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Lydith

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Message  Lydith Ven 16 Sep 2011, 23:38

Il est 23 heures sous le clair de lune argenté. La lumière arrive à peine à traverser l'obscurité nocturne à cause de la brume pesante qui survole les champs. Les ténèbres apportés par le crépuscule qui s'était imposé ne laissait qu'à la lumière écrasée du jour le droit de fuir. La mélodie du vent d'automne était restée pour participer au concerto nocturne orchestré par les hurlements rauques des coyotes, les couinements déchirants des gnolls, les croassements des rapaces et les groins endormis des sangliers. Cette soirée d'automne avait l'air de se dérouler sur le même plan que les autres soirées, le plan qui n’inquiétait pas les humains car généralement il ne se passait rien, et s'étaient familiarisé avec ces hurlements. C'était le plan qui convenait parfaitement aux habitants de la marche de l'Ouest, tant que les hurlements n'étaient, bien sûr, pas synonyme d'une attaque de coyotes frénétiques qui auraient jeté leur dévolue sur un troupeau.
Cependant, dans la chaleur d'un foyer douillet, sous la toiture de paille d'une petite chaumière qui servait de ferme à des paysans sans trop de moyens, des gémissements venaient percer le calme habituel qu'imposait cette gracieuse harmonie nocturne. Nulle peine n'aurait été pour elle plus éprouvante que cette bataille. Mais nulle gloire n'était semblable à celle qu'elle allait obtenir quand le son de ses hurlements laisserait place à celui des pleures. Des pleures qui ne seraient pas synonyme de cette douleur qu'elle aura subit ce soir là, mais de la joie qu'elle allait éprouver, quand cette guerre qui dura désormais neuf mois allait s'éteindre, et que sa vie redeviendrait le lent fleuve qu'elle avait toujours été. Cette guerre allait lui apporter un plaisir plus grand que celui de pouvoir retrouver sa vie d'antan, elle allait donner sa chair. Elle allait donner la vie. Elle allait enfin pouvoir, après neuf mois de lutte, arrêter de partager son corps, pour devenir la mère d'un enfant.

"-Pousse mon aimé, aide la à franchir le sentier de la gloire et de la vertu. Toi seule peut guider cet enfant de la Lumière vers la vie. Tu es sa créatrice, il est ton œuvre.
-Nôtre œuvre, répondit-elle entre deux grincements de dents
-Il est nôtre œuvre, reprit-il, le résultat de notre amour
-Plutôt de nos ébats, affirma-t-elle en le coupant dans ses encouragements.
-Aussi oui, mais nous n'aurions jamais eu d'enfants s'il n'y avait pas eu d'amour !
-Va donc répéter ça à l'autre treu de boulangère et aux têtards qui lui servent de fils. Elle s'est faite besogné par tous les cudots de la Marche, et crois moi, c'était pas de l'amour, ça."

Et la discussion de basse cour continuait dans cette ferme voisine de Ruisselune. La future mère était étouffée par les efforts, et le père par la franchise de sa tendre moitié. Il était pourtant rare de voir dans un couple la femme dominer à la Marche de l'Ouest. Mais ces détails importaient peu. Ils étaient mis à l'ombre, car les pleurs d'un nouveau né les masquaient...

"-C'est un garçon ! Victoire ! S'écria le père.
-Il y en a un autre ...
-Des jumeaux ?
-Des faux jumeaux. Il y a un garçon et une fille."

Le médecin de campagne pris alors la jeune fille dans ses bras. Des jumeaux, une chose si rare, surtout quand les deux survivaient. Ce n'était pas un bon signe pour les deux fermiers, car ils savaient qu'ils n'auraient jamais les finances pour nourrir deux enfants. Ils ne pouvaient garder qu'un seul enfant, et la nature eu voulu que ce soit la fille qui soit abandonnée à son triste sort. Après tous, elle n'aurait jamais eu la morphologie requise pour s'occuper de la ferme à la mort de ses parents. Ils demandèrent alors à un jeune employer de la ferme, qui assistait les deux paysans d'aller la laisser loin de leur champ, près des tanières de coyotes, ce qui fût chose faite. Une fois que la pauvre enfaite fût laissée à l’appétit féroce de ces créatures sanguinaires, le garçon de ferme s'en alla à toutes jambes, ne laissant que le bruit des pleurs pour se défendre. Mais ce fut une défense assez efficace, car toute histoire racontée se veut qu'il y ait un rebondissement imprévu, ce qui le rend au final prévisible. Qui aurait cru qu'un couple de mage passait par ici ? C'était le couple Peyton, composé d'Ardrius et Algresse Peyton, deux mages de talents, héros de la seconde guerre pour avoir lutté à la bataille de Rochenoire. Ils appartenaient autrefois au Kirin Tor, mais avaient préféré se retirer de la sauvagerie des villes, pour le calme des provinces. Pour eux, être loin des regards curieux, des oreilles indiscrètes et des langues de vipère était bien mieux pour étudier.

"-Je crois entendre des pleurs qui percent le voile de silence censé nous couvrir ma mie
-En effet, les larmes d'un enfant, Ardrius. Nous devrions interrompre notre récolte pour voir ce qu'il en est.
-Regarde là, dit Ardrius, désignant un panier d'osier couvert d'un drap blanc qui laissait sortir la tête de la petite fille abandonnée.
-Il a dû être laissé ici par des fermiers infortunés qui n'ont pas assumé une soirée d'ivresse et d'ébats, cracha Algresse d'un air dégouté.
-Dans la Famille Peyton, jamais nous n'aurions fait ça. Notre famille nous demande d'aider cet enfant, car jamais nous n'avons abandonné un parent, un ami, un allié ou toute personne existante.
-Te voilà encore sur tes grands chevaux Ardrius.
-Ce sont les valeurs de ma famille, de la nôtre désormais, vu que nous sommes mariés. Même si nous n'avons pas un écusson de noblesse à défendre, nous respecterons nos valeurs Algresse.
-Comme un véritable petit paladin"

Ardrius fusilla Algresse du regard. Il s'en voulait encore de ne jamais avoir eu la force physique pour devenir paladin comme ses pères.Il avait étudié les arcanes à Dalaran, où il y rencontra Algresse, pour compenser ce manque de faiblesse, et l'étrange rejet de la Lumière envers sa personne. Il était devenu un érudit, un sage. Le nouveau né eut, par ses pleurs, la force d'obliger le couple à oublier ses différents puérils un instant, et à se concentrer sur le sort de l'enfant. Ils hésitaient un moment, car ils pouvaient le laisser à l'orphelinat, ou l'éduquer, et en faire une future Peyton. Ils étudièrent d'abord l'enfant, pour en déduire que c'était une petite fille. A la découverte de ce symptôme, les yeux d'Algresse furent illuminés d'une lueur d'espoir. C'était la flamme qui se formait dans les yeux d'une mère, quand elle songeait à ce qu'elle pourrait faire avec sa fille, aux robes qu'elle pourrait essayer avec elle, aux fleurs qu'elle pourrait cueillir, et à toutes les autres activités classiques qui forgent le stéréotype de la femme. Un sourire bienveillant, et protecteur se forma alors sur les lèvres d'Algresse, qui déclara :

"-Nous pourrions la garder.
-Je ne sais pas, déclara-t-il.
-Je m'occuperais d'elle.
-Vraiment ?
-Vraiment."

Ces échanges étaient courts, mais réfléchis. Ce n'étaient pas de belles paroles, caractéristique de l'impétuosité de la jeunesse. Ces paroles étaient le fruit d'un calcul qui dépasse l'esprit humain. Ces paroles étaient déterminées, et venaient de l'âme d'Algresse. Rien ne pouvait être aussi sincère et Ardrius l'avait senti. Il hocha simplement la tête, puis sépara l'enfant du panier, et y laissa de la viande qu'il avait récupéré sur la dépouille d'un sanglier pour attirer les coyotes et pour faire croire que l'enfant était mort, mangé par l’appétit féroce des coyotes et par l'égoïsme des parents. Le lendemain, seul un enfant vint à compléter le registre des naissances de la Marche de l'Ouest.

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Message  Lydith Ven 16 Sep 2011, 23:42

Dix ans passèrent. Le petit village de Ruisselune a été pillé par les Defias depuis peu. L'école se fait désormais à la Garnison du ruisseau de l'Ouest. La maîtresse fixe chacun des écoliers, il en manque un, Bern Fellgare, mais cette absence fut largement justifiée, vu qu'il fût dévoré par les gnolls Rivepattes, dirigé par le tristement célèbre Lardeur, un demi dieu selon les légendes qui aurait pris le corps d'un gnoll pour mener ce peuple à une victoire sans faille, du moins, c'est ce qui était dit pendant les pauses. Il fut dévoré lui, et ses parents, par ces chiens imprudents, comme disait la maîtresse. Les enfants étaient en pleure, triste d'avoir perdu un de leur camarade. Seul une petite fille restait impassible face à cette mort. Une enfant à la chevelure d'automne, rousse comme les feuilles, comme les flammes, vêtue d'une robe de lin déchirée et salie, de sabots de bois troués et trop grands, maquillée de crasse et de cendre. Une expression de tristesse était tracé dans son visage, une mélancolie, doublé d'une solitude incurable. Mais ce n'était pas la mort d'un de ces lâches hypocrites qui l'attristait, elle était comme ça depuis déjà plusieurs mois. Ce n'était pas le repas de quelques gnolls charognards qui l'intéressaient et qui la tourmentaient, c'était quelque chose de bien plus terrible. Mais elle fût rapidement interrompu dans ses songes par la maîtresse qui hurlait sur elle ...

"Lydith ! Réveille toi ! Ce tableau ne va pas se nettoyer tout seul ! Tu es une petite empotée comme tes parents ou quoi ?! Aimerais-tu gâcher nos efforts, comme ils ont gâché leur vie ? Ils ont sombré dans la sorcellerie. Seuls les cudots et les incapables tombent dans cette magie !"

La petite fille aux cheveux d'automne hocha simplement la tête, signe de l'acceptation de son sort, de sa soumission. Elle avait été gardée à l'école pour faire croire à un acte de générosité, mais en réalité, cela cachait juste un esclavage moderne et digne des pires couards ayant peuplé Azeroth. Mais pour comprendre pourquoi le bébé dans le panier d'osier en est arrivé à ce triste sort, il faut revenir à la fête du Solstice d'été.

La ferme Payton comptait bientôt depuis dix ans la jeune Lydith parmi eux. Ils la sensibilisèrent à l'art, aux sciences et à la philosophie de la Lumière dès qu'elle fût apte à apprendre. Ils voulaient faire d'elle une érudit. Mais Lydith était dissipée, elle n'était pas faite pour les leçons magistrales. Elle préférait s'instruire en espionnant ses parents alors qu'ils étudiaient des reliques corrompues qu'ils avaient obtenus au marché de Baie du Butin. Ces reliques étaient des trésors de guerre, dépouillés sur les démons qui avaient pu être vaincus près de Dalaran, ou dans le reste de Lordaeron. Ils n'avaient que des livres, et une épée démoniaque, dont l'aura gangrenée était plus forte que les grimoires qu'ils avaient récupéré. Après une étude approfondie de l'épée, il aurait été découvert que celle ci ait été enchantée par de puissants démons, comme les nathrezims ou les eredars, il était impossible de déterminer la source d'une puissance semblable, qui au fil du temps, s'était évaporé dans les airs, et avait corrompu quelques bestioles locales. Quelques personnes eurent vent de ces études, mais ils restèrent passifs car ils savaient qu'il fallait comprendre cette magie pour que la Lumière ait un meilleur succès sur elle.

Cependant, l'enfant qui était restée jusqu'ici cachée des yeux du monde fût découverte par des rats, des fouines, les mêmes qui l'avaient abandonnés. Pris de paniques pour des raisons de réputations, ils se mirent à conspirer. Ils apprirent alors que le couple avait étudié la démonologie sans la pratiquer, et comptaient mettre en place un plan qui allait faire passer le couple Peyton pour des démonistes, des "salopards de corrupteurs". Il n'eut suffit que d'un petit bouche à oreille pour que la rumeur bondisse parmi la population de la marche de l'ouest, et un jour de pleine lune, sous le clair argenté de celle ci, les paysans prirent les fourches et les torches, et s'engagèrent vers la demeure des sorciers présumés. Armés de leur rage et de leurs armes, ils firent bruit dans la campagne. Le couple de mage, apercevant la foule en colère du haut de leur colline, commença à expédier de façon arcanique la totalité de leurs recherches et des objets étudiés dans une petite caverne difficile d'accès sur la côte. Ils indiquèrent à leur fille adoptive où se trouvait cette caverne sur une carte, et lui confièrent ces dernières paroles :

"La famille Peyton doit se dissoudre en ce jour pour éviter le déshonneur, ma fille. Nous ne devons pas pour autant perdre la vie. Tu dois conserver le savoir que nous t'avons transmis, tu dois protéger nos recherches, et les garder loin des griffes d'êtres malveillants."

Sur ces mots, il laissa sa fille partir par une fenêtre. Elle courait, mais fit l'erreur de se retourner, et de voir le funeste spectacle de sa maison en feu. Des hommes à la vision presque parfaite l'eurent vu s'enfuir, et s’empressèrent d'aller la rattraper, ce qui fût très rapide. La "mioche rousse" devait alors connaitre ses dernières heures selon le couple, mais la voit de la sagesse l'emporta sur cette foule barbare. Un vieillard déclara qu'elle n'avait pour l'instant rien de démoniaque, et que si jamais elle était infectée par ce mal, à son âge, elle pourrait facilement s’en défaire. Tous approuvèrent, sauf le couple véreux et pourri jusqu'à la moelle.

L'automne arriva, avec la mort de l'enfant, et l'anniversaire de Lydith, qui fût fêté sous les godons des écoliers enragés qui se houkssaient contre elle parce qu'elle n'était pas des leurs. Elle ne pouvait riposter face à ces chiens enragés, de peur d'être punie par la maîtresse. Ils se moquaient, la battaient, lui mettant les jambes en sang. Ce spectacle fût interrompu par les cancres les plus vieux, dont le chef était le grand Wilhem, fils d'un bandit décapité, dénoncé par sa femme à la garde.Il avait l'accent des gens de campagne, mais cela n’empêchait pas le grand Wilhem d'avoir l'âme d'un chef, et les mots sévères d'un héros qui se dressait face à l'injustice

"Cassez vous donc les moutards j'vous apprendrais la conduite qu'on a 'vec les filles à la fronde et à coup d'godillots dans l'cul."

Wilhem visait comme pas deux. Il allait dans le temps à la chasse avec son père avant sa pendaison. Il l'avait aussi aidé dans les travaux pour rénover sa petite ferme, ce qui lui avait forgé une force physique digne d'un adulte. Aucun gosse n'était capable de lui foutre rien qu'une droite, sans finir la gueule en sang. Il était respecté par sa bande, et craint par les plus jeunes. Il avait, en plus d'une âme d'un chef, les qualités qui allaient avec. Il était juste, généreux et à l'écoute de ses troupes. Et il était sans doute l'un des rares gamins à considérer la jeune fille aux cheveux d'automne comme une humaine. Alors que les enfants s’enfuyaient comme des gazelles à l'arrivé du lion, Lydith s'approcha de Wilhem, et lui dit un simple Merci. Il n'avait fallu aucun autre mot pour attirer le regard du jeune cancre, qui était en train d'attraper un lâche au passage par le col de sa chemise. Il lui dit alors avec son accent brut :

"-Tu vas vouèr.
-N-n-n-ooooon ! Pitié Wilhem, m'fais pas de mal, couinait-il."

Wilhem saisi alors son châtre-bique caché dans ses chaussettes. La lame était aiguisée comme un couteau de guerre. Il plaça le couteau sous la gorge de l'enfant, qui pleurait et suppliait, mais Wilhem restait impassible. Il pointa du doigt les jambes de Lydith, et lui annonça :

"Mon p'tiot, t'as vu dans quel état vous avez foutu ses gigues à la fille là ? J'vais pô te d'mander t'soigner ça t'es trop con pour ça. Par contre é'va t'fout' un coup dans les bourses et t'vas t'laisser faire, ok ?"

Il poussa le trouillard face à la jeune fille aux cheveux d'automne, et fit un signe à celle ci. Pour la première fois depuis la mort de ses parents, elle avait l'occasion de s'affirmer, de se révolter. Elle lançai alors un coup de pied rageur dans l'entrejambe du garçon qui n'eut d'autre choix que de s’effondrer. Elle ne s'arrêta pas là, elle se lança sur le jeune homme à terre, et lui frappa le visage à coups de poing et de pieds. Le moutard était en larme au sol, mais elle s'en fichait, après tout ce salopiot n'aurait pas hésiter à faire la même. Ce moment fut malheureusement pour elle arrêté par la réalité, et par le retour de la maîtresse, armée de sa trique. Alors que Wilhem s'était déjà enfuit avec sa bande, Lydith n'eut d'autre choix que de se faire punir par dix coups de bâtons. Elle comprenait au fond pourquoi il partait, elle était destinée à prendre ces coups, eux pouvaient les éviter.

[A suivre]

Lydith


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