De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
Page 1 sur 1
De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
Le soleil brille au-dessus des Clairières de Tirisfal. Sa chaleur est une aubaine, l’automne étant déjà bien avancé. L’été a été parfait cette année, promettant des moissons abondantes. Dans toutes les fermes de la région, les paysans récoltent céréales, légumes, et autres produits agricoles.
Seul sur son carré de terre, un homme ramasse les courges arrivées à maturité. La plupart sont de bon diamètre et pèsent quelques kilos, de quoi satisfaire l’appétit des petits et grands cet hiver.
Un large sourire aux lèvres, il imagine la belle couleur qu’aura son étalage sur le marché de Lordaeron. Cette année encore, ses produits sont si appétissants qu’il vendra probablement toute sa récolte en quelques matinées.
Soudain, l’homme est pris de vertige. Hébété, il relève la tête, cligne des yeux, puis tente de se redresser en se tenant les côtes. Tout tourne autour de lui, des voiles noirs constellés d’étoiles brouillent sa vue. Il sent son estomac se nouer tandis qu’un goût âcre envahit sa bouche. Il titube jusqu’à la barrière de son enclos, les bras tendus pour l’agripper au plus vite. Ses oreilles bourdonnent, il transpire à grosses gouttes, le sol semble se dérober sous ses pieds. Aveugle et sourd, il s’écroule lourdement à moins d’un mètre de la barrière qu’il tentait d’atteindre. Son corps est traversé de spasmes, il convulse, il vomit.
Il s’éteint dans une longue agonie.
* * *
- Il est prêt.
- Bien. Allez donc l’accueillir.
Le Fossoyeur Mordo se retire dans une révérence, laissant les autres seuls dans la petite chapelle. Tous se tournent à présent vers Sarvis, attendant sa déclaration. Ce dernier entre dans une profonde méditation, basculant la tête en arrière jusqu’à laisser entrevoir les moindres détails du trou béant qui lui fait office de bouche. Bien qu’impatients de l’entendre, aucun de ceux qui l’entourent ne se permettrait de briser le silence qui s’est installé, ils savent l’importance de l’instant et respectent la concentration du prêtre des ombres.
Quelques secondes s’écoulent encore avant qu’il ne reprenne la parole :
- Mes amis, le moment est venu de recevoir un nouveau réprouvé. Préparez-vous à le saluer comme il se doit.
Puis, se tournant vers l’un d’eux :
- Sombre clerc Duesten, c’est à vous qu’il reviendra de lui enseigner les bases de son apprentissage. Faites en sorte qu’il se sente rapidement à l’aise dans sa nouvelle existence, et prévenez vos confrères de l’arrivée d’un nouveau prêtre à instruire.
Seul sur son carré de terre, un homme ramasse les courges arrivées à maturité. La plupart sont de bon diamètre et pèsent quelques kilos, de quoi satisfaire l’appétit des petits et grands cet hiver.
Un large sourire aux lèvres, il imagine la belle couleur qu’aura son étalage sur le marché de Lordaeron. Cette année encore, ses produits sont si appétissants qu’il vendra probablement toute sa récolte en quelques matinées.
Soudain, l’homme est pris de vertige. Hébété, il relève la tête, cligne des yeux, puis tente de se redresser en se tenant les côtes. Tout tourne autour de lui, des voiles noirs constellés d’étoiles brouillent sa vue. Il sent son estomac se nouer tandis qu’un goût âcre envahit sa bouche. Il titube jusqu’à la barrière de son enclos, les bras tendus pour l’agripper au plus vite. Ses oreilles bourdonnent, il transpire à grosses gouttes, le sol semble se dérober sous ses pieds. Aveugle et sourd, il s’écroule lourdement à moins d’un mètre de la barrière qu’il tentait d’atteindre. Son corps est traversé de spasmes, il convulse, il vomit.
Il s’éteint dans une longue agonie.
* * *
- Il est prêt.
- Bien. Allez donc l’accueillir.
Le Fossoyeur Mordo se retire dans une révérence, laissant les autres seuls dans la petite chapelle. Tous se tournent à présent vers Sarvis, attendant sa déclaration. Ce dernier entre dans une profonde méditation, basculant la tête en arrière jusqu’à laisser entrevoir les moindres détails du trou béant qui lui fait office de bouche. Bien qu’impatients de l’entendre, aucun de ceux qui l’entourent ne se permettrait de briser le silence qui s’est installé, ils savent l’importance de l’instant et respectent la concentration du prêtre des ombres.
Quelques secondes s’écoulent encore avant qu’il ne reprenne la parole :
- Mes amis, le moment est venu de recevoir un nouveau réprouvé. Préparez-vous à le saluer comme il se doit.
Puis, se tournant vers l’un d’eux :
- Sombre clerc Duesten, c’est à vous qu’il reviendra de lui enseigner les bases de son apprentissage. Faites en sorte qu’il se sente rapidement à l’aise dans sa nouvelle existence, et prévenez vos confrères de l’arrivée d’un nouveau prêtre à instruire.
(A suivre !)
Diesiræ
Re: De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
L’ambiance est chaleureuse dans l’auberge de Brill. Quelques clients discutent à une table, rient parfois en faisant tinter leurs chopes. Le feu crépite dans la cheminée et une délicieuse odeur de viande grillée s’échappe de la cuisine. L’aubergiste m’accueille, charmante, et m’invite à prendre une table. Je m’installe et passe commande.
Ravi de ce moment de détente qui s’offre à moi, je ferme les yeux et repense à ce que je viens de vivre.
Voilà deux jours que je me suis… relevé. Comment appeler « ça » autrement…
Réveillé ? je ne suis pas certain d’avoir dormi.
Ressuscité ? je n’ai pas souvenir d’avoir vécu.
Lorsque j’ai ouvert les yeux, je me trouvais au fond d’une crypte. Il n’y avait aucun bruit, il n’y faisait pas froid, quelques torches aux murs éclairaient la salle. Je suis d’abord resté un moment allongé, immobile, observant l’endroit où je reposais. Je n’ai pris conscience de mon corps que quelques minutes plus tard, alors que j’essayais de me relever. Alors, observant ma peau décharnée et les os apparents à travers le tissu de mes modestes habits, j’ai été révulsé de voir à quel point j’étais abîmé.
Voilà le premier souvenir que j’ai de moi, l’impression d’être un étranger dans mon corps.
L’aubergiste m’apporte une chope et une assiette, rompant ma rêverie. J’ai faim, et je vais enfin pouvoir savourer un vrai repas. Je n’en ai jamais pris, mais étrangement il me semble connaître le plaisir que cela procure.
Alors que je commence à manger, je remarque un réprouvé qui me fixe, à l’autre bout de la salle. N’y prêtant d’abord pas attention, je sens qu’il me regarde avec insistance et la situation m’incommode. Soudain, il se lève, prend sa chope et se dirige vers moi. Je l’observe discrètement tandis qu’il approche. Il nage dans une chemise qui devait être blanche il y a bien longtemps, et un pantalon beige tout aussi crasseux. Il porte une paire de bottes abîmées, les crampons chargés de terre boueuse.
Une forte odeur de fumier envahit l’atmosphère à mesure qu’il approche… Il ne manquait que ça pour parfaire sa piteuse apparence.
- Tu es nouveau n’est-ce pas ?
- Je viens d’arriver… je pense que mon entrée ne vous a pas échappée.
- Ce n’était pas ma question.
Il tire la chaise en face de moi et s’assied. Cette fois j’en suis sûr, ce premier repas ne sera pas aussi agréable que je l’espérais…
(A suivre !)
Ravi de ce moment de détente qui s’offre à moi, je ferme les yeux et repense à ce que je viens de vivre.
Voilà deux jours que je me suis… relevé. Comment appeler « ça » autrement…
Réveillé ? je ne suis pas certain d’avoir dormi.
Ressuscité ? je n’ai pas souvenir d’avoir vécu.
Lorsque j’ai ouvert les yeux, je me trouvais au fond d’une crypte. Il n’y avait aucun bruit, il n’y faisait pas froid, quelques torches aux murs éclairaient la salle. Je suis d’abord resté un moment allongé, immobile, observant l’endroit où je reposais. Je n’ai pris conscience de mon corps que quelques minutes plus tard, alors que j’essayais de me relever. Alors, observant ma peau décharnée et les os apparents à travers le tissu de mes modestes habits, j’ai été révulsé de voir à quel point j’étais abîmé.
Voilà le premier souvenir que j’ai de moi, l’impression d’être un étranger dans mon corps.
L’aubergiste m’apporte une chope et une assiette, rompant ma rêverie. J’ai faim, et je vais enfin pouvoir savourer un vrai repas. Je n’en ai jamais pris, mais étrangement il me semble connaître le plaisir que cela procure.
Alors que je commence à manger, je remarque un réprouvé qui me fixe, à l’autre bout de la salle. N’y prêtant d’abord pas attention, je sens qu’il me regarde avec insistance et la situation m’incommode. Soudain, il se lève, prend sa chope et se dirige vers moi. Je l’observe discrètement tandis qu’il approche. Il nage dans une chemise qui devait être blanche il y a bien longtemps, et un pantalon beige tout aussi crasseux. Il porte une paire de bottes abîmées, les crampons chargés de terre boueuse.
Une forte odeur de fumier envahit l’atmosphère à mesure qu’il approche… Il ne manquait que ça pour parfaire sa piteuse apparence.
- Tu es nouveau n’est-ce pas ?
- Je viens d’arriver… je pense que mon entrée ne vous a pas échappée.
- Ce n’était pas ma question.
Il tire la chaise en face de moi et s’assied. Cette fois j’en suis sûr, ce premier repas ne sera pas aussi agréable que je l’espérais…
(A suivre !)
Dernière édition par le Mer 16 Jan 2008, 16:19, édité 1 fois
Diesiræ
Re: De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
- Je m’appelle Victor, dit-il en me tendant sa main décharnée.
Faire grabuge à peine arrivé dans cette auberge compromettrait sans doute mes chances d’y loger quelques jours. Alors, résigné à ne pas pouvoir savourer mon steak, je lâche ma fourchette et lui serre la main.
- Moi c’est Diesiræ.
- Enchanté !
- Mmmm…
- Alors !? Je parie que tu viens du Glas ! J’me trompe ??
- Non.
- Sais-tu qui tu es ?? D’où tu viens ??
- Je suis Diesiræ… je viens de vous le dire. Et je viens du Glas, ça vous l’avez deviné vous-même.
Quelque chose brille dans son regard, comme s’il était amusé de me voir ici, comme s’il se jouait de moi avec ces énigmes. Son enthousiasme m’insupporte et j’ai du mal à cacher mon agacement.
- Je me suis levé il y a deux jours, depuis j’ai appris peu de choses sur moi, peu de choses sur cet endroit. J’ai découvert, non sans étonnement, que j’avais certains pouvoirs. Le pouvoir de guérir, mais surtout le pouvoir de tuer d’une mort atroce les créatures qui m’entourent. Je me suis surpris à me baisser pour les dévorer, pulsion qui m’a dégoûtée mais que je n’ai pu contenir. Voilà deux jours que je marche, ne me reposant que quelques heures d’un sommeil agité.
' Alors si ça ne vous ennuie pas, j’aimerais pouvoir manger ce maigre repas tranquillement… s’il vous plaît.
Je suis autant étonné que lui par ma tirade. Il me semble que les mots sont sortis d’eux-mêmes, sans que je réfléchisse, comme si un autre que moi avait parlé. Est-ce la faim qui me procure cette vigueur ? Quoiqu’il en soit il est trop tard pour dire le contraire de ce que cet importun vient d’entendre, son regard a déjà changé. La mine déçue, il ne s’attarde pas davantage à ma table, prend congé et sort de l’auberge.
Essayant de penser le moins possible à cette rencontre, je termine mon repas et demande une chambre.
(A suivre !)
Faire grabuge à peine arrivé dans cette auberge compromettrait sans doute mes chances d’y loger quelques jours. Alors, résigné à ne pas pouvoir savourer mon steak, je lâche ma fourchette et lui serre la main.
- Moi c’est Diesiræ.
- Enchanté !
- Mmmm…
- Alors !? Je parie que tu viens du Glas ! J’me trompe ??
- Non.
- Sais-tu qui tu es ?? D’où tu viens ??
- Je suis Diesiræ… je viens de vous le dire. Et je viens du Glas, ça vous l’avez deviné vous-même.
Quelque chose brille dans son regard, comme s’il était amusé de me voir ici, comme s’il se jouait de moi avec ces énigmes. Son enthousiasme m’insupporte et j’ai du mal à cacher mon agacement.
- Je me suis levé il y a deux jours, depuis j’ai appris peu de choses sur moi, peu de choses sur cet endroit. J’ai découvert, non sans étonnement, que j’avais certains pouvoirs. Le pouvoir de guérir, mais surtout le pouvoir de tuer d’une mort atroce les créatures qui m’entourent. Je me suis surpris à me baisser pour les dévorer, pulsion qui m’a dégoûtée mais que je n’ai pu contenir. Voilà deux jours que je marche, ne me reposant que quelques heures d’un sommeil agité.
' Alors si ça ne vous ennuie pas, j’aimerais pouvoir manger ce maigre repas tranquillement… s’il vous plaît.
Je suis autant étonné que lui par ma tirade. Il me semble que les mots sont sortis d’eux-mêmes, sans que je réfléchisse, comme si un autre que moi avait parlé. Est-ce la faim qui me procure cette vigueur ? Quoiqu’il en soit il est trop tard pour dire le contraire de ce que cet importun vient d’entendre, son regard a déjà changé. La mine déçue, il ne s’attarde pas davantage à ma table, prend congé et sort de l’auberge.
Essayant de penser le moins possible à cette rencontre, je termine mon repas et demande une chambre.
(A suivre !)
Diesiræ
Re: De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
La nuit a été excellente. Je n’avais pas aussi bien dormi depuis… En fait je n’ai jamais aussi bien dormi, pour le peu que je m’en souvienne.
Après avoir pris mon petit-déjeuner, toujours aimablement servi par l’aubergiste - qui m’a confiée s’appeler Renée -, je décide d’aller faire un tour pour découvrir les environs du village.
L’atmosphère dehors est toujours aussi pesante, pourtant je me surprends à me sentir plus à l’aise dans ce décor lugubre. La pénombre ne m’incommode pas, les ombres que je distingue parfois au loin ne m’effraient plus. Il y a peu de monde dans le centre de Brill mais j’apprécie cette relative solitude.
Soudain, des éclats de voix brisent le silence. Le temps de lever les yeux, j’aperçois un réprouvé trébucher sur les pavés devant l’écurie du village, bientôt suivi d’un seau qu’il manque recevoir en pleine tête.
- Va donc voir ailleurs si j’y suis, espèce d’incapable ! T’as pas intérêt à te pointer demain !
D’autres villageois assistent à la scène, puis finissent par retourner à leurs affaires. Couché sur le sol, le malheureux se redresse tant bien que mal. Il s’assoit, dépoussière ses épaules d’un coup de main distrait. Approchant de lui, je m’aperçois que c’est le réprouvé rencontré la veille à l’auberge. Victor. Il relève la tête, s’étonne de me voir là. Cette fois c’est moi qui lui tend une main décharnée.
Je l’aide à se relever, il ramasse le seau, et sans échanger un mot nous commençons à marcher. Quelques minutes passent, sans que nous parlions. Je l’imagine peiné ou honteux que quelqu’un ait vu la scène, je préfère lui laisser l’initiative du premier mot.
- Merci, dit-il enfin, la tête basse.
- Pas de quoi. Je vous emmène boire un coup ?
- Un petit remontant ne me ferait pas de mal, mais j’accepte à une condition…
- Laquelle ?
- C’est « tu » !
Après avoir pris mon petit-déjeuner, toujours aimablement servi par l’aubergiste - qui m’a confiée s’appeler Renée -, je décide d’aller faire un tour pour découvrir les environs du village.
L’atmosphère dehors est toujours aussi pesante, pourtant je me surprends à me sentir plus à l’aise dans ce décor lugubre. La pénombre ne m’incommode pas, les ombres que je distingue parfois au loin ne m’effraient plus. Il y a peu de monde dans le centre de Brill mais j’apprécie cette relative solitude.
Soudain, des éclats de voix brisent le silence. Le temps de lever les yeux, j’aperçois un réprouvé trébucher sur les pavés devant l’écurie du village, bientôt suivi d’un seau qu’il manque recevoir en pleine tête.
- Va donc voir ailleurs si j’y suis, espèce d’incapable ! T’as pas intérêt à te pointer demain !
D’autres villageois assistent à la scène, puis finissent par retourner à leurs affaires. Couché sur le sol, le malheureux se redresse tant bien que mal. Il s’assoit, dépoussière ses épaules d’un coup de main distrait. Approchant de lui, je m’aperçois que c’est le réprouvé rencontré la veille à l’auberge. Victor. Il relève la tête, s’étonne de me voir là. Cette fois c’est moi qui lui tend une main décharnée.
Je l’aide à se relever, il ramasse le seau, et sans échanger un mot nous commençons à marcher. Quelques minutes passent, sans que nous parlions. Je l’imagine peiné ou honteux que quelqu’un ait vu la scène, je préfère lui laisser l’initiative du premier mot.
- Merci, dit-il enfin, la tête basse.
- Pas de quoi. Je vous emmène boire un coup ?
- Un petit remontant ne me ferait pas de mal, mais j’accepte à une condition…
- Laquelle ?
- C’est « tu » !
(A suivre !)
Diesiræ
Re: De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
- Alors, que s’est-il passé ?
- Oh, pas grand chose. C’est mon patron, selon lui j’ai mal récuré un box.
- Il t’a viré ?
- Oui. Une journée de repos s’offre à moi, dit-il avec un timide sourire.
- Mais… apparemment il ne veut pas que tu reviennes…
- Oh, ne t’inquiète pas ! Ce n’est pas la première fois que ça arrive tu sais, il est toujours comme ça. Mais demain ce sera oublié… jusqu’à la prochaine fois. De toute façon il est tellement chiant que personne d’autre que moi ne voudrait travailler avec lui.
- Et toi, pourquoi tu restes ?
Pour toute réponse, il porte la chope à ses lèvres et la vide cul-sec.
- Viens avec moi, dit-il en la reposant, essuyant d’un revers de manche le filet de bière qui coule au coin de sa bouche.
- Où allons-nous ?
- Je vais te présenter Emilie, ma femme.
Je termine ma chope et lui emboîte le pas. Nous sortons de l’auberge, marchons tout en discutant. Lui n’est pas très bavard, alors je lui parle un peu de moi… pas grand chose. Enfin si. En fait je lui dit tout le peu que je sais, je me vide. Je lui raconte la crypte, les réprouvés qui m’ont accueilli lorsque j’en suis sorti, mon étonnement quand j’ai découvert mes pouvoirs, les frissons qui ont maintes fois parcouru mon échine alors que je traversais ces terres sombres, le plaisir de trouver enfin un repas et un lit convenables la veille, et toutes les questions sur moi auxquelles je n’avais désespérément pas réponse.
Il s’arrête, continue de m’écouter jusqu’à ce que mon monologue s’étouffe dans un silence. J’avais presque oublié que nous marchions, peut-être même avais-je oublié que je n’étais pas seul. Lorsque je reprends conscience de ce qui m’entoure, je m’aperçois que nous sommes au cimetière, face à une tombe dont la stèle est gravée du prénom « Emilie ».
Victor s’avance un peu vers la pierre. Je reste dans son dos, trop surpris pour bouger ou dire quoi que ce soit.
- Nous vivions depuis quelques mois dans la maison héritée de mes parents, j’étais entrain de retaper une pièce pour en faire une chambre supplémentaire. Emilie était enceinte, nous attendions notre premier enfant. Malgré son état elle restait très active, infatigable.
‘ Elle descendait l’escalier quand elle a eu son malaise. Je l’ai entendue dévaler les marches, puis un bruit sourd quand elle termina sa chute sur le sol. Je l’ai retrouvée inconsciente, son pouls était faible. Malheureusement nous habitions dans les collines, à l’écart du village. Le temps que j’aille chercher les secours, il était trop tard pour les sauver, elle et notre enfant.
Je suis abasourdi par ce qu’il me confie. Dire que je l’ai égoïstement rejeté hier, ne pensant qu’aux réjouissances du dîner qui m’était servi. Je ne peux m’empêcher d’être pris de remords.
- Son malaise, c’est parce qu’elle était enceinte ?
- Tu parles ! Enceinte, elle était rayonnante. Elle et notre bébé étaient mon soleil. Sa grossesse ne la rendait pas malade non, elle la sublimait.
Victor se retourne brusquement vers moi, je découvre alors son visage en pleurs. Il est évident que ses sentiments sont encore intactes aujourd’hui, sa tristesse est immense et pourtant sa voie ne tremble pas.
- C’est le Fléau qui l’a tuée.
- Oh, pas grand chose. C’est mon patron, selon lui j’ai mal récuré un box.
- Il t’a viré ?
- Oui. Une journée de repos s’offre à moi, dit-il avec un timide sourire.
- Mais… apparemment il ne veut pas que tu reviennes…
- Oh, ne t’inquiète pas ! Ce n’est pas la première fois que ça arrive tu sais, il est toujours comme ça. Mais demain ce sera oublié… jusqu’à la prochaine fois. De toute façon il est tellement chiant que personne d’autre que moi ne voudrait travailler avec lui.
- Et toi, pourquoi tu restes ?
Pour toute réponse, il porte la chope à ses lèvres et la vide cul-sec.
- Viens avec moi, dit-il en la reposant, essuyant d’un revers de manche le filet de bière qui coule au coin de sa bouche.
- Où allons-nous ?
- Je vais te présenter Emilie, ma femme.
Je termine ma chope et lui emboîte le pas. Nous sortons de l’auberge, marchons tout en discutant. Lui n’est pas très bavard, alors je lui parle un peu de moi… pas grand chose. Enfin si. En fait je lui dit tout le peu que je sais, je me vide. Je lui raconte la crypte, les réprouvés qui m’ont accueilli lorsque j’en suis sorti, mon étonnement quand j’ai découvert mes pouvoirs, les frissons qui ont maintes fois parcouru mon échine alors que je traversais ces terres sombres, le plaisir de trouver enfin un repas et un lit convenables la veille, et toutes les questions sur moi auxquelles je n’avais désespérément pas réponse.
Il s’arrête, continue de m’écouter jusqu’à ce que mon monologue s’étouffe dans un silence. J’avais presque oublié que nous marchions, peut-être même avais-je oublié que je n’étais pas seul. Lorsque je reprends conscience de ce qui m’entoure, je m’aperçois que nous sommes au cimetière, face à une tombe dont la stèle est gravée du prénom « Emilie ».
Victor s’avance un peu vers la pierre. Je reste dans son dos, trop surpris pour bouger ou dire quoi que ce soit.
- Nous vivions depuis quelques mois dans la maison héritée de mes parents, j’étais entrain de retaper une pièce pour en faire une chambre supplémentaire. Emilie était enceinte, nous attendions notre premier enfant. Malgré son état elle restait très active, infatigable.
‘ Elle descendait l’escalier quand elle a eu son malaise. Je l’ai entendue dévaler les marches, puis un bruit sourd quand elle termina sa chute sur le sol. Je l’ai retrouvée inconsciente, son pouls était faible. Malheureusement nous habitions dans les collines, à l’écart du village. Le temps que j’aille chercher les secours, il était trop tard pour les sauver, elle et notre enfant.
Je suis abasourdi par ce qu’il me confie. Dire que je l’ai égoïstement rejeté hier, ne pensant qu’aux réjouissances du dîner qui m’était servi. Je ne peux m’empêcher d’être pris de remords.
- Son malaise, c’est parce qu’elle était enceinte ?
- Tu parles ! Enceinte, elle était rayonnante. Elle et notre bébé étaient mon soleil. Sa grossesse ne la rendait pas malade non, elle la sublimait.
Victor se retourne brusquement vers moi, je découvre alors son visage en pleurs. Il est évident que ses sentiments sont encore intactes aujourd’hui, sa tristesse est immense et pourtant sa voie ne tremble pas.
- C’est le Fléau qui l’a tuée.
(A suivre !)
Diesiræ
Re: De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
Les yeux perdus dans le vide, il me raconte alors tout ce qu’il sait.
Répandue au moyen de gros chaudrons, la Peste envahit les terres du nord de Lordaeron. Elle infesta d’abord les fermes les plus reculées, et ne tarda pas à ravager des villages et des villes entières. Les humains contaminés se relevèrent sous la forme de morts-vivants, renforçant l’influence du Fléau mené par le Roi Liche. Plus tard, une poignée d’entre eux parvint à s’échapper de sa domination et se rallia à leur reine, Dame Sylvanas Coursevent. Ils furent les premiers Réprouvés de l’histoire.
- Mais… Emilie, elle est là elle... Enterrée ?…
- Oui. Elle m’avait souvent dit vouloir être brûlée après sa mort, son souhait a été respecté avant qu’il ne soit trop tard. Sans le savoir nous avons fait ce qu’il fallait pour qu’elle ne se relève jamais. Ce n’est pas un cercueil qui se trouve là, dans ce trou, mais une petite boîte que j’ai faite moi-même, avec une rose gravée dans le bois.
‘ Je connais notre passé, je sais les horreurs que nous avons subies. Parce qu’on me l’a raconté, mais aussi parce que je me souviens des ravages de la Peste. Emilie a été la première victime parmi les gens que nous connaissions, et quelques mois plus tard c’était mon tour. Personne n’en réchappa.
J’écoute, accablé par les faits qu’il me décrit. Il s’arrête un instant, comme pour me laisser le temps de les assimiler.
- Voilà la réponse à ta question de tout à l’heure. Si je travaille toujours à l’écurie, passant mes journées à nettoyer le crottin de cheval et à supporter les humeurs du patron, c’est parce que je veux rester à Brill. Si je perdais ma place, ou si je choisissais de la quitter, je n’aurais pas d’autre choix que de partir à la ville parce que je ne trouverais pas d’autre boulot ici.
‘ Mes journées n’ont un sens que si je les passe près d’Emilie. Elle, au moins, repose en paix.
Il me regarde alors droit dans les yeux, et poursuit :
- Tu vois, contrairement à toi, ma mémoire est intacte. Bien que je ne saurais dire combien d’années ont passé depuis, je me rappelle de tout comme si c’était hier. Mais je n’ai aucun pouvoir particulier, aucun talent. La fourche et le seau sont les seuls outils que je sais manier. Le patron a raison, je suis un incapable. Toi, tu ne sais pas qui tu es, d’où tu viens ni pourquoi tu es là. Mais plus que tes dons, ne pas te souvenir est ton principal atout.
‘ Tu as vu toutes les créatures qui déambulent dans les environs ? Tu en croiseras beaucoup d’autres, tu devras certainement affronter des morts-vivants par centaines. Que feras-tu face à eux si tu es sûr que ce sont tes proches ? Avec le peu de choses que tu sais, ou même ce que tu apprendras au fil du temps, pour toi ces créatures ne resteront jamais que des membres du Fléau et tu n’hésiteras pas à les combattre.
‘ Qu’importe ce que tu as été, ce n’est pas le passé qui compte, mais l’avenir.
Je reste sans voix, réalisant à quel point il a raison. Après tout ce qu’il vient de m’apprendre, j’imagine que mon propre passé ne doit pas être plus réjouissant que le sien. Ainsi, derrière notre apparence peu avenante se cache une histoire plus abominable encore, et dont nous sommes les victimes. Cette région, qui m’a tant fait frissonner en la parcourant, était verdoyante et paisible avant que le Fléau ne vienne la véroler. Le royaume de Lordaeron était prospère, des familles entières y vivaient en paix, s’affairant à la tâche dans les champs fertiles.
Une douce chaleur m’envahit à mesure que ces images défilent dans ma tête. Presque imperceptible d’abord, elle grandit dans ma poitrine, s’étend dans mon ventre et jusqu’aux extrémités de mes membres. Je la sens devenir de plus en plus intense, presque insupportable. En quelques minutes, cette chaleur est si forte qu’il me semble transpirer à grosses gouttes.
Semblant comprendre ce qu’il se passe dans ma carcasse, Victor m’acclame, à présent tout sourire. Ses yeux pétillent.
- Oui oui, c’est ça ! Ressens cette chaleur, c’est le sang de celui que tu as été qui coule encore en toi !
(A suivre !)
Répandue au moyen de gros chaudrons, la Peste envahit les terres du nord de Lordaeron. Elle infesta d’abord les fermes les plus reculées, et ne tarda pas à ravager des villages et des villes entières. Les humains contaminés se relevèrent sous la forme de morts-vivants, renforçant l’influence du Fléau mené par le Roi Liche. Plus tard, une poignée d’entre eux parvint à s’échapper de sa domination et se rallia à leur reine, Dame Sylvanas Coursevent. Ils furent les premiers Réprouvés de l’histoire.
- Mais… Emilie, elle est là elle... Enterrée ?…
- Oui. Elle m’avait souvent dit vouloir être brûlée après sa mort, son souhait a été respecté avant qu’il ne soit trop tard. Sans le savoir nous avons fait ce qu’il fallait pour qu’elle ne se relève jamais. Ce n’est pas un cercueil qui se trouve là, dans ce trou, mais une petite boîte que j’ai faite moi-même, avec une rose gravée dans le bois.
‘ Je connais notre passé, je sais les horreurs que nous avons subies. Parce qu’on me l’a raconté, mais aussi parce que je me souviens des ravages de la Peste. Emilie a été la première victime parmi les gens que nous connaissions, et quelques mois plus tard c’était mon tour. Personne n’en réchappa.
J’écoute, accablé par les faits qu’il me décrit. Il s’arrête un instant, comme pour me laisser le temps de les assimiler.
- Voilà la réponse à ta question de tout à l’heure. Si je travaille toujours à l’écurie, passant mes journées à nettoyer le crottin de cheval et à supporter les humeurs du patron, c’est parce que je veux rester à Brill. Si je perdais ma place, ou si je choisissais de la quitter, je n’aurais pas d’autre choix que de partir à la ville parce que je ne trouverais pas d’autre boulot ici.
‘ Mes journées n’ont un sens que si je les passe près d’Emilie. Elle, au moins, repose en paix.
Il me regarde alors droit dans les yeux, et poursuit :
- Tu vois, contrairement à toi, ma mémoire est intacte. Bien que je ne saurais dire combien d’années ont passé depuis, je me rappelle de tout comme si c’était hier. Mais je n’ai aucun pouvoir particulier, aucun talent. La fourche et le seau sont les seuls outils que je sais manier. Le patron a raison, je suis un incapable. Toi, tu ne sais pas qui tu es, d’où tu viens ni pourquoi tu es là. Mais plus que tes dons, ne pas te souvenir est ton principal atout.
‘ Tu as vu toutes les créatures qui déambulent dans les environs ? Tu en croiseras beaucoup d’autres, tu devras certainement affronter des morts-vivants par centaines. Que feras-tu face à eux si tu es sûr que ce sont tes proches ? Avec le peu de choses que tu sais, ou même ce que tu apprendras au fil du temps, pour toi ces créatures ne resteront jamais que des membres du Fléau et tu n’hésiteras pas à les combattre.
‘ Qu’importe ce que tu as été, ce n’est pas le passé qui compte, mais l’avenir.
Je reste sans voix, réalisant à quel point il a raison. Après tout ce qu’il vient de m’apprendre, j’imagine que mon propre passé ne doit pas être plus réjouissant que le sien. Ainsi, derrière notre apparence peu avenante se cache une histoire plus abominable encore, et dont nous sommes les victimes. Cette région, qui m’a tant fait frissonner en la parcourant, était verdoyante et paisible avant que le Fléau ne vienne la véroler. Le royaume de Lordaeron était prospère, des familles entières y vivaient en paix, s’affairant à la tâche dans les champs fertiles.
Une douce chaleur m’envahit à mesure que ces images défilent dans ma tête. Presque imperceptible d’abord, elle grandit dans ma poitrine, s’étend dans mon ventre et jusqu’aux extrémités de mes membres. Je la sens devenir de plus en plus intense, presque insupportable. En quelques minutes, cette chaleur est si forte qu’il me semble transpirer à grosses gouttes.
Semblant comprendre ce qu’il se passe dans ma carcasse, Victor m’acclame, à présent tout sourire. Ses yeux pétillent.
- Oui oui, c’est ça ! Ressens cette chaleur, c’est le sang de celui que tu as été qui coule encore en toi !
(A suivre !)
Diesiræ
Re: De l'ombre à la lumière [Récit - A lire uniquement]
Après un dernier regard vers Emilie, Victor me propose de le suivre chez lui.
Je n’ai rien prévu pour le reste de la journée, et il me fascine. Malgré l’intensité du moment et la lourde atmosphère qui règne dans ce cimetière, je me sens serein et sa présence n’y est sans doute pas étrangère. J’ai l’impression que Victor peut beaucoup m’apporter, par ce qu’il sait et ce qu’il est, aussi j’accepte son invitation sans hésiter.
Il habite une petite maison à deux pas du village. Lorsqu’il pousse la porte et me fait entrer, je découvre l’unique pièce qui compose son logis. L’apparence extérieure était modeste, mais l’intérieur est plus pauvre encore. Quelques meubles occupent l’espace, et un poêle trône au milieu de la pièce. La lumière du jour entre à peine, filtrée par la crasse qui recouvre les deux seules petites fenêtres. A voir l’état des angles des murs et des aspérités des pierres, je devine que les araignées ont élu domicile ici et cohabitent tranquillement avec Victor. Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, ce palefrenier vit dans un abri dont les chevaux ne voudraient pas.
Et pourtant, je m’y sens étrangement bien.
- Assieds-toi, me dit-il en me montrant son unique fauteuil.
Je m’installe tandis qu’il ouvre un placard, il en sort un tonnelet poussiéreux qu’il pose devant moi. Il vient s’asseoir sur son lit et prend deux verres posés sur sa table de nuit. Il m’en sert un, je le porte à mes lèvres pour en boire une gorgée. Comme je m’y attendais, la bière est trop vieille pour être savoureuse, elle m’arrache un rictus qui ne lui échappe pas.
Nous recommençons à bavarder, parlons de choses et d’autres, passant du rire aux larmes. La nuit arrive. Nous restons indifférents à l’obscurité, le feu du poêle pour toute source de lumière. Au fil des verres, je trouve la bière de moins en moins écœurante. Et lorsque Victor me sert la dernière goutte du tonnelet, nous sommes tous les deux déçus qu’il n’y en ait plus.
Il est temps de rentrer à l’auberge, je salue mon ami et le laisse seul dans sa chaumière. Je regagne le centre du village tant bien que mal, titubant et trébuchant sur chaque pavé de la chaussée. Dans cet état, monter l’escalier est une vraie épreuve de force. Agrippé à la rambarde, je m’applique à ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller les autres hôtes de l’auberge. J’atteins enfin ma chambre, entre et m’écroule sur le lit.
Le lendemain, je passe le plus clair de la journée allongé, subissant les conséquences de la sévère cuite de la veille. Lorsque j’arrive enfin à me lever et à tenir debout, je descends dans la salle et finis de me requinquer devant un café. Puis je sors de l’auberge pour prendre l’air, dehors une nouvelle nuit tombe déjà.
Victor, lui, n’a pas encore fini sa longue journée de travail.
Je n’ai rien prévu pour le reste de la journée, et il me fascine. Malgré l’intensité du moment et la lourde atmosphère qui règne dans ce cimetière, je me sens serein et sa présence n’y est sans doute pas étrangère. J’ai l’impression que Victor peut beaucoup m’apporter, par ce qu’il sait et ce qu’il est, aussi j’accepte son invitation sans hésiter.
Il habite une petite maison à deux pas du village. Lorsqu’il pousse la porte et me fait entrer, je découvre l’unique pièce qui compose son logis. L’apparence extérieure était modeste, mais l’intérieur est plus pauvre encore. Quelques meubles occupent l’espace, et un poêle trône au milieu de la pièce. La lumière du jour entre à peine, filtrée par la crasse qui recouvre les deux seules petites fenêtres. A voir l’état des angles des murs et des aspérités des pierres, je devine que les araignées ont élu domicile ici et cohabitent tranquillement avec Victor. Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, ce palefrenier vit dans un abri dont les chevaux ne voudraient pas.
Et pourtant, je m’y sens étrangement bien.
- Assieds-toi, me dit-il en me montrant son unique fauteuil.
Je m’installe tandis qu’il ouvre un placard, il en sort un tonnelet poussiéreux qu’il pose devant moi. Il vient s’asseoir sur son lit et prend deux verres posés sur sa table de nuit. Il m’en sert un, je le porte à mes lèvres pour en boire une gorgée. Comme je m’y attendais, la bière est trop vieille pour être savoureuse, elle m’arrache un rictus qui ne lui échappe pas.
Nous recommençons à bavarder, parlons de choses et d’autres, passant du rire aux larmes. La nuit arrive. Nous restons indifférents à l’obscurité, le feu du poêle pour toute source de lumière. Au fil des verres, je trouve la bière de moins en moins écœurante. Et lorsque Victor me sert la dernière goutte du tonnelet, nous sommes tous les deux déçus qu’il n’y en ait plus.
Il est temps de rentrer à l’auberge, je salue mon ami et le laisse seul dans sa chaumière. Je regagne le centre du village tant bien que mal, titubant et trébuchant sur chaque pavé de la chaussée. Dans cet état, monter l’escalier est une vraie épreuve de force. Agrippé à la rambarde, je m’applique à ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller les autres hôtes de l’auberge. J’atteins enfin ma chambre, entre et m’écroule sur le lit.
Le lendemain, je passe le plus clair de la journée allongé, subissant les conséquences de la sévère cuite de la veille. Lorsque j’arrive enfin à me lever et à tenir debout, je descends dans la salle et finis de me requinquer devant un café. Puis je sors de l’auberge pour prendre l’air, dehors une nouvelle nuit tombe déjà.
Victor, lui, n’a pas encore fini sa longue journée de travail.
Diesiræ
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum