'envie de vengeance qui le prenait, parfois, quand il glissait ses ronces dans les cadavres putréfiés à la provenance louche, cette envie d'éradiquer la famille qui avait poussé les siens en exil, cédait devant les ténèbres et le Chaos.
Oui, Hiver l'avait connu, l’Éveil. Ça avait été contraire à tout ce qu'il chérissait. Avait chéri, plutôt.
Même cela importait peu. Seul comptait de servir la volonté glaciale de la Dame, puis de disparaître, enfin. C'était tout ce à quoi il aspirait, et la partie de son esprit torturé qui était restée sienne ne se l'expliquait pas.

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Message  La Dame Ven 08 Juil 2011, 09:09

Pour la deuxième fois d'affilée, Écho cracha à terre. Tout la dégoûtait. Que ce soit dû à son esprit scindé ou à la Compagnie Dune qui vivait dans sa mémoire.
Être Asservie la révulsait. La Dame avait osé violer l'intégrité de son esprit afin d'y imposer sa volonté, comme si elle n'était qu'un pantin. Savoir qu'elle était Asservie était pire que tout. Elle servait le Chaos, elle tuait sans distinction, elle enlevait parfois, des gens qu'on ne revoyait jamais. L'héritage de la Dune était loin.
Elle ne pouvait rien faire pour y échapper. Elle n'était pas magicienne - elle refusait d'utiliser ses pouvoirs d'Asservie - et Hiver veillait. Elle aurait dû crever là-bas, sur le sable doré de Tanaris, avec le reste de la Compagnie.
Pour échapper vainement à sa rage, elle observa la place. Les badauds qui y stationnaient inutilement la dégoûtaient tout autant que ceux qui avaient une vie tranquille, une vie ... normale. La sienne n'aurait plus jamais l'occasion de l'être. Du fond de sa haine d'elle-même, elle le savait ; elle était un cas désespéré. L’Asservissement n'avait pas été achevé correctement : si il était délié elle se changerait en légume non-pensant, incapable de tenir le coup avec une moitié d'âme brisée.
Non, elle était condamnée, et même la mort lui était refusée. Seules restaient la souffrance et la volonté de la Dame. Et les souvenirs d'un temps meilleur, sur les sables chauds du désert.
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Message  La Dame Mar 12 Juil 2011, 10:05

La Dame agita la main, comme pour la congédier.
- Tu porteras ma parole, émissaire. Tu Éveilleras s'il le faut. Maintenant, va.
Désespoir fit une révérence, raidie par sa récente résurrection, et quitta la grande salle. Ses yeux sans vie, bleus comme le cœur des glaciers éternels cillaient, cherchant à effacer l'image rémanente du pouvoir absolu de la Dame dans son âme. Ou ce qu'il en restait après son Éveil. L'esprit qu'elle avait autrefois volé à cette elfe guerrière avait fui le navire quand elle s'était penchée sur elle, telle un rat. Mais elle, Désespoir, n'avait pas pas cédé à la lâcheté. La récompense avait été assurément à la hauteur. Et elle ne regrettait rien.
Avant, lors de sa seconde vie, le pouvoir absolu et ce qu'il en découlait, le Chaos, l'avait attirée irrésistiblement. Et maintenant, deux fois relevée il était à elle. Elle comptait bien honorer ce présent en servant avec le plus grand zèle sa Dame. Pour le meilleur et pour le pire. Ha.
En songeant à chacun des Asservis qu'elle avait pu croiser depuis l’Éveil, Désespoir songeait à la chance qu'ils avaient de faire partie d'un système grandiose qui œuvrait à une destinée encore plus haute. Et ne put s'empêcher de maudire intérieurement les autres. Les indécis, les ignorants, et pire encore les ennemis du plan. Il fallait convertir ce monde à l'image du rêve de la maîtresse.

Désespoir comptait bien y arriver, afin de pouvoir grimper dans la hiérarchie et supplanter Discorde. Son monde se mirait en une sordide partie de cartes où elle entendait bien écraser ses adversaires par la puissance de son jeu. Les autres comprendraient bien le sens de son nom ainsi.
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Message  La Dame Mar 12 Juil 2011, 18:39

Tourment errait, de bas quartiers en ruelles de la haute société, en passant par les districts magiques de Hurlevent. Rek'Til, sa monture tout droit sortie d'un cauchemar, renâcla produisant des étincelles suivies de flammèches à l'éclat sinistre. Ces fragments de lumière de feu tordue se reflétaient sur sa tenue, faite de lourd tissu bleu et noir et de renforts d'argent. Un masque fait de brume outremer et de métal scellait son visage. Visage qui, s'il avait été vu, aurait terrifié les passants ignorants tant il était semblable avec celui de feu son jumeau. Visage que seules la Dame et Discorde avaient pu voir, dans toute sa beauté douloureuse et angoissée. La Dame avait été le marteau qui l'avait façonné, renforcé ses dons et dévoilé au monde encore innocent et candide le Champion. Il aimait assez cette nouvelle voie qu'il empruntait de force, apportant son lot de tueries et de sang à faire couler de son épée. Grayswandir, sa seule amie. Qui servait, elle aussi, le plan, et y trouvait son compte. Être la main l'emplissait d'une secrète fierté, qu'il ne se serait jamais risqué à avouer devant Discorde ou même Hiver. Tous les jours, du lever du jour jusqu'à sa chute dans l'océan, il accomplissait sa tâche. Mais quand venait la nuit... Tourment ne savait pas ce qui se produisait en lui lorsqu'il prenait du repos. Mais c'était assurément dû à l'autre, caché dans les replis de sa tête. Et ...

Enchaîné au plus profond de l'esprit scindé de Tourment, il se dissimule. Tous les jours depuis l’Éveil, il hurle pour que cesse le cauchemar. Il a vu déjà trop de sang luire, trop d'innocents mourir sans qu'il ne puisse influer sur leurs destins. Il est maudit et il le sait. Mais quand vient la nuit... Il peut évincer Tourment, pour quelques heures. Et n'ose pas se déplacer. alors, il reste là, étendu, juste à se sentir vivre. Ça n'a pas de prix pour lui, c'est son trésor. Et il peut faire ce qu'il ne peut faire le jour.
Il pleure.
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Message  La Dame Mar 12 Juil 2011, 21:21

Vestiges.

L'enfant s'approche. L'endroit sent la pourriture, une odeur violente, infecte, qui prend à la gorge, une odeur de cadavre oublié, décomposé. La petite fait quelques pas, intimidée, intriguée par cette odeur qui devrait la révulser et qui pourtant lui paraît accueillante. Elle lui semble délicieuse. Elle sait que ce n'est pas normal...

La Dame pose la main sur le cadavre et la même odeur que celle qui hante encore ses souvenirs s'en dégage. Elle n'y accorde aucune attention ; sa concentration éclipse tout autre pensées que celles liées au rituel en train de s'accomplir. Le cadavre est en mauvais état et en décomposition avancée. C'était un des déterrés ramenés par Discorde. Peu importait, au final. Elle lève l'autre main...

... mais n'éprouve aucune peur. L'enfant continue d'approcher, silencieuse comme le serait un fantôme. Ses pas ne résonnent pas sur le sol. Ses cheveux violets lui retombent continuellement sur le visage, si bien qu'agacée, elle sort le petit couteau qu'elle a décidé de toujours avoir sur elle et les coupe. Elle sent que ce qu'elle va vivre est important, et ...

... et trace une rune de sang qui reste figée dans l'air, flottant devant elle, tournoyant sur elle-même. Elle énonce le nom de l'âme faible qui a fait se mouvoir cette loque de chair desséchée et trace de nouvelles runes, sur ce qui reste de peau parcheminée sur le corps. Elle enfonce du bout du doigt un os saillant qui menace de la gêner, et le rituel...

...et s'arrête au bord d'un trou mal creusé, dont les bords sont hérissés de racines noires. L'odeur est bien plus forte, elle agresse ceux qui la respirent : C'est une fosse commune, ouverte sur des cadavres semi décomposés, entremêlés d'os blanchis et mal enterrés. Fascinée, échevelée, la petite se penche. Sur l'amoncellement de morts, il y a deux corps encore chauds...

...se poursuit. L'âme infortunée est rappelée à son enveloppe charnelle putréfiée et la puanteur répand ses miasmes. Le cadavre ouvre brusquement les yeux, et crache un geyser de sang pourri. Puis il retombe, ses organes déchirés bosselant ses restes de peau.

... C'est un couple. De là où elle est, elle peut voir qu'ils se sont suicidés, l'un donnant la mort à l'autre avant de sombrer dans l'oubli dans ses bras. L'enfant boit la scène de ses yeux avides, charmés. Puis elle se rend compte qu'ils ont les yeux ouverts et qu'ils la regardent.

Le rituel est un échec.
Elle hurle.


Dernière édition par La Dame le Jeu 07 Juin 2012, 20:56, édité 1 fois
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Message  La Dame Mar 12 Juil 2011, 22:26

( Petit up HRP

Fin de la présentation rapide de la Dame et de ses Asservis ; certes il y a des chance pour que nous n'entrions pas en scène dans l'immédiat, mais ces quelques posts vous mettront dans l'ambiance Razz Il y aura une suite, d'ailleurs, pour amener la partie rp véritable.
Ensuite, si vous voulez jouer un grand méchant, je vous invite à me contacter ( par MP ou IG, pseudo Miryal ) pour organiser les futurs events, toute seule c'est pas marrant ! cheers Même les gentils d'ailleurs, pour prévoir quelques petites bastonnades <3
Enfin, seule j'arriverais certainement à rien de bien probant donc tout dépend de vous !
Les rangs du Chaos sont toujours ouverts ! Cool )
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Message  La Dame Ven 22 Juil 2011, 21:35

Hurlevent.

Le vieil homme avait la soixantaine bien entamée. Une barbe de plusieurs jours -voire semaines- mangeait son visage, lui donnant un air sauvage accentué par ses traits usés. Il marchait d'un pas vif et assuré pour quelqu'un de son âge, remontant ses haillons sur son corps maigre au rythme de sa marche, maugréant sur l'incompétence du roi en général et son propre manque de richesses en particulier. Depuis que ces chiens d'orcs avaient brûlé sa ferme aux Carmines, il n'avait connu qu'une longue chute vers la misère, de la Marche de l'Ouest surpeuplée aux quartiers pauvres de Hurlevent où il avait en vain cherché un emploi. Son unique but, il le reconnaissait volontiers et en était même fier, était de survivre le plus longtemps possible, par n'importe quel moyen. Même sale, l'argent restait de l'argent à ses yeux.
Il savais que personne ne l'aiderait, qu'il devrait batailler ferme pour s'en sortir, en ne comptant que sur lui-même. Il se savait peu doué pour les métiers du bâtiment, il n'était pas assez discret pour être assassin ou trafiquant et il n'avait rien à vendre.
Il fit soudainement un bond en arrière, laissant échapper une exclamation apeurée, tiré de ses pensées par une forme sombre qui se tenait à ses côtés. L'homme avisa des crocs luisant, des yeux lumineux, toutes les caractéristiques physiques d'un loup. Sauf qu'un loup, même worgen, même sauvage, ne possédait pas autant de folie dans le regard.
- Sale bête, marmotta-t-il en s'écartant du worgen avec prudence.
Le loup humanoïde émit un gloussement rauque.
- Je ne vais pas vous mordre, l'ami.
Le sexagénaire entendait la promesse d'un sort bien pire dans cette voix.
- Nous avons besoin de vos services.
- Nous ? s'enquit-il en regardant derrière l'épaule du worgen avec suspicion. Vous êtes plusieurs ?
- Nous vous proposons un travail honnête, continua le loup au vieillard qui le lorgnait par en-dessous.
- Vous êtes qui ? Ou quoi ?
- C'est payé.
Le sexagénaire regarda autour de lui d'un air perdu puis fixa son interlocuteur un long moment.
- C'est quoi comme boulot ?
Il crut voir le worgen sourire, ce qui l'angoissa encore plus. Mais l'appel de l'argent était fort.
- Vous avez remarqué qu'il y a une forte criminalité dans cette ville. Et donc des morts presque chaque jour. Sans compter les loqueteux qui viennent encombrer les rues de leurs cadavres.
- Mais c'est le boulot d'la Garde de se débarrasser des morts.
- Se débarrasser des morts, quel gâchis.... murmura le worgen avant de reprendre, plus fort : Les Gardes n'ont pas que cela à faire. Nous leur rendrons ainsi service.
Le vieil homme le regardait toujours avec méfiance.
- Vous allez faire quoi avec ces morts ?
- Leur offrir une sépulture décente, bien entendu.
Là encore, l'homme entendait tout le contraire dans sa voix. Mais l'argent était l'argent.
- Donc j'vous amène ces corps et vous m'payez ? C'est tout ?
- Cela devra être discret. Promener des morts, même pour aider à notre noble tâche, pourrait vous attirer des ennuis. On pourrait croire que vous faites du trafic de cadavres.
Le loup gloussa à nouveau. L'homme n'avait qu'une envie, fuir. Mais le worgen n'avait pas terminé.
- Vous amènerez les cadavres au pied de la Vieille Caserne, dans les ruines du Parc. N'ayez pas peur de l'aspect de celle qui les récupèrera, c'est elle aussi qui vous paiera.
Le sexagénaire ne put qu'acquiescer, alors qu'une petite voix en lui lui murmurait qu'il n'avait pourtant rien accepté. Un regard du worgen la fit taire, comme une bougie qu'un souffle éteint.
- Nous comptons sur vous.
Il s'éloignait lorsque le vieil homme le rappela.
- Mais qui êtes-vous ?
Le worgen se tourna à demi, et révéla ses crocs.
- Je suis... l'Hiver.










Dernière édition par La Dame le Mar 26 Juil 2011, 10:12, édité 1 fois
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Message  La Dame Mar 26 Juil 2011, 10:12

Bois de la Pénombre.

La nuit est fraîche sur le Bois. Le vent siffle entre les branches et les frondaisons masquent la lune qui tend à prendre, ces temps-ci, un aspect glauque. Une nuée de corbeaux criards s'échappe des toits de Sombre-Comté, brisant le silence nocturne, comme un sinistre défi lancé aux âmes errantes de morts sans repos. La nuit forme le contrepoint parfait à la douceur du jour, et même dans l'obscurité du Bois cela est visible. Les pièges de la forêt se parent d'une profondeur effrayante, ils se rehaussent d'ombres mouvantes, se complexifient sous l'augure d'une pleine lune et sous le poids des peurs enfouies au plus profond des cœurs braves.
Une route sinue entre les arbres, une sombre sente pavée qui troue l'intégrité des bois en sommeil, comme une ligne droite proprement tracée au milieu d'un monde mouvant, désordonné et chaotique, fait d'énergies tordues. Ce chemin est balisé de lumières, seul réconfort des égarés, mais ces lueurs pâles finissent par s'espacer et disparaître : le chemin devient une passe dans les montagnes. Là où s'arrêtent la lumière et la chaleur des hommes commence l'empire des ombres. Là où les arbres laissent la place à des aiguilles de roche acérées, où les corbeaux sont remplacés par les vautours, les pièges deviennent invisibles et la route dallée se change se change en une simple piste.
La vie n'a pas sa place en ces lieux maudits, mais même la lune glauque ne peut cacher l'aura maléfique grandissante d'un simple layon dans la pierre. Au Nord-Est de la mythique tour du sorcier humain Medivh, ce layon rejoint le lieu d'où émane cette nimbe de malveillance.
Construite depuis des années sous une chape insaisissable, la Tour Noire se dresse, comme un écho des tourments livrés à la terre par Karazhan. Toutefois plus petite qu'elle, cette nouvelle tour partage son architecture. Son aura se répand sur les deux zones, chaotique et violente, symbole d'une magie débridée.
Des silhouettes volantes quittent de temps à autre le sombre bâtiment et reviennent alourdies ; on devine aisément qu'il s'agit de quoi vivre en ce lieu désolé.

Ainsi, par une nuit comme les autres, la Tour Noire est apparue sur votre horizon, comme de sombres nuages annonçant la tempête proche.
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Message  La Dame Mer 27 Juil 2011, 20:59

Bois de la Pénombre, durant la nuit qui suivit celle de l'apparition de la Tour Noire.

Des ombres bougent. Des silhouettes sombres se profilent dans la profondeur de l'obscurité du sous-bois. Certaines de ces silhouettes se révèlent parfois à la lumière des lampions qui jalonnent la route de Sombre-Comté, offrant aux yeux des Veilleurs de garde l'éclat de la blancheur des os. Ce sont des morts errants : tous semblent venir et fuir un même lieu, à l'extrême Sud-Est du Bois, osant même traverser Sombre-Comté. Ils seront vite décimés par les Veilleurs auquel ils n'opposeront aucune résistance, obnubilés par leur fuite insensée.

Au matin, le corps d'un Veilleur pourra être retrouvé sur la route qui mène au Cimetière des Jardins Paisibles, les os disloqués par d'énormes ronces noires, acérées et puissantes. Ces mêmes ronces, toutefois bien plus imposantes, qui renforcent le portail des Jardins, enroulées autour du fer forgé couvert de rouille.
Au-delà, on peut apercevoir la chapelle délabrée, noyée de ténèbres, sinistre et silencieuse ; un étendard y est placé, l'obscurité masquant son symbole et ses couleurs.
Les morts-vivants ont été chassés d'entre les tombes et remplacés par d'autres, d'affreux assemblages de chair et de plantes barbelées ; parmi eux, une forme sombre qui reste immobile.

Le Cimetière des Jardins Paisibles a été pris et cela a certainement un lien avec la Tour Noire : l'accès aux Jardins est fermé.


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Message  La Dame Ven 29 Juil 2011, 11:54

Le crépuscule descend sur le Bois de la Pénombre, promettant l'arrivée de la nuit comme la Tour les problèmes.
Le soleil rasant illumine les cimes des arbres, laissant la forêt noyée d'obscurité, comme toujours. Dans cette obscurité, des ombres mouvantes se découpent sur la profondeur bleutée des sous-bois, comme des âmes en peine recherchant la délivrance. De temps à autre, ses ombres disparaissent, rejoignant les ténèbres de la forêt, avant de redevenir visibles à la moindre variation de luminosité. Ces ombres en mouvement se dirigent toutes vers le Nord de la ville... Que sont-elles ? Que font-elles ? Elles évitent soigneusement Sombre-Comté, et certaines déclencheront même des pièges, déchirant la nuit tombante de leurs cris de souffrance sépulcraux, preuve de leur réalité physique.
A leur tête, une forme voûtée, tordue, qui les guide toujours plus loin entre les arbres, jusqu'à les arrêter dans une clairière comme les autres, au cœur du Bosquet de Clairbois. Elles se déploient en silence, puis refluent et regagnent leurs sœurs naturelles sous les arbres, masquant le lieu, révélant à leurs places de nombreuses goules mêlées de machines et du matériel visiblement destiné à monter un camp, qui est rapidement monté.
La silhouette voûtée, elle, s'avance dans la forêt, pareille aux ombres, jusqu'à entendre un grognement. Le grognement d'un loup. Elle se retourne et attrape le worgen sauvage d'un geste précis par la peau du cou...


Le Bosquet de Clairbois a été pris, et les troupes qui s'y sont basées bloqueront les convois, les déviant avec l'aide des ombres, ou les massacrant, quelque soit le prix en serviteurs...
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Si le Chaos règne... Empty Re: Si le Chaos règne...

Message  Océan Lewys Sam 30 Juil 2011, 12:48

Le jour se lève une nouvelle fois sur le bois de la Pénombre, enfin, encore aurait-il fallu pouvoir distinguer le jour de la nuit dans cet endroit lugubre ...
Les Veilleurs se préparent, s'arnachent dans leurs armures les plus lourdes, polissent leurs lames, récitent quelques prières pour d'autres, une aura de dévotion semble les porter, Drokan Fortepoigne leur répète régulièrement quelques encouragement pour maintenir leur fureur de vaincre "La Lumière est avec nous mes frères, elle guidera votre lame et affaiblira les impies, rien ne nous arrêtera, pas même ces hérétiques quels qu'ils soient." Il n'en était pas si sûr, mais ce n'est pas en assommant les troupes à coups de vérité que l'on gagne une guerre, le vétéran ne le savait que trop bien, des hommes persuadés de gagner envoyés dans la pire embuscade pouvaient parfois donner des résultats inespérés, nous verrons si c'est le cas ce soir ..


(Eh bien, les gentils rentrent en action. Smile )
Océan Lewys
Océan Lewys


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Si le Chaos règne... Empty Re: Si le Chaos règne...

Message  La Dame Jeu 04 Aoû 2011, 10:07

La bataille pour le Bosquet de Clairbois fut rude, aussi bien pour l'Empire que pour les Veilleurs. Les bois ont été purgés de tous les non-morts et ombres mouvantes qui s'y trouvaient, et leur maîtresse, Discorde, grièvement blessée, fut rapatriée par un portail arcanique de la Dame ...

...

La Dame recula d'un pas lorsque le portail se referma, sous l'influence de l'arcaniste Merilwen des Veilleurs. Elle laissa tinter un rire délicat tout en observant la silhouette prostrée de sa servante.
- Tu as échoué, Discorde. Ils ont repris le Nord de Sombre-Comté.
- J'accepte ma punition, Dame.
L’Asservie inclina la tête sous le regard amusé de sa maîtresse, hautaine, contrôlant sa haine aussi aisément qu'elle contrôlait l'Ombre.
- Cela n'est pas nécessaire. Tes plans ont peut-être été déjoués mais ce n'est pas le cas des miens. La construction d'un empire est un but personnel mais étendre le Chaos doit être une cause universelle.
la Dame croisa les bras sur sa robe pourpre, levant le menton, antithèse parfaite de la Première Asservie Discorde.
- Va voir Hiver, il te remettre en état. Et fais mander Écho. Nous allons préparer la prochaine attaque.
- A votre guise, Dame..
Discorde se redressa, plus voûtée que jamais, et quitta la salle, le regard goguenard de la magicienne pesant sur elle.
La Dame
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Message  La Dame Sam 06 Aoû 2011, 19:51

Murmure, générale des armées de l'Empire, se tient devant les ruines de la chapelle, sa lourde hache de guerre à la main, la tête reposant sur le sol. Son regard sans émotion parcourt les rangées de tombes ouvertes, les pierres tombales renversées et se perd, de temps à autre, dans le vide.
La nuit descend encore une fois sur le Bois, assombrissant un peu plus le lieu, noyant d'obscurité les routes et les cœurs. Une fois le Bosquet repris, les troupes qui y stationnaient ont rejoint le Cimetière, confortant Murmure dans sa conviction: Discorde n'a pas employé la bonne méthode. Et elle ne fera pas la même erreur.
Une forme sombre se place à ses côtés, revenant lentement dans le spectre du visible : l'Asservie Écho, venue appuyer la conquête pour remplacer Hiver. Murmure sait ce qu'elle est, elle connaît la dualité de son esprit. Elle sait aussi que cette dualité peut être une force comme une faiblesse. Écho est totalement imprévisible.
- Comment comptes-tu t'y prendre ?
La voix est dure, sèche comme le désert duquel l'Asservie est originaire. Murmure réprime un rire.
- De la bonne manière, Main de la Dame. Nous connaissons assez les Veilleurs alors qu'eux ne savent rien de nous.
- Tout a été fait pour, générale.
Cette fois, Murmure ne retient pas son rire, qui résonne, grinçant, dans les sous-bois alentours.
- Cette fois-ci, même la Lumière ne pourra rien pour eux. Leurs espoirs sont vains ! La mort nous attend tous, alors pourquoi la retarder ?
A ses côtés, Écho lui jette un regard dégoûté et hoche la tête.
- Ne déçois pas la Dame, générale.
- Joue ton rôle, Asservie, et ce ne sera pas le cas.
Avec un sourire goguenard, Murmure observe Écho se fondre à nouveau dans les ombres.
- Bientôt, susurre-t-elle. Le Chaos et la mort.
La Dame
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Message  La Dame Sam 06 Aoû 2011, 19:59

Hurlevent.

Hiver est satisfait. Les corps qu'il a récupéré sont dans un excellent état et de races variées. Il sera bientôt prêt.
Le worgen hume l'air en s'attaquant au cadavre d'un humain d'une soixantaine d'années. Il a perdu trop de temps à s'occuper de Discorde. Ses expériences n'avanceront jamais si il est sans cesse dérangé et il doit être prêt à temps. On ne fait pas attendre la Dame.
Hiver se concentre sur le corps. Il le découpe habilement en plusieurs morceaux qui sont ensuite numérotés et étiquetés avant d'être rangés. Il exhume ensuite des profondeurs de son laboratoire un coffre deux fois plus gros que lui, qu'il traîne difficilement jusqu'à sa table de travail.
Une fois ouvert, le contenu du coffre se révèle à l’œil : des dizaines d'os blancs, gravés de runes bleutées.
Hiver se met au travail. Murmure a besoin d'une monture digne de son rang. Mais le druide noir pressent une autre raison à la demande de cette monture - un griffon non-vivant fait d'os à la manière de ceux du Fléau. Murmure a parlé d'un Appel.


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Message  La Dame Sam 13 Aoû 2011, 19:41

Bois de la Pénombre.

Murmure réprima un sourire en entendant les cris. Hurlements lupins, cris de bataille, fracas des lames sur l'acier... Le plan fonctionnait.
Certes, sous les attaques combinées des Veilleurs et des civils venus prêter main-forte les Plaie-de-nuit ne tiendraient pas longtemps.
Les idiots.
La générale se laissa tomber au sol avec une souplesse que la taille de son armure ne laissait pas présager et s'approcha en silence du bâtiment.
A l'autre bout de la ville, les combats faisaient rage. Les Veilleurs étaient occupés à refouler le groupe de worgens corrompus, sous la surveillance de l'Asservie Désespoir. Comme prévu.
Murmure passa à l'action. Elle se saisit des fioles attachées à sa ceinture, dans lesquelles se trouvaient un liquide huileux. Cette fois-ci elle ne retint pas son sourire. C'était presque trop facile. Comment Discorde avait-elle pu échouer ?...
La non-vivante aspergea la façade arrière du bâtiment et les buissons à son pied avec l'huile des fioles. Une fois celles-ci vidées, elle ouvrit une sacoche et en tira une sphère ambrée. Contribution de la Dame.
L'huile s'enflamma.
Murmure rangea l'orbe et se glissa entre les arbres.
Il ne restait plus qu'à attendre les représailles.
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Message  La Dame Jeu 25 Aoû 2011, 11:44

Les Veilleurs prirent d'assaut les Jardins Paisibles et pendant quelques heures le lieu fut dépossédé de son nom. La bataille fut terrible. La milice de Sombre-Comté, prise au piège par les forces combinées de la générale Murmure et de l'Asservie Désespoir, a combattu vaillamment, massacrant les serviteurs de l'Empire comme du blé sous la faux. Ils comptèrent de nombreux blessés dans leurs rangs, dont certains graves.
Ils parvinrent contre toute attente à défaire Murmure et à la mettre à mort, libérant de ce fait les Jardins.

Murmure haletait. Ils étaient trop nombreux, trop déterminés. Au fond, peu importait. Il fallait retenir l'attention de la Dame...
Un cri, horrible et désespéré, s'éleva soudain. Comme une supplique. Il fut suivi d'une vague de puissance qui balaya le Bois, sans causer de dommage. Discorde avait triomphé. Elle pouvait donc mourir en paix.
- Arkeron, murmura-t-elle en fermant les yeux.

Hiver était perdu. L'Asservissement avait été brisé, si bien qu'il se retrouvait emporté dans la spirale de sa folie, si longtemps canalisée par la Dame. La réalité le frappa de plein fouet. L'horreur de ce qu'il avait fait.
Rage au cœur, les larmes aux yeux, il ravagea ce qui avait été son laboratoire.
La mort était trop douce pour lui, et l'oubli trop lointain. Il laissa la bête prendre le dessus en lui et s'enfuit, courant toujours plus vite. La folie serait longtemps sa seule compagne.

Libre. Elle était libre. Quelqu'un devait avoir tué la Dame. Enfin. Savourant cette liberté retrouvée, Écho se fondit dans les ombres d'une ruelle. Qu'allait-elle faire maintenant ?
Peu importait. Elle avait la vie devant elle.

A l'instant où les chaînes de l'Asservissement se brisèrent, Désespoir fut emplie de chagrin et de rage. Disparue, la puissance. Disparus ses rêves. Et plus aucun but dans cette froide non-vie. Se voir ainsi dépossédée attisa sa rage. Elle pouvait toujours reformer un Empire, en ralliant les autres anciens Asservis. Elle le devait. Son orgueil d'elfe de la nuit ne pouvait souffrir d'être redevenue une moins que rien.

Lorsque la pression de l'Asservissement sur son esprit se délita, Tourment refit surface. Éprouvant une étrange gratitude à l'endroit de celui ou celle qui avait changé la règle du jeu, il se laissa aller à quelques manifestations de joie incongrues. Il fut très rapidement submergé par la sensation d'une douzaine d'ennemis dans son dos prêts à le tuer une deuxième fois. Mais qui n'existaient que pour lui. Il fallait partir loin, très loin, là où personne ne pourrait le trouver. C'était vital.

Un affreux sourire étira les lèvres de Discorde. Elle avait réussi. La puissance consumée de la Dame avait brisé l'Asservissement, et l'Empire s'était écroulé. Elle allait pouvoir s'occuper de ceux qui avaient eu l'audace de l'enfermer dans la lame d'une épée... Et ensuite, elle traquerait son ancienne maîtresse et l'éliminerait. Enfin.

La Dame n'était pas stupide. On ne se hisse pas à une telle position -impératrice- en faisant preuve de naïveté. Elle savait que ses anciens serviteurs allaient essayer de la tuer, et elle n'avait plus la force de les soumettre à nouveau. Elle allait devoir faire un pari risqué.
Elle ne pouvait tout simplement pas affronter les anciens Asservis non plus, il était trop peu certain qu'elle ait le dessus. Mais... Elle représentait le seul moyen de les affaiblir. Elle savait qui ils étaient, elle connaissait leurs noms, leurs anciennes vies. Devait-elle risquer sa vie pour préserver ce qu'elle avait toujours voulu détruire ?
La beauté du Chaos lui apparaissait maintenant comme un piège. Elle allait devoir faire un pari risqué. Mais elle ne voulait pas mourir... Peut-être y avait-il une chance pour qu'ils s'en sortent tous.
Le Chaos. Quelle folie.
La Dame
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Si le Chaos règne... Empty Re: Si le Chaos règne...

Message  La Dame Ven 14 Oct 2011, 21:18

( A lire, si le cœur vous en dit, avec comme fond sonore Prelude de Decemberists. )

Arathi.

Ombres chemins sinueux perdus entre les rives oubliées de la folie telle des ronces fleuries qui courent comme autant de veines à travers la réalité inutile d'un monde qui peine à concevoir son futur sous les voies de feu et de désolation que sème la main divine épines sous la rose neige sur la flamme et inconsistance devant les forces qui composent cet univers fracassé entre le chaos hurlant et l'harmonie dansante dans l'amère douceur des cœurs délaissés.

Des fantômes courent entres les herbes, dessinant des cercles comme une pierre qui briserait la platitude d'un étang. Ou peut-être est-ce le vent, invisible et facétieux, qui joue avec les ombres du soir. De fait, le soleil déclinant rehausse le bleu du ciel de couleurs chaudes, d'or et d'ambre, tissées de lumière. Ce ciel ainsi teinté n'est qu'un fastueux spectacle, magie née du mélange des nuances et de la clarté, en un contrepoint parfait à la prairie qui en paraît terne, dépossédée de ses lettres de noblesses, chacun de ses secrets révélés par les lueurs rasantes du couchant qui flirte avec l'horizon.
Quelques nuages, dissonances passagères, tentent vainement de capter cette lumière qui les transcende, les magnifie dans une explosion de couleurs translucides et pures alors que le crépuscule fait miroiter ses chatoyants atours, tandis que des fées impalpables s'élèvent doucement dans l'air clair et parfumé du soir, chahutées par les doigts du vent rieur, autant d'étoiles pour la plaine que pour l'infini glacé du ciel.
La prodigieuse alchimie des teintes mouvantes qui ornent ce ciel, comme charmée par la délicatesse liquide qui dort entre les herbes, se mire sur la surface étale des lacs qui peinent à rendre leurs hommages à cette débauche de beauté et à transmuer la lumière pour nourrir les âmes et les cœurs de ceux qui la contemplent, dérisoires êtres silencieux et esseulés, garants de la paisibilité des vérités fondamentales oubliées des esprits fiévreux incapables de les voir, figés par l'envie tourmentée d'accéder à cet état de conscience supérieure que seuls connaissant les poètes et les fous.

Lumières autant de lueurs ignées des âmes piégées dans le tourbillon sans fin des couloirs froids étoiles dans un univers devenu fou comme des touches d'espoir portées par l'exaltation des amours partagés et des routes d'avenir telles des balises pour le voyageur égaré le long des chemins qui percent la nuit d'esquilles dorées un long fleuve irrésistible où la mort souhaiterait se mirer mais ne le peut aveuglée par le chatoiement continu des vies brillantes qui y coulent dans la joie éclatante des bonheurs partagés.

La douceur ombrée de la nuit est une tiare d'abysses enténébrées derrière laquelle la lune blanche se cache, telle une jouvencelle effarouchée, disputant son éclat aux galaxies lointaines qui revendiquent, coquettes, le droit de briller.
La plaine silencieuse se pare de nouvelles sonorités choisies par la lueur blafarde qui adoucit les saveurs de la nuit, trésor vivace drapé du manteau volatile des ténèbres piquantes, terre des pères délaissée mais pas oubliée, en repos sous l’œil indifférent des étoiles.
Le vent a quant à lui abandonné son rire pour colporter les murmures et les secrets que les pierres levées tissent dans l'inconscient collectif des peuples. Le mystérieux émoi de la plaine ne trouve son écho que dans les rêveries insensées des endormis qui peu à peu se tournent vers des voies plus sombres alors que la nuit dérive en une sordide parodie d'elle-même, version torturée de ce qui est quand personne n'est là pour le voir.
Le chuchotement feutré des mares se change tour à tour en railleries désincarnées ou en plaintes désuètes et ignorées de tous, reprises par la mélodie de la brise. Les ténèbres se font plus froides, plus profondes; la lune se voile et dissimule son lumineux visage derrière le velours miteux de quelques nuages qui vont et viennent, comme envoûtés par la musique des étoiles mais incapables de choisir entre elles.
Et...
Puis...
Un rire. Discordant, tantôt haut perché, tantôt rauque, éraillé ou se perdant dans des graves insupportables. La réalité se fracasse comme du verre, les cauchemars assaillent le sommeil et dérobent aux rêves de précieux instants.
Un rire. Comme un cri torturé, crissant et tourbillonnant, sinistre appel lancé à des créatures hantées venant d'autres lieux. Il perce la nuit, fend l'air agité d'un léger vent comme la lame d'un couteau tranche la chair.
Il se prolonge pendant quelques secondes éternelles, verdissant l'indigo et l'argenté qui nimbent l'air, leur volant leur légitimité sur la palette des couleurs de la prairie, fanant la délicate lumière de la lune qui ruisselle de l'étendue sombre et étoilée qui couvre le monde comme une couverture de brocart noir piqueté de diamants luisants.
Ce rire semble nier toute véracité et même existence aux mondes de lumières, et, alors qu'il décroît, jusqu'à s'éteindre, laisse dans la nuit comme un amer goût de peur et d'horreur, un sourd avertissement que le vent gémit, sinistre présage de malheurs à venir.


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Message  La Dame Ven 21 Oct 2011, 20:14

Stromgarde.

La nuit, noire et dense, heures silencieuses.
Sous les étoiles froides, la plaine dort, paisible apparence.
La lune diffuse une lumière blafarde, spectrale, tandis que le vent distille une sourde angoisse, charriant dans ses voiles impalpables un parfum de mort et le cliquetis que produiraient deux os en s'entrechoquant. La nuit est noire, propice aux cauchemars, propice à l'horreur.
Car c'est aux heures les plus noirs que festoient les créatures de l'Ombre...


Cliquetis.
L'homme, placé en sentinelle près de la muraille, pousse un grognement mécontent, marmonne un instant, puis redevient silencieux et immobile.
Cliquetis.
Frémissant, il fixe son regard sur la flamme rassurante qui danse sur sa torche. Ces bruits qui troublent le silence l'inquiètent mais il ne parvient pas à définir ce qui les cause.
Cliquetis.
La sentinelle tend sa torche devant lui, scrute vainement l'obscurité qui l'entoure. Ne voyant rien, il rapproche la flamme, rajuste sa cotte de maille glacée par la nuit en adressant une vague plainte à la Lumière et se rencogne contre l'arbre dans son dos.
Cliquetis.
Au-dessus de lui.
Agacé, angoissé, l'homme brandit la torche en direction des branches de l'arbre qui le surplombe.

...Des os. Des dizaines, des centaines d'os, soigneusement nettoyés, reliés entre eux et entortillés entre les branches.
Des os, fémurs, côtes, crânes, de toutes tailles, toutes races, certainement tout âges, formant des guirlandes macabres éclairées par la lueur de la torche.

L'homme hurle.

La flamme s'éteint, mouchée par des doigts faits d'Ombre, afin de restaurer le règne de la nuit. Le cri s'éteint, coupé net. Le silence revient, puis disparaît.
Cliquetis.
Sous les étoiles froides, la plaine dort, paisible apparence.
L'Ombre rôde.
La Dame
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