L'Héautontimorouménos
Page 1 sur 1
L'Héautontimorouménos
"Haaa merde hein ! Tu peux pas dire à ton fils d'arrêter d'se tirer sur le haricot ?!
-Vas y, mon garçon ! Le poireau ça mène à tout ! Regarde Tonton Blaise. Tonton aujourd'hui il est ...heu, bha, dans l'sud là. Et j'peux t'dire qu'il en rentre du poignon ! Le poireau... ça mène à tout !
-En attendant, et au lieu d'regarder ton fils qui s'arrache la p'tite graine, t'as pas toi même d'genres de mauvaises herbes à t'occuper ?
-Hééé c'est qu't'as raison, ma grosse cousine ! viens m'montrer ta jolie cigüe !
-DEHORS ! Va ratisser l'cul du monde, et te r'pointes pas avant d'en avoir vu l'fond !"
Et bien plus tard, et p'is soudain, soudain, soudain. Soudain, c'qu'on est sam'di matin. Quand c'est que j'me sors du fumier.
J'm'accroche à la sainte lumière, et ma barbe, j'l'arrange, et j'plonge mes doigts gros tout à fond d'mes rides. Des gouffres qu'me quadrillent la trombine, que j'désencrasse, récoltant contre mes ongles la sueur, le stupre, la salive vicieuse, dont j'ai la gueule couverte, un genre de peinture de guerre pour bouseux.
Alors j'reluque la récolte des vendanges d'ma colline en flamme de gueule, et mes fourches de pognes, grasses, j'm'en vais les fourrer dans les affaires d'ma bonne femme.
Pas tellement pour l'emmerder, non. Y'a longtemps que j'l'y emmerde plus. Que ça m'fait plus marrer d'la voir qui couine. P'is j'dis la "voir" parce que ça m'fait encore moins marrer d'la r'garder, t'avais compris.
Non, ma bonne femme elle a une boite à bijoux, un genre de coffre. Ou un coffret, sans doute. Avec des p'tits reliefs en velours rouge à l'interieur, et p'is ça brille dans ce p'tit bordel, ça r'luit. Ah dis, c'est que'que chose sa p'tite boite à bijoux hein, ah c'est que'que chose. J'me tamponne pas mal la coquillette au marteau à charpente de savoir quelle tata les lui offre, ces bijoux. C'est qu'dans cette petite boite n'est-c'pas, sous l'couvercle, l'est un miroir.
Elle me fait sourire c't'histoire. V'la que j'm'occupe de l'état d'ma trogne, alors même qu'il y pousse des cornes.
Et quelle trogne ! Laisse moi t'expliquer qu'le p'tit bleu au réveil, ça donne pas que des couleurs.
Mais j'ai plus l'temps là.
Alors j'brosse ma barbe face au miroir, p'is je frotte mes mains dans un torchon, et j'm'en vais me faire foutre jusque dans la rue.
Là j'me r'trouve à traverser l'monde qui s'éffondre, et tout autour y'a des gens qui vivent, mais qui vont pas tarder à arrêter l'exercice. J'ai les papattes qui s'agitent, et j'entends Lawry qui m'parle de sa prostate, "Elle se dégonfle !", deux quartiers plus loin, y'a une grosse baraque en pierres blanches. J'en entends déjà les choeurs.
La messe, c'l'occasion d'voir une sacrée parade. Tous ces rideaux, qu'les bourgeoises en mal de vivre s'enroulent autour de la graisse pour cacher l'en d'dans, le coeur.
Les bourgeoises qui trainent leurs marmots donc, toute la portée. Et c'triste à voir un rej'ton d'bourgeois, gros et vieux avant d'avoir pris l'temps d'le devenir. sans rêve, sans désir, et déjà mort dans leurs corps, qu'ils passent leurs temps à faire nourrir, faire masser, chouchouter, et faire boire. Pour éviter à tout prix d'avoir à capter qu'sous l'étoffe, qu'est bien belle, qu'est bien belle .... qu'est bien belle.
Et c'est qu'faut voir la gueule des prêtres, et leurs robes, leurs jargons, et les bagues dorées. Toutes des fiotasses, toutes des tantines.
Quand ils sont pas maigres comme les morts qu'ils pourchassent, ils sont large, comme des cadavres qu'auraient gonflés. Et pas vifs les machins, pas malins.
Et c'sont ces animaux là qu'devraient nous donner la foi ?
Tous ces tarés, c'est d'la bourgeoise enroulée dans du drap blanc.
Et c'te grosse maison à vitraux c't'un bordel pour l'âme.
On s'y fait néttoyer l'âme, comme on s'fait brosser la trique ailleurs.
Mais ... c'est qu'face à la rue, face au monde qu'est là, et adossé à c'te grosse maison , alors que j'sens résonner contre la pierre et ma carcasse l'orgue et les cantiques... V'là qu'j'en ai l'en-d'dans qui grouille, la papatte qui tremble, et qu'mes dents s'déchaussent pour v'nir danser sur ma langue !
V'la qu'toutes mes tripes se retournent dans leurs gras ! J'ai l'bidon qui grogne, et ça m'remonte de par derrière les oreilles, et mon coeur qu'la musique met au pas !
Ooh et toutes les prostates du monde peuvent bien se dégonfler d'un souffle !
En-d'dans moi, j'sens la foi.
-Vas y, mon garçon ! Le poireau ça mène à tout ! Regarde Tonton Blaise. Tonton aujourd'hui il est ...heu, bha, dans l'sud là. Et j'peux t'dire qu'il en rentre du poignon ! Le poireau... ça mène à tout !
-En attendant, et au lieu d'regarder ton fils qui s'arrache la p'tite graine, t'as pas toi même d'genres de mauvaises herbes à t'occuper ?
-Hééé c'est qu't'as raison, ma grosse cousine ! viens m'montrer ta jolie cigüe !
-DEHORS ! Va ratisser l'cul du monde, et te r'pointes pas avant d'en avoir vu l'fond !"
Et bien plus tard, et p'is soudain, soudain, soudain. Soudain, c'qu'on est sam'di matin. Quand c'est que j'me sors du fumier.
J'm'accroche à la sainte lumière, et ma barbe, j'l'arrange, et j'plonge mes doigts gros tout à fond d'mes rides. Des gouffres qu'me quadrillent la trombine, que j'désencrasse, récoltant contre mes ongles la sueur, le stupre, la salive vicieuse, dont j'ai la gueule couverte, un genre de peinture de guerre pour bouseux.
Alors j'reluque la récolte des vendanges d'ma colline en flamme de gueule, et mes fourches de pognes, grasses, j'm'en vais les fourrer dans les affaires d'ma bonne femme.
Pas tellement pour l'emmerder, non. Y'a longtemps que j'l'y emmerde plus. Que ça m'fait plus marrer d'la voir qui couine. P'is j'dis la "voir" parce que ça m'fait encore moins marrer d'la r'garder, t'avais compris.
Non, ma bonne femme elle a une boite à bijoux, un genre de coffre. Ou un coffret, sans doute. Avec des p'tits reliefs en velours rouge à l'interieur, et p'is ça brille dans ce p'tit bordel, ça r'luit. Ah dis, c'est que'que chose sa p'tite boite à bijoux hein, ah c'est que'que chose. J'me tamponne pas mal la coquillette au marteau à charpente de savoir quelle tata les lui offre, ces bijoux. C'est qu'dans cette petite boite n'est-c'pas, sous l'couvercle, l'est un miroir.
Elle me fait sourire c't'histoire. V'la que j'm'occupe de l'état d'ma trogne, alors même qu'il y pousse des cornes.
Et quelle trogne ! Laisse moi t'expliquer qu'le p'tit bleu au réveil, ça donne pas que des couleurs.
Mais j'ai plus l'temps là.
Alors j'brosse ma barbe face au miroir, p'is je frotte mes mains dans un torchon, et j'm'en vais me faire foutre jusque dans la rue.
Là j'me r'trouve à traverser l'monde qui s'éffondre, et tout autour y'a des gens qui vivent, mais qui vont pas tarder à arrêter l'exercice. J'ai les papattes qui s'agitent, et j'entends Lawry qui m'parle de sa prostate, "Elle se dégonfle !", deux quartiers plus loin, y'a une grosse baraque en pierres blanches. J'en entends déjà les choeurs.
La messe, c'l'occasion d'voir une sacrée parade. Tous ces rideaux, qu'les bourgeoises en mal de vivre s'enroulent autour de la graisse pour cacher l'en d'dans, le coeur.
Les bourgeoises qui trainent leurs marmots donc, toute la portée. Et c'triste à voir un rej'ton d'bourgeois, gros et vieux avant d'avoir pris l'temps d'le devenir. sans rêve, sans désir, et déjà mort dans leurs corps, qu'ils passent leurs temps à faire nourrir, faire masser, chouchouter, et faire boire. Pour éviter à tout prix d'avoir à capter qu'sous l'étoffe, qu'est bien belle, qu'est bien belle .... qu'est bien belle.
Et c'est qu'faut voir la gueule des prêtres, et leurs robes, leurs jargons, et les bagues dorées. Toutes des fiotasses, toutes des tantines.
Quand ils sont pas maigres comme les morts qu'ils pourchassent, ils sont large, comme des cadavres qu'auraient gonflés. Et pas vifs les machins, pas malins.
Et c'sont ces animaux là qu'devraient nous donner la foi ?
Tous ces tarés, c'est d'la bourgeoise enroulée dans du drap blanc.
Et c'te grosse maison à vitraux c't'un bordel pour l'âme.
On s'y fait néttoyer l'âme, comme on s'fait brosser la trique ailleurs.
Mais ... c'est qu'face à la rue, face au monde qu'est là, et adossé à c'te grosse maison , alors que j'sens résonner contre la pierre et ma carcasse l'orgue et les cantiques... V'là qu'j'en ai l'en-d'dans qui grouille, la papatte qui tremble, et qu'mes dents s'déchaussent pour v'nir danser sur ma langue !
V'la qu'toutes mes tripes se retournent dans leurs gras ! J'ai l'bidon qui grogne, et ça m'remonte de par derrière les oreilles, et mon coeur qu'la musique met au pas !
Ooh et toutes les prostates du monde peuvent bien se dégonfler d'un souffle !
En-d'dans moi, j'sens la foi.
L'Beru- Personnages Joués : Aqueuse
Re: L'Héautontimorouménos
L'Enfant.
Aucun monstre informe d'aucune légion ardente, aucun dragon, ni même aspect, d'aucun vol, aucun homme, aucune femme, puissent-ils être les Dieux de leurs monde n'égaleront jamais la force, la fureur et la tyrannie du moindre bâtard qu'ils auraient pu enfanter. Le plus petit corniaud, même le galeux de la portée, même le trop faible et le mort-né, porte en lui la révolte la plus profonde et la plus forte, les désirs les plus puissants, les colères les plus noires.
Aucun être, d'aucune planète, d'aucun monde n'est plus vivant, plus belliqueux et dur que celui qu'il met à bas.
Et priver un gosse de son hochet, c'est s'offrir contre soi une fureur terrible, irraisonnée, et à laquelle les pires crapules de l'univers sont étrangères.
Car dans l'âge et l'éducation, le format du monde impose la mesure, le calcul, et la tempérance. Ainsi, les plus infâmes tyrans oublient avec l'âge qu'ils ne seront jamais plus aussi cruels qu'ils ne l'étaient au berceau, dans les bras de maman.
Aucun monstre informe d'aucune légion ardente, aucun dragon, ni même aspect, d'aucun vol, aucun homme, aucune femme, puissent-ils être les Dieux de leurs monde n'égaleront jamais la force, la fureur et la tyrannie du moindre bâtard qu'ils auraient pu enfanter. Le plus petit corniaud, même le galeux de la portée, même le trop faible et le mort-né, porte en lui la révolte la plus profonde et la plus forte, les désirs les plus puissants, les colères les plus noires.
Aucun être, d'aucune planète, d'aucun monde n'est plus vivant, plus belliqueux et dur que celui qu'il met à bas.
Et priver un gosse de son hochet, c'est s'offrir contre soi une fureur terrible, irraisonnée, et à laquelle les pires crapules de l'univers sont étrangères.
Car dans l'âge et l'éducation, le format du monde impose la mesure, le calcul, et la tempérance. Ainsi, les plus infâmes tyrans oublient avec l'âge qu'ils ne seront jamais plus aussi cruels qu'ils ne l'étaient au berceau, dans les bras de maman.
L'Beru- Personnages Joués : Aqueuse
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum