Fanélia Cathules
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Fanélia Cathules
Libram ouvert face à elle, Fanélia regarde les pages maintenant neuves, archivant les anciennes. Elle trempe sa plume dans l'encrier, et commence à noter, malgré son écriture maladroite et parfois grossière.
- A moi, pour toi -Il est venu le temps, où mettre de l'ordre dans le passé est bon. J'ai retiré toutes ces lettres, pour en coucher de nouvelles. Je les conserverai, sois-en sûr, à l'abri des regards indiscrets, dans des volumens. Tu fais peau neuve, comme le serpent tu mues, mais rassure-toi ta langue ne sera pas celle de la vipère, puisque je te prête la mienne que l'on nommera ici "Introspection".
Un sceau de lumière t'enrobe, il te scelle pour que tu ne sois parcouru par des prédateurs indiscrets, c'est là tout ce que je peux prétendre pour ton bien-être et ne pas que tu finisses en cendres éparses dans un bûcher précaire. Je suis angoissée à l'idée de l'écrire encore, mais le souvenir de mes mots...de mes maux même...m'invite à m'incruster dans ton terrier, où je n'ai que pour seul accueil ta peau de vélin vierge.
Je commencerai par le début, puisque la fin je ne la devine pas encore, et il a toujours été de rigueur d'ouvrir une histoire par son moment le plus reculé. Aussi, il n'y aura pas de "il était une fois", sache-le, sans doute car ce n'est pas un de ces contes enfantins que l'on lit à voix haute lors d'une veillée. Tu l'apprendras, à tes dépends, pour peu que tu y vois un quelconque intérêt.Soit, je commence par la préface de mon espèce, un symbole héritier de ma vie.- A moi, pour toi -
- Préface -
Fanélia "Qui ne se fane jamais", du genre Cendrae, espèce de fleur de feu vivaces. Les fleurs, au sommet d'un faisceau de longues tiges, sont élégantes, originales dans leur forme et offrent une large palette de coloris roux et automnaux comprenant le rouge, le jaune vif, l'orange et l'or.
Botanique
* Forme: tige de 20 à 50 cm de haut selon l'espèce.
* Feuilles: de couleur rouge parfois teinté d'or, mais aussi vertes ou mauves.
* Fleurs: de façon générale, ce sont de grandes fleurs à pétales tronquées et à gros éperons un peu arqués, et à étamines un peu plus courtes que les pétales.
* Floraison: Particularité pour cette variante de genre, toujours en floraison quelque soit la saison, en raison du peu d'eau nécessaire à la croissance de la plante.
* Environnement: Espèce généralement observable dans les terres arides et sèches des Terres foudroyées, Terres Ingrates, et Tanaris.
Alchimie
* Vertus: A diluer dans de l'eau salée avec du sucre et du lait pendant trois jours, afin de cautériser les plaies causées par brûlures, incisions et contusions.
* Effets indésirables: Pour une digestion de trop grande dose, sans distillation: possibles hallucinations, pigmentation de la langue et dessèchement de la peau.
* Mariages: Soleillette, germe de blé, lait, eau salée, Doulourante.- Préface -
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Re: Fanélia Cathules
- A ma mère -Si je devais commencer par ma famille, je voulais que ce soit avec ma mère, Calice Cathules. J'en ai peint le portrait, aussi flous et lointains que sont mes souvenirs, son visage me reste indélébile. Elle n'était ni paladin, ni diplomate, et encore moins savante. Elle-même orpheline elle avait été récupérée par un équipage de malfrats des mers: des pirates. Son adolescence? elle l'a passée à piller, et naviguer, voir se battre aussi et ce n'était pas de tous les repos. On dit, car je n'ai jamais réellement su le confirmer, qu'elle se pavanait sous leur étendard, au large de l'actuelle Colline des Sentinelles. Elle aimait avant tout la vie, et en respirait son parfum à tous les moments. Mais son franc parler et ses allures un peu roublardes la menait à beaucoup de controverses, surtout au sein de son voisinage, quand elle s'est installée à Elwynn. Elle avait cette passion de rester têtue, à la limite de l'espièglerie, et ce avec n'importe qui. Combien de fois ai-je dû entendre "J'ai raison, avoue le!". Cela sonnait la "normalité" sur les lèvres de ma mère, malgré le fait qu'elle détestait ce mot.
Pas besoin de lunette pour la reconnaitre, un long col d'un manteau de cuir, les cheveux bouclés et roux (voir flamboyants) qui chutaient n'importe où sur ses épaules, quelques bijoux de pacotille, des bottes usées par le temps, et surtout...surtout ses deux lames émoussées.
"Double-Lame" était son surnom, flatteur certes, mais elle était si lamentable à leur maniement qu'elle déclenchait bien souvent des catastrophes qui la menait à devoir récurer le pont sous la moquerie des roublards. Lorsque ma mère a épousé mon père, elle rangea ses rapières et ne s'en servit plus, mais elles trônaient au-dessus de la cheminée. Elle consacra son temps à la botanique et l'alchimie pour aider son époux à subvenir aux besoins vitaux; elle était d'ailleurs spécialiste en plantes aquatiques. Mais son principal passe-temps était de nous raconter, à moi et...-mon frère- ces histoires d'aventures, qui paraissaient si extraordinaires quand elle nous les narrait, que l'on en redemandait toujours, jusqu'à ce que nous nous endormions sans crier gare. Elle en avait vécu des peurs, pleurs et rires. C'est ainsi que je l'ai prise en modèle dès mon plus jeune âge, avec fierté je brandissais les deux balais pour devenir une "Double Lame" aussi.
Ces moments me sont chers, et maintenant si loin, mais le sourire de ma mère m'a toujours donné envie d'être à son image. Et son caractère aussi, qui je pense raisonne un peu sous ma peau.
"Sois fière d'être rousse Fanélia, et ne te laisse jamais avoir aux mots et à l'épée!"Et elle riait jusqu'à se faire entendre à l'autre bout des champs.- A ma mère -
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Re: Fanélia Cathules
- A mon père -Calnes Cathules, mon père était un de ces marins pêcheurs doux et respectueux. Il n'aimait pas vraiment se battre, ni même s'attirer les foudres. Plutôt discret, il préférait la botanique et les poissons en tout genre. Il était le contraste apaisant à côté de ma mère, il se dérobait d'ailleurs de chercher justice ou raison auprès d'elle. C'était lui qui tenait notre ferme, et faisait le plus de travail pour le bétail que nous avions. Deux cochons, quelques poules, une vache et deux chevaux. Cela lui suffisait, et l'occupait pendant des journées entières quand il n'allait pas à la pêche. La rivière derrière notre bâtisse, à Elwynn, donnait d'ailleurs les meilleures truites au monde. Quand il partait rejoindre sa barque il enfilait son chapeau gris, et ses bottes hideuses vert "caca-d'oie".
Il était roux lui aussi, et mes parents aimaient en rire en se disant "qui se ressemble s'assemble", pourtant leur caractère était loin d'être similaire. Il disait venir de Theramore, mais il a toujours été plus ou moins vague quand il en parlait. Je voyais son regard qui s'assombrissait lorsqu'avec mon frère nous lui posions des questions encore enfantines. Alors nous ne voulions le rendre triste, car il n'osait jamais hausser le ton avec nous. Cependant, plus j'y repense, et plus je me souviens...de ce tabard qu'il portait quand il allait à Hurlevent. Une ancre de bateau joliment dessinée, bien que le tissu était dans un sale état, il le portait tout de même. Maintenant que je comprends les choses, que j'ai grandi et mûri, je me demande si mon père n'était pas un de ces marins de Kul Tiras, en Lordaeron. Ma mère m'avait dit qu'ils s'étaient rencontrés en pleine mer, elle m'avait décrit leur passion avec un certain romantisme exacerbé...Mais c'était ma mère, elle aimait exagérer.
Calnes avait un frère, qui a eu une fille aussi rousse que moi. Je n'ai jamais croisé mon oncle étant plus jeune, mais je me rappelle parfaitement de la rencontre avec ma cousine, Fannelle.
La Fannelle était le pistil de la Fanélia, cette fleur de feu qui a donné mon prénom. A croire que les deux frères Cathules s'étaient mis d'accord des années auparavant sur les futurs noms de leurs enfants.
Enfin, tout ce que je retiens de mon père était sa sagesse, son calme et sa voix. Il parlait doucement, et aimait profondément ma mère, quand il la regardait son sourire était des plus radieux. Jamais je n'aurai voulu tout ça...jamais. Crois moi, père...
"Reste comme tu es Fanélia, mais n'embête pas trop ton frère. Et toi Faln, bientôt tu viendras avec moi à la pêche."Et il partait, son chapeau sur la tête, la canne à l'épaule, tandis que du haut d'une branche élevée nous lui faisions de grands signes mon frère et moi, pour lui faire comprendre de ramener le plus gros des butins écailleux.- A mon père -
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Re: Fanélia Cathules
- A mon frère -Comme il est difficile de parler de mon frère, même ici, en secret. Faln, je ne sais pas si tu es encore en vie...Mais je sais que tu dois m'en vouloir, je me doute que tu dois me haïr. Sans doute est-ce pour cela que je préfère te croire vivant quelque part en ce monde. Sache, que tout ce que j'ai pu faire n'était pas de mon fait. Je sais qu'il est simple de le dire pour évacuer les remords, mais j'ai vécu avec, et c'est encore lourd même aujourd'hui.
Tu avais huit années et moi six, tu as su me protéger, et m'aider quand j'en avais besoin. Tu ressemblais à père, autant que je ressemblais à mère. Toujours calme j'aimais t'embêter et j'essayais toujours de te mettre hors de toi, mais tu étais le meilleur exemple d'un grand frère à aimer.
Ce qu'il s'est passé ce soir là, a du te marquer, aussi si je te revois un jour, tu voudras sans doute me prendre la vie, par vengeance. Car si j'ai appris une chose quand je jouais avec toi, c'était que tu étais très rancunier, calme, mais tu n'oubliais jamais rien. Je me forçais à me rappeler de tout moi aussi, pour t'imiter...Et encore aujourd'hui, cette manie n'est pas passée.
Pardonne-moi Faln.
"Jamais je n'oublierai ça Fanélia, jamais!"Et il souriait, tout simplement.- A mon frère -
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Re: Fanélia Cathules
- Orpheline -La main qui s'était occupée de moi n'était autre que celle d'un régisseur de l'orphelinat. Monsieur Edmont avait au moins la trentaine d'années et c'était lui qui ramassait les âmes esseulées de la grande ville. Il fallait bien que quelqu'un s'y colle et il en était tout désigné.
Lorsqu'il m'a amenée dans cette grande bâtisse, il m'a posée tout un tas de questions. Comment lui répondre? Que lui dire? Le mieux était que je me taise, et de toute façon je ne voulais rien dire à personne. Devant mon mutisme il m'emmena voir la tutrice qui allait s'occuper de moi, je me laissais promener par la main, trainant des pieds, sans expression.
On me changea, me fit prendre un bain, et l'on me remit une vieille robe en lin à moitié déchirée et des sabots en bois, qui me faisaient horriblement mal aux pieds car non à ma pointure.
Comme je ne voulais absolument pas décrocher un mot, ils en déduisirent tous, que mes parents m'avaient abandonnée et si ce n'était pas le cas ils viendraient surement me réclamer un jour quelconque.
Me voilà donc dans un dortoir, avec des enfants, plus ou moins jeunes, on m'installa dans un lit superposé, et ma tutrice mademoiselle Drerin, me récita le règlement intérieur, parfois en replaçant ses lunettes sur son nez pour se donner cet air faussement sévère. Je ne pus m'empêcher de regarder partout, alors que les messes basses se faisaient entendre en murmures autour de moi.
"C'est la nouvelle, regarde ses cheveux, on dirait un garçon ou un paillasson qui a pris feu!"
Et les moqueries allaient bon train, déjà. Les enfants étaient méchants entre eux, ne mesurant pas parfois leurs paroles et leurs actes si on ne leur mettait pas des limites.
Ma vie à l'orphelinat commença en éclat, j'étais le souffre douleur des plus âgés si je ne me pliais pas à leurs règles et à leurs jeux. J'étais toujours muette, les dévisageant du regard, et ils me pointaient du doigt se moquant de moi, de mon allure et mon problème d'expression orale. Sauf un, il devait avoir sans doute un an de plus que moi, et me défendait toujours, surtout quand les autres venaient à me tirer les cheveux ou me ruer de coups. C'était la loi du plus fort, et Alexir l'avait bien compris, il se démenait pour que les autres me laissent en paix et pour que l'on échappe au courroux des tuteurs et surveillants.
Mais...Le même cauchemar revenait en boucle, chaque nuit, et les images étaient toujours les mêmes. Alors plus le temps avançait plus j'en devenais trop perturbée...puis je me mis à hurler la nuit. Tout le dortoir voulait me faire taire, et pour cela il suffisait de me réveiller, tous les moyens étaient bons pour eux. Alexir décida de prendre la place dans le même lit double que moi, guettant d'un oeil les plus espiègles des gamins qui la nuit tentaient de m'arrêter. Petit à petit je me liais d'amitié avec lui, et je commençais à lui parler, uniquement à lui.
On nous a enseigné l'écriture, puis la lecture, je n'avais que sept années et je travaillais plutôt bien. Je cherchais une solution...Une solution pour revoir mes parents, pour sortir de l'orphelinat au plus vite. Malgré quelques tentatives, toutes furent des échecs, et les punitions volaient.
J'avais à peine dix ans, Alexir était de plus en plus respecté des autres orphelins, se bagarrant sans cesse, il ne se laissait jamais faire, mais pourtant il savait rester calme et plutôt généreux. Il me rappelait mon frère à certains moments, et j'aurai voulu lui confier tout ce qui me pesait sur le coeur. Je grandissais et je prenais de plus en plus conscience de ce que j'avais fait, voulant trouver absolument le pardon. Mais je n'eus pas le temps d'en parler avec mon confident potentiel, il décéda une nuit d'été.
On avait échangé nos couches, lui en bas et moi en haut, car j'aimais la hauteur, elle me rappelait celle de mon arbre. Le cauchemar habituel était revenu cette nuit là. C'est mon cri qui me réveilla, en sueur, la voix à moitié cassée, je sortis de mes draps, l'estomac noué et me faisant horriblement mal. Quand j'ai regardé Alexir, il avait les mains à son cou, serrées fortement, et sa couverture défaite. Je ne comprenais pas ce qu'il faisait, alors je vins à vouloir le réveiller pour lui demander si tout allait bien. Aucune réponse. Paniquée, j'ai couru avertir une de nos surveillantes, qui torche à la main vint en courant, mettant en alerte tout le dortoir.
Alexir venait de s'étrangler pendant son sommeil. Quand le service de la Garde de Hurlevent emmena le corps le lendemain matin, on m'interrogea, car d'autres enfants m'avaient entendu crier. Tous pensaient que j'étais un danger public, et que c'était moi qui l'avais assassiné. La haine m'ébranla pendant de longues semaines, à présent je me battais, et je devenais la pire des crapules. Si on ne respectait pas mes règles, les autres en pâtissaient. Je le faisais pour me dédouaner de tous ces crimes surement, mais aussi pour affirmer que j'étais innocente, autant qu'eux. Et en une ou deux années j'avais réussi à m'imposer à l'orphelinat au grand dam de madame Drerin.
A douze ans, on ne savait pas trop quoi faire de moi, j'étais bonne élève mais trop turbulente pour rester ainsi auprès des autres, j'étais mal vu et je refusais l'éducation qu'on voulait m'offrir, surtout concernant les bonnes manières et le respect d'autrui. C'est alors que l'on me présenta à un paladin, me forçant à le rencontrer.
La première fois que je l'ai vu je lui ai craché dessus, croyant que ce sire armuré voulait m'adopter. Pas question pour moi, de remplacer mes parents par un homme que je ne connaissais pas. Mais l'on m'expliqua qu'il venait m'instruire aux préceptes de la Lumière. Je n'étais pas la seule, trois autres étaient dans le même cas que moi. D'abord méfiante, j'ai piqué des crises de colère refusant d'apprendre autre chose que les cours habituels.
Mais mon Maître était un gentilhomme, toujours souriant, calme et parlait avec sagesse: un vrai chevalier. Ce n'est que petit à petit que j'ai appris à lui faire confiance, et il m'enseigna tout ce qu'il savait. Ce n'était bien souvent que des discours, des entrevues où nous faisions que parler, et il me posait des questions..et en retour je pouvais lui demander tout ce qu'il me passait par la tête. Les Trois Vertus, c'est ainsi que j'en ai pris connaissance, et plus je l'écoutais, plus je devenais réfléchie et un peu moins sur mes gardes, la bulle se perçait. La Lumière a été salvatrice, le chevalier Retring était devenu mon percepteur et la complicité naquit. Il fallait que je comprenne avant de pouvoir maîtriser mes pensés. Il me disait souvent qu'à l'intérieur de moi résidait une force et que seul mon esprit et mon âme en parfaite symbiose pourraient alors faire jaillir la Lumière. La concentration, le don de soi, l'humilité, mais aussi l'honneur, tous ces fondements m'ont été inculqués sans même m'en rendre compte. Plus j'y travaillais, plus je me posais des questions, et plus cette Lumière m'apparaissait aussi visible que les grilles de l'orphelinat.
Mon Maitre savait que je cauchemardais, mais il essayait avec moi de congédier ce "mal-être", comme il l'appelait. J'étais persuadée que c'était bien plus que cela, mais je me suis promis, qu'à ma sortie, je "la" trouverai, et j'y mettrai fin quoi qu'il m'en coute, pour que jamais, elle ne revienne vers moi...mais aussi vers ceux, qui comme messire Retring, me faisaient désormais confiance.
"Si tu regardes autour de toi, Fanélia, tu y verras la Lumière, partout. Alors ne ferme jamais les yeux au monde qui t'entoure, et tend la main, même si elle est encore frêle."Et nous lisions des bribes d'histoire de ce monde ensemble, me demandant quelle place j'allais y trouver.- Orpheline -
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Re: Fanélia Cathules
- Mission -Six ans plus tard....
-"Allez Fanélia, mets-y plus d'entrain! Tu tiens encore ton épée n'importe comment..."
-"Mais j'y arrive pas! Elle me parait trop lourde et puis j'ai pas envie de me battre aujourd'hui."
-"Je croyais que mon écuyère aurait un peu plus de répondant." Et mon maître souriait, m'arrachant l'épée des mains.
-"Vous ne me disputez pas?"
-"Tu as l'air épuisée, tes mains tremblent, et sur un champ de bataille tu resterais derrière."
-"Derrière... comme les pleutres?!"
Je me souviens avoir agrippé ma lame, voulant la reprendre. On pouvait lire une moue fâchée sur mon visage, mon maître d'ailleurs lâcha un rire gras. Il me céda l'épée et me tapa la tête gentiment, comme un père avec son enfant.
-"Vous...Vous n'avez pas d'enfant maitre?" J'étais curieuse, et mon maitre ne parlait jamais de sa famille, ni de ses amis d'ailleurs. Il prêchait surtout la bonne parole et la bonne conduite. Noble de coeur, mais assez mystérieux pour que j'en vienne enfin à lui poser parfois des questions.
-"J'ai eu un fils. Il est mort à l'orphelinat."
-"Mort...Je suis désolée..."
-"Tu n'as pas à l'être, ce n'est pas ta faute, malgré ce que les autres médisent."
-"Comment ça?"
-"Alexir était mon fils."
J'aurai peut-être du m'en douter, la ressemblance frappante m'apparaissait à l'instant après toutes ces années. Je savais à présent pourquoi mon maitre s'était présenté à moi. J'ai senti mes joues rougir de honte, je ne savais plus où me mettre. J'avais peur qu'il m'en veuille, même s'il m'avait fait comprendre le contraire. Seulement, il était étrange que son fils soit à l'orphelinat, alors qu'il le connaissait. Il ne l'aurait pas laissé là-bas...Non, ce n'était pas digne de lui d'agir ainsi. Il n'aurait jamais abandonné son fils. J'ai voulu par la suite éviter ce sujet de conversation, devenu tabou. Il ne m'en reparla plus jamais d'ailleurs lui non plus.
Quelques jours après mon entrainement, mon maitre vint me voir, dans l'urgence, alors que je dévorais certains livres d'histoires dans la bibliothèque de la Cathédrale.
-"J'ai une mission pour toi, je ne peux la faire moi même et le temps presse." Il avait l'air un peu agité et anxieux surtout.
-"Heu...une mission? Une vraie? Que se passe-t-il Maitre ?" Son angoisse, il avait réussi à me la transmettre par la simple tonalité de sa voix.
-"Il faut que tu te rendes à Forgefer, et que tu remettes ce pli à un nain, de la Ligue des Explorateurs." Il me tendit un parchemin soigneusement enroulé, que je pris sans rechigner, même si j'étais plutôt surprise.
-"Le nom du nain est au dos de la lettre. Hâte-toi. Je t'ai fait atteler un cheval à Elwynn, à ton nom."
-"Un cheval?! Mais maitre...Je suis pas douée pour mont...! Maitre attendez!!" Il était pressé comme jamais, il fit demi tour, et grimpa sur son cheval comme un guerrier partant en guerre.
J'avais dans mes mains quelque chose sans doute d'important...Mais je restais là, décontenancée, la bouche ouverte. Forgefer, c'était le bout du monde, et l'équitation une véritable torture. Surtout qu'il fallait que j'aille à Elwynn...Je n'avais jamais osé y retourner depuis ma fuite. Pas question que j'abandonne cependant, alors j'ai pris mon courage à deux mains.
Cette route me donna clairement envie de rentrer. Je n'aimais pas ces arbres, cette terre, et on racontait en plus que des bandits pouvaient se trouver sur ce chemin. Des défias comme on les appelait. J'avais pris soin de vérifier mon paquetage avant toute chose et je savais qu'arrivée à l'auberge à quelques kilomètres d'Hurlevent, je pourrai faire le plein de provisions si j'avais eu le malheur d'oublier quelque chose. Je portais une cotte de maille, un peu poisseuse mais durement acquise après des années d'entrainement. J'avais peut-être l'air d'une paladin, mes cheveux courts et roux auraient pu me faire passer pour un garçon, et cela me rassurait un peu. Ma lame était émoussée, c'était celle de l'entrainement, tous les écuyers avaient à peu près la même. Mais j'avais ma préférence pour celle-ci car j'avais rajouté un bout de tissu en lin, entourant la garde pour ne pas qu'elle glisse.
J'avais fière allure, du moins j'aimais à le croire. Alors je marchais d'un pas de plus en plus sûr. Et...aucune embûche, même pas un loup enragé, un orc vert ou un défias. Moi qui croyais être devenue enfin une aventurière, une vraie héroïne où l'on chanterait mes exploits au coin du feu...Ca partait plutôt mal.
Je suis arrivée à l'auberge et là: cohue. J'ai croisé des êtres étranges, et ça grouillait de monde de tous les horizons. Même certains avaient des animaux que je n'avais jamais vu de ma vie. Je regardais cette scène qui s'offrait à moi, avec une pointe d'appréhension, et je me suis faite bien petite, de peur de me faire bousculer par ce monde en pagaille. J'avais de suite moins fière allure, et j'en ris encore maintenant. Je me suis frayée un chemin jusqu'à l'aubergiste, qui me dévisagea un instant. Ma tête se rentra dans les épaules, et je rougissais qu'il me regarde ainsi. Il puait la vinasse, et l'auberge était trop bruyante à mon gout.
-"Je viens de la part du chevalier Retring. Je suis son écuyère Cathules, et je viens cherch..." Ma voix n'était pas assez imposante pour couvrir les bruits. Je me découvrais finalement plus timide que je ne l'imaginais, sortie de mon environnement. L'aubergiste me coupa la parole sèchement.
-"DE QUOI? PARLE PLUS FORT!" Il me fit sursauter, et je sentais déjà des regards se poser sur moi. Très mal à l'aise je répétai ma requête comme je pouvais.
Il acquiesça, limite ronchon, et on m'emmena aux écuries. Il y avait un homme qui me regardait un peu plus que les autres, en plein milieu de l'auberge, il ne se cachait pas vraiment, et était plutôt bien entouré: que des femmes avec de sacrés décolletés. Quand je suis sortie de l'auberge, il me suivit avec un des laquais responsable des écuries. Le jeune valet me laissa devant la monture et repartit après avoir reçu une pièce de cuivre. Je commençais à mettre mon sac en cuir sur le dos de mon cheval le sermonnant de ne pas en faire qu'à sa tête, quand l'homme qui me suivait du regard à l'auberge vint se placer juste derrière moi.
-"Et bien ma jolie...On compte s'en aller sans dire au revoir?" J'ai tourné la tête, dans un sursaut et le regard de cet homme s'immisça dans le mien. Il avait un foulard rouge, surement du lin qu'il avait noué sur sa tête comme un bandeau.
-"Heu...qui...qui êtes-vous?" Je faisais de suite moins la maligne. Il était plus que louche, et c'est lorsque j'ai aperçu toutes ses dagues à sa ceinture que j'avais vraiment envie de décamper au plus vite.
-"Les présentations vont être courtes...Je suis l'homme à qui tu vas donner ta bourse, ou ta bouche."
-"Vous rêvez éveillé messire. Ni l'une ni l'autre." Plus question de chercher ses mots, ou de se faire prendre par surprise, sinon j'allais vraiment finir rapiécée, voir pire encore. J'ai grimpé sur ma monture avec empressement, ce qui le courrouça. Il était habile et moi inexpérimentée, et sur un cheval de surcroit, il tira une de ses dagues, il visait la tête directement, j'ai à peine eu le temps d'esquiver que la lame m'avait fait ma première blessure de "guerre". Ma joue saigna un peu, et de surprise j'ai claqué les rennes sur ma monture, et donnais déjà quelques coups de talon. Il fallait partir vite, de peur que ce maraud ne me suive.
Pas le temps de se plaindre du mal au derrière causé par la selle, je cavalais là où je pouvais, et dans une direction opposée de Forgefer de surcroit. L'important était d'être encore en vie, l'orientation viendrait ensuite.
Je me rappelle être arrivée à la Marche de l'Ouest, j'avais su à l'âge de 14 ans, que mes parents y avaient été enterrés, quand j'avais entrepris quelques recherches. J'avais d'ailleurs été interrogée par la Garde de Hurlevent quand ils avaient su qu'une Cathules était encore en vie. Je leur avais dit que je n'étais pas là le soir où mes parents étaient morts, que j'étais chez mon oncle. Ils n'ont pas cherché plus loin, mes parents n'étaient pas gens importants, ni nobles.
J'avais 18 ans et il était peut être temps pour moi d'aller voir leur tombe et me recueillir, mais ma mission n'attendait pas alors je remis ça à plus tard et trouvais une vieille ferme abandonnée pour y passer la nuit. Installée dans la paille, la main toujours sur mon épée, je ne pus presque pas fermer l'oeil de la nuit.
C'est au petit matin que j'entendis discuter dehors, je me levai pour aller vérifier si on avait pas volé mon cheval. Quand je suis sortie, ma lame à la main, l'air plutôt déterminé, deux Défias étaient là, le foulard rouge sur la bouche, une femme et un homme, qui se retournèrent dès qu'ils m'entendirent. Ils n'étaient pas là pour m'apporter un petit déjeuner copieux, et ils se ruèrent sur moi, sans que j'ai le temps de dire le bonjour. Je donnais quelques coups d'épée et eux quelques coups de dague, j'ai été blessée la jambe, je me rappelle que cette douleur était plus forte que tout. Mais d'un seul coup, surgissaient de derrière eux, un humain, habillé en robe et une humaine avec la même robe. Ils ont à peine bougé leurs mains que les deux défias prirent feu, ils courraient partout en hurlant qu'ils reviendraient à plusieurs tout en essayant de se diriger vers la mer. Ils étaient sacrément brûlés.
J'observais alors mes deux sauveurs la main posée sur ma jambe ensanglantée. Ils avaient des robes d'arcaniste, et tout l'attirail qui allait avec: bâton, grimoire, etc...
-"Il ne faut pas dormir par ici c'est truffé de truands." Me dit le jeune homme. Il avait les cheveux noirs, et les yeux noisettes, avec un petit air sournois. Sa compagne, elle était déjà plus réservée et ne me dit rien.
-"Merci pour ce que vous avez fait."
-"Pas de quoi, tu n'avais pas l'air très douée à l'épée." Il regarda mes cheveux en bataille, puis me sourit.
-"Je faisais semblant, je suis bien plus forte quand je me bats pour de bon."
-"Hmmm bien sûr...*petit rire* et tu t'appelles?"
-"Fanélia. Fanélia Cathules."
-"Moi c'est Laerwin, et elle Lyanae." Il l'a montra du pouce, elle acquiesça.
-"Qu'est ce que tu faisais par ici toute seule? A dormir n'importe où..."
-"Je...Je suis en mission pour mon maitre. Je dois aller à Forgefer."
-"Forgefer? Ca fait une trotte depuis la Colline des sentinelles. Lyanae doit s'y rendre après notre travail ici, si tu veux faire la route avec nous..."
-"Je suis pressée! J'ai déjà perdu trop de temps."
-"Tu es blessée surtout, à tes risques et périls."
Je me renfrognais car il avait raison, prendre la route seule et blessée n'allait pas être chose aisée. Alors j'ai accepté leur aide. Ils devaient vérifier les activités défias dans une des mines au nord avant toute chose. Nous sommes partis à trois, après avoir pansé ma plaie.
Ce n'était qu'un travail d'observation, et je n'étais pas vraiment discrète. On a failli se faire repérer plusieurs fois, par ma faute. Cela prit deux jours, et autant dire que j'avais énormément de retard sur ce que je devais faire. Mais j'ai pu faire la connaissance de mes deux nouveaux compagnons de route. Je commençais à me lier d'amitié avec eux, ils étaient plutôt jeunes, c'étaient des apprentis. Je voyais Laerwin qui adorait regarder Lyanae plutôt que les présumés Défias. Je ne connaissais pas grand chose à l'amour, mais ça me faisait rire de les voir se chercher un peu à grand coup de regard en biais et sourire discret.
Nous avons ensuite pris la route vers Forgefer, au nord. A chaque campement, je me sentais de mieux en mieux avec eux. Nous discutions de choses et d'autres, ils étaient bons vivants, surtout Laerwin, même s'il passait son temps à râler. Laerwin me disait à chaque matin, que je criais la nuit, sans doute perturbée par des cauchemars. Il ne me demanda rien d'autre que "Ca va aller Fanélia?" au petit matin. C'est avec le front en sueur que je lui répondais que ce n'était rien, que j'ai toujours eu un sommeil très perturbé.
Mon arrivée à Forgefer ne s'est pas faite sans mal, on a du abattre des bêtes sauvages, traverser la neige que je n'avais pas souvent vu. La ville naine était surpeuplée à cette époque. Je n'avais jamais vu autant de monde, rien à voir avec Elwynn, ni Hurlevent. Il faisait chaud d'ailleurs, à cause de l'immense forge centrale. Nous marchions essayant de nous y retrouver dans ce dédale circulaire. Mais ce qui attira notre attention était deux personnes qui beuglaient en pleine place commerçante. Un kaldorei très moche, et un nain, très nain. Ces deux là s'entendaient à merveille, et présentaient un espèce de spectacle comique, sans doute pour faire la manche. Les passants parfois s'arrêtaient pour se distraire. Il faut dire qu'il y'avait énormement de guerriers, chevaliers ou autres mercenaires, et pas forcement que des nains, au contraire.
-"J'ai envie de regarder!"
-"Fanélia, et ta missive à remettre...je croyais que c'était urgent."
-"Ca sera pas long, allez venez! Ca a l'air drôle!"
Mes deux acolytes soupirèrent, mais ils savaient à quel point je pouvais être têtue pour des futilités parfois. Je poussais les badauds pour me frayer un chemin, juste à côté du nain et de l'elfe.
-"Alors m'sieurs dames, v'nez voir l'elfe l'plus MOCHE AU MONDE! J'mais dans vot' vie vous n' verrez pareille CHOSE!"
-"N'en fais pas trop Murgond, comment veux-tu après que j'attire la gazelle."
-"La donzelle t'veux dire! Ahahahah*rire bruyant du nain*"
-"J'aurai dû rester dormir pendant encore cent ans tiens..."
C'est vrai qu'il était moche, il avait les dents dans tous les sens, les cheveux bleus ternes, le visage frippé et le nez crochu.
-"Mesdames et mesdames, n'ayez crainte! Approchez Irhondril, l'druide en ....péril ! Heu argile! Bref le druide! Pour la modique somme de deux pièces de cuivre vous pourrez même le toucher!"
-"Hmmm je pense très cher nain, que tu exagères un peu. Enfin...ça dépend si c'est une belle jeune femme, je me laisserai bien tenter."
Je souriais amusée, de voir ces deux plaisantins entourés de guerriers et guerrières, tous plus impressionnants que les autres. Murgond me pointa du doigt d'un coup.
-"Toi, l'rousse, viens, je te fais un prix d'ami. Une pièce et t'as l' privilège d' toucher la plus laide des bêtes d' foire!" Son accent nain me faisait rire, il était assez prononcé.
Je m'avançais alors devant eux, Lyanae et Laerwin desespéraient de mon attitude, mais après le voyage, un peu d'amusement ne faisait pas de mal. Je levais la tête vers le druide qui me paraissait immense et lui tira légèrement la barbe qui pendouillait.
-"Ce jour est historique! La belle a touché la bête! Hourra!" Et le nain sautillait partout en levant les bras. Ils puaient d'ailleurs tous les deux l'alcool, et je me demandais s'ils étaient réellement des bouffons de foire ou deux amis se saoulant jusqu'à plus soif.
"Ces rencontres allaient changer le cours de ma vie, même si je ne le savais pas encore."Et je balançais une pauvre pièce de cuivre dans la paume de Murgond.- Mission -
Fanélia/Nean- Personnages Joués : Fanélia, Nean, Laclef
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