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Le temps des chaînes

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Message  Heliven Ven 13 Mai 2011, 18:31

Une silhouette longiligne, une robe qui forme drapé de satin pourpre et de voile translucide, dévoilant l'une de ses jambes jusqu'à mi cuisse. Un visage fin dont les traits aquilins reflètent une noblesse presqu'hautaine, des yeux en amande, aux pupilles carmines. Une demoiselle... non, une dame qui n'a pas sa place au milieu de ces arbres immenses, dont les frondaisons forment un ciel d'un vert tendre, printanier.

J'hésite quant à la conduite à tenir... la contourner ? m'enquérir des raisons de sa présence ?
Ses chaussures fines à talon sont exemptes de la moindre trace de terre, je penche la tête sur le côté, intriguée.
"Elle" tend la main, dans une invitation tacite à approcher. J'approche à pas feutrés, prête à déguerpir au moindre signe de danger.
L'odeur de poivre me grattouille la truffe, je fronce le museau, éternue sèchement, à la manière des chats... ce qui la fait sourire.
Sa paume est lisse, blanche, dénuée de cal, son parfum capiteux a la lourdeur du patchouli, entêtant. Je recule, cherche l'appui sur mes pattes arrières, perçois comme une tâche d'alizarine qui s'étend sur un fond d'un jaune vert, acide, vitriolé. Puis le noir...

Je tremble sans pouvoir bouger. Des doigts frais caressent ma joue brûlante. Ma joue.. j'ai donc repris forme humaine. Mon front se plisse à cette anomalie, se lisse sous le passage de la pulpe de son pouce. "Elle" se penche au dessus de moi, des mèches noires me chatouillent les pommettes. Ses lèvres frôlent les miennes, plus légères qu'un souffle d'air, se calent au creux de mon oreille.
Ses mots n'ont aucun sens, tout au plus un rythme berçant, envoûtant, des syllabes qui s'accrochent, tétanisent ma conscience, la voilent d'un rideau d'ombre...

Je frissonne sans pouvoir crier. La lumière se teinte de magenta, je ne peux scruter le monde à travers mes paupières fermées. Quelque chose m'englue, me noie, je ne peux sentir le monde à travers mes inspirations saccadées.
L'obscurité se lève sous la frondaison d'un grand frêne, je m'étire prudemment, la tête bourdonnante, la gorge sèche.
J'ai sans doute trop dormi...
Je me fonds dans ma peau de chat pour chercher de quoi me désaltérer. Les rares animaux croisés semblent... malades, ce qui ne m'étonne guère si j'en crois la nuit que j'ai passé.

Cette forêt est mauvaise, je presse le pas, laissant une longue série d'empreintes dans la tourbe humide derrière moi.
L'eau est à l'image des bois qui m'environnent... stagnante, figée hors du temps. En ces lieux, mêmes les reflets me paraissent malsains.
La soif me taraude, brûle ma trachée et empâte ma langue. Même le trot régulier qui me permet d'ordinaire d'avaler des lieux entières est éreintant.
Le regard vague, ma conscience se met en veille... jusqu'à ce que l'herbe verte de l'enclave elfique ne rafraichisse mes coussinets.
Je m'effondre alors, sombre dans un sommeil fiévreux, où rêves incohérents se peuplent de filaments sanglants...
Heliven
Heliven


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Le temps des chaînes Empty Re: Le temps des chaînes

Message  Heliven Lun 16 Mai 2011, 19:55

Silène s'éveilla dans une petite chambre à l'étage de l'auberge de la rose dorée, le corps tout courbaturé.
~La luxure à ses inconvénients~ maugréa t-elle intérieurement, non sans sourire au souvenir de la nuit précédente.

Avec précautions, l'arcaniste s'étira, étendant ses longs membres fins vers les bords du matelas, ses poignets ballant bientôt dans le vide. Silène fit de même avec son esprit, tâtant mentalement les canaux qui la reliaient à ses réservoirs.

Le lien le plus vif était aussi le plus récent. Silène le visualisait comme une corde solide, scintillante d'énergie, électrisante tout comme les mains de l'homme à qui appartenait cette ligne de vie. Avec un sourire madré, l'incantatrice "tira" sur les forces vives de l'homme, recevant une partie de ses forces vitales comme une douche fraîche. Son rire cristallin accueillit cet apport d'énergie, la demoiselle était aux anges, la sensation de puissance grisante constituait un délice dont elle se délectait. En un mot comme en cent, les choses se déroulaient merveilleusement bien.

Tout en se préparant, Silène vérifia par acquis de conscience le second lien. Son esprit se faufila avec aisance dans l'âme corrompue de la lycanthrope.

~Elle récupère vite~constata l'arcaniste avec satisfaction, tout en sondant les méandres des pensées de son hôte.
Tout d'abord venait le sentiment de trahison, brûlante comme l'acide, dirigée contre ce "Fen" qu'elle pensait être son ami.
Avec un soupir navré, Silène balaya la couche superficielle de ces pensées navrantes
~de toute manière tu lui pardonneras tout, en esprit faible que tu es~ commenta t-elle avec dédain.
Ensuite venait la peur, bouillonnante d'accès de panique, envers la
~tient donc...~ séance d'exorcisme qui se préparait... la frayeur encore plus grande d'envisager qu'elle pourrait blesser ses proches. La dernière angoisse, croissante à mesure que les jours s'écoulaient, fût plus surprenante ~la lune ?~

~Oh.. je vois, tes instincts les plus primaires ont prit la forme d'une bête c'est ça ?~
Silène se garda bien d'entrer en contact avec ces voulûtes indomptées, agressives, réintégra son propre corps. La psyché lui renvoya l'image d'une petite silhouette de femme au teint pâle, habillée d'une longue robe écarlate cintrée. Ses doigts fins longèrent sa pommette...
~et dire que si tout se passe bien, je perdrais le peu de couleur que j’aie aux joues…~

Avec un soupir de résignation Silène se redressa, en vint à contempler une dernière fois son reflet avant de se mettre en quête de son futur Sire.
~Tâche d’autant plus ardue que je ne puis quitter Hurlevent~ déplora t-elle tout en attachant la fibule de sa capeline.

Dans les ruelles de la capitale blanche, parmis les fous, les badauds, les preux et les hérétiques, se glissait une femme en robe rouge, répondant au doux nom de Silène Aliera.

Heliven
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Message  Heliven Lun 23 Mai 2011, 18:04

S'éveiller.
Éprouver une onde de souffrance, telle que l'on regretterait d'être encore en vie.
A demi consciente, Silène tâtonna vers l'extérieur prudemment.
Le mal de crâne augmenta, la confinant à une fièvre nauséeuse.

~ Canaux consumés par la felmagie ~ constata l'arcaniste avec une morne objectivité.

Elle n'aurait jamais du les laisser approcher.
Cernée, Silène n'avait su gérer les différents fronts, la situation présente n'était qu'une résultante logique, tristement prévisible.

~ J'ai été faible... ~

Il lui suffisait de garder les yeux clos pour revivre la scène. Les griffons planant comme autant d'ombres sinistres dans le ciel d'un azur uniforme, le souffle du vent s'engouffrant dans les voiles d'un navire prenant le large.
Comment imaginer que le sac à puces serait si vite tombé aux mains de la garde ?
Quelques jours de plus et son pantin aurait trouvé l'immortel...
Quelques jours qui ne lui avaient pas été octroyés par le destin.

Il devait y avoir un ou deux tireurs embusqués, deux hommes fermaient l'issu de la falaise, épées tirées du fourreau. La démoniste lui faisait face, un homme à deux heures la tenait en joue, leur commandant s'était perché sur les ruines. Derrière le cercle des gardes, son mercenaire se mettait dans le pétrin. Au moins mettait-il de l'entrain à outrepasser ses instructions.

Ses canaux mentaux étaient ouverts, Silène était aussi prête qu'elle pouvait l'être compte tenu de son inexpérience. Qu'une balle ou qu'un tranchant de lame ne l'effleure et elle pourrait puiser dans les réserves de ses victimes pour se soigner. Seulement il fallait les faire douter, les faire ployer, et pour cette raison, mieux valait faire de Céralynde Elanande l'exemple et leur laisser imaginer ce que d'autres innocents pouvaient vivre au même instant.

Silène ne soupçonnait pas la ruse dont pouvait faire preuve la frêle démoniste. L'énergie convoitée fût d'abord retenue, obligeant Silène à tirer sur le lien dans une dépense de concentration qui lui manquait déjà cruellement pour faire face aux gardes présents.
Elle ne sentit le déchaînement de flammes que trop tard, la felmagie se ruant dans le lien établit comme un fleuve en crue, avide d'entropie et de destruction.
Le coup de pied, la morsure, les menottes, furent relégués au rang de parenthèse alors que la magie dévorait son corps dans un flamboiement cathartique.


~ La douleur n'est qu'une information ~ se morigéna t-elle, puisant dans sa volonté pour étouffer ses tourments...
Heliven
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