Echos d'acier dans la Citadelle
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Echos d'acier dans la Citadelle
Ce souffle glacé m'avait presque manqué…
Les serres du griffon raclèrent le sol gelé et toutes les bêtes se posèrent en groupe l’une après l’autre au milieu du campement. Plusieurs signes furent visibles chez les soldats déjà présents. Sourires, brèves acclamations, frottements de mains, soupirs…
L’assaut de la Citadelle avait commencé depuis quelques jours déjà et ces renforts étaient plus que bienvenus. D’ailleurs, Towann se sentait bel et bien à sa place à cet instant. Un officier vint à la rencontre des arrivants et s’adressa au kaldoreï en premier sur un ton militaire irréprochable qui ne lui avait pas manqué le moins du monde.
« - Nom, grade et affectation !
-Sergent Stormrunner, archer du septième régiment d’élite sous les ordres du commandant Elraan.
- Votre régiment est sur le point de partir, faites vite ! »
Le geste rapide lui intimant de disparaître fut inutile pour que l’elfe ne s’avance vers la citadelle d’un pas vif, les yeux braqués sur sa silhouette immense. Son armure cliquetait en rythme régulier et il semblait respirer l’assurance malgré la légère tension précédant chaque grand affrontement. Ainsi, il allait enfin participer à sa dernière bataille, la plus grande et la plus périlleuse de toutes. Il allait mener le combat dans la demeure même du Fléau, jusque dans son antre gelée, dans la gueule de la bête. Tous ici se battaient pour leur monde, pour leurs idéaux, pour la Lumière, mais lui venait porter la vengeance contre ces monstres et sa propre impuissance à tenir sa promesse. Il ne se battait pas pour lui. Il le faisait pour sa sœur, plus que pour quiconque, pour faire payer au Fléau la mort et le retour de Déania Stormrunner.
« - Towann ! »
Il fut tiré de ses pensées par le mage qui s’approchait de lui avec un grand sourire aux lèvres. Lui rendant la pareille, il vint vers l’humain avec qui il échangea une étreinte amicale tout en le gratifiant d’une tape dans le dos.
« - Hé hé ! Enfin de retour, j’te souhaite la bienvenue à la demeure d’Arthas !
- C’était trop aimable de m’attendre. »
Le visage rond, des cheveux blonds et courts, une carrure plutôt maigre et un air rieur bien que marqués de cernes, Ronas approchait la trentaine mais paraissait presque dix ans de moins, ce qui laissait difficilement deviner son expérience de la guerre. De par sa fonction de mage de bataille, il était généralement positionné en arrière des troupes pour couvrir les fantassins à l’aide de ses sorts et sa proximité avec les archers et fusiliers lui avait fait rencontrer Towann lors des premiers combats de l’armée en Outreterre. Tout était parti d’une rivalité stupide sur le nombre de naga que chacun parviendrait à tuer lors d’une bataille, s’étant remarqués par leur efficacité respective sur le terrain. L’elfe et l’humain étaient vite devenus camarades, ainsi qu’avec un nain nommé Doreigh, mort à Ulduar lors du dernier assaut ayant réquisitionné Towann.
Aujourd’hui, lui et Ronas savaient qu’ils avaient plus de chances que jamais de connaître un sort pire encore que la folie d’un Très Ancien mais comme avant chaque bataille, les sourires étaient sur les lèvres et les pronostics étaient positifs.
« - Tu arrives juste à temps, le haut-commandant va bientôt lancer l’assaut. J’espère que tu es prêt.
- Quelle question ! Je n’ai plus de temps à perdre.
- J’ose espérer que depuis la dernière fois, ta dulcinée t’a laissé tomber et que tu vas pas encore me rabattre les oreilles avec elle.
- Dommage pour toi, je l’ai demandée en mariage. »
Les yeux du mage s’exorbitèrent.
« - T’es pas sérieux… Non, pas toi Tow…
- Et si…
- Tu t’es pas fait avoir quand même ? Elle doit pas tout savoir sur toi, c’est pas possible !
- Elle en sait plus que tu ne le crois.
- Pfah ! Réussir à t’attraper et à te mettre en laisse, elle est forte ta Cérélynne.
- Céralynde.
- Ouais, si tu veux… C’est dingue quand même ! Donc c’est sérieux ton départ ?
- C’est sérieux. J’entame aujourd’hui ma dernière bataille.
- C’est peut-être l’cas de tout le monde… Hey, bah voilà le haut-commandant ! »
Ronas désigna les tentes des officiers d’où venait de sortir la robuste paladine. Celle-ci aperçut Towann et se dirigea vers lui. Depuis l’Outreterre, où il avait également servi sous ses ordres, il avait vaguement pu faire connaissance avec elle, ce qui était rare entre un officier supérieur et le caporal qu’il était à l’époque. Et s’il était sûr d’une chose, c’était que peu de commandants étaient à la hauteur de Sélia Elraan. Elle savait mener des hommes avec efficacité et prendre rapidement les bonnes décisions, sans parler de son talent au combat. Elle et Déania étaient sans doute les deux personnes auxquelles il souhaitait le moins avoir affaire en combat singulier tant elles pouvaient être impressionnantes, en omettant Céralynde.
Towann vit alors une silhouette près de la tente, qui retint son attention, et plissa immédiatement les yeux pour mieux la voir. Un doute le submergea l’espace d’une seconde. Il connaissait cette personne, cette allure, ce visage… Mais l’instant d’après, elle avait disparu.
Asélryn ?
C’était peu plausible. Qu’est-ce qu’une citrouillarde ferait à la Couronne de Glace ? Ce n’était pas leur genre de se risquer jusqu’ici, notamment en ce qui concernait la Gamine d’après ce qu’il savait.
« - Il est bon de vous savoir enfin parmi nous sergent. »
Towann lui rendit son salut. Elle salua plus brèvement le soldat Ronas Frendil.
« - Excusez mon retard haut-commandant.
- Ne restez pas trop campé sur ces formalités Stormrunner, nous sommes tous ici pour venger ou protéger nos familles, ce n’est pas une campagne comme les autres. Une fois à l’intérieur, il n’y aura plus de soldat ou de commandant, nous serons tous à la même enseigne et je risquerai ma vie pour une simple recrue aussi assurément que vous le ferez pour quiconque ici. »
M’oui… sauf que moi, je n’ai pas le droit de mourir…
Towann se contenta d’un hochement de tête pour approuver les dires de sa supérieure.
Le septième régiment d’élite franchit le seuil de la porte enfoncée de la Citadelle au pas de course. La bataille faisait rage à l’intérieur et les renforts devaient arriver au plus vite. Towann vérifia une dernière fois son équipement. Arc à la main, carquois plein, contenant entre autres la pointe d’argent offerte par Leizen, épée courte à la ceinture, en cas de nécessité extrême, et même son fusil de manufacture gobeline. Avec son armure en plus de cela, il produisait un fracas métallique qui se confondait avec celui des autres soldats. Ronas n’était pas loin et passait en revue ses sorts les plus courants et les plus utiles de mémoire.
L’assaut final de la Citadelle commençait pour Towann. Il ne savait pas encore ce qu’il y trouverait mais si une chose était certaine, c’était que la mort avait déjà de quoi se réjouir.
Les serres du griffon raclèrent le sol gelé et toutes les bêtes se posèrent en groupe l’une après l’autre au milieu du campement. Plusieurs signes furent visibles chez les soldats déjà présents. Sourires, brèves acclamations, frottements de mains, soupirs…
L’assaut de la Citadelle avait commencé depuis quelques jours déjà et ces renforts étaient plus que bienvenus. D’ailleurs, Towann se sentait bel et bien à sa place à cet instant. Un officier vint à la rencontre des arrivants et s’adressa au kaldoreï en premier sur un ton militaire irréprochable qui ne lui avait pas manqué le moins du monde.
« - Nom, grade et affectation !
-Sergent Stormrunner, archer du septième régiment d’élite sous les ordres du commandant Elraan.
- Votre régiment est sur le point de partir, faites vite ! »
Le geste rapide lui intimant de disparaître fut inutile pour que l’elfe ne s’avance vers la citadelle d’un pas vif, les yeux braqués sur sa silhouette immense. Son armure cliquetait en rythme régulier et il semblait respirer l’assurance malgré la légère tension précédant chaque grand affrontement. Ainsi, il allait enfin participer à sa dernière bataille, la plus grande et la plus périlleuse de toutes. Il allait mener le combat dans la demeure même du Fléau, jusque dans son antre gelée, dans la gueule de la bête. Tous ici se battaient pour leur monde, pour leurs idéaux, pour la Lumière, mais lui venait porter la vengeance contre ces monstres et sa propre impuissance à tenir sa promesse. Il ne se battait pas pour lui. Il le faisait pour sa sœur, plus que pour quiconque, pour faire payer au Fléau la mort et le retour de Déania Stormrunner.
« - Towann ! »
Il fut tiré de ses pensées par le mage qui s’approchait de lui avec un grand sourire aux lèvres. Lui rendant la pareille, il vint vers l’humain avec qui il échangea une étreinte amicale tout en le gratifiant d’une tape dans le dos.
« - Hé hé ! Enfin de retour, j’te souhaite la bienvenue à la demeure d’Arthas !
- C’était trop aimable de m’attendre. »
Le visage rond, des cheveux blonds et courts, une carrure plutôt maigre et un air rieur bien que marqués de cernes, Ronas approchait la trentaine mais paraissait presque dix ans de moins, ce qui laissait difficilement deviner son expérience de la guerre. De par sa fonction de mage de bataille, il était généralement positionné en arrière des troupes pour couvrir les fantassins à l’aide de ses sorts et sa proximité avec les archers et fusiliers lui avait fait rencontrer Towann lors des premiers combats de l’armée en Outreterre. Tout était parti d’une rivalité stupide sur le nombre de naga que chacun parviendrait à tuer lors d’une bataille, s’étant remarqués par leur efficacité respective sur le terrain. L’elfe et l’humain étaient vite devenus camarades, ainsi qu’avec un nain nommé Doreigh, mort à Ulduar lors du dernier assaut ayant réquisitionné Towann.
Aujourd’hui, lui et Ronas savaient qu’ils avaient plus de chances que jamais de connaître un sort pire encore que la folie d’un Très Ancien mais comme avant chaque bataille, les sourires étaient sur les lèvres et les pronostics étaient positifs.
« - Tu arrives juste à temps, le haut-commandant va bientôt lancer l’assaut. J’espère que tu es prêt.
- Quelle question ! Je n’ai plus de temps à perdre.
- J’ose espérer que depuis la dernière fois, ta dulcinée t’a laissé tomber et que tu vas pas encore me rabattre les oreilles avec elle.
- Dommage pour toi, je l’ai demandée en mariage. »
Les yeux du mage s’exorbitèrent.
« - T’es pas sérieux… Non, pas toi Tow…
- Et si…
- Tu t’es pas fait avoir quand même ? Elle doit pas tout savoir sur toi, c’est pas possible !
- Elle en sait plus que tu ne le crois.
- Pfah ! Réussir à t’attraper et à te mettre en laisse, elle est forte ta Cérélynne.
- Céralynde.
- Ouais, si tu veux… C’est dingue quand même ! Donc c’est sérieux ton départ ?
- C’est sérieux. J’entame aujourd’hui ma dernière bataille.
- C’est peut-être l’cas de tout le monde… Hey, bah voilà le haut-commandant ! »
Ronas désigna les tentes des officiers d’où venait de sortir la robuste paladine. Celle-ci aperçut Towann et se dirigea vers lui. Depuis l’Outreterre, où il avait également servi sous ses ordres, il avait vaguement pu faire connaissance avec elle, ce qui était rare entre un officier supérieur et le caporal qu’il était à l’époque. Et s’il était sûr d’une chose, c’était que peu de commandants étaient à la hauteur de Sélia Elraan. Elle savait mener des hommes avec efficacité et prendre rapidement les bonnes décisions, sans parler de son talent au combat. Elle et Déania étaient sans doute les deux personnes auxquelles il souhaitait le moins avoir affaire en combat singulier tant elles pouvaient être impressionnantes, en omettant Céralynde.
Towann vit alors une silhouette près de la tente, qui retint son attention, et plissa immédiatement les yeux pour mieux la voir. Un doute le submergea l’espace d’une seconde. Il connaissait cette personne, cette allure, ce visage… Mais l’instant d’après, elle avait disparu.
Asélryn ?
C’était peu plausible. Qu’est-ce qu’une citrouillarde ferait à la Couronne de Glace ? Ce n’était pas leur genre de se risquer jusqu’ici, notamment en ce qui concernait la Gamine d’après ce qu’il savait.
« - Il est bon de vous savoir enfin parmi nous sergent. »
Towann lui rendit son salut. Elle salua plus brèvement le soldat Ronas Frendil.
« - Excusez mon retard haut-commandant.
- Ne restez pas trop campé sur ces formalités Stormrunner, nous sommes tous ici pour venger ou protéger nos familles, ce n’est pas une campagne comme les autres. Une fois à l’intérieur, il n’y aura plus de soldat ou de commandant, nous serons tous à la même enseigne et je risquerai ma vie pour une simple recrue aussi assurément que vous le ferez pour quiconque ici. »
M’oui… sauf que moi, je n’ai pas le droit de mourir…
Towann se contenta d’un hochement de tête pour approuver les dires de sa supérieure.
Le septième régiment d’élite franchit le seuil de la porte enfoncée de la Citadelle au pas de course. La bataille faisait rage à l’intérieur et les renforts devaient arriver au plus vite. Towann vérifia une dernière fois son équipement. Arc à la main, carquois plein, contenant entre autres la pointe d’argent offerte par Leizen, épée courte à la ceinture, en cas de nécessité extrême, et même son fusil de manufacture gobeline. Avec son armure en plus de cela, il produisait un fracas métallique qui se confondait avec celui des autres soldats. Ronas n’était pas loin et passait en revue ses sorts les plus courants et les plus utiles de mémoire.
L’assaut final de la Citadelle commençait pour Towann. Il ne savait pas encore ce qu’il y trouverait mais si une chose était certaine, c’était que la mort avait déjà de quoi se réjouir.
Dernière édition par Asélryn / Towann le Jeu 21 Jan 2010, 09:51, édité 1 fois
Asélryn / Towann
Re: Echos d'acier dans la Citadelle
La flammerolle peinait à perpétuer sa frêle existence malgré la quantité de bois sensée l’alimenter. Pour ce qui était de réchauffer les doigts de Towann, ce n’était pas gagné. Le froid qui régnait dans les murs de la Citadelle était tout simplement surnaturel. Les soldats se réunissaient autour de faibles foyers et les discussions s’avéraient brèves et concises. Ces instants de calme étonnant alternaient avec la fureur des combats fréquents mais n’améliorait pas le moral des troupes qui n’était déjà pas bien haut.
Towann n’avait pas le regard porté sur ses mains, ni même sur le feu devant lui. Une seule et unique personne captait son attention, à l’écart avec ses semblables, ses « frères » et « sœurs » de malheur. Si Déania sentait le regard de son aîné, elle ne le laissait absolument pas paraître. Comme tous les autres chevaliers, elle se taisait en l’attente des prochains affrontements et réduisait ses gestes à des vérifications comme le tranchant de leurs lames ou l’état de leurs armures. Les rangs des guerriers d’Achérus étaient gouvernés par un silence que la mort aurait pu envier.
« - Tu te fais du mal va…
- Hum ?
- Je te connais Tow, quand tu regardes ta sœur comme ça, c’est qu’tu regrettes. Et tu n’as rien à regretter, rien de ce qui lui arrive aujourd’hui n’est de ta faute.
- Peut-être bien… »
Il sortit une petite outre de liqueur naine et en avala une gorgée qui eut l’effet de le réchauffer avec bien plus d’efficacité que le feu à moitié éteint à coté de lui. Remuant les épaules, il se détourna de Ronas en continuant de lui parler.
« - Ils veulent nous tuer ou quoi ? On va geler sur place à rester immobiles comme ça.
- On se balade pas chez le roi-liche comme ça, faut y aller à tâtons en laissant les officiers décider…
- Et décider de quelque chose n’est pas toujours ce qu’ils font de mieux. »
Towann s’allongea sur le dos en sortant une flèche à pointe d’argent de son carquois. Il la fit tourner lentement devant ses yeux en observant le travail fin et précis d’un air distrait.
« - Belle manufacture.
- Elfique.
- Tu t’es réconcilié avec les tiens ?
- Ça va pas non ?
- Ha ! Si tu savais le nombre de nains et de gnomes plus respectueux des elfes que toi que j’ai pu croiser… Tu t’es brouillé à ce point avec ta famille ?
- Avec ce qu’il en reste, m’oui…
- T’as jamais songé à revoir ton père, ou quelqu’un… ?
- Si.
- Et ?
- Et se faire jeter contre un arbre est douloureux.
- Aoutch ! Brutal le monsieur.
- Idiot, nuance. »
En se redressant, il remit la flèche à sa place. Ronas secoua la tête.
« - J’comprends pas comment des liens familiaux peuvent se dégrader à ce point-là.
- Si les humains dépassaient les deux ou trois siècles, tu comprendrais…
- Pff ! Y a pas de quoi être fier.
- Je n’ai jamais dit que j’en étais fier. Dans un sens, avec une vie plus courte, on profite plus de ce qu’on vit. La mortalité a du bon.
- On croirait entendre un suicidaire.
- Faut-il que je te rappelle où nous sommes ? »
Ils échangèrent un sourire accompagné d’un hochement de tête mais soudain, la salle fut emplie d’un écho colossal. Celui d’un hurlement désincarné que la plupart des soldats présents surent assimiler à un wyrm de givre. Towann ramassa son arc et Ronas fit jouer les articulations de ses doigts.
« - J’ai les doigts transis…
- A lancer des boules de feu ça ne devrait pas durer, saleté d’arcaniste. »
Le répit s’achevait brutalement, une fois de plus.
Towann n’avait pas le regard porté sur ses mains, ni même sur le feu devant lui. Une seule et unique personne captait son attention, à l’écart avec ses semblables, ses « frères » et « sœurs » de malheur. Si Déania sentait le regard de son aîné, elle ne le laissait absolument pas paraître. Comme tous les autres chevaliers, elle se taisait en l’attente des prochains affrontements et réduisait ses gestes à des vérifications comme le tranchant de leurs lames ou l’état de leurs armures. Les rangs des guerriers d’Achérus étaient gouvernés par un silence que la mort aurait pu envier.
« - Tu te fais du mal va…
- Hum ?
- Je te connais Tow, quand tu regardes ta sœur comme ça, c’est qu’tu regrettes. Et tu n’as rien à regretter, rien de ce qui lui arrive aujourd’hui n’est de ta faute.
- Peut-être bien… »
Il sortit une petite outre de liqueur naine et en avala une gorgée qui eut l’effet de le réchauffer avec bien plus d’efficacité que le feu à moitié éteint à coté de lui. Remuant les épaules, il se détourna de Ronas en continuant de lui parler.
« - Ils veulent nous tuer ou quoi ? On va geler sur place à rester immobiles comme ça.
- On se balade pas chez le roi-liche comme ça, faut y aller à tâtons en laissant les officiers décider…
- Et décider de quelque chose n’est pas toujours ce qu’ils font de mieux. »
Towann s’allongea sur le dos en sortant une flèche à pointe d’argent de son carquois. Il la fit tourner lentement devant ses yeux en observant le travail fin et précis d’un air distrait.
« - Belle manufacture.
- Elfique.
- Tu t’es réconcilié avec les tiens ?
- Ça va pas non ?
- Ha ! Si tu savais le nombre de nains et de gnomes plus respectueux des elfes que toi que j’ai pu croiser… Tu t’es brouillé à ce point avec ta famille ?
- Avec ce qu’il en reste, m’oui…
- T’as jamais songé à revoir ton père, ou quelqu’un… ?
- Si.
- Et ?
- Et se faire jeter contre un arbre est douloureux.
- Aoutch ! Brutal le monsieur.
- Idiot, nuance. »
En se redressant, il remit la flèche à sa place. Ronas secoua la tête.
« - J’comprends pas comment des liens familiaux peuvent se dégrader à ce point-là.
- Si les humains dépassaient les deux ou trois siècles, tu comprendrais…
- Pff ! Y a pas de quoi être fier.
- Je n’ai jamais dit que j’en étais fier. Dans un sens, avec une vie plus courte, on profite plus de ce qu’on vit. La mortalité a du bon.
- On croirait entendre un suicidaire.
- Faut-il que je te rappelle où nous sommes ? »
Ils échangèrent un sourire accompagné d’un hochement de tête mais soudain, la salle fut emplie d’un écho colossal. Celui d’un hurlement désincarné que la plupart des soldats présents surent assimiler à un wyrm de givre. Towann ramassa son arc et Ronas fit jouer les articulations de ses doigts.
« - J’ai les doigts transis…
- A lancer des boules de feu ça ne devrait pas durer, saleté d’arcaniste. »
Le répit s’achevait brutalement, une fois de plus.
Asélryn / Towann
Re: Echos d'acier dans la Citadelle
« Archers !!! Débarassez-moi de ces assombrisseurs !!! »
Le haut-commandant n’eut pas à le dire deux fois. Nombre des squelettes postés en hauteur pour décocher leurs flèches sur les troupes de l’Alliance furent fauchés par une volée de traits mortels. Towann avait eu le sien sous l’œil droit. D’un geste machinal, il saisit une nouvelle flèche dans son carquois et constata le peu qu’il lui restait.
La situation était pour le moins tendue. Les mort-vivants avaient coupé la retraite au régiment à l’aide d’un passage dissimulé et tentaient de les coincer dans une salle circulaire où la formation initiale des soldats avait été plus ou moins abandonnée. Sélia Elraan parvenait malgré tout à garder un minimum d’organisation parmi ses hommes en plaçant archers, magiciens et soigneurs au centre de la pièce mais les fantassins et croisés tombaient les uns après les autres. Pourquoi s’étaient-ils séparés des troupes du Verdict qui les avaient accompagnés un peu plus tôt ? Leur présence aurait été d’une grande aide à l’heure actuelle.
Soudain, l’un des deux fronts auxquels avait affaire le septième régiment d’élite fut sauvagement percé par une abomination massive. Le créature fit irruption dans la salle et se rua en direction des archers et lanceurs de sorts, fauchant les soldats les plus proches à l’aide des morceaux de métal incrustés dans ses membres ou de l’immense crochet au bout d’un troisième bras situé dans son dos.
Towann la vit arriver beaucoup trop vite et son instinct de survie le sauva une fois de plus tandis qu’il bondissait en arrière et se faisait frôler par le tas de chair et de saronite. Son arc n’eut pas cette chance et fut tranché net entre ses mains. Pestant, il en lâcha les restes et sortit le fusil à sa ceinture.
Compliments gobelins…
L’abomination grogna bestialement au premier coup de feu. Towann avait visé la tête bien sûr, mais c’était le genre de chose qui suffisait avec une créature vivante seulement. Tout en reculant, il rechargea d’un geste habile et trébucha sur le cadavre d’un de ses compagnons de régiment.
Et merde !
La chose s’avança encore vers lui mais alors qu’il s’attendait à la voir fondre sur lui, une lumière vive l’éblouit et le son d’un choc violent lui parvint.
Le haut-commandant !
La Lumière l’imprégnait, elle et ses masses d’armes, alors qu’elle repoussait l’abomination par des frappes consacrées. Le divin brûlait la chair flétrie à chaque coup et soumettait la créature à une souffrance inconcevable. Towann put se relever et envisager de venir en aide à sa supérieure mais une violente détonation lui parvint depuis le front n’ayant pas encore été percé.
Il se retourna et vit que le flux de mort-vivants qui les assaillait avait été réduit à des restes de chair noircie et que seuls les plus proches avaient survécu à cette explosion pour être achevés par les croisés.
« - Retraite !!! »
Le haut-commandant Elraan lança un exorcisme puissant sur l’abomination dans le but de la retenir au moins assez longtemps pour permettre un repli vers la nouvelle voie ouverte avant de s’y diriger avec le reste des troupes.
Towann retrouva Ronas au milieu des survivants en fuite. Il semblait harassé et un filet de sang lui coulait sur la tempe.
« - Tu vas bien ?
- Un choc un peu violent, t’as pas à t’en faire. »
Le régiment s’engagea dans le couloir qui s’avéra vite être découvert. Sur un des flancs de la citadelle, cette allée faisait office d’une petite terrasse d’où on pouvait voir le sol à des dizaines de mètres plus bas, précédé de quelques corniches sur la paroi en-dessous. Le Brise-ciel était là et la cannonnière était sans aucun doute responsable de l’explosion qui leur avait permis une retraite. Ce soutien était sans conteste d’une valeur inestimable pour l’assaut.
« - Geists !!! »
Ils n'avaient décidément pas une seconde à eux... L’avertissement du soldat fut donné trop tard pour que Towann n’abatte son assaillant en plein vol. Une créature rachitique lui atterrit dessus et l’entraîna au sol avec son élan. Il se débattit face à son agile adversaire et lutta pour garder son fusil en main (le geist n’en aurait peut-être pas l’usage mais c’était une assurance de survie). Sentant que cette chose n’abandonnerait pas comme ça, il lâcha soudain son arme et décocha un violent direct au geist qui lâcha la pétoire sur le coup.
Towann put enfin se relever mais le loisir d’achever le geist lui fut volé par un croisé lui venant en aide. Après un hochement de tête en guise de remerciement, il se tourna vers le Brise-ciel et assista, effaré, à une scène qui laissa tout le régiment pantois. Un immense wyrm de givre s’attaquait au vaisseau de l’Alliance avec hargne et les canons déversaient leur feu sur le monstre sans que cela n’aie l’air de l’atteindre dans l’immédiat. Les hélices et moteurs passèrent à la vitesse supérieure et le Brise-ciel s’éloigna de la citadelle pour éviter de la percuter au cas où le wyrm venait à dévier sa trajectoire.
Mais étonnament, la bête sembla abandonner et lâcha sa prise alors que le navire reprenait de l’altitude. Lorsque sa tête massive tourna, Towann fut le premier à réagir.
« - A couvert !!! »
En l’espace d’une seconde, ce fut la débandade. Tous tentèrent de quitter cet espace exposé mais le projectile de glace fut envoyé à une vitesse faramineuse pour venir se fracasser au milieu des troupes. Towann fut parmi les plus proches et le fragment qu’il reçut de plein fouet l’étourdit, à la fois par le choc et par le froid dégagé. Ses sens se brouillèrent subitement, en terminant par la vue qui s’obscurcit progressivement.
Non… Non vieille carne ! Tu ne dois pas mourir… Tu m’entends ? Tu n’as pas le droit ! Tu ne meurs pas !!!
Le haut-commandant n’eut pas à le dire deux fois. Nombre des squelettes postés en hauteur pour décocher leurs flèches sur les troupes de l’Alliance furent fauchés par une volée de traits mortels. Towann avait eu le sien sous l’œil droit. D’un geste machinal, il saisit une nouvelle flèche dans son carquois et constata le peu qu’il lui restait.
La situation était pour le moins tendue. Les mort-vivants avaient coupé la retraite au régiment à l’aide d’un passage dissimulé et tentaient de les coincer dans une salle circulaire où la formation initiale des soldats avait été plus ou moins abandonnée. Sélia Elraan parvenait malgré tout à garder un minimum d’organisation parmi ses hommes en plaçant archers, magiciens et soigneurs au centre de la pièce mais les fantassins et croisés tombaient les uns après les autres. Pourquoi s’étaient-ils séparés des troupes du Verdict qui les avaient accompagnés un peu plus tôt ? Leur présence aurait été d’une grande aide à l’heure actuelle.
Soudain, l’un des deux fronts auxquels avait affaire le septième régiment d’élite fut sauvagement percé par une abomination massive. Le créature fit irruption dans la salle et se rua en direction des archers et lanceurs de sorts, fauchant les soldats les plus proches à l’aide des morceaux de métal incrustés dans ses membres ou de l’immense crochet au bout d’un troisième bras situé dans son dos.
Towann la vit arriver beaucoup trop vite et son instinct de survie le sauva une fois de plus tandis qu’il bondissait en arrière et se faisait frôler par le tas de chair et de saronite. Son arc n’eut pas cette chance et fut tranché net entre ses mains. Pestant, il en lâcha les restes et sortit le fusil à sa ceinture.
Compliments gobelins…
L’abomination grogna bestialement au premier coup de feu. Towann avait visé la tête bien sûr, mais c’était le genre de chose qui suffisait avec une créature vivante seulement. Tout en reculant, il rechargea d’un geste habile et trébucha sur le cadavre d’un de ses compagnons de régiment.
Et merde !
La chose s’avança encore vers lui mais alors qu’il s’attendait à la voir fondre sur lui, une lumière vive l’éblouit et le son d’un choc violent lui parvint.
Le haut-commandant !
La Lumière l’imprégnait, elle et ses masses d’armes, alors qu’elle repoussait l’abomination par des frappes consacrées. Le divin brûlait la chair flétrie à chaque coup et soumettait la créature à une souffrance inconcevable. Towann put se relever et envisager de venir en aide à sa supérieure mais une violente détonation lui parvint depuis le front n’ayant pas encore été percé.
Il se retourna et vit que le flux de mort-vivants qui les assaillait avait été réduit à des restes de chair noircie et que seuls les plus proches avaient survécu à cette explosion pour être achevés par les croisés.
« - Retraite !!! »
Le haut-commandant Elraan lança un exorcisme puissant sur l’abomination dans le but de la retenir au moins assez longtemps pour permettre un repli vers la nouvelle voie ouverte avant de s’y diriger avec le reste des troupes.
Towann retrouva Ronas au milieu des survivants en fuite. Il semblait harassé et un filet de sang lui coulait sur la tempe.
« - Tu vas bien ?
- Un choc un peu violent, t’as pas à t’en faire. »
Le régiment s’engagea dans le couloir qui s’avéra vite être découvert. Sur un des flancs de la citadelle, cette allée faisait office d’une petite terrasse d’où on pouvait voir le sol à des dizaines de mètres plus bas, précédé de quelques corniches sur la paroi en-dessous. Le Brise-ciel était là et la cannonnière était sans aucun doute responsable de l’explosion qui leur avait permis une retraite. Ce soutien était sans conteste d’une valeur inestimable pour l’assaut.
« - Geists !!! »
Ils n'avaient décidément pas une seconde à eux... L’avertissement du soldat fut donné trop tard pour que Towann n’abatte son assaillant en plein vol. Une créature rachitique lui atterrit dessus et l’entraîna au sol avec son élan. Il se débattit face à son agile adversaire et lutta pour garder son fusil en main (le geist n’en aurait peut-être pas l’usage mais c’était une assurance de survie). Sentant que cette chose n’abandonnerait pas comme ça, il lâcha soudain son arme et décocha un violent direct au geist qui lâcha la pétoire sur le coup.
Towann put enfin se relever mais le loisir d’achever le geist lui fut volé par un croisé lui venant en aide. Après un hochement de tête en guise de remerciement, il se tourna vers le Brise-ciel et assista, effaré, à une scène qui laissa tout le régiment pantois. Un immense wyrm de givre s’attaquait au vaisseau de l’Alliance avec hargne et les canons déversaient leur feu sur le monstre sans que cela n’aie l’air de l’atteindre dans l’immédiat. Les hélices et moteurs passèrent à la vitesse supérieure et le Brise-ciel s’éloigna de la citadelle pour éviter de la percuter au cas où le wyrm venait à dévier sa trajectoire.
Mais étonnament, la bête sembla abandonner et lâcha sa prise alors que le navire reprenait de l’altitude. Lorsque sa tête massive tourna, Towann fut le premier à réagir.
« - A couvert !!! »
En l’espace d’une seconde, ce fut la débandade. Tous tentèrent de quitter cet espace exposé mais le projectile de glace fut envoyé à une vitesse faramineuse pour venir se fracasser au milieu des troupes. Towann fut parmi les plus proches et le fragment qu’il reçut de plein fouet l’étourdit, à la fois par le choc et par le froid dégagé. Ses sens se brouillèrent subitement, en terminant par la vue qui s’obscurcit progressivement.
Non… Non vieille carne ! Tu ne dois pas mourir… Tu m’entends ? Tu n’as pas le droit ! Tu ne meurs pas !!!
Asélryn / Towann
Re: Echos d'acier dans la Citadelle
Le choc fut d’une violence atroce mais eut le don de lui faire reprendre plus ou moins conscience.
Il se trouvait écrasé contre une paroi, comme ayant été projeté contre elle et au vu de la douleur qui parcourait tout son corps, il était incapable de dire à quel niveau il pouvait s’être brisé des os, mais c’était probablement le cas. Les yeux de Towann s’entrouvrirent et son sens de la gravité lui revint lentement. Il était étalé sur un sol glacial et était sans doute tombé de haut.
Le projectile du wyrm l’avait fait tomber de la terrasse et il avait eu la chance de tomber sur une des petites corniches en contrebas. La « chance » des Stormrunner…
Deux ou trois autres hommes avaient connu la même aubaine mais tous n’avaient pas survécu au projectile ou à leur chute. Towann s’appuya sur le sol et tenta de se redresser un tant soit peu mais la moindre contraction musculaire le torturait et sa salive gardait le goût du sang.
Il avait survécu jusqu’ici et pouvait s’en féliciter, mais quelles étaient ses chances désormais, dans un état aussi pitoyable et sur la citadelle de Roi-Liche ?
Après plusieurs minutes qui lui parurent des heures, il se releva difficilement et le poids de son armure, qui ne le gênait pas le moins du monde en temps normal, semblait avoir triplé. Il remarqua qu’il n’avait plus son arc.
L’abomination dans la petite salle… Ses souvenirs reprenaient place un à un dans son esprit embrumé. Son épée ? Il ne l’avait plus mais impossible de dire quand il l’avait perdue.
Autour de lui, plusieurs flèches étaient éparpillées mais aucune trace du carquois qu’il avait du perdre durant sa chute. Towann vit alors son fusil qui gisait à quelques pas et s’empressa de le récupérer.
Au moins une arme fidèle que je suis heureux de retrouver…
Après vérification, il ne lui restait qu’une balle. Etant donné que tout ce qui était hostile dans cette citadelle n’avait pas nécessairement besoin des fonctions vitales qu’un coup de feu pouvait atteindre, ça ne l’aidait pas vraiment.
Alors que sa vision revenait à la normale, il aperçut une fente dans le mur de la citadelle, sans doute prévue pour accéder à cette corniche qui devait faire office de point d’observation en temps normal. Mais Towann n’était pas en état de constater ce genre de choses. Titubant, il s’avança vers l’ouverture sans vraiment savoir ce qu’il comptait faire une fois à l’intérieur. Il allait s’en sortir, une fois de plus, il allait frôler un destin funeste pour en réchapper le sourire aux lèvres.
Mais les choses s’avérèrent différentes cette fois. Obstruant l’ouverture du haut de ses deux mètres soixante-dix, la créature le fixait de son regard vide, les membres tremblants et portant une armure en morceaux et une grande hache rouillée.
Un vargul.
Dire qu’une balle était parfois insuffisante face à un vrykul, tout comme elle l’était souvent pour un mort-vivant, que devait-il faire avec un unique tir devant les deux à la fois ?
Towann se remémora combien de fois il avait échappé à la mort, en se jouant d’elle, en la laissant approcher, pas toujours par volonté, jusqu’à sentir son étreinte avant de s’en tirer juste à temps avec un coup de théâtre. Il avait toujours eu un coup d’avance sur sa propre fin en évitant les mille morts qu’il aurait pu connaître et était conscient que la chance y jouait son rôle. Mais cette fois-ci, elle l’avait bel et bien rattrapé sous la forme de ce vargul.
Dans de telles circonstances, une idée folle lui envahit alors l’esprit.
Il avait en réalité une occasion unique de doubler la mort… une dernière fois. Comme pour disparaître sur un ultime coup éclat, il pouvait être maître de son destin et maître de sa fin. A croire que cette balle restante était là pour lui et qu’il pouvait regarder la Faucheuse droit dans les yeux et s’offrir à elle après lui avoir tant échappé, ne jamais lui laisser gagner la traque sans qu’il ne l’ait voulu.
Avec un peu de chance, le Fléau ne récupérerait pas son corps. Il pouvait difficilement s’amocher plus que nécessaire avec une seule balle mais il se sentait poussé par une forme de fierté arrogante qu’il se connaissait mal. Seul maître de lui-même, jusqu’à la fin…
Le vargul fit un pas, puis deux, et s’approcha de plus en plus vite en levant son arme tandis que Towann resserrait sa poigne sur le fusil. Le moment arrivait… à grands pas ! Un sourire féroce se dessina soudain sur ses lèvres.
Dans les murs de la Citadelle, un unique coup de feu retentit et ses échos laissent place au silence, maître des lieux et éternel compagnon de la mort.
Il se trouvait écrasé contre une paroi, comme ayant été projeté contre elle et au vu de la douleur qui parcourait tout son corps, il était incapable de dire à quel niveau il pouvait s’être brisé des os, mais c’était probablement le cas. Les yeux de Towann s’entrouvrirent et son sens de la gravité lui revint lentement. Il était étalé sur un sol glacial et était sans doute tombé de haut.
Le projectile du wyrm l’avait fait tomber de la terrasse et il avait eu la chance de tomber sur une des petites corniches en contrebas. La « chance » des Stormrunner…
Deux ou trois autres hommes avaient connu la même aubaine mais tous n’avaient pas survécu au projectile ou à leur chute. Towann s’appuya sur le sol et tenta de se redresser un tant soit peu mais la moindre contraction musculaire le torturait et sa salive gardait le goût du sang.
Il avait survécu jusqu’ici et pouvait s’en féliciter, mais quelles étaient ses chances désormais, dans un état aussi pitoyable et sur la citadelle de Roi-Liche ?
Après plusieurs minutes qui lui parurent des heures, il se releva difficilement et le poids de son armure, qui ne le gênait pas le moins du monde en temps normal, semblait avoir triplé. Il remarqua qu’il n’avait plus son arc.
L’abomination dans la petite salle… Ses souvenirs reprenaient place un à un dans son esprit embrumé. Son épée ? Il ne l’avait plus mais impossible de dire quand il l’avait perdue.
Autour de lui, plusieurs flèches étaient éparpillées mais aucune trace du carquois qu’il avait du perdre durant sa chute. Towann vit alors son fusil qui gisait à quelques pas et s’empressa de le récupérer.
Au moins une arme fidèle que je suis heureux de retrouver…
Après vérification, il ne lui restait qu’une balle. Etant donné que tout ce qui était hostile dans cette citadelle n’avait pas nécessairement besoin des fonctions vitales qu’un coup de feu pouvait atteindre, ça ne l’aidait pas vraiment.
Alors que sa vision revenait à la normale, il aperçut une fente dans le mur de la citadelle, sans doute prévue pour accéder à cette corniche qui devait faire office de point d’observation en temps normal. Mais Towann n’était pas en état de constater ce genre de choses. Titubant, il s’avança vers l’ouverture sans vraiment savoir ce qu’il comptait faire une fois à l’intérieur. Il allait s’en sortir, une fois de plus, il allait frôler un destin funeste pour en réchapper le sourire aux lèvres.
Mais les choses s’avérèrent différentes cette fois. Obstruant l’ouverture du haut de ses deux mètres soixante-dix, la créature le fixait de son regard vide, les membres tremblants et portant une armure en morceaux et une grande hache rouillée.
Un vargul.
Dire qu’une balle était parfois insuffisante face à un vrykul, tout comme elle l’était souvent pour un mort-vivant, que devait-il faire avec un unique tir devant les deux à la fois ?
Towann se remémora combien de fois il avait échappé à la mort, en se jouant d’elle, en la laissant approcher, pas toujours par volonté, jusqu’à sentir son étreinte avant de s’en tirer juste à temps avec un coup de théâtre. Il avait toujours eu un coup d’avance sur sa propre fin en évitant les mille morts qu’il aurait pu connaître et était conscient que la chance y jouait son rôle. Mais cette fois-ci, elle l’avait bel et bien rattrapé sous la forme de ce vargul.
Dans de telles circonstances, une idée folle lui envahit alors l’esprit.
Il avait en réalité une occasion unique de doubler la mort… une dernière fois. Comme pour disparaître sur un ultime coup éclat, il pouvait être maître de son destin et maître de sa fin. A croire que cette balle restante était là pour lui et qu’il pouvait regarder la Faucheuse droit dans les yeux et s’offrir à elle après lui avoir tant échappé, ne jamais lui laisser gagner la traque sans qu’il ne l’ait voulu.
Avec un peu de chance, le Fléau ne récupérerait pas son corps. Il pouvait difficilement s’amocher plus que nécessaire avec une seule balle mais il se sentait poussé par une forme de fierté arrogante qu’il se connaissait mal. Seul maître de lui-même, jusqu’à la fin…
Le vargul fit un pas, puis deux, et s’approcha de plus en plus vite en levant son arme tandis que Towann resserrait sa poigne sur le fusil. Le moment arrivait… à grands pas ! Un sourire féroce se dessina soudain sur ses lèvres.
Dans les murs de la Citadelle, un unique coup de feu retentit et ses échos laissent place au silence, maître des lieux et éternel compagnon de la mort.
Asélryn / Towann
Re: Echos d'acier dans la Citadelle
Le vargul tressaillit lorsque la balle se ficha entre ses yeux et sa course fut ralentie par l’impact. Il lâcha un grognement désincarné avant de reprendre sa course vers la proie blessée.
Towann laissa son fusil tomber à terre et vint au contact avec la créature qui le dépassait de plusieurs têtes. Chargeant, il pénétra le champ de frappe de la hache et asséna un violent coup de poing au visage du vargul, un peu court, mais tout de même agrémenté par le gantelet d’acier. Que pouvait-il faire d’autre ? A part engager un combat à mains nues et tenter de le faire tomber de la corniche, il ne voyait rien à faire.
Cela dit, il s’en voulait d’avoir eu ce genre de pensées suicidaires. Se suicider plutôt que d’être tué, ça ne lui ressemblait pas. Que serait-il advenu de son honneur ? Il avait beau ne pas s’en préoccuper énormément, il ne pouvait pas se résoudre à le bafouer de la sorte. S’il mourrait, il ne pourrait pas revoir et épouser Céralynde, et si son honneur mourrait, ce serait Semelys qui l’en empêcherait. Où avait-il eu la tête ?
Le kaldoreï se sentit alors soulevé par une force monstrueuse puis projeté à terre sans ménagement. Bien que d’apparence frêle, cette chose avait autrefois été un vrykul et la non-mort lui donnait peut-être même une force physique supérieure malgré tout. Il avait beau être bien bâti, Towann devait admettre son infériorité, sans parler de l’état dans lequel il se trouvait. En plus de cela, le vargul était armé. Il aurait manifestement beaucoup de mal à le faire tomber.
Reprenant ses esprits un peu trop lentement, il vit les pieds du vargul approcher et entendit à nouveau son cri assimilable à un gargouillis immonde. Tournant sur lui-même, il se retrouva sur le dos et vit la hache s’abattre à l’endroit qu’il venait de quitter. Une dette de plus envers son instinct…
La situation était critique. Sans arme, il n’avait aucune chance et il ne se sentait pas vraiment capable d’arracher celle du non-mort. Sa main se referma alors sur un objet fin et long. Sans chercher à l’identifier, il se redressa en puisant dans les forces qu’il lui restait pour se redresser et éviter un nouvel assaut du vargul.
Avant même d’y jeter un œil, Towann sut qu’est-ce qu’il avait entre les mains, rompu au contact de ces objets, il était étonnant qu’il ne l’aie pas deviné plus tôt. Il devrait donc se contenter d’une flèche comme arme face à une hache.
Rapidement, il récupéra d’autres traits gisant au sol autour de lui et n’en garda qu’une en main droite, celle qui allait lui servir dans l’immédiat. Le mort-vivant tenta un fauchage horizontal mais de par sa propre taille, son attaque put être évitée par Towann en se baissant vivement. L’elfe riposta en venant de nouveau au contact mais cette fois-ci, une pointe acérée pénétra les chairs du vargul, s’enfonçant entre ses côtes et arrachant un grognement à la créature.
Sa chance tournait enfin. Profitant de l’étonnement de son assaillant, il le contourna et lui enfonça un nouveau trait dans le dos. Avec un hurlement rageur, le vargul fit volte-face et Towann vit l’occasion d’en finir.
Saisissant une ultime flèche, et sans en remarquer la pointe d’argent finement taillée, il hurla à son tour en la plantant dans le front du flaëllé.
Bon voyage mon gros…
Il y avait là largement de quoi achever le vargul, mais pas dans l’immédiat comme il l’avait pensé. Il réalisa son erreur lorsque la hache usée vint se planter son dos, tranchant la maille de son armure et s’enfonçant dans les chairs en lui arrachant un hurlement étouffé. La vue du mort-vivant s’effondrant ne le rassura pas plus que le goût de sang qu’il avait dans la bouche ou la douleur qui le foudroyait. Il ne fut pas plus capable de rester debout que le cadavre du vrykul non-mort et se heurta brutalement au sol.
Sa vision s’assombrit un peu plus à chaque seconde mais Towann fit tout son possible pour rester conscient.
Reste en vie vieille carne… Tu n’as pas le droit de mourir… Tu dois rentrer à Hurlevent et…
Ses forces l’abandonnaient et ses sens se brouillaient simultanément. Le froid l’engourdissait trop pour que la seule douleur, aussi horrible fut-elle, ne le tienne éveillé. Il voulut serrer le poing mais n’y parvint pas. L’obscurité couvrit son regard, inlassablement.
Céra…
Towann laissa son fusil tomber à terre et vint au contact avec la créature qui le dépassait de plusieurs têtes. Chargeant, il pénétra le champ de frappe de la hache et asséna un violent coup de poing au visage du vargul, un peu court, mais tout de même agrémenté par le gantelet d’acier. Que pouvait-il faire d’autre ? A part engager un combat à mains nues et tenter de le faire tomber de la corniche, il ne voyait rien à faire.
Cela dit, il s’en voulait d’avoir eu ce genre de pensées suicidaires. Se suicider plutôt que d’être tué, ça ne lui ressemblait pas. Que serait-il advenu de son honneur ? Il avait beau ne pas s’en préoccuper énormément, il ne pouvait pas se résoudre à le bafouer de la sorte. S’il mourrait, il ne pourrait pas revoir et épouser Céralynde, et si son honneur mourrait, ce serait Semelys qui l’en empêcherait. Où avait-il eu la tête ?
Le kaldoreï se sentit alors soulevé par une force monstrueuse puis projeté à terre sans ménagement. Bien que d’apparence frêle, cette chose avait autrefois été un vrykul et la non-mort lui donnait peut-être même une force physique supérieure malgré tout. Il avait beau être bien bâti, Towann devait admettre son infériorité, sans parler de l’état dans lequel il se trouvait. En plus de cela, le vargul était armé. Il aurait manifestement beaucoup de mal à le faire tomber.
Reprenant ses esprits un peu trop lentement, il vit les pieds du vargul approcher et entendit à nouveau son cri assimilable à un gargouillis immonde. Tournant sur lui-même, il se retrouva sur le dos et vit la hache s’abattre à l’endroit qu’il venait de quitter. Une dette de plus envers son instinct…
La situation était critique. Sans arme, il n’avait aucune chance et il ne se sentait pas vraiment capable d’arracher celle du non-mort. Sa main se referma alors sur un objet fin et long. Sans chercher à l’identifier, il se redressa en puisant dans les forces qu’il lui restait pour se redresser et éviter un nouvel assaut du vargul.
Avant même d’y jeter un œil, Towann sut qu’est-ce qu’il avait entre les mains, rompu au contact de ces objets, il était étonnant qu’il ne l’aie pas deviné plus tôt. Il devrait donc se contenter d’une flèche comme arme face à une hache.
Rapidement, il récupéra d’autres traits gisant au sol autour de lui et n’en garda qu’une en main droite, celle qui allait lui servir dans l’immédiat. Le mort-vivant tenta un fauchage horizontal mais de par sa propre taille, son attaque put être évitée par Towann en se baissant vivement. L’elfe riposta en venant de nouveau au contact mais cette fois-ci, une pointe acérée pénétra les chairs du vargul, s’enfonçant entre ses côtes et arrachant un grognement à la créature.
Sa chance tournait enfin. Profitant de l’étonnement de son assaillant, il le contourna et lui enfonça un nouveau trait dans le dos. Avec un hurlement rageur, le vargul fit volte-face et Towann vit l’occasion d’en finir.
Saisissant une ultime flèche, et sans en remarquer la pointe d’argent finement taillée, il hurla à son tour en la plantant dans le front du flaëllé.
Bon voyage mon gros…
Il y avait là largement de quoi achever le vargul, mais pas dans l’immédiat comme il l’avait pensé. Il réalisa son erreur lorsque la hache usée vint se planter son dos, tranchant la maille de son armure et s’enfonçant dans les chairs en lui arrachant un hurlement étouffé. La vue du mort-vivant s’effondrant ne le rassura pas plus que le goût de sang qu’il avait dans la bouche ou la douleur qui le foudroyait. Il ne fut pas plus capable de rester debout que le cadavre du vrykul non-mort et se heurta brutalement au sol.
Sa vision s’assombrit un peu plus à chaque seconde mais Towann fit tout son possible pour rester conscient.
Reste en vie vieille carne… Tu n’as pas le droit de mourir… Tu dois rentrer à Hurlevent et…
Ses forces l’abandonnaient et ses sens se brouillaient simultanément. Le froid l’engourdissait trop pour que la seule douleur, aussi horrible fut-elle, ne le tienne éveillé. Il voulut serrer le poing mais n’y parvint pas. L’obscurité couvrit son regard, inlassablement.
Céra…
Asélryn / Towann
Re: Echos d'acier dans la Citadelle
Ce froid est insupportable…
Le monde autour de lui n’était que douleur et frisson, noyés dans un noir absolu. Il avait besoin de chaleur, besoin de bouger…
Un vague son franchit sa gorge et ses lèvres entrouvertes pour toute réponse à sa tentative.
« - Ne bougez pas. Vous pouvez remercier les naarus d’être encore en vie, au même titre que la personne qui vous a ramené. »
Ramené ? Ramené d’où ?
A en juger par la douleur qui parcourait son corps entier, on l’avait peut-être ramené de l’enfer. On avait beau y assimiler une chaleur intenable, Towann avait de quoi assurer que l’enfer était plus froid que tout. Il revenait de l’endroit qui y ressemblait sans doute le plus…
La citadelle… le vargul !
Retrouvant enfin un semblant d’idées claires, il tenta de se relever avec plus d’ardeur mais sans plus de succès. Il grogna entre ses dents alors qu’une douleur lancinante lui labourait le dos. On l’avait manifestement soigné mais ça restait difficilement supportable.
« - Arrêtez de vous agiter, vous n’êtes même pas en état de parler et encore moins de vous lever.
- Vous m’enterrez déjà ou quoi… ? »
Towann parvint enfin à ouvrir les yeux pour voir le plafond de toile de la tente-infirmerie à l’extérieur de la citadelle. A croire qu’il s’en était encore tiré. Bien qu’il fut on ne peut plus habitué, le fait de soupirer lui arracha une grimace.
Ce n’est qu’à ce moment qu’il se posa une question qui valait la peine de se poser. Qui avait bien pu le ramener à moitié mort depuis cette corniche ?
« - Ronas… ?
- Non. »
La voix qu’il entendit le fit suffoquer. Il tourna la tête pour apercevoir son interlocuteur, incapable d’y croire sans l’avoir vu de ses yeux. Son interlocutrice aurait été plus exact.
« - D… Déania ? »
La non-morte hocha la tête en silence, sans cesser de le fixer d’un air grave.
« - Je… sais pas quoi dire…
- A ce qu’il paraît, les gens normaux se disent merci dans ce genre de circonstances. »
Sa sœur vint lui prendre la main, geste qui le surprit plus encore que son intervention salvatrice.
« - Towann, écoute-moi… »
Son ton était incertain et comme imprégné d’une certaine forme d’humanité qu’il n’avait pu déceler chez elle que de son vivant. A cet instant, il crut presque avoir affaire à la jeune druidesse qu’elle avait été autrefois, bien que ses yeux bleus scintillants lui fissent garder les pieds sur terre.
« - Je sais pourquoi tu es ici et pourquoi tu tiens à te battre à la citadelle…
- Je protège Azeroth… comme chacun devrait le faire.
- Arrête de me mentir ! Arrête de te mentir !
- Mademoiselle, calmez-vous, il a besoin de repos. »
Déania tourna son regard glacial vers la draeneï qui s’occupait des blessés et la vague transie accompagnant ses montées de colère vint s’ajouter au froid ambiant. Towann frissonna, mais plus en s’imaginant à la place de la prêtresse.
« - Retournez vous occuper des autres blessés, je dois parler à mon frère… »
Malgré le ton tranchant, le concerné fut une nouvelle fois estomaqué. Pas une seule fois depuis que Déania était devenue chevalier de la mort, elle ne l’avait appelé ainsi. Que lui était-il donc arrivé ? Alors que la soigneuse obéissait, la kaldoreï ramena son regard vers son aîné.
« - Tu n’as pas besoin de venir ici pour me venger… Arthas m’a donné la possibilité de le faire moi-même, je suis la seule à avoir ma place ici. Keln l’a compris depuis longtemps, lui.
- J’avais promis… que je te protégerais… C’est une responsabilité que doivent prendre les aînés envers leurs frères et sœurs… Tu es morte… alors que j’étais si loin…
- Tu avais tes obligations. Ce n’est pas ta faute, et encore moins celle d’Ezerya… Seul le Fléau est responsable et c’est à moi de lui faire payer.
- Je…
- Ce n’est pas ta vengeance ! Je n’ai pas besoin de ton aide et s’il y a bien une chose que je veuille éviter, c’est que tu te fasses tuer. Le Fléau m’a eue et je ne souhaite la même chose à personne, certainement pas à mon frère. »
Elle relâcha sa main et détourna le regard en soupirant longuement. Towann plia et déplia ses doigts sur lesquels venait de se former une fine pellicule de givre.
« - Je savais que tu chercherais à me venger… mais je ne voulais pas que tu risque ta vie en essayant.
- Tu savais que je le ferais…
- J’ai essayé de t’en empêcher.
- C’est donc pour ça… que tu étais si… distante ?
- Oui… Je voulais que tu me croies radicalement différente et que tu ne voies plus ta sœur en moi, pour te faire abandonner l’idée de faire payer le Fléau. Mais j’ai sous-estimé ton obstination.
- Tu aurais pu m’en parler…
- J’aurais pu… mais est-ce que ça aurait changé quelque chose ? »
Le silence s’installa entre eux quelques instants. Déania finit par reprendre la parole.
« - Il n’y a que la mort qui t’attende ici, et il y a sûrement encore des choses qui t’attachent à la vie.
- Et toi ?
- Je suis déjà morte, j’ai quelques combines pour éviter que ça ne m’arrive une seconde fois. »
Elle le regarda et, chose qu’il estimait alors impossible, elle lui sourit légèrement. Ce sourire avait quelque chose de celui qu’il voyait autrefois sur le visage de sa petite sœur, plusieurs années auparavant, encore débordante de vie et de joie. Elle n’avait en apparence pas changé depuis tout ce temps, littéralement conservée par la glace en réalité. Towann eut un pincement au cœur et se disant pour la énième fois qu’elle ne méritait vraiment pas ce qui lui était arrivé.
« - Repars… s’il te plaît. »
Il ne répondit pas mais Déania n’attendit pas une réponse pour quitter la tente. Fermant les yeux, il profita un peu du silence relatif, parfois troublé par les gémissements d’autres blessés. Peut-être n’était-ce qu’une impression mais ce soupir-là le fit moins souffrir. Il se retrouvait dans une situation où il devait faire un choix, et peu de choses le blasaient à ce point…
Le monde autour de lui n’était que douleur et frisson, noyés dans un noir absolu. Il avait besoin de chaleur, besoin de bouger…
Un vague son franchit sa gorge et ses lèvres entrouvertes pour toute réponse à sa tentative.
« - Ne bougez pas. Vous pouvez remercier les naarus d’être encore en vie, au même titre que la personne qui vous a ramené. »
Ramené ? Ramené d’où ?
A en juger par la douleur qui parcourait son corps entier, on l’avait peut-être ramené de l’enfer. On avait beau y assimiler une chaleur intenable, Towann avait de quoi assurer que l’enfer était plus froid que tout. Il revenait de l’endroit qui y ressemblait sans doute le plus…
La citadelle… le vargul !
Retrouvant enfin un semblant d’idées claires, il tenta de se relever avec plus d’ardeur mais sans plus de succès. Il grogna entre ses dents alors qu’une douleur lancinante lui labourait le dos. On l’avait manifestement soigné mais ça restait difficilement supportable.
« - Arrêtez de vous agiter, vous n’êtes même pas en état de parler et encore moins de vous lever.
- Vous m’enterrez déjà ou quoi… ? »
Towann parvint enfin à ouvrir les yeux pour voir le plafond de toile de la tente-infirmerie à l’extérieur de la citadelle. A croire qu’il s’en était encore tiré. Bien qu’il fut on ne peut plus habitué, le fait de soupirer lui arracha une grimace.
Ce n’est qu’à ce moment qu’il se posa une question qui valait la peine de se poser. Qui avait bien pu le ramener à moitié mort depuis cette corniche ?
« - Ronas… ?
- Non. »
La voix qu’il entendit le fit suffoquer. Il tourna la tête pour apercevoir son interlocuteur, incapable d’y croire sans l’avoir vu de ses yeux. Son interlocutrice aurait été plus exact.
« - D… Déania ? »
La non-morte hocha la tête en silence, sans cesser de le fixer d’un air grave.
« - Je… sais pas quoi dire…
- A ce qu’il paraît, les gens normaux se disent merci dans ce genre de circonstances. »
Sa sœur vint lui prendre la main, geste qui le surprit plus encore que son intervention salvatrice.
« - Towann, écoute-moi… »
Son ton était incertain et comme imprégné d’une certaine forme d’humanité qu’il n’avait pu déceler chez elle que de son vivant. A cet instant, il crut presque avoir affaire à la jeune druidesse qu’elle avait été autrefois, bien que ses yeux bleus scintillants lui fissent garder les pieds sur terre.
« - Je sais pourquoi tu es ici et pourquoi tu tiens à te battre à la citadelle…
- Je protège Azeroth… comme chacun devrait le faire.
- Arrête de me mentir ! Arrête de te mentir !
- Mademoiselle, calmez-vous, il a besoin de repos. »
Déania tourna son regard glacial vers la draeneï qui s’occupait des blessés et la vague transie accompagnant ses montées de colère vint s’ajouter au froid ambiant. Towann frissonna, mais plus en s’imaginant à la place de la prêtresse.
« - Retournez vous occuper des autres blessés, je dois parler à mon frère… »
Malgré le ton tranchant, le concerné fut une nouvelle fois estomaqué. Pas une seule fois depuis que Déania était devenue chevalier de la mort, elle ne l’avait appelé ainsi. Que lui était-il donc arrivé ? Alors que la soigneuse obéissait, la kaldoreï ramena son regard vers son aîné.
« - Tu n’as pas besoin de venir ici pour me venger… Arthas m’a donné la possibilité de le faire moi-même, je suis la seule à avoir ma place ici. Keln l’a compris depuis longtemps, lui.
- J’avais promis… que je te protégerais… C’est une responsabilité que doivent prendre les aînés envers leurs frères et sœurs… Tu es morte… alors que j’étais si loin…
- Tu avais tes obligations. Ce n’est pas ta faute, et encore moins celle d’Ezerya… Seul le Fléau est responsable et c’est à moi de lui faire payer.
- Je…
- Ce n’est pas ta vengeance ! Je n’ai pas besoin de ton aide et s’il y a bien une chose que je veuille éviter, c’est que tu te fasses tuer. Le Fléau m’a eue et je ne souhaite la même chose à personne, certainement pas à mon frère. »
Elle relâcha sa main et détourna le regard en soupirant longuement. Towann plia et déplia ses doigts sur lesquels venait de se former une fine pellicule de givre.
« - Je savais que tu chercherais à me venger… mais je ne voulais pas que tu risque ta vie en essayant.
- Tu savais que je le ferais…
- J’ai essayé de t’en empêcher.
- C’est donc pour ça… que tu étais si… distante ?
- Oui… Je voulais que tu me croies radicalement différente et que tu ne voies plus ta sœur en moi, pour te faire abandonner l’idée de faire payer le Fléau. Mais j’ai sous-estimé ton obstination.
- Tu aurais pu m’en parler…
- J’aurais pu… mais est-ce que ça aurait changé quelque chose ? »
Le silence s’installa entre eux quelques instants. Déania finit par reprendre la parole.
« - Il n’y a que la mort qui t’attende ici, et il y a sûrement encore des choses qui t’attachent à la vie.
- Et toi ?
- Je suis déjà morte, j’ai quelques combines pour éviter que ça ne m’arrive une seconde fois. »
Elle le regarda et, chose qu’il estimait alors impossible, elle lui sourit légèrement. Ce sourire avait quelque chose de celui qu’il voyait autrefois sur le visage de sa petite sœur, plusieurs années auparavant, encore débordante de vie et de joie. Elle n’avait en apparence pas changé depuis tout ce temps, littéralement conservée par la glace en réalité. Towann eut un pincement au cœur et se disant pour la énième fois qu’elle ne méritait vraiment pas ce qui lui était arrivé.
« - Repars… s’il te plaît. »
Il ne répondit pas mais Déania n’attendit pas une réponse pour quitter la tente. Fermant les yeux, il profita un peu du silence relatif, parfois troublé par les gémissements d’autres blessés. Peut-être n’était-ce qu’une impression mais ce soupir-là le fit moins souffrir. Il se retrouvait dans une situation où il devait faire un choix, et peu de choses le blasaient à ce point…
Asélryn / Towann
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