Parfaite
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Parfaite
Je te hais de toute mon essence, de tout mon être, de tout ce qui me rend supérieure à toi, misérable vivante. Tu es un déchet, une créature inachevée et aveugle qui rampe dans la fange comme un cloporte. Je te hais, ce sentiment est indigne, je dois pourtant être au-delà des émotions si je veux atteindre mon but, me détacher de ces derniers liens qui me rattachent à mon passé, à l’époque où la Non-mort ne m’avait pas encore accordé sa grâce.
Je te hais.
Je t’ai affrontée une nouvelle fois, Ceralynde, non pas pour te rappeler à quel point tu es faible comme je l’ai déjà fait plusieurs fois, mais pour t’éliminer purement et simplement. Tu es une source de distraction que je ne peux me permettre de tolérer, une gêne qui pourrait à terme me ralentir dans mon grand œuvre.
Je suis Kiera, celle qui apportera la perfection à ce monde, je briserai le cycle infernal et sans logique de la vie et de la mort pour accorder l’éternité à ceux qui ne seront ni trop fous ni trop aveugles pour entendre ma parole. Je ne suis pas le pantin d’un quelconque créateur qui, se lassant de ses jouets comme un enfant trop gâté, aurait fait en sorte qu’ils disparaissent bien vite pour en avoir de nouveaux. Non, la soit disant communion avec l’univers, la Lumière, les Eléments, ou avec je ne sais quelle absurdité sont autant de fausses pistes laissées là il y a des millénaires pour piéger les esclaves dociles d’une existence sans logique. La communion est à l’opposé de ce que chacun devrait rechercher, exister pour soi en dehors de lois idiotes, voilà ce que je prône.
Mais tu t’en moques, tout ce qui compte pour toi c’est ton envie de me terrasser.
A chaque seconde que j’ai perdu à devoir me pencher sur ton cas, ce sont des milliers d’âmes qui sont restées piégées dans une chair si faible destinée à la décrépitude. Tu me dégoutes.
J’ai tissé ma toile dans un étroit défilé entre les Hinterlands et les Maleterres, préparant soigneusement l’endroit pour t’y recevoir, adoptée, pour que tu y trouves ta fin. Une créature que j’ai recueillie il y a quelques temps s’est chargée de t’affaiblir, les différents préparatifs que j’avais laissés là aussi.
Je suis finalement descendue des cieux pour t’achever, je ne m’attendais pas à ce que tu n’opposes aucune résistance, c’aurait été encore plus décevant qu’à l’accoutumé, et tu t’es donc férocement défendue.
Si je peux au moins t’accorder une chose, c’est que tu n’as pas reculé, j’en reconnaitrais presque les enseignements de celui que tu persistes à appeler « Père ». Enfin, au diable les souvenirs.
Mes adoptés se sont chargés de ton serviteur démoniaque, et je t’ai acculée contre la paroi alors que tu te recroquevillais sur toi-même.
Tu as meurtrie la chair de mon bras, il me faudra des jours pour réparer les dégâts que tu y as faits, ainsi que pour toutes ces blessures que tu as semées sur ma personne, mais tu ne dois ta survie qu’à un dernier tour de passe-passe.
Ta maitrise de cette magie batarde pourrait en impressionner certains, mais malheureusement pour toi je ne fais pas partie de ce nombre, prends la forme qu’il te plaira, je te jetterai à terre quoiqu’il arrive. Tu es une vivante, les vivants mordent la poussière, pas d’échappatoire.
Je pense à quel point tu dois souffrir, au temps qu’il te faudra pour récupérer. Je ne m’en réjouis pas, ce serait te faire honneur.
Reste donc à l’état de spectre, j’attendrai qu’une autre occasion se présente et j’arracherai ton cœur encore palpitant de ta poitrine pour l’offrir à cet elfe qui te sert de compagnon. Ou peut-être même que je te servirai sa tête sur un plateau avant de terminer ce que j’ai commencé.
Je te hais.
Je t’ai affrontée une nouvelle fois, Ceralynde, non pas pour te rappeler à quel point tu es faible comme je l’ai déjà fait plusieurs fois, mais pour t’éliminer purement et simplement. Tu es une source de distraction que je ne peux me permettre de tolérer, une gêne qui pourrait à terme me ralentir dans mon grand œuvre.
Je suis Kiera, celle qui apportera la perfection à ce monde, je briserai le cycle infernal et sans logique de la vie et de la mort pour accorder l’éternité à ceux qui ne seront ni trop fous ni trop aveugles pour entendre ma parole. Je ne suis pas le pantin d’un quelconque créateur qui, se lassant de ses jouets comme un enfant trop gâté, aurait fait en sorte qu’ils disparaissent bien vite pour en avoir de nouveaux. Non, la soit disant communion avec l’univers, la Lumière, les Eléments, ou avec je ne sais quelle absurdité sont autant de fausses pistes laissées là il y a des millénaires pour piéger les esclaves dociles d’une existence sans logique. La communion est à l’opposé de ce que chacun devrait rechercher, exister pour soi en dehors de lois idiotes, voilà ce que je prône.
Mais tu t’en moques, tout ce qui compte pour toi c’est ton envie de me terrasser.
A chaque seconde que j’ai perdu à devoir me pencher sur ton cas, ce sont des milliers d’âmes qui sont restées piégées dans une chair si faible destinée à la décrépitude. Tu me dégoutes.
J’ai tissé ma toile dans un étroit défilé entre les Hinterlands et les Maleterres, préparant soigneusement l’endroit pour t’y recevoir, adoptée, pour que tu y trouves ta fin. Une créature que j’ai recueillie il y a quelques temps s’est chargée de t’affaiblir, les différents préparatifs que j’avais laissés là aussi.
Je suis finalement descendue des cieux pour t’achever, je ne m’attendais pas à ce que tu n’opposes aucune résistance, c’aurait été encore plus décevant qu’à l’accoutumé, et tu t’es donc férocement défendue.
Si je peux au moins t’accorder une chose, c’est que tu n’as pas reculé, j’en reconnaitrais presque les enseignements de celui que tu persistes à appeler « Père ». Enfin, au diable les souvenirs.
Mes adoptés se sont chargés de ton serviteur démoniaque, et je t’ai acculée contre la paroi alors que tu te recroquevillais sur toi-même.
Tu as meurtrie la chair de mon bras, il me faudra des jours pour réparer les dégâts que tu y as faits, ainsi que pour toutes ces blessures que tu as semées sur ma personne, mais tu ne dois ta survie qu’à un dernier tour de passe-passe.
Ta maitrise de cette magie batarde pourrait en impressionner certains, mais malheureusement pour toi je ne fais pas partie de ce nombre, prends la forme qu’il te plaira, je te jetterai à terre quoiqu’il arrive. Tu es une vivante, les vivants mordent la poussière, pas d’échappatoire.
Je pense à quel point tu dois souffrir, au temps qu’il te faudra pour récupérer. Je ne m’en réjouis pas, ce serait te faire honneur.
Reste donc à l’état de spectre, j’attendrai qu’une autre occasion se présente et j’arracherai ton cœur encore palpitant de ta poitrine pour l’offrir à cet elfe qui te sert de compagnon. Ou peut-être même que je te servirai sa tête sur un plateau avant de terminer ce que j’ai commencé.
Kiera
Re: Parfaite
Combattre une fois de plus Ceralynde m’a ouvert les yeux sur un point : Je ne suis pas invincible. Certes, je me suis élevée bien plus haut que n’importe lequel de ces vers vivants, de ces résidus du Fléau, ou autre, mais force m’est de constater que ma chair est encore loin d’atteindre la perfection, bien loin.
Même si les chances que cela arrive sont pratiquement nulles, je me dois de préserver mes connaissances et les découvertes que j’ai accumulées jusqu’ici, pour qu’un autre termine ce que j’ai commencé si je venais à disparaitre avant le terme.
Je doute que des mains qui ne sont pas les miennes puissent créer, remodeler la chair, ou insuffler le Don de la Non-Mort avec autant de talent, mais l’enjeu est bien trop grand. Je ne peux pas laisser la moindre place au hasard ou à l’incertitude, ce monde et des milliers d’autres attendent que je les délivre du Mal.
Je commencerai par le commencement : la Nécromancie. C’est un terme relativement vague regroupant tous les arts magiques touchant de près ou de loin au voile qui sépare la vie et la mort, que ce soit dans le domaine des âmes, de la chair, ou des deux à la fois. J’ai consacré mes recherches sur ce deuxième aspect. En tant que Chevalier maitre des arts impies, je suis à même de relever une petite armée d’adoptés dociles prêts à exécuter le moindre de mes ordres, tout comme le prince déchu le faisait à une plus grande échelle. Il existe plusieurs sortes d’adoptés primaires, dont voici les deux cas les plus éloquents :
Les zombies sont de loin les créatures les plus basiques qu’un Nécromancien puisse avoir à sa botte, ils ne demandent aucun préparatif si ce n’est un cadavre (peu importe son état de décomposition) et un minimum de pouvoir pour tirer les ficelles qui les relient à la volonté de leur maître. De même, leur cervelle atrophiée et le peu de soins accordés à leur réveil les rendent simples à d’esprit, si bien qu’ils ne peuvent que vaguement se diriger là il leur sera ordonné de se rendre et attaquer tout ce qui se présentera. C’est à peu près leur seule utilité, donner l’avantage du nombre et démoraliser l’ennemi, pour le reste ils ne méritent qu’une fin rapide.
Les squelettes jouissent d’un statut plus complexe. Du fait de leur chair totalement désagrégée, ils doivent être liés avec davantage de vigueur, car là où un zombie peut compter sur quelques muscles pour animer son être, les squelettes dépendent entièrement de leur maitre. Un instant de déconcentration de la part de ce dernier et ils redeviendront tas d’os, à moins que le rituel d’éveil n’ait été fait de façon plus poussée pour leur assurer une certaine autonomie, mais dans ce cas l’on ne peut plus vraiment considérer ces êtres comme basiques. L’avantage certain du squelette réside dans sa plus grande dextérité, il peut armer un engin de siège ou utiliser un arc, cette excellence à distance contrebalançant parfaitement leur fragilité certaine au corps à corps.
Dans chaque cas, le maitre en devenir doit toucher directement son futur pantin si ses capacités ne sont pas assez développées pour s’épargner ce genre de basses tâches (et elles le seront à coup sur si le maitre en question n’est pas non-mort lui-même).
D’un point de vue rigoureusement personnel, et donc totalement dans le vrai et fondé, un Maitre Impie ne devrait recourir à ces pantins qu’en cas d’absolu nécessité, c'est-à-dire pour se défendre ou pour éliminer un obstacle à sa quête de savoir. Se contenter de ces créations est non seulement une preuve incontestable de bêtise, mais aussi d’égoïsme, chaque zombie, chaque squelette est condamné à une éternité imparfaite et inachevée. Je cherche et prône l’élévation, pas l’esclavage et la soumission à de petits roitelets.
Même à un si bas niveau, les méthodes et incantations sont nombreuses, j’ai par exemple croisé un membre du culte des damnés qui, pour économiser ses forces, gravait patiemment une série de runes sur les vertèbres de ses futurs serviteurs, les alimentant ainsi en énergie nécrotique pendant une longue période. Son procédé a merveilleusement marché sur lui-même, comme j’ai pu le vérifier.
De même, si un zombie peut être crée à l’aide d’une simple incantation, l’exemple le plus répandu demeure la Peste, un poison incroyablement virulent qui en plus de faire trépasser un vivant en quelques heures (si l’exposition est modérée ou indirecte) le relève sous sa nouvelle forme. A noter que ces zombies sans « affiliation » adoptaient un comportement instinctif de chasse sur un périmètre réduit avant d’être absorbés par la masse caquetante des troupes du Roi-Liche. La disparition de ce dernier me laisse à penser que le Norfendre grouille de ces égarés comme j’en ai croisé si souvent dans les Maleterres. Pauvres d’eux.
A l’époque où je n’étais encore qu’un Chevalier néophyte, je passais mes jours et mes nuits à réassembler nos troupes trop endommagées pour combattre et à préparer la chair récemment récupérée. C’est à cet instant que j’ai découvert une vérité commune et pourtant négligée par beaucoup : les compétences naissent de la pratique. A l’heure où je grave ces lignes, il me suffit d’un geste de la main pour créer un nouvel adopté, là où un vivant « expérimenté » aurait besoin de plusieurs minutes et de nombreuses incantations. Un jour il ne me faudra plus qu’un regard ou une pensée, peut-être qu’à ce moment là j’aurai touché au but.
Voilà la première leçon, bien d’autres suivront.
Même si les chances que cela arrive sont pratiquement nulles, je me dois de préserver mes connaissances et les découvertes que j’ai accumulées jusqu’ici, pour qu’un autre termine ce que j’ai commencé si je venais à disparaitre avant le terme.
Je doute que des mains qui ne sont pas les miennes puissent créer, remodeler la chair, ou insuffler le Don de la Non-Mort avec autant de talent, mais l’enjeu est bien trop grand. Je ne peux pas laisser la moindre place au hasard ou à l’incertitude, ce monde et des milliers d’autres attendent que je les délivre du Mal.
Je commencerai par le commencement : la Nécromancie. C’est un terme relativement vague regroupant tous les arts magiques touchant de près ou de loin au voile qui sépare la vie et la mort, que ce soit dans le domaine des âmes, de la chair, ou des deux à la fois. J’ai consacré mes recherches sur ce deuxième aspect. En tant que Chevalier maitre des arts impies, je suis à même de relever une petite armée d’adoptés dociles prêts à exécuter le moindre de mes ordres, tout comme le prince déchu le faisait à une plus grande échelle. Il existe plusieurs sortes d’adoptés primaires, dont voici les deux cas les plus éloquents :
Les zombies sont de loin les créatures les plus basiques qu’un Nécromancien puisse avoir à sa botte, ils ne demandent aucun préparatif si ce n’est un cadavre (peu importe son état de décomposition) et un minimum de pouvoir pour tirer les ficelles qui les relient à la volonté de leur maître. De même, leur cervelle atrophiée et le peu de soins accordés à leur réveil les rendent simples à d’esprit, si bien qu’ils ne peuvent que vaguement se diriger là il leur sera ordonné de se rendre et attaquer tout ce qui se présentera. C’est à peu près leur seule utilité, donner l’avantage du nombre et démoraliser l’ennemi, pour le reste ils ne méritent qu’une fin rapide.
Les squelettes jouissent d’un statut plus complexe. Du fait de leur chair totalement désagrégée, ils doivent être liés avec davantage de vigueur, car là où un zombie peut compter sur quelques muscles pour animer son être, les squelettes dépendent entièrement de leur maitre. Un instant de déconcentration de la part de ce dernier et ils redeviendront tas d’os, à moins que le rituel d’éveil n’ait été fait de façon plus poussée pour leur assurer une certaine autonomie, mais dans ce cas l’on ne peut plus vraiment considérer ces êtres comme basiques. L’avantage certain du squelette réside dans sa plus grande dextérité, il peut armer un engin de siège ou utiliser un arc, cette excellence à distance contrebalançant parfaitement leur fragilité certaine au corps à corps.
Dans chaque cas, le maitre en devenir doit toucher directement son futur pantin si ses capacités ne sont pas assez développées pour s’épargner ce genre de basses tâches (et elles le seront à coup sur si le maitre en question n’est pas non-mort lui-même).
D’un point de vue rigoureusement personnel, et donc totalement dans le vrai et fondé, un Maitre Impie ne devrait recourir à ces pantins qu’en cas d’absolu nécessité, c'est-à-dire pour se défendre ou pour éliminer un obstacle à sa quête de savoir. Se contenter de ces créations est non seulement une preuve incontestable de bêtise, mais aussi d’égoïsme, chaque zombie, chaque squelette est condamné à une éternité imparfaite et inachevée. Je cherche et prône l’élévation, pas l’esclavage et la soumission à de petits roitelets.
Même à un si bas niveau, les méthodes et incantations sont nombreuses, j’ai par exemple croisé un membre du culte des damnés qui, pour économiser ses forces, gravait patiemment une série de runes sur les vertèbres de ses futurs serviteurs, les alimentant ainsi en énergie nécrotique pendant une longue période. Son procédé a merveilleusement marché sur lui-même, comme j’ai pu le vérifier.
De même, si un zombie peut être crée à l’aide d’une simple incantation, l’exemple le plus répandu demeure la Peste, un poison incroyablement virulent qui en plus de faire trépasser un vivant en quelques heures (si l’exposition est modérée ou indirecte) le relève sous sa nouvelle forme. A noter que ces zombies sans « affiliation » adoptaient un comportement instinctif de chasse sur un périmètre réduit avant d’être absorbés par la masse caquetante des troupes du Roi-Liche. La disparition de ce dernier me laisse à penser que le Norfendre grouille de ces égarés comme j’en ai croisé si souvent dans les Maleterres. Pauvres d’eux.
A l’époque où je n’étais encore qu’un Chevalier néophyte, je passais mes jours et mes nuits à réassembler nos troupes trop endommagées pour combattre et à préparer la chair récemment récupérée. C’est à cet instant que j’ai découvert une vérité commune et pourtant négligée par beaucoup : les compétences naissent de la pratique. A l’heure où je grave ces lignes, il me suffit d’un geste de la main pour créer un nouvel adopté, là où un vivant « expérimenté » aurait besoin de plusieurs minutes et de nombreuses incantations. Un jour il ne me faudra plus qu’un regard ou une pensée, peut-être qu’à ce moment là j’aurai touché au but.
Voilà la première leçon, bien d’autres suivront.
Kiera
Re: Parfaite
Comme je l’ai déjà dit, la mission que je me suis confiée dépasse de très loin tous les autres sujets, et moi seule suis digne de la mener à terme. Car, soyons logiques, nul autre n’aurait la détermination et l’intelligence suffisantes pour ne serait-ce qu’entrevoir une possibilité de succès. Ce n’est pas de l’arrogance, mais une simple constatation.
Cette vérité étant dite, je me dois malgré tout, en plus de mes recherches empiriques, de remuer le passé en cherchant la moindre trace de mes prédécesseurs et de leur œuvre, aussi incompétents qu’ils aient été. C’est dans cette optique que j’ai commencé il y a peu la traque de nécromanciens du Culte des Damnés, célèbre ordre de VIVANTS à la botte du Roi-Liche et principal acteur des premiers temps du Fléau. Alors que leur présence était autrefois très importante dans les Maleterres, ils ne sont plus aujourd’hui qu’une poignée formant quelques poches de résistances devant la vague des vivants et des réprouvés qui arrive depuis l’Ouest. Notamment parce que la guerre au Norfendre d’il y a deux ans en a rapatrié bon nombre, mais aussi car la défaite du prince déchu en a poussé à la désertion pure et simple pour rejoindre d’autres sectes.
Ma seule chance d’en trouver résidait donc dans un ratissage minutieux de la région pour dénicher quelques éléments isolés, mais mon temps est bien trop précieux pour que je m’abaisse à de telles choses, ou dans l’infiltration de leurs places fortes. J’ai immédiatement écarté l’idée de la Scholomance, trop nombreux, trop de risques, et me suis rabattue sur le Pestebois et ses ziggourats. Me faire passer pour une flaellée errante s’est avéré plus facile que prévu, ces déchets humains suintaient le découragement par tous les pores de leur peau, et l’arrivée d’un chevalier pour soutenir leur cause fut pour eux comme une bouffée d’air que leur chair immonde aspire si avidement à chaque seconde de leur existence pathétique. Ils étaient épuisés, désorganisés, une dizaine d’hommes et de femmes amaigris tenant un bâtiment avec l’énergie du désespoir contre les assauts répétés des Croisés d’Argent. « Nous ne tenons plus la route, que faisons nous ? Les goules n’obéissent presque plus aux ordres ! Ils vont bientôt venir ! ». Leurs caquètements incessants m’ont rapidement mise à bout, je les ai tous éliminés à l’exception de celui qui me paraissait être le plus ancien et exploitable, avec lequel j’ai eu la conversation suivante que je retranscris pour son caractère pédagogique :
La survivante, une vieille femme édentée au visage strié de scarifications rituelles m’a d’abord craché dessus, recroquevillée dans un coin du campement. Attendant que je l’achève, elle a déversé toute sa haine et toute la frustration de ces années d’efforts et de sacrifice réduites à néant.
-La Peste t’emporte, laquais d’Ebène, vous l’avez tous trahi, et le jour où il reviendra il tourmentera à jamais vos âmes dans la prison du Trône !
-Tu fais fausse route, vivante, je n’appartiens pas à la Lame comme tous ces animaux domestiques qui paradent dans les cités des vivants, pas plus que je ne sers ton Fléau et tous les aveugles qui le constituent.
-Qu’est-ce que tu es alors ? Une folle ?!
Elle a ensuite joint ses mains comme pour une prière, tête baissée. Sa raison lui avait échappé depuis un certain temps, peut-être ne pourrais-je rien en tirer finalement.
-Je suis l’avenir de tout ce qui sera, mortelle. Je suis celle qui brisera les chaines qui retiennent ce monde et tous les autres dans le carcan des cycles, je…
-Le Fléau a fait tout cela ! Il nous a promis l’égalité dans la mort et a tenu parole ! Vois ces terres et ose dire le contraire, maudite chèvre déformée !
-L’égalité ? Tu es au bord de la folie, n’ajoute pas la bêtise à cela, humaine. Vos pantins sont incapables de penser par eux-mêmes, vous n’êtes que de petits asservisseurs condamnés à disparaitre.
- Alors tue-moi ! Je mourrai pour mon Roi, le sourire aux lèvres et en soutenant ton regard ! Viens donc !
-C’est avec joie que je répandrais tes tripes sur plusieurs lieues, déchet, mais tu peux encore me servir. Et comme tout vivant tu t’accrocheras à ces quelques instants d’existence que je t’offre car telle est ta nature.
Je me suis penchée sur elle pour que nos yeux ne soient plus qu’à quelques centimètres les uns des autres, ses pupilles étaient dilatées au possible, sa peur presque palpable derrière sa bravade.
-Je pourrais enchainer ton âme à ta dépouille en te laissant pleinement consciente de ta situation, puis t’enterrer là où personne ne viendra te chercher et te laisser savourer une éternité d’emprisonnement. Préfères-tu cela à quelques questions ?
Ses lèvres tremblantes ont formé un « non » silencieux tandis qu’elle détournait la tête, et nous avons pu rentrer dans le vif du sujet, si j’ose dire. Ce qu’elle m’a appris sur la façon de créer un chaudron à Peste risque de ne m’être guère utile, mais les recherches nécessitent parfois que l’on prenne ce qui s’offre à nous sans faire la fine bouche.
Voilà la seconde leçon.
Cette vérité étant dite, je me dois malgré tout, en plus de mes recherches empiriques, de remuer le passé en cherchant la moindre trace de mes prédécesseurs et de leur œuvre, aussi incompétents qu’ils aient été. C’est dans cette optique que j’ai commencé il y a peu la traque de nécromanciens du Culte des Damnés, célèbre ordre de VIVANTS à la botte du Roi-Liche et principal acteur des premiers temps du Fléau. Alors que leur présence était autrefois très importante dans les Maleterres, ils ne sont plus aujourd’hui qu’une poignée formant quelques poches de résistances devant la vague des vivants et des réprouvés qui arrive depuis l’Ouest. Notamment parce que la guerre au Norfendre d’il y a deux ans en a rapatrié bon nombre, mais aussi car la défaite du prince déchu en a poussé à la désertion pure et simple pour rejoindre d’autres sectes.
Ma seule chance d’en trouver résidait donc dans un ratissage minutieux de la région pour dénicher quelques éléments isolés, mais mon temps est bien trop précieux pour que je m’abaisse à de telles choses, ou dans l’infiltration de leurs places fortes. J’ai immédiatement écarté l’idée de la Scholomance, trop nombreux, trop de risques, et me suis rabattue sur le Pestebois et ses ziggourats. Me faire passer pour une flaellée errante s’est avéré plus facile que prévu, ces déchets humains suintaient le découragement par tous les pores de leur peau, et l’arrivée d’un chevalier pour soutenir leur cause fut pour eux comme une bouffée d’air que leur chair immonde aspire si avidement à chaque seconde de leur existence pathétique. Ils étaient épuisés, désorganisés, une dizaine d’hommes et de femmes amaigris tenant un bâtiment avec l’énergie du désespoir contre les assauts répétés des Croisés d’Argent. « Nous ne tenons plus la route, que faisons nous ? Les goules n’obéissent presque plus aux ordres ! Ils vont bientôt venir ! ». Leurs caquètements incessants m’ont rapidement mise à bout, je les ai tous éliminés à l’exception de celui qui me paraissait être le plus ancien et exploitable, avec lequel j’ai eu la conversation suivante que je retranscris pour son caractère pédagogique :
La survivante, une vieille femme édentée au visage strié de scarifications rituelles m’a d’abord craché dessus, recroquevillée dans un coin du campement. Attendant que je l’achève, elle a déversé toute sa haine et toute la frustration de ces années d’efforts et de sacrifice réduites à néant.
-La Peste t’emporte, laquais d’Ebène, vous l’avez tous trahi, et le jour où il reviendra il tourmentera à jamais vos âmes dans la prison du Trône !
-Tu fais fausse route, vivante, je n’appartiens pas à la Lame comme tous ces animaux domestiques qui paradent dans les cités des vivants, pas plus que je ne sers ton Fléau et tous les aveugles qui le constituent.
-Qu’est-ce que tu es alors ? Une folle ?!
Elle a ensuite joint ses mains comme pour une prière, tête baissée. Sa raison lui avait échappé depuis un certain temps, peut-être ne pourrais-je rien en tirer finalement.
-Je suis l’avenir de tout ce qui sera, mortelle. Je suis celle qui brisera les chaines qui retiennent ce monde et tous les autres dans le carcan des cycles, je…
-Le Fléau a fait tout cela ! Il nous a promis l’égalité dans la mort et a tenu parole ! Vois ces terres et ose dire le contraire, maudite chèvre déformée !
-L’égalité ? Tu es au bord de la folie, n’ajoute pas la bêtise à cela, humaine. Vos pantins sont incapables de penser par eux-mêmes, vous n’êtes que de petits asservisseurs condamnés à disparaitre.
- Alors tue-moi ! Je mourrai pour mon Roi, le sourire aux lèvres et en soutenant ton regard ! Viens donc !
-C’est avec joie que je répandrais tes tripes sur plusieurs lieues, déchet, mais tu peux encore me servir. Et comme tout vivant tu t’accrocheras à ces quelques instants d’existence que je t’offre car telle est ta nature.
Je me suis penchée sur elle pour que nos yeux ne soient plus qu’à quelques centimètres les uns des autres, ses pupilles étaient dilatées au possible, sa peur presque palpable derrière sa bravade.
-Je pourrais enchainer ton âme à ta dépouille en te laissant pleinement consciente de ta situation, puis t’enterrer là où personne ne viendra te chercher et te laisser savourer une éternité d’emprisonnement. Préfères-tu cela à quelques questions ?
Ses lèvres tremblantes ont formé un « non » silencieux tandis qu’elle détournait la tête, et nous avons pu rentrer dans le vif du sujet, si j’ose dire. Ce qu’elle m’a appris sur la façon de créer un chaudron à Peste risque de ne m’être guère utile, mais les recherches nécessitent parfois que l’on prenne ce qui s’offre à nous sans faire la fine bouche.
Voilà la seconde leçon.
Kiera
Re: Parfaite
Je me dois de marquer une pause dans mes notes pour m'attarder sur un spécimen qui, à défaut d'être supportable, représente une anomalie intéressante.
Le cas auquel je fais référence est celui d'Hishani, ou "Lumière", comme elle aimait se nommer lors de nos premières rencontres. Les présentations avaient été pour le moins incongrues d'après mes souvenirs : seule sur la falaise surplombant la mer sur Sud de Berce-âmes, je faisais mine de contempler l'horizon pour cesser de ruminer de sombres pensées. C'était une triste époque, du moins selon la vision que j'en avais à ce moment-là, les forces du Clan (qui était alors le défenseur attitré de la ville contre les assauts des écarlates et autres vivants) étaient au plus bas tandis que ses Lames désertaient l'une après l'autre. Manaldian, Mathendis, Logharn, Celyssa, autant de noms que je n'ai que peu connus mais qui avaient marché aux côtés de Ronae longtemps avant que je ne les rejoigne et qui ont tourné le dos à l'idéal d'une civilisation non-morte.
Les défenses tenaient bons d'un jour à l'autre, je veillais soigneusement à la disposition de chacun de mes adoptés sur l'étendue de notre territoire et m'assurais que les patrouilles soient régulières. Ronae se faisait alors plus rare, plus effacé, ses torpeurs de plus en plus longues jusqu'à ce que les nuits se transforment en semaines et les semaines en mois. Au final certains comprirent qu'il ne reviendrait plus et disparurent sans un mot. Je n'étais pas de ce nombre, trop attachée à cet endroit, à ces idéaux d'honneur et de guerre auxquels je me raccrochais désespérement dans le but de donner un sens à ma non-vie.
C'est au milieu de cet isolement qu'Hishani est venue me trouver.
Qu'un intrus ait pénétré si loin dans le domaine sans se faire repérer par les gargouilles et les squelettes de faction aurait du me surprendre, tout comme le fait de croiser une réprésentente de la race à laquelle j'appartenais sur ces terres si reculées. Il n'en fut rien, mon apathie chronique me fit d'abord l'ignorer, laissant celle qui se présentait comme très ancienne et incroyablement arrogante dans son attitude me questionner.
Nous avons devisé jusqu'à ce que ses poncifs et son attitude de professeur ne m'agacent. Je l'ai chassée, purement et simplement.
Bien entendu, nous n'en sommes pas restées là, Hishani est revenue me voir en de nombreuses occasions, où que je me trouve et sans que je puisse m'expliquer par quels moyens elle m'avait retrouvée.
De perte de temps bipède elle a progressivement atteint le statut de sujet d'expériences potentiel alors que je découvrais fragment par fragment les mystères de sa chair et ses motivations (sur lesquelles je ne m'attarderai pas, elles sont aussi dénuées d'intérêt que l'esprit qui en est à l'origine).
Bien qu'elle s'évertue à le cacher derrière une présentation impeccable, elle appartient bel et bien à ceux de notre espèce. Hishani est une non-morte, probablement un ancien chevalier.
C'est là que le mystère se fait plus prononcé, ses aptitudes (que j'ai pu tester à loisir lors de nos rixes fréquentes) laissent à croire qu'elle est une arcaniste avec plus ou moins de talent, même si comme toutes les autres disciplines ne touchant pas à l'Impie la sienne est faible et donc négligeable.
Nous autres chevaliers utilisons les runes et les restes de nos âmes emprisonnées dans nos lames pour manifester notre pouvoir, comment une morte qui appartenait visiblement à cette catégorie pourrait-elle utiliser des dons qu'elle possédait de son vivant ? En théorie la Non-Mort efface notre passé, les chamans, paladins, et autres ensorceleurs relevés ont tous abandonné leurs anciennes disciplines lorsque le Fléau les a asservis, en quoi Hishani est-elle différente ? La magie de cette catégorie est le propre des liches, banshees et autre squelettes, ce qu'elle n'est pas, alors comment une telle chose est-elle possible ?
C'est pour cette raison qu'à l'heure où ces lignes sont retranscrites je remonte lentement mais surement la piste qu'elle laisse derrière elle au fur et à mesure de ces vagabondages. Pour elle tout cela n'est qu'une sorte de jeu, se mettre à la place de la proie doit même lui procurer une joie malsaine j'en suis certaine, mais je finis toujours par atteindre mes objectifs, peu importe le temps nécessaire pour cela.
Je dois l'étudier de prêt et percer les mystères de sa chair pour comprendre ce qui la rend "unique" en son genre, s'il est possible d'atteindre un état non-mort permettant d'utiliser d'autres disciplines que les runes tout en possédant la force propre aux runiques, je me dois de trouver comment. Renforcer pour élever.
Le cas auquel je fais référence est celui d'Hishani, ou "Lumière", comme elle aimait se nommer lors de nos premières rencontres. Les présentations avaient été pour le moins incongrues d'après mes souvenirs : seule sur la falaise surplombant la mer sur Sud de Berce-âmes, je faisais mine de contempler l'horizon pour cesser de ruminer de sombres pensées. C'était une triste époque, du moins selon la vision que j'en avais à ce moment-là, les forces du Clan (qui était alors le défenseur attitré de la ville contre les assauts des écarlates et autres vivants) étaient au plus bas tandis que ses Lames désertaient l'une après l'autre. Manaldian, Mathendis, Logharn, Celyssa, autant de noms que je n'ai que peu connus mais qui avaient marché aux côtés de Ronae longtemps avant que je ne les rejoigne et qui ont tourné le dos à l'idéal d'une civilisation non-morte.
Les défenses tenaient bons d'un jour à l'autre, je veillais soigneusement à la disposition de chacun de mes adoptés sur l'étendue de notre territoire et m'assurais que les patrouilles soient régulières. Ronae se faisait alors plus rare, plus effacé, ses torpeurs de plus en plus longues jusqu'à ce que les nuits se transforment en semaines et les semaines en mois. Au final certains comprirent qu'il ne reviendrait plus et disparurent sans un mot. Je n'étais pas de ce nombre, trop attachée à cet endroit, à ces idéaux d'honneur et de guerre auxquels je me raccrochais désespérement dans le but de donner un sens à ma non-vie.
C'est au milieu de cet isolement qu'Hishani est venue me trouver.
Qu'un intrus ait pénétré si loin dans le domaine sans se faire repérer par les gargouilles et les squelettes de faction aurait du me surprendre, tout comme le fait de croiser une réprésentente de la race à laquelle j'appartenais sur ces terres si reculées. Il n'en fut rien, mon apathie chronique me fit d'abord l'ignorer, laissant celle qui se présentait comme très ancienne et incroyablement arrogante dans son attitude me questionner.
Nous avons devisé jusqu'à ce que ses poncifs et son attitude de professeur ne m'agacent. Je l'ai chassée, purement et simplement.
Bien entendu, nous n'en sommes pas restées là, Hishani est revenue me voir en de nombreuses occasions, où que je me trouve et sans que je puisse m'expliquer par quels moyens elle m'avait retrouvée.
De perte de temps bipède elle a progressivement atteint le statut de sujet d'expériences potentiel alors que je découvrais fragment par fragment les mystères de sa chair et ses motivations (sur lesquelles je ne m'attarderai pas, elles sont aussi dénuées d'intérêt que l'esprit qui en est à l'origine).
Bien qu'elle s'évertue à le cacher derrière une présentation impeccable, elle appartient bel et bien à ceux de notre espèce. Hishani est une non-morte, probablement un ancien chevalier.
C'est là que le mystère se fait plus prononcé, ses aptitudes (que j'ai pu tester à loisir lors de nos rixes fréquentes) laissent à croire qu'elle est une arcaniste avec plus ou moins de talent, même si comme toutes les autres disciplines ne touchant pas à l'Impie la sienne est faible et donc négligeable.
Nous autres chevaliers utilisons les runes et les restes de nos âmes emprisonnées dans nos lames pour manifester notre pouvoir, comment une morte qui appartenait visiblement à cette catégorie pourrait-elle utiliser des dons qu'elle possédait de son vivant ? En théorie la Non-Mort efface notre passé, les chamans, paladins, et autres ensorceleurs relevés ont tous abandonné leurs anciennes disciplines lorsque le Fléau les a asservis, en quoi Hishani est-elle différente ? La magie de cette catégorie est le propre des liches, banshees et autre squelettes, ce qu'elle n'est pas, alors comment une telle chose est-elle possible ?
C'est pour cette raison qu'à l'heure où ces lignes sont retranscrites je remonte lentement mais surement la piste qu'elle laisse derrière elle au fur et à mesure de ces vagabondages. Pour elle tout cela n'est qu'une sorte de jeu, se mettre à la place de la proie doit même lui procurer une joie malsaine j'en suis certaine, mais je finis toujours par atteindre mes objectifs, peu importe le temps nécessaire pour cela.
Je dois l'étudier de prêt et percer les mystères de sa chair pour comprendre ce qui la rend "unique" en son genre, s'il est possible d'atteindre un état non-mort permettant d'utiliser d'autres disciplines que les runes tout en possédant la force propre aux runiques, je me dois de trouver comment. Renforcer pour élever.
Kiera
Re: Parfaite
Une de mes futures créations m'a un jour fait remarquer que l'état de "conscience" que je recherchais dans la Non-Mort ressemblait beaucoup à la liberté dont jouiraient les anciens flaellés de la Lordaeron occidentale, aussi appelés Réprouvés, et qu'ils étaient en toutes choses au fait de leurs actes et à même de choisir quelle voie emprunter. Bien que mes contacts avec cette variété de non-vivants aient été peu fréquents (lacune que je réparerai d'ici quelques temps), les quelques observations que j'ai pu en faire contredisent cette idée saugrenue : ces créatures sont à peine plus évoluées que leurs cousins égarés.
Premièrement leur chair n'a rien d'exceptionnelle, l'état de décomposition avancée chez certains Réprouvés sont d'indéniables preuves du peu de soin qu'ils font de leur être et indirectement du dédain qu'ils ont pour l'éternité qui leur a été offerte. Je les vois comme des enfants délaissés qui, privés de l'autorité parentale, se laisseraient lentement aller à la décrépitude dans un geste de rébellion futile. Ce comportement autodestructeur est non seulement idiot mais illogique, le Fléau a toujours été une arme de guerre n'ayant d'autre objectif que la destruction de toute chose, y compris ceux qui le servaient. Poursuivre ce processus d'obsolescence programmée démontre que les Réprouvés n'ont au final pas perdu le comportement qui caractérisait les troupes du Roi déchu, bien au contraire, ils l'ont simplement réadapté dans l'optique de leur vengeance.
Deuxièmement, ils ne sont en rien libres. A ce que j'ai pu voir et entendre de leur société et de leur organisation, les Réprouvés vouent un culte à la Banshee Sylvanas, ancienne créature éthérée ayant préféré regagner son enveloppe corporelle (sujet à observer). Cette vénération quasi fanatique confirme une fois encore que ces soi-disant êtres conscients n'ont fait que reporter l'obéissance aveugle qu'ils avaient du temps de leur premier asservissement vers un nouveau maitre.
Les Réprouvés ne sont donc qu'un vague souvenir du Fléau, un fragment égaré qui s'est tout d'abord concentré sur la destruction de son créateur pour ensuite, privé "d'idéal" revenir à ses bas instincts, à savoir la prolifération et l'annihilation.
Un point reste cependant assez obscur à propos de leur état. Si leur "libération" a été à l'époque le fait d'une baisse de puissance de l'influence du Roi-Liche, pourquoi ce processus ne s'est il pas répété pour l'ensemble du Fléau à sa mort ?
Je les méprise, et à raison. Contrairement aux réfugiés morts-vivants qui affluaient par convois entiers devant les portes de Berce-âmes, ils avaient en main tout ce qui était nécessaire pour présider à leur propre destinée, et ne se sont pas seulement contentés de laisser s'échapper cette chance mais l'ont détruite de leur plein gré. Ils sont faibles, ce sont des déchets.
J'ai retenu une chose essentielle du rêve qu'était Berce-âmes, édifier une civilisation requiert au préalable de magnifier l'individu, de l'élever jusqu'à atteindre la Perfection.
Ceci est la troisième leçon.
Premièrement leur chair n'a rien d'exceptionnelle, l'état de décomposition avancée chez certains Réprouvés sont d'indéniables preuves du peu de soin qu'ils font de leur être et indirectement du dédain qu'ils ont pour l'éternité qui leur a été offerte. Je les vois comme des enfants délaissés qui, privés de l'autorité parentale, se laisseraient lentement aller à la décrépitude dans un geste de rébellion futile. Ce comportement autodestructeur est non seulement idiot mais illogique, le Fléau a toujours été une arme de guerre n'ayant d'autre objectif que la destruction de toute chose, y compris ceux qui le servaient. Poursuivre ce processus d'obsolescence programmée démontre que les Réprouvés n'ont au final pas perdu le comportement qui caractérisait les troupes du Roi déchu, bien au contraire, ils l'ont simplement réadapté dans l'optique de leur vengeance.
Deuxièmement, ils ne sont en rien libres. A ce que j'ai pu voir et entendre de leur société et de leur organisation, les Réprouvés vouent un culte à la Banshee Sylvanas, ancienne créature éthérée ayant préféré regagner son enveloppe corporelle (sujet à observer). Cette vénération quasi fanatique confirme une fois encore que ces soi-disant êtres conscients n'ont fait que reporter l'obéissance aveugle qu'ils avaient du temps de leur premier asservissement vers un nouveau maitre.
Les Réprouvés ne sont donc qu'un vague souvenir du Fléau, un fragment égaré qui s'est tout d'abord concentré sur la destruction de son créateur pour ensuite, privé "d'idéal" revenir à ses bas instincts, à savoir la prolifération et l'annihilation.
Un point reste cependant assez obscur à propos de leur état. Si leur "libération" a été à l'époque le fait d'une baisse de puissance de l'influence du Roi-Liche, pourquoi ce processus ne s'est il pas répété pour l'ensemble du Fléau à sa mort ?
Je les méprise, et à raison. Contrairement aux réfugiés morts-vivants qui affluaient par convois entiers devant les portes de Berce-âmes, ils avaient en main tout ce qui était nécessaire pour présider à leur propre destinée, et ne se sont pas seulement contentés de laisser s'échapper cette chance mais l'ont détruite de leur plein gré. Ils sont faibles, ce sont des déchets.
J'ai retenu une chose essentielle du rêve qu'était Berce-âmes, édifier une civilisation requiert au préalable de magnifier l'individu, de l'élever jusqu'à atteindre la Perfection.
Ceci est la troisième leçon.
Kiera
Re: Parfaite
Mon expérience et mon talent me rendent unique, de loin supérieure au bétail des vivants et morts-vivants qui constituent mes sujets d'étude, et je ne peux donc pas me permettre de perdre mon temps avec de basses besognes que d'autres pourraient faire à ma place. Je suis pragmatique, de nombreuses choses ne pourront être accomplies que par mes mains, pourquoi devrais je gaspiller cela avec des préoccupations de second ordre au lieu de déléguer ?
Voilà pourquoi j'ai décidé de m'entourer de quelques uns de mes "pairs" qui, à défaut d'avoir la moindre chance de s'élever un jour, ont su dépasser leur statut de déchet pour devenir des assistants plus ou moins efficaces selon la tâche que je leur assigne. Choisir qui était digne de me rejoindre n'a pas été bien compliqué, mes connaissances quant à mes besoins sont à l'image de ce que je recherche : parfaites, une fonction pour chacun et chacune. Je me suis toutefois refusée à créer davantage d'adoptés pour cela, ce serait une trahison envers mes idéaux et une preuve de faiblesse. Ce monde grouille déjà d'êtres qui ne peuvent être sauvés de leur triste situation, donner un sens, sinon une utilité, à leur existence est la moindre des choses que je puisse faire pour eux.
L'errance que je me suis imposée dans ma quête a l'avantage d'amener de nombreux êtres à croiser ma route. Si une écrasante majorité ne mérite que mon indifférence, en de rares occasions je remarque chez certains une particularité qui les rend aptes à devenir mes cobayes le temps d'une nuit (ou de davantage de temps si mes investigations s'avèrent plus longues que prévues), et parmi ce nombre déjà réduit il se peut que certaines particularités rendent quelques individus capables de me servir à plus long terme.
Je n'ai pas besoin d'autres nécromanciens à mes côtés, l'idée d'un dialogue de sourds où un imbécile notoire essaierait de me convaincre que ses erreurs dignes d'un néophyte ne sont qu'un contretemps m'en décourage d'avance. Cela ne ferait que me ralentir, et bien que je dispose de l'éternité, mon temps est précieux.
M'entourer de combattants plus ou moins doués est par contre devenu une nécessité, non pas que je ne sois pas capable de me débarrasser d'éventuels obstacles, mais si d'autres peuvent le faire autant m'épargner cela. Un vivant sait à peine dans quel sens tenir une lame, aussi n'ai je choisi que d'anciens chevaliers, tout comme je l'étais, pour cela. Une de mes "protectrices" du moment a elle aussi eu comme lieu de première naissance Draenor, son intellect affreusement limité et sa prédilection pour la Voie du Sang en font une arme et un bouclier idéaux.
Dépêcher d'autres assistants pour me ramener telle ou telle source de savoir s'est aussi avéré nécessaire, l'ancienne nouvelle-née du Clan, Selia, devrait s'en acquitter quelques temps. Et si elle s'avère efficace, je ferai progressivement augmenter la taille et la puissance de ses proies (l'étudier Lui, j'hésite encore à le rechercher, les capacités régénératrices de son sang sont si...).
Ceux qui constituent mon entourage sont sacrifiables jusqu'au dernier, je n'accorde aucun intérêt à leur sort tout comme je me moque du mien pourvu que ce qui doit être fait le soit.
Seule la finalité compte, voilà la quatrième leçon.
Voilà pourquoi j'ai décidé de m'entourer de quelques uns de mes "pairs" qui, à défaut d'avoir la moindre chance de s'élever un jour, ont su dépasser leur statut de déchet pour devenir des assistants plus ou moins efficaces selon la tâche que je leur assigne. Choisir qui était digne de me rejoindre n'a pas été bien compliqué, mes connaissances quant à mes besoins sont à l'image de ce que je recherche : parfaites, une fonction pour chacun et chacune. Je me suis toutefois refusée à créer davantage d'adoptés pour cela, ce serait une trahison envers mes idéaux et une preuve de faiblesse. Ce monde grouille déjà d'êtres qui ne peuvent être sauvés de leur triste situation, donner un sens, sinon une utilité, à leur existence est la moindre des choses que je puisse faire pour eux.
L'errance que je me suis imposée dans ma quête a l'avantage d'amener de nombreux êtres à croiser ma route. Si une écrasante majorité ne mérite que mon indifférence, en de rares occasions je remarque chez certains une particularité qui les rend aptes à devenir mes cobayes le temps d'une nuit (ou de davantage de temps si mes investigations s'avèrent plus longues que prévues), et parmi ce nombre déjà réduit il se peut que certaines particularités rendent quelques individus capables de me servir à plus long terme.
Je n'ai pas besoin d'autres nécromanciens à mes côtés, l'idée d'un dialogue de sourds où un imbécile notoire essaierait de me convaincre que ses erreurs dignes d'un néophyte ne sont qu'un contretemps m'en décourage d'avance. Cela ne ferait que me ralentir, et bien que je dispose de l'éternité, mon temps est précieux.
M'entourer de combattants plus ou moins doués est par contre devenu une nécessité, non pas que je ne sois pas capable de me débarrasser d'éventuels obstacles, mais si d'autres peuvent le faire autant m'épargner cela. Un vivant sait à peine dans quel sens tenir une lame, aussi n'ai je choisi que d'anciens chevaliers, tout comme je l'étais, pour cela. Une de mes "protectrices" du moment a elle aussi eu comme lieu de première naissance Draenor, son intellect affreusement limité et sa prédilection pour la Voie du Sang en font une arme et un bouclier idéaux.
Dépêcher d'autres assistants pour me ramener telle ou telle source de savoir s'est aussi avéré nécessaire, l'ancienne nouvelle-née du Clan, Selia, devrait s'en acquitter quelques temps. Et si elle s'avère efficace, je ferai progressivement augmenter la taille et la puissance de ses proies (l'étudier Lui, j'hésite encore à le rechercher, les capacités régénératrices de son sang sont si...).
Ceux qui constituent mon entourage sont sacrifiables jusqu'au dernier, je n'accorde aucun intérêt à leur sort tout comme je me moque du mien pourvu que ce qui doit être fait le soit.
Seule la finalité compte, voilà la quatrième leçon.
Kiera
Re: Parfaite
Dès l'instant où j'ai compris quel rôle je devais jouer contre cet univers dans lequel nous existons, je me suis jurée que jamais mon passé ne serait un frein pour ce que je comptais devenir, qu'il me fallait l'oublier pour ne pas polluer mes pensées avec des choses futiles. Aujourd'hui, tout ce qui a précédé ma seconde naissance n'est plus qu'un brouillard diffus de fragments de souvenirs et de contre-vérités que j'ai volontairement propagés pour que personne ne puisse savoir ce que j'étais. Si bien que je n'en suis plus à fait sure moi-même. Ai-je prêté l'oreille aux éléments ? A cette Lumière que mon ancien peuple vénérait tant ? Je n'arrive plus à différencier le vrai du faux, et à bien y réfléchir c'est sans importance, la Perfection et elle-seule mérite mon attention, savoir comment le tas de viande qui a servi à me concevoir a bien pu occuper son temps me préoccupe tout autant que l'insecte que j'écrase sous mon sabot.
Mais dans ce cas, pourquoi ? Pourquoi y suis-je retournée ?
Pour sauver ce qui pouvait l'être, pour extirper de la fange les plus jeunes Lames qui n'avaient pas réussi à comprendre que la seule chose qui les attendait s'ils persistaient dans leur serment était une fin ignoble de la main d'un vivant persuadé qu'il était dans son bon droit en "délivrant" une pauvre âme damnée. Je suis revenue en Berce-âmes, par ce tunnel que le Clan avait franchi voilà plus d'une année, fort de son nouveau devoir envers ce qui devait être la première cité pour les Non-morts libres conscients que leur destin et celui des vivants n'avaient pas à s'entremêler. J'ai effleuré mes anciens adoptés, toujours fidèles, gardant les accès comme je le leur avait ordonné après mon départ d'il y a plusieurs mois, j'aurais pu ressentir de la fierté à les voir ainsi, mais d'autres choses occupaient mon esprit à cet instant. Qui serait encore là ? Que pourrais je bien trouver d'utile à mon grand-oeuvre dans un endroit que j'avais abandonné à dessein ?
Les habitants égarés continuaient à se terrer dans les profondeurs, la surface appartenait entièrement à ce que j'avais moi-même façonnée, c'est là que j'ai pu trouver une lueur d'espoir dans la futilité de mon expédition en la personne de Selia. Elle demeurait aux alentours de la crypte, pauvre créature, je me suis approchée et nous avons parlé un moment. La convaincre des véritables raisons de ma venue a nécessité que je déploie toute la force de ma persuasion, son jeune esprit encore certain que la juste fin que Krilleb avait reçue de ma main n'était que justice, et non un crime comme feu Kedirah se complaisait à le raconter à qui voulait bien entendre ses propos incohérents. J'ai dévoilé à Selia mes buts, comment je comptais m'y prendre pour ensuite lui faire ma première et dernière offre : Marcher à mes côtés ou continuer à s'accrocher à un carré de terre sans valeur. Elle a fini par accepter, montrant toutefois les crocs comme le font les jeunes chiots pour tenter de marquer leur indépendance. Je ne suis pas venue pour rien et cela m'aurait rendue heureuse si une telle émotion n'avait pas été indigne de moi.
Toutefois, une chose m'a profondément troublée. Je n'ai pas pu résister à l'envie de communier une nouvelle fois avec mes adoptés, diffuser mon esprit dans chacun d'entre eux et voir par leur yeux comme je le faisais à l'époque où nous étions en guerre. Cette sensation a toujours été indescriptible, en faire un portrait grossier reviendrait à parler d'un genre d'éclatement, de dispersion pour devenir une infinité et non plus un être unique. Dans les méandres de leurs mémoires atrophiées, au milieu de tous ces jours et de toutes ces nuits figées, j'ai pu distinguer une intrusion.
Les esclaves d'Ebène ne sont toujours pas revenus du Nord gelé et l'Aube est bien trop prise par son siège de la Main de Tyr pour se préoccuper de terres officiellement à l'abandon, qui donc aurait bien pu essayer de pénétrer en Berce-âmes ? Les gargouilles ont su donner un visage à ce fou suicidaire : une elfe, toujours vivante de surcroit, a tenté de survoler la zone et a réussi à s'échapper in extremis des griffes de mes anciens serviteurs ailés. Une simple curieuse ? Non, personne ne se rend dans les Maleterres pour le plaisir de visiter, encore moins aussi loin à l'Est. Un éclaireur ? les Kaldorei ne sont pas de ce continent, elle ne serait donc pas venue en leur nom, et ne portait aucun signe distinctif d'une faction que l'on pourrait croiser dans les ruines de Lordaeron.
Le hasard est une chose en laquelle je crois, une force à l'état brut qui influence les existences de ceux trop faibles pour prendre en main leur sort. Mais tu n'es pas aussi faible que le commun des mortels, Ceralynde, tu tenterais donc de me traquer par le biais de tes laquais ? J'aurais au moins espéré que tu envoies Towann, le choix de cette inconnue pour me donner la chasse serait presque une insulte.
Tu espérais me trouver ici ? Eh bien je vais te laisser croire en cela, je vais même te rendre la tâche aussi amusante que possible en faisant un dernier cadeau à cette cité qui n'est plus la mienne.
Celui qui reste figé dans le passé n'a pas d'avenir, voilà une cinquième leçon que tu n'a pas su appréhender en me cherchant à cet endroit.
Mais dans ce cas, pourquoi ? Pourquoi y suis-je retournée ?
Pour sauver ce qui pouvait l'être, pour extirper de la fange les plus jeunes Lames qui n'avaient pas réussi à comprendre que la seule chose qui les attendait s'ils persistaient dans leur serment était une fin ignoble de la main d'un vivant persuadé qu'il était dans son bon droit en "délivrant" une pauvre âme damnée. Je suis revenue en Berce-âmes, par ce tunnel que le Clan avait franchi voilà plus d'une année, fort de son nouveau devoir envers ce qui devait être la première cité pour les Non-morts libres conscients que leur destin et celui des vivants n'avaient pas à s'entremêler. J'ai effleuré mes anciens adoptés, toujours fidèles, gardant les accès comme je le leur avait ordonné après mon départ d'il y a plusieurs mois, j'aurais pu ressentir de la fierté à les voir ainsi, mais d'autres choses occupaient mon esprit à cet instant. Qui serait encore là ? Que pourrais je bien trouver d'utile à mon grand-oeuvre dans un endroit que j'avais abandonné à dessein ?
Les habitants égarés continuaient à se terrer dans les profondeurs, la surface appartenait entièrement à ce que j'avais moi-même façonnée, c'est là que j'ai pu trouver une lueur d'espoir dans la futilité de mon expédition en la personne de Selia. Elle demeurait aux alentours de la crypte, pauvre créature, je me suis approchée et nous avons parlé un moment. La convaincre des véritables raisons de ma venue a nécessité que je déploie toute la force de ma persuasion, son jeune esprit encore certain que la juste fin que Krilleb avait reçue de ma main n'était que justice, et non un crime comme feu Kedirah se complaisait à le raconter à qui voulait bien entendre ses propos incohérents. J'ai dévoilé à Selia mes buts, comment je comptais m'y prendre pour ensuite lui faire ma première et dernière offre : Marcher à mes côtés ou continuer à s'accrocher à un carré de terre sans valeur. Elle a fini par accepter, montrant toutefois les crocs comme le font les jeunes chiots pour tenter de marquer leur indépendance. Je ne suis pas venue pour rien et cela m'aurait rendue heureuse si une telle émotion n'avait pas été indigne de moi.
Toutefois, une chose m'a profondément troublée. Je n'ai pas pu résister à l'envie de communier une nouvelle fois avec mes adoptés, diffuser mon esprit dans chacun d'entre eux et voir par leur yeux comme je le faisais à l'époque où nous étions en guerre. Cette sensation a toujours été indescriptible, en faire un portrait grossier reviendrait à parler d'un genre d'éclatement, de dispersion pour devenir une infinité et non plus un être unique. Dans les méandres de leurs mémoires atrophiées, au milieu de tous ces jours et de toutes ces nuits figées, j'ai pu distinguer une intrusion.
Les esclaves d'Ebène ne sont toujours pas revenus du Nord gelé et l'Aube est bien trop prise par son siège de la Main de Tyr pour se préoccuper de terres officiellement à l'abandon, qui donc aurait bien pu essayer de pénétrer en Berce-âmes ? Les gargouilles ont su donner un visage à ce fou suicidaire : une elfe, toujours vivante de surcroit, a tenté de survoler la zone et a réussi à s'échapper in extremis des griffes de mes anciens serviteurs ailés. Une simple curieuse ? Non, personne ne se rend dans les Maleterres pour le plaisir de visiter, encore moins aussi loin à l'Est. Un éclaireur ? les Kaldorei ne sont pas de ce continent, elle ne serait donc pas venue en leur nom, et ne portait aucun signe distinctif d'une faction que l'on pourrait croiser dans les ruines de Lordaeron.
Le hasard est une chose en laquelle je crois, une force à l'état brut qui influence les existences de ceux trop faibles pour prendre en main leur sort. Mais tu n'es pas aussi faible que le commun des mortels, Ceralynde, tu tenterais donc de me traquer par le biais de tes laquais ? J'aurais au moins espéré que tu envoies Towann, le choix de cette inconnue pour me donner la chasse serait presque une insulte.
Tu espérais me trouver ici ? Eh bien je vais te laisser croire en cela, je vais même te rendre la tâche aussi amusante que possible en faisant un dernier cadeau à cette cité qui n'est plus la mienne.
Celui qui reste figé dans le passé n'a pas d'avenir, voilà une cinquième leçon que tu n'a pas su appréhender en me cherchant à cet endroit.
Kiera
Re: Parfaite
Un esprit affûté doit constamment remettre en question ce qu'il considère comme acquis ou avéré, les chemins menant à la Perfection sont très peu nombreux mais croire qu'il n'existe qu'une seule voie serait à la fois présomptueux et stupide. Si je sais où je dois mener tout ce qui existe, et dans quelle direction, explorer les différents sentiers qui s'offrent à moi requiert une infinie patience que, fort heureusement, je possède.
Pourquoi glorifier la chair et non l'âme immortelle de l'individu ? Ne pourrait-on atteindre l'élévation en se débarassant d'enveloppes terrestres si fragiles et bonnes à nourrir les vers ?
L'âme... Vague concept pour décrire l'ensemble de ce qui, en dehors du corps et de l'esprit, nous définit en tant qu'individu. Certains la voit comme le liant entre les deux autres éléments d'un être, d'autres comme la force vitale offerte par la grâce de la Lumière, d'ancienne divinités, ou d'un quelconque totem vénéré depuis des millénaires. Sans âme nous ne vaudrions guère mieux que les esprits élémentaires poussés par leurs instincts primaires.
Balivernes et sombres idioties que cela ! L'âme n'est en rien nécessaire, du moins dans une mesure incroyablement plus réduite que selon ce qui est généralement dit, j'en suis la preuve. Peu sont capables de comprendre ce qu'est réellement un chevalier de la mort, beaucoup nous voient comme des morts-vivants plus forts de la moyenne de par nos sombres armures ou nos passés "glorieux", tout comme la Liche ne serait qu'un spectre plus dangereux.
L'éveil, chaque runique s'en souvient comme d'un moment particulièrement traumatisant encore plus douloureux que sa première mort, et à raison biologiquement parlant. Nous sommes d'abord arrachés à l'étreinte de la vie, bien évidemment. Le laps de temps est alors très court, si le sujet est trop décomposé il n'arrivera pas à supporter le traitement de choc requis pour créer davantage qu'une simple goule. Lorsqu'un néophyte potentiel était capturé par le Fléau, sa dépouille était bien vite ramenée en sureté derrière les lignes par une horde de geists ou de gargouilles.
Vient ensuite l'étape primordiale de la réanimation, le nécromancien apporte un soin particulier à déverser son pouvoir dans le corps de celui qui reçoit le don, chaque liaison nerveuse doit être délicatement réactivée l'une après l'autre, chaque muscle rappelé à s'animer. Un soldat de choc avec un bras inutilisable ne mériterait guère son titre.
Et enfin l'étape finale, la fin de l'éveil et la naissance du chevalier en tant que tel. Alors que le sujet commence vaguement à se mouvoir via quelques spasmes et esquisses de mouvements, son âme lui est drainée jusqu'à ce qu'il n'en reste rien et placée dans sa nouvelle lame. Oui, cette âme si précieuse n'est pour nous qu'une source de pouvoir, nos runes s'en nourrissent et nous apportent en retour l'énergie nécessaire à l'utilisation des trois Voies, il n'y a rien de plus.
Et pourtant, nous continuons à exister, pleinement conscients, voire davantage grâce à ce que je n'hésite pas à qualifier d'une épuration. Nous sommes débarassés de ces émotions qui affaiblissent les vivants, l'amour et la peur ne sont que les premiersexemples. Je réfléchis, raisonne, invente sans être distraite par des préoccupations sans intérêt, je suis presque parfaite.
Je ne le serai complètement qu'à l'instant où ma chair sera devenue immortelle et au delà de ce que la création pourrait lui infliger, et non en rejoignant ces hordes d'esprits errants qui se raccrochent péniblement à ce qu'ils ont été ou au lieu de leur trépas.
La chair n'est pas qu'une enveloppe pour l'esprit, elle l'influence directement et prédomine sur l'âme en toute chose, voici la sixième leçon.
Pourquoi glorifier la chair et non l'âme immortelle de l'individu ? Ne pourrait-on atteindre l'élévation en se débarassant d'enveloppes terrestres si fragiles et bonnes à nourrir les vers ?
L'âme... Vague concept pour décrire l'ensemble de ce qui, en dehors du corps et de l'esprit, nous définit en tant qu'individu. Certains la voit comme le liant entre les deux autres éléments d'un être, d'autres comme la force vitale offerte par la grâce de la Lumière, d'ancienne divinités, ou d'un quelconque totem vénéré depuis des millénaires. Sans âme nous ne vaudrions guère mieux que les esprits élémentaires poussés par leurs instincts primaires.
Balivernes et sombres idioties que cela ! L'âme n'est en rien nécessaire, du moins dans une mesure incroyablement plus réduite que selon ce qui est généralement dit, j'en suis la preuve. Peu sont capables de comprendre ce qu'est réellement un chevalier de la mort, beaucoup nous voient comme des morts-vivants plus forts de la moyenne de par nos sombres armures ou nos passés "glorieux", tout comme la Liche ne serait qu'un spectre plus dangereux.
L'éveil, chaque runique s'en souvient comme d'un moment particulièrement traumatisant encore plus douloureux que sa première mort, et à raison biologiquement parlant. Nous sommes d'abord arrachés à l'étreinte de la vie, bien évidemment. Le laps de temps est alors très court, si le sujet est trop décomposé il n'arrivera pas à supporter le traitement de choc requis pour créer davantage qu'une simple goule. Lorsqu'un néophyte potentiel était capturé par le Fléau, sa dépouille était bien vite ramenée en sureté derrière les lignes par une horde de geists ou de gargouilles.
Vient ensuite l'étape primordiale de la réanimation, le nécromancien apporte un soin particulier à déverser son pouvoir dans le corps de celui qui reçoit le don, chaque liaison nerveuse doit être délicatement réactivée l'une après l'autre, chaque muscle rappelé à s'animer. Un soldat de choc avec un bras inutilisable ne mériterait guère son titre.
Et enfin l'étape finale, la fin de l'éveil et la naissance du chevalier en tant que tel. Alors que le sujet commence vaguement à se mouvoir via quelques spasmes et esquisses de mouvements, son âme lui est drainée jusqu'à ce qu'il n'en reste rien et placée dans sa nouvelle lame. Oui, cette âme si précieuse n'est pour nous qu'une source de pouvoir, nos runes s'en nourrissent et nous apportent en retour l'énergie nécessaire à l'utilisation des trois Voies, il n'y a rien de plus.
Et pourtant, nous continuons à exister, pleinement conscients, voire davantage grâce à ce que je n'hésite pas à qualifier d'une épuration. Nous sommes débarassés de ces émotions qui affaiblissent les vivants, l'amour et la peur ne sont que les premiersexemples. Je réfléchis, raisonne, invente sans être distraite par des préoccupations sans intérêt, je suis presque parfaite.
Je ne le serai complètement qu'à l'instant où ma chair sera devenue immortelle et au delà de ce que la création pourrait lui infliger, et non en rejoignant ces hordes d'esprits errants qui se raccrochent péniblement à ce qu'ils ont été ou au lieu de leur trépas.
La chair n'est pas qu'une enveloppe pour l'esprit, elle l'influence directement et prédomine sur l'âme en toute chose, voici la sixième leçon.
Kiera
Re: Parfaite
Une fois n'est pas coutume, je me suis permis un sacrifice de ma personne et ai pris quelques instants pour considérer les motivations des fous qui osent s'opposer à mes projets ou les jugent condamnables, activité dénuée d'intérêt en soi mais il me restait quelques rares minutes de temps libre alors qu'un de mes sujets finissait d'assimiler son traitement.
Je compte plus d'ennemis qu'un charnier accueille de vers, à l'exception d'un cas particulier cela ne m'a jamais inquiétée outre mesure : me contredire revient à démontrer sa propre inutilité et à rejoindre l'impressionnant nombre de déchets ambulants qui peuplent ce monde. Forte de cette vérité je pouvais laisser la douce quiétude du mépris m'envelopper comme une solide armure. Mais vient le moment où un esprit avide de connaissances comme le mien doit percer tous les mystères qui se présentent à lui, je ne souhaite que le bien de ceux dignes de recevoir mes grâces, en quoi cela pourrait-il apparaitre comme néfaste ?
Le dégout des adeptes de la Lumière me semble être le plus simple à décortiquer, ils sont l'ennemi de toujours des Non-morts, notre exact opposé comme ils se plaisent à se décrire. La Lumière contre la Nécromancie, le bien contre le mal, la justice contre le chaos sont autant de visions simplistes d'une lutte complexe et contrastée entre nos deux espèces. En tant que draenei j'ai fait partie d'un camp puis de l'autre et ai su appréhender les motivations des uns et des autres. L'esclave de Lumière souffre de ce que je qualifie de syndrome binaire, ce qui n'est pas moi est différent, ce qui est différent est plus dur à comprendre, ce que je ne comprends pas pourrait être dangereux, et ce qui pourrait représenter un risque doit être combattu. Voilà pourquoi ils nous traquent comme des bêtes depuis toujours, cajolés par des idéaux de vivants heureux et en paix ils n'ont jamais pris la peine de ne serait-ce que s'interroger sur leur vraie nature. Il m'arriverait presque de rire en repensant à leur réaction lorsque les chiens d'Ebène ont rallié leur cause contre le Roi-Liche, comment devaient ils réagir vis à vis d'un allié enfanté par leur ennemi juré ? Compassion ? Haine ? Colère ? Tristesse ? Une chance pour eux, la bêtise des chiens de Mograine leur a permis de s'éviter cette douleur insoutenable que fait naitre dans leurs petits cranes l'usage de leur cervelle.
La Lame d'Ebène a, dès l'instant où elle s'est inclinée devant Fordring, accepté son destin de laquais honteux sur la voie du repentir. Ils se considèrent eux-mêmes comme des monstres, des aberrations devant etouffer leur géniteur avant de sombrer à leur tour dans l'oubli. Voilà pourquoi l'Achérus est demeuré silencieux et qu'une écrasante majorité de leurs troupes ne sont pas revenues du continent gelé, maintenant que leur "devoir" est accompli, ils ont choisi de rester dans leur retraite là où personne ne viendrait les chercher. Ce sont des pantins sans ficelles, moins instinctifs que des Réprouvés mais encore plus butés que des paladins.
Je connais assez mal les us et coutumes des druides, mais un aperçu relatif de leurs principes m'a suffit à les hair peut-être davantage que les croisés d'argent ou les écarlates. Ils sont les agents du cycle, ce qui doit vivre doit mourir pour qu'autre chose puisse naitre à sa place. En tant que non-morts nous sommes une erreur du cycle, une faille dans ces rouages qu'ils entretiennent avec tant de soins, et de ce fait des cibles à abattre sans tarder. Si leur guerre au mont Hyjal n'attirait pas leur attention ailleurs, je reste persuadée qu'ils seraient en première ligne dans la reconquête des Maleterres.
Voilà un vague aperçu de ceux qui me déclarent coupable, des aveugles, des automates et des régulateurs insconcients. Comment pourrais je ne serait-ce qu'essayer de les convaincre ? Il me serait plus rapide de vider les océans à mains nues. Je n'ai donc pas d'autre choix que de recourir à la force et de les écraser pour qu'ils comprennent leur erreur.
Dialoguer avec un sourd, montrer à un aveugle, ou questionner un muet ne peut rien m'apporter. Voici la septième leçon.
Je compte plus d'ennemis qu'un charnier accueille de vers, à l'exception d'un cas particulier cela ne m'a jamais inquiétée outre mesure : me contredire revient à démontrer sa propre inutilité et à rejoindre l'impressionnant nombre de déchets ambulants qui peuplent ce monde. Forte de cette vérité je pouvais laisser la douce quiétude du mépris m'envelopper comme une solide armure. Mais vient le moment où un esprit avide de connaissances comme le mien doit percer tous les mystères qui se présentent à lui, je ne souhaite que le bien de ceux dignes de recevoir mes grâces, en quoi cela pourrait-il apparaitre comme néfaste ?
Le dégout des adeptes de la Lumière me semble être le plus simple à décortiquer, ils sont l'ennemi de toujours des Non-morts, notre exact opposé comme ils se plaisent à se décrire. La Lumière contre la Nécromancie, le bien contre le mal, la justice contre le chaos sont autant de visions simplistes d'une lutte complexe et contrastée entre nos deux espèces. En tant que draenei j'ai fait partie d'un camp puis de l'autre et ai su appréhender les motivations des uns et des autres. L'esclave de Lumière souffre de ce que je qualifie de syndrome binaire, ce qui n'est pas moi est différent, ce qui est différent est plus dur à comprendre, ce que je ne comprends pas pourrait être dangereux, et ce qui pourrait représenter un risque doit être combattu. Voilà pourquoi ils nous traquent comme des bêtes depuis toujours, cajolés par des idéaux de vivants heureux et en paix ils n'ont jamais pris la peine de ne serait-ce que s'interroger sur leur vraie nature. Il m'arriverait presque de rire en repensant à leur réaction lorsque les chiens d'Ebène ont rallié leur cause contre le Roi-Liche, comment devaient ils réagir vis à vis d'un allié enfanté par leur ennemi juré ? Compassion ? Haine ? Colère ? Tristesse ? Une chance pour eux, la bêtise des chiens de Mograine leur a permis de s'éviter cette douleur insoutenable que fait naitre dans leurs petits cranes l'usage de leur cervelle.
La Lame d'Ebène a, dès l'instant où elle s'est inclinée devant Fordring, accepté son destin de laquais honteux sur la voie du repentir. Ils se considèrent eux-mêmes comme des monstres, des aberrations devant etouffer leur géniteur avant de sombrer à leur tour dans l'oubli. Voilà pourquoi l'Achérus est demeuré silencieux et qu'une écrasante majorité de leurs troupes ne sont pas revenues du continent gelé, maintenant que leur "devoir" est accompli, ils ont choisi de rester dans leur retraite là où personne ne viendrait les chercher. Ce sont des pantins sans ficelles, moins instinctifs que des Réprouvés mais encore plus butés que des paladins.
Je connais assez mal les us et coutumes des druides, mais un aperçu relatif de leurs principes m'a suffit à les hair peut-être davantage que les croisés d'argent ou les écarlates. Ils sont les agents du cycle, ce qui doit vivre doit mourir pour qu'autre chose puisse naitre à sa place. En tant que non-morts nous sommes une erreur du cycle, une faille dans ces rouages qu'ils entretiennent avec tant de soins, et de ce fait des cibles à abattre sans tarder. Si leur guerre au mont Hyjal n'attirait pas leur attention ailleurs, je reste persuadée qu'ils seraient en première ligne dans la reconquête des Maleterres.
Voilà un vague aperçu de ceux qui me déclarent coupable, des aveugles, des automates et des régulateurs insconcients. Comment pourrais je ne serait-ce qu'essayer de les convaincre ? Il me serait plus rapide de vider les océans à mains nues. Je n'ai donc pas d'autre choix que de recourir à la force et de les écraser pour qu'ils comprennent leur erreur.
Dialoguer avec un sourd, montrer à un aveugle, ou questionner un muet ne peut rien m'apporter. Voici la septième leçon.
Kiera
Re: Parfaite
Je n'abandonnerai pas, quoi qu'il en coûte, jamais.
Pour chaque progrès que je réalise, pour chaque étape que je franchis, de nouveaux obstacles apparaissent, plus difficiles à surmonter à chaque fois. Le dernier en date est de loin le plus ardu qu'il l'ait été donné de voir, et je me maudis de ne pas y avoir songé plus tôt malgré son évidence. L'élévation finale est à portée de main, je peux presque le sentir dans ma chair, je suis l'un des êtres les plus évolués à avoir jamais existé, et lorsque le moment sera venu d'atteindre la Perfection je serai la première réprésentante d'une espèce nouvelle qui renversera ce qui est établi pour refaçonner l'univers à son image. Mais comment ? Comment un individu isolé, aussi doué soit-il, pourrait il offrir le don à des millions d'âmes ? Elles sont emprisonnées, éphémères et seule je suis incapable de les sauver toutes. Le lien entre mes travaux et ceux qui en bénéficieront est faible, bien trop faible pour que mes projets puissent aboutir un jour si je m'en tiens à ma façon d'agir actuelle. Je dois trouver un moyen de tous les atteindre, de diffuser mon chef d'oeuvre en une vague irresistible qu'aucun fou ne pourra arrêter.
Les livres ne m'ont jamais aidé en quoi que ce soit pour mon grand oeuvre, j'ai toujours appris sur le terrain, arpentant charniers et champs de bataille en quête de morts à relever ou de nouvelles créations. Si cela m'a permis de m'instruire en quelques années, j'en ai aussi retiré la mauvaise habitude d'intervenir directement sur mes sujets, mes mains ont manipulé plus d'os et d'organes qu'un cerveau vivant ne pourrait en dénombrer. Mes adoptés sont des sculptures, des prototypes qui ne doivent leur non-vie qu'à mes mains, tout comme j'ai travaillé ma propre chair pour mes découvertes les plus prometteuses. Je ne pourrai pas arpenter ce monde en étant certaine qu'aucun évènement malheureux ne viendra troubler un processus qui prendrait plusieurs siècles à achever. C'est impossible et inenvisageable, je peux faire mieux, bien mieux.
Former des disciples ? J'y ai déjà pensé mais les adeptes des arts impies étaient déjà loin d'être majoritaires parmi les chevaliers du temps du Fléau, et notre nombre n'a cessé de decroitre depuis la chute. Je ne vois à l'heure actuelle qu'un seul non-mort digne de mon enseignement, là où il m'en faudrait des centaines comme lui. Un ordre de remodeleurs serait une solution temporaire qui pourrait faire office de soutien, mais si je ne suis présente pour assister à leurs expériences, comment pourrais-je m'assurer qu'ils ne baffouent pas l'héritage que je leur ai offert ? Rien que le fait d'envisager les erreurs stupides qu'ils pourraient commettre me révulse.
Un agent infectieux tel que la Peste ? Trop instable et volatile, avec en plus des effets plus que grossiers sur le cobaye. La dernier cru réalisé par les Réprouvés sur les terres gelées est une preuve incontestable que ce procédé pourrait au mieux reproduire vaguement mon talent et n'offrir qu'un simulacre de Perfection. Je préfèrerais monter moi-même sur un bucher édifié par les écarlates tout en entonnant un hymne à la Lumière plutôt que de recourir à cette méthode.
Eliminer ceux qui pourraient dans un premier temps refuser la non-mort serait bien la voie la plus simple et la plus drastique à emprunter.
Mais comment pourrais-je, moi qui ne suis pas encore tout à fait parfaite, juger de qui n'arrivera pas à ouvrir les yeux une fois qu'il aura franchi le voile?
Il y aurait bien une infime solution, mais elle n'est encore qu'à l'étape de projet. Si je ne peux agir moi-même à une si grande échelle, ce seront des fruits de mon essence qui s'en chargeront, j'en serai la source et ils se propageront progressivement, subtilement, d'un vivant à l'autre. Ils leur feront connaitre l'élévation tout en conservant un lien avec moi. Ils seront mes enfants, ils seront parfaits.
La huitième leçon est évidente, l'on obtient la réussite qu'à l'aide d'un plan infaillible.
Pour chaque progrès que je réalise, pour chaque étape que je franchis, de nouveaux obstacles apparaissent, plus difficiles à surmonter à chaque fois. Le dernier en date est de loin le plus ardu qu'il l'ait été donné de voir, et je me maudis de ne pas y avoir songé plus tôt malgré son évidence. L'élévation finale est à portée de main, je peux presque le sentir dans ma chair, je suis l'un des êtres les plus évolués à avoir jamais existé, et lorsque le moment sera venu d'atteindre la Perfection je serai la première réprésentante d'une espèce nouvelle qui renversera ce qui est établi pour refaçonner l'univers à son image. Mais comment ? Comment un individu isolé, aussi doué soit-il, pourrait il offrir le don à des millions d'âmes ? Elles sont emprisonnées, éphémères et seule je suis incapable de les sauver toutes. Le lien entre mes travaux et ceux qui en bénéficieront est faible, bien trop faible pour que mes projets puissent aboutir un jour si je m'en tiens à ma façon d'agir actuelle. Je dois trouver un moyen de tous les atteindre, de diffuser mon chef d'oeuvre en une vague irresistible qu'aucun fou ne pourra arrêter.
Les livres ne m'ont jamais aidé en quoi que ce soit pour mon grand oeuvre, j'ai toujours appris sur le terrain, arpentant charniers et champs de bataille en quête de morts à relever ou de nouvelles créations. Si cela m'a permis de m'instruire en quelques années, j'en ai aussi retiré la mauvaise habitude d'intervenir directement sur mes sujets, mes mains ont manipulé plus d'os et d'organes qu'un cerveau vivant ne pourrait en dénombrer. Mes adoptés sont des sculptures, des prototypes qui ne doivent leur non-vie qu'à mes mains, tout comme j'ai travaillé ma propre chair pour mes découvertes les plus prometteuses. Je ne pourrai pas arpenter ce monde en étant certaine qu'aucun évènement malheureux ne viendra troubler un processus qui prendrait plusieurs siècles à achever. C'est impossible et inenvisageable, je peux faire mieux, bien mieux.
Former des disciples ? J'y ai déjà pensé mais les adeptes des arts impies étaient déjà loin d'être majoritaires parmi les chevaliers du temps du Fléau, et notre nombre n'a cessé de decroitre depuis la chute. Je ne vois à l'heure actuelle qu'un seul non-mort digne de mon enseignement, là où il m'en faudrait des centaines comme lui. Un ordre de remodeleurs serait une solution temporaire qui pourrait faire office de soutien, mais si je ne suis présente pour assister à leurs expériences, comment pourrais-je m'assurer qu'ils ne baffouent pas l'héritage que je leur ai offert ? Rien que le fait d'envisager les erreurs stupides qu'ils pourraient commettre me révulse.
Un agent infectieux tel que la Peste ? Trop instable et volatile, avec en plus des effets plus que grossiers sur le cobaye. La dernier cru réalisé par les Réprouvés sur les terres gelées est une preuve incontestable que ce procédé pourrait au mieux reproduire vaguement mon talent et n'offrir qu'un simulacre de Perfection. Je préfèrerais monter moi-même sur un bucher édifié par les écarlates tout en entonnant un hymne à la Lumière plutôt que de recourir à cette méthode.
Eliminer ceux qui pourraient dans un premier temps refuser la non-mort serait bien la voie la plus simple et la plus drastique à emprunter.
Mais comment pourrais-je, moi qui ne suis pas encore tout à fait parfaite, juger de qui n'arrivera pas à ouvrir les yeux une fois qu'il aura franchi le voile?
Il y aurait bien une infime solution, mais elle n'est encore qu'à l'étape de projet. Si je ne peux agir moi-même à une si grande échelle, ce seront des fruits de mon essence qui s'en chargeront, j'en serai la source et ils se propageront progressivement, subtilement, d'un vivant à l'autre. Ils leur feront connaitre l'élévation tout en conservant un lien avec moi. Ils seront mes enfants, ils seront parfaits.
La huitième leçon est évidente, l'on obtient la réussite qu'à l'aide d'un plan infaillible.
Kiera
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