La route du Nord.
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La route du Nord.
[Voici une histoire se situant quelques semaines après la mort de Fordragon, racontée sous forme de journal plus ou moins écrit au gré des batailles et aventures, lorsque le soldat a le temps de penser pour lui.]
Dernière édition par Éléandre le Jeu 01 Jan 2009, 17:45, édité 2 fois
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 3: Port de Hurlevent
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Moi, c’est John. John Platefields.
13ème régiment d’artillerie.
Je suis le pilote de cette machine abominable qui fume et pète de l’huile chaude derrière moi.
Officiellement, ça s’appelle un engin de siège, mais je préfère « défonceuse », c’est plus respectueux.
L’autre abominable machine blonde derrière moi s’appelle Edward de Templeshire.
C’est l’chef. Enfin, le chef du tank quoi. On se connaît depuis un bon bout de temps, c’est un gars bien, dans le fond.
Un peu gentil, mais un gars bien.
Là, on a été mobilisé pour le Norfendre.
Il paraît que l’avancée du front a pris un coup avec la mort de Fordragon, et du coup, notre régiment s’est mis en marche…
Deux jours qu’on patiente ici sur le port. Le bateau qui doit nous emmener est encore en avaries au chantier.
C’est pas que j’ai envie de partir, mais on commence à tourner en rond. Les machines sont prêtes, les livres de bord en ordres.. Alors on passe le temps, on amuse les gamins qui viennent voir les soldats en douce, on vérifie le matériel… Bref, on attend…
Je ne sais même pas encore ou nous allons débarquer, le lieutenant doit nous donner tout ça pendant la traversée.
Pendant qu’Edward frime devant toutes les donzelles qui passent près de la machine, j’en profite pour écrire à ma vieille mère. C’est sans doute la dernière lettre qui arrivera à coups sûrs.
Finies les manœuvres d’entraînements, les heures de corvées…
Cette fois, c’est la bonne.
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 5, A bord de l'Opulant.
Maintenant que la routine de la traversée s'installe, je peux enfin penser un peu.
Hier, l'ordre d'embarquement est arrivé en soirée. On était peinard à s'envoyer de la grillade quand le lieutenant a déboulé, papiers de missions en mains.
L'Opulant, fier tonneau-à-voiles de cinq-cents galons était à peine sorti des chantiers qu'on l'a farci avec nos chéries...
La traversée doit durer deux semaines. Il parait qu'on part pour l'ouest du continent, je n'en sais pas encore plus..
Il faut quand même dire qu'on est tranquille, sur ce rafiot. Il a été armé comme une véritable usine. On y trouve de tout pour les machines.
Le chef mécano du régiment a décidé de poser un blindage ventral en plus. Ca fait deux jours qu'on visse des plaques de renforts.
J'ai les doigts dans un sale état.
Edward n'en fout pas une, évidemment.
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 19, Mer gelée.
4:47 du matin.
Nous avons été réveillé il y a une heure par le sifflet de la vigie.
J'ai du secouer Ed' pour qu'il se lève, comme chaque matin.
Je me suis habiller chaudement, sans me presser. Depuis quelques jours, les vigies repéraient de plus en plus d'icebergs à la dérive, et la flotte devait sans cesse louvoyer.
Mais là, je ne sais pas.. En montant les escaliers vers le pont supérieur, les matelots de quart devenaient de plus en plus légers, voire même agités.
Mettez-vous dans une foule qui court, vous vous mettez à courir.
On a débarqué sur la proue de l'Opulant assez agités, nous aussi.
Charogne d'orc! Je n'oublierai jamais ce spectacle!
Les côtes du Norfendre!
Ça fait une heure qu'on est contre le bastingage, j'ai rarement vu un truc aussi prenant...
Edward est plongé dans des conneries de paladin, l'honneur qui nous attend, ce genre de trucs..
Moi ce que je vois, c'est des putains de montagnes dans une saloperie de froid, coincés dans une boîte à conserve qu'on lance contre des murs...
La chose qui est plus rassurante, c'est que ce coup-ci, on est pas tout seuls...
Je ne sais pas comment se débrouillent ces salopards de la Horde, mais on peut pas dire que l'Alliance a lésiné.
L'Opulant a rejoint la deuxième flotte de la marine.
Nous avons croisé autour du Maelström à près de sept navires de guerres.
Autant l'Avant-Garde a su implanté les bases, autant on est là pour l'occupation...
Enfin, c'est ce que j'ai entendu à droite et à gauche, bien sur...
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 21, Donjon de la Bravoure.
Lumière! Je déteste ces discours pompeux...
Une heure que le vieux nous bassine avec ses recommandations.
Rien qu'à voir la tête d'Edward, avec ses yeux de pucelle amoureuse, je me dis que décidément, ces paladins sont tous des foutus héros...
Ouais.. Ouais.. Je les entends d'ici... Apporter la Lumière et le Salut sur ces terres gelées...
Baratin tout ça.
Pendant que ces messieurs éclairés ont été prié à la chapelle du donjon, les pauvres types comme moi se sont chargés de débarquer nos demoiselles sur les quais.
Et croyez-moi, lever une machine de cinq tonnes avec une grue, pour la transborder du navire, c'est loin d'être une mince affaire.
Enfin.. les engins sont rangés devant les remparts, on les a chargés à mort de munitions, de bouffes et de couvertures.
Le Général Alros nous a fait appelé pour le briefing.
On a enfin appris notre mission.
C'est pas que je suis un trouillard, mais là, nom d'un orc, on va en baver.
On doit faire route à l'ouest, et rejoindre dans un premier temps le donjon de Garde-Hiver. 'parait que là, on aura du temps pour terminer les derniers préparatifs pour la suite..
La suite, je vous la donne en mille.
Il faudra qu'on se dirige plus loin au nord, le Fléau a fait dresser des murailles qu'on dit imprenables...
Pas pu m'empêcher de sourire.. Il est pas encore construit le mur qui résistera à Betty.
Ed' me traite de fichu bourrin, mais j'ai une putain d'expérience en la matière...
Après tout, j'ai pas passé ma jeunesse dans la mine de Fondugouffre à exploser du rocher pour rien.
Pendant que môssieur le paladin passait son temps le cul sur les pavés de la cathédrale à réviser sa Lumière, je maniais déjà la pelle et la dynamite pour bouffer.
C'est finalement assez naturellement que j'ai choisi le génie quand je me suis engagé.
Je ne lui dis pas, mais je me fous bien de la gueule d'Ed, intérieurement..
Lui par contre, il a du foutrement raté sa formation pour se retrouver à commander une boîte à conserve...
Clair que si on rencontre ces prétentieux de la Croisade, il va encore me bassiner les esgourdes.
Quand le vieux a eut fini son beau discours, Hammerhill, notre major d'escadron nous a appelé tous les deux.
J'avais remarqué le bout de fille qui trainait a coté des officiers, mais j'ai été assez surpris qu'il nous la présente directement...
Ça sent jamais bon les faveurs...
"Tink Cléventail" d'Azeroth Presse...
J'ai cru m'étouffer...
Voilà qu'on doit embarquer une foutu reporter pendant le trajet...
Paraît que c'est bon pour le moral de la population, ce genre de conneries.
Non seulement on doit aller se maraver la gueule avec le Fléau, maintenant il faut en plus qu'une civile nous prenne en gnomographie pendant les conflits...
Qu'elle s'attende pas à ce que je lui fasse du thé et que je la borde le soir! Ce sera "Marche ou crève", comme tout le monde!
Évidemment, à voir son sourire ravi, Edward est pas du même avis. Faut dire qu'il lui pousse des ailes dés qu'il croise quoi que ce soit avec de la poitrine, celui-là...
J'ai pas fini d'en baver, moi...
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 22, Toundra boréenne.
Voilà le moment que je préfère dans les missions. Le départ.
Les ordres en poches, le capot ouvert et le moteur ronflant.
Même les deux pipelettes installés sur le pont du moteur ne réussissent pas à m'enlever le sourire que je me suis collé sur le visage.
J'dois avouer que la reporter, finalement, elle est assez bluffante.
C'est qu'elle a de la bouteille en correspondance de guerre.
On a passé notre dernier soir au donjon autour d'un bon feu, à parler de ce qui nous attendait et de ce qu'on avait vécu.
Elle nous a raconté des trucs assez époustouflants sur les campagnes de l'Outreterre...
Paraît qu'on a donc une célébrité à bord!
C'est elle qui a pondu ce reportage qui avait fait sensation sur les conditions de vie des réfugiés à Shattrath, vous vous souvenez sûrement, ce truc qui avait fait pleurer les grand'mères dans les chaumières sur Radio-gnome...
Elle a même reçu le prix Gnomoncourt pour ça.
Finalement,c'est plutôt sympathique. Elle mitraille à tout va notre expédition, ca nous fera des souvenirs, et quand on reviendra à Hurlevent, on sera sûrement célèbres. Moi ça me fait ni chaud ni froid, mais Ed' ne s'tient plus, lui... Ce crevard de noblion...
Bah.. Je me fous de sa gueule, mais au fond, je suis bien content.
Il a quand même réussi, avec ses entrées mondaines, à nous placer en tête de la colonne.
Du coup, j'ai la vue dégagée, j'adore ça.
J'ai lancé le moteur de ma chérie à plein régime, et nom d'un orc, il envoie de l'air!
Accroche-toi à ton trône gelé, Prince Arthas de mes deux, Betty arrive!
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 34, Toundra boréenne.
Unu'pe. Charmant petit village gelé au bord de la mer.
Enfin, il devait être charmant avant de se retrouver sur les routes d'approvisionnement du front.
Douze jours de route pour arriver dans ce trou.
Les habitants du crû nous ont accueillis plutôt froidement. Mais bon, je les comprends, on leur a fait miroiter une alliance, de l'aide et ce genre de conneries, et ils se retrouvaient à faire des rations de bouffe pour les transports.
Le vieux hurle fort, et sa voix est à moitié étouffée par le bruit des escadrilles gnomes qui survolent continuellement la zone.
Hé oui... Le bled en question se trouve aussi dans l'axe de la piste de l'aérognome de Spumelevier...
Pas de chance, les phoques...
- Hé Tink, encore un papier pour toi, tiens!
Je la charrie, mais je serais pas contre en fait...
Ces pauvres types sont au milieu d'un truc qui les dépasse sans doute de loin.
Tink me dit qu'elle va envoyer des photos aux Hospitaliers, histoire de les conscientiser...
Le temps qu'elle boucle son petit tour dans le village, Ed' et moi, on embarque les provisions.
La jauge est encore à moitié remplie, ça suffira amplement pour atteindre le ravitaillement suivant.
Juste avant le départ, le ciel s'est mis à gronder férocement. On a tous levé la tête en même temps, les mains sur les oreilles.
Un de ces moments où l'adrénaline monte en flèche.
Une escadrille entière d'interception, on a tous reconnus les couleurs rouge sang.
Ed', à coté de moi, fronce les sourcils.
Je ne peux pas m'empêcher de penser moi aussi à ceux qui les ont appelés au secours.
Ce genre de gnomes cinglés du manche à balai ne chassent que les plus gros wyrms.
Notre cinglée de gnome, elle, elle a pensé à leur tirer le portrait.
Dernière édition par Éléandre le Mar 25 Mai 2010, 22:53, édité 1 fois
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 35, Toundra boréenne.
Je le jure, sur la tête de ma mère, je ne l'ai pas vu débouler.
La route était droite et sans obstacles, et dans ces cas-là, je cale le levier de vitesse avec le genou, et j'ai les mains libres pour boire un coup ou un autre truc...
Il est arrivé de la droite, surement affolé par une bête sauvage.
Je n'ai pas eu le temps de freiner.
On était à peine sorti qu'une bande de fous-furieux a surgi de je ne sais où et ont commencé à nous insulter.
J'aime pas écraser les bêtes, croyez pas ça, je suis né à Elwynn et j'aime bien la forêt et ses bestioles, mais là franchement, on est en guerre, merde! Ces foutus druides n'ont rien d'autre à faire?
Qu'ils aillent plutôt planter des arbres à Tanaris, ça, ça serait utile tiens..
Bon gré mal gré, on ne s'en sort pas trop mal, à coups d'excuses et de promesses.
C'est un truc qui commence à me rentrer dans le crâne au fil des campagnes, c'est toujours sur l'arrière front qu'on se fait emmerder.
Dans la bataille, on sait sur quoi taper, et l'ennemi vient pas vous faire chier avec des bêtes crevées quand on lui bombarde ses murs.
Môssieur Edward me traite tout le temps de bourrin.
Mais là, il la ramène pas plus que moi devant les druides...
Crevard de paladin, va...
Ériane
Re: La route du Nord.
Jour 41, Frontière de la Désolation des Dragons.
De la CONNERIE!
C'est pas possible, ils vont les chercher où leurs pilotes? Dans des pochettes-surprise de chez Bayle!?
Le gars, il a un truc à faire, un seul! Me suivre!
Ben non. Paf! Il trouve encore le moyen de défoncer son engin sur le côté du défilé!
Ha non mais merde! Ecoutez-le se répandre comme un limon.. "Je l'ai pas fait exprès.. C'est le rocher qui m'a surpris.."
Connard de Carminois! L'a qu'à aller retourner viander le sanglier monstrueux dans ses collines!
Deux jours de retard pour réparer sa machine. Foutu connard!
Encore heureux qu'on a les pièces avec nous, parce que trouver un atelier par ici... Bonne chance, hein..
Les Comtélacustrois sont des CRETINS! Et je vous jure qu'il a pas fini de l'entendre, lui!
Ériane
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