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Message  Agénor Sam 01 Mar 2008, 16:52

Deux ans s’étaient écoulés depuis la destruction des terres des Hauts-Elfes. Ce peuple autrefois si fier et si sur de sa force était aujourd’hui sur le point de disparaître, à jamais. Mais un infime espoir gardait les Elfes en vie, celui d’un Prince aimé qui était prêt à tout pour sauver son espèce. En ces temps de malheurs, de tristesse et de changements, certains choisissaient la noble voie de la survie par l’entraide pour le bien de tous. D’autres, quant à eux, sombraient avec les vestiges de ce monde passé vers un sort plus terrible encore que la mort : l’oubli.


Southshore, les Contreforts d’Hillsbrad.

En ce jour de printemps, la nature avait été clémente pour les habitants de la ville côtière. Après plusieurs jours de pluie et d’orages, le beau temps revenait enfin et la nature semblait revivre sous les doux rayons du soleil. Certes un léger vent balayait la région mais la température était agréable malgré une humidité un peu trop sensible encore. L’insouciance de la population tranchait avec la nervosité des gardes. Il n’était pas rare de voir des pantins du Fléau descendre du nord pour répandre la mort sur leurs passages. Mais c’est avec une pointe d’un bonheur si longtemps oublié que les habitants reprenaient leur vie.

Niché en haut d’un arbre, des yeux observaient ces lieux depuis plus d’une journée déjà. La pluie et le vent n’avait pas délogé ce sinistre oiseau perché sur sa branche à épier chaque mouvement. Il observait la vie des gens, attentivement, presque sans but particulier. Toutefois, ses yeux se posèrent sur une femme de la race des Humains. Elle était belle et jeune, ses longs cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules. Elle riait et semblait heureuse de marcher les pieds nus dans l’herbe mouillée du matin, allant voir chaque garde pour leur dire un mot réconfortant. Devant elle, les gardes se transformaient et la crispation de leur travail se muait en une fierté qui gonflait leur poitrine à tel point que l’on aurait pu croire à des coqs paradant au beau milieu de la basse-cour. Pendant de longues minutes, l’Elfe perché sur son arbre observait cette jeune femme. Ses yeux, autrefois bleus, irradiait à présent d’une aura verdâtre. Une certaine mélancolie, voire des regrets, se lisait dans son regard. Après un soupir, il se concentra sur la garde de la ville et les rondes continuelles.

Le visage caché derrière un masque sombre, l’Elfe observait toujours quand le midi vint. La chaleur, plus forte, devait être insupportable pour les soldats lourdement engoncés dans leurs armures de plaques de métal. Le même métal que le forgeron battait au loin à en croire les sons typiques et réguliers qui résonnaient dans le calme relatif. Soudain un homme fortement protégé passa discuter un instant avec les gardes. Ses protecteurs étaient de rudes gaillards du nord, probablement des vétérans des guerres contre les Orcs. Ces hommes semblaient tellement austères et rustres que personne ne devait les contredire. Cet homme important n’était autre que le Magistrat de Southshore qui avait survécu à de très, très nombreuses tentatives d’assassinats en tout genre. Le fait de le voir encore en vie était un défi envers quiconque voulait devenir quelqu’un dans le ‘milieu’.

Lorsque le Magistrat repartit vers son bureau, l’Elfe descendit enfin de son arbre sans un bruit. Après un temps, il se faufila entre deux gardes et s’approcha des maisons au nord de l’hôtel de ville. D’un geste habile, il ouvrit la fenêtre de la façade ouest et pénétra dans le bâtiment qu’il désirait. L’air était agréable et une subtile fragrance de tarte aux pommes baignait la pièce. L’endroit était meublée avec le strict minimum et le tout donnait une impression de pauvreté typiquement humaine mais aisément compréhensible suite aux guerres passées. Sans le moindre bruit, l’Elfe progressait pas à pas sur le plancher, évitant les lattes trop âgées. Enfin, il arriva dans le dos de sa cible. Avec précaution, il sortit sa dague de son fourreau. La lame suintait d’un liquide vert, un poison destiné à garantir le décès d’une personne qui aurait la mauvaise intention de survivre à la blessure du métal. D’un geste vif et sans hésitation, l’Elfe planta la dague dans le dos de sa cible, transperçant le cœur tandis que l’autre main du meurtrier empêchait le moindre cri de sortir de la victime. Lentement, il déposa le corps au sol avec une attention particulière et une douceur insensée à comparer du geste létal.

A présent, les si longs et si beaux cheveux blonds de la jeune femme recouvrait le plancher, absorbant le sang qui se répandait. Elle était jeune, belle, aimable et pleine de vie. Sa robe d’été serait à présent ses habits mortuaires et ce soir, elle abandonnera ses draps de lin pour la fraîcheur éternelle de la tombe.

Après avoir soigneusement nettoyé sa dague, l’Elfe sortit de son sac une simple enveloppe ne portant aucune autre inscription qu’un sceau de cire. Il déposa du bout des doigts la lettre sur le corps sans vie de la jeune femme et fit demi-tour sans hésitation, ni remords. Tandis qu’il quittait la ville silencieusement, il s’attarda un moment à écouter le calme de Southshore. Dans quelques minutes, ce serait les cris, les pleurs et la colère qui monteraient des rues comme le tonnerre roulant dans les collines annonçant la tempête à venir.


La nuit était tombée, assis sur le bord d’une rivière, un Elfe était allongé observant la clarté de la lune. Il se redressa et ramassa la bourse de cuir qui était posée à son côté. Il l’ouvrit et regarda les pièces d’or à l’intérieur d’un air fatigué. Le message avait été porté, il avait fait son travail. Il se remémora un instant la noble devise de sa famille : ‘Sang et dévotion pour le Message’. Ses ancêtres auraient certainement honte de lui d’entendre ses mots sortir de sa bouche mais les temps avaient changé irrémédiablement et la nature des messages également. Il s’adaptait. A présent, il était seul et seuls les esprits des morts lui servaient de compagnie, susurrant des paroles emplies de poison à ses oreilles, le poussant toujours plus près de l’abîme.

Il chassa rapidement ses pensées de sa tête, déjà son devoir l’appelait : une lettre à apporter loin vers l’ouest, au delà des mers, sur les terres sauvages de Kalimdor.
Agénor
Agénor


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Message  Agénor Sam 01 Mar 2008, 16:53

Il ne suffit généralement que d’un minuscule grain de sable dans un rouage pour détruire une machine longuement pensée et préparée avec soin. Ainsi, même le plan le plus parfait n’est jamais entièrement certain.

Le Magistère avait demandé une amulette emplie, soi-disant, d’une grande puissance. Cet objet, détenu par le Clan Gueule-de-Dragon dans les Paluns, devait être primordial pour la renaissance de Quel’thalas. En temps que Messager, Agénor n’avait pas attaché d’importance aux divagations extravagantes d’un Magistère sous l’emprise de chardon sanglant. De toute façon, son travail ne consistait pas à savoir pourquoi mais plus à « emprunter » quelque chose à des Orcs brutaux et à la pensée restée cloisonnée à une époque de gloire aujourd’hui révolue.

L’humide région des Paluns offrait une couverture amplement suffisante pour un Elfe expérimenté et préparé à ces missions de récupération. Il lui avait suffit de suivre les ruines de batailles près des routes pour arriver à l’endroit où les Orcs s’étaient réfugiés, prêts à découdre jusqu’à la mort en emportant le plus d’ennemis avec eux. Et des ennemis, ils en avaient. L’Alliance et surtout les Nains désiraient ardemment la perte de ce Clan déclinant. Selon les informations du Magistère, rapidement confirmées par les investigations du Messager, l’Orc nommé Nek’rosh dirigeait cette bande de pillards et devait posséder le paquet à récupérer.

La phase d’approche avait été incroyablement simple. Il semblait que le Clan préparait une attaque contre la cité de Menethil et donc que leur regard se tournait plus vers de larges mouvements d’armée que vers un Elfe quelconque arrivant du nord. Quoi qu’il en soit, après quelques instants, Agénor avait sous les yeux le fameux Nek’rosh. Les rumeurs le concernant n’étaient pas fausses, il était très grand et son regard bouillonnait d’une rage qui avait abandonné la Horde depuis des années. Il vociférait des ordres mêlés d’insultes à l’égard de ses troupes et piétinait le sol rageant de ne pas être déjà au combat.

Le moment était enfin venu pour Agénor de faire preuve de tous ses talents de récupération. Penché sur une carte de la région, Nek’rosh ne le verrait pas arriver. Il ne le tuerait pas, ce n’était pas sa mission, peut être pour un prochain contrat ?
Il n’était plus qu’à quelques mètres de sa cible quand une douleur insoutenable l’envahit dans ses entrailles. Il cria, et s’effondra inconscient…

La violence du coup de poing ganté de fer le réveilla tant bien que mal. Son visage douloureux avait certainement déjà reçu plusieurs coups avant que son esprit ne se sorte de la brume dans laquelle il s’était évanoui. Ouvrant les yeux avec difficulté, peinant à voir à travers le sang qui ruisselait sur son visage, deux Orcs riaient. Reprenant lentement conscience, Agénor sentit une forte douleur sous son poumon droit, apparemment la lame Orc s’était profondément enfoncée. Voyant que l’Elfe bougeait encore, un des Orcs le souleva et le jeta au sol. Après quelques mots dans leur langue si particulièrement aimable, ils rirent un moment puis frappèrent le Messager au sol qui, une nouvelle fois, perdit connaissance.

Il était là au beau milieu des Bois des Chants Eternels à errer sans but, marchant pieds nus dans l’herbe abondante. Une légère brise marine battait son visage. Il marchait et soudain il la vit. Elle était si belle, ses longs cheveux noirs flottant dans les airs. Son visage offrait un sourire si paisible d’une jeune Elfe insouciante tout juste entrée dans l’âge adulte. Ses yeux gris le regardait avec bienveillance, comme une personne en attendant une autre depuis si longtemps. Derrière se cachait un petit Elfe aux cheveux bruns et aux yeux gris. Indéniablement il tenait de ses deux parents. Il observait avec curiosité le faucon-dragon qui volait à quelques mètres. La jeune Elfe tendit alors la main en direction d’Agénor comme une invitation. Avec un sourire soulagé, il s’approcha à pas rapide. A mesure que la distance diminuait, des cris lointains se rapprochaient, les échos d’une bataille, le fracas des armes et le râle des mourants…

Agénor se sentait bouger. Tout était noir autour de lui mais il avait la sensation qu’il se déplaçait. Il lui était totalement impossible de situer le sol du ciel mais il s’en aperçut rapidement quand on le posa à terre sans réelle précaution. La lumière revint à ses yeux et le ciel déclinait vers une nuit étoilée. Sa tête pivota sur le côté et le spectacle qu’il voyait représentait deux Orcs aux prises avec une large silhouette engoncée dans une imposante armure de plaques. Instinctivement, il se mit à plat ventre et commença à ramper à l’opposé. Chaque déplacement était pour lui une torture insoutenable. Tout se déplaçait lentement autour de lui, si lentement. Il avait la sensation de ne pas bouger, que son corps refusait de lui répondre et de se plier à sa volonté. Las, il soupira et ferma les yeux. Il désirait rejoindre les Bois des Chants Eternels, revoir sa femme et son fils et vivre heureux. Il voulait partir d’ici, il désirait enfin mourir.

Tout devint sombre autour de lui. Aucun son ne lui parvenait et il souriait, enfin libre…

Soudainement ses yeux s’ouvrirent entièrement et une intense chaleur envahit son corps. Il se sentait relevé par une force impressionnante. Le temps d’un éclair il ne vit qu’une intense lumière blanche et dorée puis ce fut le ciel nocturne. Un vent humide fouettait son visage et le calme de la nuit l’enveloppait. Près de lui, la forme en armure se releva. Ses mains auréolées de lumière disparaissaient dans la nuit. Agénor voyait enfin son visage, il s’agissait d’un homme aux traits durs et aux cheveux mi-longs et noirs. Il semblait austère et sévère maintenant qu’il était debout, il le toisait de son regard froid.

« Tu as eu de la chance, quelques instants plus tard et ils allaient te démembrer. »

La voix était stricte et puissante et son accent venait du nord de Lordaeron. Tentant de s’asseoir, Agénor ne sentit plus la douleur déchirante du coup d’épée. Il tenta de parler mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Rapidement, il posa ses mains sur son corps, cherchant à se rassurer.

« Tu es entier, rassure toi. Par contre, je ne pourrai rien pour la cicatrice de ta blessure. Si tu veux un miracle, va voir un Prêtre. Moi, je t’ai simplement tenu en vie. »

Rejetant sa lourde masse son épaule, l’Humain marcha un moment puis revint vers l’Elfe qui semblait perdu. Il l’observa un instant. Quand Agénor croisa son regard, il y lut de la pitié et de la compassion mais aussi de la détermination et une assurance sans faille. Alors le Paladin tendit la main au Messager.

« Lève toi. Tu es vivant et tu peux marcher. Je t’aiderai, Elfe. »

Après un temps d’hésitation, Agénor saisit la main de l’Humain et se releva. Ensemble, ils partirent vers le nord…
Agénor
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Message  Agénor Sam 01 Mar 2008, 16:53

Le lieu était plongé dans une pénombre dérangeante, étrange mélange de brumes et de lumières agonisantes. Une excellente vision ne permettait pas de voir à plus de dix pas et même cet Elfe perdu au milieu du Néant n’aurait pu apercevoir une forme quelconque en face de lui.. Sans perdre son sang froid, il déambulait aveuglément, espérant trouver une sortie à cette situation peu commune.

Après un certain temps, une lumière vive et aveuglante transperça les ténèbres et obligea l’Elfe à se cacher les yeux du revers de la main. Lorsqu’il abaissa sa main, il réalisa qu’il se trouvait près de Dalaran. La capitale des Mages était resplendissante et ses fines tours de pierres richement travaillées s’élevaient haut dans le ciel bleu et sans nuages. Les puissantes murailles laissaient imaginer la sérénité que les habitants pouvaient ressentir dans ces temps troublés. Car malgré les vertes contrées et le splendide Lac de Lordamere au nord, les rumeurs du meurtre du bon roi Terenas Menethil assombrissaient l’avenir du pays. L’Elfe aux cheveux bruns marchait lentement en direction de la grande porte donnant accès à la cité. Il était arrivé à la fin de son périple et il savourait déjà le repos qui l’attendait une fois sa mission terminée. Arrivé devant les lourdes portes fermées de la ville, il resta un moment indécis puis frappa. Quelques instants plus tard, un long bruit sourd se fit entendre et les battants bougèrent.
A peine l’entrée était-elle dégagée que d’innombrables silhouettes émergèrent des rues. Un incroyable nombre de Hauts-Elfes sortirent de la ville, observant le Messager d’un regard appuyé et accusateur. Surpris, l’Elfe ne bougeait pas, noyé au milieu du flot continu de ses confrères. Après le choc passé, il s’aperçut en fait que les Hauts-Elfes qui marchaient étaient en partie translucide voire fantomatique. Tous sans exceptions étaient marqués de blessures magiques et physiques. Commençant à paniquer, le Messager n’osait bouger devant tous les yeux accusateurs qui le toisaient. Au milieu de ce surprenant défilé, il lui sembla reconnaître certains visages mais l’instant suivant, ils avaient disparu. Puis une Elfe aux longs cheveux noirs et au visage doux laissa glisser ses doigts sur sa joue. Agénor le Messager reconnut instantanément l’Elfe et lorsqu’il voulut prononcer un mot, tous les spectres disparurent.
Au cœur de la cité, une large forme se tenait droite et imposante. Un charisme irréel émanait de cet Orc et son aura semblait étouffer littéralement la splendeur de Dalaran. Il leva son index en direction du Messager et une voix grave résonna, se répercutant à l’infini dans les ruelles :
« Ils sont tous morts… par ta faute. »

Agénor fut pris de panique mais avant de faire le moindre geste, il était de nouveau plongé dans le Néant. Sa respiration devint plus forte et il se mit à courir dans toutes les directions pour trouver une issue, en vain. Une fois de plus, une lumière vive aveugla l’Elfe et cette fois, il se trouvait dans la sinistre Forêt des Pins Argentés. Il courait, haletant, poursuivi par des dizaines de pantins sans vie du Fléau. Son entraînement de Messager lui permettait de ne pas être rattrapé en vitesse pure mais les morts finissaient toujours par le retrouver. Il n’apprendrait que plus tard la malédiction qui pesait sur sa famille et qui attirait le Fléau vers les Messagers de Sylvanas. Exténué par sa course, il trébucha sur le sol et déjà il entendait le bruit des ailes de cuir des Gargouilles d’Arthas qui s’approchait inexorablement pour déchirer sa chair et accomplir la volonté du Roi-Liche. Sur le rocher face à lui, un Orc le toisait de toute sa taille. Sous l’étrange capuchon de l’Orc, un seul œil illuminait la noirceur de l’âme du représentant de la Horde.
« Je connais ton secret, Elfe, je connais ton nom. »

Prostré sur le sol, ses mains recouvrant son visage, Agénor sanglotait. Il se sentait trahi, poignardé. Sa souffrance le tenaillait, son cœur saignait d’amertume et de regrets. Il n’avait ni repère, ni soutien. Il était au milieu de nulle part, et personne ne pouvait guérir ses blessures. Chaque mouvement, chaque image dans sa tête le ramenait invariablement aux souvenirs de ce qu’il avait perdu. Il voulait revenir aux temps heureux, où tout allait bien et où sa vie était une certitude apaisante. Il n’en pouvait plus de sa vie d’errance et de solitude, il désirait plus que tout avoir de nouveau une vie comme tout le monde : ressentir le bonheur, le calme et l’amour de son entourage. Quand il découvrit ses yeux de couleur bleu-vert, il vit les Bois des Chants-Eternels dans la nuit tombante. Un dernier contrat et il partirait loin de sa vie actuelle. Il marcha jusqu’au lieu de rendez-vous et attendit. C’est alors qu’un Orc vint à sa rencontre. Agénor se sentit soudainement mal à l’aise et une sensation oppressante le saisit. L’Orc rejeta en arrière son capuchon lorsqu’il fut face au Messager. L’Elfe recula sous la surprise de cet œil si inhumain. Une insupportable vague de cruauté l’envahit, le faisant tituber et chuter au sol. Il ne fallut qu’un instant pour qu’Agénor ne s’effondre devant l’implacable Orc dont la voix brisa le silence de la forêt.
« Tu es mon serviteur à présent. »


Les jours s’écoulaient et bien des choses s’étaient passées. Assis sur un rocher surplombant la mer, Agénor observait le répugnant reflet dans l’eau qui le regardait avec mépris et condescendance. Ses yeux rouges lui lançait un défi. Il n’arrivait plus à assembler sa mémoire. Chaque souvenir se mélangeait à d’autres ou alors à des pensées qui n’étaient pas les siennes. Il voyait des choses invraisemblables, vivait des batailles qu’il n’avait jamais soupçonnées, ressentait des sentiments qui lui étaient étrangers. Le fil de son esprit s’était cassé et les bouts pendaient librement, se liant au moindre contact et se brisant à nouveau. Son âme ne vivait plus en suivant la logique du temps, tout était brouillé. Il le savait. Il savait que quelque chose n’allait pas mais il était incapable de dire quoi.
Le reflet l’observait toujours avec cette pointe d’arrogance. Il ne reconnaissait plus l’Elfe qui était à la surface de l’eau. Mais malgré sa répulsion, il se sentait attiré par ce qu’il était, par la puissance qu’il dégageait et par l’assurance qui rayonnait de cet autre lui-même. Toujours immobile, il plongea dans le regard rouge de son image. Il cherchait à se sonder lui-même mais il ne trouvait que l’ombre de ce Démoniste Orc derrière chaque souvenir de sa vie passée, chaque douleur était marquée du sceau de cette créature, chaque sensation de haine exaltait son aura corruptrice. Au fond de lui, il sentait son ignoble puissance l’envahir. Il avait tenté de demander de l’aide mais personne n’avait répondu efficacement à son appel. Seul l’Orc, le Maître, l’aidait à se sortir des mauvais pas. Il entendait les voix lointaines et presque inaudibles de ceux qui étaient morts, constamment, il entendait leurs reproches. Ses rêves étaient bercés de paroles de haine et de colère. Agénor était mort depuis longtemps et ce n’était que maintenant qu’il le réalisait. Le Maître n’avait fait que lui montrer la voie à suivre pour s’accepter tel qu’il était.

Il se leva et regarda une dernière fois son reflet dans l’eau et à présent, il se souriait…
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