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Le Renard et la Louve

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Le Renard et la Louve Empty Le Renard et la Louve

Message  Jackham Jeu 01 Avr 2010, 23:06

(Bonsoir ! Je vais écrire ici un texte assez conséquent et d'une nature assez particulière donc je vais la préciser afin que ça soit bien clair.
Il s'agit d'une pièce de théâtre. Mais ce n'est pas un script, et à défaut de représentation visuelle, j'ai donc été obligé de tout décrire par le biais de didascalies bien plus longues et précises que dans une vraie pièce de théâtre. Je n'ai pas la prétention de pouvoir écrire des centaines de dialogues comme en sont remplis les livres qui correspondent à des pièces de théâtre, et j'ai aussi voulu décrire dans les didascalies (qui sont les emotes du théâtre en gros) bien plus de précisions que normalement, donc bref ! Ce texte, pour résumer, ce n'est une pièce, mais la description d'une pièce. Ce fut un exercice assez éprouvant donc... Vos commentaires hrp sont les bienvenus ici!
Bonne lecture si vous avez le cran^^)


Dernière édition par Jackham le Jeu 01 Avr 2010, 23:11, édité 1 fois
Jackham
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Message  Jackham Jeu 01 Avr 2010, 23:06

Dans certains contes, les principales sources d’inspiration sont les personnages. Dans d’autres, le monde dans lequel les personnages vivent. Dans d’autres, la morale. Dans d’autres, plus rares, tout à la fois inspire. Ces contes, récits, nouvelles et autres histoires sont autant de sources d’inspiration pour un public-quel qu’il soit, que pour d’autres raconteurs. C’est ainsi que, vagabondant de terre en terre, saltimbanques, bardes et ménestrels partagent ces histoires et écrivent les leurs. Il est dit que certaines troupes, associations de pauvres hères, et acteurs sans renommée, grimpent sur des scènes et miment ces histoires à la perfection, s’immergeant de tous le sens de ces mille et uns contes pour faire de leurs personnages des êtres à part entière. Il est dit aussi que es scènes, trônes des plus grands inconnus comédiens, font face à des armées de vulgaires bancs de bois où quelque public provenant de tous lieux du monde se pose pour admirer.
Une scène haute de deux mètres, des rangées de places pour s’assoir. Tout de l’extérieur est pauvre et terne. Et pourtant, il ne suffit que de s’assoir, pour littéralement plonger, de gré ou de force, dans un rêve. Le séant posé sur l’un de ces nombreux bancs, et vous voici projeté dans un véritable théâtre ; La scène est vaste, étincelant d’un noir profond, habillée d’immenses rideaux aux teintes mauves magnifiques coiffés de soyeux cordons d’or. Bien qu’assis sur de simples bancs de bois brut, vous vous faites transporté à l’une de ces millier de place, perché sur un balcon à la hauteur démesurée, sur l’une de ces innombrables places assises face à la scène ou tout autre place de ce public qui se courbe, s’élargit, s’étend à l’infini en une perspective non mesurable, si bien qu’on croirait voir à travers une lentille divergente depuis les cieux. Cet opéra irréel ne serait rien sans tout l’atmosphère qui l’englobe et le baigne. Un ciel pourpre, mauve, bleu, qui varie selon le jeu sur scène, qui se tord et se distord lui aussi. Sur cette voûte, étoiles éphémères, arabesques à l’effigie de créatures merveilleuses, lignes tracées par une fine plume blanche, et encore une multitude d’artifices magiques, à base d’illusions et de sortilèges.
La légende dit même qu’une fois le derrière relevé, le spectacle cesse, dans une brutalité cinglante et choquante, aspirant le spectateur hors du rêve pour le ficher dans la masse épaisse et vaseuse qu’est le réel. La légende dit même que pour toute une vie, on se souvient d’une telle représentation qui même si éphémère grave votre mémoire et votre cœur et votre âme de son onirique burin.
La légende dit même que l’on ne voit un tel spectacle qu’une fois par vie. Alors asseyez-vous. Et rêvez.
Jackham
Jackham


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Message  Jackham Jeu 01 Avr 2010, 23:07

Le Renard et la Louve Bander11




Les rideaux s’ouvrent. Nul ne manipule quelconque poulie ou cordage ; ils s’ouvrent, seuls. La scène, alors découverte, présente un décor des plus simples mais terriblement réel. Vous en venez à croire que vous êtes situé dans un paysage artificiel assistant au spectacle comme à une scène de vie où vous seriez omniprésent et invisible.
En plein milieu, un coq. De la taille d’un humain, debout sur ses garrots, son bec semble vous sourire. A en juger par son accoutrement du même genre que son béret souple, mou et orné d’une plume, vous en déduisez correctement qu’il s’agit d’un ménestrel.
Le Renard et la Louve Manest10
Sa voix, haute et chantante, porte suffisamment loin pour que tous entendent, et l’enchantement est tel que chacun entend au même volume : une voix lointaine mais parfaitement compréhensible et audible, chacun des mots se ponctuant d’une note de oud.

Sieurs ! Damoiseaux damoiselles et dames, il est des romances qui ont peine à survivre aux tumultes de la vie, mais, pourtant, il en existe de rares que la plus vile des tentations ne sait faire vaciller, ni que la moindre brise ne peut chambouler. C’est une de ces histoires que je m’en vais vous narrer. L’histoire du Renard et de la Louve.
Il se volatilise dans un tourbillon de plumes qui disparaissent aussitôt tombées au sol.
Le décor est simple mais laisse une pointe de mystère. En effet, sur la gauche, un monticule de petits ossements, assez grand, plus ou moins anciens. Non loin, une flaque d’eau relativement profonde et assez grande pour qu’un enfant s’y baigne. Tout le fond de la scène est recouvert de feuillages luxuriants ; feuilles amples, fleurs tropicales, abeilles gourmandes, tout ce buisson éclatant d’un magnifique vert.
On entend glousser. Des glapissements joyeux, rires et autres exclamations bêtes, qui semblent se rapprocher. Entrent en scène, rieurs et oisifs, un renard accompagné d’une poule. Quelle fantaisie dans l’allure des bestiaux ! Leur taille est humaine et ils semblent porter des vêtements et des loups bien fantasques. De folles illusions qui rendent leur apparence cohérente, plausible, acceptable à votre seul œil, si absurdes soient-elles en fait.
Ils entrent sur la scène depuis la droite et manifestement leur sujet de conversation est divertissant. Mais l’on remarque le sourire tout en canines du goupil, ce rictus malin caché des yeux de la jolie volaille.

Le Renard et la Louve Le_ren10
Le Renard : « Et c’est ainsi qu’il prit la judicieuse décision d’abandonner ! » il brandit un poing, héroïque. La poule glousse.
La Poule : « Ca alors ! Un véritable justicier s’il en est ! »
Le Renard : « C’est ainsi que l’on triomphe du mal et de ses sujets, très chère. En brandissant le bouclier du pardon et l’épée de la justice. »

L’animal fait preuve de beaucoup d’intelligence, car les bribes de philosophies qui sont autant de palabres dont il ne se prive pas de garnir son discours de bonimenteur impressionnent la poulette coqueluche qui n’en saisit ni le fond, ni la forme. Elle rit, flatte l’égo et l’encolure de son compagnon, caquète et glousse d’une euphorie débile. Il lui fait face.

Le Renard : « Mais venez plutôt. Si je suis humble en ce qui concerne mes talents, je suis fier d’exposer mes collections diverses. Derrière ces fourrées feuillus se terrent mes trésors les plus fabuleux ! Venez donc. »
Il la prend par l’aile et l’entraîne dans cette prétendue mine d’or qui serait sienne. Les rires s’y évanouissent à mesure que le couple s’y enfonce.
Puis, plus rien.
Une branche craque.
Des buissons sont secoués. Des plumes s’envolent comme si l’on mettait un lit en désordre.
Puis, plus rien.
Un os, puis une poignée d’autres os, sont projetés hors des buissons pour venir épaissir le monticule situé à la gauche de la scène. Quelques secondes passent, et le Renard ressort. Il marche, les deux mains sur sa panse légèrement gonflée. L’air reput et satisfait, il fait les cent pas.
Le moment est long, baigné dans un silence pesant. Pesant comme le repas du Renard, qui cesse sa marche, pour s’assoir, lentement. Il éructe, une plume est rejetée hors de sa gueule, venant rejoindre le sol comme une feuille morte.
Le regard dans le vague, le Renard disparaît avec la honteuse scène de crime derrière la fermeture des rideaux.
Jackham
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Message  Jackham Jeu 01 Avr 2010, 23:07

Le coq aux allures de barde refait son apparition, devant les rideaux baissés, reposant lourdement sur le sol de la grande scène. Sur un fond musical léger et volatile, il reprend son discours.
Ainsi messeigneurs et mesdames avez-vous pu voir l’être vil et gourmand qu’est le Renard. Le dégoût tout à fait justifié que vous ressentez ne serait rien sans cette pointe d’admiration que vous avez pour lui malgré tout cela ! Mais, le succès et la chance ne durent qu’un temps. Les notes deviennent plus graves et lentes, la mélodie se veut plus pensante, voire attristante. Voyez plutôt…
Le ménestrel au plumage chatoyant s’assombrit, concluant sa lancinante mélodie note par note, tête basse, perdant des couleurs tandis que les rideaux s’écartent pour dévoiler un décor identique au premier, mais moins accueillant : le tas d’os densifié, la flaque d’eau devenue croupie et amoindrie, et les feuillages secs et morts qui ne peuvent plus cacher aucun secret, sont tous les signes de la déchéance de ce petit royaume au Renard.
Le coq disparaît dans un effet de fondu imperceptible, emportant avec lui la musique. Là, au bord de l’eau moindre, le goupil est assis, muet. L’instant est long. Interminable. Tout individu situé dans le public ressentira comme un voile sombre couvrant l’hémicycle prestigieux. L’instant est long parce que l’on a du mal à saisir ce sentiment d’incertitude qui plane là. Le goupil, plus maigre que tantôt, n’a de cesse de ne rien commettre. Sa respiration est d’une lenteur aussi surprenante que l’incolore dont semble se parer son pelage.
La voix du coq sonne dans l’air, tel un murmure céleste que seul le public est en mesure d’entendre. Son timbre chantant n’est plus triste, ni joyeux pour autant, et sa musique l’accompagne à nouveau.



La plus grande tare des plus grands plaisirs est leur saveur, car c’est elle qui dépérit la plus vite.
Décelez-vous dans l’air ce je ne sais quoi d’amer ? Ca n’est pas la conscience qui brûle sous les flammes de la culpabilité, non. Ça n’est pas non plus le remord, non, encore moins le regret… Ce fumet lourd et prenant est le doux parfum de l’introspection. Sous ses airs d’acte consciencieux, chez certains la fouille profonde du moi est un grand mal ; On creuse brisant la terre dont chaque morceau explosé dégage un parfum nauséabond, et plus on creuse, plus le sinistre minéral du moi tourmenté se niche sous les ongles. Aaaah oui, le Renard ne bouge ni ne parle car le voilà plongé en lui-même, à la recherche de réponses.
Mais il y a une chose plus terrible que l’introspection pour ce pauvre bougre… C’est d’être coupé en plein milieu de celle-ci.
Même si, parfois…

La musique cesse après une flopée de notes.
Ce peut-être pour mener à une chose meilleure.
La voix cesse au moment où le Renard et vous-même entendez un bruit alertant de brindille piétinée.
Les oreilles dressées, les yeux qui guettent le moindre mouvement, le Renard se faufile derrière le tas d’ossements pour observer la source du bruit sans que celle-ci ne puisse le voir. Entre en scène, par le côté droit, une louve. La truffe contre la terre, elle piste toutes odeurs suspectes avec une prudence rarement vue en ces lieux.
Le Renard et la Louve La_lou10
L’instant est particulièrement long ; c’est une scène d’observation intense, où le Renard, ébahit devant cette méfiance naturelle de la Louve, lui qui ne voyait ici que des poules fragiles. La Louve progresse sur la scène et le silence est tel que vous oyez la terre poussiéreuse reniflée et agitée par le museau adorable et pourtant vif comme celui d’un chien de chasse, de la chienne sauvage.
Puis elle arrive à la flaque d’eau, croupie seulement aux yeux de ceux qui savent le reconnaître. Ce qui semble ne pas être son cas. Alors que la langue râpeuse et assoiffée de l’animal s’apprête à laper l’eau, son oreille capte un bruit à sa gauche.


Le Renard : « Attendez, attention ! »
Elle tourne la tête sans avoir bu.
Le Renard : « Ce liquide il ne faut boire, car ce liquide est un poison. »
Sorti de sa cache de fortune, le goupil s’approche, l’air sûr de lui plus que jamais. La Louve hausse un sourcil, à la fois méfiante et intriguée qu’un animal à la fourberie notoire lui vienne en aide. Quoique, cela peut-être une ruse aussi ; alors, elle fronce les deux.

La Louve : « Qui es-tu et que veux-tu ? »
Ces mots sont lâchés par la Louve comme un grognement de menace.
Le Renard : « Je ne suis qu’un humble mammifère qui ne veut ni d’or ni de chaleur. Et je ne veux pas non plus de belle inconnue morte dans mon domaine. Ce n’est pas le genre de la maison. » Il s’appuie d’un coude contre le mont osseux.
Le Renard : « Toi, que fais-tu là ? »
La Louve : « Et bien… Je me promenais. Est-ce encore permit ? »
Le Renard : « Naturellement. Et qui es-tu ? »
La Louve : Je suis la Louve.

L’hôte au pelage à l’orange revenu, révère sans plus de manières, avec ce qu’il faut de respect et de désinvolture.
Le Renard : « Enchanté, Louve. »
La Louve : « Et toi, qui es-tu ? Tu ne me l’as pas vraiment dis. »
Le Renard : « Que faut-il de plus ? Et puis, rien ne sert de se connaître si l’on se dit adieu ensuite.
La Louve : « Et moi, je ne reste que si tu te présentes. »

Il sourit.
Le Renard : « Je suis le Renard, et j’habite ces lieux. »
La Louve : « Ce n’est pas gai. »
La Renard : « Mais je le suis. »
La Louve : « Ah oui ? »
Le Renard : « Oui. »
La Louve : « Prouve-le. »
Le Renard : « Mais pas sur demande. »
La Louve : « Alors je reste jusqu’à ce que tu le sois. »
Le Renard : « Je ne peux l’être sous la pression ! »
s’outre-t-il, avec exagération, ce qui arrache un rire pouffé à la canine qui l’a pourtant mit au défi.
La Louve : « Tu l’es. »
Le Renard : « Je le sais. »

La Louve s’assied ainsi que le Renard et, tandis que la scène semble s’éloigner, si bien que vous croyez la survoler… Le coq surgit on ne sait d’où, comme s’il vous faisait personnellement face.
Alors que son jeu de cordes s'entame gaiement, que ses gobilles vous fixent pour vous captiver, et que son bec vous sourit, vous apercevez de temps en temps la scène au loin, comme si vous fûtes transporté loin d’elle, o le Renard et la Louve semblent entretenir une discussion passionnante et divertissante. Une farandole de notes, du do au si, vous interpelle.

Haaa… Ha ! Introspection introspection… Amie du solitaire, ennemie de l’hédoniste, fille de la conscience, mère de la culpabilité… Que faire sans son jugement !? Et bien le Renard semble avoir la réponse… Mais semble-t-il seulement ? Réfléchir sur soi-même est une chose. Agir en conséquence en est une autre. Échanger sans ambigüité avec une belle inconnue en est un exemple. Alors à quoi bon se contenter d’un seul échange ?

Alors que ces questions vous sont posées, votre œil est attiré par ce qu’il se déroule dans le dos du barde. AU loin sur la scène, la pluie commence à tomber, et alors que vous réalisez qu’il s’y passe effectivement quelque chose, le coq prend la fuite et vous vous retrouvez à votre place par magie.
De là, vous apercevez la Louve se couvrir de ses bras pour se protéger de l’eau, et un Renard quelque peu désappointé. Il n’invite pas, ne propose pas, ni n’impose à son invitée la présence de ses bras et de son corps pour la protéger du torrent céleste comme si ce geste allait de soi, sans ambigüité ni détour. Le goupil au pelage foncé par la pluie enlace sa congénère canine pour l’en préserver.
La pluie est battante. Le vent hurle, et notre héros est pour le moins déstabilisé. Cette tendresse que jusqu’alors il ne fit que feindre le gagnait enfin sincèrement et, même s’il entrouvre la gueule, tous c rocs dehors, il la referme aussitôt et pose son menton sur la tête de la Louve.
L’instant est long. Rythmé par les gouttes qui meurent sur le sol et le vent qui se faufile entre les branches du taillis qui recommencent déjà à fleurir. Puis la lumière s’envole petit à petit, symbolisant la nuit qui tombe. Enfin, la scène est englobée de noir. Tout ce théâtre onirique se voit rendu aveugle, séparant le public de tout ce qu’il se passe sur la scène, et l’y liant pourtant par le biais du mystère qui suscite une curiosité vorace…
…Bientôt assouvie.
En effet. Le jour revient comme il est parti, humide de la veille. Mais quelque chose a changé. Non seulement le Renard et la Louve sont allongés au bord de la flaque d’eau, endormis, mais en plus ladite flaque est à nouveau pleine d’une eau limpide et pure, provenant tout droit des nuages essorés. Les buissons également sont de nouveau nés, luxuriants, couverts d’une belle petite ribambelle de perles aqueuses. Les fleurs ont terminé de se développer ou bien en sont encore à leur état de bourgeons pleins de vie. Aussi, la scène est marquée par l’absence du tas d’os, que le vent a effeuillé puis définitivement balayé. Le Renard se réveille, et remarque le renouveau de son domaine qu’il pensait tout aussi fini que lui.
Il sourit et secoue l’endormie par l’épaule pour l’éveiller.


Le Renard : « Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! Il fait beau et l’air sent bon. Il faut y aller ! Debout ! »
La Louve : « Hmmm… » Elle se réveille, péniblement. « Aller ? Mais aller où ? »
Le Renard : « Partout ! Le monde est accueillant mais ne pardonne pas le temps perdu ! Venez vous dis-je… Et laissez-vous porter. »
La Louve : « Bien… »
Elle se lève, s’étire, et l’air un peu perplexe, au mieux intéressé, au moins intriguée, emboîte le pas du Renard et quittent tous deux la scène en même temps que le rideau se baisse.
Arrivée du ménestrel sous un spot de lumière, au milieu de la partie de la scène que le rideau ne cache pas.
Un jeu de doigts plumés sur les cordes agile berce les quelques mots du conteur, un air médiéval et plaisant.


Aaah douce nuit… Oh laissons les secrets des étoiles aux étoiles. Ça n’était qu’une agréable nuit de repos. Mais quelle idée se trouve derrière la tête ébouriffée du rusé goupil ? Le voyage ne s’entreprend de façon si soudaine que quand c’est nécessaire… Ou vital ! Alors voici ; Soit il trouva une autre tout autre raison pour ainsi partir, soit il partit de manière irrationnelle, soit il est partit par nécessité vitale…
Vous êtes seuls juges, mais la réponse coule de source !
Maintenant voyez, après une poignée de jours, où nos deux amis en sont dans leur périple…


Les rideaux quittent la scène.
Le décor a du tout au tout changé. Vous voyez un désert, aux poussières et sable beiges. Bien au loin dans les profondeurs du paysage, les silhouettes de reliefs terrestres comme en n’en trouve que dans les canyons au sud et nord-est des Tarides, ou encore dans le désert carmin sous le Loch Modan. Bref, un désert à cactus à poussières et au soleil omniprésent. Vous contemplez ce paysage vide de personnages comme si fous fûtes soudainement planter au milieu de ces terres, ou comme si derrière les rideaux se cachait un monde entier. En résumé, un réalisme sidérant, surréaliste.
Des vois. Des pas. Des rires. Le tout déjà ouï tantôt ; Le Renard et la Louve pénètrent sur la scène, par la gauche, en pleine discussion.


Le Renard : « Et je vous assure ! Je-vous-as-sure ! C’est ainsi que je devins roi du désert ! »
La Louve : « Dîtes-moi Renard… Y’a-t-il quelque chose de vrai dans cette histoire ? »
Le Renard : « Je n’sais plus. Peu importe ! Cessez la marche et contemplez. »


Il se baisse pour ramasser une poignée de sable. La Louve le regarde faire, sourcils haussés et cils battants, l’air toutefois amusé sinon diverti.


La Louve : « Qu’est-ce que vous faites ? »
Le Renard : « Chhht… Taisez-vous et approchez votre tête. »

Elle l’approche, il met la main tenant le sable près de son oreille tendue.
Le Renard : « Vous entendez ? »
La Louve : « Hum… Pas du tout. »
Le Renard : Rrrh… Vous êtes bien cabot. »
La Louve : Mais ! Je ne vous permets p… »
Sa parole est coupée par le Renard.
Le Renard : « Cht ! Prêtez l’oreille, sans esbroufe, c’est fou. »
Elle écoute, et se redresse à l’entente du vide, avec une moue sur le museau significative de son agacement naissant.
Le Renard : « Vous avez tort, c’est vraiment très beau ! »
La Louve : Mais à la fin, de quoi parlez-vous ? »
Le Renard : « Avez-vous déjà vu la neige ? »
La Louve : « Oui. »
Le Renard : « Où ? »
La Louve : « Chez moi. »
Le Renard : « Oh. C’est bien. Alors, avez-vous déjà vu l’astre solaire ? »
La Louve : « Oui. »
Le Renard : « Où ? »
La Louve : « Au-dessus de nous… »
Le Renard : « Haha ! Esprit déductif aiguisé ! Tout pour me plaire.
La Louve : « Tsss… Où voulez-vous en venir ? »
Le Renard : « Je me souviens de ce qui était vrai dans l’histoire que je vous contais tantôt. »
La Louve : « Ah ? Quoi, vous êtes vraiment né de l’alliance entre la terre et le soleil ? »
Sans avoir l’air d’y croire une nanoseconde.
Le Renard : « Mais non. Il est vrai que certaines tribus vouent un culte au soleil et à la lune. Elles pensent qu’ils sont l’œil du Ciel, juge suprême de leurs actes. Le soleil est l’œil ouvert, et la lune…
La Louve : « …l’œil fermé. »
Le Renard : « …Est-ce vous ou moi, diable, qui raconte ?! »
La Louve : « Pardon. Poursuivez. »
Le Renard : « Je préfère. Bien ! Je disais. »
La Louve : « Vous disiez. »
Le Renard : « Pour eux, il y a deux saisons. La nocturne et la diurne. L’équivalent de l’hiver, et de l’été. Selon leur vision païenne du monde, le sable du désert est pour eux des fragments solaires. Et, la neige qui ne survient qu’en saison nocturne, des fragments de lune. Poétique n’est-ce pas ? »
La Louve : « Mais ça n’a aucun s… Enfin si il y en a mais… C’est absurde, non ? »

Il hausse les épaules et reprend sa marche. La Louve le suit.
Le Renard : « Le monde est absurde. Nous sommes tous absurdes. Alors… Laissons chacun croire en ce qu’il trouve être le plus logique. Ou le plus rassurant. »
Sur ces mots ils sortent de la scène par la droite.


Dernière édition par Jackham le Mar 06 Avr 2010, 19:41, édité 2 fois
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Message  Jackham Jeu 01 Avr 2010, 23:07

Les rideaux ne se baissent pas mais la scène connaît quand même quelques changements. Une boule de brindilles typique des déserts fait son chemin. Le fond se meut à une vitesse folle. Les reliefs changent, on semble avancer à vitesse grand V dans le désert, une force inconnue vous entraînant quelques kilomètres plus loin.
Le voyage cesse et vous revoici face à un décor désertique. Le soleil est plus bas, sa lumière filtrée par les nuages et l’air poussiéreux au point d’en devenir orange, merveilleuse. Les nuages, eux, sont presque violets ; couleur prune. L’ambiance a beaucoup changé, comme menacée par un présage.
Et en effet, alors que le duo entre à nouveau en scène, à peine les pieds posés sur le sable qu’un lion surgit à l’autre extrémité de la scène.
Le Renard et la Louve Le_lio10
Il est massif, imposant, semble vêtu d’une armure or que la lueur ambiante fait tendre au cramoisi. Es crocs et ses griffes menacent, sa queue claque l’air en soulevant des poussières du sol, il est en rogne, et il est borgne.
La Louve et le Renard s’arrêtent, ce dernier passant devant pour protéger.


Le Renard : « Qui es-tu, et que veux-tu. »


Le félin se redresse et fend son visage d’un sourire cruel et teinté de démence.

Le Lion : « Je suis le Lion, et je suis là pour récupérer ce qu’il me revient de drrrroit. »
Le Renard : « Ah, et qu’est-ce donc ? Le droit de mourir ? Car si c’est pour cela, je suis ton renard. »
Le Lion : « TAIS-TOI ! Je récupère ma promise et je repars. »


Le goupil tourne la tête pour regarder la Louve.

Le Renard : « C’est de vous qu’il parle aussi niaisement ? »
La Louve : « Oui… Je dois l’épouser. »
Le Renard : « Pour quelle sorcellerie, s’il vous plaît ? »
Le Lion : « GRAH ! DE L’AIR ! DU VENT ! »
Le Renard : « Ola, tout doux mon chaton… Arme tes griffes, clos ta gueule et prépare-toi ; Car si elle tu veux, apprends qu’elle ne te veut, et que si tu insistes, je ferai fi du respect, de la gentillesse et de la douceur. Les notions d’honneur de pudeur et de pitié ne seront plus miennes, balayées de mon esprit par la cruauté et la fureur. Alors, fais bien ton choix. »
Le Lion : « QU’ELLE LE VEUILLE OU NON M’IMPORRTE PEU ! »


Il dégaine un sabre à lame large et plate, conséquente mais qu’il parvient à tenir d’une seule main
.

Le Renard : « Très bien. Madame ? Cachez-vous les yeux. »

Elle marque un temps, puis baisse un peu la tête, ainsi que les paupières.

Le Renard : « Pauvre fou à l’armure de feu. Tu t’es imposé ta propre sentence. J’ai le Soleil pour témoin. »

Alors, votre vision fait comme un zoom sur les deux mâles, votre attention chassant la Louve de la scène et, alors que tout se ralentit, le bond féroce du Lion et la posture basse du Renard à l’échine dressée et aux oreilles basses, se figent.
Puis, alors que vous imaginez déjà le pire des massacres, l’action reprend à une vitesse fulgurante, mais tout est entrecoupé d’éclats rouges, blancs, noirs presque, pourpres et autres teintes et nuances de tons évoquant la violence l’épée et le sang.
Des rugissements, des staccatos métalliques, des bruits d’os et de chairs ; Vous êtes aveugle mais entendez et supposez tout, et surtout le pire. Les artificiers du théâtre cessent leurs projections lumineuses et magiques pour ne laisser sous vos yeux qu’une scène meurtrie. L’éclairage est devenu très sombre, le soleil ne se dévoilant plus que d’un ou deux rayons derrière les rochers. Le sable autour des deux belligérants est marqué de profondes traces de pas, de dérapages et de sang. Le Lion est au sol, à plat ventre, aux pieds du Renard qui se tient debout, la fourrure tâchée du sang du Lion et probablement d’un peu du sien.
Il se tient là fièrement, un poing sur les hanches, l’autre serrant le pommeau de l’épée que le Lion brandissait tantôt, la lame reposée sur son épaule.
Il la lève, bien haut… Et soudain abat un discours tranchant aux oreilles du félin.


Le Renard : « Je ne te tuerai point ici, triste faquin, car la fureur et la honte des tiens seront si conséquentes quand ils apprendront que leur chef perdit sa dignité, un combat et sa compagne le même jour et par la main du même renard, qu’ils s’en chargeront eux-mêmes. Alors, fuis, fuis la queue basse et la tête haute, fuis, chat échaudé, fuis, et va annoncer à tes sujets qu’ils deviennent tes bourreaux. »

Il abat l’épée dont le bout de la lame se plante dans le sol à côté du cou du Lion, à quelques millimètres à peine de lui couper la tête. Le vaincu se relève en grognant, déloge sa lame de la terre et s’en va en boitant. Le Renard le regarde partir, le torse bombé par la fierté et la respiration rapide, sourire plein de ses dents aiguisées. Il se retourne.

La Louve : « Comment avez-vous su … ? »
Le Renard : « Su que ? Quoi ? »
La Louve : « Que je ne voulais pas de lui. »
Le Renard : « Oh, ça. Je n’en savais rien. »


Il hausse les sourcils. Elle se fige un instant, puis rabat ses paupières avec un léger sourire sur le museau. Détendue, amusée, sortie peu à peu de ses craintes et appréhensions, elle avance, et tous deux quittent la scène.
Le désert souillé par le sang reste ainsi sous vos yeux, sans que rien ne se passe. Enfin, le soleil aspire dans sa chute les derniers rayons qui se faufilaient encore dans le décor, fuyant à leur tour derrière l’horizon, dans un jeu d’ombre et de lumière féérique, jusqu’à ce que soudainement la nuit s’abatte et ne laisse que le noir.
Silence.
Un oiseau siffle.
Le rideau tombe.
Jackham
Jackham


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Message  Jackham Jeu 01 Avr 2010, 23:37

Puis se relève. Il fait grand jour. Du sable blanc, fin, chaud. L’eau bleue, le clapotis rythmé de l’océan. Trônant sur l’écume, reliée à la plage par un petit chemin de sable : une presqu’île. Elle est représentée ici par un monticule de sable frappé en son centre d’un palmier aux larges feuilles et aux belles noix de coco.
Le Renard et la Louve. Il est encore tâché de la veille. Ils avancent jusque sur la presqu’île terminant une autre de leurs multiples conversations aux sujets divers.
Elle soupire.


La Louve : « Aaaaah… Je-suis-épuisée. Je vais mmh… »

Elle bâille et s’étire, puis s’allonge sur le sable.

La Louve : « hmmmdormirmh… »

Il cligne des yeux, hausse les épaules, puis pendant qu’elle dort, va nager pour nettoyer son pelage en sang.
Le sang séché se liquéfie dans l’eau salée, s’y mêlant, puis y disparaissant. Il se baigne, semblant aimer l’eau. La scène est un peu longue, vous voyez la Louve dormir, le Renard qui se baigne, et n’entendez rien d’autre que le bruit de l’eau remuée par ses brasses. Enfin il retourne sur le sable et s’endort lui aussi, à quelques mètres de son invitée, avec pour couverture le soleil qui sèche sa fourrure agréablement trempée. La lumière baisse doucement jusqu’à disparaître.
Tout est noir.


La Louve : « RENARD ! AU SECOURS !! »
Le Renard : « Gnnn ! Qu’est-c’qu’il y a qu’est-ce qui vous prend ??! »
La Louve : « Mais enfin… »


La lumière revient. La nuit est passée et le chemin de sable est mort. La presqu’île est désormais une île, et ils y sont coincés.

La Louve : « Voyez ! Nous sommes perdus ! »
Le Renard : « Perdus ? »
La Louve : « Perdus ! Je n’sais pas nager !! »
Le Renard : « Moi non plus. »
La Louve : « Ooooh mais que va-t-on faire… »

Il la regarde paniquer et s’en approche.

Le Renard : « Louve… »
La Louve : « Quoi ? »
Le Renard : « Cela n’a pas d’importance. »
La Louve : « Comment ça ? »
Le Renard : « Même si j’étais le plus grand nageur de toutes les mers et que je pouvais m’enfuir là, maintenant, sans le moindre courage… Je préfèrerais rester ici, avec vous seule. »


Elle reste bouche-bée, et, après un instant marqué par le silence, ils vont dans les bras l’un de l’autre tandis que le rideau se baisse à jamais. Et là, la musique prend. Des notes gaies, captivantes. Le ménestrel est assis sur un tonneau, jambes croisées, un sourire au bec et les yeux fermés.

Oh soyez sans crainte. Ils ne resteront pas là toute leur vie… Non. D’un amour impossible, ils auront un enfant. La magie de l’amour portera son fruit ; l’enfant né d’une liaison entre deux êtres qui n’avaient rien pour se connaître et encore moins pour s’aimer.
La suite du conte veut que la progéniture soit un loup aussi beau que sa mère et rusé comme son père ; Mais il en est de toutes versions. Toujours est-il messieurs dames que le bougre de Renard aura finalement dévoilé ses talents de nageur, les aura appris à sa douce et son petit, et ensuite, ils auront voyagé d’îles en mers et de terres en terres.
Alors que vous soyez ! Amoureux comblé ! Désespéré solitaire ! Va-nus-pieds pour pas cher ! Ne soyez pas fatalistes. Car l’on a beau s’attendre à TOUT…. La vie nous réserve TOUJOURS des surprises.

Et brusquement, tout cesse.
La parole.
Le chant.
La musique.
La magie.
Tout.
Vous vous levez et face à vous la scène est vide et très austère. Les bancs sont vides et en bois sombre. Tristes. Basiques. Ternes.
Les artistes n’ont laissé aucune trace d’eux.
Vous vous rasseyez, et rien ne se produit. Alors vous partez, et dans votre tête, les souvenirs seront à l’image de ce que vous venez de voir.


Un rêve.
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Jackham
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