Un adieu.

Un horizon azuré, le ciel bleu frappé d'un fier astre solaire, un vent doux et tiède provenant des Mers le plus au sud de Kalimdor...
Au milieu de cette vaste étendue turquoise se profile une silhouette intrigante. Un navire, un navire hurlant ses gras éclats de rire, chantant de paillardes et engageantes chansonnettes de marin. L'équipage habitant ce merveilleux outil de navigation était à son comble. Un Crâne en or massif tout droit ramené d'une caverne maudite au bout du monde. Après avoir traversé une tempête et échappé à l'écroulement de cette même caverne, il pouvait en effet se permettre quelque festivité....

-Dites les gars, vous trouvez pas l'Cap' un peu bizarre ces derniers temps ..? la jeune femme venant de poser cette question ne conservait qu'un demi-sourire.
-Pas faux Kanj'.. On a même pas eu l'temps de l'voir sur l'pont une fois r'partis. Répondit un des deux matelots qui accompagnaient Kanjha à ce moment-là.
Alors que la mine des trois gaillards s'assombrissaient, le rire gras d'un nain accompagnant le chant scabreux de son frère de race leur fit reprendre leur sourires.

...


Si l'ambiance était à son paroxysme sur le pont, elle était bien sobre et pesante dans les entrailles du navire. En effet, derrière la mystérieuse porte de la cabine du Capitaine, aucun son ne sortait. Dormait-il ? Etait-il mort ? Non, il était installé dans son grand fauteuil en velours pourpre, à son bureau. Les jambes croisées sous ce dernier, le coude posé sur l'accoudoir et le museau posé au creux de sa main, ses yeux verts, dont l'éclat illuminait le voile sombre qui ternissait la pièce, fixaient l'horizon à travers les belles vitres qui ornaient les murs de sa cabine.

Ce soir rien ne pouvait alerter l'attention des pirates. Quelques hommes sur le pont à balayer les restes de la fête de la veille, un aux commandes de la barre, le reste avachit sur les hamacs rudimentaires qui décoraient les cales humides. Bref, rien de très anormal.
Le matelot posté en vigie n'annonçait que quelques houles relativement calmes, quelques caisses flottants mais ne contenant rarement plus que des outils d'ingénieurs et/ou des vêtements.

Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour l'équipage, malgré l'absence dérangeante du Capitaine qui restait enfermé dans sa cabine, amer.

Puis un cri provenant de la vigie mit tout le monde en alerte. Les vents qui, étrangement, se croisaient de telles sortes que le navire ne puisse plus avancer ou tourner. Le ciel qui, jusqu'à maintenant était bleu et parsemé de quelques fins nuages, se vit prendre un teint sombre, d'épais nuages noir relâchant sur le navire -car il était bien difficile de voir quelques choses à plus de 15 mètres alentour- une pluie battante et fraîche. Face au navire, à la surface de l'eau, se dessinait un tourbillon, creusant peu à peu l'Océan pour former une crevasse marine peu rassurante...

"MAELSTROM !!" hurlait la vigie, persuadé d'être pris au piège de cet infernal tourbillon. Non, c'était impossible, le navire était encore trop au sud, et puis, il n'était pas prévu de se rendre au large de la Grande Mer. Intrigués quoiqu'assez effrayés pour la plupart, le changement de climat n'arrangeant rien à cette présence qui se faisait de plus en plus oppressante, les matelots se hâtaient de lever les voiles, respectant à la lettre les ordres donnés par les Maître de bord et le "second" Olcan, qui quant à lui semblait s'être attendu à cet évènement.

A défaut d'aboyer ses ordres, le Capitaine s'était rendu en silence sur le pont. Les yeux rivés sur la proue, avançant presque naturellement malgré la houle, la pluie et les vents vers l'avant du navire. Pendant ce temps, le Maelstrom ne fit que s'accroître, des grondements et des sifflements en sortaient. Puis un cri. Strident, infernal, perçant, tout ce qui qualifie le cri d'un Naga.

Et en effet, un immense Naga jaillit du Maelstrom , accompagné d'un geyser démesuré qui ne manqua pas d'éclabousser l'avant du navire auquel il faisait face, avec un air de défi. L'équipage restait bouche-bée, les yeux grands ouverts. Seuls Olcan et Jackham ne montraient d'émotion particulière. Jackham, d'ailleurs, s'avançait toujours vers la proue, fixant le Naga qui se tenait la, menaçant comme la Mort lorsqu'elle vous souffle l'ultime sentence.

Jaaaaaaaackhammmmmmmmmmmmm ! siffla le monstre. Tuuu m'as... Trahiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Tuu m'as... Dupé !! un grondement sourd retentit haut dans les nuages noir. Troooop longteeeemps j'ai sssssssssssssouffert !! Tu dois ppppayer taaa... Dette !! il poussa un cri terrifiant, les matelots voulant se hâter d'allumer les canons de proue.. Calmés rapidement par les Maîtres de bord qui déconseillaient tout mouvement, préférant laisser le Capitaine faire.

D'ailleurs, à ce même moment, jaillit des cales tel un lapin de son terrier un marin vêtu de haillons, la peau pâle et frissonnante, les yeux presque vitreux, la barbe et les cheveux blancs et raides à cause de la pluie et du temps qui passe ..

Capitaiiiine !... prononça-t-il dans un souffle. Il se faufila entre les quelques matelots qui s'étaient réunis à l'avant du navire. Il tomba , et s'avançait à quatre pattes vers son Capitaine, qui avait tourné la tête vers lui.

Capitaine... Il est enfin arrivé, c'est enfin le jour.. il cracha une sorte de bile bien peu ragoûtante, puis se redresse, s'appuyant sur Jackham.
[/i]
Capitaine, allons-y ! C'est enfin arrivéééééééééééé !... [i]dans un ultime souffle, le vieux marin maudit et usé par le temps tenta de sa poigne tout de même forte d'entraîner avec lui le Capitaine à l'eau, un sourire mal-saint aux lèvres. Jackham prit conscience et repoussa le marin, avant de le jeter à l'eau, d'un coup de pied sur le torse. Accompagné d'un rire dément, le pauvre homme disparut dans la houle, absorbé par les abysses. Le Naga n'eut pas le temps de crier que Jackham reprit du poil de la bête...

Rurrgaz ! Soyons d'honnêtes hommes... et Naga ! C'est ce sacripan qui lanca toute cette histoire, je n'ai fais que suivre aveuglément ses ordres, je te l'ai rendu, tu es remboursé ! il hurlait ces étranges paroles, l'équipage n'y comprenant rien. Le Naga si, en revanche..
[/i]
JACKHAAMMMMM !! TU T'ES JOUE DE MOIII UNE FOIIIIS ! ET ÇA N'ARRIVERAAA PPPLUUUUUS !! TU DOIS PPPAYER TAAA ... DETTE !!
[i]Il ponctua ses dires d'un souffle de feu puissant, qui devêtit partiellement son adversaire.

Son masque, éternel voile cachant son visage, se vit arraché de son propriétaire à cause du feu.. Olcan saisit le bout de tissu noir qui vire-voletait proche de lui. Olcan, qui depuis le début ne disait rien, ses yeux cachés par l'ombre de son grand chapeau noir.

Jackham avait le visage vaguement caché par ses cheveux qui volaient au gré des vents furieux. Il restait planté là, face au Naga, face à son destin. Bien que sachant que c'était peine perdue, il dégaina sa rapière et son sabre, se mit en position de combat, et malgré les exclamations des marins qui ne désiraient pas voir leur capitaine s'éteindre sous leur yeux, il fonca. Le Beaupré fut arraché par l'apparition et le souffle brûlant du Naga. Jackham couru donc jusqu'au bout de la proue, les armes fermement empoignées, et se jeta sur le Naga, de hautes vagues l'engloutissant dans son ultime élan.

Fin