"Toujours si bien accueillie..."
Page 1 sur 1
"Toujours si bien accueillie..."
Le crépuscule auréolait Hurlevent d’une couronne d’or et de nacre tandis que la rumeur de la ville faiblissait doucement. C’était la fin d’une journée pour les habitants, mais la fin d’un voyage pour la jeune fille qui poussa un long soupir d’aise une fois descendue du griffon. Son sac toujours perché sur l’épaule, un sourire radieux sur les lèvres, la jeune Elraan s’avança dans les rues de la cité, l’esprit encore tourné vers tout ce qu’elle avait vu durant ces derniers jours.
Kalimdor sonnait désormais comme une promesse de liberté murmurée par le vent, une terre sauvage, sans limites et sans entraves. Elle avait trouvé la liberté dont elle rêvait tant entre les dunes de Tanaris, escaladé les plus hautes mesas des Mille Pointes et goûté au calme parfumé de Féralas.
Ce voyage lui était toujours apparu comme une décision bénéfique mais elle ne s’était pas attendue à ce que ses espérances soient aussi aisément dépassées. Elle se sentait revigorée malgré le peu qu’elle avait mangé ces derniers jours et sereine après avoir si chèrement défendu sa vie contre bêtes sauvages et hommes du désert. C’était indéniable, ce voyage l’avait grandie.
Préférant éviter la foule des grands axes de la ville, elle obliqua sur une allée discrète où un mendiant se laissait choir misérablement contre une bâtisse grise. Asélryn attrapa la bourse dont le contenu avait été obtenu de manière… la plus honorable, et jeta deux pièces à l’homme qui bredouilla des bénédictions diverses sur elle et sa descendance, lui rappelant d’étranges sectateurs auxquels elle avait eu affaire par le passé, vénérant un chat roux du nom de Rex. Hurlevent comptait son lot de dérangés après tout… Arrivant au bout de la ruelle, un homme s’approcha, un large bouquet de fleurs bigarrées à la main.
« - Quoi de plus idéal qu’un bouquet aussi vivement coloré pour une fleur d’une aussi rare beauté ? Laissez-vous donc tenter demoiselle ! »
Asélryn esquissa un sourire, amusée par le marchand surgi de nulle part, mais elle comprit rapidement l’état des choses en décelant des bruits de pas derrière elle. Quelle déception. Lâchant son sac, elle se vit rapidement encerclée par plusieurs hommes dissimulés dans l’allée. Elle pouvait sentir l’alcool de mauvaise facture dans leurs haleines d’où elle se trouvait et il lui fut impossible de dire si le haut-le-cœur qu’elle éprouva était dû à cette odeur ou aux soudards en eux-mêmes.
Eméchés à ce point alors que la soirée ne fait que commencer… il va falloir leur apprendre à danser ?
« - L’heure de la cueillette est venue ! » lâcha l’homme qui lui avait proposé le bouquet quelques secondes plus tôt.
Plusieurs rires l’accompagnèrent tandis qu’Asélryn comptait consciencieusement ses opposants. Le mendiant croisé un peu plus tôt était parmi eux. Ils étaient sept, dont un encore dissimulé dans la pénombre, armés de couteaux ou de rapières émoussées. Il était évident qu’aucun d’eux n’était un guerrier accompli, juste des ivrognes qui projetaient de l’effrayer puis de s’amuser un peu avec elle.
Elle croisa ses doigts et les étira à la façon d’une pianiste, prenant une mine profondément lassée.
« - On peut gagner du temps vous savez. Il suffit que vous…
- On peut gagner beaucoup de temps si tu nous laisses faire, oui. Tu vas voir, ça va pas être si déplaisant que ça !
- Je rêve… »
Face à ce genre de brutes, pas question d’utiliser les lames de l’Asylum. De toute manière, les sortir du sac laisserait une ouverture à ses adversaires, qui la dépassaient tous clairement sur le plan physique. Elle n’était pas aussi armée qu’à l’accoutumée, seulement un poignard dans la botte droite et un autre à la ceinture, n’ayant pas eu le temps de se reposer quelque part après son voyage.
C’était suffisant.
« - Allez, amène-toi, j’vais te montrer c’que… »
La phrase de l’homme se mua en un grognement douloureux. Ayant posé sa main sur l’épaule d’Asélryn, celle-ci avait glissé avant qu’il ne resserre sa prise avant de lui saisir le poignet et enchaîner sur un brutal coup de coude sous le menton. Il recula de quelques pas, la bouche en sang après s’être mordu la langue, puis tous fondirent sur elle.
L’un d’eux devança ses collègues et fut le premier à porter un coup de poignard à la jeune fille, qui ondula, suivant la continuité du geste. La lame l’avait frôlée mais elle ne semblait pas s’en soucier. Sa paume ouverte frappa violemment la gorge de son assaillant, lui arrachant un gargouillis désarticulé, puis s’agenouilla pour frapper à nouveau, au niveau de la rotule. Un coup circulaire qui brisa les cartilages et désolidarisa l’os en question du reste de la jambe. L’homme hurla tandis qu’Asélryn pivotait en se relevant et que son pied venait heurter son sternum, l’envoyant au tapis.
L’éclat d’une lame jaillit et traça soudain une courbe lumineuse autour de la Gamine et stoppa la charge des soudards. Elle avait dégainé.
Un ivrogne leva son arme et se jeta alors sur elle mais sa frappe fut déviée par le poignard d’Asélryn, cette dernière pivotant soudain sur elle-même pour esquiver un assaut venu de derrière. La riposte fut immédiate et l’homme qui avait déjà reçu un coup de coude à la mâchoire en encaissa un nouveau dans les côtes, suivi par un fauchage derrière les genoux. L’homme se retrouva agenouillé et avant même de pouvoir assimiler autre chose, le pied de la Gamine rabattit violemment sa tête contre le sol, l’assommant sur le coup.
Deux hommes se placèrent alors à sa droite et à sa gauche avant de frapper ensemble, visant à lui couper toute échappatoire. Sa seule solution était donc la parade mais, munie d’une seule arme, elle n’avait pas une chance.
Ils crurent d’abord que cette bonne vieille bibine leur avait un peu trop tapé sur le crâne lorsque la fille tourna sur elle-même, ondulant au rythme des lames, insaisissable et gracieuse. Le poignard fusa et s’enfonça de trois centimètres dans l’abdomen d’un des hommes. Ce dernier regarda l’arme à peine plantée avec stupéfaction tandis qu’Asélryn la lâchait pour saisir à deux mains le poignet de l’autre assaillant qui allait s’abattre sur elle. Il n’eut pas le temps de la retirer que le talon de la Gamine vint l’enfoncer dans sa chair jusqu’à la garde.
Tandis qu’il s’effondrait, son collègue venait de se faire bloquer la main armée, mais son autre était bien libre contrairement à cette furie. Il parvint à la saisir à la gorge et vint la plaquer contre le mur le plus proche, la tenant au-dessus du sol. Battre des jambes dans le vide ne l’aiderait en rien, elle était piégée. Elle avait tué un de ses camarades et envoyé deux autres au tapis mais maintenant, elle était désarmée et incapable de rivaliser avec lui sur le plan de la force brute. Un sourire se dessina sur son visage. Il allait prendre son temps avec elle.
Soudain, elle cessa de se débattre. Plus étrange, elle s’agrippa au poignet qui la maintenait au-dessus du sol.
Puis, dans un mouvement sec, elle hissa ses jambes pliées à la hauteur des épaules de son agresseur et lui envoya ses deux pieds au visage. L’homme lâcha prise en reculant avec un grognement tandis qu’Asélryn chutait lourdement et que son crâne heurtait le mur derrière elle.
C’est pas le moment de se laisser aller…
Secouant un peu la tête pour reprendre ses esprits, elle tira son dernier poignard à sa botte alors que les trois hommes restants, sans compter celui encore tapi dans l’ombre, formaient un demi-cercle devant elle. Asélryn envisagea de s’enfuir en escaladant le mur dans son dos mais elle n’avait repéré aucune prise à sa portée et regarder cela maintenant lui coûterait cher.
Une rapière luit, un coup d’estoc.
Elle se mouvait avec une fluidité étonnante et des gestes lents en apparence mais d’une précision parfaite. L’assaut fut esquivé sans difficulté, une frappe du plat de la main dans le creux du coude et Asélryn affecta tout le réseau nerveux du bras, qui lâcha l’épée. Puis le manche du poignard attaqua à son tour, à la tempe, pour désorienter le soudard.
Elle n’eut plus qu’à l’entraîner vers le mur pour que le choc de son crâne résonne contre la pierre.
Et de quatre !
La jeune fille pivota sur elle-même pour refaire face aux deux hommes restants qui semblaient hésiter. La main tenant le poignard était tendue vers eux, toujours animée d’un mouvement léger.
Elle fit alors un pas, mais alors qu’ils s’attendaient à la voir approcher, l’illusion s’en mêla et la Gamine disparut. Ils ne remarquèrent sa présence dans leur dos que lorsqu’elle passa à l’action.
Une frappe du pommeau au niveau de la douzième vertèbre, douloureux. Se baisser pour esquiver le revers du coude, frappe au foie, la douleur doit devenir insupportable. Parade de l’assaut du second homme, glisse sous sa garde, attrape son oreille gauche et la tord, il hurle. Puis le talon remonte jusqu’à son entrejambe, causant de sérieux dégâts et lui arrachant un mélange de cri et de gémissement. Alors qu’il s’effondre, retour vers le premier, ondule autour de lui, se glisse dans son dos puis lui enfonce le poignard dans le flanc sans même lui accorder un regard. Jette l’arme ensanglantée dans les airs, bondit et abat les poings joints sur le crâne du soudard, ce qui finit de l’envoyer au tapis. Le poignard retombe…
Asélryn attrapa son arme au vol et souffla un bon coup. Seule debout au milieu du groupe d’ivrognes antipathiques, tous à terre, elle offrait un spectacle bien étrange. Un cadavre et cinq blessés. L’un d’entre eux n’aurait cependant pas du mourir, elle manquait encore d’entraînement. Elle s’approcha alors du dernier homme encore caché, nonchalante. Il se croyait invisible mais il était presque aussi visible qu’en plein jour pour elle. Une pensée étrange lui vint à l’esprit.
Est-ce qu’Aya’ me voyait aussi facilement que ça avant ?
La Gamine se planta devant le « furtif » et le fixa longuement pour le convaincre qu’elle le voyait clairement. Son regard s’intensifia et on aurait sans doute pu y déceler une trace de folie tandis qu’elle portait son poignard à sa bouche et léchait le sang qui le souillait. C’en était trop.
Abandonnant son camouflage, le dernier homme prit ses jambes à son coup. Asélryn attendit qu’il soit hors de vue pour vite cracher le sang du soudard. Vu son étanchéité à l’alcool, il y avait probablement là-dedans de quoi la soûler, sans compter le dégoût qu’elle éprouvait à avoir le sang d’un autre dans la bouche (non pas qu’y avoir le sien lui plût…). Le petit jeu de la cinglée sanguinaire était d’une efficacité frappante.
Le poignard revint dans sa botte après nettoyage, tout comme celui laissé dans le corps inanimé du plus infortuné des ivrognes. Au moins, les survivants n’étaient pas prêts de retenter de s’amuser avec une jeune fille dans la rue. Ramassant son sac et l’époussetant un peu, Asélryn quitta la ruelle d’un pas léger.
Tout comme sur Kalimdor, Hurlevent était peuplée de proies et de prédateurs. Si ici une « simple » gamine pouvait s’élever haut dans une sorte de chaîne alimentaire, elle pouvait aussi avoir affaire à bien plus féroce qu’elle. En y songeant, les avertissements de Vastrosse refirent surface dans sa mémoire. Elle était sensée être tranquille pour l’instant mais même lui pouvait se tromper et elle ne pouvait être trop prudente quand un prédateur de ce gabarit la pourchassait.
Regarde où tu marches ma grande… Regarde où tu marches.
Kalimdor sonnait désormais comme une promesse de liberté murmurée par le vent, une terre sauvage, sans limites et sans entraves. Elle avait trouvé la liberté dont elle rêvait tant entre les dunes de Tanaris, escaladé les plus hautes mesas des Mille Pointes et goûté au calme parfumé de Féralas.
Ce voyage lui était toujours apparu comme une décision bénéfique mais elle ne s’était pas attendue à ce que ses espérances soient aussi aisément dépassées. Elle se sentait revigorée malgré le peu qu’elle avait mangé ces derniers jours et sereine après avoir si chèrement défendu sa vie contre bêtes sauvages et hommes du désert. C’était indéniable, ce voyage l’avait grandie.
Préférant éviter la foule des grands axes de la ville, elle obliqua sur une allée discrète où un mendiant se laissait choir misérablement contre une bâtisse grise. Asélryn attrapa la bourse dont le contenu avait été obtenu de manière… la plus honorable, et jeta deux pièces à l’homme qui bredouilla des bénédictions diverses sur elle et sa descendance, lui rappelant d’étranges sectateurs auxquels elle avait eu affaire par le passé, vénérant un chat roux du nom de Rex. Hurlevent comptait son lot de dérangés après tout… Arrivant au bout de la ruelle, un homme s’approcha, un large bouquet de fleurs bigarrées à la main.
« - Quoi de plus idéal qu’un bouquet aussi vivement coloré pour une fleur d’une aussi rare beauté ? Laissez-vous donc tenter demoiselle ! »
Asélryn esquissa un sourire, amusée par le marchand surgi de nulle part, mais elle comprit rapidement l’état des choses en décelant des bruits de pas derrière elle. Quelle déception. Lâchant son sac, elle se vit rapidement encerclée par plusieurs hommes dissimulés dans l’allée. Elle pouvait sentir l’alcool de mauvaise facture dans leurs haleines d’où elle se trouvait et il lui fut impossible de dire si le haut-le-cœur qu’elle éprouva était dû à cette odeur ou aux soudards en eux-mêmes.
Eméchés à ce point alors que la soirée ne fait que commencer… il va falloir leur apprendre à danser ?
« - L’heure de la cueillette est venue ! » lâcha l’homme qui lui avait proposé le bouquet quelques secondes plus tôt.
Plusieurs rires l’accompagnèrent tandis qu’Asélryn comptait consciencieusement ses opposants. Le mendiant croisé un peu plus tôt était parmi eux. Ils étaient sept, dont un encore dissimulé dans la pénombre, armés de couteaux ou de rapières émoussées. Il était évident qu’aucun d’eux n’était un guerrier accompli, juste des ivrognes qui projetaient de l’effrayer puis de s’amuser un peu avec elle.
Elle croisa ses doigts et les étira à la façon d’une pianiste, prenant une mine profondément lassée.
« - On peut gagner du temps vous savez. Il suffit que vous…
- On peut gagner beaucoup de temps si tu nous laisses faire, oui. Tu vas voir, ça va pas être si déplaisant que ça !
- Je rêve… »
Face à ce genre de brutes, pas question d’utiliser les lames de l’Asylum. De toute manière, les sortir du sac laisserait une ouverture à ses adversaires, qui la dépassaient tous clairement sur le plan physique. Elle n’était pas aussi armée qu’à l’accoutumée, seulement un poignard dans la botte droite et un autre à la ceinture, n’ayant pas eu le temps de se reposer quelque part après son voyage.
C’était suffisant.
« - Allez, amène-toi, j’vais te montrer c’que… »
La phrase de l’homme se mua en un grognement douloureux. Ayant posé sa main sur l’épaule d’Asélryn, celle-ci avait glissé avant qu’il ne resserre sa prise avant de lui saisir le poignet et enchaîner sur un brutal coup de coude sous le menton. Il recula de quelques pas, la bouche en sang après s’être mordu la langue, puis tous fondirent sur elle.
L’un d’eux devança ses collègues et fut le premier à porter un coup de poignard à la jeune fille, qui ondula, suivant la continuité du geste. La lame l’avait frôlée mais elle ne semblait pas s’en soucier. Sa paume ouverte frappa violemment la gorge de son assaillant, lui arrachant un gargouillis désarticulé, puis s’agenouilla pour frapper à nouveau, au niveau de la rotule. Un coup circulaire qui brisa les cartilages et désolidarisa l’os en question du reste de la jambe. L’homme hurla tandis qu’Asélryn pivotait en se relevant et que son pied venait heurter son sternum, l’envoyant au tapis.
L’éclat d’une lame jaillit et traça soudain une courbe lumineuse autour de la Gamine et stoppa la charge des soudards. Elle avait dégainé.
Un ivrogne leva son arme et se jeta alors sur elle mais sa frappe fut déviée par le poignard d’Asélryn, cette dernière pivotant soudain sur elle-même pour esquiver un assaut venu de derrière. La riposte fut immédiate et l’homme qui avait déjà reçu un coup de coude à la mâchoire en encaissa un nouveau dans les côtes, suivi par un fauchage derrière les genoux. L’homme se retrouva agenouillé et avant même de pouvoir assimiler autre chose, le pied de la Gamine rabattit violemment sa tête contre le sol, l’assommant sur le coup.
Deux hommes se placèrent alors à sa droite et à sa gauche avant de frapper ensemble, visant à lui couper toute échappatoire. Sa seule solution était donc la parade mais, munie d’une seule arme, elle n’avait pas une chance.
Ils crurent d’abord que cette bonne vieille bibine leur avait un peu trop tapé sur le crâne lorsque la fille tourna sur elle-même, ondulant au rythme des lames, insaisissable et gracieuse. Le poignard fusa et s’enfonça de trois centimètres dans l’abdomen d’un des hommes. Ce dernier regarda l’arme à peine plantée avec stupéfaction tandis qu’Asélryn la lâchait pour saisir à deux mains le poignet de l’autre assaillant qui allait s’abattre sur elle. Il n’eut pas le temps de la retirer que le talon de la Gamine vint l’enfoncer dans sa chair jusqu’à la garde.
Tandis qu’il s’effondrait, son collègue venait de se faire bloquer la main armée, mais son autre était bien libre contrairement à cette furie. Il parvint à la saisir à la gorge et vint la plaquer contre le mur le plus proche, la tenant au-dessus du sol. Battre des jambes dans le vide ne l’aiderait en rien, elle était piégée. Elle avait tué un de ses camarades et envoyé deux autres au tapis mais maintenant, elle était désarmée et incapable de rivaliser avec lui sur le plan de la force brute. Un sourire se dessina sur son visage. Il allait prendre son temps avec elle.
Soudain, elle cessa de se débattre. Plus étrange, elle s’agrippa au poignet qui la maintenait au-dessus du sol.
Puis, dans un mouvement sec, elle hissa ses jambes pliées à la hauteur des épaules de son agresseur et lui envoya ses deux pieds au visage. L’homme lâcha prise en reculant avec un grognement tandis qu’Asélryn chutait lourdement et que son crâne heurtait le mur derrière elle.
C’est pas le moment de se laisser aller…
Secouant un peu la tête pour reprendre ses esprits, elle tira son dernier poignard à sa botte alors que les trois hommes restants, sans compter celui encore tapi dans l’ombre, formaient un demi-cercle devant elle. Asélryn envisagea de s’enfuir en escaladant le mur dans son dos mais elle n’avait repéré aucune prise à sa portée et regarder cela maintenant lui coûterait cher.
Une rapière luit, un coup d’estoc.
Elle se mouvait avec une fluidité étonnante et des gestes lents en apparence mais d’une précision parfaite. L’assaut fut esquivé sans difficulté, une frappe du plat de la main dans le creux du coude et Asélryn affecta tout le réseau nerveux du bras, qui lâcha l’épée. Puis le manche du poignard attaqua à son tour, à la tempe, pour désorienter le soudard.
Elle n’eut plus qu’à l’entraîner vers le mur pour que le choc de son crâne résonne contre la pierre.
Et de quatre !
La jeune fille pivota sur elle-même pour refaire face aux deux hommes restants qui semblaient hésiter. La main tenant le poignard était tendue vers eux, toujours animée d’un mouvement léger.
Elle fit alors un pas, mais alors qu’ils s’attendaient à la voir approcher, l’illusion s’en mêla et la Gamine disparut. Ils ne remarquèrent sa présence dans leur dos que lorsqu’elle passa à l’action.
Une frappe du pommeau au niveau de la douzième vertèbre, douloureux. Se baisser pour esquiver le revers du coude, frappe au foie, la douleur doit devenir insupportable. Parade de l’assaut du second homme, glisse sous sa garde, attrape son oreille gauche et la tord, il hurle. Puis le talon remonte jusqu’à son entrejambe, causant de sérieux dégâts et lui arrachant un mélange de cri et de gémissement. Alors qu’il s’effondre, retour vers le premier, ondule autour de lui, se glisse dans son dos puis lui enfonce le poignard dans le flanc sans même lui accorder un regard. Jette l’arme ensanglantée dans les airs, bondit et abat les poings joints sur le crâne du soudard, ce qui finit de l’envoyer au tapis. Le poignard retombe…
Asélryn attrapa son arme au vol et souffla un bon coup. Seule debout au milieu du groupe d’ivrognes antipathiques, tous à terre, elle offrait un spectacle bien étrange. Un cadavre et cinq blessés. L’un d’entre eux n’aurait cependant pas du mourir, elle manquait encore d’entraînement. Elle s’approcha alors du dernier homme encore caché, nonchalante. Il se croyait invisible mais il était presque aussi visible qu’en plein jour pour elle. Une pensée étrange lui vint à l’esprit.
Est-ce qu’Aya’ me voyait aussi facilement que ça avant ?
La Gamine se planta devant le « furtif » et le fixa longuement pour le convaincre qu’elle le voyait clairement. Son regard s’intensifia et on aurait sans doute pu y déceler une trace de folie tandis qu’elle portait son poignard à sa bouche et léchait le sang qui le souillait. C’en était trop.
Abandonnant son camouflage, le dernier homme prit ses jambes à son coup. Asélryn attendit qu’il soit hors de vue pour vite cracher le sang du soudard. Vu son étanchéité à l’alcool, il y avait probablement là-dedans de quoi la soûler, sans compter le dégoût qu’elle éprouvait à avoir le sang d’un autre dans la bouche (non pas qu’y avoir le sien lui plût…). Le petit jeu de la cinglée sanguinaire était d’une efficacité frappante.
Le poignard revint dans sa botte après nettoyage, tout comme celui laissé dans le corps inanimé du plus infortuné des ivrognes. Au moins, les survivants n’étaient pas prêts de retenter de s’amuser avec une jeune fille dans la rue. Ramassant son sac et l’époussetant un peu, Asélryn quitta la ruelle d’un pas léger.
Tout comme sur Kalimdor, Hurlevent était peuplée de proies et de prédateurs. Si ici une « simple » gamine pouvait s’élever haut dans une sorte de chaîne alimentaire, elle pouvait aussi avoir affaire à bien plus féroce qu’elle. En y songeant, les avertissements de Vastrosse refirent surface dans sa mémoire. Elle était sensée être tranquille pour l’instant mais même lui pouvait se tromper et elle ne pouvait être trop prudente quand un prédateur de ce gabarit la pourchassait.
Regarde où tu marches ma grande… Regarde où tu marches.
Asélryn / Towann
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum