André Fermont, récit d'un chasseur de sorciers

"Le soleil d'hiver pointait timidement au dessus de la colline, baignant la masure d'un halo jaune, froid. André avait rarement vu un lieu aussi silencieux, au point de douter de la présence de son ennemi. Toujours sur ses gardes, il contourna doucement le muret de la ferme, évitant soigneusement les ronces grimpantes qui poussaient sur les gravats. Il n'aimait pas du tout ce genre de situation ; rien n'était plus dangereux que de débusquer un sorcier en terrain découvert. Avec un peu de chance, celui ci devait s'affairer à quelques rituels impies. "Avec un peu de chance", combien de fois n'avait il pas misé, plus jeune, sur sa bonne étoile ? "Bien trop" pensa t-il tout en empoignant son épée à deux mains. Dos au mur de torchis, il tendit l'oreille, à l'affût du moindre bruit. Machinalement, il donna un petit coup dans la porte délabrée, afin de découvrir les lieux et tout de suite, se plaça dos au mur. Ses yeux se réhabituant à l'obscurité, il distingua une personne au fond, assise elle aussi contre la paroi de l'habitation. Vêtue de gris, celle ci, recroquevillée, portait une longue robe usée par le temps. L'ombre leva la tête vers le chasseur :
- Non, je vous en supplie... que voulez vous ?
- Je cherche un mage du nom de "Carré".
Apeuré, le jeune plissa légèrement les yeux avant de reporter son regard vers le sol :
- Personne ne porte ce nom ici, je vous prie de me laisser tranquille.
- Tu parles plutôt bien pour un paysan. Ne viens-tu pas de la ville par hasard ?
- Non, pas du tout, je suis juste bien éduqué et...
- Et tu t'habilles comme un érudit. Je vois juste non ?
André dévoila ses dents, content de trouver un dialogue cette fois ci.
- Ecoutez, j'ai de l'or, ce que vous voulez. Je vous demande juste de ...
Tout en palabrant, l'initié commençait à sourire. Le chasseur vît le geste à temps et lui emporta la main d'un coup d'épée alors que celle-ci se dressait vers lui. La Plaie Sorcière s'enflamma au contact du sang impie, éclairant le démoniste désemparé qui se tordait de douleur, le poignet sectionné. André sourit en coin.
- Classique, vous manquez vraiment d'imagination quand il s'agit d’escamoter.
Il se pencha, accroupi.
- Et quand la peur change de côté... vous n'êtes plus rien.
La main gantée saisit le mage noir par le col et le tira hors de la masure, laissant une traînée de sang. Sur le point de s'évanouir, il songeait déjà à ce qu'il allait subir aux mains de ce monstre. André Fermont, lui, paraissait apaisé, le sourire aux lèvres sous sa barbe rousse. Il descendit le chemin de graviers jusqu'à la route principale où une troupe de paysans, fourches à la main, attendait depuis l'aube. L'un d'eux se détacha du groupe pour voir l'hérétique de plus près, tandis que des gamins s'amusaient déjà à lui lancer des pierres.
- L'est inoffensif le bougre ? Maint'naint ?
- Impuissant. Je ne dirais, pas inoffensif. Ca on en sera sûr quand ses cendres seront éparpillées aux quatre vents.
André laissa choir le déchu dans la boue du chemin, sous les regards euphoriques des badauds. Puis il réajusta son col tout en regardant le ciel limpide.
- Ne prenez pas froid surtout. "