[Inactive][Alliance - Neutre][Pirates] Le Barbillon Noir

HRP:

« Le Serpent décapité. »

Le Barbillon ne vivait pas ses meilleurs jours au début de la trente-quatrième année. En effet, quelques malheureux événements n'encourageaient pas les affaires des pirates de ce rafiot. D'abord, le départ de Yocko, Seth et du Grand, qui avait quand même pris soin d'adresser une lettre à son Capitaine. Mais ensuite, tout devint encore plus sombre. Le Capitaine ne parlait plus trop, il semblait affecté par la perte soudaine de ses lieutenants. Il ne se sentait presque plus de partir à l'aventure. Pourtant, quelque chose mit en péril l'équilibre de l'équipage de manière radicale : la disparition de Cédric. Cet événement se produit dans la nuit du vingt-neuvième jour du premier mois de l’an trente-quatre. La porte de la chambre du Capitaine avait été forcée et l’équipage avait retrouvé sur le lit un couteau plein de sang. Mais aucune trace du loup de mer, pas non plus de réponse dans les méandres psychiques des colliers trolls. Était-il mort ? Était-il parti ? Qui aurait pu lui vouloir du mal ? Serait-ce Mélissa Lehran ? Le fameux fantôme du Barbillon Noir ? Nul n’était sûr. Ce dont on était certain, en revanche, c’était que le serpent n’avait plus de tête, et que le corps gesticulait alors dans tous les sens… Mais quelqu’un se proposa alors pour sauver le navire.

Léosan Vanston était un des marins de Cédric les plus dévoués. Ayant démarré comme tout le monde au grade de mousse, il gravit les échelons par son habileté au combat ainsi que par sa dévotion et son aide parfois précieuse lors de mauvaises passes. Il appréciait le Capitaine Lachance, personnage complètement déjanté qui semblait se foutre de tout sauf de l’essentiel. Cette personnalité peu banale, faisait de lui un chef charismatique pour ceux qui ne s’arrêtaient pas à la surface de ses propos, et c’est probablement la raison pour laquelle l’équipage fut affecté de sa disparition. Léo n’échappa pas à la règle.

Alors que tout semblait sombrer, Léo ne voulait pas admettre que cela allait se faire si facilement. Il savait que le Capitaine agissait pour la liberté de son équipage et il ne pouvait pas les laisser orphelins. Il rassembla alors les hommes d’équipage, parmi eux, Nathan Ferther, ancien camarade de Cédric. Le vétéran du Barillon était monté sur une pile de caisses afin de surplomber l’assemblée. Il commença son discours, mentionnant les projets du Capitaine, mentionnant les ambitions de l’équipage ainsi que la liberté et la famille qu’il représentait. Globalement convaincu, l’équipage suivait avec attention le discours du pirate, en particulier Ferther qui semblait bien d’accord avec lui. C’est alors que Léosan imposa sa solution : Il avait décidé de prendre la tête du navire. Il avait décidé d’offrir la même richesse que Cédric leur avait promise mais il leur avait également promis qu’ils retrouveraient le Capitaine. Convaincu par ses propres arguments, le gaillard se permit une pause, laissant un brouhaha s’installer. Puis arrivèrent les contestations, les jets de pommes pourries, les injures. Alors, Léo se mit en colère, mais rien n’y faisait, les pirates étaientt divisés en deux groupes : ceux qui étaient pour un nouveau Capitaine et ceux qui ne voulaient pas de « ce » Capitaine. Alors que Léosan se sentait tout à coup démuni, un cri tonitruant se fit entendre sur le pont :

« Silence, bande de moules ! »

Tout l’équipage se retourna silencieusement vers la voix. C’était Shelby, il venait d’arriver à bord, un sac d’herbes sur l’épaule. Il laissa un silence s’installer sur le pont puis poursuivit :

« Cédric vous aurait sans doute déjà tous botté l'cul pour ce merdier qu'vous faites sur le pont. Cela dit, il n’est pas sûr du tout qu'il aurait approuvé ce que tu viens de dire, p'tit gars…  Mais tu as les épaules et, dans cette situation, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Oh, je sais, j'suis pas vraiment de l’équipage, seul'ment, si y a quelqu'un qui connaît bien le Capitaine ici, c’est moi. Alors oui, il est possible que ce dernier soit encore en vie. Oui, il vous a promis des richesses et la liberté, seulement, maintenant qu'il est plus là, ça veut pas dire que tout doit s’écrouler… Remontez cet équipage et faites prospérer le Barbillon Noir, c’est probablement ce qu’il aurait voulu. »

L’équipage conserva son silence un certain moment, puis Shelby descendit sur les quais, repartant dans les ruelles de la Baie-du-Butin. Léo se sentait bête sur ses caisses, il ne savait pas l’effet qu’avait produit le petit discours du vieux pirate sur tous ces loups de mer, jusqu'à ce que l’un deux lève le bras et crie :

« Vanston Capitaine ! »

Progressivement, tout l’équipage suivit le mouvement, motivé, soudé et enthousiaste. Un sourire se dessina sur le visage du nouveau Capitaine : l'aventure n’était pas terminée !