Métamorphose

La teinture rousse enfin sèche et appliquée avec précision sur le moindre de ses cheveux et des poils de sa barbe, Vael allait enfin pouvoir passer à la suite...

"-Hum... voyons voir... passer chez le coiffeur. Une coupe... aérodynamique. Sa sera parfait. Parfait... ensuite..."

L'homme se contemple un instant dans le miroir.

Cet allé-retour entre Norfendre et Hurlevent lui avait paru interminable et l'avait marqué... bien qu'en vérité il n'avait jamais atteint les côtes du grand continent glacial. Son navire avait fait une escale à proximité de Stromgarde où des alliés d'Hurlevent avaient prévu un ravitaillement pour le long voyage, et usant de toute sa ruse et de tout son savoir faire, Vael Carlston avais réussit... à se retrouver à devoir ramer jusqu'à la ville moitié-engloutie de Ménéthil en évitant les requins, les murlocs, les fantômes et les anguilles... surtout les anguilles... brrr...

Ses mains étaient devenues encore plus calleuses qu'auparavant à force de ramer, exercice auquel il n'était pas habitué. Et sa peau était encore marquée par le sel marin dont les eaux boueuses qu'il avait eu l'occasion de déguster plus d'une fois étaient fortement imprégnées...

Enfin, la longue marche de plusieurs jours pour atteindre Forgefer et le Tram par des terres infestées de créatures dangereuses avait offert à son corps une quantité d'exercice physique auquel il n'était plus du tout habitué...

En somme, son voyage et sa teinture le rendait méconnaissable. Il ne lui manquait plus qu'un ou deux détails...

L'homme hésite un instant... approche sa main, la recule... puis se décide finalement et retire son cache-oeil avant de le ranger au fond d'une poche en grimaçant.

"-Bonjour, Docteur Jivaro Fol-Oeil ! Pour vous servir !"

Sa voix était nasillarde à souhait. Satisfait, Vael se permit un sourire.
Il enfila la robe d'un vert affreux par dessus ses vêtements, saisit sa grande canne de mage, et sortit de la petite chambre d'étudiant dans laquelle il s'était introduite quelques jours auparavant, se dirigeant d'un pas décidé vers le salon de coiffure de la ville, exposant sans crainte son oeil crevé à la face du monde...

Le Juste est revenu...