Cendres

Cymbelîne Mer 28 Mar 2012, 14:11

Elle avait entendu les pas sur l'herbe sèche entre les tombes, un cliquetis léger aussi...sans doute un guerrier...
L'air devenait plus froid à mesure qu'elle le sentait s'approcher...glaciale...c'était donc un chevalier...de ceux qui n'auraient pas du revenir des morts.
Elle inspira profondément, sans décroiser les bras. Il n'y avait aucune peur, juste un agacement léger à sentir son propre corps chuter en température...elle qui avait déjà assez de mal à chasser le froid même en plein soleil...et après tout, elle avait plus de points communs avec ce genre de personne qu'avec les autres "vivants".

Il la dérangea dans ses pensées: Clarisse et Michal étaient en vie...d'après la rumeur. Mais elle avait appris à se méfier des rumeurs et surtout à se rattacher à ce qu'on voulait et non à ce qui était...

"C'est vous le Phoenix?" la voix était rauque, grave...fatiguée.
Elle se contenta de tourner la tête légèrement, sans se retourner et acquiesça.

"Le Phoenix" c'est ainsi qu'elle s'était plut à se présenter...elle aimait cette image de l'oiseau de feu de la légende qui renaissait de ses propres cendres...après tout pourquoi pas? Le feu est purificateur...et la Lumière...ça brûle...cela elle l'avait appris à ses dépends.

La conversation fut brève...après tout, il n'y avait pas grand chose à dire. Elle avait joué cartes sur table et sans aller dans les détails...les avait prévenu.

Qui ils étaient, ce qu'ils étaient lui importait peu...il n'y avait plus de rêve de gloire, de richesses, de reconnaissance d'autrui.
Elle avait été puissante...détestée, haït, crainte...adulée et courtisée...elle avait appris qu'un sang royal était de la même couleur que le sang du manant...que les rumeurs étaient des armes plus redoutables que les lames les plus tranchantes. Qu'il ne fallait faire confiance à personne...tôt ou tard, mensonge et trahison finissent par apparaître...car c'est là, profondément ancré dans la chair humaine...et nul ne peut aller contre sa propre nature...même si on doit vivre avec le dégoût de soi.
Elle avait été à l'origine de bien des maux...parfois vrais, souvents faux...mais après tout c'est ainsi que naissent les légendes...lorsque les fabulations franchissent la barrière de la réalité...

Elle n'avait plus de possessions. en avait elle jamais vraiment eu? Cela lui importait guère. Ce qui comptait, n'était pas d'avoir mais d'apprendre à "être". Le chemin serait long, mais pour la première fois depuis très, très, très longtemps...quelqu'un lui tendait la main. Et pour la première fois, sa fiereté ne l'empêcha pas de la saisir.

Elle sortait de ses cendres, nue, sans rien...la notion entre le bien et le mal demeuraient abstraite...tout comme entre une vie morte ou une mort en vie.

Il était repartit...

Et toujours, elle avait froid.