Légendes urbaines du monde

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Message  Therod Aoun'dore Sam 23 Avr 2011, 14:39

Je vous propose d'écrire ici de petites légendes, ou histoires sordides, sur des anecdotes, des racontards, des monstres chimériques qui auraient pu alimenter des conversations de taverne !


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Au fond du puits




Histoire volontiers rapportée par les écarlates des maleterres de l'est, et échangée entre les paladins de la Croisade d'Argent.




Nous sommes en l'an 16, un soir de Juillet, à la Croisée de Corin.








Clarke Surve remontait le long chemin boueux qui menait à la paroisse de son mentor, trainant à grand peine le poids de son armure. Dans son dos, la grande ville de Corin sombrait dans le crépuscule, et la tranche de soleil disparaissait sous les toits pentus et le sommet des clochers, découpant leur silhouette froide sur un ciel rougeoyant.
Il savait qu'Anton ne l'attendait pas si tôt. Il devait avoir fini les Offices du Soir de la cathédrale de Bayeux bien après le banquet, mais on l'avait très mal accueilli. Lorsqu'il était venu de Stratholme, plein d'espoir de cueillir les enseignements d'un maître, il ne s'attendait pas à échouer dans la paroisse la moins fréquentée et appréciée de tout le comté : celle de Romansky. Les rumeurs allaient bon train à son sujet, et il n'avait pas trouvé que l'homme était un si mauvais bougre. Très solitaire, partisan, certes, du moindre effort, et il s'égarait trop souvent dans de longs sermons sur la noirceur de la nature humaine qui rongeaientt la foi de Clarke jour après jour.
Il dépassa la grille du grand cimetière qui surplombait la ville. Les tombes étaient neuves, propres. Toutes identiques. On avait enterré là tous les morts de la seconde guerre qui avait balafré les royaumes de Lordaeron pour toujours. Parmi ces pierres blanches, et multiples, on voyait les plus vieilles stèles grisâtres, dont le nom était lentement effacé par l'érosion et le lichen.
L'église d'Anton était petite, trapue, et légèrement penchée. Sans doute avait-elle été construite en hâte, et sans beaucoup de minutie, et les fondations avaient commencé à se tordre et s'enfoncer dans le sol meuble. La corde de son clocher s'agitait légèrement au vent, devant les double-porte de chênes aux gonds rouillés. Les planches de bois ternes étaient par endroit enfoncées, ou arrachées, et les messes d'hiver, aussi dépeuplées que glacées, semblaient alors une éternité lorsque le vent glacé s'engouffrait dans ces brèches béantes. Pour l'heure, il faisait chaud.
A gauche de l'église, loin derrière, il y avait le caveau d'une famille dont Anton avait toujours tu le nom. Clarke se souvenait qu'un jour, le frère de son maître était venu et ils avaient disparu dans ses entrailles des heures durant. Le frère était parti, et jamais n'était revenu. Le jeune paladin avait néanmoins l'interdiction absolue de l'approcher. Soudain, il s'immobilisa. Quelque chose était étrange.
Certes, le lieu était toujours très calme, mais une nappe de silence sourd s'était étendu sur tout le cimetière. A cette heure-ci, Anton aurait du faire les prières du soir, ou s'occuper du potager. Aucune lumière dans le grenier de l'église qui lui servait de logis – pas une lueur de bougie vacillante à travers les carreaux encrassés... Clarke avança d'un pas mal-assuré, et poussa la porte de l'église.
Une rangée de bancs résolument vides et poussiéreux l'attendaient, alignés en désordre face à un vieil autel dont les draperies étaient rongées par les rats. Une immense croix de la lumière, en bois noir, surplombait les quelques cierges allumés. Et la corde du clocher se balançait..
« Père Romansky ? ». La voix juvénile du paladin se perdit en écho entre les planches, et n'y répondit que le sifflement du vent. « Mon père ? ».
Rien.
Il posa la main sur son épée, par pur réflexe, et ressortit de l'église. Si la brise soufflait dans l'autre sens, il parvenait à entendre de vagues éclats de voix, depuis le caveau. Il tira cette fois son épée au clair, et courut jusqu'à ses portes de fer forgées. Le cadenas avait été ouvert sans être forcé. L'obscurité qui régnait à l'intérieur lui intima un mouvement de recul, mais il poussa finalement les grilles, et un courant d'air glacé balaya son visage. A présent, c'était distinct. Quelque chose parlait dans les entrailles de la crypte. Il invoqua un sort de lumière mineur et illumina son épée comme une torche. Les murs de pierre étaient gravés de fresques effacées, auxquelles Clarke n'accorda pas d'importance. Il prit un premier virage, puis un second. La voix profonde de son maître se fit plus forte, et il parvint à en entendre quelques mots.
« ...ôter...mal qui ronge... entrailles ! Brûlez, BRULEZ ! »
Il reconnaissait l'accent, et l'intonation typique d'Anton, mais son timbre était plus caverneux, et étouffé, comme si on hurlait à travers une tempête. Il descendit de nouveaux escaliers, prenant lentement conscience de la taille réelle de cet édifice. Il percevait, à gauche, et à droite, que de larges couloirs adjacents plongeaient dans une pénombre plus dense encore, mais se laissait guider par la voix du Père Romansky, qui semblait à présent pousser un chant funéraire.
Enfin il perçut une lumière violacée, qui ondulait sur les murs comme le reflet d'un lac sous-terrain, et une seconde voix, sifflante, glaçante, qui murmurait, et répétait inlassablement trois mots dans une langue exotique. Clarke prit une grande inspiration, et risqua un oeil au coin poussiéreux du mur, et ce qu'il vit lui inspira une terreur absolue. La lame cessa de briller, plongeant ce coin de la crypte dans des ténèbres indistinctes.
Le Père Anton était de dos, les bras écartés, tenant dans sa main gauche une chaine d'argent malmenée qui disparaissait dans un trou béant entre deux dalles, comme si elle retenait un molosse colossal, et dans sa main droite un libram noir que le jeune paladin n'avait jamais vu. Le sermon du père Romansky était à présent bien distinct.
« Ame impure, sois nettoyée, et que la souffrance te ramène sur le chemin de la foi, que ta... » Il s'arrêta soudain, et empoigna avec plus de vigueur la chaine d'argent, qui se mit à irradier une lumière dorée. Du fond de la crypte on entendit un cri de douleur déchirant, puis quelque chose gratter les murs sous les pieds de Clarke, qui poussa un cri. Tout se passa alors très vite. Anton se retourna, son libram à la main, et foudroya le paladin du regard. Il y eut un moment de flottement, de bref silence, puis la chaine se tendit à nouveau avec force, et Père Romansky tomba à la renverse. Son bras était retenu par quelque chose dans la brèche, et les cris du prêtre redoublèrent d'intensité.
Clarke courut à sa rescousse, l'aidant à se dégager, mais quelque chose le retenait. Les yeux d'Anton s'injectèrent de sang, et sa main droite, encore libre, s'illumina d'une flamme lumineuse. Celle-ci devint bleuâtre, jusqu'à virer au noir profond, et il l'abattit à l'aveuglette sur la créature sous la dalle de pierre. On entendit un nouveau cri, et une chute sourde. Lorsque le prêtre dégagea son bras, deux de ses doigts avaient été dévorés.
Anton poussa un râle sourd et se traina loin de la brêche. Clarke, lui, était en état de choc.
« Vous avez... utilisé... le Feu Sombre. » Son maître, saignant et gémissant, rampa sur le dos, ses yeux globuleux humides, qui lui donnaient un peu l'air d'une grenouille desséchée. Il voulut ouvrir la bouche, mais un nouveau choc sourd secoua la crypte. La dalle se fendit brutalement, et derrière Clarke, une lumière bleuâtre s'échappa du trou. Un visage immatériel et déformé par la douleur s'extirpa de sa prison, et jaugea Clarke un instant.
« Fuis. » dit la créature, ce que fit le paladin dans l'instant.
Anton croisa le regard de son apprenti, qui hésita un instant à le secourir, mais ses doigts brillaient encore d'une magie interdite, et il se résolut à le laisser mourir. Il ne vit que le spectre ouvrir une gueule béante et fondre sur Père Romansky.


Lumière du jour. Il s'effondra devant la crypte et pleura à chaudes larmes. Le sang de son maître avait éclaboussé son visage, et il s'empressa d'effacer toute trace du massacre. Il tremblait comme une feuille, et ses jambes ne le portaient plus. Les idées se bousculaient dans sa tête... Anton, utiliser la magie sombre ? Pourquoi l'aurait-il fait ?
Il ôta son armure, et alla boire une bonne lampée de vin de messe, pour se redonner du courage. Puis il sortit de l'église, et regarda la nuit qui était tombée sur la croisée de Corin. Il pourrait y demander l'aide, et l'asile, des prêtres de la ville. Il traversa une partie du cimetière, s'efforçant de ne pas poser son regard sur la crypte.
Hélas. S'il l'avait fait, il aurait vu une main ensanglantée, s'appuyer contre la grille et l'ouvrir en silence, et une soutane déchirée apparaître sous la lune. Il aurait vu l'éclat d'une chaine d'argent qui vint le cueillir à la cheville, et dont le crochet se planta dans son talon d'achille. Poussant un cri, Clarke s'effondra sur la terre noirâtre, et cogna violemment sa tête contre une tombe blanche, qui reçut une large éclaboussure de sang écarlate.
Titubant, affaibli, une large trace de morsure au creux de son cou, Anton rampa jusqu'à lui en tirant la chaine pour s'assurer de sa prise. Clarke, lui, était inconscient. Une main de trois doigts le saisit, et il fut jeté sans ménagement dans une charrette entre deux cercueils. Lentement, et en poussant de longues plaintes rauques, il poussa le véhicule jusqu'au puits derrière l'église. La lune tranchait maintenant entre deux nuages ses rayons blancs, et assura à Anton que personne n'était venu s'approcher de l'église. Non, personne n'habitait là à moins de trois cents mètres, et les bougies étaient déjà éteintes dans les chaumières.
Il tira le corps de Clarke, qui rouvrit péniblement les yeux, et le posa sur le rebord du puits sans fond. Alors qu'Anton s'affairait à le ligoter, il ne vit pas le paladin invoquer un faible sort de lumière au creux de sa paume Il s'aperçut seulement d'un éclat furtif dans sa main, et se saisissant en un éclair de sa lame, il trancha net le poignet du jeune paladin, qui n'eut pas la force de pousser un cri. Les muscles de son cou se contractèrent, comme si le hurlement de douleur s'y était perdu et enflait dans la trachée jusqu'à la rupture.
Sans la moindre vergogne, Anton souleva les jambes du paladin et le fit basculer dans le puits. Il y eut un long moment de silence, parfois interrompu par le choc d'un membre contre les parois de pierre, puis un choc d'eau sourd, et lointain. Le père Romansky alla chercher du matériel dans la grange, et scella la sortie du puits par des barreaux de fer croisés, comme s'il pressentait qu'un jour, il finirait par revenir.


Au fond du puits, d'entre les pierres humides et grouillantes d'insectes, une faible lueur bleuté s'échappa, suivi d'une dizaine d'autres, et vint bercer le corps encore vivant du paladin. Les âmes meurtries de la crypte s'étaient donné la tâche de venir cueillir l'esprit innocent de Clarke Surve pour préparer leur revanche.
Therod Aoun'dore
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Message  Baron Mordris Sam 23 Avr 2011, 15:12

Des ragots se propagent dans la ville d'Hurlevent concernant un soi-disant trafique de stupéfiants. Pas facile d'enterrer une rumeur qui se propage de jour en jour. Le principe même du ragot, c'est qu'il se propage déformé et amplifié à chaque passage de bouche à oreille. Des rumeurs la concernant se propagent. Qui se répandent par la faute de bavards. La chasse aux ragots dure toute la journée. Un homme, l'Enfumeur, propage volontairement de dangereuses drogues dans les bas quartiers. L'ordure propage ces poisons avec n'importe qui dont des enfants. Un nouveau poison provoquant une énorme dépendance. Provoquant des effets secondaires. La perte des cheveux, des tremblements, des bavements et des hallucinations. Compte tenu du nombre incalculable de ragots et d'idioties qui se propagent à tout les coins de rues, il est au choix d'y croire ou non.
Baron Mordris
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Message  Therod Aoun'dore Sam 23 Avr 2011, 15:28

Baron Mordris a écrit:Des ragots se propagent dans la ville d'Hurlevent concernant un soi-disant trafique de stupéfiants. Pas facile d'enterrer une rumeur qui se propage de jour en jour. Le principe même du ragot, c'est qu'il se propage déformé et amplifié à chaque passage de bouche à oreille. Des rumeurs la concernant se propagent. Qui se répandent par la faute de bavards. La chasse aux ragots dure toute la journée. Un homme, l'Enfumeur, propage volontairement de dangereuses drogues dans les bas quartiers. L'ordure propage ces poisons avec n'importe qui dont des enfants. Un nouveau poison provoquant une énorme dépendance. Provoquant des effets secondaires. La perte des cheveux, des tremblements, des bavements et des hallucinations. Compte tenu du nombre incalculable de ragots et d'idioties qui se propagent à tout les coins de rues, il est au choix d'y croire ou non.

HRP : Sans vouloir faire mon chieur, Baron, je pensais plutôt à des histoires passées, le même genre de légendes que l'on peut trouver irl pour le monstre du Loch Ness, par exemple, ou des histoires de villages, des meurtres jamais élucidés rapportés des années après... les rumeurs sur des faits actuels, cette section en est plein Wink
Therod Aoun'dore
Therod Aoun'dore


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Message  Baron Mordris Sam 23 Avr 2011, 17:34

{HRP}:

Han d'accord ! C'est moi qui semble mal comprendre. Désolé xD
Baron Mordris
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Message  Cærta Sam 23 Avr 2011, 17:57

(Elle fait peur ton histoire >_< Il faudrait que je réfléchisse, j'ai peut-être une légende naine de chope maudite qui traîne.)
Cærta
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