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La naissance de Tsaïs

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La naissance de Tsaïs Empty La naissance de Tsaïs

Message  Beckett Mer 18 Fév 2009, 13:02

Il arriva, voici bien longtemps, que le grand magicien Phandall, éminente autorité de Dalaran, voulut un enfant.

Ou plutôt, pour dire les choses plus justement, un héritier.

Mais le contact physique des autres êtres vivants lui répugnait et la simple idée d'effleurer le corps d'une femme lui faisait venir des sueurs glacées.

Ne parlons même pas d'envisager un accouplement bestial pour donner naissance à sa progéniture. Le Grand Phandall, avec tous ses pouvoirs, en aurait probablement fait une syncope, avant même de passer à l'acte proprement dit. Ce qui, on en conviendra, n'était guère pratique pour qui songe sérieusement à se reproduire.

Phandall décida donc de mettre à profit son immense savoir, et de créer son enfant.

Parce qu'il trouvait la plastique féminine intéressante, il décida que sa progéniture serait une fille. Et il la voulait parfaite.

Il délaissa ses tâches habituelles, abandonnant à un prétendant moins talentueux sa chaire à l'académie de magie de Dalaran, et se consacra tout entier à son projet.

Un projet qui, des années durant, occupa toutes ses pensées.

Sa création, il la nomma Tsaïs. Et elle était en effet parfaite.

Une peau dorée comme le miel, des cheveux qui semblaient avoir capturé un peu de la lumière du Puit d'Eternité, si fins qu'ils se soulevaient à la moindre brise, un beau visage, honnète et doux, un corps à l'harmonie sans défaut, comme sculpté par un artiste que le Soleil lui-même aurait inspiré.

Et probablement le plus joli popotin à avoir arpenté Azeroth, depuis que la reine Azshara et ses Biens-Nés avaient vu leurs propres fesses bottées par les Légions Ardentes. Et même peut-être avant cela.

Absolument parfaite.

Pourtant, contemplant sa création, Phandall était amer. Les jours passant confirmèrent ses craintes. Tsaïs, en effet, ne parlait jamais, restait immobile si elle n'était pas contrainte, ne pouvait se nourir seule, ne prenait, en vérité, aucune initiative d'aucune sorte.

Phandall dut se rendre à l'évidence : il n'avait créé qu'un magnifique écrin.

A l'intérieur, Tsaïs ne vivait pas réellement. Dans le mystère de ses cuves alchimiques, le Grand Phandall n'avait créé qu'une coquille vide.

Il en fut désespéré.

Il se sentit comme un enfant qui a reçu un superbe paquet cadeau, somptueusement enveloppé, l'ouvre avec gourmandise, plein d'une attente fiévreuse... pour s'apercevoir qu'il ne contient absolument rien.

Rien qu'une jolie boite...

Quelle frustration fut celle du Grand Phandall !

Le magicien envisagea de se supprimer. Oh, pas très longtemps, et pas tout à fait sérieusement : il avait une trop haute opinion de lui-même pour sciemment priver le monde de sa présence. Il s'était après tout donné pour surnom "Phandall le magnifique" ; ce qui donne une idée assez précise de l'estime qu'il avait de sa propre personne.

Il replongea donc dans son étude, tout entier à sa tâche.

Trouver une âme pour Tsaïs.
Beckett
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La naissance de Tsaïs Empty Re: La naissance de Tsaïs

Message  Beckett Jeu 19 Fév 2009, 10:27

Phandall n'apprit rien dans les grimoires de la grande bibliothèque de Dalaran. Les autres magiciens le raillèrent même, lorsqu'il les entretint de son grand projet. N'était suffisant de se conférer le sobriquet de "Magnifique" (Phandall préférait parler de surnom, à ce sujet), voilà que son orgueil démesuré l'entrainait sur la voie de la thaumaturgie ! Le Grand Phandall se targuait de trouver une âme pour sa création !

Il les envoya tous ballader dans le Néant Distordu, et renonça à la compagnie des hommes.

Quelques années lui suffirent, pourtant, pour comprendre qu'il s'était fourvoyé. Il avait cherché le secret de l'âme dans la nature, dans les grimoires et les alambics, dans ce monde et dans quelques autres où nul ne s'était jamais aventuré avant lui, et il n'avait rien trouvé qui ressembla de près ou de loin à ce qu'il recherchait.

Tsaïs ne changeait pas, toute pareille à ces enfants débiles qui naissent parfois comme une malédiction dans certaines familles humaines. Ses yeux ne regardaient rien, indifférents à la beauté du monde, sa bouche de s'ouvrait que pour se nourir, ses oreilles restaient désespérément sourdes.

Phandall vieillit. Les années passèrent, puis les décennies. Son dos se voûta sur sa table de travail, ses yeux faiblirent, ses doigts se raidirent, perdant de leur dextérité, sa plume grattant laborieusement le vélin de son journal. Le magicien ne renonça pas.

Grâce en soit à la longévité des Hauts elfes, après que le monde ait vu passer quatre vies humaines, Phandall trouva enfin.

Des énergies du Puit du Soleil, Phandall parvint à extraire une essence qui anima Tsaïs. On n'entrera pas ici dans le détail du procédé alchimique qui lui permit d'accomplir cette prouesse, et on épargnera au lecteur le déroulé d'une formule qui remplirai aisément trois ou quatre grimoires de belle taille.

Ce qui est important, c'est qu'au crépuscule de la vie de Phandall, Tsaïs naquit enfin.
Beckett
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Message  Beckett Jeu 19 Fév 2009, 10:49

Tsaïs se révéla une héritière brillante, au delà même des espérances de Phandall. Elle vécut à l'abir du monde, avec Phandall pour seul tuteur. La magie lui était si naturelle que le magicien lui-même était impressionné. Ce qui n'est pas peu dire quand on connaissait le caractère intraitable du magicien avec ses étudiants à Dalaran.

Les sortilèges virevoltaient entre ses doigts agiles, elle prononçait les formules les plus complexes sans erreur, alors même qu'elle ne les avait entendues qu'une ou deux fois.

Son caractère était très doux, presque docile. Curieuse de tout, particulièrement réceptive à la nouveauté, s'amusant de chaque nouvel apprentissage.

Phandall lui enseigna le nom des plantes et la façon de les utiliser pour obtenir différents effets, il lui apprit à extraire la magie des objets enchantés, pour se nourrir ou la transférer dans de nouveaux objets. Il lui apprit l'histoire et la médecine, la géographie de ce monde et de quelques autres.

Et puis Phandall mourut, laissant Tsaïs seule dans les montagnes.

Les mois passèrent, puis les années. Tsaïs apprenait seule, désormais.

A l'écart du monde vivait l'une des plus grandes magiciennes de ce temps, et tous l'ignoraient.

Sur un autre continent, à des milliers de kilomètres de là, une guerre éclata. Puis une autre, et une troisième. La dernière, dirait-on plus tard, sans vraiment y croire. Un prince fou pénétra en Quel'Thalas et détruisit le Puit du Soleil. Et cela, même Tsaïs ne put l'ignorer.

Née de l'énergie du Puit Solaire, son lien était si fort avec lui, qu'elle ne pouvait survivre à sa disparition.

Tsaïs s'écroula dans son laboratoire alchimique, sans avoir même conscience de ce qu'il advenait. D'une certaine manière, elle s'éteignit, comme la flamme soufflée d'une bougie.

Le temps passa à nouveau. Des mois encore, puis des années. Rien ne troubla la retraite du Grand Phandall, protégé par les plus redoutables sortilèges. Le corps de Tsaïs demeura immobile, se couvrant de poussière, comme une chose qu'on aurait oublié là.

De l'autre côté du monde, les flammes magiques du Puit du Soleil furent ranimées.

Et Tsaïs s'éveilla à nouveau.

Le choc avait été si grand que la plus grande partie de son savoir s'était évaporée. Sa mémoire enfuie à tout jamais. De sa naissance, de son apprentissage, de Phandall lui-même, elle ne se rappelait rien. La retraite même où elle avait passé sa vie lui était un lieu étranger.

Parcourant le journal de Phandall, elle apprit le secret de sa naissance et retrouva ainsi quelques bribes de souvenirs. Des lambeaux qui ne lui étaient guère utiles.

Quelques jours suffirent pour qu'elle oublie tout à nouveau...

Son esprit semblait comme meurtri par une blessure mystique, incappable de conserver plus de quelques jours le moindre souvenir.

Elle ouvrit la première page de son journal et écrivit le secret de sa naissance. Elle savait qu'elle l'oublierait bientôt, et qu'il lui faudrait se replonger dans ce journal pour se remémorer les événements de sa vie.

Et en effet, peu de temps après, elle avait de nouveau oublié.

Il suffisait d'une petite semaine, parfois moins, pour que sa mémoire s'efface. Elle relisait alors son journal, qu'elle rédigeait précautionneusement chaque soir, avec le sentiment de lire les mots écrits par une étrangère.

Elle décida de quitter le refuge et de rejoindre le monde, son précieux journal dans sa besace, sans vraiment savoir ce qui allait advenir, sans projet d'aucune sorte.
Beckett
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