La fille du Marais.
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La fille du Marais.
Automne 21.
Longtemps sa mère avait essayé de la dérider, tenté de la faire parler, chanter, ou même de l’intéresser à son entourage, en vain. Depuis dix ans, depuis ces fameux événements liés aux Sheppard, l’enfant ne parlait et ne souriait plus, emmurée dans un monde où nul n’avait accès. Pourtant, comme le faisait remarquer sa mère aux visiteurs de passage, elle ne semblait pour autant pas malheureuse ou craintive, juste ailleurs, absente aux autres, et souvent occupée dans un coin reculé et caché, la mère ne précisant d’ailleurs pas à quel genre d’occupation s’occupait la fillette.
Ce jour là, elle était seule dans la maison, assise à terre devant l’âtre, comme à son habitude, occupée à légèrement taillader une souris qui couinait tandis que le sang perlait sous ses poils gris. Elle était concentrée sur les pulsations de l’animal aux abois, lorsqu’elle sentit pour la première fois cette étrange chaleur entre ses cuisses. Un rapide passage de la main sur la zone humide l’avait étonnée, ses doigts étaient rouges et poisseux, le goût était ferrugineux, assez peu éloigné de celui du sang de la souris, ce qui la fit presque sourire.
Relevant sa jupe elle regarda son entrejambes, écartant les cuisses et se penchant autant qu’elle le pouvait, essayant de voir si « quelque chose « en sortait. Puis, ne voyant rien se produire, elle souleva sa jupe complètement, posant ses fesses nues sur le sol et s’y frotta, observant avec ravissement les traces rougeâtres qu’elle dessinait sur la terre battue, sans plus se préoccuper de la souris qui s’échappa furtivement.
Lorsque les parents rentrèrent le soir, la maison était silencieuse et dans l’obscurité. Tandis que le père posait ses outils près de la porte qu’il venait de refermer, la mère alluma quelques chandelles avant de s’apercevoir que le sol de la pièce principale était recouvert d’un curieux dessin de couleur foncée, un cercle ouvragé de divers symboles déjà vus dans des livres défendus. Alors qu’elle portait la main à sa bouche, arrêtant là un cri de stupeur, l’adolescente apparût sur le seuil de la porte qui s’ouvrit d’un coup sec sous l’effet d’une bourrasque. Sur sa jupe tachée de sang et maculée de terre, elle avait dessiné le même motif qu’à terre. Dans sa main, elle portait une torche allumée qu’elle leva à hauteur de son visage, étrangement calme et halluciné.
Sans un mot elle posa les yeux sur chacun de ses deux parents, leur intimant l’ordre muet de ne plus bouger. Alors, sans que ni le père, ni la mère n’ait eu la possibilité de réagir, la jeune fille, leur petite fille, vint poser sa torche sur divers tissus qu’elle avait placés là dans l’après midi. Les tissus, imbibés de graisse animale, s’enflammèrent immédiatement dans toute la maison, devant les parents conscients mais incapables de bouger. Tandis que l’ensemble de la maison prenait feu, la jeune fille revint se poster devant ses parents, enflamma leurs vêtements et sortit sans un regard pour les corps se crispant d’une douleur naissante.
Une fois dehors, elle se posta non loin, sur un monticule de terre où elle s’installa gentiment, comme une enfant au spectacle, cachée dans les herbes hautes d’un fourré. Puis elle sortit de son sac une racine de réglisse qu’elle mâchouilla tranquillement, sage, attentive à chaque image, chaque son, chaque vibration de la scène. Elle resta ainsi assise un long moment, observant l’avancée du feu, admirant les flammes qui léchaient le chaume du toit, écoutant les hurlements de douleur de ses parents, suivant des yeux les villageois qui s’affairaient avec des seaux d’eau autour de la maison, évaluant leurs maigres chances d’éteindre le feu, en un mot, s’amusant gentiment du spectacle.
Ce soir là, elle s’endormit sur le monticule, sans avoir bougé de toute la soirée, calme et sereine. Elle était seule, sans abri, sans ressources, sans ami, et pourtant rassurée. Le sang qui coulait entre ses jambes était le signe attendu. Elle devait prendre la route et aller se préparer pour « plus tard ». Le lendemain matin, aussi fraiche et dispose que pouvait l’être une enfant après une bonne nuit de sommeil, elle admira sans s’en approcher la maison en cendres, humant le doux parfum de la vie calcinée qui imprégnait l’air ambiant, son visage semblant s ‘éclairer à la vue de « son œuvre ».
Au loin, le ciel s’embrasait d’ocre et de pourpre, annonciateur de richesses. Elle prit une pomme dans son sac, mordit dedans à pleines dents et entama sa longue marche vers le Sud, le cœur léger.
Longtemps sa mère avait essayé de la dérider, tenté de la faire parler, chanter, ou même de l’intéresser à son entourage, en vain. Depuis dix ans, depuis ces fameux événements liés aux Sheppard, l’enfant ne parlait et ne souriait plus, emmurée dans un monde où nul n’avait accès. Pourtant, comme le faisait remarquer sa mère aux visiteurs de passage, elle ne semblait pour autant pas malheureuse ou craintive, juste ailleurs, absente aux autres, et souvent occupée dans un coin reculé et caché, la mère ne précisant d’ailleurs pas à quel genre d’occupation s’occupait la fillette.
Ce jour là, elle était seule dans la maison, assise à terre devant l’âtre, comme à son habitude, occupée à légèrement taillader une souris qui couinait tandis que le sang perlait sous ses poils gris. Elle était concentrée sur les pulsations de l’animal aux abois, lorsqu’elle sentit pour la première fois cette étrange chaleur entre ses cuisses. Un rapide passage de la main sur la zone humide l’avait étonnée, ses doigts étaient rouges et poisseux, le goût était ferrugineux, assez peu éloigné de celui du sang de la souris, ce qui la fit presque sourire.
Relevant sa jupe elle regarda son entrejambes, écartant les cuisses et se penchant autant qu’elle le pouvait, essayant de voir si « quelque chose « en sortait. Puis, ne voyant rien se produire, elle souleva sa jupe complètement, posant ses fesses nues sur le sol et s’y frotta, observant avec ravissement les traces rougeâtres qu’elle dessinait sur la terre battue, sans plus se préoccuper de la souris qui s’échappa furtivement.
Lorsque les parents rentrèrent le soir, la maison était silencieuse et dans l’obscurité. Tandis que le père posait ses outils près de la porte qu’il venait de refermer, la mère alluma quelques chandelles avant de s’apercevoir que le sol de la pièce principale était recouvert d’un curieux dessin de couleur foncée, un cercle ouvragé de divers symboles déjà vus dans des livres défendus. Alors qu’elle portait la main à sa bouche, arrêtant là un cri de stupeur, l’adolescente apparût sur le seuil de la porte qui s’ouvrit d’un coup sec sous l’effet d’une bourrasque. Sur sa jupe tachée de sang et maculée de terre, elle avait dessiné le même motif qu’à terre. Dans sa main, elle portait une torche allumée qu’elle leva à hauteur de son visage, étrangement calme et halluciné.
Sans un mot elle posa les yeux sur chacun de ses deux parents, leur intimant l’ordre muet de ne plus bouger. Alors, sans que ni le père, ni la mère n’ait eu la possibilité de réagir, la jeune fille, leur petite fille, vint poser sa torche sur divers tissus qu’elle avait placés là dans l’après midi. Les tissus, imbibés de graisse animale, s’enflammèrent immédiatement dans toute la maison, devant les parents conscients mais incapables de bouger. Tandis que l’ensemble de la maison prenait feu, la jeune fille revint se poster devant ses parents, enflamma leurs vêtements et sortit sans un regard pour les corps se crispant d’une douleur naissante.
Une fois dehors, elle se posta non loin, sur un monticule de terre où elle s’installa gentiment, comme une enfant au spectacle, cachée dans les herbes hautes d’un fourré. Puis elle sortit de son sac une racine de réglisse qu’elle mâchouilla tranquillement, sage, attentive à chaque image, chaque son, chaque vibration de la scène. Elle resta ainsi assise un long moment, observant l’avancée du feu, admirant les flammes qui léchaient le chaume du toit, écoutant les hurlements de douleur de ses parents, suivant des yeux les villageois qui s’affairaient avec des seaux d’eau autour de la maison, évaluant leurs maigres chances d’éteindre le feu, en un mot, s’amusant gentiment du spectacle.
Ce soir là, elle s’endormit sur le monticule, sans avoir bougé de toute la soirée, calme et sereine. Elle était seule, sans abri, sans ressources, sans ami, et pourtant rassurée. Le sang qui coulait entre ses jambes était le signe attendu. Elle devait prendre la route et aller se préparer pour « plus tard ». Le lendemain matin, aussi fraiche et dispose que pouvait l’être une enfant après une bonne nuit de sommeil, elle admira sans s’en approcher la maison en cendres, humant le doux parfum de la vie calcinée qui imprégnait l’air ambiant, son visage semblant s ‘éclairer à la vue de « son œuvre ».
Au loin, le ciel s’embrasait d’ocre et de pourpre, annonciateur de richesses. Elle prit une pomme dans son sac, mordit dedans à pleines dents et entama sa longue marche vers le Sud, le cœur léger.
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