Le bras m'en tombe
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Le bras m'en tombe
Déjà deux semaines depuis qu'Oracio avait subit cette attaque qui avait bien faillit lui couter la vie. Deux longues semaines où la douleur et la frustration s'étaient mellés alors qu'il parcourait la ville e quête d'un médecin qui aurait pu lui annoncer que non, son bras n'était pas irémédiablement paralysé. Les spécialistes se suivaient de près et aucun n'avait rassuré l'homme sur l'avenir de son bras gauche.
Le soir tombé, il rentrait chez lui et son interminable manège recommençait, comme chaque soir. Il manipulait son membre demeurant inerte, le faisant un peu travailler même si au fond, il ne savait pas si cela lui faisait réellement du bien. Son avant-bras était à présent couvert de petites plaies prenant l'apparence que trois points de suspension. C'étaient les traces laisées par les dents de sa fourchette qu'il ne pouvait s'empêcher de piquer dans sa peau légèrement en espérant percevoir quelque chose. Il ne sentait plus rien de l'épaule au bout des doigts. Ni la chaleur de la flamme de son briquet, ni le froid mordant de la saison, pas même les caresses d'une douce compagnie d'un soir. Cette partie de lui semblait morte.
A présent, il devrait porter les nouvelles cicatrices qu'on lui avait offert contre son gré quoi qu'il advienne. Celle qui barrait son épaule pour continuer sur une partie de son bras lui faisait toujours mal. Même si la magie de la soigneuse qui était intervenue avait fait un travail remarquable, il n'en demeurait pas moins manchot. La lumière ne pouvait pas tout réparer comme on se plaisait à le raconter aux jeunes enfants.
La vie avec une seule main, il ne l'avait pas imaginée aussi rude non plus. Tout devenait plus difficile, même les choses élémentaires comme se vêtir ou tout simplement se servir un bon verre de porto. A peine se consolait-il en se disant qu'heureusement, il était droitier.
Comme chaque soir une fois de plus, il s'installait dans son fauteuil luxueux, face à un feu ouvert crépitant, savourant un alcool fort, son pistolet garnis de dorures extravagantes posé sur ses genoux reflettait la danse des flammes dans l'âtre. Tout comme ses yeux au regard vide et morne. Il ruminait alors ses colères et ses frustrations de ne plus être maître de son propre corps quand il pouvait être celui de bien des gens. Quelle humiliation de sortir diminué de la sorte d'un combat que jadis, il aurait remporté sans même se fatiguer. Peut-être même aurait-il pu l'éviter avec quelques mots bien placés.
Oracio se sentait vieilli, épuisé de cette vie et le désespoir le tenaillait dans sa solitude tenace qu'il préférait afficher comme un choix plutot qu'une fatalité. Peut-être était-ce mieux ainsi. Il poussa son verre d'un geste de la main rageur, ce dernier se brisant sur le plancher et il empoigna la crosse de son arme à feu pour poser le canon double sur sa tempe. Au moins pouvait-il toujours brandir son arme comme avant. Ce geste qu'il avait déjà fait à de nombreuses reprises lui rappellait à l'instant ses derniers moments de douleurs. La perte de sa femme par sa bétise. Les blessures infligées à une amie proche. La mort de tant de ses frères d'arme. La mort qu'il avait finalement toujours côtoyé sans jamais la rencontrer.
Son index se pressait lentement sur une des gachettes alors qu'il fermait les yeux, calme. L'image de son père défunt lui apparaissait, celle de la dépouille de son mentor, celle de sa soeur disparue, celle de son ex-femme aussi et enfin, celle de sa plus fidèle colaboratrice. Tous morts ou disparus sauf une. Son doigt se relâchait lentement. Il lui restait encore quelqu'un. Il ne partirait pas tout de suite. Pas maintenant, pas quand on risquait encore d'avoir besoin de lui. Pas tant qu'il avait toujours un rôle à jouer, aussi modeste serait-il.
Il posa son pistolet sur ses genoux à sa place initiale, le canon froid tombant contre les doigts endormis de sa main gauche tandis qu'il jetait un oeil aux bris de verre sur le plancher. Ses yeux revinrent ensuite vers son bras, sa bouche marmonant un juron. "Toi aussi vas-tu m'abandonner ?!" hurla-t-il en essayant de bouger sa main. "Fais moi un signe que je sache si je dois te trancher net ou pas !"
C'est alors que son visage se figea. Son index, oui son index avait bougé. Pas complètement, le bout avait-il seulement remué de quelques millimètres mais il avait bougé ! Oracio restait là à fixer cette phalange qu'il arrivait à remuer doucement. Il n'en croyait pas ses yeux. Cette scène le réconforterait tellement dans son malheur qu'il passerait toute la nuit à tenter de bouger les autres doigts en vain.
Une chose était cependant certaine. S'il avait su récupérer la motricité d'une partie de son membre, il était possible de le récupérer entièrement, il en était convaincu.
Le soir tombé, il rentrait chez lui et son interminable manège recommençait, comme chaque soir. Il manipulait son membre demeurant inerte, le faisant un peu travailler même si au fond, il ne savait pas si cela lui faisait réellement du bien. Son avant-bras était à présent couvert de petites plaies prenant l'apparence que trois points de suspension. C'étaient les traces laisées par les dents de sa fourchette qu'il ne pouvait s'empêcher de piquer dans sa peau légèrement en espérant percevoir quelque chose. Il ne sentait plus rien de l'épaule au bout des doigts. Ni la chaleur de la flamme de son briquet, ni le froid mordant de la saison, pas même les caresses d'une douce compagnie d'un soir. Cette partie de lui semblait morte.
A présent, il devrait porter les nouvelles cicatrices qu'on lui avait offert contre son gré quoi qu'il advienne. Celle qui barrait son épaule pour continuer sur une partie de son bras lui faisait toujours mal. Même si la magie de la soigneuse qui était intervenue avait fait un travail remarquable, il n'en demeurait pas moins manchot. La lumière ne pouvait pas tout réparer comme on se plaisait à le raconter aux jeunes enfants.
La vie avec une seule main, il ne l'avait pas imaginée aussi rude non plus. Tout devenait plus difficile, même les choses élémentaires comme se vêtir ou tout simplement se servir un bon verre de porto. A peine se consolait-il en se disant qu'heureusement, il était droitier.
Comme chaque soir une fois de plus, il s'installait dans son fauteuil luxueux, face à un feu ouvert crépitant, savourant un alcool fort, son pistolet garnis de dorures extravagantes posé sur ses genoux reflettait la danse des flammes dans l'âtre. Tout comme ses yeux au regard vide et morne. Il ruminait alors ses colères et ses frustrations de ne plus être maître de son propre corps quand il pouvait être celui de bien des gens. Quelle humiliation de sortir diminué de la sorte d'un combat que jadis, il aurait remporté sans même se fatiguer. Peut-être même aurait-il pu l'éviter avec quelques mots bien placés.
Oracio se sentait vieilli, épuisé de cette vie et le désespoir le tenaillait dans sa solitude tenace qu'il préférait afficher comme un choix plutot qu'une fatalité. Peut-être était-ce mieux ainsi. Il poussa son verre d'un geste de la main rageur, ce dernier se brisant sur le plancher et il empoigna la crosse de son arme à feu pour poser le canon double sur sa tempe. Au moins pouvait-il toujours brandir son arme comme avant. Ce geste qu'il avait déjà fait à de nombreuses reprises lui rappellait à l'instant ses derniers moments de douleurs. La perte de sa femme par sa bétise. Les blessures infligées à une amie proche. La mort de tant de ses frères d'arme. La mort qu'il avait finalement toujours côtoyé sans jamais la rencontrer.
Son index se pressait lentement sur une des gachettes alors qu'il fermait les yeux, calme. L'image de son père défunt lui apparaissait, celle de la dépouille de son mentor, celle de sa soeur disparue, celle de son ex-femme aussi et enfin, celle de sa plus fidèle colaboratrice. Tous morts ou disparus sauf une. Son doigt se relâchait lentement. Il lui restait encore quelqu'un. Il ne partirait pas tout de suite. Pas maintenant, pas quand on risquait encore d'avoir besoin de lui. Pas tant qu'il avait toujours un rôle à jouer, aussi modeste serait-il.
Il posa son pistolet sur ses genoux à sa place initiale, le canon froid tombant contre les doigts endormis de sa main gauche tandis qu'il jetait un oeil aux bris de verre sur le plancher. Ses yeux revinrent ensuite vers son bras, sa bouche marmonant un juron. "Toi aussi vas-tu m'abandonner ?!" hurla-t-il en essayant de bouger sa main. "Fais moi un signe que je sache si je dois te trancher net ou pas !"
C'est alors que son visage se figea. Son index, oui son index avait bougé. Pas complètement, le bout avait-il seulement remué de quelques millimètres mais il avait bougé ! Oracio restait là à fixer cette phalange qu'il arrivait à remuer doucement. Il n'en croyait pas ses yeux. Cette scène le réconforterait tellement dans son malheur qu'il passerait toute la nuit à tenter de bouger les autres doigts en vain.
Une chose était cependant certaine. S'il avait su récupérer la motricité d'une partie de son membre, il était possible de le récupérer entièrement, il en était convaincu.
Oracio Caldéri- Personnages Joués : Sanguine
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