Journal d'une prisonnière [Ophycia]
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Journal d'une prisonnière [Ophycia]
Les pages qui suivent sont le contenu d'un carnet tout de cuir relié que possède Ophycia. Le papier en est usé, jauni, mais la reliure est comme neuve, refaite avec le plus grand soin.
Les premières pages sont couvertes d'une écriture en patte de mouche, faute de place, au trait fin, sévère, et serré. On ne trouve l'écriture d'Ophycia, plus ronde et aérée, que plus loin dans le carnet. Quand on le retourne, pour commencer par la fin donc, on découvre de longues séries de lignes d'écriture, d'une même lettre répétée des dizaines de fois, dessinée d'une main naïve, presque enfantine, en apprentissage.
Les premières pages sont couvertes d'une écriture en patte de mouche, faute de place, au trait fin, sévère, et serré. On ne trouve l'écriture d'Ophycia, plus ronde et aérée, que plus loin dans le carnet. Quand on le retourne, pour commencer par la fin donc, on découvre de longues séries de lignes d'écriture, d'une même lettre répétée des dizaines de fois, dessinée d'une main naïve, presque enfantine, en apprentissage.
« Je vais mourir. Ça peut paraitre quelque peu théâtral comme entrée en matière, mais je ne vois pas comment le dire autrement. Ce n'est pas comme si j'étais atteinte d'une maladie incurable qui pourrait m'emporter à tout moment. Au moins ai-je la "chance" d'avoir une date, moi. Un mois. Dans un mois, je serai exécutée. Je crois que j'ai déjà oublié pourquoi, depuis le temps que je suis là...
Je ne lui ai pas encore dit, elle dormait quand le gardien est venu me l'annoncer, je n'allais certainement pas interrompre son sommeil avec si terrible nouvelle. Elle est si jolie quand elle dort ainsi à poings fermés. Je ne sais comment elle fait, dans cet environnement... Moi-même ne m'y suis toujours pas habituée. Elle se réveille à peine alors que j'écris ces lignes, sur ce carnet demandé comme dernière volonté. Elle s'étire comme un chat, et viendra bientôt se blottir contre moi, me demandant sûrement ce que je suis en train de faire. Ah, si seulement je l'avais eue plus tôt, dans un autre endroit que celui-là...
Mais je n'écris pas pour éponger mes regrets, je ne suis même pas sûre de savoir encore ce que signifie ce mot, à un mois de mourir. Non, la raison en est bien plus égoïste encore. J'écris pour que l'on ne m'oublie pas, pour qu'elle ne m'oublie pas. Qu'elle sorte d'ici avec des souvenirs de moi, et qu'elle les transmette au monde. Ou qu'elle les garde rien que pour elle, je m'en fous au fond. C'est peut-être même mieux.
Là, voila, elle est sur mes genoux et me regarde écrire, sans en comprendre un traitre mot. Encore faudrait-il qu'elle parvienne à me relire, si toutefois elle savait lire. Je lui apprendrai, autant que faire se peut en un mois de temps, je me le suis promis. Le nécessaire d'écriture, c'est aussi pour elle, un peu.
Égoïste et fière, moi ? Sans doute, jusqu'au bout. C'est pour cela que je suis là après tout. Préceptrice infortunée d'un jeune nobliau dépourvu d'intérêt, mais pas d'argent, je l'ai voulu lui, ainsi que son père, d'où il le détenait. J'ai obtenu les deux, mais c'est la mère qui m'a possédée, et qui en a tiré tous les bénéfices, tandis que je finissais au trou. Sans doute a-t-elle fini par se lasser de tirer les ficelles, aussi longues soient-elles, pour préférer m'envoyer à la corde. Elle ne manquera pas de venir me voir me balancer, j'espère avoir l'occasion de lui dire que je lui garde une place au chaud à mes côtés.
Il parait que j'ai une tête qui fait peur, et ça n'a pas l'air de lui plaire. Aussi vais-je reposer la plume pour aujourd'hui, c'est à son tour maintenant. J'aime à voir son sourire ravi, alors que je viens de lui dire que je lui apprendrais. Je ne lui ai pas encore dit... que nous n'avions qu'un mois. Je n'ai pas envie de voir pleurer mon Rayon de Soleil. Un autre jour... »
Maryande- Personnages Joués : Posée
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