Anatheme [Arellys]
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Anatheme [Arellys]
Voici donc le premier texte de la série de BG que j'ai prévu pour Aréllys.
Chapitre I
Cinquième année :
Bataille de la Baie de Baradin.
Le ciel est dégagé en cet après midi de la cinquième année. Une forte brise souffle depuis le grand large rendant la température fraiche malgré le soleil estival.
Les huit vaisseaux de ligne de la IIIème flotte Tirasienne avancent à bonne allure et doublent rapidement l'éperon rocheux que forme la forteresse de Gilnéas.
Le commandant Derek Portvaillant, Dauphin de Kul Tiras transmet rapidement l'ordre de diminuer la voilure et d'entrer dans la Baie de Baradin en direction du port de Menethil.
Les marins soupirent déjà d'aise en voyant les premières tours du fort de Menethil pointer à l'horizon ; l'attention se relâche.
A bord de son navire, le « Point du Jour », le capitaine Antémius De Bristollan supervise les opérations en vue de l'accostage lorsqu'il entend sonner un cor de vigie depuis l'un des vaisseaux. Il se redresse et balaie la ligne d'horizon avec le regard perçant de ceux qui scrutent le grand océan à longueur de journée. Il ne voit rien, aucune voilure ne se découpe dans le lointain.
Il commence à déployer sa longue vue lorsque des cris stridents déchirent les cieux. En un instant d'immenses créatures ailées sont au dessus des navires proches de la cote. Leurs hurlements vrillent les tympans.
A bord des navires, tout le monde regarde les créatures inattendues. Les marins sont fascinés par la beauté du vol, rares sont ceux qui abandonnent leur contemplation pour empoigner une arquebuse ou une arbalète. Antémius reconnaît dans les créatures volantes les dessins de sa jeunesse. Des dragons. Des dragons rouges chevauchés par des Orcs.
Mais déjà, un premier dragon ouvre grand la gueule et crache un torrent de flammes sur la voilure de l'un des navires qui prend feu comme un fétu de paille.
Aussitôt la panique gagne les bâtiments de l'escadre. Les navires manœuvrent brutalement. Antémius De Bristollan aperçoit « L'intrépide » du capitaine Halyndor qui se rabat dangereusement sur la cote en tentant d'éviter d'éperonner un autre navire. Il s'échoue sur les récifs suivi par son escorteur ; tous deux connaissent un sort tragique.
Le capitaine De Bristollan ne gaspille pas de temps à réfléchir. Les canons sont inutiles, le fort vent gêne les archers et les balles ne perceront surement pas le cuir des dragons réputé solide comme du roc. Il doit sauver son vaisseau et son équipage. Il puisse dans tout son charisme et donne toute sa voix pour sortir ses hommes de la torpeur. Il fait ouvrir toute la voilure de son bâtiment, vire vers le large et fait remonter d'urgence autant de récipients que possible des cales. Il fait charger quelques un des pierriers du pont : ces petites bouches à feu montées sur pivot.
Heureusement, « Le point du jour » est le navire de la formation le plus éloigné des cotes et a été épargné pour l'instant.
Une rumeur monte dans l'équipage : le « Léviathan » navire du Dauphin Portvaillant a stoppé sa course et résiste héroïquement. Des coups de feu claquent et des cris retentissent dans la rumeur de la bataille. Certains croient apercevoir un démoniste orc tomber à l'eau, une flèche dans la poitrine et son Drake planer vers la montagne. La bravoure des défenseurs déclenche la fureur des dragons asservis ; ces derniers transforment le navire en une gigantesque torche qui est entièrement consumée avant même de couler.
Les dragons prennent en chasse les navires restants, l'un d'entre eux plane en direction du « Point du Jour » et commence à le rattraper par la poupe rapidement. Antémius De Bristollan fait chercher de toute urgence son meilleur artilleur. Un vieux loup de mer nain, surnommé « Burdy Brise-Flibuste ». Fort en gueule, imbibé d'alcool de jour comme de nuit, une barbe blanche aussi abondante que sale, il n'en était pas moins un des canonniers les plus réputés de Kul Tiras. Sa propre légende lui attribuait la destruction de quinze vaisseaux pirate.
Le temps que le dit nain monte sur le gaillard et se poste derrière son pierrier, le dragon vomissait déjà de la poix ardente sur le flanc tribord du navire. Par la grâce de la Lumière, le jet incendiaire projeté face au vent ne touche pas directement la voilure et va se répandre sur le pont, brûlant grièvement un mousse. Le dragon furieux tourne autour du navire alors que le nain le vise avec habileté.
-Viens donc voir tonton Burdy ! fumier d'gros lézard d'mes couilles ! Hurle le nain avant de tirer.
Le dragon fait une embardée pour esquiver mais le projectile lui explose les os de l'aile gauche. Il tournoie dans les airs en hurlant de douleur et s'écrase lourdement dans l'Océan.
Malgré tout, le navire ne fut sauvé des flammes que grâce à un mage de bataille, son élémentaire d'eau et les efforts conjugués de l'ensemble de l'équipage.
Un peu plus loin, une corde lestée est jetée à un elfe tombé de l'Albatros, un navire marchand qui avait rejoint l'escadre quelques jours plus tôt. Une fois à bord, ce dernier est accueilli comme un miraculé. Il est si difficile de repérer un homme tombé à l'eau depuis le pont d'un navire !
Au loin, les dragons préfèrent s'acharner sur les restes de la IIIème flotte plutôt que de se lancer à la poursuite du navire fuyard dans l'obscurité naissante.
Comme pour masquer le désastre et l'horreur de l'après midi, l'obscurité tombe rapidement avec le coucher du soleil et l'arrivée de nuages. Malgré le miracle que représentent la survie et la fuite, l'atmosphère à bord est au deuil après ce que l'Histoire retiendra comme la bataille de la Baie de Baradin. Au cours de cette bataille, six des huit vaisseaux de la flotte furent détruits et le corps du Dauphin ne sera jamais retrouvé.
Le lendemain, une brume épaisse entoure le navire. Le bâtiment a subit des dégâts et Antémius De Bristollan redoute de retourner vers les cotes, craignant le retour des dragons et la présence de vaisseaux ennemis. Ne pouvant pas se permettre d'attendre, il décide de suivre les conseils de l'elfe repêché la veille, et met le cap vers « l'Autre Continent ».
Chapitre I
Cinquième année :
Bataille de la Baie de Baradin.
Le ciel est dégagé en cet après midi de la cinquième année. Une forte brise souffle depuis le grand large rendant la température fraiche malgré le soleil estival.
Les huit vaisseaux de ligne de la IIIème flotte Tirasienne avancent à bonne allure et doublent rapidement l'éperon rocheux que forme la forteresse de Gilnéas.
Le commandant Derek Portvaillant, Dauphin de Kul Tiras transmet rapidement l'ordre de diminuer la voilure et d'entrer dans la Baie de Baradin en direction du port de Menethil.
Les marins soupirent déjà d'aise en voyant les premières tours du fort de Menethil pointer à l'horizon ; l'attention se relâche.
A bord de son navire, le « Point du Jour », le capitaine Antémius De Bristollan supervise les opérations en vue de l'accostage lorsqu'il entend sonner un cor de vigie depuis l'un des vaisseaux. Il se redresse et balaie la ligne d'horizon avec le regard perçant de ceux qui scrutent le grand océan à longueur de journée. Il ne voit rien, aucune voilure ne se découpe dans le lointain.
Il commence à déployer sa longue vue lorsque des cris stridents déchirent les cieux. En un instant d'immenses créatures ailées sont au dessus des navires proches de la cote. Leurs hurlements vrillent les tympans.
A bord des navires, tout le monde regarde les créatures inattendues. Les marins sont fascinés par la beauté du vol, rares sont ceux qui abandonnent leur contemplation pour empoigner une arquebuse ou une arbalète. Antémius reconnaît dans les créatures volantes les dessins de sa jeunesse. Des dragons. Des dragons rouges chevauchés par des Orcs.
Mais déjà, un premier dragon ouvre grand la gueule et crache un torrent de flammes sur la voilure de l'un des navires qui prend feu comme un fétu de paille.
Aussitôt la panique gagne les bâtiments de l'escadre. Les navires manœuvrent brutalement. Antémius De Bristollan aperçoit « L'intrépide » du capitaine Halyndor qui se rabat dangereusement sur la cote en tentant d'éviter d'éperonner un autre navire. Il s'échoue sur les récifs suivi par son escorteur ; tous deux connaissent un sort tragique.
Le capitaine De Bristollan ne gaspille pas de temps à réfléchir. Les canons sont inutiles, le fort vent gêne les archers et les balles ne perceront surement pas le cuir des dragons réputé solide comme du roc. Il doit sauver son vaisseau et son équipage. Il puisse dans tout son charisme et donne toute sa voix pour sortir ses hommes de la torpeur. Il fait ouvrir toute la voilure de son bâtiment, vire vers le large et fait remonter d'urgence autant de récipients que possible des cales. Il fait charger quelques un des pierriers du pont : ces petites bouches à feu montées sur pivot.
Heureusement, « Le point du jour » est le navire de la formation le plus éloigné des cotes et a été épargné pour l'instant.
Une rumeur monte dans l'équipage : le « Léviathan » navire du Dauphin Portvaillant a stoppé sa course et résiste héroïquement. Des coups de feu claquent et des cris retentissent dans la rumeur de la bataille. Certains croient apercevoir un démoniste orc tomber à l'eau, une flèche dans la poitrine et son Drake planer vers la montagne. La bravoure des défenseurs déclenche la fureur des dragons asservis ; ces derniers transforment le navire en une gigantesque torche qui est entièrement consumée avant même de couler.
Les dragons prennent en chasse les navires restants, l'un d'entre eux plane en direction du « Point du Jour » et commence à le rattraper par la poupe rapidement. Antémius De Bristollan fait chercher de toute urgence son meilleur artilleur. Un vieux loup de mer nain, surnommé « Burdy Brise-Flibuste ». Fort en gueule, imbibé d'alcool de jour comme de nuit, une barbe blanche aussi abondante que sale, il n'en était pas moins un des canonniers les plus réputés de Kul Tiras. Sa propre légende lui attribuait la destruction de quinze vaisseaux pirate.
Le temps que le dit nain monte sur le gaillard et se poste derrière son pierrier, le dragon vomissait déjà de la poix ardente sur le flanc tribord du navire. Par la grâce de la Lumière, le jet incendiaire projeté face au vent ne touche pas directement la voilure et va se répandre sur le pont, brûlant grièvement un mousse. Le dragon furieux tourne autour du navire alors que le nain le vise avec habileté.
-Viens donc voir tonton Burdy ! fumier d'gros lézard d'mes couilles ! Hurle le nain avant de tirer.
Le dragon fait une embardée pour esquiver mais le projectile lui explose les os de l'aile gauche. Il tournoie dans les airs en hurlant de douleur et s'écrase lourdement dans l'Océan.
Malgré tout, le navire ne fut sauvé des flammes que grâce à un mage de bataille, son élémentaire d'eau et les efforts conjugués de l'ensemble de l'équipage.
Un peu plus loin, une corde lestée est jetée à un elfe tombé de l'Albatros, un navire marchand qui avait rejoint l'escadre quelques jours plus tôt. Une fois à bord, ce dernier est accueilli comme un miraculé. Il est si difficile de repérer un homme tombé à l'eau depuis le pont d'un navire !
Au loin, les dragons préfèrent s'acharner sur les restes de la IIIème flotte plutôt que de se lancer à la poursuite du navire fuyard dans l'obscurité naissante.
Comme pour masquer le désastre et l'horreur de l'après midi, l'obscurité tombe rapidement avec le coucher du soleil et l'arrivée de nuages. Malgré le miracle que représentent la survie et la fuite, l'atmosphère à bord est au deuil après ce que l'Histoire retiendra comme la bataille de la Baie de Baradin. Au cours de cette bataille, six des huit vaisseaux de la flotte furent détruits et le corps du Dauphin ne sera jamais retrouvé.
Le lendemain, une brume épaisse entoure le navire. Le bâtiment a subit des dégâts et Antémius De Bristollan redoute de retourner vers les cotes, craignant le retour des dragons et la présence de vaisseaux ennemis. Ne pouvant pas se permettre d'attendre, il décide de suivre les conseils de l'elfe repêché la veille, et met le cap vers « l'Autre Continent ».
Dernière édition par Aréllys le Mer 14 Juil 2010, 16:59, édité 1 fois
Aréllys
Re: Anatheme [Arellys]
Chapitre II
Cinquième année :
Exode.
Un cri monte avec enthousiasme de la vigie : « Terre en vue ! »
Après deux semaines de navigation difficile l'équipage accueille la nouvelle chaleureusement. Enfin la perspective de chasser pour manger de la vraie nourriture, de sentir la fermeté et la chaleur du sol...
Antémius de Bristollan réduit au maximum la vitesse du navire et fait sonder les eaux entre les ilots, nombreux sur cette partie du littoral. Il a en face de lui une cote humide à la végétation luxuriante. La région lui rappelle son passage au Marais des Chagrins.
Il fait jeter l'ancre devant une petite ile et descendre une chaloupe. Il monte dedans avec quelques soldats. Ils grimpent au sommet de l'ile et observent le littoral. La région semble inhabitée. Un peu plus au nord, la montagne offre un promontoire et les pierres sont plus nombreuses. L'endroit approprié pour établir un camp. Le capitaine regarde son navire. Le fier bâtiment à subit des dommages suite au combat, aux courants et aux tempêtes. Un mat a été cassé par le vent au large de ce maudit Maelström ; si les marins n'avaient pas réussi à finir de le couper à la hache à temps, il aurait chaviré le navire. Ce dernier aura besoin de réparations importantes avant de pouvoir faire le retour sur Azeroth ; plus tard.
L'ensemble de l'équipage débarque et se met en route le long de la plage et dans les marais pour gagner l'éperon rocheux repéré un peu plus tôt. La marche devait être rapide, mais s'était sans compter sur un danger que l'on avait pas encore soupçonné. Un groupe de murlocs surgit en embuscade dans la végétation du marais. Toutefois, leurs sagaies et leurs pierres ne font pas grand mal aux soldats caparaçonnés dans leurs armures de plâtes. Ces derniers ripostent sévèrement ; les balles et les sabres déchirent cruellement les chairs molles des poissons mutants qui fuient en laissant un bon nombre de morts.
Le promontoire est rapidement atteint et on commence à tailler des épieux pour le fortifier sommairement. Par la suite, à l'arrivée des colons sur Theramore, un fort en pierre sera établit sur les bases de ce premier camp. Il sera baptisé « Fort du Nord » ; sa tour la plus au sud occupant parfaitement l'emplacement du camp des réfugiés du « Point Du Jour ».
Les premiers jours se passent sans incidents majeur ; malgré tout, les soldats commencent à déchanter. Ils avaient rêvé d'une terre plus accueillante qu'un rocher coincé entre un marais puant, dangereux, et un désert de poussière plus au nord. Le jour on organise quelques rapides expéditions de chasse et de pêche, sans jamais s'aventurer bien loin dans la végétation. La nuit, toute la faune semble se réveiller et c'est le grondement d'un monstre qui monte des forêts. Un grondement composé des chants de grillons, des gloussements d'animaux inconnus, du bruit du vent qui s'engouffre dans les méandres végétaux, des craquements causés par les prédateurs en maraude... On ne dort pas bien.
Au crépuscule du deuxième jour, alors que la brume monte du sol et de la mer, les soldats du camp entendent des hurlements qui montent du navire mouillant plus bas. Antémius descend en hâte avec ses soldats en armes. Il arrive trop tard, les flammes qui montent du vaisseau illuminent le littoral plongé dans la brume. Le capitaine serre les poings à faire crisser l'acier de ses gantelets. Il vient de perdre son navire et les cinq gardes qui étaient à bord !
-Sainte Lumière, fallait-il que ce vaisseau échappe aux enfers des dragons pour finir ainsi ?! Destinée, comme tu es cruelle !
Il tire son épée qui tinte agréablement en sortant de son fourreau. Il prend une seconde pour la regarder et se souvenir. Elle lui a été offerte par son propre père lorsqu'il avait été nommé lieutenant de vaisseau. La garde en or est incurvée vers l'extérieur ; le pommeau se termine par un saphir enchâssé. Ses initiales : « ADB » sont gravées dans le globe d'or autour de la pierre bleue. La lame d'acier est longue et fine ; dans sa longueur figure une inscription en Thalassien « Ouvres ta voie comme la Proue dans l'Azur ». Il revoit son père lui dire que l'épée a été enchantée par un gardien de Tirisfal, et que c'est pourquoi elle dégage une fine aura bleu d'azur en chantant dans le vent. L'ensemble est léger et parfaitement équilibré.
Il la prend à deux mains, portant la garde au niveau du menton, de façon à avoir le plat de la lame devant son visage, posant presque son front dessus en fermant les yeux. Ce geste, tous ses soldats le connaisse comme un signe de recueillement sacré et de concentration. Le calme avant la tempête. Malheur à celui qui osera lui adresser un mot avant la fin de sa prière.
Les murlocs venaient de se venger au centuple et d'annoncer tout haut ce que chaque buisson, chaque moustique, chaque touffe d'herbe, chaque crocolistique leur murmuraient en permanence.
« Vous n'êtes pas les bienvenus ici. Nous vous ferons la guerre. Toujours. Et un par un, nous vous engloutirons tous. »
Il abaisse son arme lentement et se tourne vers les soldats.
-Interdiction de les poursuivre. Ces ordures n'attendent surement que ca. On retourne au camp. Demain nous aviserons de la situation.
Cinquième année :
Exode.
Un cri monte avec enthousiasme de la vigie : « Terre en vue ! »
Après deux semaines de navigation difficile l'équipage accueille la nouvelle chaleureusement. Enfin la perspective de chasser pour manger de la vraie nourriture, de sentir la fermeté et la chaleur du sol...
Antémius de Bristollan réduit au maximum la vitesse du navire et fait sonder les eaux entre les ilots, nombreux sur cette partie du littoral. Il a en face de lui une cote humide à la végétation luxuriante. La région lui rappelle son passage au Marais des Chagrins.
Il fait jeter l'ancre devant une petite ile et descendre une chaloupe. Il monte dedans avec quelques soldats. Ils grimpent au sommet de l'ile et observent le littoral. La région semble inhabitée. Un peu plus au nord, la montagne offre un promontoire et les pierres sont plus nombreuses. L'endroit approprié pour établir un camp. Le capitaine regarde son navire. Le fier bâtiment à subit des dommages suite au combat, aux courants et aux tempêtes. Un mat a été cassé par le vent au large de ce maudit Maelström ; si les marins n'avaient pas réussi à finir de le couper à la hache à temps, il aurait chaviré le navire. Ce dernier aura besoin de réparations importantes avant de pouvoir faire le retour sur Azeroth ; plus tard.
L'ensemble de l'équipage débarque et se met en route le long de la plage et dans les marais pour gagner l'éperon rocheux repéré un peu plus tôt. La marche devait être rapide, mais s'était sans compter sur un danger que l'on avait pas encore soupçonné. Un groupe de murlocs surgit en embuscade dans la végétation du marais. Toutefois, leurs sagaies et leurs pierres ne font pas grand mal aux soldats caparaçonnés dans leurs armures de plâtes. Ces derniers ripostent sévèrement ; les balles et les sabres déchirent cruellement les chairs molles des poissons mutants qui fuient en laissant un bon nombre de morts.
Le promontoire est rapidement atteint et on commence à tailler des épieux pour le fortifier sommairement. Par la suite, à l'arrivée des colons sur Theramore, un fort en pierre sera établit sur les bases de ce premier camp. Il sera baptisé « Fort du Nord » ; sa tour la plus au sud occupant parfaitement l'emplacement du camp des réfugiés du « Point Du Jour ».
Les premiers jours se passent sans incidents majeur ; malgré tout, les soldats commencent à déchanter. Ils avaient rêvé d'une terre plus accueillante qu'un rocher coincé entre un marais puant, dangereux, et un désert de poussière plus au nord. Le jour on organise quelques rapides expéditions de chasse et de pêche, sans jamais s'aventurer bien loin dans la végétation. La nuit, toute la faune semble se réveiller et c'est le grondement d'un monstre qui monte des forêts. Un grondement composé des chants de grillons, des gloussements d'animaux inconnus, du bruit du vent qui s'engouffre dans les méandres végétaux, des craquements causés par les prédateurs en maraude... On ne dort pas bien.
Au crépuscule du deuxième jour, alors que la brume monte du sol et de la mer, les soldats du camp entendent des hurlements qui montent du navire mouillant plus bas. Antémius descend en hâte avec ses soldats en armes. Il arrive trop tard, les flammes qui montent du vaisseau illuminent le littoral plongé dans la brume. Le capitaine serre les poings à faire crisser l'acier de ses gantelets. Il vient de perdre son navire et les cinq gardes qui étaient à bord !
-Sainte Lumière, fallait-il que ce vaisseau échappe aux enfers des dragons pour finir ainsi ?! Destinée, comme tu es cruelle !
Il tire son épée qui tinte agréablement en sortant de son fourreau. Il prend une seconde pour la regarder et se souvenir. Elle lui a été offerte par son propre père lorsqu'il avait été nommé lieutenant de vaisseau. La garde en or est incurvée vers l'extérieur ; le pommeau se termine par un saphir enchâssé. Ses initiales : « ADB » sont gravées dans le globe d'or autour de la pierre bleue. La lame d'acier est longue et fine ; dans sa longueur figure une inscription en Thalassien « Ouvres ta voie comme la Proue dans l'Azur ». Il revoit son père lui dire que l'épée a été enchantée par un gardien de Tirisfal, et que c'est pourquoi elle dégage une fine aura bleu d'azur en chantant dans le vent. L'ensemble est léger et parfaitement équilibré.
Il la prend à deux mains, portant la garde au niveau du menton, de façon à avoir le plat de la lame devant son visage, posant presque son front dessus en fermant les yeux. Ce geste, tous ses soldats le connaisse comme un signe de recueillement sacré et de concentration. Le calme avant la tempête. Malheur à celui qui osera lui adresser un mot avant la fin de sa prière.
Les murlocs venaient de se venger au centuple et d'annoncer tout haut ce que chaque buisson, chaque moustique, chaque touffe d'herbe, chaque crocolistique leur murmuraient en permanence.
« Vous n'êtes pas les bienvenus ici. Nous vous ferons la guerre. Toujours. Et un par un, nous vous engloutirons tous. »
Il abaisse son arme lentement et se tourne vers les soldats.
-Interdiction de les poursuivre. Ces ordures n'attendent surement que ca. On retourne au camp. Demain nous aviserons de la situation.
Aréllys
Re: Anatheme [Arellys]
Chapitre III
Cinquième année :
Rencontres.
Alors que le soleil se lève et que les restes du « Point Du Jour » achèvent de se consumer, les soldats terminent leur prière à la Lumière pour les âmes de leurs frères disparus, et leur propre salut.
Ce salut, Antémius De Bristollan sait qu'il aura de plus en plus de mal à le trouver sur ce rocher, dans ce marais. Dans la nuit, plusieurs de ses soldats sont tombés malades. Surement la fièvre apportée par la vermine qui grouille dans les marais. Les hommes fragilisés par le désespoir et la tristesse sont déjà à l'article de la mort et le recours à la magie du Sacré ne semble pas pouvoir les guérir.
Il refuse de baisser les bras. Il a passé son adolescence à affronter des pirates, son corps garde les traces de ces combats. Il a déjà combattu la horde démoniaque par le passé ; il a sauvé son vaisseau des dragons rouges. Bon sang il est officier de l'Alliance de Lordaeron ! Pas question de céder devant des poissons dégénérés et des moustiques !
Il cherche une solution. Mais pour résoudre un problème il faut encore en connaître quelques inconnues. Pour cela il fait détacher des éclaireurs volontaires pour s'aventurer dans le marais et le désert environnant.
Dans l'heure suivante, cinq volontaires aventureux partent dans les directions assignées. La journée et la nuit qui suivent se passent sans incident notable.
Le lendemain matin, ce sont trois éclaireurs qui reviennent. Les deux autres ne seront jamais retrouvés, tribut supplémentaire à l'environnement. L'un d'entre eux est particulièrement excité, et contient une forte agitation.
Antémius De Bristollan a un mauvais pré-sentiment, il s'éloigne avec l'éclaireur en question.
Lorsqu'ils sont au calme, l'éclaireur jure la Lumière et tous les panthéons connus qu'il a vu des dragons noirs, loin au sud du marais. Le capitaine réfléchit. Il connait son soldat et sait ce dernier loyal ; capable de suivre la bannière de Kul Tiras jusque derrière le Grand Portail s'il fallait. Si il ne fait rien et que le reste des soldats apprend la présence de dragons dans le marais -et il ne doute pas que la nouvelle se répandra fatalement- il va tout droit à la mutinerie.
-« Damnation ! Nous perdons chaque jour plus des nôtres, et pour quelles promesses ? La Lumière Elle même serait elle absente de ces terres immondes ? Je préfère tout risquer dans le désert plutôt que voir s'entretuer les derniers de nos survivants sur ce rocher ! »
C'est le lendemain matin qu'il fait part de sa décision à ses hommes. Lorsqu'il a terminé de parler, seul le souffle du vent vient troubler le silence du camp. Personne n'ose protester. Il sent même un certain soulagement ; il est dans la nature humaine de s'accrocher au plus minuscule espoir quand tout va mal. L'herbe est toujours plus verte ailleurs. Même quand cet ailleurs est un désert.
Pour son expédition, il fait préparer autant d'outres d'eau que possible et donne à contrecœur l'ordre d'abandonner les armures lourdes sur place. Leur protection manquera cruellement dans un avenir proche, il le sait déjà. Mais personne ne survivrait avec une armure intégrale par quarante degrés de température.
Une heure plus tard, l'ensemble de l'ancien équipage serpente dans la montagne et descend finalement dans le désert. Les heures passent et la chaleur monte de plus en plus.
Des pierres et de la poussière partout.
De la putain de poussière que vous soulevez par nuages à chaque pas. Vous la respirez et chaque bouffée d'air vous désèche. Vous transpirez et cette garce se colle à votre épiderme, vous faisant une seconde peau.
Mais le pire, c'est résister à la tentation de boire.
En général, toute mort dans le désert a commencé par cette phrase : « Je prendrai juste une gorgée ».
Une gorgée, c'est trop. L'eau quand on en manque, se boit gouttes par gouttes. L'eau c'est pire que l'alcool, plus vous en buvez et plus vous avez soif.
Montrer l'exemple.
Lorsqu'il sort sa gourde et la porte à ses lèvres, il la retire dès qu'il sent la première goutte toucher sa langue. Il garde le plus longtemps possible ce peu d'eau en bouche pour qu'elle l'apaise de ses bienfaits et ne l'avale qu'une fois que sa respiration l'a rendue brulante.
Ils marchent ainsi jusqu'à trouver ce que le capitaine avait cru être une illusion avant que ses lèvres n'entrent en contact avec l'eau. Une oasis. Non, la Grâce de la Lumière. Ils ont juste terminé de boire tout leur saoul et de remplir leurs outres que d'étranges créatures mi homme mi cheval émergent des hautes fougères. Antémius sourit malgré lui en tirant son épée et en serrant son bouclier.
-« La Lumière ne donne rien sans épreuves, souviens toi Antémius » lui avait dit son instructeur quand il était enfant.
Une grêle de flèches et de balles s'abat sur les centaures plus surpris qu'autre chose de voir des inconnus dans leur oasis. Ils ne sont pas nombreux et sont contraints de battre en retraite en hurlant des injures et des menaces de mort.
L'un d'entre eux reste au sol une flèche entre les côtes, s'agitant furieusement, incapable de se relever. Antémius s'approche de la bête puante. Comme elle ne lui adresse qu'un flot d'injures il n'hésite pas longtemps. Il torture le centaure et après une communication par un langage des signes sommaire ce dernier trace maladroitement une carte dans le sol. Antémius la recopie sur son carnet puis achève le centaure.
La seule chose qui retient son attention, est ce qui ressemble à une forêt sur la carte du monstre. Il en situe l'accès au nord ouest de leur position estimée, dans la barrière de montagne nord. Sa seule option pour trouver un refuge.
Il s'oriente avec ses hommes dans la direction et c'est l'enfer de la marche sous le soleil qui reprend. Ils évitent de s'approcher des grandes ronces qui bordent les montagnes, on distingue des silhouettes inquiétantes à leur pied.
Après plusieurs heures de marches, le passage entre les montagnes et les premières cimes d'arbres apparaissent à travers les ondes de chaleur qui émanent du sol. Malgré la fatigue, les hommes pressent le pas en direction du refuge de verdure.
Ils n'en sont plus qu'a une centaine de mètres lorsque des cors résonnent derrière eux. Au loin c'est toute une troupe de centaures en colère qui commence à les rattraper au pas de charge !
Les humains courent maintenant en direction de la forêt, ils entrent dans la lisière quand les premières flèches sifflent autour d'eux, couchant six soldats à la première volée.
Les douze derniers se précipitent dans la végétation devant laquelle les centaures s'arrêtent pris d'une peur mystique. Voyant leurs proies s'échapper de justesse les plus enragés d'entre eux s'engagent dans la forêt. Alors que tous avancent, la végétation se fait plus dense.
Les humains sont pratiquement rattrapés par leurs poursuivants lorsque toute la nature semble s'animer. Les racines sortent de terre, s'emparent des centaures et les broient dans leurs étreintes ; les lianes se dardent d'épines et deviennent des fouets mortels. Les centaures sont taillés en pièce et les survivants refluent paniqués vers leur désert.
La douzaine d'humains se regroupe en cercle défensif, leur capitaine en première ligne. Des silhouettes furtives émergent de la pénombre et du couvert de la végétation. Les créatures ressemblent à des Hauts Elfes sans en avoir les couleurs chatoyantes. La plupart ont les cheveux argentés ou verts. Leur chef a des marques tribales sur le visage. Il s'exprime justement à l'ensemble de ses congénères.
- « Des Humains. Ils viennent souiller nos sanctuaires sacrés de leurs feux et leurs destructions. Celui la porte même une arme marquée de l'infamie des Traitres. » Il pointe un doigt accusateur vers Antémius et sa lame enchantée par la magie Quel Dorei.
- « Grand Druide, le Vent dans les Cimes chante qu'ils n'ont pénétré nos refuges que pour échapper aux centaures. » Une elfe à la beauté sauvage vient d'intervenir en faveur des humains.
- « Apprentie Anaïre Shaelyn, n'oubliez pas que vous êtes la plus jeune d'entre nous et gardez vous d'intervenir devant des étrangers. Peu importe les raisons de leur présence ; ils ont attiré la colère des centaures qui par leur faute se sont enhardis à franchir notre frontière. Nous allons les conduire à Astranaar. » Annonce le Grand Druide dans le langage des humains.
- « Merci de votre compassion Grand Druide, soyez assurés que nos intentions n'ont rien d'hostile. Permettez moi de vous demander par quel prodige vous parlez notre langue ? » intervient Antémius De Bristollan.
Sa prise de parole suscite des rires et des quolibets chez les Kal Dorei qui se contentent de les désarmer et de les pousser en avant sans ménagement.
- « Nous autres Kal Dorei existons depuis des dizaines de millénaires. Vous n'êtes pas les premiers de votre race à atteindre nos refuges. Quelques uns de vos congénères égarés font même partie des nôtres à présent. Ils ont consigné votre Histoire et vos coutumes dans des parchemins soigneusement conservés à notre grande cité de Darnassus. » explique l'apprentie druide au capitaine, avec un sourire dont il ne parvient pas à dire s'il est ironique ou gentil.
Arrivés dans la ville elfique, Antémius demande la permission de se rendre au chevet d'un nouveau malade parmi ses soldats. Toujours la même fièvre. Il se penche sur le malade et incante un sort d'épuration par la Lumière. L'apprentie le regarde faire, intéressée. La tentative de soin se solde par un nouvel échec.
- « Qu'essayez vous de faire sieur De Bristollan ? » lui demande naïvement Anaïre Shaelyn.
- « De le guérir de cette foutue maladie ! Ca se voit non ? » Lui répond durement le capitaine, énervé par la question.
- « En effet, ca se voit. Mais ca ne répond pas à la question. Comment tentez vous de le guérir ? » réplique elle calmement.
- « J'en appelle à la Très Sainte pour qu'elle épure le corps de cet homme, en détruisant la maladie qui l'infecte. »
- « Détruire ? Cette maladie n'est pas d'origine démoniaque, elle fait donc partie intégrante du Grand Équilibre. Vous ne pouvez pas la chasser, lui prendre sans contrepartie. C'est pour ca que votre Lumière ne fonctionne pas. »
- « Ne blasphémez pas. Chez moi nous soignons nos gens de cette façon depuis des générations. » Il se force à rester calme.
L'apprentie druide soupire un instant et pose sa main droite sur le front du soldat mourant. « Regardez capitaine ». L'elfe ferme les yeux et semble méditer un certain temps sans prononcer une parole ni bouger d'un pouce. Elle murmure ensuite toute une litanie dans sa langue natale. Même si l'homme ne comprend pas le sens des mots, il est touché par l'harmonie des intonations et reconnaît une forme de poésie. Une lueur verte timide commence à se former sous la main de l'elfe. Elle ne dure que quelques secondes et s'estompe.
- « C'est terminé. Il va se remettre très rapidement. » Dit elle ensuite simplement.
- « Est-ce vrai ? Comment avez vous vaincu cette maladie ? » Antémius se laisse emporter par la curiosité.
Anaïre soupire une nouvelle fois et secoue doucement la tête de gauche à droite en signe de désapprobation et d'agacement.
-« Vous ne comprenez toujours pas capitaine De Bristollan. Je ne l'ai pas forcée à partir du corps de votre soldat. Elle a choisit de s'en retirer de plein gré. Ce faisant, j'ai contracté une dette pour votre peuple envers le Grand Équilibre. Et soyez sur qu'un jour, la Nature viendra réclamer sa compensation d'une façon ou d'une autre. Cela ne pourra être empêché. Alors, réfléchissez d'autant plus au bien fondé des dettes que vous contracterez ici. »
Comme il ne répond rien elle ajoute :
- « Ne voyez pas les choses comme un rapport de force, même si c'est dans vos habitudes de peuple primitif. Il n'y a pas de victoires ni de défaites, juste des compromis. Rien que des compromis qui conduisent fatalement au Grand Équilibre dont nous sommes les Gardiens. Toutes les créatures qui peuplent ce continent ont accepté ce fait où on été maudites. Ne vous posez pas en éléments extérieurs au Grand Équilibre, ou la Nature n'aura de cesse de vous anéantir. »
Antémius se contente d'hocher la tête. Il est redevenu un enfant qui apprend tout sur le monde. Même si il n'aime pas cette magie païenne, et encore moins l'idée d'être responsable de ses actions devant autre chose que la Lumière elle même, il doit reconnaître l'effet de la science des autochtones. Et puis, cette Anaïre Shaelyn a quelque chose de magique qui l'attire.
Cinquième année :
Rencontres.
Alors que le soleil se lève et que les restes du « Point Du Jour » achèvent de se consumer, les soldats terminent leur prière à la Lumière pour les âmes de leurs frères disparus, et leur propre salut.
Ce salut, Antémius De Bristollan sait qu'il aura de plus en plus de mal à le trouver sur ce rocher, dans ce marais. Dans la nuit, plusieurs de ses soldats sont tombés malades. Surement la fièvre apportée par la vermine qui grouille dans les marais. Les hommes fragilisés par le désespoir et la tristesse sont déjà à l'article de la mort et le recours à la magie du Sacré ne semble pas pouvoir les guérir.
Il refuse de baisser les bras. Il a passé son adolescence à affronter des pirates, son corps garde les traces de ces combats. Il a déjà combattu la horde démoniaque par le passé ; il a sauvé son vaisseau des dragons rouges. Bon sang il est officier de l'Alliance de Lordaeron ! Pas question de céder devant des poissons dégénérés et des moustiques !
Il cherche une solution. Mais pour résoudre un problème il faut encore en connaître quelques inconnues. Pour cela il fait détacher des éclaireurs volontaires pour s'aventurer dans le marais et le désert environnant.
Dans l'heure suivante, cinq volontaires aventureux partent dans les directions assignées. La journée et la nuit qui suivent se passent sans incident notable.
Le lendemain matin, ce sont trois éclaireurs qui reviennent. Les deux autres ne seront jamais retrouvés, tribut supplémentaire à l'environnement. L'un d'entre eux est particulièrement excité, et contient une forte agitation.
Antémius De Bristollan a un mauvais pré-sentiment, il s'éloigne avec l'éclaireur en question.
Lorsqu'ils sont au calme, l'éclaireur jure la Lumière et tous les panthéons connus qu'il a vu des dragons noirs, loin au sud du marais. Le capitaine réfléchit. Il connait son soldat et sait ce dernier loyal ; capable de suivre la bannière de Kul Tiras jusque derrière le Grand Portail s'il fallait. Si il ne fait rien et que le reste des soldats apprend la présence de dragons dans le marais -et il ne doute pas que la nouvelle se répandra fatalement- il va tout droit à la mutinerie.
-« Damnation ! Nous perdons chaque jour plus des nôtres, et pour quelles promesses ? La Lumière Elle même serait elle absente de ces terres immondes ? Je préfère tout risquer dans le désert plutôt que voir s'entretuer les derniers de nos survivants sur ce rocher ! »
C'est le lendemain matin qu'il fait part de sa décision à ses hommes. Lorsqu'il a terminé de parler, seul le souffle du vent vient troubler le silence du camp. Personne n'ose protester. Il sent même un certain soulagement ; il est dans la nature humaine de s'accrocher au plus minuscule espoir quand tout va mal. L'herbe est toujours plus verte ailleurs. Même quand cet ailleurs est un désert.
Pour son expédition, il fait préparer autant d'outres d'eau que possible et donne à contrecœur l'ordre d'abandonner les armures lourdes sur place. Leur protection manquera cruellement dans un avenir proche, il le sait déjà. Mais personne ne survivrait avec une armure intégrale par quarante degrés de température.
Une heure plus tard, l'ensemble de l'ancien équipage serpente dans la montagne et descend finalement dans le désert. Les heures passent et la chaleur monte de plus en plus.
Des pierres et de la poussière partout.
De la putain de poussière que vous soulevez par nuages à chaque pas. Vous la respirez et chaque bouffée d'air vous désèche. Vous transpirez et cette garce se colle à votre épiderme, vous faisant une seconde peau.
Mais le pire, c'est résister à la tentation de boire.
En général, toute mort dans le désert a commencé par cette phrase : « Je prendrai juste une gorgée ».
Une gorgée, c'est trop. L'eau quand on en manque, se boit gouttes par gouttes. L'eau c'est pire que l'alcool, plus vous en buvez et plus vous avez soif.
Montrer l'exemple.
Lorsqu'il sort sa gourde et la porte à ses lèvres, il la retire dès qu'il sent la première goutte toucher sa langue. Il garde le plus longtemps possible ce peu d'eau en bouche pour qu'elle l'apaise de ses bienfaits et ne l'avale qu'une fois que sa respiration l'a rendue brulante.
Ils marchent ainsi jusqu'à trouver ce que le capitaine avait cru être une illusion avant que ses lèvres n'entrent en contact avec l'eau. Une oasis. Non, la Grâce de la Lumière. Ils ont juste terminé de boire tout leur saoul et de remplir leurs outres que d'étranges créatures mi homme mi cheval émergent des hautes fougères. Antémius sourit malgré lui en tirant son épée et en serrant son bouclier.
-« La Lumière ne donne rien sans épreuves, souviens toi Antémius » lui avait dit son instructeur quand il était enfant.
Une grêle de flèches et de balles s'abat sur les centaures plus surpris qu'autre chose de voir des inconnus dans leur oasis. Ils ne sont pas nombreux et sont contraints de battre en retraite en hurlant des injures et des menaces de mort.
L'un d'entre eux reste au sol une flèche entre les côtes, s'agitant furieusement, incapable de se relever. Antémius s'approche de la bête puante. Comme elle ne lui adresse qu'un flot d'injures il n'hésite pas longtemps. Il torture le centaure et après une communication par un langage des signes sommaire ce dernier trace maladroitement une carte dans le sol. Antémius la recopie sur son carnet puis achève le centaure.
La seule chose qui retient son attention, est ce qui ressemble à une forêt sur la carte du monstre. Il en situe l'accès au nord ouest de leur position estimée, dans la barrière de montagne nord. Sa seule option pour trouver un refuge.
Il s'oriente avec ses hommes dans la direction et c'est l'enfer de la marche sous le soleil qui reprend. Ils évitent de s'approcher des grandes ronces qui bordent les montagnes, on distingue des silhouettes inquiétantes à leur pied.
Après plusieurs heures de marches, le passage entre les montagnes et les premières cimes d'arbres apparaissent à travers les ondes de chaleur qui émanent du sol. Malgré la fatigue, les hommes pressent le pas en direction du refuge de verdure.
Ils n'en sont plus qu'a une centaine de mètres lorsque des cors résonnent derrière eux. Au loin c'est toute une troupe de centaures en colère qui commence à les rattraper au pas de charge !
Les humains courent maintenant en direction de la forêt, ils entrent dans la lisière quand les premières flèches sifflent autour d'eux, couchant six soldats à la première volée.
Les douze derniers se précipitent dans la végétation devant laquelle les centaures s'arrêtent pris d'une peur mystique. Voyant leurs proies s'échapper de justesse les plus enragés d'entre eux s'engagent dans la forêt. Alors que tous avancent, la végétation se fait plus dense.
Les humains sont pratiquement rattrapés par leurs poursuivants lorsque toute la nature semble s'animer. Les racines sortent de terre, s'emparent des centaures et les broient dans leurs étreintes ; les lianes se dardent d'épines et deviennent des fouets mortels. Les centaures sont taillés en pièce et les survivants refluent paniqués vers leur désert.
La douzaine d'humains se regroupe en cercle défensif, leur capitaine en première ligne. Des silhouettes furtives émergent de la pénombre et du couvert de la végétation. Les créatures ressemblent à des Hauts Elfes sans en avoir les couleurs chatoyantes. La plupart ont les cheveux argentés ou verts. Leur chef a des marques tribales sur le visage. Il s'exprime justement à l'ensemble de ses congénères.
- « Des Humains. Ils viennent souiller nos sanctuaires sacrés de leurs feux et leurs destructions. Celui la porte même une arme marquée de l'infamie des Traitres. » Il pointe un doigt accusateur vers Antémius et sa lame enchantée par la magie Quel Dorei.
- « Grand Druide, le Vent dans les Cimes chante qu'ils n'ont pénétré nos refuges que pour échapper aux centaures. » Une elfe à la beauté sauvage vient d'intervenir en faveur des humains.
- « Apprentie Anaïre Shaelyn, n'oubliez pas que vous êtes la plus jeune d'entre nous et gardez vous d'intervenir devant des étrangers. Peu importe les raisons de leur présence ; ils ont attiré la colère des centaures qui par leur faute se sont enhardis à franchir notre frontière. Nous allons les conduire à Astranaar. » Annonce le Grand Druide dans le langage des humains.
- « Merci de votre compassion Grand Druide, soyez assurés que nos intentions n'ont rien d'hostile. Permettez moi de vous demander par quel prodige vous parlez notre langue ? » intervient Antémius De Bristollan.
Sa prise de parole suscite des rires et des quolibets chez les Kal Dorei qui se contentent de les désarmer et de les pousser en avant sans ménagement.
- « Nous autres Kal Dorei existons depuis des dizaines de millénaires. Vous n'êtes pas les premiers de votre race à atteindre nos refuges. Quelques uns de vos congénères égarés font même partie des nôtres à présent. Ils ont consigné votre Histoire et vos coutumes dans des parchemins soigneusement conservés à notre grande cité de Darnassus. » explique l'apprentie druide au capitaine, avec un sourire dont il ne parvient pas à dire s'il est ironique ou gentil.
Arrivés dans la ville elfique, Antémius demande la permission de se rendre au chevet d'un nouveau malade parmi ses soldats. Toujours la même fièvre. Il se penche sur le malade et incante un sort d'épuration par la Lumière. L'apprentie le regarde faire, intéressée. La tentative de soin se solde par un nouvel échec.
- « Qu'essayez vous de faire sieur De Bristollan ? » lui demande naïvement Anaïre Shaelyn.
- « De le guérir de cette foutue maladie ! Ca se voit non ? » Lui répond durement le capitaine, énervé par la question.
- « En effet, ca se voit. Mais ca ne répond pas à la question. Comment tentez vous de le guérir ? » réplique elle calmement.
- « J'en appelle à la Très Sainte pour qu'elle épure le corps de cet homme, en détruisant la maladie qui l'infecte. »
- « Détruire ? Cette maladie n'est pas d'origine démoniaque, elle fait donc partie intégrante du Grand Équilibre. Vous ne pouvez pas la chasser, lui prendre sans contrepartie. C'est pour ca que votre Lumière ne fonctionne pas. »
- « Ne blasphémez pas. Chez moi nous soignons nos gens de cette façon depuis des générations. » Il se force à rester calme.
L'apprentie druide soupire un instant et pose sa main droite sur le front du soldat mourant. « Regardez capitaine ». L'elfe ferme les yeux et semble méditer un certain temps sans prononcer une parole ni bouger d'un pouce. Elle murmure ensuite toute une litanie dans sa langue natale. Même si l'homme ne comprend pas le sens des mots, il est touché par l'harmonie des intonations et reconnaît une forme de poésie. Une lueur verte timide commence à se former sous la main de l'elfe. Elle ne dure que quelques secondes et s'estompe.
- « C'est terminé. Il va se remettre très rapidement. » Dit elle ensuite simplement.
- « Est-ce vrai ? Comment avez vous vaincu cette maladie ? » Antémius se laisse emporter par la curiosité.
Anaïre soupire une nouvelle fois et secoue doucement la tête de gauche à droite en signe de désapprobation et d'agacement.
-« Vous ne comprenez toujours pas capitaine De Bristollan. Je ne l'ai pas forcée à partir du corps de votre soldat. Elle a choisit de s'en retirer de plein gré. Ce faisant, j'ai contracté une dette pour votre peuple envers le Grand Équilibre. Et soyez sur qu'un jour, la Nature viendra réclamer sa compensation d'une façon ou d'une autre. Cela ne pourra être empêché. Alors, réfléchissez d'autant plus au bien fondé des dettes que vous contracterez ici. »
Comme il ne répond rien elle ajoute :
- « Ne voyez pas les choses comme un rapport de force, même si c'est dans vos habitudes de peuple primitif. Il n'y a pas de victoires ni de défaites, juste des compromis. Rien que des compromis qui conduisent fatalement au Grand Équilibre dont nous sommes les Gardiens. Toutes les créatures qui peuplent ce continent ont accepté ce fait où on été maudites. Ne vous posez pas en éléments extérieurs au Grand Équilibre, ou la Nature n'aura de cesse de vous anéantir. »
Antémius se contente d'hocher la tête. Il est redevenu un enfant qui apprend tout sur le monde. Même si il n'aime pas cette magie païenne, et encore moins l'idée d'être responsable de ses actions devant autre chose que la Lumière elle même, il doit reconnaître l'effet de la science des autochtones. Et puis, cette Anaïre Shaelyn a quelque chose de magique qui l'attire.
Aréllys
Re: Anatheme [Arellys]
Chapitre IV
Sixième année :
Anathème :
Après une année les humains survivants sont passés du statut de prisonniers à celui de collaborateurs, de collaborateurs à invités et d'invités à amis. Parmi les 12 survivants 2 moururent et 4 autres, incapables de s'adapter à cette nouvelle vie furent conduits à un comptoir gobelin sur la cote est. Enfin, 6 s'intégrèrent à la société de leurs hôtes ; des décennies plus tard, ces derniers seront les artisans du rapprochement entre les Kal Dorei et l'Alliance.
De l'union née entre Antémius De Bristollan et Anaïre Shaelyn nait Aréllys De Bristollan à la 21 ème heure du 21em jour du 6em mois de la 6em année. Les augures que donnent les druides et les prêtres sont partagés. L'enfant est née le jour du solstice d'été et les 8 chiffres qui forment sa date de naissance se regroupent en 2 paires de binômes identiques soit 21210606 ; la petite Aréllys est de plus née sous la bénédiction des Étoiles de la constellation des Gémeaux. Les augures sont d'accord pour lui attribuer une personnalité particulièrement versatile, la petite sera surement capable du meilleur comme du pire. Ils n'arrivent pas à décider si les signes sont favorables ou non. En tout cas, ils attribuent au nouveau né une Destinée particulière.
Ces fantaisies, Antémius ne s'en soucie pas. Il a supplié la Lumière de lui donner un enfant. Et Anaïre est tombée enceinte. Son cœur déborde de joie, elle a entendu ses prières.
Malheureusement, sa joie cède immédiatement au profit de l'incompréhension et du dégout quand Aréllys sort du ventre de sa mère. Le petit corps dégoulinant est déjà baigné dans une profonde aura de Ténèbres.
Fou de rage, il abandonne précipitamment sa compagne sur le lit avec l'enfant et dévale la campagne verdoyante de cette région d'Ashenval qui deviendra plus tard Gangrebois. Il est rejoint plus tard par Anaïre qui a confié la petite au maitre druide, lui même perplexe devant la nature du nourrisson.
« Antémius ! Où est-ce que tu vas ?! » hurle elle désemparée alors qu'elle le rattrape en courant maladroitement.
Il s'arrête machinalement, se retourne en tirant son épée, le visage déformé par une grimace indéfinissable. Il la regarde un instant qui semble une éternité.
« Notre 'enfant', est monstrueuse. Chaque pouce de ma peau s'est hérissé quand j'ai senti la puanteur de l'Ombre qu'elle dégage. » Il reprend son souffle et se met à gueuler soudainement. « Je ne l'ai pas tuée de mes propres mains par respect pour toi ! » Son souffle projette des volutes de vapeur dans l'air du soir. Il pointe son épée en direction d'Anaïre.
« Oh... Antémius, c'est une enfant... Elle n'est coupable de rien. » Elle lui souffle la phrase, la poitrine comprimée par un énorme sanglot qui n'arrive pas à s'échapper. Elle avance doucement vers lui, comme elle s'approcherait d'une monture affolée. La pointe de la lame enchantée touche son plexus. Elle n'avance plus. « Je suis sa mère, tues moi plutôt mais laisse la vivre, je t'en prie. »
Il a envie de la faire taire, de lui beugler « Ta gueule ! » et la transpercer, pour que tout finisse. Il hésite longtemps. Il finit par baisser lentement l'arme et la colère de son regard se change en profonde tristesse comme il penche légèrement la tête sur le coté.
« Antémius, je t'en prie, reviens à la maison, serres la dans tes bras. »
Il baisse les yeux un instant, le sang fouette ses tempes à tout rompre. D'un geste vif il plante son arme dans le sol, entre eux deux. Il lui adresse un regard indéfinissable, se retourne et s'en va avec une démarche exagérément fière. Celle de ceux qui tentent de rester dignes alors qu'ils ont tout perdu. Et elle le regarde partir. Elle a envie de courir, se jeter contre lui, mais à ses pieds, la Terre lui murmure que l'acier planté en elle a tranché leur lien.
Personne ne sait combien de temps elle passe ce soir la, plantée sans bouger, chantant sa complainte dans le bruissement de la forêt plongée dans la nuit.
Elle part avec sa fille pour Darnassus dès le lendemain. Elle veut consulter les prêtresses d'Elune. Le rituel est donné à la tombée de la nuit. Anaïre participe à chaque chant, à chaque prière, chaque méditation. Elle est dévêtue et invitée à entrer dans les eaux sacrées du Puit de Lune. Par précaution, on décide de ne pas y plonger le bébé.
Les chants se prolongent puis la grande Prêtresse Tyrande Murmevent vient en personne lui annoncer la réponse de la Déesse.
« Jeune Shaelyn Anaïre, au cours de ta formation druidique, tu as été affectée au soin des dommages fait au Grand Équilibre par les magies interdites et corruptives de toutes provenances. Il semblerait que ta vie, même courte de quelques siècles, au contact de ces souillures a imprégné ton corps. De la, ton enfant est née elle même frappée d'un mal étrange et incurable. Les Ténèbres qui émanent de son corps forment un lien entre les entités qui composent son organisme. Sois rassurée sur un point, Elune m'assure que ta fille n'est pas un être maléfique et qu'elle pourra même contraindre cet élément sombre avec le temps ; si elle est assez forte pour lui survivre.
Anaïre hoche la tête en signe d'approbation et s'enroule dans la couverture qu'on lui donne. Elle est rassurée dans le fond. Et Tyrande parle avec un charisme extraordinaire. Sa présence souriante conforte et réchauffe. Anaïre est tout de même intimidée, elle ne se tient pas face à n'importe qui ! Comme elle ne répond rien, la Grande Prêtresse continue :
« Il y autre chose. Une phrase paradoxale qui m'a traversé l'Esprit alors que je contemplais les reflets sacrés d'Elune. « Maitresse de la Nuit aux rayons de Lumière. » Je pense que la Déesse l'adressait à ton enfant, la petite Aréllys. Mais je me refuse à faire la comparaison. Ce serait... beaucoup trop prétentieux pour la petite.
Anaïre la remercie et se remet en route avec Aréllys. Elle passe en chemin sur le lieu de la séparation. L'épée est toujours plantée dans le sol. Elle la retire et la regarde en soupirant. De retour à sa maison elle la dépose dans un coffre en bois et n'y toucha plus pendant de nombreuses années.
Quelques semaines plus tard elle reçoit une missive en provenance du comptoir gobelin de la part d'un des anciens soldats du « Point du Jour ». Il annonce que son capitaine est décédé d'un suicide. Anaïre se rend sur place, le corps est enterré depuis longtemps, très endommagé disait on. Elle grave une phrase en Darnassien sur la stèle modeste et s'en retourne en Ashenval.
Sixième année :
Anathème :
Après une année les humains survivants sont passés du statut de prisonniers à celui de collaborateurs, de collaborateurs à invités et d'invités à amis. Parmi les 12 survivants 2 moururent et 4 autres, incapables de s'adapter à cette nouvelle vie furent conduits à un comptoir gobelin sur la cote est. Enfin, 6 s'intégrèrent à la société de leurs hôtes ; des décennies plus tard, ces derniers seront les artisans du rapprochement entre les Kal Dorei et l'Alliance.
De l'union née entre Antémius De Bristollan et Anaïre Shaelyn nait Aréllys De Bristollan à la 21 ème heure du 21em jour du 6em mois de la 6em année. Les augures que donnent les druides et les prêtres sont partagés. L'enfant est née le jour du solstice d'été et les 8 chiffres qui forment sa date de naissance se regroupent en 2 paires de binômes identiques soit 21210606 ; la petite Aréllys est de plus née sous la bénédiction des Étoiles de la constellation des Gémeaux. Les augures sont d'accord pour lui attribuer une personnalité particulièrement versatile, la petite sera surement capable du meilleur comme du pire. Ils n'arrivent pas à décider si les signes sont favorables ou non. En tout cas, ils attribuent au nouveau né une Destinée particulière.
Ces fantaisies, Antémius ne s'en soucie pas. Il a supplié la Lumière de lui donner un enfant. Et Anaïre est tombée enceinte. Son cœur déborde de joie, elle a entendu ses prières.
Malheureusement, sa joie cède immédiatement au profit de l'incompréhension et du dégout quand Aréllys sort du ventre de sa mère. Le petit corps dégoulinant est déjà baigné dans une profonde aura de Ténèbres.
Fou de rage, il abandonne précipitamment sa compagne sur le lit avec l'enfant et dévale la campagne verdoyante de cette région d'Ashenval qui deviendra plus tard Gangrebois. Il est rejoint plus tard par Anaïre qui a confié la petite au maitre druide, lui même perplexe devant la nature du nourrisson.
« Antémius ! Où est-ce que tu vas ?! » hurle elle désemparée alors qu'elle le rattrape en courant maladroitement.
Il s'arrête machinalement, se retourne en tirant son épée, le visage déformé par une grimace indéfinissable. Il la regarde un instant qui semble une éternité.
« Notre 'enfant', est monstrueuse. Chaque pouce de ma peau s'est hérissé quand j'ai senti la puanteur de l'Ombre qu'elle dégage. » Il reprend son souffle et se met à gueuler soudainement. « Je ne l'ai pas tuée de mes propres mains par respect pour toi ! » Son souffle projette des volutes de vapeur dans l'air du soir. Il pointe son épée en direction d'Anaïre.
« Oh... Antémius, c'est une enfant... Elle n'est coupable de rien. » Elle lui souffle la phrase, la poitrine comprimée par un énorme sanglot qui n'arrive pas à s'échapper. Elle avance doucement vers lui, comme elle s'approcherait d'une monture affolée. La pointe de la lame enchantée touche son plexus. Elle n'avance plus. « Je suis sa mère, tues moi plutôt mais laisse la vivre, je t'en prie. »
Il a envie de la faire taire, de lui beugler « Ta gueule ! » et la transpercer, pour que tout finisse. Il hésite longtemps. Il finit par baisser lentement l'arme et la colère de son regard se change en profonde tristesse comme il penche légèrement la tête sur le coté.
« Antémius, je t'en prie, reviens à la maison, serres la dans tes bras. »
Il baisse les yeux un instant, le sang fouette ses tempes à tout rompre. D'un geste vif il plante son arme dans le sol, entre eux deux. Il lui adresse un regard indéfinissable, se retourne et s'en va avec une démarche exagérément fière. Celle de ceux qui tentent de rester dignes alors qu'ils ont tout perdu. Et elle le regarde partir. Elle a envie de courir, se jeter contre lui, mais à ses pieds, la Terre lui murmure que l'acier planté en elle a tranché leur lien.
Personne ne sait combien de temps elle passe ce soir la, plantée sans bouger, chantant sa complainte dans le bruissement de la forêt plongée dans la nuit.
Elle part avec sa fille pour Darnassus dès le lendemain. Elle veut consulter les prêtresses d'Elune. Le rituel est donné à la tombée de la nuit. Anaïre participe à chaque chant, à chaque prière, chaque méditation. Elle est dévêtue et invitée à entrer dans les eaux sacrées du Puit de Lune. Par précaution, on décide de ne pas y plonger le bébé.
Les chants se prolongent puis la grande Prêtresse Tyrande Murmevent vient en personne lui annoncer la réponse de la Déesse.
« Jeune Shaelyn Anaïre, au cours de ta formation druidique, tu as été affectée au soin des dommages fait au Grand Équilibre par les magies interdites et corruptives de toutes provenances. Il semblerait que ta vie, même courte de quelques siècles, au contact de ces souillures a imprégné ton corps. De la, ton enfant est née elle même frappée d'un mal étrange et incurable. Les Ténèbres qui émanent de son corps forment un lien entre les entités qui composent son organisme. Sois rassurée sur un point, Elune m'assure que ta fille n'est pas un être maléfique et qu'elle pourra même contraindre cet élément sombre avec le temps ; si elle est assez forte pour lui survivre.
Anaïre hoche la tête en signe d'approbation et s'enroule dans la couverture qu'on lui donne. Elle est rassurée dans le fond. Et Tyrande parle avec un charisme extraordinaire. Sa présence souriante conforte et réchauffe. Anaïre est tout de même intimidée, elle ne se tient pas face à n'importe qui ! Comme elle ne répond rien, la Grande Prêtresse continue :
« Il y autre chose. Une phrase paradoxale qui m'a traversé l'Esprit alors que je contemplais les reflets sacrés d'Elune. « Maitresse de la Nuit aux rayons de Lumière. » Je pense que la Déesse l'adressait à ton enfant, la petite Aréllys. Mais je me refuse à faire la comparaison. Ce serait... beaucoup trop prétentieux pour la petite.
Anaïre la remercie et se remet en route avec Aréllys. Elle passe en chemin sur le lieu de la séparation. L'épée est toujours plantée dans le sol. Elle la retire et la regarde en soupirant. De retour à sa maison elle la dépose dans un coffre en bois et n'y toucha plus pendant de nombreuses années.
Quelques semaines plus tard elle reçoit une missive en provenance du comptoir gobelin de la part d'un des anciens soldats du « Point du Jour ». Il annonce que son capitaine est décédé d'un suicide. Anaïre se rend sur place, le corps est enterré depuis longtemps, très endommagé disait on. Elle grave une phrase en Darnassien sur la stèle modeste et s'en retourne en Ashenval.
Aréllys
Re: Anatheme [Arellys]
Chapitre V
Dix septième année :
Indésirable :
Dix septième année :
Indésirable :
Jour XX
Cher Journal,
Enchantée de faire ta connaissance, je m'appelle Aréllys De Bristollan ; j'ai 11ans et je n'ai pas d'amis. Aussi j'espère que nous deviendrons rapidement de bons copains. Les 3 autres se moquent de moi toujours. Ils sont très méchants. Il disent que je suis bonne à rien et que j'ai l'air d'un spectre des ruines de Sombrivage avec mes cheveux qui tombent sur mes yeux, ma silhouette squelettique et le noir que j'étale sur le monde.
Cher Journal, j'espère que je ne te dérange pas avec ma vie misérable. Tu sais, aujourd'hui Iraldyn a réussi à faire éclore un bourgeon magnifique lors des leçons. Tous les autres ont réussit à comprendre le chant des cerfs. Tout le monde sauf moi. Même le maitre druide sourit à leurs méchancetés et ne les arrête pas quand ils s'en prennent à moi.
Il paraît que je suis un monstre des abîmes, envoyé par les Traitres eux mêmes. Pauvre Journal, ils ont osé dire que même mon étranger de père était mort de honte en me voyant ! J'ai voulu les frapper avec un bâton mais ils m'ont jeté des pierres. L'une d'entre elles m'a fait saigné l'épaule et un flot de cette sale Ombre s'est aussitôt échappé de la plaie. Ça tourbillonnait fort autour de moi et ils se sont enfuis en rigolant. Je les déteste. Je les déteste. Je les déteste JE LES DETESTE ! Heureusement, dans le livre que maman m'a cherché a Darnassus, il est écrit de les bons verront leurs vertus récompensées par la Sainte Lumière. J'espère qu'elle n'attendra pas trop quand même.
J'ai raconté à maman. Elle est gentille maman. Dommage que le maitre Druide et les autres ne l'aime pas. Elle a dit en bandant ma blessure, que je ne devais jamais oublier que je fais partie du Grand Équilibre et que mon père, tout humain qu'il était, est tombé comme n'importe lequel d'entre nous, en combattant héroïquement pour défendre nos terres de ses ennemis. Et qu'il m'aimait fort.
Des trois méchants Andaviel est le moins méchant. Ils ne me frappe pas et ne se moque pas trop. Il rit juste quand je montre que ne sais rien de notre monde mais c'est tout. Je crois qu'il n'ose pas me parler devant les autres.
Jour XX
Cher Journal,
Aujourd'hui j'ai nagé pendant longtemps dans la rivière et j'ai atteint une nouvelle région ou l'herbe est toute rousse avec beaucoup de ruines. J'aime les ruines et toi journal ? Elles sont calmes, isolées, parfois grandioses. Je m'y sens bien. Je t'emmènerai bien voir, mais tu ne sais pas nager Journal. Je suis comme elles. Nous n'existons pas pour les autres. Ou alors nous apparaissons comme un bouton, une balafre sur la face du monde.
Pourtant je sais qu'elles ont un sens, qu'elles veulent dire quelque chose. Lorsque je reste longtemps dans leurs pierres je peux m'imaginer les grandes époques de ces lieux. La bas, des gens sont nés, morts, se sont aimés, détestés, tués, aidés... Parfois quand je rêve beaucoup mes Ombres tournent autour des pierres alentours et je sens les choses. Les ruines peuvent parler. Elles murmurent dans ma tête. J'ai eu peur au début mais elles sont gentilles en fait. Elles disent que je ne suis pas comme les autres. Je suis d'accord. Moi aussi je pense être comme les ruines.
Je demanderai à Andaviel s'ils connait l'endroit. Il est gentil avec moi. Merci de m'avoir écouté Journal.
Jour XX
Cher Journal,
Andaviel et moi on a été se balader dans la forêt. Il m'a demandé de citer 3 animaux. Alors j'ai répondu que je n'ai qu'un seul animal préféré. La Phalène. Parce qu'elle est comme moi. Elle aussi elle aime la Lumière ; elle est obligée de vivre dans l'obscurité. Mais la Lumière ne l'aime pas. Elle la brule. Et pourtant elle continue de l'aimer et meurt. Je lui ai raconté qu'à mes 8ans maman m'a emmené voir les prêtresses de Darnassus. La Lumière d'Elune incantée par l'une d'elles m'a brulé le bras très fort. Je suis toute grise. Je suis une phalène. Je n'ai pas de couleurs. Mais je m'en fiche d'avoir mal Journal. Dans le livre sur la Lumière que maman a pris à Darnassus pour moi, il est écrit que la Lumière peut vaincre les Ténèbres et chasser le mal des gens. Je veux être brulée fort et faire partir les vilaines Ombres de moi. LA PHALENE EST PAS BETE. ELLE PREFERE MOURIR DANS LA LUMIERE QUE VIVRE DANS LE NOIR. JE SAIS MOI.
Journal. J'oublie de te raconter. Pardon. And à dit que les 3 animaux des gens sont intéressants parce que le premier que les gens citent correspond toujours à ce que les gens voudraient être idéalement. Le deuxième renvoie l'image que les gens ont vraiment d'eux même. Enfin le dernier reflète la façon dont les gens voient la personne.
And a montré un papillon, pas une phalène. Il a dit que finalement sa méthode devait être fausse parce que je ressemble à ce papillon qu'il montrait. Je sais pas si tu le connais ce papillon Journal. C'est un Shynx Changeant. Ses ailes sont toutes blanches en temps normal. Mais dès qu'il se pose sur une fleur il en copie immédiatement toutes les couleurs et reproduit ses motifs sur ses grandes ailes. C'est très joli. And a dit qu'en temps normal je suis neutre mais que lorsque je rencontre quelque chose de beau, j'arrive à puiser dedans pour me sublimer. C'est tellement gentil ! Pour lui faire plaisir j'essaierai d'être un Shynx Changeant. Mais au fond je sais que je suis une phalène.
PS : Il aime les chats et les félins.
Jour XX
Cher Journal,
J'ai parlé à And des ruines et de la région rousse. Il a dit que s'est une région maudite qui s'appelle Azshara et qu'elle était autre fois le berceau de toute notre civilisation. Je me suis fâchée en disant que ca n'a rien de maudit et que s'est même très joli. J'ai dit que nous irons un jour mais il n'a pas voulu. Il a dit que la bas ce sont les ruines des Traitres, que leur magies interdites infestent encore les ruines et que c'est en plus devenu très dangereux.
Comme je t'ai dit journal, je ne trouve pas les voix méchantes moi. Il y a des millénaires elles auraient fait de moi une puissante servante de leur société ; autre chose que la paria que je suis. Depuis quelques semaines ils essaient de m'apprendre la magie. J'arrive péniblement à faire craquer quelques étincelles dans ma main. Mais ils veulent surtout que j'apprenne à me servir de mes Ombres. Je refuse parce que c'est sale. Je n'ai pas dit à And que j'apprends la magie. Alors j'espère que tu ne le diras pas journal.
Pour changer le sujet il m'a donné un petit chaton noir et gris trop mignon ! Il aime vraiment beaucoup les chats. Je l'ai appelé Plégisse car j'ai entendu ce nom dans les pierres et que je l'ai trouvé joli.
Jour XX
Cher Journal,
Journal, je vais toujours plus loin dans les ruines. Il y en a de plus en plus. Elles sont jolies et ont tellement à raconter. J'ai vu une grande ville en ruine plus loin près du rivage. J'irai voir un jour. Plégisse le chat m'accompagne toujours. Il est gentil comme And mais en plus lui ne me fait pas la morale.
Jour XX
Cher Journal,
Journal, j'ai eu très peur hier. Mais j'ai réussi quelque chose de fantastique. J'étais dans les grandes ruines et j'écoutais les pierres lorsque j'ai vu les monstres nagas. Je me suis cachée dans un coin entre les pierres avec Plégisse serré contre moi. Les voix disaient que les nagas allaient quand même me trouver grâce a ma magie et me tuer. Que je si je voulais survivre, je devais apprendre à contraindre les Ombres et que ce n'est pas sale. Je n'avais pas le choix alors j'ai fait comme elles m'ont dit. Je me suis concentrée pour sentir les Ombres autour de moi et mon corps lui même. J'ai imaginé que j'aspirais toute les Ombres par toutes les pores de ma peau. J'ai pensé ensuite que ma peau était comme une écorce capable de retenir les Ombres dedans. J'étais sur que ca allait rater mais quand j'ai ouvert les yeux j'ai vu que les Ombres n'étaient plus autour de moi ! Les voix m'ont félicité et les nagas ont arrêté de fouiller. Heureusement ils sont partis vite car je ne suis pas restée concentrée très longtemps et les Ombres sont revenues. Les voix ont dit qu'autrefois les nagas étaient leurs frères mais que depuis quelqu'un les a transformé et ils ne se parlent plus. Je vais m'entrainer a avaler les Ombres et maman sera fière de moi !
Jour XX
Cher Journal,
Maman était très fière de moi lorsqu'elle a vu ce que j'arrivais à faire. Que cela marquait un tournant dans ma vie. En récompense elle m'a donné une belle épée. Elle a dit qu'elle était à mon père et que maintenant je pouvais la porter. Je l'ai montré à And et il m'a fait un fourreau et des sangles pour que je puisse la porter dans le dos. Elle est très grande et très jolie ! Je m'appelle Aréllys De Bristollan, j'ai 11ans et demi, un ami pour la vie et même un compagnon à 4 pattes qui n'a pas peur de moi. Désolée Journal, je pense que nous allons nous voir moins souvent.
Dernière édition par Aréllys le Mer 14 Juil 2010, 17:27, édité 1 fois
Aréllys
Re: Anatheme [Arellys]
Chapitre VI
Vingtième année :
Damnation :
Une dernière phrase est ajoutée sur la page d'à coté en Thalassien, dérivé Bien Né du Darnassien.
Vingtième année :
Damnation :
Jour XX
Immonde Journal,
Je n'espérai pas te revoir. Nous nous connaissons déjà. Je suis Aréllys De Bristollan et j'ai 14 ans. Ma région natale a été dévastée par l'attaque de la Légion Ardente. Ce vert vallon est maintenant une étendue de mort et de corruption que nous avons renommé Gangrebois.
Beaucoup des « miens » sont morts. Ma mère en fait partie. Elle avait rejoint les combattants alors que nous autres jeunes avons été évacués dans le sud d'Ashenval. On raconte qu'ils vont bientôt porter le combat au cœur du mont Hyjal. Depuis l'invasion les autres sont de plus en plus agressif envers moi.
Cette ambiance est intenable. J'ai appris à contrôler mes Ombres mais jamais pour détruire. Pourtant, loin de les apaiser, ca n'a fait que renforcer leurs soupçons.
Jusqu'à maintenant j'avais And avec moi. Nous étions amoureux et nous le savions sans nous l'être jamais dit. Un jour je l'ai convaincu d'aller se promener avec moi comme nous faisions avant. Nous avons quitté le refuge. Sur la route j'allais être prise dans un piège démoniaque par la faute de mon manque de vigilance. S'était une illusion démoniaque destinée a piéger et corrompre les curieux qui s'approcheraient trop près. Je le sentais, pourtant il a fallu que j'aille voir plus près. Toujours cette histoire de phalène et de flamme.
And s'est précipité dedans pour m'en sauver. Il a été corrompu à ma place. Il savait ce qui l'attendait. Il ne voulait pas rentrer et demander des soins, de peur de contaminer tout sur son chemin, et les soigneurs du refuge surtout. Il m'a supplié de le tuer. Il disait qu'il allait mourir de toute façon, qu'il se suiciderai s'il fallait. Mais qu'il préférait que ce soit moi qui le fasse. Parce qu'il m'aimait. J'ai refusé. Il a insisté. Alors je l'ai fait. J'ai sortie l'épée et je lui ai enfoncé dans la poitrine. Il est mort. J'ai brulé le corps et j'ai purifié l'épée avec l'eau du Puits de Lune comme il m'avait recommandé. S'était affreux. C'est ma faute. Je l'aimais. Je ne retournerai plus au refuge. Je veux mourir à Gangrebois où je n'aurai pas du voir le jour.
Jour XX
Sale journal,
Je suis à Gangrebois mais la guerre vient de terminer. L'offensive sur Hyjal est un succès et la Légion vient d'être battue. Les traces de son passage sont toujours là par contre.
Peu importe. J'étais toujours décidée à mourir alors j'ai arpentée la région à la recherche de la créature qui puisse mettre un terme à ma vie. Plégisse le chat a tenu à m'accompagner. Je lui ai dit longtemps de retourner au refuge. Mais il s'est contenté de miauler et m'a suivi comme toujours. Pauvre petit ami.
J'ai fini par les rencontrer les créatures. Deux démons en maraude. Je n'ai plus bougé. Attendant la délivrance. Me l'apporter ne les a pas intéressé. Ils ont préféré tuer Plégisse et ont commencé à s'en aller.
Ils n'auraient pas du. Mon pauvre And ! Ils venaient de te tuer une seconde fois ! La douleur m'a déchiré le cœur et la Haine a brulé tout mon esprit. L'écorce dont je fais ma peau en permanence maintenant a éclaté d'un coup. Des torrents d'Ombre se sont déversés. Je n'étais plus Aréllys. J'étais la fureur, l'Ombre elle même. Je me suis étendue vers eux. Ils se sont arrêtés. Je crois qu'ils se sont demandés comment un être inférieur pouvait produire l'Énergie de leurs seigneurs. Ils auraient du courir. Mon étreinte a brisé le premier comme une coquille. Je lui renvoyait toute la violence de ce que j'ai connu de cruauté et de désespoir, ce que j'ai ressenti de leur corruption sur notre sol. Il s'est écroulé, le corps pris de convulsion, affreusement mutilé. Ça n'a duré qu'un instant. J'étais toute puissante.
Je me suis tournée vers le deuxième. Une déferlante. Il était une palissade. Je l'ai engloutit, brisé, écrasé, plié. Je me suis infiltrée dans toutes les pores de sa peau et j'ai parcouru tout son être. Tout était clair. La mort aurait été une punition bien trop douce. J'ai trouvé l'objet de sa servitude, son seigneur démoniaque. Je l'ai remplacé dans son âme par ma propre personne.
« Tu n'es plus »
« Tu m'appartiens tout entier »
« Tu es mon esclave »
« N'attends aucune pitié car ta servitude sera ton Enfer »
« Quand tu auras suffisamment servi, alors je t'autoriserai à mourir pour moi. »
Comme marque de son esclavage je l'ai condamné à prendre le nom et l'apparence de Plégisse. Mon chat qu'il venait de tuer. Lorsqu'il a cette forme, ses pouvoirs de démon lui sont ôtés mais il ne sent presque plus la corruption et l'ombre. Il ne reprendra sa véritable forme que sur mon ordre.
Depuis, le monstre me suit partout et se tient a carreau. Je le commande par la pensée. Il a l'apparence de Plégisse mais ce n'est pas Plégisse. Je dois le garder à l'esprit et le punir encore et toujours. Je vais prendre l'habitude de tester la magie offensive sur lui.
Ces Ombres que j'ai en moi depuis toujours me donnent de la puissance. Les voix des ruines avaient raison. Je peux projeter la Destruction mais pas seulement. Elles véhiculent mes émotions, servent à palper le monde extérieur et les énergies qui le parcourent. Je commence à peine à comprendre ce que ca signifie.
Mais ce n'est pas sans conséquences on dirait. Je les ai beaucoup utilisé aujourd'hui et mon corps est blessé. Ma peau est brulée par plaques entières et ma chair est fripée comme si je venais de nager longtemps. Tout se paie. Lorsque je ne fais plus qu'une avec l'Ombre et que j'utilise des magies puissantes, tout mon corps souffre.
Aucun doute, c'est la punition de la Lumière pour cette magie impure.
And, Lumière, Elune... Je voulais mourir, pourquoi me refuser la délivrance ? Est-ce que moi aussi je dois vivre et souffrir dans la servitude avant de mériter le pardon ? Comme le démon Plégisse ? D'accord. Autant accepter sa Destinée, sinon on ne fait que souffrir plus. Je servirai donc la Lumière à ma façon jusqu'à ce qu'elle m'accorde ma Rédemption.
Je m'appelle Aréllys De Bristollan. J'ai maintenant 14 ans, mes parents sont morts. J'ai tué de mes propres mains mon seul ami et mon amoureux. Je suis un monstre de l'Ombre avec un chat démoniaque qui vit en quête de la Lumière. Je dois vivre dans la souffrance et la honte pour avoir droit de mourir dans le pardon. Je n'ai plus de foyer et mes animaux préférés sont dans cet ordre, le Shynx Changeant, la Phalène et le Chat.
Une dernière phrase est ajoutée sur la page d'à coté en Thalassien, dérivé Bien Né du Darnassien.
« Nous ne sommes que des insectes. Ils nous tuent pour s'amuser. »
Aréllys
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