Les Trois Erreurs : Contrebande, trahison, et chocolat.

Prologue : Une entrée remarquée.

Cela aurait pu se passer dans les ténèbres d'une nuit sans lune. Hélas, la réalité se moque totalement des conventions littéraires autant théâtrales.
C'est donc pendant une nuit moyennement sombre que Fitzpatrick J Derret et ses hommes pénètrèrent dans les souterrains récemment aménagés en dessous de l'antre du Serpent.

Fort heureusement, ils étaient, eux aussi, moyens en tout. Lorsqu'ils parvinrent devant le bureau de leur future victime présumée, ils avaient déja perdu un homme dans une chausse-trappe remplie de pieu barbelés, un second qui avait terminé carbonisé après avoir marché sur une rune de garde, et un troisième, dévoré vif par une araignée géante d'élevage, que la plaque de saronite attachée autour de son cou identifiait comme "Betty, terreur des fouineurs". Après l'avoir tant bien que mal repoussée dans le puit insondable qui lui servait de repaire, ils parvinrent devant la lourde porte un peu moins fanfaron qu'en arrivant.

Ils la défoncèrent avec un enthousiasme certain, comme s'ils exorcisaient un mauvais sort. Malheureusement, le bois avait subi un traitement spécial, et Bill "La Teigne" perdit un oeil lorsqu'une immense écharde gicla vers son visage. Le propriétaire du lieu les accueillit avec un immense sourire.

"Bonsoir messieurs ! Permettez-moi de vous dire que vous êtes en retard. Vous prendrez bien un peu de thé, hmmm ?"
Ca n'est pas vraiment le genre d'accueil auxquels ils s'attendaient.
"De grâce, Al-Rakim, épargnez nous les minauderies. Vous savez pourquoi nous sommes là.
-Hmm...laissez moi réfléchir. Je sais ! Vous venez voler des cuillères !

Fitzpatrick se passa une main sur le visage. Ce foutu Serpent allait faire le malin jusqu'au bout. Il fit un signe de la main, et ses hommes se placèrent, investissant l'immense bureau dans lequel ils se trouvaient.

Ou peut être mes bouteilles de vin...ça ne valait pas la peine de réveiller Betty pour ça. Vous êtes conscient qu'elle digère très mal les armures ?
-On se fout de votre saloperie à huit pattes. Nous sommes venus dans le but de vous annoncer votre fin. Vous avez été trahi.
-Je le sais.
-Comment ça, "je le sais" ?

Fitzpatrick ouvrit grand les yeux, à la manière d'un Kalu'ak qui verrait fondre son igloo en pleine tempête de neige. Son interlocuteur, quand à lui, se fit plus sérieux.

Vous êtes un idiot, jeune Fitzpatrick. Un idiot doublé d'un grand naïf. Vous pensez pouvoir entrer chez moi, avec quelques hommes en armes, et parader dans mon domaine sans conséquence ? Vous estimez pouvoir m'abattre avec une poignée d'hommes et quelques fusils ? Pire encore, vous espérez que vos manigances pathétiques auront une quelconque incidence sur ma destinée ?
-Nous savons où se cache le secret de votre puissance.
-Et cela ne vous étonne pas, de l'avoir trouvé aussi facilement, suivant un chemin balisé d'indices aussi discret que des cailloux blancs ?

Il rit.

Je vous faisais confiance, mon ami. Ceux que vous avez envoyé là-bas vous faisaient sûrement confiance aussi. Et l'un comme l'autre, nous avons été déçu. Moi, parce que j'ai aperçu des hommes s'y rendre, quelques semaines après m'être confié à vous... et eux, quand ils se sont rendu compte qu'ils avaient fait tout ce chemin pour rien. Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Vos hommes sont morts. Une mort lente et douloureuse, par ailleurs. Et pendant tout ce temps, il ont maudit votre nom. J'ai trouvé cela plutôt...pittoresque.

Monsieur Derret senti la moutarde lui monter au nez, et braqua son mousquet vers le visage de son hôte.

Vous êtes un enfant de salaud, Al-Rakim. Nous allons rendre service au monde en le débarrassant de vous. Ensuite, nous nettoierons Azeroth de toute l'engeance qui partage votre sang.

[A suivre]