Quelque part, dans les Maleterres...
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Therod Aoun'dore
Semelys
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Quelque part, dans les Maleterres...
La nuit était déjà bien avancée. Un vent épais, plus tiède que froid, battait les collines et dérangeait les branches maigrelettes de quelques arbustes qui, ça et là, avaient réussi à planter leurs racines dans la terre souillée. Avec le temps, la vie réussissait tant bien que mal à s'accrocher au sol moribond et quelques plans d'herbe jaillissaient parfois au détour d'un vallon, comme les plaques d'un mauvais chiendent.
En apercevant les feux du petit camp en contrebas, Henry Jonlas ralentit l'allure. Il tapota l'encolure de sa monture et vérifia le licol de la mule de bât qui suivait deux pas derrière. Un guetteur avait probablement signalé son arrivée, car deux hommes montaient déjà vers lui, affichant de francs sourires d'amitié et de soulagement. Chacun d'entre eux arborait fièrement les couleurs de la Croisade Ecarlate.
- La peste soit de ce pays maudit ", murmura-t-il entre ses dents avant de démonter, ôtant la selle du dos de son cheval harassé et donnant l'accolade à ses camarades, qui le conduisirent vers le centre du camp - tandis que d'autres s'affairaient à décharger la mule.
Plusieurs hommes étaient assis autour du feu central. La plupart d'entre eux se levèrent pour le saluer. Certains sourirent, d'autres se contentèrent d'un signe de tête. Henry voyait leurs yeux briller. Fièvre, fatigue, ferveur. Dans ses souvenirs, seul l'acier pouvait briller ainsi à la lueur des flammes.
- Louée soit la Très Sainte Lumière, dit l'un d'eux - un homme de grande taille, à la voix grave et profonde, portant une barbe en collier parfaitement taillée et qui dévisageait Henry de ses yeux presque aussi sombres que ses cheveux. Les Maleterres t'ont laissé sauf. Tu n'as pas eu d'attaque sur le trajet ?
- Pas la moindre, Théodore, répondit son interlocuteur en saisissant avec reconnaissance le bol de soupe tiède qu'on lui tendait. Sûrement un coup de chance. Toutes les provisions sont saines, et j'ai même du tabac pour vous.
- Quelles nouvelles de la Main de Tyr ? "
Ceux qui n'étaient pas chargés de ranger les provisions s'étaient rassis, main sur leur épée, toujours vigilants. Henry s'installa à son tour et haussa les épaules. Le bol de terre cuite réchauffait ses mains, tandis que le brouet offert se chargeait de ses entrailles.
- Tout dépend de ce que tu veux savoir. De toute façon, les nouvelles ne sont pas bonnes. La Citadelle s'est vidée, surtout depuis ce qu'il s'est passé à Âtreval. "
Quelques regards s'échangèrent au-dessus des flammes, et le silence s'installa un moment. On évitait, ici, d'évoquer la tragédie d'Âtreval, qu'il s'agisse de la bataille en elle-même ou de ses conséquences.
Henry reprit une gorgée de soupe.
- La Croisade est exsangue. Et comme si ça ne suffisait pas, il y a encore autre chose. Je veux dire, outre le Fléau, outre les mercenaires de la Horde et de l'Alliance qui s'amusent encore à traquer les nôtres, et outre cette immondice suspendue au-dessus de nos têtes qu'on appelle le Fort d'Acherus.
- De quoi parles-tu ?
- Les ruines, répondit Henry en levant les yeux de son bol. Les ruines, tout à l'est, tu sais de quoi je veux parler. Les champs et les maisons ravagées par ces monstres à la solde du Roi Liche. Cet endroit maudit où plus rien ne vit, et où plus personne de censé ne se risque à poser le pied. Eh bien, Théodore, on dirait bien qu'elles ont décidé de vivre sans nous. Quelque chose grandit là-bas, quelque chose de malveillant. "
Ceux qui écoutaient froncèrent les sourcils.
- Explique-toi.
- On voit des feux s'y allumer parfois. Tu sais, des feux froids, pâles comme la mort. Et on entend des échos de temps en temps, des voix, des cris, le bruit de l'acier contre l'acier. Certains rapportent qu'ils ont vu des... choses... se déplacer. J'ai cru au début qu'il s'agissait de fantômes, d'images, suscités par le lieu lui-même. On dit que les grands champs de bataille sont souvent hantés de cette manière, comme si la guerre n'avait jamais fini là-bas... Mais le problème, Théodore, c'est que certains des nôtres ont commencé à disparaître... "
Des grognements coururent dans le cercle d'hommes, nullement interrompus lorsque l'un d'eux prit la parole.
- Ils disent qu'il s'est passé quelque chose dans le Nord. Que les peuples sont en fête et que le Roi Liche est tombé. Mais si c'est le cas, alors pourquoi tous ces monstres qui marchent encore dans les champs de Lordaeron ne sont-ils pas tombés en poussière ? Le Fléau est encore bien vivace ici, et il s'étend, si ce que tu dis est vrai.
- A moins que ce ne soit une nouvelle perfidie de cette soit-disant Lame d'Ebène, gronda Théodore.
- Je n'en sais rien. Henry soupira. Les ruines prennent nos combattants. Nous ne retrouvons rien d'eux, pas même la moindre dépouille ou le moindre morceau de tabard. Nous n'osons même plus envoyer de patrouilles voir ce qu'il se passe réellement là-bas : nous sommes trop peu nombreux. La Main de Tyr est habituée à lutter contre les horreurs du Fléau ainsi qu'à faire front ; même lors du désastre de la Nouvelle Avalon, ils n'ont pas passé nos lignes. Mais notre nombre est trop faible à présent, Théodore, et j'ignore si nous pourrons combattre ce qui grandit dans notre dos.
- Que la Sainte Lumière nous vienne en aide ", murmura un autre.
Personne ne parla pendant quelques instants. Puis Théodore se leva, donna une tape sur l'épaule d'Henry et toisa la petite dizaine d'hommes regroupés autour du feu.
- Prends du repos, Henry, et confie tes troubles à la Très Sainte. Elle nous guidera. Ne laissez pas le doute envahir votre coeur : quels que soient nos ennemis, la Croisade fera face, seule, comme elle l'a toujours fait. "
En apercevant les feux du petit camp en contrebas, Henry Jonlas ralentit l'allure. Il tapota l'encolure de sa monture et vérifia le licol de la mule de bât qui suivait deux pas derrière. Un guetteur avait probablement signalé son arrivée, car deux hommes montaient déjà vers lui, affichant de francs sourires d'amitié et de soulagement. Chacun d'entre eux arborait fièrement les couleurs de la Croisade Ecarlate.
- La peste soit de ce pays maudit ", murmura-t-il entre ses dents avant de démonter, ôtant la selle du dos de son cheval harassé et donnant l'accolade à ses camarades, qui le conduisirent vers le centre du camp - tandis que d'autres s'affairaient à décharger la mule.
Plusieurs hommes étaient assis autour du feu central. La plupart d'entre eux se levèrent pour le saluer. Certains sourirent, d'autres se contentèrent d'un signe de tête. Henry voyait leurs yeux briller. Fièvre, fatigue, ferveur. Dans ses souvenirs, seul l'acier pouvait briller ainsi à la lueur des flammes.
- Louée soit la Très Sainte Lumière, dit l'un d'eux - un homme de grande taille, à la voix grave et profonde, portant une barbe en collier parfaitement taillée et qui dévisageait Henry de ses yeux presque aussi sombres que ses cheveux. Les Maleterres t'ont laissé sauf. Tu n'as pas eu d'attaque sur le trajet ?
- Pas la moindre, Théodore, répondit son interlocuteur en saisissant avec reconnaissance le bol de soupe tiède qu'on lui tendait. Sûrement un coup de chance. Toutes les provisions sont saines, et j'ai même du tabac pour vous.
- Quelles nouvelles de la Main de Tyr ? "
Ceux qui n'étaient pas chargés de ranger les provisions s'étaient rassis, main sur leur épée, toujours vigilants. Henry s'installa à son tour et haussa les épaules. Le bol de terre cuite réchauffait ses mains, tandis que le brouet offert se chargeait de ses entrailles.
- Tout dépend de ce que tu veux savoir. De toute façon, les nouvelles ne sont pas bonnes. La Citadelle s'est vidée, surtout depuis ce qu'il s'est passé à Âtreval. "
Quelques regards s'échangèrent au-dessus des flammes, et le silence s'installa un moment. On évitait, ici, d'évoquer la tragédie d'Âtreval, qu'il s'agisse de la bataille en elle-même ou de ses conséquences.
Henry reprit une gorgée de soupe.
- La Croisade est exsangue. Et comme si ça ne suffisait pas, il y a encore autre chose. Je veux dire, outre le Fléau, outre les mercenaires de la Horde et de l'Alliance qui s'amusent encore à traquer les nôtres, et outre cette immondice suspendue au-dessus de nos têtes qu'on appelle le Fort d'Acherus.
- De quoi parles-tu ?
- Les ruines, répondit Henry en levant les yeux de son bol. Les ruines, tout à l'est, tu sais de quoi je veux parler. Les champs et les maisons ravagées par ces monstres à la solde du Roi Liche. Cet endroit maudit où plus rien ne vit, et où plus personne de censé ne se risque à poser le pied. Eh bien, Théodore, on dirait bien qu'elles ont décidé de vivre sans nous. Quelque chose grandit là-bas, quelque chose de malveillant. "
Ceux qui écoutaient froncèrent les sourcils.
- Explique-toi.
- On voit des feux s'y allumer parfois. Tu sais, des feux froids, pâles comme la mort. Et on entend des échos de temps en temps, des voix, des cris, le bruit de l'acier contre l'acier. Certains rapportent qu'ils ont vu des... choses... se déplacer. J'ai cru au début qu'il s'agissait de fantômes, d'images, suscités par le lieu lui-même. On dit que les grands champs de bataille sont souvent hantés de cette manière, comme si la guerre n'avait jamais fini là-bas... Mais le problème, Théodore, c'est que certains des nôtres ont commencé à disparaître... "
Des grognements coururent dans le cercle d'hommes, nullement interrompus lorsque l'un d'eux prit la parole.
- Ils disent qu'il s'est passé quelque chose dans le Nord. Que les peuples sont en fête et que le Roi Liche est tombé. Mais si c'est le cas, alors pourquoi tous ces monstres qui marchent encore dans les champs de Lordaeron ne sont-ils pas tombés en poussière ? Le Fléau est encore bien vivace ici, et il s'étend, si ce que tu dis est vrai.
- A moins que ce ne soit une nouvelle perfidie de cette soit-disant Lame d'Ebène, gronda Théodore.
- Je n'en sais rien. Henry soupira. Les ruines prennent nos combattants. Nous ne retrouvons rien d'eux, pas même la moindre dépouille ou le moindre morceau de tabard. Nous n'osons même plus envoyer de patrouilles voir ce qu'il se passe réellement là-bas : nous sommes trop peu nombreux. La Main de Tyr est habituée à lutter contre les horreurs du Fléau ainsi qu'à faire front ; même lors du désastre de la Nouvelle Avalon, ils n'ont pas passé nos lignes. Mais notre nombre est trop faible à présent, Théodore, et j'ignore si nous pourrons combattre ce qui grandit dans notre dos.
- Que la Sainte Lumière nous vienne en aide ", murmura un autre.
Personne ne parla pendant quelques instants. Puis Théodore se leva, donna une tape sur l'épaule d'Henry et toisa la petite dizaine d'hommes regroupés autour du feu.
- Prends du repos, Henry, et confie tes troubles à la Très Sainte. Elle nous guidera. Ne laissez pas le doute envahir votre coeur : quels que soient nos ennemis, la Croisade fera face, seule, comme elle l'a toujours fait. "
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
http://www.deezer.com/listen-535949
La bâche qui le recouvrait avait une odeur de rance et de moisi. Epaisse, elle plongeait tout dans le noir, rendait à l'état de rumeurs les va-et-vient des inquisiteurs qui s'activaient ici et là, mais parfois le cri perçant d'une victime parvenait à traverser cette chape entre le monde et lui.
Dans ses liens, le jeune Lloyd se débattit faiblement, plus machinalement que par réelle conviction.
Combien d'heures avaient passé, à présent ? Lui qui ne pouvait dormir avait perdu le décompte des jours et des nuits. L'attente était probablement le pire des maux pour qui ne connaissait plus la fatigue et la faim ; cette attente-là, dans un noir absolu, à ne savoir quand la lumière reviendrait - et avec elle, les interrogations, les questions, et probablement la souffrance. "Je ne veux pas qu'on le touche cette nuit", avait dit Llorente, mais il était certain que cela allait venir, tôt ou tard.
Lloyd grogna, éprouvant l'épaisseur du pilori qui lui sciait gorge et poignets, avant de retomber dans l'immobilité. Rien à faire, ce n'était pas le genre d'entraves dont il pouvait se libérer, mais se concentrer dessus l'empêcher de penser au reste. S'infiltrer dans la Main de Tyr avait été la pire des imprudences. Un péché d'orgueil. Il n'avait pu supporter que "les Rouges" posent le pied sur son territoire, et s'était dit que leur rendre la pareille n'aurait été que justice ; et puis, après tout, la non-mort le rendait agile, puissant, résistant. C'était vrai. Mais la non-mort ne rendait pas immortel.
Il avait posé au bravache devant ses interrogateurs, joué le fier, traité les uns et les autres de tous les noms. "Tu sonnes creux, tu sonnes faux" avait-il dit à l'Evêque ; mais au final, c'était son propre courage qui sonnait faux et creux. Au fond de lui, Lloyd tremblait de frayeur.
Il enviait ceux que la mort rendait froids et apathiques ; il enviait la volonté sans faille, brutale, de certains Chevaliers. Lui avait péri trop jeune, trop tôt, sans bien savoir comment ni pourquoi - bien qu'on le lui ait raconté plus tard. Il ne possédait ni la froideur des uns, ni la résolution des autres. En fin de compte, malgré ses innombrables tentatives pour se persuader du contraire, Lloyd était encore bien trop fragile et trop vivant.
Ce n'était pas tant la douleur physique qui l'effrayait : c'est une chose étrangement irréelle à éprouver lorsqu'on a déjà passé par le stade ultime de la souffrance. Il se savait - se pensait - capable de résister à ces tortures-là. Mais au final ? Il serait jugé, lui avait-on dit. La finalité d'un tel jugement ne laissait aucun doute, vu la nature de ses geôliers. Il allait mourir, sans que rien ni personne n'y puisse faire quelque chose. Encore. Cette fois-ci, le vieux Hubert, terré dans sa cave à Berce-Âmes, l'attendrait en vain ; et tous les espoirs fragiles sur lesquels il avait tenté de se construire une seconde existence allaient s'effondrer. Cela le terrorisait, viscéralement ; il ne voulait pas perdre ce qu'il avait mis tant de temps à acquérir, il ne voulait pas mourir, il ne voulait pas disparaître.
Le jeune mort rua violemment dans ses entraves, désespéré, avant de retomber à nouveau. Pour la première fois depuis très longtemps, Lloyd avait envie de pleurer, bien qu'il en soit incapable. Il serra les dents.
Il fallait tenir. Ne pas se briser maintenant, ne pas faire honte. Bientôt, l'attente prendrait fin.
Dans ses liens, le jeune Lloyd se débattit faiblement, plus machinalement que par réelle conviction.
Combien d'heures avaient passé, à présent ? Lui qui ne pouvait dormir avait perdu le décompte des jours et des nuits. L'attente était probablement le pire des maux pour qui ne connaissait plus la fatigue et la faim ; cette attente-là, dans un noir absolu, à ne savoir quand la lumière reviendrait - et avec elle, les interrogations, les questions, et probablement la souffrance. "Je ne veux pas qu'on le touche cette nuit", avait dit Llorente, mais il était certain que cela allait venir, tôt ou tard.
Lloyd grogna, éprouvant l'épaisseur du pilori qui lui sciait gorge et poignets, avant de retomber dans l'immobilité. Rien à faire, ce n'était pas le genre d'entraves dont il pouvait se libérer, mais se concentrer dessus l'empêcher de penser au reste. S'infiltrer dans la Main de Tyr avait été la pire des imprudences. Un péché d'orgueil. Il n'avait pu supporter que "les Rouges" posent le pied sur son territoire, et s'était dit que leur rendre la pareille n'aurait été que justice ; et puis, après tout, la non-mort le rendait agile, puissant, résistant. C'était vrai. Mais la non-mort ne rendait pas immortel.
Il avait posé au bravache devant ses interrogateurs, joué le fier, traité les uns et les autres de tous les noms. "Tu sonnes creux, tu sonnes faux" avait-il dit à l'Evêque ; mais au final, c'était son propre courage qui sonnait faux et creux. Au fond de lui, Lloyd tremblait de frayeur.
Il enviait ceux que la mort rendait froids et apathiques ; il enviait la volonté sans faille, brutale, de certains Chevaliers. Lui avait péri trop jeune, trop tôt, sans bien savoir comment ni pourquoi - bien qu'on le lui ait raconté plus tard. Il ne possédait ni la froideur des uns, ni la résolution des autres. En fin de compte, malgré ses innombrables tentatives pour se persuader du contraire, Lloyd était encore bien trop fragile et trop vivant.
Ce n'était pas tant la douleur physique qui l'effrayait : c'est une chose étrangement irréelle à éprouver lorsqu'on a déjà passé par le stade ultime de la souffrance. Il se savait - se pensait - capable de résister à ces tortures-là. Mais au final ? Il serait jugé, lui avait-on dit. La finalité d'un tel jugement ne laissait aucun doute, vu la nature de ses geôliers. Il allait mourir, sans que rien ni personne n'y puisse faire quelque chose. Encore. Cette fois-ci, le vieux Hubert, terré dans sa cave à Berce-Âmes, l'attendrait en vain ; et tous les espoirs fragiles sur lesquels il avait tenté de se construire une seconde existence allaient s'effondrer. Cela le terrorisait, viscéralement ; il ne voulait pas perdre ce qu'il avait mis tant de temps à acquérir, il ne voulait pas mourir, il ne voulait pas disparaître.
Le jeune mort rua violemment dans ses entraves, désespéré, avant de retomber à nouveau. Pour la première fois depuis très longtemps, Lloyd avait envie de pleurer, bien qu'il en soit incapable. Il serra les dents.
Il fallait tenir. Ne pas se briser maintenant, ne pas faire honte. Bientôt, l'attente prendrait fin.
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
[HRP] J'ignore si on a le droit de répondre à ce genre de récit, juste pour dire que la description de ton personnage et des décors et d'une précision très entrainante et qu'on se sent parfaitement dans le contexte. En plus, je trouve que tu as parfaitement fait ressortir l'angoisse d'une zone comme les maleterres, et pour cela je te dis un grand bravo. Continue ! =) [/HRP]
Therod Aoun'dore
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
Teran a écrit:[HRP] J'ignore si on a le droit de répondre à ce genre de récit, juste pour dire que la description de ton personnage et des décors et d'une précision très entrainante et qu'on se sent parfaitement dans le contexte. En plus, je trouve que tu as parfaitement fait ressortir l'angoisse d'une zone comme les maleterres, et pour cela je te dis un grand bravo. Continue ! =) [/HRP]
( Je te remercie, ça fait plaisir ! ^^
La situation évoluant doucement au niveau du rp de Berce-Âmes et des Maleterres, y'aura très probablement d'autres posts, vi )
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
http://www.deezer.com/listen-2680630
C'était une petite demeure, tout au sud du territoire. Une masure branlante, une bicoque noircie, plantée là devant un champ encore marqué par les cicatrices de la guerre comme par les sillons multiples d'un soc dans la terre molle. Pas loin s'élevait un phare abandonné. De toute façon, il n'y avait plus de bateau à guider vers ce rivage-là.
Fait remarquable, elle était cependant l'une des rares habitations à avoir été presque entièrement rebâtie, bien que le terme "retapée" fût plus exact ; des poutres massives soutenait l'armature de torchis, et quelques ardoises masquaient le manque de chaume où de grands corbeaux faisaient leur nid. Parfois même, on voyait de la fumée s'échapper hors de la cheminée de pierre. Une odeur constante d'encens baignait l'air quand on s'en approchait, bien qu'un odorat assez fin puisse encore repérer, sous ce parfum capiteux, la fragrance piquante du poisson grillé. De toute évidence, ce qui habitait là n'était pas un non-mort, mais quel vivant serait venu s'installer ici, au coeur de Berce-Âmes, loin de la chaleur et du bruit rassurant de la civilisation ?
Le Chevalier mit pied à terre, et tapota distraitement l'encolure osseuse de sa monture - laquelle s'éloigna docilement, faisant claquer ses sabots. Cent pas l'éloignaient de la masure, cent pas qu'il franchit rapidement, d'une foulée décidée, son armure tintant et cliquetant comme une carapace sombre à chaque geste. Un simple rideau pendait à l'embrasure en guise de porte, un drapé épais, sentant la suie, la poussière et la cendre ; il le repoussa d'un revers de main, ôtant son heaume à l'instant de passer le seuil, et salua sans un mot.
La pièce de vie était étroite, jonchée d'objets, parmi lesquels on trouvait des osselets, des chapelets de perle et d'os, des copeaux d'écorce, d'innombrables plaques de bois gravées, des manuscrits roulés autrefois scellés par une cire qui tombait en miettes. La créature solitaire qui l'occupait, à genoux devant une petite table d'orme, mains sur les cuisses, ne bougea pas. Même ainsi installée, elle était grande, étrangement majestueuse dans son immobilité, et recouverte d'un voile noir, presque aussi épais que la tenture à l'entrée. Ce voile couvrait sa tête et retombait sur son visage, dévalait torse et avant-bras, ne s'arrêtant qu'aux poignets pour révéler des mains épaisses et rugueuses, bleuies comme si la morsure du gel les avait à jamais pétrifiées. Pourtant, lorsqu'elle parla, sa voix - marquée par un accent roulant et légèrement guttural - fut celle d'une femme, étonnamment douce et régulière.
- Voilà longtemps que tu ne m'avais rendu visite, petit chef. Installe-toi."
Semelys fronça légèrement les sourcils avant d'obtempérer. Il s'agenouilla devant la table, face à la créature. Heaume et arme trouvèrent refuge contre son flanc.
- Je lis la fatigue et le trouble sur ton visage, petit chef. Que puis-je faire pour toi ?
- Je ne connais pas la fatigue, et n'ai guère le temps pour le trouble, völva, répliqua le non-mort. Comme à chaque fois, je viens quérir ton enseignement.
- Aaah... L'enseignement. La völva leva une main, lentement, jusqu'à la poser à plat sur la table de bois. Savoir et Pouvoir sont les deux dragons de l'esprit. Si l'homme qui tient leurs rênes n'est pas assez fort pour les chevaucher, ils l'enserrent et finissent par l'étouffer. Je t'ai enseigné l'Haed Sigr. Je te sens encore marqué par son usage et par ce que tu as appris. Es-tu certain que ce soit de connaissances dont tu as besoin à présent ?"
Face à elle, le Chevalier prit quelques instants pour réfléchir à sa réponse, yeux étrécis.
- Je suis une Arme. Je connais l'art de la guerre. Je sais jauger un ennemi, et conduire des hommes au combat. Je sais cent manières de détruire, et cent manières de vaincre. Ainsi suis-je fait, ainsi sommes-nous faits, Chevaliers. Je sais lever mon épée et tracer les runes de mort, je sais soumettre et je sais abattre. Je ne connais ni peur ni fatigue, mais je sais par coeur la couleur du sang qui jaillit d'une plaie, et le craquement des os lorsque l'acier fouille les blessures. Ainsi suis-je fait, ainsi sommes-nous faits.
- Mais ce n'est pas ce que l'on attend de toi, ici. "
Le froissement de la toile trahit quelque chose sur le visage de la völva, peut-être un sourire. Semelys secoua la tête.
- Ici, nous devons être des gardiens. Protéger et veiller. Défendre plutôt qu'attaquer. Combattre pour ceux qui n'ont jamais su combattre. Ici, avant d'être des Armes, nous devons être des Boucliers. Nul ne m'a jamais appris à être un Bouclier, völva. Je connais les mots qui exhortent, pas ceux qui rassurent. Mes hommes sont prêts à me suivre, je crois ; mais moi, je tâtonne dans les ténèbres. Qui d'autre que toi, ici, pourrait m'éclairer ?
- J'ai conseillé bien des jarl autrefois, murmura la grande créature.
- Sois ma conseillère."
Fixant la völva avec intensité, Semelys attendit une réponse. Son interlocutrice oscilla doucement de gauche à droite, de droite à gauche, puis se pencha, cherchant sous la table de bois épais avant d'en tirer un échiquier sculpté, au damier soigneusement travaillé, qu'elle déposa devant elle.
- Je sais à quel point tu tiens à tes principes et à tes valeurs, petit chef. Ce sont là tes meilleurs conseillers, bien meilleurs que moi. Je sais aussi que tu possèdes déjà quelques notions de stratégie et de politique, que tu sais te montrer prudent ; en fin de compte, tu ferais peut-être un bon commandant d'armée. Rien de ceci n'a changé, non... Tu t'es habitué à mener des hommes d'armes, des êtres à ta semblance, faits pour se battre, destinés à mourir par l'épée. Des êtres qui, comme toi, n'ont rien à perdre. Or, à présent, il te faut prendre en compte d'autres intérêts que les tiens propres, dont tes soldats étaient le miroir, reflets de ton propre acier. Voilà la différence, petit chef : maintenant que tu as quelque chose à protéger, et donc à perdre, tu ne penses plus en Seigneur de Guerre ; tu penses en Roi."
Tout en parlant, la völva tirait hors de la pénombre de nombreuses pièces sculptées, noires et blanches, qui roulèrent avec un bruit sonore lorsqu'elle les lâcha auprès du damier.
- Il y a de nombreux jeux qui peuvent servir à façonner l'esprit d'un Roi, ainsi qu'à affiner sa réflexion et sa perception des choses, comme le jeu des Douze Signes, ou celui du Renard et des Agneaux. Voici l'un d'entre eux : loin au Nord, on l'appelle Hnefatafl."
La main bleuie tira une grande pièce noire, saisie entre le pouce et l'index, puis placée à l'exact centre de l'échiquier.
- Voici ce que tu dois protéger. Voici Berce-Âmes, ou Alasitra, ou les deux à la fois."
Douze autres figurines de jais la rejoignirent, disposées en losange autour de la première, regroupées sur le damier de bois peint.
- Et te voici toi, avec ton armée, petit chef. Au centre de tout, car le danger vient de partout. Piochant à présent dans les pions d'ivoire, la völva en disposa vingt-quatre sur les bords de l'échiquier, par groupes symétriques de six ; cinq soldats menés par un chef à leur tête. Donne-leur le nom que tu veux, qu'il s'agisse des Ecarlates, des Lordaeronnais, des vivants. Opposants, assaillants, ennemis, conquérants. Plus nombreux, mais dispersés. Ta faiblesse, petit chef, est d'avoir tous tes flancs découverts ; mais ta force résidera dans la solidité de ceux qui t'entourent. Car les pions, dans ce jeu, vont toujours par deux."
Elle engloba le damier d'un geste de la main, tandis que Semelys contemplait l'agencement des pièces avec attention.
- Bien des stratégies sont valables pour que le Roi échappe à ses ennemis, sous la protection de son armée, reprit la völva en bougeant lentement les pions, assaillants puis défenseurs tour à tour. Parfois, une solide défense peut suffire, mais parfois... L'index poussa délibérément deux pièces défensives vers les agresseurs. Parfois... Il te faudra sacrifier les tiens pour protéger ce que tu dois."
Le non-mort émit un grondement sourd.
- Jamais je ne ferai ça. Le Clan restera soudé, j'ai juré...
- Beaucoup de promesses, beaucoup de serments, chuinta la créature. Il te faudra faire des choix, petit chef. Agir pour la cité, peut-être au détriment des tiens, ou bien... L'index ramena doucement les pièces noires vers le centre de l'échiquier, abandonnant la protection du pion-Roi qui finit encerclé par les agresseurs. Ou bien privilégier tes hommes, et perdre la cité."
Semelys se contenta d'observer un silence désapprobateur, quoique soucieux. Son interlocutrice redressa légèrement le dos, geste qui fit tinter discrètement quelques colifichets invisibles sous le voile.
- Tel est le premier enseignement, petit chef. Tout enseignement est lourd à porter, mais je sais que tu en es averti depuis bien longtemps. Il y a autre chose maintenant, sur quoi j'aimerais attirer ton attention."
Ré-agençant les figurines dans l'ordre de départ, la völva saisit une pièce sombre, qu'elle intervertit avec une blanche.
- Les camps homogènes et soudés n'existent que dans les livres des tacticiens. Je sais qu'il y a parmi les tiens une femme, qui n'est guère à sa place. Elle brille, comme l'étoile au sein des ténèbres. Elle sait les secrets du camp contre lequel tu t'opposes. Jamais ne néglige ses conseils, car ils te seront précieux."
Le Chevalier ferma les yeux un moment. Lyla, bien sûr. Il repensa au jour récent où elle s'était présentée près de la grille de la crypte, et à l'étrange joie qui l'avait alors saisi. Lyla, pâle et brillante, présence aussi déplacée, ici dans l'obscurité de Berce-Âmes, qu'un edelweiss au plus profond d'un gouffre de feu. Il se souvint aussi du conte qu'elle lui avait alors offert. "Elle partit avec les siens ; mais lui, il resta, car tel était son devoir." La jeune femme appartenait au monde des vivants, lui portait l'étendard de la non-mort ; elle devait partir, il devait rester. Tel était leur devoir, à tous les deux. Mais où s'arrêtait le devoir ?
- En contrepartie... Qu'est-ce que cela signifie, petit chef ?"
Semelys rouvrit les yeux, et parla lentement, fixant la pièce noire au milieu des blanches.
- Cela... signifie qu'il est probable que mes ennemis aient l'un des miens dans leur camp.
- Oui... murmura la völva. A toute chose est un écho. L'allié et le traître. L'intrigant et le confident. Le soutien et la perfidie. Fais confiance à tes hommes, mais sois pondéré. La véritable perfidie ne vient jamais d'où on l'attend : il est rare que le danger frappe à la grande porte. Sache où tu vas, mais ne néglige aucun détail, même le plus anodin."
Diverses pensées plongèrent Semelys dans un nouveau silence. Il y avait le petit Lloyd, miraculeusement échappé de la Forteresse de Tyr, les agrafes d'acier qu'il portait à la joue. Il les avait faites inspecter sans rien trouver de dangereux, mais peut-être devait-il poursuivre plus avant ses recherches sur le jeune évadé. Lui-même, longtemps auparavant, avait eu recours à ce stratagème après tout, avec un Ecarlate de Purification ; laisser croire au sujet qu'il s'évade, mais placer un mouchard sur lui... Dans la nuque, lui souffla sa mémoire. Dans la nuque, à même la chair.
Et puis, il y avait aussi cette chose dangereuse que Neltharian portait sur lui. Cette chose puissante et traître, qui pour l'heure suscitait de sa part plus de dégoût que de fascination, objet potentiel de trouble dans ses propres rangs. Il fallait vraiment qu'il s'occupe aussi de cela, dans les plus brefs délais.
- Cela suffira, völva. Semelys se redressa, reprenant heaume et épée. J'ai suffisamment matière à réflexion pour cette soirée. Je reviendrai te voir."
Sans plus toucher au damier, la créature hocha la tête.
- Et je t'attendrai, petit chef, glissa-t-elle alors qu'il passait le seuil. Je guetterai de loin les rumeurs de ton jeu. Sois prudent, et que la nuit te garde."
---
Echiquier de Hnefatafl
Fait remarquable, elle était cependant l'une des rares habitations à avoir été presque entièrement rebâtie, bien que le terme "retapée" fût plus exact ; des poutres massives soutenait l'armature de torchis, et quelques ardoises masquaient le manque de chaume où de grands corbeaux faisaient leur nid. Parfois même, on voyait de la fumée s'échapper hors de la cheminée de pierre. Une odeur constante d'encens baignait l'air quand on s'en approchait, bien qu'un odorat assez fin puisse encore repérer, sous ce parfum capiteux, la fragrance piquante du poisson grillé. De toute évidence, ce qui habitait là n'était pas un non-mort, mais quel vivant serait venu s'installer ici, au coeur de Berce-Âmes, loin de la chaleur et du bruit rassurant de la civilisation ?
Le Chevalier mit pied à terre, et tapota distraitement l'encolure osseuse de sa monture - laquelle s'éloigna docilement, faisant claquer ses sabots. Cent pas l'éloignaient de la masure, cent pas qu'il franchit rapidement, d'une foulée décidée, son armure tintant et cliquetant comme une carapace sombre à chaque geste. Un simple rideau pendait à l'embrasure en guise de porte, un drapé épais, sentant la suie, la poussière et la cendre ; il le repoussa d'un revers de main, ôtant son heaume à l'instant de passer le seuil, et salua sans un mot.
La pièce de vie était étroite, jonchée d'objets, parmi lesquels on trouvait des osselets, des chapelets de perle et d'os, des copeaux d'écorce, d'innombrables plaques de bois gravées, des manuscrits roulés autrefois scellés par une cire qui tombait en miettes. La créature solitaire qui l'occupait, à genoux devant une petite table d'orme, mains sur les cuisses, ne bougea pas. Même ainsi installée, elle était grande, étrangement majestueuse dans son immobilité, et recouverte d'un voile noir, presque aussi épais que la tenture à l'entrée. Ce voile couvrait sa tête et retombait sur son visage, dévalait torse et avant-bras, ne s'arrêtant qu'aux poignets pour révéler des mains épaisses et rugueuses, bleuies comme si la morsure du gel les avait à jamais pétrifiées. Pourtant, lorsqu'elle parla, sa voix - marquée par un accent roulant et légèrement guttural - fut celle d'une femme, étonnamment douce et régulière.
- Voilà longtemps que tu ne m'avais rendu visite, petit chef. Installe-toi."
Semelys fronça légèrement les sourcils avant d'obtempérer. Il s'agenouilla devant la table, face à la créature. Heaume et arme trouvèrent refuge contre son flanc.
- Je lis la fatigue et le trouble sur ton visage, petit chef. Que puis-je faire pour toi ?
- Je ne connais pas la fatigue, et n'ai guère le temps pour le trouble, völva, répliqua le non-mort. Comme à chaque fois, je viens quérir ton enseignement.
- Aaah... L'enseignement. La völva leva une main, lentement, jusqu'à la poser à plat sur la table de bois. Savoir et Pouvoir sont les deux dragons de l'esprit. Si l'homme qui tient leurs rênes n'est pas assez fort pour les chevaucher, ils l'enserrent et finissent par l'étouffer. Je t'ai enseigné l'Haed Sigr. Je te sens encore marqué par son usage et par ce que tu as appris. Es-tu certain que ce soit de connaissances dont tu as besoin à présent ?"
Face à elle, le Chevalier prit quelques instants pour réfléchir à sa réponse, yeux étrécis.
- Je suis une Arme. Je connais l'art de la guerre. Je sais jauger un ennemi, et conduire des hommes au combat. Je sais cent manières de détruire, et cent manières de vaincre. Ainsi suis-je fait, ainsi sommes-nous faits, Chevaliers. Je sais lever mon épée et tracer les runes de mort, je sais soumettre et je sais abattre. Je ne connais ni peur ni fatigue, mais je sais par coeur la couleur du sang qui jaillit d'une plaie, et le craquement des os lorsque l'acier fouille les blessures. Ainsi suis-je fait, ainsi sommes-nous faits.
- Mais ce n'est pas ce que l'on attend de toi, ici. "
Le froissement de la toile trahit quelque chose sur le visage de la völva, peut-être un sourire. Semelys secoua la tête.
- Ici, nous devons être des gardiens. Protéger et veiller. Défendre plutôt qu'attaquer. Combattre pour ceux qui n'ont jamais su combattre. Ici, avant d'être des Armes, nous devons être des Boucliers. Nul ne m'a jamais appris à être un Bouclier, völva. Je connais les mots qui exhortent, pas ceux qui rassurent. Mes hommes sont prêts à me suivre, je crois ; mais moi, je tâtonne dans les ténèbres. Qui d'autre que toi, ici, pourrait m'éclairer ?
- J'ai conseillé bien des jarl autrefois, murmura la grande créature.
- Sois ma conseillère."
Fixant la völva avec intensité, Semelys attendit une réponse. Son interlocutrice oscilla doucement de gauche à droite, de droite à gauche, puis se pencha, cherchant sous la table de bois épais avant d'en tirer un échiquier sculpté, au damier soigneusement travaillé, qu'elle déposa devant elle.
- Je sais à quel point tu tiens à tes principes et à tes valeurs, petit chef. Ce sont là tes meilleurs conseillers, bien meilleurs que moi. Je sais aussi que tu possèdes déjà quelques notions de stratégie et de politique, que tu sais te montrer prudent ; en fin de compte, tu ferais peut-être un bon commandant d'armée. Rien de ceci n'a changé, non... Tu t'es habitué à mener des hommes d'armes, des êtres à ta semblance, faits pour se battre, destinés à mourir par l'épée. Des êtres qui, comme toi, n'ont rien à perdre. Or, à présent, il te faut prendre en compte d'autres intérêts que les tiens propres, dont tes soldats étaient le miroir, reflets de ton propre acier. Voilà la différence, petit chef : maintenant que tu as quelque chose à protéger, et donc à perdre, tu ne penses plus en Seigneur de Guerre ; tu penses en Roi."
Tout en parlant, la völva tirait hors de la pénombre de nombreuses pièces sculptées, noires et blanches, qui roulèrent avec un bruit sonore lorsqu'elle les lâcha auprès du damier.
- Il y a de nombreux jeux qui peuvent servir à façonner l'esprit d'un Roi, ainsi qu'à affiner sa réflexion et sa perception des choses, comme le jeu des Douze Signes, ou celui du Renard et des Agneaux. Voici l'un d'entre eux : loin au Nord, on l'appelle Hnefatafl."
La main bleuie tira une grande pièce noire, saisie entre le pouce et l'index, puis placée à l'exact centre de l'échiquier.
- Voici ce que tu dois protéger. Voici Berce-Âmes, ou Alasitra, ou les deux à la fois."
Douze autres figurines de jais la rejoignirent, disposées en losange autour de la première, regroupées sur le damier de bois peint.
- Et te voici toi, avec ton armée, petit chef. Au centre de tout, car le danger vient de partout. Piochant à présent dans les pions d'ivoire, la völva en disposa vingt-quatre sur les bords de l'échiquier, par groupes symétriques de six ; cinq soldats menés par un chef à leur tête. Donne-leur le nom que tu veux, qu'il s'agisse des Ecarlates, des Lordaeronnais, des vivants. Opposants, assaillants, ennemis, conquérants. Plus nombreux, mais dispersés. Ta faiblesse, petit chef, est d'avoir tous tes flancs découverts ; mais ta force résidera dans la solidité de ceux qui t'entourent. Car les pions, dans ce jeu, vont toujours par deux."
Elle engloba le damier d'un geste de la main, tandis que Semelys contemplait l'agencement des pièces avec attention.
- Bien des stratégies sont valables pour que le Roi échappe à ses ennemis, sous la protection de son armée, reprit la völva en bougeant lentement les pions, assaillants puis défenseurs tour à tour. Parfois, une solide défense peut suffire, mais parfois... L'index poussa délibérément deux pièces défensives vers les agresseurs. Parfois... Il te faudra sacrifier les tiens pour protéger ce que tu dois."
Le non-mort émit un grondement sourd.
- Jamais je ne ferai ça. Le Clan restera soudé, j'ai juré...
- Beaucoup de promesses, beaucoup de serments, chuinta la créature. Il te faudra faire des choix, petit chef. Agir pour la cité, peut-être au détriment des tiens, ou bien... L'index ramena doucement les pièces noires vers le centre de l'échiquier, abandonnant la protection du pion-Roi qui finit encerclé par les agresseurs. Ou bien privilégier tes hommes, et perdre la cité."
Semelys se contenta d'observer un silence désapprobateur, quoique soucieux. Son interlocutrice redressa légèrement le dos, geste qui fit tinter discrètement quelques colifichets invisibles sous le voile.
- Tel est le premier enseignement, petit chef. Tout enseignement est lourd à porter, mais je sais que tu en es averti depuis bien longtemps. Il y a autre chose maintenant, sur quoi j'aimerais attirer ton attention."
Ré-agençant les figurines dans l'ordre de départ, la völva saisit une pièce sombre, qu'elle intervertit avec une blanche.
- Les camps homogènes et soudés n'existent que dans les livres des tacticiens. Je sais qu'il y a parmi les tiens une femme, qui n'est guère à sa place. Elle brille, comme l'étoile au sein des ténèbres. Elle sait les secrets du camp contre lequel tu t'opposes. Jamais ne néglige ses conseils, car ils te seront précieux."
Le Chevalier ferma les yeux un moment. Lyla, bien sûr. Il repensa au jour récent où elle s'était présentée près de la grille de la crypte, et à l'étrange joie qui l'avait alors saisi. Lyla, pâle et brillante, présence aussi déplacée, ici dans l'obscurité de Berce-Âmes, qu'un edelweiss au plus profond d'un gouffre de feu. Il se souvint aussi du conte qu'elle lui avait alors offert. "Elle partit avec les siens ; mais lui, il resta, car tel était son devoir." La jeune femme appartenait au monde des vivants, lui portait l'étendard de la non-mort ; elle devait partir, il devait rester. Tel était leur devoir, à tous les deux. Mais où s'arrêtait le devoir ?
- En contrepartie... Qu'est-ce que cela signifie, petit chef ?"
Semelys rouvrit les yeux, et parla lentement, fixant la pièce noire au milieu des blanches.
- Cela... signifie qu'il est probable que mes ennemis aient l'un des miens dans leur camp.
- Oui... murmura la völva. A toute chose est un écho. L'allié et le traître. L'intrigant et le confident. Le soutien et la perfidie. Fais confiance à tes hommes, mais sois pondéré. La véritable perfidie ne vient jamais d'où on l'attend : il est rare que le danger frappe à la grande porte. Sache où tu vas, mais ne néglige aucun détail, même le plus anodin."
Diverses pensées plongèrent Semelys dans un nouveau silence. Il y avait le petit Lloyd, miraculeusement échappé de la Forteresse de Tyr, les agrafes d'acier qu'il portait à la joue. Il les avait faites inspecter sans rien trouver de dangereux, mais peut-être devait-il poursuivre plus avant ses recherches sur le jeune évadé. Lui-même, longtemps auparavant, avait eu recours à ce stratagème après tout, avec un Ecarlate de Purification ; laisser croire au sujet qu'il s'évade, mais placer un mouchard sur lui... Dans la nuque, lui souffla sa mémoire. Dans la nuque, à même la chair.
Et puis, il y avait aussi cette chose dangereuse que Neltharian portait sur lui. Cette chose puissante et traître, qui pour l'heure suscitait de sa part plus de dégoût que de fascination, objet potentiel de trouble dans ses propres rangs. Il fallait vraiment qu'il s'occupe aussi de cela, dans les plus brefs délais.
- Cela suffira, völva. Semelys se redressa, reprenant heaume et épée. J'ai suffisamment matière à réflexion pour cette soirée. Je reviendrai te voir."
Sans plus toucher au damier, la créature hocha la tête.
- Et je t'attendrai, petit chef, glissa-t-elle alors qu'il passait le seuil. Je guetterai de loin les rumeurs de ton jeu. Sois prudent, et que la nuit te garde."
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Echiquier de Hnefatafl
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
Henri « Patte-folle », comme les autres l’avaient surnommé en raison de sa jambe recousue dans le mauvais sens par un Nécromancien peu soigneux, rentrait tranquillement après une longue journée passée à chercher en vain de quoi s’occuper. Si les autres habitants voulaient juste la paix, lui ne supportait pas de rester à ne rien faire, vivant comme mort, il devait faire quelque chose de ses huit doigts, avant de devenir aussi cinglé qu’un trogg sauteur.
Il s’enfonça dans la galerie secondaire sous l’auberge au Sud de la cité, passa à côté de l’alcôve de la famille Branms, une chouette bande ceux-là, ils avaient eu la chance de mourir tous ensemble, et ne s’étaient pas quittés depuis, même après être revenus de la Frontière. Les deux gosses jouaient aux osselets avec ce qu’Henri soupçonna être un jeu de clavicules, tandis que la mère reprisait tranquillement un cache œil pour son époux, le pauvre gars n’avait plus qu’une orbite de remplie, et les rats s’amusaient trop souvent à venir fouiner pour laisser ça à l’air libre. Il salua d’un léger signe de la tête puis continua sa route.
Un peu plus loin, il passa dans le coin du Vieux Vick, ah, le Vieux Vick, toujours une histoire sous la main, avec des épées, des combats, des vivantes blondes et tout et tout… même s’il perdait la boule un peu plus chaque nuit. Cette fois non plus il ne s’arrêta pas, gratifiant le vieillard décomposé d’un signe de la main, qui lui répondit par un « J’ferai un pot-au-feu d’castor demain, loupe pas ça blanc-bec ! » bégayant, la mâchoire mal ajustée.
Henri croisa ensuite la route de Tiffany Betley, un joli brin de fille, un peu trop pustuleuse à son goût, mais sacrément jolie quand même, elle le salua d’un sourire radieux, toute guillerette pour on ne sait quelle raison, et fila. Elle a presque toutes ses dents pensa-t-il, vraiment tout pour plaire la gamine.
Il arriva enfin « chez lui », une cavité un peu plus petite que les autres, vu qu’il y non-vivait seul, mais avec une porte devant. Très important la porte, ça marquait l’endroit où il pouvait se dire « Voilà, maint’nant le premier qui vient me péter les noix je lui colle une tarte à phalanges dans l’poireau» et oublier ses soucis pour quelques heures. C’était peut-être pas une bonne idée d’être venu ici se dit-il, mais bon, des Berce-âmes y en avait pas à tous les coins de rue, et puis ça valait toujours mieux que de crier « Cerveauuuuux » à tout bout de champ dans les Maleterres.
Il fit tourner la poignée, rentra, et se dirigea d’instinct vers son fauteuil, fauteuil qui étrangement, semblait déjà occupé par quelque chose, ou peut-être même quelqu’un.
-Bonsoir Henri.
Le non-mort plissa les yeux, ce qui eut pour seul effet de projeter un peu de pus sous pression sur ses joues.
-Ah… B’soir Dame Kiera.
-Je ne te dérange pas au moins ? La Draenei avait vraiment une sale mine, toute mince et vachement pâle, son bras pendait mollement à côté de l’accoudoir et Henri aurait pu jurer que ses yeux brillaient moins que d’habitude.
-Beh… non, ‘voulez quoi ?
Elle pencha la tête de côté, c’était pas une mauvaise bougre se dit-il, juste qu’elle avait le don de lui foutre la trouille, pas clair de marcher sur des sabots, vraiment pas clair.
-Tu étais bien menuisier de ton vivant, n’est ce pas ?
Henri chassa une limace de son oreille d’une pichenette et laissa ses ongles frotter la peau tannée de son front.
-Bah, ouais, à Comté-de-Darrow, sur de sur.
Kiera se releva, il avait oublié à quel point ces machins là pouvaient être grands, pas clair, vraiment pas clair. Elle se pencha de toute sa hauteur jusqu’à amener son visage à quelques centimètres du sien.
-Il va se passer des choses graves dans les jours à venir, je voudrais que toi et une dizaine d’autres commenciez la construction de bateaux, d’accord ?
-Des bateaux, qu’est ce qu’vous voulez en faire ?
-Je ne peux pas te le dire pour le moment, mais vous devrez travailler dans l’urgence, vite et bien, il nous faudra de quoi faire embarquer toute la population.
Henri fronça les sourcils jusqu’à altérer son champ de vision, un truc clochait, pire qu’dans une chapelle.
-ça va prendre du temps, beaucoup d’temps, j’ai même pas de plans, rien.
-Fais de ton mieux, c’est une question de survie ! La Draenei avait haussé soudainement le ton, elle perdait son sang-froid, et chez les Protecteurs c’était pas courant, non pas du tout, mais c’était aussi foutrement dangereux, et il leva vainement les bras pour se protéger de coups éventuels.
Henri bafouilla vaguement un « très bien » et Kiera s’en alla d’un pas décidé en claquant la porte, juste après avoir ajouté : Pas un mot à qui que ce soit en dehors de l’équipe de travail…
Il resta de longues minutes immobile, son cerveau mité digérait tout ce qu’il venait de se passer. Des bateaux… plein, comme elle voudra la dadame, après tout ça l’occuperait pour un temps. Il attrapa sa caisse à outils et partit se mettre en quête de paires de bras.
(je signale que je ne pollue pas le sujet de notre Khan adoré, mais poste ce récit avec son aimable autorisation).
Il s’enfonça dans la galerie secondaire sous l’auberge au Sud de la cité, passa à côté de l’alcôve de la famille Branms, une chouette bande ceux-là, ils avaient eu la chance de mourir tous ensemble, et ne s’étaient pas quittés depuis, même après être revenus de la Frontière. Les deux gosses jouaient aux osselets avec ce qu’Henri soupçonna être un jeu de clavicules, tandis que la mère reprisait tranquillement un cache œil pour son époux, le pauvre gars n’avait plus qu’une orbite de remplie, et les rats s’amusaient trop souvent à venir fouiner pour laisser ça à l’air libre. Il salua d’un léger signe de la tête puis continua sa route.
Un peu plus loin, il passa dans le coin du Vieux Vick, ah, le Vieux Vick, toujours une histoire sous la main, avec des épées, des combats, des vivantes blondes et tout et tout… même s’il perdait la boule un peu plus chaque nuit. Cette fois non plus il ne s’arrêta pas, gratifiant le vieillard décomposé d’un signe de la main, qui lui répondit par un « J’ferai un pot-au-feu d’castor demain, loupe pas ça blanc-bec ! » bégayant, la mâchoire mal ajustée.
Henri croisa ensuite la route de Tiffany Betley, un joli brin de fille, un peu trop pustuleuse à son goût, mais sacrément jolie quand même, elle le salua d’un sourire radieux, toute guillerette pour on ne sait quelle raison, et fila. Elle a presque toutes ses dents pensa-t-il, vraiment tout pour plaire la gamine.
Il arriva enfin « chez lui », une cavité un peu plus petite que les autres, vu qu’il y non-vivait seul, mais avec une porte devant. Très important la porte, ça marquait l’endroit où il pouvait se dire « Voilà, maint’nant le premier qui vient me péter les noix je lui colle une tarte à phalanges dans l’poireau» et oublier ses soucis pour quelques heures. C’était peut-être pas une bonne idée d’être venu ici se dit-il, mais bon, des Berce-âmes y en avait pas à tous les coins de rue, et puis ça valait toujours mieux que de crier « Cerveauuuuux » à tout bout de champ dans les Maleterres.
Il fit tourner la poignée, rentra, et se dirigea d’instinct vers son fauteuil, fauteuil qui étrangement, semblait déjà occupé par quelque chose, ou peut-être même quelqu’un.
-Bonsoir Henri.
Le non-mort plissa les yeux, ce qui eut pour seul effet de projeter un peu de pus sous pression sur ses joues.
-Ah… B’soir Dame Kiera.
-Je ne te dérange pas au moins ? La Draenei avait vraiment une sale mine, toute mince et vachement pâle, son bras pendait mollement à côté de l’accoudoir et Henri aurait pu jurer que ses yeux brillaient moins que d’habitude.
-Beh… non, ‘voulez quoi ?
Elle pencha la tête de côté, c’était pas une mauvaise bougre se dit-il, juste qu’elle avait le don de lui foutre la trouille, pas clair de marcher sur des sabots, vraiment pas clair.
-Tu étais bien menuisier de ton vivant, n’est ce pas ?
Henri chassa une limace de son oreille d’une pichenette et laissa ses ongles frotter la peau tannée de son front.
-Bah, ouais, à Comté-de-Darrow, sur de sur.
Kiera se releva, il avait oublié à quel point ces machins là pouvaient être grands, pas clair, vraiment pas clair. Elle se pencha de toute sa hauteur jusqu’à amener son visage à quelques centimètres du sien.
-Il va se passer des choses graves dans les jours à venir, je voudrais que toi et une dizaine d’autres commenciez la construction de bateaux, d’accord ?
-Des bateaux, qu’est ce qu’vous voulez en faire ?
-Je ne peux pas te le dire pour le moment, mais vous devrez travailler dans l’urgence, vite et bien, il nous faudra de quoi faire embarquer toute la population.
Henri fronça les sourcils jusqu’à altérer son champ de vision, un truc clochait, pire qu’dans une chapelle.
-ça va prendre du temps, beaucoup d’temps, j’ai même pas de plans, rien.
-Fais de ton mieux, c’est une question de survie ! La Draenei avait haussé soudainement le ton, elle perdait son sang-froid, et chez les Protecteurs c’était pas courant, non pas du tout, mais c’était aussi foutrement dangereux, et il leva vainement les bras pour se protéger de coups éventuels.
Henri bafouilla vaguement un « très bien » et Kiera s’en alla d’un pas décidé en claquant la porte, juste après avoir ajouté : Pas un mot à qui que ce soit en dehors de l’équipe de travail…
Il resta de longues minutes immobile, son cerveau mité digérait tout ce qu’il venait de se passer. Des bateaux… plein, comme elle voudra la dadame, après tout ça l’occuperait pour un temps. Il attrapa sa caisse à outils et partit se mettre en quête de paires de bras.
(je signale que je ne pollue pas le sujet de notre Khan adoré, mais poste ce récit avec son aimable autorisation).
Dernière édition par kiera le Jeu 11 Mar 2010, 00:33, édité 1 fois
Iakov Magtorus
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
(Comme toujours : GG =) j'aime beaucoup beaucoup)
Therod Aoun'dore
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
------ Ces terres qui sont à nous
Une rumeur courait dans les galeries. Courait et se répandait parmi ceux qui n'avaient pas encore été touché par l'agitation régnant, depuis plusieurs jours, à l'extérieur de la Cité Morte. On parlait de guerre. On parlait de se défendre, et de se cacher. On parlait de prendre les armes et de refus de l'exode. Sur les panneaux plantés ça et là dans les galeries, à la vue de tous les Berce-Âmiens, un parchemin fut accroché - et, à sa lecture, la rumeur devint réalité.
--
Berce-Âmiens, Non-Morts et Non-Vivants,
En ce jour, les vivants ont décidé de porter la guerre sur les terres de Berce-Âmes. Ainsi l'Enclave, arborant fièrement les couleurs de l'ennemi de toujours, et ainsi la Rédemption de Lordaeron, soudain désireuse de "reprendre des terres" qui jusqu'alors semblaient lui être totalement indifférentes.
En ce jour, ceux-là ont décrété que vos Protecteurs n'y avaient pas leur place. En ce jour, ceux-là ont décidé d'imposer leurs lois sur une terre d'accueil et de refuge.
En ce jour, Berce-Âmes se doit de prendre les armes.
Nous refusons d'être traités comme ces chiens qui rôdent autour des ordures, volontiers oubliés lorsque cela arrange, et vite chassés d'un coup de pied dans les côtes lorsque cela dérange.
Nous refusons d'abandonner le territoire que nous avons mis du temps à adapter à nos besoins.
Nous refusons d'abandonner le peuple que nous avons juré de protéger.
Nous refusons d'abandonner la fierté pour l'exil.
En ce jour, les Protecteurs prennent les armes.
Puisqu'ils nous refusent toute terre et tout droit à l'existence, nous le prendrons à la force de l'acier, ou nous périrons.
Afin que tous sachent quel est le prix que nous sommes prêts à payer au nom de notre liberté.
Berce-Âmes survivra !
--
-
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
-Irfan - Simurgh-
Il reposa la plume et considéra le parchemin, l'encre noire encore fraîche et brillante, aussi noire que le sang qui coulait de son poignet, hors de la plaie improvisée qui lui avait servi d'encrier. Encore un édit. Il avait l'impression de ne faire que ça, ces jours-ci. Des édits. La guerre n'était pas qu'un monstre d'acier, c'était aussi un amoncellement abominable de paperasses officielles et d'annonces en tout genre.
Semelys prit la peine d'émettre un soupir pour exprimer l'étendue de sa lassitude. Soupir dont s'empara l'écho de la crypte, déserte à cette heure. Les siens erraient au-dehors, ou se non-tuaient à la tâche. Qu'il s'agisse des petites barques sur la côte, idée de Kiera, de l'armement défensif vendu par Bayle, ou des créatures engendrées par les Maîtres Impies, de nombreux préparatifs avaient été engagés depuis que la situation s'était éclaircie en faveur d'une guerre. "En faveur"... C'était beaucoup dire. Pour la première fois, l'idée de croiser le fer et de répandre le sang troublait le Chevalier. Pour la première fois, il risquait de monter au combat sans la joie cruelle de la bataille.
Qu'est-ce qui avait changé ? Avait-il changé ? A ce point pris dans son rôle de Protecteur, loup devenu chien de berger ? Non... Il avait fait une promesse envers Berce-Âmes, mais ses obligations allaient avant tout à son Clan. Son Clan qui le suivrait quelle que soit sa décision, oui, même Krilleb malgré ses évidentes réticences.
Cela lui arracha un rire. Bref. Amer. Il était probable que ses décisions allaient conduire ses hommes à mourir une seconde fois. Pour dire vrai, ce n'était pas quelque chose de nouveau ou d'impensable pour lui ; un Chevalier non-vit par l'épée, et doit se savoir destiné à périr par elle. Celui qui l'ignore ou rejette cette loi ultime n'a pas sa place parmi les siens. Mais alors qu'il s'imaginait conduire ses hommes dans il ne savait quelle bataille grandiose, cette fois-ci, il s'agissait de défendre - un territoire, oui, et une population. Jamais il n'aurait pensé que le Clan, fait d'Armes et de Loups, taillés pour l'attaque, allait se mettre à ce point en péril pour protéger d'autres intérêts que les siens propres. C'était... C'était presque contre-nature. Et c'était malheureusement inévitable.
Il s'en était passé des choses, pendant ces quelques jours, après son entrevue d'avec la völva. La venue des Cathules et d'autres Rédempteurs, leur discours conquérant, méprisant. Les débats houleux avec Alasitra - qui préconisait la ruse et la fuite avant de faire parler les armes, un outrage pour le guerrier qu'il était. Le Rite de Sang qu'il avait dû mener sur sa propre personne pour guérir d'un état de faiblesse. L'asservissement de Rétribution - un frisson presque extatique le parcourut à ce souvenir. Et cette chose, cette Relique ignoble qui avait failli détruire de l'intérieur son Clan en entier. Il frissonna une nouvelle fois. Pas pour les mêmes raisons.
Il baissa les yeux vers sa plaie. Quelques fils de peau se tissaient doucement entre les bords de la blessure, régénérant lentement les chairs meurtries et confinant de nouveau dans son corps ce qui lui servait de sang. Il regarda les serres qui lui tenaient désormais lieu de mains, qu'il avait dû apprivoiser pour cesser de broyer tout ce qu'il saisissait. Un monstre. Voilà ce qu'il était. Un monstre, une machine obéissant à d'étranges et rigoureuses logiques qui lui étaient propres. "L'avenir de Berce-Âmes et du Clan dépend de toi", avait dit Neltharian. "Tu penses en Roi", avait dit la völva. Ils se trompaient. Il n'était qu'un guerrier, une Arme, comme il se plaisait à le dire si souvent. Une créature engendrée par le Fléau. Jamais il ne serait autre chose qu'un monstre ; et cela, ses ennemis le voyaient parfaitement.
Curieusement, cette pensée l'apaisa. Il n'y avait pas lieu de se questionner sur son devenir ou de potentiels changements. Jamais il ne changerait, et jamais il ne pourrait devenir autre chose que ce qu'il était déjà. Parce que c'était ainsi qu'on l'avait fait. Parce que c'était en guerrier que le Fléau l'avait fabriqué.
Il restait quelques parchemins vierges éparpillés devant lui. Semelys en saisit un, et trancha d'une griffe les chairs régénérées de sa plaie pour que le sang coule à nouveau, et pour qu'il puisse y tremper la plume une fois encore. Il lui restait une chose à faire.
La rédaction fut appliquée, quoique courte. Il n'alla pas porter cette missive-là à l'un des guetteurs non-morts pour qu'il aille la placarder dans les galeries avec les autres édits. Ce parchemin-là, c'est un corbeau messager qui s'en vit confier la tâche de le transporter jusqu'à Hurlevent, où une certaine naine saurait le transmettre à qui de droit.
Semelys prit la peine d'émettre un soupir pour exprimer l'étendue de sa lassitude. Soupir dont s'empara l'écho de la crypte, déserte à cette heure. Les siens erraient au-dehors, ou se non-tuaient à la tâche. Qu'il s'agisse des petites barques sur la côte, idée de Kiera, de l'armement défensif vendu par Bayle, ou des créatures engendrées par les Maîtres Impies, de nombreux préparatifs avaient été engagés depuis que la situation s'était éclaircie en faveur d'une guerre. "En faveur"... C'était beaucoup dire. Pour la première fois, l'idée de croiser le fer et de répandre le sang troublait le Chevalier. Pour la première fois, il risquait de monter au combat sans la joie cruelle de la bataille.
Qu'est-ce qui avait changé ? Avait-il changé ? A ce point pris dans son rôle de Protecteur, loup devenu chien de berger ? Non... Il avait fait une promesse envers Berce-Âmes, mais ses obligations allaient avant tout à son Clan. Son Clan qui le suivrait quelle que soit sa décision, oui, même Krilleb malgré ses évidentes réticences.
Cela lui arracha un rire. Bref. Amer. Il était probable que ses décisions allaient conduire ses hommes à mourir une seconde fois. Pour dire vrai, ce n'était pas quelque chose de nouveau ou d'impensable pour lui ; un Chevalier non-vit par l'épée, et doit se savoir destiné à périr par elle. Celui qui l'ignore ou rejette cette loi ultime n'a pas sa place parmi les siens. Mais alors qu'il s'imaginait conduire ses hommes dans il ne savait quelle bataille grandiose, cette fois-ci, il s'agissait de défendre - un territoire, oui, et une population. Jamais il n'aurait pensé que le Clan, fait d'Armes et de Loups, taillés pour l'attaque, allait se mettre à ce point en péril pour protéger d'autres intérêts que les siens propres. C'était... C'était presque contre-nature. Et c'était malheureusement inévitable.
Il s'en était passé des choses, pendant ces quelques jours, après son entrevue d'avec la völva. La venue des Cathules et d'autres Rédempteurs, leur discours conquérant, méprisant. Les débats houleux avec Alasitra - qui préconisait la ruse et la fuite avant de faire parler les armes, un outrage pour le guerrier qu'il était. Le Rite de Sang qu'il avait dû mener sur sa propre personne pour guérir d'un état de faiblesse. L'asservissement de Rétribution - un frisson presque extatique le parcourut à ce souvenir. Et cette chose, cette Relique ignoble qui avait failli détruire de l'intérieur son Clan en entier. Il frissonna une nouvelle fois. Pas pour les mêmes raisons.
Il baissa les yeux vers sa plaie. Quelques fils de peau se tissaient doucement entre les bords de la blessure, régénérant lentement les chairs meurtries et confinant de nouveau dans son corps ce qui lui servait de sang. Il regarda les serres qui lui tenaient désormais lieu de mains, qu'il avait dû apprivoiser pour cesser de broyer tout ce qu'il saisissait. Un monstre. Voilà ce qu'il était. Un monstre, une machine obéissant à d'étranges et rigoureuses logiques qui lui étaient propres. "L'avenir de Berce-Âmes et du Clan dépend de toi", avait dit Neltharian. "Tu penses en Roi", avait dit la völva. Ils se trompaient. Il n'était qu'un guerrier, une Arme, comme il se plaisait à le dire si souvent. Une créature engendrée par le Fléau. Jamais il ne serait autre chose qu'un monstre ; et cela, ses ennemis le voyaient parfaitement.
Curieusement, cette pensée l'apaisa. Il n'y avait pas lieu de se questionner sur son devenir ou de potentiels changements. Jamais il ne changerait, et jamais il ne pourrait devenir autre chose que ce qu'il était déjà. Parce que c'était ainsi qu'on l'avait fait. Parce que c'était en guerrier que le Fléau l'avait fabriqué.
Il restait quelques parchemins vierges éparpillés devant lui. Semelys en saisit un, et trancha d'une griffe les chairs régénérées de sa plaie pour que le sang coule à nouveau, et pour qu'il puisse y tremper la plume une fois encore. Il lui restait une chose à faire.
La rédaction fut appliquée, quoique courte. Il n'alla pas porter cette missive-là à l'un des guetteurs non-morts pour qu'il aille la placarder dans les galeries avec les autres édits. Ce parchemin-là, c'est un corbeau messager qui s'en vit confier la tâche de le transporter jusqu'à Hurlevent, où une certaine naine saurait le transmettre à qui de droit.
Lyla,
Il n'est pas dans mes habitudes d'écrire, mais je crois que c'est ainsi qu'on fait, quand on tient à quelqu'un.
J'espère que les affaires qui te retiennent ne te causent pas trop de soucis. Bien des choses se sont produites, ici, et bien des choses s'annoncent encore. Toutes ne seront pas belles à dire. Toutes ne seront pas belles à voir.
Ils ont fini par réclamer les terres qu'ils avaient jusqu'ici oubliées. Ils sont venus du mépris plein la bouche, et de la haine dans les yeux. Nous sommes restés dignes. Nous ne tirerons pas l'acier hors du fourreau les premiers. Eux le feront, parce qu'ils estiment que c'est leur droit. Nous nous défendrons, parce que c'est notre devoir.
Je risque d'être très occupé dans les jours à venir. Je risque d'être blessé, et de te demander de ne pas venir. Il y a longtemps que je ne sens plus vibrer ce qui nous lie, mais c'est peut-être la distance, ou cette perte de toi qui te fait souffrir maintenant que la guerre au Nord est finie. Sache que je ne t'oublie pas.
Alors j'attendrai. J'attendrai de tes nouvelles même au coeur de la bataille, et je sais que tu m'en donneras. J'attendrai. Même si Berce-Âmes n'est pas un lieu pour toi, je sais que tu viendras.
Parce que tu es Espoir, et parce que je ne t'oublie pas.
Semelys.
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
La lumière filtrait au travers des rideaux bleutés. Le vent les gonflait et jouait avec eux. L’armure soigneusement disposée trônait au coté de la lame épaisse. Des mouvements de tissus, respiration lente d’une personne endormie, rien ne venait troubler la quiétude du lieu.
Puis des battements d’ailes, une lueur bleutée, des bruits de pas. Elle tira mollement une dague de sous son oreiller, le geste suspendu le temps de reconnaître l’intrus.
- Ah.. c’est toi.
- Je viens de te chercher, je dois te montrer quelque chose.
- Tu peux pas me le montre ici ?
- Tu as besoin de prendre l’air et moi aussi, je commence à m’ennuyer à attendre
- J’ai pas le droit de sortir…
- Depuis quand tu fais tout ce qu’on te dit ?
Un soupir, la jeune fille se redressa en abandonnant l’arme sur l’oreiller. Elle se frotta les yeux avant de se recoucher mollement.
- Encore 5 minutes…
- Pas de 5 minutes qui tiennent... je t’emmène
Il se pencha vers elle, la saisissant dans ses bras en princesse avec les couvertures. Il l’emmena à tir d’aile hors de ce sanctuaire. Elle se cramponnait à lui de toutes ses maigres forces.
En haut d’un sommeil enneigé, il la reposa au sol. Elle fit jouer ses orteils nus dans la neige avec un gloussement de gamine.
- Tu es plus légère, tes vêtements sont trop grands… tu manges au moins ?
Pas de réponse, il soupira. Il la prit par les épaules pour détourner son attention de son jeu de pied.
- Ecoute, j’ai une lettre à te donner, mais tu dois me promettre de ne pas t’enfuir une fois que tu l’auras lu.
- C’est toi qui m’as enlevée vu que je suis dehors. Tissesoleil ne sera pas content. Il va me gronder.
- C’est une lettre de Semelys.
Elle tendit la main avec un peu plus vigueur.
- Donne-la-moi !
- Promets d’abord
- Je promets de ne pas m’enfuir du sanctuaire. Donne-la-moi !
Il la lui remit. Elle s’empressa d’ouvrir le cachet et d’en dévorer le contenu du regard. Elle porta la main à son cœur après sa lecture.
- Il faut que j’aille le voir !
- Tu as promis de ne pas t’enfuir…
- Oui, du sanctuaire... mais je suis déjà dehors vu que tu m’as enlevé
Elle étira un large sourire. Il éclata de rire.
- J’ai besoin de mon armure et de mon épée.. Tu vas me les chercher ?
- Il te dit de ne pas y aller non ?
- Et depuis quand je fais tout ce qu’on me dit ?
Puis des battements d’ailes, une lueur bleutée, des bruits de pas. Elle tira mollement une dague de sous son oreiller, le geste suspendu le temps de reconnaître l’intrus.
- Ah.. c’est toi.
- Je viens de te chercher, je dois te montrer quelque chose.
- Tu peux pas me le montre ici ?
- Tu as besoin de prendre l’air et moi aussi, je commence à m’ennuyer à attendre
- J’ai pas le droit de sortir…
- Depuis quand tu fais tout ce qu’on te dit ?
Un soupir, la jeune fille se redressa en abandonnant l’arme sur l’oreiller. Elle se frotta les yeux avant de se recoucher mollement.
- Encore 5 minutes…
- Pas de 5 minutes qui tiennent... je t’emmène
Il se pencha vers elle, la saisissant dans ses bras en princesse avec les couvertures. Il l’emmena à tir d’aile hors de ce sanctuaire. Elle se cramponnait à lui de toutes ses maigres forces.
En haut d’un sommeil enneigé, il la reposa au sol. Elle fit jouer ses orteils nus dans la neige avec un gloussement de gamine.
- Tu es plus légère, tes vêtements sont trop grands… tu manges au moins ?
Pas de réponse, il soupira. Il la prit par les épaules pour détourner son attention de son jeu de pied.
- Ecoute, j’ai une lettre à te donner, mais tu dois me promettre de ne pas t’enfuir une fois que tu l’auras lu.
- C’est toi qui m’as enlevée vu que je suis dehors. Tissesoleil ne sera pas content. Il va me gronder.
- C’est une lettre de Semelys.
Elle tendit la main avec un peu plus vigueur.
- Donne-la-moi !
- Promets d’abord
- Je promets de ne pas m’enfuir du sanctuaire. Donne-la-moi !
Il la lui remit. Elle s’empressa d’ouvrir le cachet et d’en dévorer le contenu du regard. Elle porta la main à son cœur après sa lecture.
- Il faut que j’aille le voir !
- Tu as promis de ne pas t’enfuir…
- Oui, du sanctuaire... mais je suis déjà dehors vu que tu m’as enlevé
Elle étira un large sourire. Il éclata de rire.
- J’ai besoin de mon armure et de mon épée.. Tu vas me les chercher ?
- Il te dit de ne pas y aller non ?
- Et depuis quand je fais tout ce qu’on me dit ?
Lyla
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
La chambre était exigüe et encombré d'un fatras d'objets divers et variés, arbalètes, arcs, épées, trophées, chapeaux et bouteilles d'alcool à moitié pleines. Le mur de pierre nue était parfois embellie d'une tenture d'écarlate ou d'azur, tandis qu'un tapis en fourrure trônait au pied du lit défoncé d'où dépassaient des plumes d'oie. Au plafond, un bien modeste lustre éclairait la pièce, tandis qu'un poêle d'un autre âge répandait chaleur et lumière rouge. Hemet remua, étendu dans le lit. L'aube pointait, mais aucun rayon ne venait illuminer la chambre, en revanche, un son bien familier se fit entendre. Toutes les cloches de la forteresses se mirent à sonner, du carillon de l'abbaye aux énormes cloches de volée de la basilique en passant par celle, plus modeste, de la chapelle. Le tintamarre fit grogner Hemet, qui ouvrit lentement les yeux. Quelques instants plus tard, il était assis près d'une commode, et se plongea son visage dans une bassine d'étain remplie d'eau pour se réveiller tout à fait. Il se redressa sur le tabouret rustique et se regarda dans le miroir. Son œil droit était toujours aussi abîmé, ses cicatrices toujours aussi visibles. Un tour de main puissant dé bouchonna le pot de crème, encore un. Le chasseur se badigeonna la face avec, puis se massa le nez et les bras, eux aussi mutilés, tout comme la plupart des zones de son corps, finalement.
Il se remit les idées en place après une nuit agitée avec une bonne lampée d'alcool. L'affrontement d'hier soir, à savoir une balle joliment placée dans la tête d'une goule au service de Ronae, lui avait donné des envies d'épuration. Ces morts-vivants n'avaient rien à faire là, et s'ils refusaient de partir, tant mieux, il pourrait en abattre davantage.
"C'est un service que j'vous rend. Bande de cinglés" dit-il en s'adressant à un auditoire invisible. Il leva son séant du tabouret et s'habilla. L'armure réglementaire fournie par l'Enclave, un ensemble en cuir noir et bleu, avec chapeau.
Deux minutes plus tard, il était dehors. Tyr's Hand était une vaste forteresse qui, il y a quelques temps à peine, gardait la vallée qui menait à la grande ville de New-Avalon et aux fermes paisibles d'Havenshire. Un paradis perdu, le fruit d'années d'efforts pour reconstruire un Lordaeron à petite échelle réduit à néant, une fois de plus, par les morts-vivants. C'était le Fléau, mais Hemet savait bien que la différence entre les sbires du Roi-Liche et les non-vivants indépendants était plus ténue que ne le pense les gens du Sud. Tout en longeant les vastes zones de gazon finement taillé qui séparaient les différents bâtiments de la place-forte, il mâchouilla sa chique, en esquissant un sourire. Un simple coup d'œil aux gardes vêtus de rouge lui dit qu'il n'y avait aucune raison de s'en faire. Non, car désormais les restes écarlates n'étaient plus seuls. L'Enclave et les gens de Southshore étaient là. C'est l'Alliance, c'est l'Homme qui allait reconquérir les terres de Lordaeron, et ce de n'importe quelle manière. Le temps n'était plus aux négociations, il connaissait bien mieux les morts-vivants que ceux qui tentaient encore de parlementer avec tous. Il savait très bien que la quasi-totalité était bonne à jeter aux chiens. Tout en s'imaginant en train de jouer du banjo dans une ferme coquette de Tirisfal après la reconquête, il se rendit dans la barbacane Est de la forteresse, et comme chaque jour depuis son arrivée, il scruta les ruines de New-Avalon avec sa longue-vue.
Il y a avait peu de mouvements, et il en avait déduit qu'il devait y avoir des galeries souterraines? Cependant, il avait bien observer les allées et venues à la surface. Quelques morts-vivants, armés ou non, et des gargouilles, toujours. Ces monstres maudits rendraient difficile la présence d'un soutient aérien. Ça ne faisait rien. Les chefs avaient des idées, ils discutaient des décisions bonnes à prendre.
Le chasseur rayonnait d'espoir, alors que face à lui se trouvait le rêve éventré du général Abbendis.
Il se remit les idées en place après une nuit agitée avec une bonne lampée d'alcool. L'affrontement d'hier soir, à savoir une balle joliment placée dans la tête d'une goule au service de Ronae, lui avait donné des envies d'épuration. Ces morts-vivants n'avaient rien à faire là, et s'ils refusaient de partir, tant mieux, il pourrait en abattre davantage.
"C'est un service que j'vous rend. Bande de cinglés" dit-il en s'adressant à un auditoire invisible. Il leva son séant du tabouret et s'habilla. L'armure réglementaire fournie par l'Enclave, un ensemble en cuir noir et bleu, avec chapeau.
Deux minutes plus tard, il était dehors. Tyr's Hand était une vaste forteresse qui, il y a quelques temps à peine, gardait la vallée qui menait à la grande ville de New-Avalon et aux fermes paisibles d'Havenshire. Un paradis perdu, le fruit d'années d'efforts pour reconstruire un Lordaeron à petite échelle réduit à néant, une fois de plus, par les morts-vivants. C'était le Fléau, mais Hemet savait bien que la différence entre les sbires du Roi-Liche et les non-vivants indépendants était plus ténue que ne le pense les gens du Sud. Tout en longeant les vastes zones de gazon finement taillé qui séparaient les différents bâtiments de la place-forte, il mâchouilla sa chique, en esquissant un sourire. Un simple coup d'œil aux gardes vêtus de rouge lui dit qu'il n'y avait aucune raison de s'en faire. Non, car désormais les restes écarlates n'étaient plus seuls. L'Enclave et les gens de Southshore étaient là. C'est l'Alliance, c'est l'Homme qui allait reconquérir les terres de Lordaeron, et ce de n'importe quelle manière. Le temps n'était plus aux négociations, il connaissait bien mieux les morts-vivants que ceux qui tentaient encore de parlementer avec tous. Il savait très bien que la quasi-totalité était bonne à jeter aux chiens. Tout en s'imaginant en train de jouer du banjo dans une ferme coquette de Tirisfal après la reconquête, il se rendit dans la barbacane Est de la forteresse, et comme chaque jour depuis son arrivée, il scruta les ruines de New-Avalon avec sa longue-vue.
Il y a avait peu de mouvements, et il en avait déduit qu'il devait y avoir des galeries souterraines? Cependant, il avait bien observer les allées et venues à la surface. Quelques morts-vivants, armés ou non, et des gargouilles, toujours. Ces monstres maudits rendraient difficile la présence d'un soutient aérien. Ça ne faisait rien. Les chefs avaient des idées, ils discutaient des décisions bonnes à prendre.
Le chasseur rayonnait d'espoir, alors que face à lui se trouvait le rêve éventré du général Abbendis.
Clairvoyant Llorente
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
Extrait de "La Tribune d'Hearthglen"
Bataille dans le centre-ville de New-Avalon
Hier soir, une troupe de rédempteur et deux membres de l'Aube écarlate sont sorties de la forteresse de Tyr's Hand dans l'intention d'incendier quelques bâtiments de New-Avalon. Cependant, des chevaliers de la mort et de très nombreuses goules, ainsi qu'une abomination énorme, ont fait irruption pour les arrêter. Alors que le golem de chair faisait montre de sa force colossale, deux ogres de l'Enclave rejoignirent en courant la troupe des hommes de Southshore. Quelques coups de masse plus tard, l'abomination était au sol, et explosait sur les soldats dans une gerbe de tripes et de ferraille. Les ogres, quand à eux, continuaient le combat près de la place de la fontaine, avant de se replier vers Tyr's Hand. Mok Arrache-Tripes, leur leader, déclare : "Mok avoir bobo à cause de pitits zombies !".
Trois combattants de l'Enclave ainsi que l'ami de Lordaeron, le sénateur d'Ironforge Pôelefer, remplacèrent les ogres auprès des rédempteurs. Le combat a fait rage pendant encore un moment, les chevaliers de la mort envoyant des gargouilles et des goules sur les braves soldats. L'irruption d'étranges canons à feu, du leader des chevaliers de la mort, le ténébrant Semelys Ronae et d'une mutinerie au sein d'un petit groupe de mystérieux étrangers en noir firent basculer le cours de la bataille. Bien qu'il y ait eu peu de pertes, le sénéchal Cathules décida de battre en retraite. Quelques minutes plus tard, la porte de la forteresse de Tyr's Hand se refermait derrière les combattants harassés.
Le bilan est le suivant : deux bâtiments incendiés à New-Avalon, plusieurs goules détruites, une abomination abattue, et des blessés plus ou moins graves chez les serviteurs de Lordaeron.
Clairvoyant Llorente
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
Journaliste, correspondante de guerre, chroniqueuse... Heythe se propose de faire de temps à autre des petits articles à paraître dans un "Journal de campagne" lisible par tous sur le domaine de Lordaeron.
________
Un compte-rendu bien plus long et plus "personnel" se trouve sur http://www.nografe.com, avec une série de gnomos...
Une bataille pour Lordaeron
Arrivés en force pour soutenir le Sénéchal, une dizaine de Rédempteurs s’étaient portés présents pour combattre les non-morts et reprendre la Terre de leurs ancêtres près de la Main de Tyr.
Après une rapide visite des lieux et un plan de bataille étudié dans une salle annexe, Sieur Esteban Llorente a fait un sermon dans la Cathédrale de Tyr avant que tous prient pour la Sainte Lumière. Puis, les troupes se sont dirigées vers les collines infestées, avançant en rangs serrés vers les grandes et lourdes portent qui les séparaient des lieux maudits.
Les troupes de La Rédemption de Lordaeron, aidées par celles de l’Enclave, s’avançaient à couvert lorsqu’est apparue au loin une gigantesque forme cuirassée qui marchait d’un pas lourd. C’était une immense abomination entourée d’une multitude de gargouilles et de goules. Puis, dans le lointain, vers les tréfonds de la ville basse, a résonné un appel bas, puissant et vibrant, qui a sonné deux fois. Et c’est alors que se sont déversées sur tous des créatures dont le hurlement vrillait les tympans jusqu’à une extrême douleur, impossible à assumer.
La terre paraissait trembler alors que du fond des galeries montait la rumeur d’autres non-morts, avides de déchirer la chair. Les assauts de gargouilles se sont faits pressants, chaque bête mortellement blessée se transformant en pierre et s’écrasant dans les rangs adverses. Une pluie de fer, venue des remparts, s’est alors abattue sur les troupes, frappant sans discontinuer, insensible à toutes défenses, qu’elles aient été d’armes, d’armures, de sorts ou de boucliers.
Il fallait fuir et tous allaient mourir si le Sénéchal n’avait pas commandé le repli. Mais avant cela, dans une sorte de défi ultime, il a arraché son tabard, a pris vivement une lance laissée là par un des serviteurs des morts, a accroché son tabard au pique de la lance. Puis il a lancé son étendard rudimentaire vers la fontaine, le pique se fichant miraculeusement sur le puits entre deux pierres, montrant fièrement aux yeux de tous que Lordaeron avait su, l’espace d’un instant, être victorieuse en ces terres.
Une fois à l’abri, le Sénéchal a fait une revue des troupes, a parlé à chacun d’entre ses hommes et s’est enquis de savoir qui était blessé. Il a alors demandé aux soigneurs de se mettre dans un coin pour procéder aux soins puis il a félicité hommes et femmes d’armes qui s’étaient si bien défendus ce soir.
Nous étions présente en tant qu’Ecuyère de Dame Runetouch, mais nous n’avons pas pu nous empêcher d’agir, de temps à autre, comme un reporter de guerre, et de prendre gnomos et notes afin d’en faire le récit.
Le 28ème jour du troisième Mois
Heythe Nografe
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Un compte-rendu bien plus long et plus "personnel" se trouve sur http://www.nografe.com, avec une série de gnomos...
Heythe Nografe
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
Hagalaz' Runedance - The Dawning
La tête tranchée, après avoir été jetée sans ménagement, roula sur le sol de terre battue, oscilla puis s'immobilisa tout à fait, non sans avoir laissé dans son sillage quelques lambeaux de chair putride et autres caillots de sang noirâtre. Jetant un regard sur cette immondice, la völva reprit calmement une bouchée de poisson frit. Ensuite, seulement, elle leva la tête vers le Chevalier qui se tenait à l'embrasure de sa demeure.
Colère. Oui, de la colère, il en avait tous les traits. Une colère sourde, froide, grondante comme un orage qui menacerait d'éclater à tout instant. Tête nue, nuque et épaulières battus par ses cheveux tressés, la joue encore constellée de sang en fines goutelettes allant de l'oeil à la lèvre, il se tenait droit, une main dans l'encadrement de la porte et l'autre serrée sur le manche de son arme. Fureur, accordée à l'humeur de son maître, semblait vibrer et palpiter de toute la longueur de son fer. Les trois runes, totalement éveillées, fumaient et dégorgeaient un liquide noir, épais, qui coulait en rigoles le long de la lame jusqu'à dégoutter au sol.
Il était rare que Semelys se présente à elle dans un tel état de rage, songea avec détachement la völva avant de lécher ses doigts couverts de graisse chaude. Il devait vraiment s'être passé quelque chose d'important.
- Je t'écoute, petit chef. "
Le Chevalier redressa brutalement l'échine et pointa un doigt vers la tête tranchée. Sa voix fut sèche ensuite, très basse, presque rauque.
- Tiens. C'est mon cadeau. Voici de la chair et des os, des dents et des cheveux. Pourquoi ne convoques-tu pas ton art, sorcière ? Je veux que la foudre frappe leurs murs, consume leurs os et leur âme. Je veux que les vents du Norfendre se saisissent d'eux, et qu'ils arrachent leurs membres puis les dispersent aux quatre coins d'Azeroth. Je veux festoyer de leur coeur et de leurs tripes, et que mon drake ponde dans leurs ossements ! "
- La parole du guerrier blessé dans son honneur. "
Semelys se laissa presque tomber à genoux devant la table d'orme, plantant Fureur à son côté. Les tresses claquèrent sur la plaque noire de son armure. Le regard habité par la lumière pâle de la non-vie accrocha celui de la völva, qui eut la présence d'esprit de ne pas détourner le sien.
- Quelle bêtise a été mienne de vouloir me montrer conciliant. Ils veulent des loups ? Ils auront des loups. Et puisqu'ils semblent tant décidés à nous haïr, au moins apprendront-ils à nous craindre.
- N'est-ce pas ce que tu espérais ?
- J'ai voulu croire à la modération d'Alasitra. Mais à quoi sert la modération quand nos ennemis se conduisent comme des serpents ? Attaquer durant mon absence ? Remettre en doute notre intégrité de guerriers ? Ils en sont même à nous accuser de polluer le fleuve à l'Ouest. Et c'est nous qui, comme le prétend Alrrun, méprisons nos voisins ?! Hah ! "
Il se redressa aussi vivement qu'il s'était penché et cracha au sol, grondant comme une bête. La sorcière des Runes replia avec calme son voile sombre puis se tourna vers la tête tranchée, pour tendre la main et s'en saisir avec délicatesse.
- Je t'entends, Semelys Ronae, murmura-t-elle ensuite. Le chef de guerre ne peut se laisser insulter impunément et n'ira pas se justifier, quitte à endosser la peau du criminel qu'il n'est pas. J'en déduis que ce ne sont pas des conseils que tu viens trouver auprès de moi. "
Elle releva lentement les yeux, quittant la contemplation de la tête tranchée tenue dans ses mains. Cependant, ses ongles trouvèrent le chemin entre les lèvres froides et molles, forcèrent sur les maxillaires dans un grand bruit de muscles rompus jusqu'à ce que la mâchoire pende, béante.
- Non... Pas des conseils, siffla Ronae. C'est ton art que je viens quérir. Celui que j'ai aperçu à travers les visions que tu m'as accordées. L'art de la brume et de l'eau. Tisse, sorcière. Lie ensemble la mer et le vent, noie-les dans le brouillard. Tu vis ici. Tu dois toi aussi défendre Berce-Âmes.
- Cela prendra du temps, petit chef... Beaucoup de temps.
- Je me fous du temps que cela prendra. Assez de retenue. Je mobilise à présent toutes nos ressources, absolument toutes, et nous les leur jetterons à la figure puisqu'ils n'ont aucun scrupule à faire de même. Je te l'ai dit, völva. Nous serons les monstres qu'ils attendent. "
Et tandis que la sorcière entreprenait d'arracher une à une les dents de son macabre cadeau, il ajouta, avec un sourire féroce :
- Sache qu'au fond je m'en réjouis, völva : la peau du monstre est celle qui me va le mieux. "
Colère. Oui, de la colère, il en avait tous les traits. Une colère sourde, froide, grondante comme un orage qui menacerait d'éclater à tout instant. Tête nue, nuque et épaulières battus par ses cheveux tressés, la joue encore constellée de sang en fines goutelettes allant de l'oeil à la lèvre, il se tenait droit, une main dans l'encadrement de la porte et l'autre serrée sur le manche de son arme. Fureur, accordée à l'humeur de son maître, semblait vibrer et palpiter de toute la longueur de son fer. Les trois runes, totalement éveillées, fumaient et dégorgeaient un liquide noir, épais, qui coulait en rigoles le long de la lame jusqu'à dégoutter au sol.
Il était rare que Semelys se présente à elle dans un tel état de rage, songea avec détachement la völva avant de lécher ses doigts couverts de graisse chaude. Il devait vraiment s'être passé quelque chose d'important.
- Je t'écoute, petit chef. "
Le Chevalier redressa brutalement l'échine et pointa un doigt vers la tête tranchée. Sa voix fut sèche ensuite, très basse, presque rauque.
- Tiens. C'est mon cadeau. Voici de la chair et des os, des dents et des cheveux. Pourquoi ne convoques-tu pas ton art, sorcière ? Je veux que la foudre frappe leurs murs, consume leurs os et leur âme. Je veux que les vents du Norfendre se saisissent d'eux, et qu'ils arrachent leurs membres puis les dispersent aux quatre coins d'Azeroth. Je veux festoyer de leur coeur et de leurs tripes, et que mon drake ponde dans leurs ossements ! "
- La parole du guerrier blessé dans son honneur. "
Semelys se laissa presque tomber à genoux devant la table d'orme, plantant Fureur à son côté. Les tresses claquèrent sur la plaque noire de son armure. Le regard habité par la lumière pâle de la non-vie accrocha celui de la völva, qui eut la présence d'esprit de ne pas détourner le sien.
- Quelle bêtise a été mienne de vouloir me montrer conciliant. Ils veulent des loups ? Ils auront des loups. Et puisqu'ils semblent tant décidés à nous haïr, au moins apprendront-ils à nous craindre.
- N'est-ce pas ce que tu espérais ?
- J'ai voulu croire à la modération d'Alasitra. Mais à quoi sert la modération quand nos ennemis se conduisent comme des serpents ? Attaquer durant mon absence ? Remettre en doute notre intégrité de guerriers ? Ils en sont même à nous accuser de polluer le fleuve à l'Ouest. Et c'est nous qui, comme le prétend Alrrun, méprisons nos voisins ?! Hah ! "
Il se redressa aussi vivement qu'il s'était penché et cracha au sol, grondant comme une bête. La sorcière des Runes replia avec calme son voile sombre puis se tourna vers la tête tranchée, pour tendre la main et s'en saisir avec délicatesse.
- Je t'entends, Semelys Ronae, murmura-t-elle ensuite. Le chef de guerre ne peut se laisser insulter impunément et n'ira pas se justifier, quitte à endosser la peau du criminel qu'il n'est pas. J'en déduis que ce ne sont pas des conseils que tu viens trouver auprès de moi. "
Elle releva lentement les yeux, quittant la contemplation de la tête tranchée tenue dans ses mains. Cependant, ses ongles trouvèrent le chemin entre les lèvres froides et molles, forcèrent sur les maxillaires dans un grand bruit de muscles rompus jusqu'à ce que la mâchoire pende, béante.
- Non... Pas des conseils, siffla Ronae. C'est ton art que je viens quérir. Celui que j'ai aperçu à travers les visions que tu m'as accordées. L'art de la brume et de l'eau. Tisse, sorcière. Lie ensemble la mer et le vent, noie-les dans le brouillard. Tu vis ici. Tu dois toi aussi défendre Berce-Âmes.
- Cela prendra du temps, petit chef... Beaucoup de temps.
- Je me fous du temps que cela prendra. Assez de retenue. Je mobilise à présent toutes nos ressources, absolument toutes, et nous les leur jetterons à la figure puisqu'ils n'ont aucun scrupule à faire de même. Je te l'ai dit, völva. Nous serons les monstres qu'ils attendent. "
Et tandis que la sorcière entreprenait d'arracher une à une les dents de son macabre cadeau, il ajouta, avec un sourire féroce :
- Sache qu'au fond je m'en réjouis, völva : la peau du monstre est celle qui me va le mieux. "
Semelys- Personnages Joués : Mrrrrh...
Re: Quelque part, dans les Maleterres...
Les frères Branms, deux joyeux gamins morts respectivement à l’âge de 7 et 11 ans, au joli teint olivâtre qui mettait leurs tignasses blondes en valeur, et aux vêtements rapiécés avec amour par une mère attentionnée qui ne rechignait jamais à la tâche, malgré les facéties de sa progéniture. Mart’, l’ainé, affichait constamment un petit air moqueur accentué par son menton volontaire, tandis que Trif, bien plus timide, avait le visage en partie masqué par de longues boucles, ne laissant apercevoir qu’un regard vide.
Les petites silhouettes progressaient furtivement dans les buissons non loin du Manoir de la Baronne Alasitra, l’édifice était plus imposant et intimidant que jamais, Mart’ disait tout le temps qu’un jour il vivrait là, parce que les tunnels c’était bon que pour les nuls. Trif, lui aimait bien la vie souterraine, et encore plus lorsqu’il s’agissait d’aller crapahuter là où ils n’avaient pas le droit d’aller.
-On n’aurait pas du venir, si papa l’apprend… chuchota-t-il, la voix tremblante, il se voutait inconsciemment, s’il avait pu, il se serait terré dans le premier trou de souris venu.
-Gros trouillard, t’as qu’à retourner pleurer dans les jupes de maman, moi je veux jouer ! Lui répondit Mart’, Rob a dit qu’y avait des trucs marrants chez les vivants, et j’veux les voir !
-Mais on n’a pas le droit de sortir des galeries ! répondit il, suppliant, on va se faire prendre…
Comme pour donner vie à ses pires craintes, le pas cadencé de quatre sabots ferrés résonna sur les pavés derrière eux.
Mart’ se jeta sur son frère et lui plaqua la main sur la bouche, il émit un cri étouffé, se débattant faiblement pour se libérer de l’étreinte.
-Chhhhht… lui susurra-t-il à l’oreille, ne bouge pas…
Le cavalier passa à à peine quelques mètres de leur cachette, sans les remarquer, heureusement, et se dirigea vers les lourdes portes de la cité écarlate.
Ils restèrent là, comme hypnotisés par le spectacle qui s’offrait à eux : une de ces créatures qui ne venaient pas d’Azeroth, une « dreina », ou quelque chose dans le genre.
Un ichor poisseux suintait de l’armure de la Gardienne, et gouttait doucement le long des flancs de sa monture, ses longs cheveux verts tombaient en cascade sur ses épaulières, tandis que son visage était entièrement dissimulé par un masque de mailles.
Mart’ ôta lentement sa main, lui murmurant à l’oreille : C’est l’autre à peau bleue, arrête de remuer, parait qu’y voient pas bien…
Il se contenta de hocher la tête, trop paralysé pour dire quoi que ce soit. Kiera venait souvent dans les galeries, une ombre que les gens évitaient soigneusement, à la fois par respect et par crainte. Les Protecteurs étaient de leur côté, mais leur nature belliqueuse les rendait imprévisibles, voire dangereux pour certains. D’ailleurs, papa le leur répétait toujours : « Une lame, ça peut aussi cogner avec la garde ! ». Il n’avait pas bien compris ce que ça voulait dire, mais si ça venait de papa, ça ne pouvait pas être faux.
La cavalière s’arrêta en haut de la pente et se figea pendant de longues minutes, comme les statues qu’on trouvait parfois dans les autres villes de la région se dit il.
Un trait enflammé partit des remparts pour se planter dans la terre molle à quelques mètres de la draenei, Trif en aurait sans doute mouillé son pantalon sous la surprise si son système intestinal fonctionnait encore. Là ce n’était plus drôle du tout, les jeux avec les trucs pointus finissaient toujours mal. Il tira sur la manche de Mart’ qui lui répondit par un grognement agacé avant de lui faire signe de la boucler, d’autres personnes approchaient.
Cinq goules déboulèrent en trombe à un coin de rue, elles se bousculaient, se mordaient l’une l’autre pour être la première arrivée, une vraie meute qui claquait des mâchoires, en pleine frénésie.
Elles accoururent jusqu’à Kiera, puis au bout de quelques secondes passées à ses côtés, reprirent leur course effrénée vers les grandes portes bardées de fer.
-Qu’est ce qu’elles font ? C’est dang…
- Tais-toi idiot !
La réponse des écarlates ne se fit pas attendre, les archers commencèrent à mitrailler les assaillants, méthodiquement, en visant la tête.
-Regarde, en haut ! Dit-il en montrant du doigt le ciel. Les écarlates se rendirent compte de la présence des nouveaux intrus au même moment que lui, et reportèrent leur attention sur l’essaim de gargouilles en approche.
Celles-ci ignorèrent totalement les défenseurs, et jetèrent au bas de la muraille des caisses de matériel entreposées là, qui se brisèrent dans un grand « crack ! » en déversant leur contenu. Les créatures se posèrent ensuite sur les dalles de pierre, et replièrent leur ailes sur elles-mêmes, avant de commencer à gonfler…
Ils étaient tous les deux très loin, mais pas assez pour ne pas remarquer l’ogre qui venait de débouler sur le chemin de ronde. Il vociférait à en faire trembler les montagnes, et écrasa plusieurs gargouilles avec son gourdin avant que celles-ci n’explosent en projetant plein de débris violets autour d’elles. Le gros mammifère tomba de l’autre côté et Trif ne le vit plus.
Pendant tout ce temps, Kiera n’avait toujours pas bougé, et Trif finit par croire qu’elle s’était vraiment changée en pierre.
Des cloches résonnèrent de l’autre côté, tous les vivants du coin devaient être réveillés à présent. Un bruit sec et grave se fit entendre alors que l’une des balistes tirait en direction du véritable danger, la non-morte.
Le projectile gros comme un tronc d’arbre s’écrasa à moins de deux mètres de la guerrière, et la jeta à bas de sa monture, face contre terre.
Trif ne sut jamais le pourquoi de son geste, mais il se précipita vers elle, quittant sa cachette et parcourant la distance les séparant aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. Mart’ lui cria d’abord de revenir à l’abri, avant de le talonner de près dans l’espoir de l’arrêter. Trif s’agenouilla devant le corps inanimé et essaya de lui relever la tête, sans succès.
-Faut pas qu’on reste là, ils vont nous faire pareil !
-Mais on va pas la laisser là, c’est pas b…
Une main gantelée à la poigne de fer lui attrapa le bras, tandis que Kiera s’aidait de l’autre pour se remettre sur ses jambes. Elle fit quelques pas sur place pour retrouver son équilibre, puis agrippa les deux gamins par la peau du cou, et alla vers la maison la plus proche. Mart’ se débâtait comme un beau diable, ses pieds gesticulaient dans le vide et ses petits poings rageurs cognaient frénétiquement contre la cuirasse.
-Où vous nous emmenez ?
-J’ai deux mots à dire à votre mère concernant votre éducation…
Les petites silhouettes progressaient furtivement dans les buissons non loin du Manoir de la Baronne Alasitra, l’édifice était plus imposant et intimidant que jamais, Mart’ disait tout le temps qu’un jour il vivrait là, parce que les tunnels c’était bon que pour les nuls. Trif, lui aimait bien la vie souterraine, et encore plus lorsqu’il s’agissait d’aller crapahuter là où ils n’avaient pas le droit d’aller.
-On n’aurait pas du venir, si papa l’apprend… chuchota-t-il, la voix tremblante, il se voutait inconsciemment, s’il avait pu, il se serait terré dans le premier trou de souris venu.
-Gros trouillard, t’as qu’à retourner pleurer dans les jupes de maman, moi je veux jouer ! Lui répondit Mart’, Rob a dit qu’y avait des trucs marrants chez les vivants, et j’veux les voir !
-Mais on n’a pas le droit de sortir des galeries ! répondit il, suppliant, on va se faire prendre…
Comme pour donner vie à ses pires craintes, le pas cadencé de quatre sabots ferrés résonna sur les pavés derrière eux.
Mart’ se jeta sur son frère et lui plaqua la main sur la bouche, il émit un cri étouffé, se débattant faiblement pour se libérer de l’étreinte.
-Chhhhht… lui susurra-t-il à l’oreille, ne bouge pas…
Le cavalier passa à à peine quelques mètres de leur cachette, sans les remarquer, heureusement, et se dirigea vers les lourdes portes de la cité écarlate.
Ils restèrent là, comme hypnotisés par le spectacle qui s’offrait à eux : une de ces créatures qui ne venaient pas d’Azeroth, une « dreina », ou quelque chose dans le genre.
Un ichor poisseux suintait de l’armure de la Gardienne, et gouttait doucement le long des flancs de sa monture, ses longs cheveux verts tombaient en cascade sur ses épaulières, tandis que son visage était entièrement dissimulé par un masque de mailles.
Mart’ ôta lentement sa main, lui murmurant à l’oreille : C’est l’autre à peau bleue, arrête de remuer, parait qu’y voient pas bien…
Il se contenta de hocher la tête, trop paralysé pour dire quoi que ce soit. Kiera venait souvent dans les galeries, une ombre que les gens évitaient soigneusement, à la fois par respect et par crainte. Les Protecteurs étaient de leur côté, mais leur nature belliqueuse les rendait imprévisibles, voire dangereux pour certains. D’ailleurs, papa le leur répétait toujours : « Une lame, ça peut aussi cogner avec la garde ! ». Il n’avait pas bien compris ce que ça voulait dire, mais si ça venait de papa, ça ne pouvait pas être faux.
La cavalière s’arrêta en haut de la pente et se figea pendant de longues minutes, comme les statues qu’on trouvait parfois dans les autres villes de la région se dit il.
Un trait enflammé partit des remparts pour se planter dans la terre molle à quelques mètres de la draenei, Trif en aurait sans doute mouillé son pantalon sous la surprise si son système intestinal fonctionnait encore. Là ce n’était plus drôle du tout, les jeux avec les trucs pointus finissaient toujours mal. Il tira sur la manche de Mart’ qui lui répondit par un grognement agacé avant de lui faire signe de la boucler, d’autres personnes approchaient.
Cinq goules déboulèrent en trombe à un coin de rue, elles se bousculaient, se mordaient l’une l’autre pour être la première arrivée, une vraie meute qui claquait des mâchoires, en pleine frénésie.
Elles accoururent jusqu’à Kiera, puis au bout de quelques secondes passées à ses côtés, reprirent leur course effrénée vers les grandes portes bardées de fer.
-Qu’est ce qu’elles font ? C’est dang…
- Tais-toi idiot !
La réponse des écarlates ne se fit pas attendre, les archers commencèrent à mitrailler les assaillants, méthodiquement, en visant la tête.
-Regarde, en haut ! Dit-il en montrant du doigt le ciel. Les écarlates se rendirent compte de la présence des nouveaux intrus au même moment que lui, et reportèrent leur attention sur l’essaim de gargouilles en approche.
Celles-ci ignorèrent totalement les défenseurs, et jetèrent au bas de la muraille des caisses de matériel entreposées là, qui se brisèrent dans un grand « crack ! » en déversant leur contenu. Les créatures se posèrent ensuite sur les dalles de pierre, et replièrent leur ailes sur elles-mêmes, avant de commencer à gonfler…
Ils étaient tous les deux très loin, mais pas assez pour ne pas remarquer l’ogre qui venait de débouler sur le chemin de ronde. Il vociférait à en faire trembler les montagnes, et écrasa plusieurs gargouilles avec son gourdin avant que celles-ci n’explosent en projetant plein de débris violets autour d’elles. Le gros mammifère tomba de l’autre côté et Trif ne le vit plus.
Pendant tout ce temps, Kiera n’avait toujours pas bougé, et Trif finit par croire qu’elle s’était vraiment changée en pierre.
Des cloches résonnèrent de l’autre côté, tous les vivants du coin devaient être réveillés à présent. Un bruit sec et grave se fit entendre alors que l’une des balistes tirait en direction du véritable danger, la non-morte.
Le projectile gros comme un tronc d’arbre s’écrasa à moins de deux mètres de la guerrière, et la jeta à bas de sa monture, face contre terre.
Trif ne sut jamais le pourquoi de son geste, mais il se précipita vers elle, quittant sa cachette et parcourant la distance les séparant aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. Mart’ lui cria d’abord de revenir à l’abri, avant de le talonner de près dans l’espoir de l’arrêter. Trif s’agenouilla devant le corps inanimé et essaya de lui relever la tête, sans succès.
-Faut pas qu’on reste là, ils vont nous faire pareil !
-Mais on va pas la laisser là, c’est pas b…
Une main gantelée à la poigne de fer lui attrapa le bras, tandis que Kiera s’aidait de l’autre pour se remettre sur ses jambes. Elle fit quelques pas sur place pour retrouver son équilibre, puis agrippa les deux gamins par la peau du cou, et alla vers la maison la plus proche. Mart’ se débâtait comme un beau diable, ses pieds gesticulaient dans le vide et ses petits poings rageurs cognaient frénétiquement contre la cuirasse.
-Où vous nous emmenez ?
-J’ai deux mots à dire à votre mère concernant votre éducation…
Iakov Magtorus
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