L'Odyssée Dulys
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Re: L'Odyssée Dulys
15 Avril de l'an 31 - Avant-garde d'Argent.
Aron se cramponnait à la selle de son griffon, observant le paysage qui défilait sous ses pieds alors qu'il fendait les cieux du Norfendre à vive allure. Dalaran, sanctuaire flottant au-dessus des bois du Chant de Cristal, s'éloignait peu à peu derrière lui. Il n'avait pas même pris le temps d'admirer la ville et sa somptueuse architecture alors qu'il n'en foulait les pavés que pour la seconde fois. A peine avait-il franchit le portail ouvert par l'un des mages de Theramore qu'il s'était aussitôt rendu à l'aire de Krasus afin d'y louer un griffon et quitter la cité pour sa prochaine destination : l'avant-garde d'Argent.
Le soleil était à son zénith, dardant ses rayons sur les neiges éternelles de la Couronne de Glace. Le paladin ne tarda pas à apercevoir les premiers remparts du campement. Les bannières de la Croisade d'Argent étaient fièrement suspendus aux tours de guets, surplombant l'ancien champs de bataille qui s'étendait alentours. Les serres de sa monture eurent à peine le temps de mordre l'épais manteau de neige que Aron sauta lourdement à terre.
- Holà, doucement ! Le maître de vol s'esclaffa avant de reprendre son sérieux. Bienvenue à l'avant-garde d'Argent, l'a-... Il remarqua alors le tabard que portait le paladin et haussa un sourcil, surprit. Allons bon, voilà autre chose. Croisé ?
Aron hocha la tête et salua respectueusement son interlocuteur. Avant d'entreprendre son voyage, il avait prit soin de troquer le tabard de son ordre actuel pour celui qu'il avait servit des années auparavant : la Croisade d'Argent.
- J'espère que vous ne venez pas chercher de l'action, la vallée des Échos a été purgé de tous maux il y a déjà quelque temps.
- Je ne suis pas ici pour cela. Où puis-je trouver la Croisée Ladimore ?
- Ladimore ? L'homme fronça les sourcils et puisa dans ses souvenirs. Mh... Allez voir prés des tentes, il me semble qu'elle aide Colleen a ranger le dernier ravitaillement de matériel médical.
Aron remercia le maître de vol et se rendit à l'endroit indiqué. Depuis la chute du Roi Liche, le Fléau avait grandement perdu en puissance, même si il restait ça et là des poches de résistances. Il faudrait probablement des années avant que ces terres soient nettoyées de toute trace impie. Quelques croisés patrouillaient pendant que d'autres s'affairaient à débarrasser l'ancien champs de bataille des cadavres fléautiques restant. Le crissement de ses bottes en plaque sur la neige cessa lorsque Aron s'arrêta brusquement au détour de l'un des sentiers menant aux tentes. Quelques pas plus loin se tenait une jeune femme ressemblant traits pour traits à Gwendaëlle. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait mais l'effet produit était toujours le même. Il l'observa un instant ranger les caisses de matériel et l'image de son aimée revivant à travers cette femme ne fit que raviver sa détermination.
D'un pas vif, il alla à sa rencontre. Kathleen ne le reconnut pas de suite mais une fois les politesses d'usage faites, elle ne put s'empêcher de sourire.
- Qu'est-ce donc qui vous amène ici, Chevalier ?
- Votre soeur.
- Ma soeur ? Vous lui avez dit ? Comment va-t-elle ?
- Elle... Aron inspira, se préparant à énoncer cette vérité qu'il abhorrait tant et qui était cause de son tourment. J'aurais aimé avoir à vous conter quelques bonnes nouvelles, mais ce n'est hélas pas le cas. Vous a-t-elle envoyé une missive récemment ?
Kathleen fronça un sourcil et son sourire s'effaça peu à peu alors que son regard s'emplissait d'inquiétude. Elle se mordit la lèvre inférieur dans cette même mimique propre à sa jeune sœur puis secoua doucement la tête.
- Non. J'ose espérer qu'elle n'a pas suivit les traces de père...
- Gwendaëlle avait pris congé de notre ordre afin de se rendre en Norfendre pour vous y retrouver. Elle était décidée à...
- "Était" ?
- Elle n'est jamais parvenu jusqu'ici. Un officier de l'avant-garde était visiblement au courant de sa venue et ne la voyant pas arriver, il a dépêché quelques hommes à sa rencontre. Après enquête, elle serait tombé dans une embuscade Vrykuls et... Aron marqua une pause et déglutit. Ils n'ont retrouvé que son épée.
Un silence de plombs s'installa entre les deux personnes. Alors que la jeune femme assimilait lentement l'information, n'osant trop y croire, le paladin saisit le fourreau qui pendait dans son dos et en extirpa la lame. L'arme était finement ouvragé, forgé pour être maniée à deux mains. Trempé dans l'acier lunaire, il émanait d'elle une légère aura de Lumière. Kathleen posa son regard sur l'épée et soupira.
- Je... Je ne sais que dire.
- Je suis ici pour la retrouver.
- Mais vous venez de dire que...
Aron l'interrompit aussitôt et rengaina l'épée dans son fourreau.
- Ils n'ont pas retrouvé son corps. Elle n'est donc pas morte.
- Les Vrykuls ne font pas de prisonniers.
Il plongea son regard dans celui de la jeune femme et se tu. Ils avaient de nombreux points communs, à commencer par leur passé. Tout comme lui, elle avait servit l'Aube d'Argent puis la Croisade d'Argent, jusqu'à pénétrer dans la Citadelle de Glace lors de l'assaut final. Sa façon d'agir, le moindre de ses gestes lui rappelaient sa bien aimée. Pourtant, elle semblait bien plus douce, calme. Cela venait sans doute de son apprentissage de la Lumière. Troublé, il secoua légèrement la tête et reprit :
- Je ne l'abandonnerais pas.
- Je suis sa sœur, j'aurais aimé pouvoir agir en tant que telle. Mais ici... Je ne peux quitter mon poste, il reste encore tant à faire.
- J'ai fait vœu de la protéger. Et face à vous, je réitère ma promesse. Je n'aurais de cesse de la chercher, qu'importe ce qu'il m'en coûtera.
Son couple n'avait pas été au beau fixe ces derniers temps et ce depuis leur engagement au sein du Serment de Theramore. Les querelles succédaient aux querelles et peu à peu, leurs chemins avaient différé. Il en était même venu à penser qu'elle l'avait abandonné et en son fort intérieur, il se répugnait d'avoir ainsi oser douter. C'est ainsi qu'il avait finit par succomber, puis fauter. L'annonce de sa disparition lui avait fait l'effet d'une douche froide, un réveil brutal et douloureux. Il était seul responsable de tout ce qui arrivait et nul autre que lui ne pourrait réparer cela.
- Je sais que vous avez combattu à nos côtés, mais le Norfendre reste une terre dangereuse. Seul, vous y risquez votre vie.
La voix de Kathleen tira Aron de ses sombres pensées. Elle semblait tout aussi inquiète pour lui que pour sa sœur. Hélas, le paladin avait prit sa décision. Comme il l'avait dit à Herlime quelques jours plus tôt, rien ni personne ne se mettrait en travers de son chemin.
- Si tel est le prix à payer pour la retrouver, soit.
- Restez au moins pour vous reposer. Si il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, n'hésitez surtout pas.
- Le temps m'est...
- S'il vous plaît.
Il soupira et hocha la tête. Il resterait au moins cette nuit, le temps de trouver une monture et d'établir un parcours de recherche.
Invité- Invité
Re: L'Odyssée Dulys
16 Avril de l'An 31 - Forêt du Chant de Cristal.
La forêt avait une sorte de beauté éternelle sous les premiers rayons de l'aube. Aron avait quitté l'avant-garde d'Argent depuis quelques minutes déjà. Les lourds sabots de sa monture frappaient la terre meuble et encore gelée des bois. Il repensa à son itinéraire. Il n'y avait aucun sentier civilisé qui menait directement au Surplomb de Coursevent : il devrait couper à travers la forêt puis longer les montagnes en évitant soigneusement les ruines de Shandaral. Lorsqu'il servait encore la Croisade d'Argent, il avait entendu toutes sortes de rumeurs et légendes à propos de ces ruines. Elles seraient les vestiges d'une ville Kaldoreï, désormais hantée par de nombreux esprits.
Cependant, la première partie du voyage se déroula sans accrocs et le paysage verdoyant laissa place aux reflets violets des arbres de cristal. Le paladin freina la course de son cheval, posant pour la première fois le regard sur ces terres ancestrales. Il émanait de la forêt une grâce dérangeante. Les légendes Roharts racontaient qu'elle avait été jadis le théâtre de la défaite du Vol Bleu face au Vol Noir. Chaque fois qu'un dragon bleu mourrait, la magie de son corps se libérait dans les airs. Lorsque le plus anciens d'entre eux voulu lancer un sort afin de repousser les dragons noirs vers les terres désolés, la magie libéré a accidentellement amplifié le sort, forçant les arbres à devenir cristaux. Certaines nuits, lorsque le vent soufflait sur la forêt, il s'élevait un concert de chants cristallins, ce qui lui valu son nom : la forêt du Chant de Cristal.
Aron ferma les yeux et inspira l'air froid et vivifiant. Il ne devait pas se laisser distraire. Aussi magnifique soit-il, chaque endroit du Norfendre pouvait se révéler un piège mortel. Il talonna sa monture et reprit sa course, aux aguets. La matinée arrivait bientôt à son terme et il ne devait plus être très loin du Surplomb. Un craquement attira son attention sur sa gauche et il porta instinctivement sa main à la garde de son épée. Son cheval renâcla, nerveux. À quelques mètres de là un Ent imposant fixait le voyageur. Il avançait d'un pas lourd, déployant sa ramure d'un air curieux plus qu'agressif. L'écorce de son corps était couverte de givre et il s'enfonçait légèrement dans la neige à chacun de ses pas. Son regard croisa celui du paladin et il s'arrêta, voyant l'arme prête à être dégainé. Aron soupira et reporta sa main droite sur la bride en cuir. L'Ent l'observa quelques secondes encore puis repartit comme il était venu, le pas las et traînant, comme croulant sous le poids des années et de la lassitude.
Une heure plus tard, Aron aperçu le sommet de la tour de pierre du Surplomb de Coursevent. Il pressa l'allure et se retrouva nez à nez avec deux éclaireurs à l'entrée du poste avancé. Deux elfes à la chevelure d'argent portant une armure de cuir bleu et or. La première leva une main dans sa direction, lui intimant de s'arrêter. De petite taille, elle lui rappelait l'elfe de sang dirigeant la troupe de mercenaires de la Horde, dans les Tarides.
- Bal'adash, voyageur.
- Bonjour, Quel'dorei. Il inclina respectueusement la tête à l'attention de son interlocutrice.
- Que peut le Concordat argenté pour un Croisé ?
- Je demande l'hospitalité.
L'elfe esquissa un sourire et fit signe à sa comparse de s'écarter avant de faire de même.
- Vous êtes le bienvenue.
Il inclina à nouveau la tête et gravit la pente menant à l'avant-poste au pas. Partout flottait les couleurs des Hauts Elfes. Il dirigea sa monture jusqu'à un abreuvoir et mit pieds à terre. Avec le temps, le Concordat argenté avait sut développer convenablement l'endroit et s'assurer une base sûre. Aron s'installa prêt du feu et rajusta la lourde cape blanche sur ses épaules. Seules quelques heures de route le séparait de Zul'Drak, la prochaine région qu'il avait à traverser. Situé à l'est du Norfendre, Zul'Drak était l'un des endroits les plus touchés par le Fléau. Elle regorgeait de nombreuses Ziggourats et bien que les forces de la Lumière en ait mis hors d'état plusieurs, le paladin devrait sans nul doute se frayer un chemin à l'aide de sa foi et de son épée.
Il fouilla son paquetage et en sortit un demi-livre de viande qu'il plaça sur une pierre plate prévu à cet effet sur les braises. Quelques minutes plus tard son repas était prêt. Il dégusta le tout accompagné d'une miche de pain, pensif. Une fois repus, il déambula dans l'avant-poste et interpella quelques hauts-elfes. Aucun d'eux n'avaient vu une guerrière correspondant à la description de Gwendaëlle. Aron se doutait bien que les chances qu'elle ait pu arriver jusqu'ici étaient minces - voir inexistantes - mais il ne pouvait baser ses recherches sur de simples suppositions.
Il repartit en début d'après-midi après avoir remercié ses hôtes. Entre temps le ciel s'était couvert et le vent s'était mis à souffler. La forêt résonnait des chants de cristal des arbres et Aron dût à maintes reprises calmer sa monture effrayée par cette agitation nouvelle. Soudain, arrivé au détour d'un chemin, un sifflement aigu retentit et une flèche chargée de mana vint se ficher dans la neige aux pieds de son cheval. Ce dernier se cabra, forçant son cavalier à sauter à terre. Il dégaina son épée et saisit les brides du cheval. Le calme retomba auteur d'eux et une silhouette sortie de derrière l'un des piliers en ruine qui jalonnaient la route. A première vue, il s'agissait d'un Kaldorei aux habits pourpre mais le paladin pouvait sentir en lui cette essence propre aux âmes n'ayant pas encore trouvé le repos. L'elfe de la nuit ouvrit ses yeux d'un bleu de glace et banda de nouveau l'arc qu'il tenait. Sans plus attendre, Aron brandit sa lame et se rua sur son adversaire. Surprit par l'initiative, l'esprit n'eut pas le temps d'ajuster son tir et rata sa cible. L'arme du paladin s'enfonça dans le corps inconsistant et ses lèvres se mouvèrent rapidement, laissant s'échapper un son, une prière. L'elfe ouvrit de grands yeux alors que l'épée s'illuminait d'une vive Lumière. L'exorcisme lui arracha un dernier hurlement puis il s'évapora.
Aron souffla et retourna vers sa monture. La bête renâclait et frappait de ses sabots sur les pavés. Une fois l'épée rangé dans son fourreau, il grimpa sur la selle et fit claquer les rennes. Mieux valait ne pas s'attarder aux abords des ruines. Par chance, la suite du trajet se déroula sans plus d'encombres et il ne tarda pas à apercevoir les imposantes marches menant à Zul'Drak. Vieilles de plusieurs millénaires, elles étaient le vestige de la grandeur passée des Drakkaris. Hélas, le vent avait gagné en intensité et lorsque le soleil commença à décliner, une tempête éclata. Courbant l'échine sous la force du vent, Aron fut forcé de faire une halte. Par chance, l'escalier antique était construit à flanc de montagne et il put s'installer entre la roche et les murs de pierres.
Il saisit l'épaisse couverture en peau de worg, la déroula sur son cheval puis fouilla son paquetage afin d'en extirper de quoi se réchauffer. Étant en cristal, les arbres ne lui seraient pas d'un grand secours mais ce que la nature ne pouvait offrir, les gnomes l'avaient créé. Il posa la batterie chauffante, vérifia la jauge de carburant puis l'alluma. Le petit appareil crachota quelques secondes durant puis se calma, diffusant peu à peu une douce chaleur. Cela ne valait pas un feu de camps, mais c'était mieux que rien. Espérons qu'il ne tombe pas en panne, pensa-t-il, Ériane n'est pas là pour jouer les mécanos. Assit en tailleur aux pieds de son cheval, il se laissa bercer par le léger vrombissement de la batterie. Il pria intérieurement pour qu'il n'arrive rien à Ériane en son absence. Il espérait qu'elle et son fils auraient un peu de répit depuis les derniers évènements et que les cauchemars de l'enfant cesseraient un temps.
Alentour la tempête faisait rage. Il ne pourrait sans doute pas reprendre la route avant demain. Il prit une poignée d'avoine dans l'un des sacs accrochés au cheval et lui donna à manger. Au moins étaient-ils en partie protégé du vent. Après avoir ôté la selle et déroulé le tapis sur le dos du cheval, le paladin s'installa aussi confortablement qu'il put et ferma les yeux. Chaque minute de repos était de l'énergie gagnée en plus pour les recherches. Bercé par les ruminations de la bête et la chaleur diffuse de la batterie, il plongea dans un sommeil sans rêves.
La forêt avait une sorte de beauté éternelle sous les premiers rayons de l'aube. Aron avait quitté l'avant-garde d'Argent depuis quelques minutes déjà. Les lourds sabots de sa monture frappaient la terre meuble et encore gelée des bois. Il repensa à son itinéraire. Il n'y avait aucun sentier civilisé qui menait directement au Surplomb de Coursevent : il devrait couper à travers la forêt puis longer les montagnes en évitant soigneusement les ruines de Shandaral. Lorsqu'il servait encore la Croisade d'Argent, il avait entendu toutes sortes de rumeurs et légendes à propos de ces ruines. Elles seraient les vestiges d'une ville Kaldoreï, désormais hantée par de nombreux esprits.
Cependant, la première partie du voyage se déroula sans accrocs et le paysage verdoyant laissa place aux reflets violets des arbres de cristal. Le paladin freina la course de son cheval, posant pour la première fois le regard sur ces terres ancestrales. Il émanait de la forêt une grâce dérangeante. Les légendes Roharts racontaient qu'elle avait été jadis le théâtre de la défaite du Vol Bleu face au Vol Noir. Chaque fois qu'un dragon bleu mourrait, la magie de son corps se libérait dans les airs. Lorsque le plus anciens d'entre eux voulu lancer un sort afin de repousser les dragons noirs vers les terres désolés, la magie libéré a accidentellement amplifié le sort, forçant les arbres à devenir cristaux. Certaines nuits, lorsque le vent soufflait sur la forêt, il s'élevait un concert de chants cristallins, ce qui lui valu son nom : la forêt du Chant de Cristal.
Aron ferma les yeux et inspira l'air froid et vivifiant. Il ne devait pas se laisser distraire. Aussi magnifique soit-il, chaque endroit du Norfendre pouvait se révéler un piège mortel. Il talonna sa monture et reprit sa course, aux aguets. La matinée arrivait bientôt à son terme et il ne devait plus être très loin du Surplomb. Un craquement attira son attention sur sa gauche et il porta instinctivement sa main à la garde de son épée. Son cheval renâcla, nerveux. À quelques mètres de là un Ent imposant fixait le voyageur. Il avançait d'un pas lourd, déployant sa ramure d'un air curieux plus qu'agressif. L'écorce de son corps était couverte de givre et il s'enfonçait légèrement dans la neige à chacun de ses pas. Son regard croisa celui du paladin et il s'arrêta, voyant l'arme prête à être dégainé. Aron soupira et reporta sa main droite sur la bride en cuir. L'Ent l'observa quelques secondes encore puis repartit comme il était venu, le pas las et traînant, comme croulant sous le poids des années et de la lassitude.
Une heure plus tard, Aron aperçu le sommet de la tour de pierre du Surplomb de Coursevent. Il pressa l'allure et se retrouva nez à nez avec deux éclaireurs à l'entrée du poste avancé. Deux elfes à la chevelure d'argent portant une armure de cuir bleu et or. La première leva une main dans sa direction, lui intimant de s'arrêter. De petite taille, elle lui rappelait l'elfe de sang dirigeant la troupe de mercenaires de la Horde, dans les Tarides.
- Bal'adash, voyageur.
- Bonjour, Quel'dorei. Il inclina respectueusement la tête à l'attention de son interlocutrice.
- Que peut le Concordat argenté pour un Croisé ?
- Je demande l'hospitalité.
L'elfe esquissa un sourire et fit signe à sa comparse de s'écarter avant de faire de même.
- Vous êtes le bienvenue.
Il inclina à nouveau la tête et gravit la pente menant à l'avant-poste au pas. Partout flottait les couleurs des Hauts Elfes. Il dirigea sa monture jusqu'à un abreuvoir et mit pieds à terre. Avec le temps, le Concordat argenté avait sut développer convenablement l'endroit et s'assurer une base sûre. Aron s'installa prêt du feu et rajusta la lourde cape blanche sur ses épaules. Seules quelques heures de route le séparait de Zul'Drak, la prochaine région qu'il avait à traverser. Situé à l'est du Norfendre, Zul'Drak était l'un des endroits les plus touchés par le Fléau. Elle regorgeait de nombreuses Ziggourats et bien que les forces de la Lumière en ait mis hors d'état plusieurs, le paladin devrait sans nul doute se frayer un chemin à l'aide de sa foi et de son épée.
Il fouilla son paquetage et en sortit un demi-livre de viande qu'il plaça sur une pierre plate prévu à cet effet sur les braises. Quelques minutes plus tard son repas était prêt. Il dégusta le tout accompagné d'une miche de pain, pensif. Une fois repus, il déambula dans l'avant-poste et interpella quelques hauts-elfes. Aucun d'eux n'avaient vu une guerrière correspondant à la description de Gwendaëlle. Aron se doutait bien que les chances qu'elle ait pu arriver jusqu'ici étaient minces - voir inexistantes - mais il ne pouvait baser ses recherches sur de simples suppositions.
Il repartit en début d'après-midi après avoir remercié ses hôtes. Entre temps le ciel s'était couvert et le vent s'était mis à souffler. La forêt résonnait des chants de cristal des arbres et Aron dût à maintes reprises calmer sa monture effrayée par cette agitation nouvelle. Soudain, arrivé au détour d'un chemin, un sifflement aigu retentit et une flèche chargée de mana vint se ficher dans la neige aux pieds de son cheval. Ce dernier se cabra, forçant son cavalier à sauter à terre. Il dégaina son épée et saisit les brides du cheval. Le calme retomba auteur d'eux et une silhouette sortie de derrière l'un des piliers en ruine qui jalonnaient la route. A première vue, il s'agissait d'un Kaldorei aux habits pourpre mais le paladin pouvait sentir en lui cette essence propre aux âmes n'ayant pas encore trouvé le repos. L'elfe de la nuit ouvrit ses yeux d'un bleu de glace et banda de nouveau l'arc qu'il tenait. Sans plus attendre, Aron brandit sa lame et se rua sur son adversaire. Surprit par l'initiative, l'esprit n'eut pas le temps d'ajuster son tir et rata sa cible. L'arme du paladin s'enfonça dans le corps inconsistant et ses lèvres se mouvèrent rapidement, laissant s'échapper un son, une prière. L'elfe ouvrit de grands yeux alors que l'épée s'illuminait d'une vive Lumière. L'exorcisme lui arracha un dernier hurlement puis il s'évapora.
Aron souffla et retourna vers sa monture. La bête renâclait et frappait de ses sabots sur les pavés. Une fois l'épée rangé dans son fourreau, il grimpa sur la selle et fit claquer les rennes. Mieux valait ne pas s'attarder aux abords des ruines. Par chance, la suite du trajet se déroula sans plus d'encombres et il ne tarda pas à apercevoir les imposantes marches menant à Zul'Drak. Vieilles de plusieurs millénaires, elles étaient le vestige de la grandeur passée des Drakkaris. Hélas, le vent avait gagné en intensité et lorsque le soleil commença à décliner, une tempête éclata. Courbant l'échine sous la force du vent, Aron fut forcé de faire une halte. Par chance, l'escalier antique était construit à flanc de montagne et il put s'installer entre la roche et les murs de pierres.
Il saisit l'épaisse couverture en peau de worg, la déroula sur son cheval puis fouilla son paquetage afin d'en extirper de quoi se réchauffer. Étant en cristal, les arbres ne lui seraient pas d'un grand secours mais ce que la nature ne pouvait offrir, les gnomes l'avaient créé. Il posa la batterie chauffante, vérifia la jauge de carburant puis l'alluma. Le petit appareil crachota quelques secondes durant puis se calma, diffusant peu à peu une douce chaleur. Cela ne valait pas un feu de camps, mais c'était mieux que rien. Espérons qu'il ne tombe pas en panne, pensa-t-il, Ériane n'est pas là pour jouer les mécanos. Assit en tailleur aux pieds de son cheval, il se laissa bercer par le léger vrombissement de la batterie. Il pria intérieurement pour qu'il n'arrive rien à Ériane en son absence. Il espérait qu'elle et son fils auraient un peu de répit depuis les derniers évènements et que les cauchemars de l'enfant cesseraient un temps.
Alentour la tempête faisait rage. Il ne pourrait sans doute pas reprendre la route avant demain. Il prit une poignée d'avoine dans l'un des sacs accrochés au cheval et lui donna à manger. Au moins étaient-ils en partie protégé du vent. Après avoir ôté la selle et déroulé le tapis sur le dos du cheval, le paladin s'installa aussi confortablement qu'il put et ferma les yeux. Chaque minute de repos était de l'énergie gagnée en plus pour les recherches. Bercé par les ruminations de la bête et la chaleur diffuse de la batterie, il plongea dans un sommeil sans rêves.
Invité- Invité
Re: L'Odyssée Dulys
19 avril de l'An 31 - Zul'Drak.
- Les créatures du Fléau ont ouvert une brèche dans le mur ouest !
D'un geste vif, le paladin trancha de sa lame bénie le bras d'une goule prompte à assaillir un croisé. Décidément, le sort s'acharnait sur lui. Après deux jours de progression à travers Zul'drak, il se retrouvait au beau milieu d'une escarmouche contre le Fléau. L'enceinte principale du Séjour d'Argent n'était plus très loin mais pour cela, Aron devrait se frayer un chemin dans la mêlée. Les cadavres putréfiés s'amoncelaient aux côtés des débris des engins de sièges, vieux désormais d'une bonne année. Ce n'était pas une grande bataille, loin de là, mais malgré la perte officielle de son dirigeant le Fléau tentait toujours de forcer les défenses établie par les serviteurs de la Lumière.
Le chevalier descendit de sa monture et la guida derrière un pilier brisé. Elle n'était pas harnaché pour les combats et le poids de l'équipement de voyage serait une gêne plus qu'autre chose, sans compter qu'aucun cavalier n'était présent sur le champs de bataille ce qui ferait de lui une cible de choix. Il rabattit les caches sur les yeux du cheval et noua les rennes aux restes d'un engin de siège. Bien que l'attention des pions du Fléau soit porté sur l'assaut contre le Séjour d'Argent, Aron pria pour que cette cachette de fortune ne soit pas le tombeau de la bête. Hélas, c'était un risque à prendre et essayer de forcer le passage était hors de question. Il dégaina et se lança rapidement au soutient des croisés.
Une abomination se dressa face à lui et déversa sa bile en un hurlement gras. Aussitôt, Aron fit appel à la Lumière et s'enveloppa d'un bouclier saint. Le liquide corrosif heurta l'énergie sacré sans causer le moindre dommage au paladin qui profita de son initiative pour taillader dans l'amas de chairs cousues. Il avait affronté le Fléau depuis la fin de son adolescence et ces gestes, il les connaissait par cœur. Il ne s'agissait après tout que de simples pantins relevés par la magie sombre, des machines de guerres aux actes prévisibles. Les combattre était presque une routine dont il ne tirait aucun plaisir. En tant que paladin il œuvrait afin de purger les maux de ce monde et sa seule satisfaction résidait dans le bien qu'il pouvait faire.
Il pressa le pas et intensifia la force de ses coups, peinant par moment à manier son épée. Bien qu'il sache user d'une masse et d'un bouclier avec grande dextérité, il n'avait reçu que peu de leçon quand à l'utilisation des épées à une ou deux mains. Profitant que sa garde soit ouverte, un geist bondit sur lui mais fut stoppé net par un éclair de Lumière. Aron tourna la tête et aperçu un croisé, souriant, qu'il remercia d'un signe de la main.
De longues minutes s'écoulèrent encore avant que les assaillants ne subissent la défaite. Des cries de joies et de félicitations montèrent vers le ciel obscur auxquels le chevalier ne prêta que peu attention. Il fit demi-tour, son épée encore souillée par le sang corrompue de ses adversaires, et retourna au prés de sa monture. Par chance, elle était indemne. Il soupira de soulagement et sortie - de l'une des nombreuses sacoches accrochées à la selle - de quoi nettoyer sa lame, puis la rangea dans le fourreau suspendu dans son dos. Sans plus s'attarder, il remonta en selle et donna un coup de talons à son cheval.
Le claquement des sabots sur les antiques pavés résonna dans l'enceinte du Séjour d'Argent alors que le chevalier reprenait sa course, contournant avec soin les cadavres résultant de l'affrontement.
D'un geste vif, le paladin trancha de sa lame bénie le bras d'une goule prompte à assaillir un croisé. Décidément, le sort s'acharnait sur lui. Après deux jours de progression à travers Zul'drak, il se retrouvait au beau milieu d'une escarmouche contre le Fléau. L'enceinte principale du Séjour d'Argent n'était plus très loin mais pour cela, Aron devrait se frayer un chemin dans la mêlée. Les cadavres putréfiés s'amoncelaient aux côtés des débris des engins de sièges, vieux désormais d'une bonne année. Ce n'était pas une grande bataille, loin de là, mais malgré la perte officielle de son dirigeant le Fléau tentait toujours de forcer les défenses établie par les serviteurs de la Lumière.
Le chevalier descendit de sa monture et la guida derrière un pilier brisé. Elle n'était pas harnaché pour les combats et le poids de l'équipement de voyage serait une gêne plus qu'autre chose, sans compter qu'aucun cavalier n'était présent sur le champs de bataille ce qui ferait de lui une cible de choix. Il rabattit les caches sur les yeux du cheval et noua les rennes aux restes d'un engin de siège. Bien que l'attention des pions du Fléau soit porté sur l'assaut contre le Séjour d'Argent, Aron pria pour que cette cachette de fortune ne soit pas le tombeau de la bête. Hélas, c'était un risque à prendre et essayer de forcer le passage était hors de question. Il dégaina et se lança rapidement au soutient des croisés.
Une abomination se dressa face à lui et déversa sa bile en un hurlement gras. Aussitôt, Aron fit appel à la Lumière et s'enveloppa d'un bouclier saint. Le liquide corrosif heurta l'énergie sacré sans causer le moindre dommage au paladin qui profita de son initiative pour taillader dans l'amas de chairs cousues. Il avait affronté le Fléau depuis la fin de son adolescence et ces gestes, il les connaissait par cœur. Il ne s'agissait après tout que de simples pantins relevés par la magie sombre, des machines de guerres aux actes prévisibles. Les combattre était presque une routine dont il ne tirait aucun plaisir. En tant que paladin il œuvrait afin de purger les maux de ce monde et sa seule satisfaction résidait dans le bien qu'il pouvait faire.
Il pressa le pas et intensifia la force de ses coups, peinant par moment à manier son épée. Bien qu'il sache user d'une masse et d'un bouclier avec grande dextérité, il n'avait reçu que peu de leçon quand à l'utilisation des épées à une ou deux mains. Profitant que sa garde soit ouverte, un geist bondit sur lui mais fut stoppé net par un éclair de Lumière. Aron tourna la tête et aperçu un croisé, souriant, qu'il remercia d'un signe de la main.
De longues minutes s'écoulèrent encore avant que les assaillants ne subissent la défaite. Des cries de joies et de félicitations montèrent vers le ciel obscur auxquels le chevalier ne prêta que peu attention. Il fit demi-tour, son épée encore souillée par le sang corrompue de ses adversaires, et retourna au prés de sa monture. Par chance, elle était indemne. Il soupira de soulagement et sortie - de l'une des nombreuses sacoches accrochées à la selle - de quoi nettoyer sa lame, puis la rangea dans le fourreau suspendu dans son dos. Sans plus s'attarder, il remonta en selle et donna un coup de talons à son cheval.
Le claquement des sabots sur les antiques pavés résonna dans l'enceinte du Séjour d'Argent alors que le chevalier reprenait sa course, contournant avec soin les cadavres résultant de l'affrontement.
Invité- Invité
Re: L'Odyssée Dulys
10 Avril de l'An 31 - Norfendre.
Il la chercherait, et c'est là qu'il la trouverait...
Le voyage fut long pour rejoindre les terres gelées du Norfendre. C'était la deuxième fois qu'elle allait respirer à pleine bouffée l'air frais du Nord. Elle descendit du bateau et reconnu immédiatement le Donjon de la Garde de l'Ouest. Déjà équipée de sa lourde armure de plate qui donnait une allure lourde à sa démarche, elle attendait qu'Elrick - un jeune garçon qu'elle avait payé pour pour s'occuper de son griffon et autres affaires durant le voyage - ramène auprès d'elle sa fidèle monture, Ordalie, griffon blanc de neige de la plus belle espèce. Fraichement arnachée et équipée, la belle n'attendait plus que sa maîtresse de longue date pour effectuer son prochain vol.
- La voilà fin prête Demoiselle Ladimore.
- J'ai bien vu Elrick, vous feriez un excellent maître griffon vous savez ?
- Trop d'honneur venant d'une cavalière de votre compétence, demoiselle.
Gwendaëlle adressa un hochement de tête bienveillant à l'homme accompagné d'un léger sourire. Puis elle enfila prestement son heaume, qui ne laissait entrevoir que deux prunelles bleues.
D'un air absent, elle ajouta :
- Vous pouvez rentrer à Hurlevent, votre mission s'achève ici, Sir.
- Mais... Vous m'aviez dit qu'une fois sur place vous auriez besoin de moi pour...
- Chhhhht... Pas si fort, contentez vous simplement de penser que les plans ont changé mon brave.
- Pourquoi êtes vous ici si...
- Je vous ai payé une jolie somme pour peu finalement, soyez en satisfait.
Elle tourna le dos au gamin et enfourcha agilement son griffon..
- Puisse-t-Elle vous guider, Elrick, vous êtes un être d'une grande bienveillance, il n'en fait aucun doute. J'aurais sincèrement aimé faire de vous un écuyer de choix.
Elrick restait bouche bée, visiblement dans une totale incompréhension, alors que le Chevalier prenait son envol.
- La voilà fin prête Demoiselle Ladimore.
- J'ai bien vu Elrick, vous feriez un excellent maître griffon vous savez ?
- Trop d'honneur venant d'une cavalière de votre compétence, demoiselle.
Gwendaëlle adressa un hochement de tête bienveillant à l'homme accompagné d'un léger sourire. Puis elle enfila prestement son heaume, qui ne laissait entrevoir que deux prunelles bleues.
D'un air absent, elle ajouta :
- Vous pouvez rentrer à Hurlevent, votre mission s'achève ici, Sir.
- Mais... Vous m'aviez dit qu'une fois sur place vous auriez besoin de moi pour...
- Chhhhht... Pas si fort, contentez vous simplement de penser que les plans ont changé mon brave.
- Pourquoi êtes vous ici si...
- Je vous ai payé une jolie somme pour peu finalement, soyez en satisfait.
Elle tourna le dos au gamin et enfourcha agilement son griffon..
- Puisse-t-Elle vous guider, Elrick, vous êtes un être d'une grande bienveillance, il n'en fait aucun doute. J'aurais sincèrement aimé faire de vous un écuyer de choix.
Elrick restait bouche bée, visiblement dans une totale incompréhension, alors que le Chevalier prenait son envol.
Lorsqu'il la trouvera, c'est là que tout commencera...
Ladimore fermait les yeux, profitant du vent glacé qui fouettait son visage, elle pensait que cela lui donnait du courage. Mais du courage pour quoi au juste ? Elle n'en savait rien, cela faisait longtemps qu'elle ne pesait plus le pour ou le contre, que le devoir primait sur tout. Mais là, c'était différent, une question d'amour et de sacrifice. Non pas une stratégie militaire, mais sentimentale... Les sentiments, elle n'y avait jamais prêté garde auparavant. Non, elle était trop fière pour ça, elle aurait pu se détourner et tomber.
Tomber à genoux, son visage ruisselant de larmes parce que ce cher et tendre à fichu le camps avec une vile courtisane, ou encore parce que sa vie fut volée par la hache d'une quelconque peau verte. Non, jamais ça, avoir besoin de vivre pour autre chose que le service des justes causes ? Plutôt mourir. Mais voilà, il fallut qu'il montre son nez, ce bellâtre en armure étincelante, avec ses airs distant et ce sourire sincère et franc qui la faisait tomber à la renverse. Elle aurait tout donné, tout volé pour un baiser furtif dans une rue romantique de Hurlevent. Quel salaud.
Et puis cette sœur qui revenait de nul part qu'elle idolâtre non pas pour ce qu'elle pourrait être mais pour son grade dans la Croisade d'Argent : "Kathleen Ladimore, Chevalier-Lieutenant". Imaginez le coup de fouet donné à l'honneur de sa famille. Voyez vous ça, elle ne peut aimer de cet amour que l'on dit "fraternel" mais elle aurait pu la venger si par mégarde cette dernière tomberait durant une bataille, elle aurait brandit une bannière aux couleurs vives en lançant divers cris de guerre, humant le glorieux passé et d'anciennes traditions. Le devoir, le devoir par les armes, toujours...
Comment lui en vouloir puis-ce qu'elle n'a jamais été élevée pour aimer, mais pour servir. Servir le bien et la Lumière. Si seulement on lui avait dit qu'aimer, aimer d'un amour sincère et expressif, c'était aussi une manière de servir la Lumière.
Il était venu ce moment, le moment d'aimer de tout son amour, de tout donner par amour, de sacrifier chacun de ses pas aux deux personnes les plus importantes de sa vie. Le plan n'était pas un plan, c'était une destinée, un retour naturel de ce qui doit être. Elle se surprenait à être heureuse... C'était donc aussi simple ?
Tomber à genoux, son visage ruisselant de larmes parce que ce cher et tendre à fichu le camps avec une vile courtisane, ou encore parce que sa vie fut volée par la hache d'une quelconque peau verte. Non, jamais ça, avoir besoin de vivre pour autre chose que le service des justes causes ? Plutôt mourir. Mais voilà, il fallut qu'il montre son nez, ce bellâtre en armure étincelante, avec ses airs distant et ce sourire sincère et franc qui la faisait tomber à la renverse. Elle aurait tout donné, tout volé pour un baiser furtif dans une rue romantique de Hurlevent. Quel salaud.
Et puis cette sœur qui revenait de nul part qu'elle idolâtre non pas pour ce qu'elle pourrait être mais pour son grade dans la Croisade d'Argent : "Kathleen Ladimore, Chevalier-Lieutenant". Imaginez le coup de fouet donné à l'honneur de sa famille. Voyez vous ça, elle ne peut aimer de cet amour que l'on dit "fraternel" mais elle aurait pu la venger si par mégarde cette dernière tomberait durant une bataille, elle aurait brandit une bannière aux couleurs vives en lançant divers cris de guerre, humant le glorieux passé et d'anciennes traditions. Le devoir, le devoir par les armes, toujours...
Comment lui en vouloir puis-ce qu'elle n'a jamais été élevée pour aimer, mais pour servir. Servir le bien et la Lumière. Si seulement on lui avait dit qu'aimer, aimer d'un amour sincère et expressif, c'était aussi une manière de servir la Lumière.
Il était venu ce moment, le moment d'aimer de tout son amour, de tout donner par amour, de sacrifier chacun de ses pas aux deux personnes les plus importantes de sa vie. Le plan n'était pas un plan, c'était une destinée, un retour naturel de ce qui doit être. Elle se surprenait à être heureuse... C'était donc aussi simple ?
Ils oublieront la guerre et le devoir lorsque enlacés l'un contre l'autre, ils pleureront la perte d'un être cher. Leur deux cœurs s'entrechoqueront, et la chaleur de deux êtres finira par sécher les larmes.
Gwendaëlle posa enfin pied à terre, non loin du Lac de l'Hiver. Elle adressa une brève caresse à Ordalie, puis la libéra de tout son harnachement, laissant tomber chaque pièce d'équipement sur le sol. Elle ressentit un incroyable sentiment de libération, elle lâchait du lest, elle arrivait au bout... Le griffon ne semblait guère comprendre le manège qui se produisait. Elle connaissait chacun des faits et gestes de sa maîtresse, et il était évident que quelque chose était bien différent aujourd'hui...
Gwendaëlle donna une petite tape sur l'arrière-train de sa monture et d'une voix douce elle lui lança :
- Va, tu es libre désormais... Tu l'as autant mérité que moi.
Ordalie fixait Ladimore, elle était un animal intelligent et pouvait parfaitement comprendre où la jeune femme voulait en venir. Décidément, cette journée était bien étrange. Elle lança un regard qui semblait inquiet en direction de celle qui l'a apprivoisée des années durant puis s'envola...
Armée d'une épée à deux mains, et de sa lance, la demoiselle ne pouvait plus faire marche arrière... Elle se dirigea d'un pas décidé en direction de Mörg, l'un des nombreux villages Vrykuls de la région. Elle ne pensait plus, elle n'en avait plus besoin.
Les choses allèrent si vite. Elle rencontra une première patrouille de Vrykuls au bord du lac : cinq de ces êtres abjects. Elle se rua sur eux, sans un cri, sans ce regard fier ni cette montée d'adrénaline qui la parcourait lorsqu'elle chargeait l'ennemi de tout son souffle. Dès les premières secondes de combat, deux d'entre eux étaient déjà au sol, raide mort. Un troisième terminait sa chute dans une pluie de sang alors qu'elle lançait une attaque vive d'estoc sur une quatrième cible qu'elle transperça net. Le destin n'en fut pas meilleur pour le cinquième.
Elle resta un instant immobile au milieux des cadavres, laissa tomber sa lame sur le sol avant d'équiper sa lance puis fit face au village. Il était temps.
Gwendaëlle donna une petite tape sur l'arrière-train de sa monture et d'une voix douce elle lui lança :
- Va, tu es libre désormais... Tu l'as autant mérité que moi.
Ordalie fixait Ladimore, elle était un animal intelligent et pouvait parfaitement comprendre où la jeune femme voulait en venir. Décidément, cette journée était bien étrange. Elle lança un regard qui semblait inquiet en direction de celle qui l'a apprivoisée des années durant puis s'envola...
Armée d'une épée à deux mains, et de sa lance, la demoiselle ne pouvait plus faire marche arrière... Elle se dirigea d'un pas décidé en direction de Mörg, l'un des nombreux villages Vrykuls de la région. Elle ne pensait plus, elle n'en avait plus besoin.
Les choses allèrent si vite. Elle rencontra une première patrouille de Vrykuls au bord du lac : cinq de ces êtres abjects. Elle se rua sur eux, sans un cri, sans ce regard fier ni cette montée d'adrénaline qui la parcourait lorsqu'elle chargeait l'ennemi de tout son souffle. Dès les premières secondes de combat, deux d'entre eux étaient déjà au sol, raide mort. Un troisième terminait sa chute dans une pluie de sang alors qu'elle lançait une attaque vive d'estoc sur une quatrième cible qu'elle transperça net. Le destin n'en fut pas meilleur pour le cinquième.
Elle resta un instant immobile au milieux des cadavres, laissa tomber sa lame sur le sol avant d'équiper sa lance puis fit face au village. Il était temps.
Lorsque l'amour envahira son cœur, c'est là qu'il comprendra, il saura tout, il devinera...
Les pas furent des pas, puis une course, rythmée par les cliquetis de son armure et le son de la terre. Elle se rapprochait, elle y était. Le sang fusait, les coups vibraient, les Vrykuls tombaient les uns après les autres. Dans la confusion, ils se frappait entre eux. Elle ne s'était jamais aussi bien battu. Sa lance empalait les corps, tranchait les gorges. Ses pieds repoussait, ses jambes esquivaient, ses coudes assommaient, son buste faisait front et sa tête ordonnait, réflexe par réflexe, botte par botte. Elle ne comptait ni les secondes qu'il lui restait, ni les hommes du Nord qu'elle tuait. Esquive à droite, parade horizontale, botte meurtrière puis...
Tout était trouble, le sol était si flou et le reste... Était-ce donc ça la mort ? Ce qui brille un peu plus loin, un morceau d'armure, non, elle n'est pas morte. Tout est clair, elle saigne, beaucoup, le flanc droit. Une entaille profonde. Quelle honte d'exhiber ainsi ses entrailles devant des sauvages pareils. Vont-ils les dévorer alors qu'elle vit encore ? Ça y est, la peur vient, pourtant elle pensait qu'elle avait déjà fait face au pire...
Le sol semble s'éloigner d'un coup, elle bouge, le paysage défile, le village est si petit...
Ordalie...
Tout était trouble, le sol était si flou et le reste... Était-ce donc ça la mort ? Ce qui brille un peu plus loin, un morceau d'armure, non, elle n'est pas morte. Tout est clair, elle saigne, beaucoup, le flanc droit. Une entaille profonde. Quelle honte d'exhiber ainsi ses entrailles devant des sauvages pareils. Vont-ils les dévorer alors qu'elle vit encore ? Ça y est, la peur vient, pourtant elle pensait qu'elle avait déjà fait face au pire...
Le sol semble s'éloigner d'un coup, elle bouge, le paysage défile, le village est si petit...
Ordalie...
Il considèrera ce geste comme l’ultime preuve de mon amour et de mon éternel pardon.
La neige était froide et colorée de son sang, Ordalie avait comprit, mais pour une raison que seuls les griffons pourront comprendre elle voulu autre fin pour celle qu'elle aime. Cet amour qui passait parfois entre l'homme et l'animal.
L'humaine adressa un hochement de tête bref à son fidèle compagnon, signe de sa conviction à rester ici, étendue aux abords du lac. Elle ne voulait pas d'aide, non, surtout pas.
Si Ordalie avait pu parler, elle n'aurait même pas essayé de l'en dissuader. Elle était loyale et s'envola vers le Donjon. Sa liberté n'était pas d'errer en pleine nature, mais de servir ce genre d'humain qui n'ont cessé de la considérer comme l'un des leurs.
La neige se colorait de pourpre alors que le corps de la guerrière se couvrait petit à petit sous les flocons, lentement. Elle porta une main tremblante à son poignet et caressa le ruban blanc qui y était noué. Elle inspira, ferma les yeux puis s'endormit...
L'humaine adressa un hochement de tête bref à son fidèle compagnon, signe de sa conviction à rester ici, étendue aux abords du lac. Elle ne voulait pas d'aide, non, surtout pas.
Si Ordalie avait pu parler, elle n'aurait même pas essayé de l'en dissuader. Elle était loyale et s'envola vers le Donjon. Sa liberté n'était pas d'errer en pleine nature, mais de servir ce genre d'humain qui n'ont cessé de la considérer comme l'un des leurs.
La neige se colorait de pourpre alors que le corps de la guerrière se couvrait petit à petit sous les flocons, lentement. Elle porta une main tremblante à son poignet et caressa le ruban blanc qui y était noué. Elle inspira, ferma les yeux puis s'endormit...
L'amour est un devoir qui incombe à ceux qui servent la lumière.
- Rédigé par Gwendaëlle/Kathleen -
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