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La Mère des Os

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Message  Angron Manus Mer 16 Mai 2012, 18:03

La sensation de chute, le vide, sans fin, l’air fouettant le visage avec force.


Puis le choc. La douleur reste vague, immatériel, trop lointaine. Ma main cherche à s’agripper, mais ne fait que racler le tapis d’os, soulevant une poussière grisâtre au dessus du sol. Pris d’une quinte de toux, je me relève lentement, encore sonné, humant lentement mon environnement, pour me situer.



A ma gauche, la créature quadrupède se redresse elle aussi, son pelage est couvert d’une épaisse couche de cette poussière grisâtre, salissant le pelage d’ébène. Elle lève les pattes une à une, les repose, le bruit des os qui se brisent sous ses coussinets à quelque chose d’étrange, d’irréel. Elle s’ébroue elle aussi, et je devine sans peine qu’elle ressent tout comme lui ce malaise, cette atmosphère ambiante si pesante, ou respirer est un calvaire.

A ma droite, le Guide déploie ses bras-ailes. Son visage tremblote, un instant sous les traits de Nathan, le suivant ceux d’un oiseau de proie, ou d’un corbeau, la chair s’étirant jusqu’au bec qui brille comme de l’onyx. Ses contours étaient en constant changement, comme si la frontière entre l’homme et la bête n’était que ruines. Le Guide n’en semblait pourtant pas gêné, alors qu’il tournait son regard de corvidé aux alentours, vif, aux aguets.

Je m’ébroue, ma crinière couverte de cendre d’os, tout comme mon museau, ma gueule, mes …
Mon regard glisse vers mes mains. Griffues. Mes muscles semblent s’agiter sous la peau, un instant lisse, et l’instant suivant couverte d’un pelage épais. La Bête s’agite, comme libérée du carcan du monde mortel, de ses liens.

Le sol se met à trembler. Non pas chaotiquement, de manière désordonnée, mais à enfler, puis s’abaisser. Nous manquons tout trois de nous écrouler, alors que devant nous un mince filet de lumière provenant du plafond éclaire cette titanesque montagne d’ossement, qui s’étend à perte de vue, jusqu’aux ténèbres environnantes. Impossible d’en déterminer la hauteur, ni la largeur. De tout côtés, le bruit assourdissant provoqué par les éboulements osseux les encerclait. Alors que lentement, tranquillement, la montagne d’os se soulevait, s’abaissait, au rythme terrifiant d’une respiration monstrueuse.


Nous grondons de concert, montrant les crocs et les griffes face à cette chose, cette menace invisible. L’air suinte d’une odeur écœurante, de chairs putréfiés et de moisissure. Nous adoptons le rythme du sol mouvant, fléchissant nos genoux à chaque inspiration. Je porte ma main à mon flanc, cherchant la poignée de cuir de ma hache, mais ne trouve qu’une fourrure épaisse, qui semble tomber en touffes épaisses, alors que mes ongles raclent une peau froide, écailleuse. Je me crispe, et détourne mon attention de la Chose qui Dort. Mon instinct s’agite, et je suffoque. Mes jambes manquent de se dérober, alors que grimpe le long de mon bassin l’écorce serpentine. J’arrache d’un revers de griffes quelques écailles sanglantes, et la douleur me foudroie. Mes genoux flageolent, et le sifflement me parvient tout bas, jusqu’ici couvert par la cacophonie ambiante. Je me raccroche comme je peux à la présence de ma meute qui m’encercle, m’empêchant de sombrer dans la gueule crochue.



La panique s’empare de moi, tout s’affole, et ma vision se brouille. Alors, je vois l’enfant s’extraire d’une pile d’os. Son aspect est débraillé, sa tignasse sale et son sourire ont quelque chose de malsain. Elle parle d’une voix fluette, chantante, qui couvre pourtant sans peine le ronflement et les sifflements.
Elle commence à converser avec Nathan-Corbeau, mais leurs paroles ne m’atteignent pas, ou du moins je n’en comprend pas le sens. Ma peau me démange, je me gratte au sang, arrachant des lambeaux écailleux, le souffle court. Je perd toute notion du temps, je me vois projeter un bâton vers la jeune enfant, et l’instant suivant, la voici dans notre dos. Je tente de rugir, mais Nathan me fait taire, le sol sous nos pieds frémissant de plus belle.


Mon genou gauche cède, et regard tombe sur un crâne sous mes pieds. Ses orbites vides me fixent, semblant rire à gorge déployée, alors que ses mains crochues m’entrainent vers le sol, cherchant à me noyer dans la masse blanchâtre.


Je hurle à l’aide.


Angron Manus
Angron Manus


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