Il était Garde... et c'était cool - Alerte au gaz !
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Il était Garde... et c'était cool - Alerte au gaz !
La panthère s'agitait. Pourtant, dans la grande salle de la caserne, le sergent Endherion ne pouvait lui accorder trop d'attention, ayant en face de lui la dénommée Cymbelîne Valkham qu'ils avaient cherché à rencontrer depuis l'avant-veille, quand son implication dans l'affaire des affichettes était apparue plus que probable. La garde Céralyndé l'avait reçue mais des impératifs l'amenaient à devoir passer la main en cours d'entretien.
Le paladin étala le dossier devant lui pour se remettre les idées en place. Oui, les affichettes. Ils voulaient voir la dénommée Cymbelîne pour lui faire savoir qu'ils la pensaient impliquée dans l'affaire, probablement en qualité de victime ou manipulée. La femme en face de lui semblait fatiguée mais non dénuée d'un certain charme, particulièrement dans sa façon d'avancer :
- "J'ai l'habitude d'assurer moi-même ma protection."
Elle était délicieusement pédante, comme il aimait. Ni bourgeoise, ni démesurément provocatrice, juste sûre d'elle au dernier degré, assez hautaine pour laisser à penser à son interlocuteur qu'elle lui accordait la grâce de lui accorder son attention, pas assez pour le vexer. Elle savait y faire pour doser ses effets avec, dans la voix, un soupçon exquis d'exotisme. Le petit hic, c'est qu'il en avait vu d'autres. Malgré tout sensible à cette personnalité qu'il devinait hors du commun, il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer dans d'autres situations bien plus intimes... avant de s'aviser qu'il était sans doute très fatigué lui aussi pour se laisser aller à ce point. Il s'efforça de se reconcentrer.
Il aurait pu, à cet instant, lui proposer un kawa à la gnomobutrice mais le comportement de Thelya l'arrêta définitivement. La panthère de la brigade féline venait de se figer et de feuler comme elle le faisait chaque fois qu'elle décelait quelque chose d'inhabituel. A ses côtés, Jaerah en faisait autant. Il n'y avait plus d'erreur, et d'ailleurs il en s'en fallut que de quelques secondes pour que tout le monde le sente hormis peut-être le sergent Hanrius, confiné dans les toilettes depuis si longtemps que son odorat était désormais à l'épreuve des pires horreurs : Un gaz irritant envahissait l'atmosphère !
- "Alerte au gaz ! Alerte au gaz ! Les civils dehors !"
- "Hein ? Oh merde... "
° ALERTE ! ALERTE ! Ceci n'est pas un exercice ! ALERTE AU GAZ ! Ceci n'est pas un exercice ! °
° Ouvrez les fenêtres ! °
° Qui qu'a pêté ? °
° Tout le monde dehors au trot, renvoyez les civils chez eux immédiatement ! °
° Et les prisonniers ? °
° Pas l'temps ! On s'tire ! °
L'alerte résonna simultanément de la voix et dans le communicateur : L'évacuation des civils était prioritaire, aussi l'entretien fut-il ajourné sur le champ tandis que dans les bâtiments, des bruits de pas, de chaises et de portes animaient subitement tous les étages.
- "D'solé m'dame, j'dois vous d'mander d'sortir."
Elle ne fit pas de difficultés, insistant simplement pour récupérer ses dagues. Le paladin les lui remit au prix d'un rapide aller-retour qui lui arracha une quinte de toux sans gravité. Il faillit même la percuter en revenant sur ses pas, ce qui la mit un instant presque au creux de ses bras, assez pour humer son odeur personnelle : Son parfum était à l'avenant de sa personne. Discret et subtil tout autant que précieux. Cette situation ne dura qu'un clin d'œil. En quelques minutes la cour s'emplit de civils autant que de militaires qui sortaient des locaux comme si un pied gigantesque avait tapé dans la fourmilière. Cependant, dans un angle, le garde Belegar continuait de tâcher de gérer une difficulté particulière avec un colis suspect que les chats inspectaient à leur tour. Les civils refluaient en ordre, guidés par le personnel de la Garde quand Endherion eut soudain une idée ! Les batteries de fluide arcaniques ! Une odeur aussi étrange... peut-être avaient-elles eu un hoquet ? Il se souvenait avoir lu ce type de choses dans la section "tir au trouble" de l'énorme manuel, la seule qu'il ait d'ailleurs vraiment parcourue, non pas parce qu'elle prenait l'essentiel des pages, mais parce qu'elle présentait un nombre invraisemblable de possibilités de dysfonctionnement classées par ordre statistique de probabilité d'occurrence, probabilité estimée à l'issue de la mise en production de plusieurs dizaines d'unités similaires dont pas une seule n'avait présenté moins de cinq pannes différentes par jour dans les premières semaines. Finalement la Garde pouvait s'estimer heureuse de posséder un modèle presque fiable, probablement parce qu'il était issue de la 3è série et n'essuyait donc pas autant de plâtres. Cinq pannes par an était déjà bien trop et frisait la perte d'homologation.
- "Aldanne, file ton foulard, j'vais réamorcer."
- "Tu vas quoi ?"
- "J'vais réamorcer. J'crois qu'c'est la centrale des barrières anti-magie qui déconne."
La sergent d'intendance se défit de son foulard, exposant sa gorge encore irritée à l'issue de la bataille avec la Purification, tâchant de comprendre, puis réalisant enfin de quoi il parlait. Alors elle lui tendit la clé qui ouvrait la trappe par laquelle on accédait aux entrailles du système et ne le quitta pas des yeux tandis qu'il s'enfonçait dans le bâtiment, droit vers les geôles dans lesquelles les prisonniers, étonnamment, ne toussaient pas. En vérité à l'étage inférieur, l'odeur était beaucoup moins forte. Le paladin fit jouer la clé dans la serrure et tira de toutes ses forces sur l'anneau de la trappe. Sans Gros-Sanchez pour l'aider, la situation était délicate. Il remonta pour se saisir d'une hallebarde au râtelier et redescendit en crachant ses poumons. Il s'en servit de levier pour s'arque-bouter de toutes ses forces et chasser enfin la pierre du passage, suffisamment pour qu'il s'y glisse sans risque de rester coincé. La hampe grinça, menaça de rompre, mais fit finalement son office. Il s'engouffra dans l'étroit passage et actionna le levier qui, d'après le schéma 18 et 21-A correspondait à la purge de chasse. Cette hypothèse était contredite par les icônes du petit dessin de la page trente-douze, mais il semblait avoir été ajouté à la hâte, ou ne correspondre qu'à une option qu'ils n'avaient pas acquise.
Un sifflement puissant se fit entendre, résonnant dans le couloir avec tant d'échos qu'on aurait pu imaginer qu'il s'enfonçait loin dans les fondations de la caserne. Le paladin bénit sa formation d'ingénieur quand il vit remonter les jauges 2, 3, 4 et 7 à un niveau nominal. Le sifflement s'apaisa pour retrouver un chant normal, un espèce de ré majeur avec des trémollos peu ou prou en accord avec la notation décimale fréquentielle qui décrivait - avec force exemples de sinusoides - ce qu'il était censé percevoir. Il s'extirpa de l'étroit conduit, chassa les toiles d'araignées qui s'étaient accrochées ici ou là et secoua son tabard avant de repousser la trappe en place. Avant qu'il n'ait refermé, les petites lumières bleues et vertes clignotaient doucement à nouveau dans le noir à un rythme parfaitement chaotique, ce qui, paradoxalement, le rassura. Il activa son communicateur :
° Fin d'alerte ! Fin d'alerte ! On attend que ça se disperse encore quelques minutes et on pourra rentrer. °
° Dès qu'on en a fini avec notre colis piégé sergent. ° répondit Céralyndé.
Effectivement pendant ce temps là, le garde Beregar avait tourné de l'oeil et Céralyndé avait enfermé on ne sait quelle substance toxique dans une bouteille de vin cuvée d'Armagnac repérée dans l'urgence en haut du casier de Mahelle, le premier récipient étanche qu'ils avaient pu trouver. Heureusement quelques gifles pas trop lourdes remirent en place les idées du Nain et chacun put, bientôt, reprendre une activité normale... ou quasi.
Il était Garde... et c'était cool.
Le paladin étala le dossier devant lui pour se remettre les idées en place. Oui, les affichettes. Ils voulaient voir la dénommée Cymbelîne pour lui faire savoir qu'ils la pensaient impliquée dans l'affaire, probablement en qualité de victime ou manipulée. La femme en face de lui semblait fatiguée mais non dénuée d'un certain charme, particulièrement dans sa façon d'avancer :
- "J'ai l'habitude d'assurer moi-même ma protection."
Elle était délicieusement pédante, comme il aimait. Ni bourgeoise, ni démesurément provocatrice, juste sûre d'elle au dernier degré, assez hautaine pour laisser à penser à son interlocuteur qu'elle lui accordait la grâce de lui accorder son attention, pas assez pour le vexer. Elle savait y faire pour doser ses effets avec, dans la voix, un soupçon exquis d'exotisme. Le petit hic, c'est qu'il en avait vu d'autres. Malgré tout sensible à cette personnalité qu'il devinait hors du commun, il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer dans d'autres situations bien plus intimes... avant de s'aviser qu'il était sans doute très fatigué lui aussi pour se laisser aller à ce point. Il s'efforça de se reconcentrer.
Il aurait pu, à cet instant, lui proposer un kawa à la gnomobutrice mais le comportement de Thelya l'arrêta définitivement. La panthère de la brigade féline venait de se figer et de feuler comme elle le faisait chaque fois qu'elle décelait quelque chose d'inhabituel. A ses côtés, Jaerah en faisait autant. Il n'y avait plus d'erreur, et d'ailleurs il en s'en fallut que de quelques secondes pour que tout le monde le sente hormis peut-être le sergent Hanrius, confiné dans les toilettes depuis si longtemps que son odorat était désormais à l'épreuve des pires horreurs : Un gaz irritant envahissait l'atmosphère !
- "Alerte au gaz ! Alerte au gaz ! Les civils dehors !"
- "Hein ? Oh merde... "
° ALERTE ! ALERTE ! Ceci n'est pas un exercice ! ALERTE AU GAZ ! Ceci n'est pas un exercice ! °
° Ouvrez les fenêtres ! °
° Qui qu'a pêté ? °
° Tout le monde dehors au trot, renvoyez les civils chez eux immédiatement ! °
° Et les prisonniers ? °
° Pas l'temps ! On s'tire ! °
L'alerte résonna simultanément de la voix et dans le communicateur : L'évacuation des civils était prioritaire, aussi l'entretien fut-il ajourné sur le champ tandis que dans les bâtiments, des bruits de pas, de chaises et de portes animaient subitement tous les étages.
- "D'solé m'dame, j'dois vous d'mander d'sortir."
Elle ne fit pas de difficultés, insistant simplement pour récupérer ses dagues. Le paladin les lui remit au prix d'un rapide aller-retour qui lui arracha une quinte de toux sans gravité. Il faillit même la percuter en revenant sur ses pas, ce qui la mit un instant presque au creux de ses bras, assez pour humer son odeur personnelle : Son parfum était à l'avenant de sa personne. Discret et subtil tout autant que précieux. Cette situation ne dura qu'un clin d'œil. En quelques minutes la cour s'emplit de civils autant que de militaires qui sortaient des locaux comme si un pied gigantesque avait tapé dans la fourmilière. Cependant, dans un angle, le garde Belegar continuait de tâcher de gérer une difficulté particulière avec un colis suspect que les chats inspectaient à leur tour. Les civils refluaient en ordre, guidés par le personnel de la Garde quand Endherion eut soudain une idée ! Les batteries de fluide arcaniques ! Une odeur aussi étrange... peut-être avaient-elles eu un hoquet ? Il se souvenait avoir lu ce type de choses dans la section "tir au trouble" de l'énorme manuel, la seule qu'il ait d'ailleurs vraiment parcourue, non pas parce qu'elle prenait l'essentiel des pages, mais parce qu'elle présentait un nombre invraisemblable de possibilités de dysfonctionnement classées par ordre statistique de probabilité d'occurrence, probabilité estimée à l'issue de la mise en production de plusieurs dizaines d'unités similaires dont pas une seule n'avait présenté moins de cinq pannes différentes par jour dans les premières semaines. Finalement la Garde pouvait s'estimer heureuse de posséder un modèle presque fiable, probablement parce qu'il était issue de la 3è série et n'essuyait donc pas autant de plâtres. Cinq pannes par an était déjà bien trop et frisait la perte d'homologation.
- "Aldanne, file ton foulard, j'vais réamorcer."
- "Tu vas quoi ?"
- "J'vais réamorcer. J'crois qu'c'est la centrale des barrières anti-magie qui déconne."
La sergent d'intendance se défit de son foulard, exposant sa gorge encore irritée à l'issue de la bataille avec la Purification, tâchant de comprendre, puis réalisant enfin de quoi il parlait. Alors elle lui tendit la clé qui ouvrait la trappe par laquelle on accédait aux entrailles du système et ne le quitta pas des yeux tandis qu'il s'enfonçait dans le bâtiment, droit vers les geôles dans lesquelles les prisonniers, étonnamment, ne toussaient pas. En vérité à l'étage inférieur, l'odeur était beaucoup moins forte. Le paladin fit jouer la clé dans la serrure et tira de toutes ses forces sur l'anneau de la trappe. Sans Gros-Sanchez pour l'aider, la situation était délicate. Il remonta pour se saisir d'une hallebarde au râtelier et redescendit en crachant ses poumons. Il s'en servit de levier pour s'arque-bouter de toutes ses forces et chasser enfin la pierre du passage, suffisamment pour qu'il s'y glisse sans risque de rester coincé. La hampe grinça, menaça de rompre, mais fit finalement son office. Il s'engouffra dans l'étroit passage et actionna le levier qui, d'après le schéma 18 et 21-A correspondait à la purge de chasse. Cette hypothèse était contredite par les icônes du petit dessin de la page trente-douze, mais il semblait avoir été ajouté à la hâte, ou ne correspondre qu'à une option qu'ils n'avaient pas acquise.
Un sifflement puissant se fit entendre, résonnant dans le couloir avec tant d'échos qu'on aurait pu imaginer qu'il s'enfonçait loin dans les fondations de la caserne. Le paladin bénit sa formation d'ingénieur quand il vit remonter les jauges 2, 3, 4 et 7 à un niveau nominal. Le sifflement s'apaisa pour retrouver un chant normal, un espèce de ré majeur avec des trémollos peu ou prou en accord avec la notation décimale fréquentielle qui décrivait - avec force exemples de sinusoides - ce qu'il était censé percevoir. Il s'extirpa de l'étroit conduit, chassa les toiles d'araignées qui s'étaient accrochées ici ou là et secoua son tabard avant de repousser la trappe en place. Avant qu'il n'ait refermé, les petites lumières bleues et vertes clignotaient doucement à nouveau dans le noir à un rythme parfaitement chaotique, ce qui, paradoxalement, le rassura. Il activa son communicateur :
° Fin d'alerte ! Fin d'alerte ! On attend que ça se disperse encore quelques minutes et on pourra rentrer. °
° Dès qu'on en a fini avec notre colis piégé sergent. ° répondit Céralyndé.
Effectivement pendant ce temps là, le garde Beregar avait tourné de l'oeil et Céralyndé avait enfermé on ne sait quelle substance toxique dans une bouteille de vin cuvée d'Armagnac repérée dans l'urgence en haut du casier de Mahelle, le premier récipient étanche qu'ils avaient pu trouver. Heureusement quelques gifles pas trop lourdes remirent en place les idées du Nain et chacun put, bientôt, reprendre une activité normale... ou quasi.
Il était Garde... et c'était cool.
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