Pour une nouvelle honorabilité.
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Pour une nouvelle honorabilité.
Jamais personne me r’gard’ra comme on r’garde M’sieur Khassim… jamais. J’s’rais toujours Michal le paumé, Michal le pauv’mec du port, l’ancien voyou qui s’est r’fait une réputation grâce à sa pt’tite femme, une noble qui l’a éduqué….
Mon ange….
Clarisse Loumis observait son époux assis devant la table de la cuisine, son fils de huit mois sur les genoux et se désolait de le voir aussi déprimé. Depuis qu’elle avait décidé de ne plus travailler au Dispensaire pour mieux s’occuper de « ses deux hommes », Michal était persuadé qu’elle l’avait fait à contrecœur, juste pour ne pas être absente lorsqu’il revenait de son « p’tit boulot au port », un travail de docker qu’il avait accepté pour arrondir les fins de mois et qui l’obligeait à se coucher très tôt pour affronter une journée qui démarrait aux alentours de 3 heures du matin.
T’vas pas m’dire que t’es fière de moi ? Qu’tu trouves que j’suis aussi classe que lui ? Si ? J’suis rien moi… qu’le mec qu’a su taper dans l’oeil d’la plus belle femme du coin et…
Clarisse versa dans l’assiette de Dustin une purée de légumes et une autre de jambon, lui tendant une cuillère gravée à son nom qu’il s’empressa de piquer dans les monticules de nourriture pour en faire un mélange aux couleurs douteuses. Elle soupira puis se pencha pour embrasser Michal avec douceur, l’empêchant d’une main posée sur ses lèvres de continuer à se plaindre.
Michal, est ce que j’ai jamais émis le moindre doute sur le fait que je suis fière de toi ? Que je t’aime, que je pense sincèrement que je suis la plus chanceuse des femmes et que pour rien au monde je voudrais être une autre que celle qui vit avec toi ?
Elle s’approcha et tenta de reprendre la cuillère des mains de son fils pour l’obliger à manger plutôt que de faire de la tambouille dans l’assiette.
Ecoutes… si ton travail au port ne te convient plus… Pourquoi tu n’irais pas parler à tes anciens amis, ceux qui nous ont aidé à disparaître l’année dernière ? Ils sauraient peut-être te trouver un travail qui te conviendrait mieux ? Quelque chose en rapport avec tes compétences ?
Conservant coincé contre lui son fils de la main gauche, il regarda longuement Clarisse puis l’attrapa d’un mouvement souple et ferme par la taille, dans un geste de propriétaire sûr de lui. Il posa sa tête au creux de sa poitrine en humant longuement l’odeur de sa peau, puis embrassa son tatouage avec délectation, le picorant de baisers tendres, le sourire retrouvé.
T’as raison… C’moi le plus chanceux des hommes… Qu’est ce que j’ferais sans toi…. T’as toujours le mot pour m’rdonner envie d’aller d’l’avant….
Il posa un dernier baiser sur le tatouage et redressa la tête, presque hilare, montrant du menton la poitrine de sa femme qui se trouvait sous son nez.
Pis y’a pas qu’les mots… T’as tout’sorte d’atouts qui m’font aller mieux…. J’sais vraiment pas c’que j’serais dev’nu sans toi, t’sais…
Il lâcha la taille de sa femme et attrapa la cuillère que Dustin ne voulait pas lâcher.
Bon… c’pas tout ça… Donne ça mon gars, faut manger main’nant..… Papa doit aller voir des vieux potes du côté d’la vielle ville… J’vais d’mander si y’aurait pas un aut’travail pour moi qui m’sortirait du port… Tu veux v’nir avec moi fils ? J’te f’rais visiter l’bureau d’mon vieux pote Mathias… J’suis sûr qu’il va vouloir t’embaucher avec moi…
Mon ange….
Clarisse Loumis observait son époux assis devant la table de la cuisine, son fils de huit mois sur les genoux et se désolait de le voir aussi déprimé. Depuis qu’elle avait décidé de ne plus travailler au Dispensaire pour mieux s’occuper de « ses deux hommes », Michal était persuadé qu’elle l’avait fait à contrecœur, juste pour ne pas être absente lorsqu’il revenait de son « p’tit boulot au port », un travail de docker qu’il avait accepté pour arrondir les fins de mois et qui l’obligeait à se coucher très tôt pour affronter une journée qui démarrait aux alentours de 3 heures du matin.
T’vas pas m’dire que t’es fière de moi ? Qu’tu trouves que j’suis aussi classe que lui ? Si ? J’suis rien moi… qu’le mec qu’a su taper dans l’oeil d’la plus belle femme du coin et…
Clarisse versa dans l’assiette de Dustin une purée de légumes et une autre de jambon, lui tendant une cuillère gravée à son nom qu’il s’empressa de piquer dans les monticules de nourriture pour en faire un mélange aux couleurs douteuses. Elle soupira puis se pencha pour embrasser Michal avec douceur, l’empêchant d’une main posée sur ses lèvres de continuer à se plaindre.
Michal, est ce que j’ai jamais émis le moindre doute sur le fait que je suis fière de toi ? Que je t’aime, que je pense sincèrement que je suis la plus chanceuse des femmes et que pour rien au monde je voudrais être une autre que celle qui vit avec toi ?
Elle s’approcha et tenta de reprendre la cuillère des mains de son fils pour l’obliger à manger plutôt que de faire de la tambouille dans l’assiette.
Ecoutes… si ton travail au port ne te convient plus… Pourquoi tu n’irais pas parler à tes anciens amis, ceux qui nous ont aidé à disparaître l’année dernière ? Ils sauraient peut-être te trouver un travail qui te conviendrait mieux ? Quelque chose en rapport avec tes compétences ?
Conservant coincé contre lui son fils de la main gauche, il regarda longuement Clarisse puis l’attrapa d’un mouvement souple et ferme par la taille, dans un geste de propriétaire sûr de lui. Il posa sa tête au creux de sa poitrine en humant longuement l’odeur de sa peau, puis embrassa son tatouage avec délectation, le picorant de baisers tendres, le sourire retrouvé.
T’as raison… C’moi le plus chanceux des hommes… Qu’est ce que j’ferais sans toi…. T’as toujours le mot pour m’rdonner envie d’aller d’l’avant….
Il posa un dernier baiser sur le tatouage et redressa la tête, presque hilare, montrant du menton la poitrine de sa femme qui se trouvait sous son nez.
Pis y’a pas qu’les mots… T’as tout’sorte d’atouts qui m’font aller mieux…. J’sais vraiment pas c’que j’serais dev’nu sans toi, t’sais…
Il lâcha la taille de sa femme et attrapa la cuillère que Dustin ne voulait pas lâcher.
Bon… c’pas tout ça… Donne ça mon gars, faut manger main’nant..… Papa doit aller voir des vieux potes du côté d’la vielle ville… J’vais d’mander si y’aurait pas un aut’travail pour moi qui m’sortirait du port… Tu veux v’nir avec moi fils ? J’te f’rais visiter l’bureau d’mon vieux pote Mathias… J’suis sûr qu’il va vouloir t’embaucher avec moi…
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
« Tu en penses quoi ? ». Clarisse se tournait devant Michal qui souriait en plissant les yeux. «T’veux que j’te l’dise ? … ou bien quj’te l’montre ? ». Elle secoua la tête en riant légèrement. « Dis le moi juste pour le moment, Dustin attend qu’on aille le chercher dans son lit… ».
Il hocha doucement la tête, essayant de reprendre son sérieux, sans réelle motivation. « Ben…. Ça m’ rappelle nos débuts… j’te r’vois … sur le p’tit banc… avec tes ch’veux noirs comme ça… relevés avec ton chignon d’noble… pis… ton sourire que j’aime tant … pis… ». Il s’approchait lentement et l’enlaça pour l’attirer tout contre lui. « … ta robe moche d’noble… mais qui t’allait tout d’même drôl’ment bien parc’qu’on voyait bien tes formes… c’pour ça qu’j’ai très vite rêvé d’l’enl’ver… pis….».
Il commençait à tirer nerveusement sur le tissu de la robe en soie au niveau des hanches de sa femme. Elle prit son visage dans ses mains et posa ses lèvres sur les siennes, murmurant. « Je pense avoir ma réponse là… Merci… Je dois aller chercher Dustin maintenant… d’accord ?».
Il soupira en la lâchant et hocha lentement la tête, dépité. Elle pressa ses mains sur ses joues et planta son regard dans le sien. « Tu ne veux tout de même pas faire ça sans prendre le temps de m’avoir toute entière à ta merci… n’est ce pas ? ». Il reprit son hochement de tête, un peu moins tendu, le petit sourire esquissé sur son visage indiquant qu’il n’apprécierait effectivement pas autant ce moment d’intimité s’il n’avait pas le temps de la déstabiliser complètement.
Elle vint poser ses lèvres au plus près de son oreille. « Et puis… je te promets une petite surprise pour tout à l’heure… lorsqu’il dormira… tu verras, tu seras content d’avoir attendu… ». Il la lâcha en inspirant et lui intima d’une pichenette tendre sur les fesses qu’elle pouvait aller chercher leur fils dans la chambre.
Tandis qu’elle sortait Dustin du lit et le rhabillait, il vint à la porte et lui montra une liasse de papiers qu’il avait sortis de son gilet. « Au fait…. Ça y est… J’ai les papiers officiels… ‘fin… les faux papiers mais officiels tout’d’même… ». Elle s’approcha, son fils dans les bras et se pencha pour regarder les papiers. « Alors ? Quel nom désormais ? ». Il replia les papiers, les remit dans gilet et prit son fils dans les bras, le couvrant de baisers sur le ventre qui le firent éclater de rire. « Sir Chandler Brinx, Lady Isabel Brinx et le jeune Dustin Brinx…. Une brave famille de marchands, en provenance de Gilnéas… t’en dis quoi, fils ? T’en fous toi, hein ? ».
Clarisse resta un moment à les regarder avant de réagir. « Isabel ? Chandler ? Mais…. on change aussi nos prénoms ? … Je ... mais… comment va-t-on faire ? Il va falloir vivre toujours sous ces noms là alors maintenant ? …. Même après quand ce sera fini … ? ».
Le ton désemparé de sa femme alerta Michal qui vint immédiatement la prendre d’une main par la taille. « Chaton… Tu es et tu rest’ras toujours ma femme… la femme de ma vie… On s’en fout des noms… d’t’te façon… j’suis ton ange et t’es mon cœur, mon chaton, mon amour… On s’y f’ra… non ? tu r’grettes ? Tu veux plus l’faire ? ».
Il posa son fils à terre et enlaça sa femme avec tendresse et inquiétude. « Mon amour…. Si tu penses que tu veux plus l’faire… si tu penses que c’trop dur pour toi… on arrête tout’d’suite… y’a pas d’problèmes…. La seule chose qui compte pour moi c’ton bonheur… tu l’sais hein ? ».
Encore un peu sous le choc de la nouvelle Clarisse hocha lentement la tête, le regard dans le vide, essayant de relativiser, s’imaginant devoir se cacher sous cette nouvelle identité toute sa vie durant, se voyant devoir aller et venir dans les rues sans jamais pouvoir dire qui elle était, essayant de voir le bon côté des choses, ce bon côté dont ils avaient tant discuté auparavant, puis, posant inconsciemment la main sur son ventre, elle redressa la tête et regarda son époux dans les yeux. «Je te suivrai jusqu’au bout du monde… tu te souviens ? Je te l’ai dit alors qu’on se connaissait à peine…. Je n’ai pas changé d’avis. Je suis ta femme, je suis là pour toi, et je te suivrai partout où tu devras aller. A jamais…»
Ses paroles dites avec douceur mais une assurance inébranlable résonnèrent entre eux quelques instants, figeant le temps. Leurs mains se lièrent, leurs lèvres se frôlèrent, leurs regards se perdirent l’un dans l’autre, jusqu’à ce que les pleurs de Dustin qui venait de se coincer les doigts dans la porte les ramènent à la réalité.
Michal frôla de la main la joue de Clarisse, chercha un regard d’assentiment, esquissa un sourire et lâcha. « Allez m’dame Brinx… y’a vot’ fils qui a b’soin d’vous… J’vais démarrer la moto…. Va falloir qu’on aille voir Jack… qu’il nous explique comment ça va s’passer… Oui ? ». Clarisse hocha la tête, rendant regard et sourire. « Oui, laisse moi cinq minutes et je suis prête. »
Il hocha doucement la tête, essayant de reprendre son sérieux, sans réelle motivation. « Ben…. Ça m’ rappelle nos débuts… j’te r’vois … sur le p’tit banc… avec tes ch’veux noirs comme ça… relevés avec ton chignon d’noble… pis… ton sourire que j’aime tant … pis… ». Il s’approchait lentement et l’enlaça pour l’attirer tout contre lui. « … ta robe moche d’noble… mais qui t’allait tout d’même drôl’ment bien parc’qu’on voyait bien tes formes… c’pour ça qu’j’ai très vite rêvé d’l’enl’ver… pis….».
Il commençait à tirer nerveusement sur le tissu de la robe en soie au niveau des hanches de sa femme. Elle prit son visage dans ses mains et posa ses lèvres sur les siennes, murmurant. « Je pense avoir ma réponse là… Merci… Je dois aller chercher Dustin maintenant… d’accord ?».
Il soupira en la lâchant et hocha lentement la tête, dépité. Elle pressa ses mains sur ses joues et planta son regard dans le sien. « Tu ne veux tout de même pas faire ça sans prendre le temps de m’avoir toute entière à ta merci… n’est ce pas ? ». Il reprit son hochement de tête, un peu moins tendu, le petit sourire esquissé sur son visage indiquant qu’il n’apprécierait effectivement pas autant ce moment d’intimité s’il n’avait pas le temps de la déstabiliser complètement.
Elle vint poser ses lèvres au plus près de son oreille. « Et puis… je te promets une petite surprise pour tout à l’heure… lorsqu’il dormira… tu verras, tu seras content d’avoir attendu… ». Il la lâcha en inspirant et lui intima d’une pichenette tendre sur les fesses qu’elle pouvait aller chercher leur fils dans la chambre.
Tandis qu’elle sortait Dustin du lit et le rhabillait, il vint à la porte et lui montra une liasse de papiers qu’il avait sortis de son gilet. « Au fait…. Ça y est… J’ai les papiers officiels… ‘fin… les faux papiers mais officiels tout’d’même… ». Elle s’approcha, son fils dans les bras et se pencha pour regarder les papiers. « Alors ? Quel nom désormais ? ». Il replia les papiers, les remit dans gilet et prit son fils dans les bras, le couvrant de baisers sur le ventre qui le firent éclater de rire. « Sir Chandler Brinx, Lady Isabel Brinx et le jeune Dustin Brinx…. Une brave famille de marchands, en provenance de Gilnéas… t’en dis quoi, fils ? T’en fous toi, hein ? ».
Clarisse resta un moment à les regarder avant de réagir. « Isabel ? Chandler ? Mais…. on change aussi nos prénoms ? … Je ... mais… comment va-t-on faire ? Il va falloir vivre toujours sous ces noms là alors maintenant ? …. Même après quand ce sera fini … ? ».
Le ton désemparé de sa femme alerta Michal qui vint immédiatement la prendre d’une main par la taille. « Chaton… Tu es et tu rest’ras toujours ma femme… la femme de ma vie… On s’en fout des noms… d’t’te façon… j’suis ton ange et t’es mon cœur, mon chaton, mon amour… On s’y f’ra… non ? tu r’grettes ? Tu veux plus l’faire ? ».
Il posa son fils à terre et enlaça sa femme avec tendresse et inquiétude. « Mon amour…. Si tu penses que tu veux plus l’faire… si tu penses que c’trop dur pour toi… on arrête tout’d’suite… y’a pas d’problèmes…. La seule chose qui compte pour moi c’ton bonheur… tu l’sais hein ? ».
Encore un peu sous le choc de la nouvelle Clarisse hocha lentement la tête, le regard dans le vide, essayant de relativiser, s’imaginant devoir se cacher sous cette nouvelle identité toute sa vie durant, se voyant devoir aller et venir dans les rues sans jamais pouvoir dire qui elle était, essayant de voir le bon côté des choses, ce bon côté dont ils avaient tant discuté auparavant, puis, posant inconsciemment la main sur son ventre, elle redressa la tête et regarda son époux dans les yeux. «Je te suivrai jusqu’au bout du monde… tu te souviens ? Je te l’ai dit alors qu’on se connaissait à peine…. Je n’ai pas changé d’avis. Je suis ta femme, je suis là pour toi, et je te suivrai partout où tu devras aller. A jamais…»
Ses paroles dites avec douceur mais une assurance inébranlable résonnèrent entre eux quelques instants, figeant le temps. Leurs mains se lièrent, leurs lèvres se frôlèrent, leurs regards se perdirent l’un dans l’autre, jusqu’à ce que les pleurs de Dustin qui venait de se coincer les doigts dans la porte les ramènent à la réalité.
Michal frôla de la main la joue de Clarisse, chercha un regard d’assentiment, esquissa un sourire et lâcha. « Allez m’dame Brinx… y’a vot’ fils qui a b’soin d’vous… J’vais démarrer la moto…. Va falloir qu’on aille voir Jack… qu’il nous explique comment ça va s’passer… Oui ? ». Clarisse hocha la tête, rendant regard et sourire. « Oui, laisse moi cinq minutes et je suis prête. »
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
Le dénommé Jack avait pris soin de se mettre à l’écart avant d’expliquer aux Loumis, ou plutôt désormais aux époux Brinx, ce à quoi ils allaient devoir se plier dans les deux bonnes semaines suivantes. C’est donc à l’abri des regards, non loin des grandes portes de la ville, dans un coin où seuls quelques pêcheurs allaient et venaient, que le trio s’installa pour discuter debout.
Michal partirait donc en formation de type commando sur une petite île au large des côtes de la Marche de l’Ouest, avec au programme maniement des armes, management des hommes et connaissances maritimes, tandis que Clarisse serait intégrée à une troupe à terre, proche du Fort de la Marche pour une formation plus simple et plus adaptée à ses prochaines missions, infiltration, diplomatie et un peu d’intendance spécialisée.
Après avoir salué Michal comme l’ancien collègue qu’il disait avoir apprécié et suivi dans des virées nocturnes, l’avoir charrié sur ses cheveux longs et sa mine bronzée, l’homme avait rapidement cherché à "faire plus ample connaissance" avec Clarisse, laissant entendre que "comme d’habitude" Michal avait le chic pour "trouver les plus belles femmes du Royaume", une référence à un soit disant passé de Michal que Clarisse avait modérément apprécié.
A chacune de ses questions, lorgnant apparemment sans gêne sur le tatouage de Clarisse qui apparaissait de façon presque trop prometteuse en dessous de la robe échancrée, l’homme répondait en roucoulant, ne tenant pas compte des œillades courroucées de son ancien collègue, donnant du « Mais bien sûr… Madame Brinx…. Isabel…. Vous permettez que je vous appelle Isabel ? … Vous pourrez venir voir votre fils au Donjon quand vous le souhaiterez, je me ferai un plaisir de vous accompagner puisque Mich.. Chandler sera occupé en formation intensive… ».
Au bout d’une demie heure de conversation, une fois que Clarisse avait pu poser toutes les questions qui la taraudaient, « Où vais je vivre, faire cette formation ? Et où dormirais-je ? » « « Combien de temps Michal sera-t-il parti ? », « Où sera logé mon fils ? » « Pourrais-je venir le voir de temps à autre ? », Michal donna une bourrade un peu plus violente que d’usage sur l’épaule de Jack pour lui signifier la fin de l’entretien.
« C’bon Jack…. On a tout c’qui faut main’nant… merci…… Bon… J’vais pas t’dire que j’te confie ma femme… J’voudrais pas qu’tu prennes ce genre de mission trop à cœur…. Pis…. Clarisse est bien assez grande pour se prendre en charge tout’seule….. Mais pour mon fils, là…. J’te d’mande de garder un œil dessus….ça m’arracherait les tripes qu’on lui fasse du mal… j’suis sûr que là tu sauras faire… ».
L’homme avait éclaté de rire en remontant ses lunettes bleu ciel sur son front, laissant voir ses yeux rieurs qui continuaient de lorgner sans vergogne sur le tatouage et l‘échancrure de la robe. Michal capta le regard et eut la tentation de lui coller son poing dans la figure et c’est en soufflant qu’il le salua, prit la main de Clarisse fermement dans la sienne et repartit en maugréant vers sa moto.
« Si ça continue, j’vais être obligé de t’demander de plus mettre cette robe là en ville… Il te mangeait des yeux l’enfoiré ! ». Clarisse esquissa un sourire en se calant dans le side car. « Si tu le souhaites, je ne mettrai pas ce genre de robe ou de chemisier quand tu ne seras pas là et que je viendrai voir Dustin ... Tu voudrais ? ». Il soufflait en faisant démarrer la bécane, luttant difficilement contre la jalousie qui lui mordait le creux du ventre. « Mais nan….. ‘fin….. c’vrai que…. D’savoir que… si jamais tu viens en ville et que….’fin…. non mais…. ».
Clarisse posa sa main sur l’avant bras de Michal tandis qu’il lançait la moto sur la route d’Elwynn. « Mon ange… Ce tatouage est le tien, je l’ai fait pour toi… Si plus personne d’autre que toi ne doit le voir, et bien ce sera simple, je ne mettrai cette robe que pour toi. Et si je vais voir Dustin pendant ton absence, je mettrai un pantalon et un gilet bien fermé. Et ne t’inquiètes pas, je me passerai de ton ami Jack… je ne tiens pas à l’avoir à mes basques.»
Michal coula un regard en biais vers sa femme, son tatouage, son visage et enfin ses yeux, dans lesquels il lut la tendresse amusée qui l’animait. Il tourna le regard vers la route en inspirant longuement et lâcha dans un souffle. « J’me sens vraiment très con d’avoir à t’demander un truc pareil, mais c’vrai que ben… j’aime pas savoir que d’autres te mangent des yeux comme ça….. j’vais y penser pendant tout l’temps que j’vais être là bas sans toi et…. ben ca va pas m’aider à m’concentrer… c’est sûr ». Il la regarda de nouveau rapidement pour saisir ses pensées. « T’es sûre que ça t’embête pas ? ».
Elle hocha la tête, lui décochant ce sourire qu’il aimait tant. « Je suis à toi, tout ce que tu me demandes de faire pour toi je le fais avec plaisir, depuis le temps, tu devrais le savoir. Et puis… cela me touche de te voir encore jaloux… j’aime ça, si tu veux savoir… Oui… j’aime ça… j’adore ça même….». Il plissa les yeux et se mit à sourire en coin, hochant la tête sans un mot, forçant sur la vitesse d’un coup de main sur la poignée.
Quelques minutes plus tard, la moto fit une embardée dans le sable avant d’être stoppée d’un coup sec sur la plage par Michal qui n’attendit pas que Clarisse en sorte pour l’attraper, la prendre dans ses bras et l’emmener toute habillée et hurlant de rire dans l’eau miroitant sous la lune. «C’qui est dingue… c’est pas que j’sois « encore jaloux » comme tu dis… c’est que j’le suis d’plus en plus… et que j’me sens de plus en plus fou amoureux d’toi… Ca c’est dingue… et ca vaut bien un bain d’ minuit !».
Michal partirait donc en formation de type commando sur une petite île au large des côtes de la Marche de l’Ouest, avec au programme maniement des armes, management des hommes et connaissances maritimes, tandis que Clarisse serait intégrée à une troupe à terre, proche du Fort de la Marche pour une formation plus simple et plus adaptée à ses prochaines missions, infiltration, diplomatie et un peu d’intendance spécialisée.
Après avoir salué Michal comme l’ancien collègue qu’il disait avoir apprécié et suivi dans des virées nocturnes, l’avoir charrié sur ses cheveux longs et sa mine bronzée, l’homme avait rapidement cherché à "faire plus ample connaissance" avec Clarisse, laissant entendre que "comme d’habitude" Michal avait le chic pour "trouver les plus belles femmes du Royaume", une référence à un soit disant passé de Michal que Clarisse avait modérément apprécié.
A chacune de ses questions, lorgnant apparemment sans gêne sur le tatouage de Clarisse qui apparaissait de façon presque trop prometteuse en dessous de la robe échancrée, l’homme répondait en roucoulant, ne tenant pas compte des œillades courroucées de son ancien collègue, donnant du « Mais bien sûr… Madame Brinx…. Isabel…. Vous permettez que je vous appelle Isabel ? … Vous pourrez venir voir votre fils au Donjon quand vous le souhaiterez, je me ferai un plaisir de vous accompagner puisque Mich.. Chandler sera occupé en formation intensive… ».
Au bout d’une demie heure de conversation, une fois que Clarisse avait pu poser toutes les questions qui la taraudaient, « Où vais je vivre, faire cette formation ? Et où dormirais-je ? » « « Combien de temps Michal sera-t-il parti ? », « Où sera logé mon fils ? » « Pourrais-je venir le voir de temps à autre ? », Michal donna une bourrade un peu plus violente que d’usage sur l’épaule de Jack pour lui signifier la fin de l’entretien.
« C’bon Jack…. On a tout c’qui faut main’nant… merci…… Bon… J’vais pas t’dire que j’te confie ma femme… J’voudrais pas qu’tu prennes ce genre de mission trop à cœur…. Pis…. Clarisse est bien assez grande pour se prendre en charge tout’seule….. Mais pour mon fils, là…. J’te d’mande de garder un œil dessus….ça m’arracherait les tripes qu’on lui fasse du mal… j’suis sûr que là tu sauras faire… ».
L’homme avait éclaté de rire en remontant ses lunettes bleu ciel sur son front, laissant voir ses yeux rieurs qui continuaient de lorgner sans vergogne sur le tatouage et l‘échancrure de la robe. Michal capta le regard et eut la tentation de lui coller son poing dans la figure et c’est en soufflant qu’il le salua, prit la main de Clarisse fermement dans la sienne et repartit en maugréant vers sa moto.
« Si ça continue, j’vais être obligé de t’demander de plus mettre cette robe là en ville… Il te mangeait des yeux l’enfoiré ! ». Clarisse esquissa un sourire en se calant dans le side car. « Si tu le souhaites, je ne mettrai pas ce genre de robe ou de chemisier quand tu ne seras pas là et que je viendrai voir Dustin ... Tu voudrais ? ». Il soufflait en faisant démarrer la bécane, luttant difficilement contre la jalousie qui lui mordait le creux du ventre. « Mais nan….. ‘fin….. c’vrai que…. D’savoir que… si jamais tu viens en ville et que….’fin…. non mais…. ».
Clarisse posa sa main sur l’avant bras de Michal tandis qu’il lançait la moto sur la route d’Elwynn. « Mon ange… Ce tatouage est le tien, je l’ai fait pour toi… Si plus personne d’autre que toi ne doit le voir, et bien ce sera simple, je ne mettrai cette robe que pour toi. Et si je vais voir Dustin pendant ton absence, je mettrai un pantalon et un gilet bien fermé. Et ne t’inquiètes pas, je me passerai de ton ami Jack… je ne tiens pas à l’avoir à mes basques.»
Michal coula un regard en biais vers sa femme, son tatouage, son visage et enfin ses yeux, dans lesquels il lut la tendresse amusée qui l’animait. Il tourna le regard vers la route en inspirant longuement et lâcha dans un souffle. « J’me sens vraiment très con d’avoir à t’demander un truc pareil, mais c’vrai que ben… j’aime pas savoir que d’autres te mangent des yeux comme ça….. j’vais y penser pendant tout l’temps que j’vais être là bas sans toi et…. ben ca va pas m’aider à m’concentrer… c’est sûr ». Il la regarda de nouveau rapidement pour saisir ses pensées. « T’es sûre que ça t’embête pas ? ».
Elle hocha la tête, lui décochant ce sourire qu’il aimait tant. « Je suis à toi, tout ce que tu me demandes de faire pour toi je le fais avec plaisir, depuis le temps, tu devrais le savoir. Et puis… cela me touche de te voir encore jaloux… j’aime ça, si tu veux savoir… Oui… j’aime ça… j’adore ça même….». Il plissa les yeux et se mit à sourire en coin, hochant la tête sans un mot, forçant sur la vitesse d’un coup de main sur la poignée.
Quelques minutes plus tard, la moto fit une embardée dans le sable avant d’être stoppée d’un coup sec sur la plage par Michal qui n’attendit pas que Clarisse en sorte pour l’attraper, la prendre dans ses bras et l’emmener toute habillée et hurlant de rire dans l’eau miroitant sous la lune. «C’qui est dingue… c’est pas que j’sois « encore jaloux » comme tu dis… c’est que j’le suis d’plus en plus… et que j’me sens de plus en plus fou amoureux d’toi… Ca c’est dingue… et ca vaut bien un bain d’ minuit !».
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
La vieille Céleste n’avait pas changé, toujours aussi affable et désireuse de les nourrir, même sans faim. Clarisse s’amusait de la voir aussi empressée que lors de leur toute première visite, il y avait maintenant 18 mois… Comme tout cela était loin, et en même temps si étrangement proche. Elle se souvint de la gentillesse de la femme qui avait tout de suite deviné qu’il se passait quelque chose de fort et de particulier entre son fournisseur, « ce gentil voyou de Michal » et « cette jolie jeune femme brune que tu m’amènes là ».
La chambre était simple mais propre, sentant la naphtaline, comme inhabitée ou figée dans cette propreté depuis des années. Clarisse comprit ce que Michal avait voulu dire en disant vouloir la mettre à l’abri. Très peu de personnes devaient savoir qu’il y avait là, sous la soupente de cette maison qui accueillait toujours autant de réfugiés affamés, une petite chambre au secret.
Elle défit ses valises, songeant à son fils qui vivait ses premières heures sans eux dans un appartement du donjon, dans une famille d’accueil choisie par le SI :7 pour sa fidélité au Roy. Elle soupira légèrement, sortant le petit paquet qu’elle comptait offrir à Michal avant qu’il ne s’en aille pour sa formation au loin… ou aurait-elle dû dire Chandler, mais elle doutait de s’y faire un jour, « son » Michal, « son Michoudoux » disparu à jamais, elle n’y arriverait pas…
« T’es prête chaton ? » Michal venait d’ouvrir la porte de la chambre et la regardait, les yeux brillants et l’air tendu. « J’aimerais faire une petite ballade sur la plage avant que la nuit tombe ». Clarisse enfila un gilet sur sa chemise largement échancrée, hochant la tête et attrapa le paquet recouvert d’un papier d’emballage coloré. « C’quoi ? ». Il plissait les yeux, l’observant glisser le paquet dans la poche de son pantalon. « Tu verras bien tout à l’heure, allons y Monsieur le Curieux ».
Le soleil terminait sa descente sur l’horizon, dans quelques minutes les derniers rayons du soleil ne seraient plus que des traits évanescents de lumière, Clarisse, assise sur le sable devant Michal qui l’enveloppait de ses bras, trembla légèrement, posant sa tête au creux de son cou. «Tu vas me manquer…. ». Il soupira faiblement, la serrant un peu plus fort. « Toi aussi, tu sais… j’me d’mande même si j’vais pas rev’nir dare dare te trouver au lit la nuit prochaine. »
Elle se laissa aller à rire tendrement, secouant la tête. « Ca m’étonnerait que tu puisses revenir à la nage de là bas… A moins que tu aies des talents que j’ignorais ? ». Elle se tourna et le regarda, tout à coup plus soucieuse. « Je sais que c’est une formation dangereuse, mon ange, je me suis renseignée. Il y a de vrais risques de prendre des mauvais coups, voire même de ne pas en revenir sain et sauf, je…. J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi… ». Elle glissa la main dans la poche de son pantalon, en ressortant le paquet. « Tu veux bien ? ».
Il hocha la tête, suivant des yeux sa main, ne pouvant s’empêcher au passage de lorgner sur la peau qui apparaissait au niveau de sa poitrine malgré le gilet, essayant de prendre le ton de celui qui ne s’inquiétait de rien, sinon de ne pas pouvoir la serrer de nouveau rapidement dans ses bras. « Mmh… faut pas trop t’inquiéter, t’sais…. C’vrai que… ben… c’pas du tourisme, plutôt une mission commando, mais…. j’pas du tout envie d’y rester, et j’vais tout faire pour rev’nir en entier, et pis qu’tu sois fière de moi… t’inquiète pas… ». Il pointa du menton le paquet qu’elle tenait entre les mains. « Alors... c’quoi ? ».
Elle lui donna le paquet, un petit sourire triste sur son visage. « Ouvre… je suis allée dans une boutique de la vieille ville pour la faire fabriquer…». Fébrile comme un enfant devant les paquets du grand Père Hiver, Michal fit pourtant durer le plaisir, défaisant lentement le papier coloré, sans cesser de la regarder, passant de son visage qu’il s’inquiétait de voir triste, et tentait de faire sourire, à sa poitrine qu’il semblait vouloir dénuder sans attendre.
Enfin, le papier fut enlevé et une boîte longue recouverte de velours noir fut dans ses mains, prête à être ouverte. Clarisse l’observait, il tremblait lui aussi, ses tics nerveux de la main et des jambes trahissaient la tension qui l’habitait depuis quelques jours. Il avait peur, au fond, de ce qui allait se passer là bas, et même s’il ne voulait pas l’inquiéter, il craignait le pire sans trop oser se l’avouer. Ne pas être à la hauteur, prendre un si mauvais coup qu’il ne s’en remettrait pas, lui revenir trop mal en point pour bien s’occuper d’elle, ou pire… être vraiment empêché de revenir.
Il ouvrit la boîte et son visage s’éclaira. « Ooh… chaton… fallait pas… ». Il prit dans ses doigts la chaine en Mithril délicat qui brillait dans la pénombre de leurs corps serrés l’un contre l’autre. « Elle te plaît ? ». Il hocha la tête, amenant la chaine tout près de ses yeux, la faisant osciller comme un pendule, un sourire enfantin illuminant son visage. « Exactement comme je voulais….. Tiens… tu m’la mets ? ». Elle prit la chaine entre ses doigts, mais resta ainsi devant lui sans bouger.
« Attends… faut que je te dise quelque chose avant…. ». Il fronça les sourcils, de nouveau tendu. « Je….. j’ai demandé à ce qu’elle bénéficie d’une magie spéciale de protection…. Ce n’est pas un bijou normal, en fait…. Maintenant… c’est un vrai talisman. Un talisman qui…. Qui dit que tu m’appartiens et que tu ne dois sous aucun prétexte me faire défaut... ».
Il hochait la tête, apparemment sans comprendre, le visage tendu suivant la chaine qui continuait d’osciller. « Comment ça, un talisman ? Tu y as fait quoi ? ». Elle inspira longuement, hésitant à lâcher ce qu’elle avait à dire. « Et bien… j’ai laissé la femme me…. m’endormir…. Tu sais, m’hypnotiser un peu, pas beaucoup… ». Elle suivait des yeux le mouvement imperceptible de sa mâchoire qui dénotait sa nervosité. Il se crispait dans l’attente de ce qu’elle allait dire et serrait sans s’en rendre compte sa main sur son bras, presque à lui faire mal.
Elle ne chercha pas à se dégager, malgré la douleur qui irradiait de sa paume sur tout le bras jusqu’au cou et lâcha dans un murmure. «Je n’ai pas eu mal, pas du tout, ne t’inquiète pas… Et je suis indemne…». La main de Michal serra encore plus fort l’avant bras de Clarisse, des larmes de douleur perlèrent et la firent cligner des yeux. « … Tu y as fait quoi ? ». Son ton était dur et sans appel. Elle soupira faiblement. «Je ne sais pas trop…. J’ai accepté le principe de …. Servir de … réceptacle ou de… enfin quelque chose de… ».
Il soufflait dans un râle qui ressemblait au grondement d’un fauve, prêt à sauter à la gorge de celui qui s’approcherait trop près. « T’es tout’d’même pas en train d’me dire que t’es allée t’faire toucher par des démonistes ou j’sais pas quoi ?!?... hein ? ». Son corps entier tremblait nerveusement sous le coup de la colère. Clarisse laissa échapper un hoquet de crainte. «Elle devait se connecter à une part de moi très intime, très pure, quelque chose qu’elle ne pouvait faire que si j’étais inconsciente… je n’ai pas eu mal, je n’avais pas de trace en me réveillant… seulement un affreux mal de crâne et... un peu de nausée… c’est tout…Enfin… non aussi…. elle m’avait prévenue…. le tatouage devrait apparaître comme plus intense après ça, comme si quelque chose de moi en ressortirait qui le rendrait plus … présent..».
Elle dégagea le gilet et montra le tatouage de fleur gravé sur le sein gauche au dessus du mamelon, il semblait effectivement comme refait, repris par le tatoueur, plus intense sur la peau, presque scintillant. Il caressa de ses doigts tremblants la peau qui luisait d’un éclat particulier maintenant que la Lune avait remplacé le Soleil. Il souffla, comme en souffrance. « T’as fait ça quand ? ». Il ne regardait plus la chaîne mais le tatouage, les yeux plissés. « Il y a dix jours …. je n’ai rien ressenti, ni pendant, ni après… mais le tatouage a changé lorsque je suis allée chercher la chaine finie, hier matin…. ». Elle peinait à parler. « Je crois que… qu’un lien a été créé entre toi et moi, qui passe entre la chaine et le tatouage. Il semble illuminé de l’intérieur lorsque la chaine est sur moi, même dans ma poche. Sinon, il ne se passe rien. C’est pour ça que tu ne l’as pas remarqué avant. »
Il la prit dans ses bras et tout en la serrant, posa son front sur le sien, murmurant d’un air perdu. « Chaton…. Qu’est ce t’es allée faire là bas…. C’est quoi cette histoire de lien… Tu t’rends compte de ce que t’as fait, là ? T’es allée t’faire … t’faire toucher par des saletés de lumineux ratés… des fous, des…. ». Elle se dégagea et le regarda en essayant de sourire, timidement. « Mon ange… je me suis bien renseignée avant, tu sais…. C’est juste un lien entre toi et moi, rien de plus… Elle n’a rien fait d’autre, j’en suis certaine, je…. Je me suis fait accompagnée par Kyna et… ».
Il plissa les yeux de nouveau, interpellé. « Kyna… ta cousine ? Elle était avec toi là bas ? ». Clarisse hocha la tête lentement. « Oui…. Je n’ai accepté qu’à cette condition, pour être certaine que rien de grave ne m’arrive…. Et elle est restée tout du long, elle n’a rien vu d’autre que la femme m’hypnotisant, me parler à voix basse pour atteindre cette part intime de moi, tout en mettant la main sur le tatouage et l’autre sur le front pendant une dizaine de minutes….. c’est tout. Elle ne l’aurait pas laissée me faire quoi que ce soit d’autre. La femme m’avait tout expliqué avant et il s’est passé exactement ce qu’elle avait prévu de faire, rien de plus, je t’assure. »
Michal se redressa, l’air un peu moins tendu, hochant lentement la tête. « Mmh…. Et tu crois vraiment qu’y a un truc qui s’passe entre toi et cette chaîne alors ? ». Il regardait la chaine avec suspicion, tout de même désireux d’y croire. Elle esquissa un sourire et entreprit d’ouvrir le petit anneau. « Oui….. c’est évident, je te dis, quand elle est sur moi, mon tatouage scintille, tu vois bien….. et ….. quand elle est ailleurs, c’est comme si je sentais où elle est… je crois que grâce à elle, je saurais toujours où tu es et ce qui se passe en toi…. » Elle passait la chaine autour du cou de Michal et se pencha pour la refermer, passant sa main sur le fil délicat de Mithril qui brillait maintenant sur la peau bronzée de son époux.
«Et tu crois que ca marche dans les deux sens ? ». Un sourire de satisfaction illumina son visage à la vue de la chaine sur son torse. «T’crois qu’avec cette chaine moi j’saurais aussi où tu es et c’qui s’passe pour toi ? ». Il planta son regard dans celui de sa femme, elle acquiesca. « Oui…. C’est un lien plus fort que tout… Avec cette chaîne autour du cou, c’est comme si j’allais t’accompagner partout où tu iras désormais». Il inspira longuement, regarda la chaîne avec satisfaction, puis passa doucement les doigts sur le tatouage qui continuait de scintiller et murmura. « J’en r’viens pas qu’t’es fait un truc comme ça pour moi… J’le sens que c’t’un vrai talisman… ». Il plaqua sa main droite sur le tatouage de sa femme et la gauche sur son propre cœur. « J’le sens là… ça m’réchauffe le cœur…. C’comme si… j’ressentais tout ton amour qui m’illuminait en d’dans… Merci…. ».
Le lendemain matin, à l’aube, Chandler Brinx embarquait avec une dizaine d’autres sur une barque venue les chercher au bout de la plage près du phare. Dans la pénombre de l’embarcation, Michal avait passé la main sous son gilet et tenait fermement la chaine en Mithril, le visage tendu. Lorsque le navire apparut dans la brume, il esquissa un sourire furtif. Il venait de ressentir avec assurance la vibration de la chaine entre ses doigts. Il partait loin, mais sa femme serait avec lui pendant toute la durée de son voyage. De cela il en était maintenant certain. Il grimpa rapidement à l’échelle de cordée, le cœur enfin vaillant et prêt à affronter toutes les pires épreuves qu’on lui présenterait.
La chambre était simple mais propre, sentant la naphtaline, comme inhabitée ou figée dans cette propreté depuis des années. Clarisse comprit ce que Michal avait voulu dire en disant vouloir la mettre à l’abri. Très peu de personnes devaient savoir qu’il y avait là, sous la soupente de cette maison qui accueillait toujours autant de réfugiés affamés, une petite chambre au secret.
Elle défit ses valises, songeant à son fils qui vivait ses premières heures sans eux dans un appartement du donjon, dans une famille d’accueil choisie par le SI :7 pour sa fidélité au Roy. Elle soupira légèrement, sortant le petit paquet qu’elle comptait offrir à Michal avant qu’il ne s’en aille pour sa formation au loin… ou aurait-elle dû dire Chandler, mais elle doutait de s’y faire un jour, « son » Michal, « son Michoudoux » disparu à jamais, elle n’y arriverait pas…
« T’es prête chaton ? » Michal venait d’ouvrir la porte de la chambre et la regardait, les yeux brillants et l’air tendu. « J’aimerais faire une petite ballade sur la plage avant que la nuit tombe ». Clarisse enfila un gilet sur sa chemise largement échancrée, hochant la tête et attrapa le paquet recouvert d’un papier d’emballage coloré. « C’quoi ? ». Il plissait les yeux, l’observant glisser le paquet dans la poche de son pantalon. « Tu verras bien tout à l’heure, allons y Monsieur le Curieux ».
Le soleil terminait sa descente sur l’horizon, dans quelques minutes les derniers rayons du soleil ne seraient plus que des traits évanescents de lumière, Clarisse, assise sur le sable devant Michal qui l’enveloppait de ses bras, trembla légèrement, posant sa tête au creux de son cou. «Tu vas me manquer…. ». Il soupira faiblement, la serrant un peu plus fort. « Toi aussi, tu sais… j’me d’mande même si j’vais pas rev’nir dare dare te trouver au lit la nuit prochaine. »
Elle se laissa aller à rire tendrement, secouant la tête. « Ca m’étonnerait que tu puisses revenir à la nage de là bas… A moins que tu aies des talents que j’ignorais ? ». Elle se tourna et le regarda, tout à coup plus soucieuse. « Je sais que c’est une formation dangereuse, mon ange, je me suis renseignée. Il y a de vrais risques de prendre des mauvais coups, voire même de ne pas en revenir sain et sauf, je…. J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi… ». Elle glissa la main dans la poche de son pantalon, en ressortant le paquet. « Tu veux bien ? ».
Il hocha la tête, suivant des yeux sa main, ne pouvant s’empêcher au passage de lorgner sur la peau qui apparaissait au niveau de sa poitrine malgré le gilet, essayant de prendre le ton de celui qui ne s’inquiétait de rien, sinon de ne pas pouvoir la serrer de nouveau rapidement dans ses bras. « Mmh… faut pas trop t’inquiéter, t’sais…. C’vrai que… ben… c’pas du tourisme, plutôt une mission commando, mais…. j’pas du tout envie d’y rester, et j’vais tout faire pour rev’nir en entier, et pis qu’tu sois fière de moi… t’inquiète pas… ». Il pointa du menton le paquet qu’elle tenait entre les mains. « Alors... c’quoi ? ».
Elle lui donna le paquet, un petit sourire triste sur son visage. « Ouvre… je suis allée dans une boutique de la vieille ville pour la faire fabriquer…». Fébrile comme un enfant devant les paquets du grand Père Hiver, Michal fit pourtant durer le plaisir, défaisant lentement le papier coloré, sans cesser de la regarder, passant de son visage qu’il s’inquiétait de voir triste, et tentait de faire sourire, à sa poitrine qu’il semblait vouloir dénuder sans attendre.
Enfin, le papier fut enlevé et une boîte longue recouverte de velours noir fut dans ses mains, prête à être ouverte. Clarisse l’observait, il tremblait lui aussi, ses tics nerveux de la main et des jambes trahissaient la tension qui l’habitait depuis quelques jours. Il avait peur, au fond, de ce qui allait se passer là bas, et même s’il ne voulait pas l’inquiéter, il craignait le pire sans trop oser se l’avouer. Ne pas être à la hauteur, prendre un si mauvais coup qu’il ne s’en remettrait pas, lui revenir trop mal en point pour bien s’occuper d’elle, ou pire… être vraiment empêché de revenir.
Il ouvrit la boîte et son visage s’éclaira. « Ooh… chaton… fallait pas… ». Il prit dans ses doigts la chaine en Mithril délicat qui brillait dans la pénombre de leurs corps serrés l’un contre l’autre. « Elle te plaît ? ». Il hocha la tête, amenant la chaine tout près de ses yeux, la faisant osciller comme un pendule, un sourire enfantin illuminant son visage. « Exactement comme je voulais….. Tiens… tu m’la mets ? ». Elle prit la chaine entre ses doigts, mais resta ainsi devant lui sans bouger.
« Attends… faut que je te dise quelque chose avant…. ». Il fronça les sourcils, de nouveau tendu. « Je….. j’ai demandé à ce qu’elle bénéficie d’une magie spéciale de protection…. Ce n’est pas un bijou normal, en fait…. Maintenant… c’est un vrai talisman. Un talisman qui…. Qui dit que tu m’appartiens et que tu ne dois sous aucun prétexte me faire défaut... ».
Il hochait la tête, apparemment sans comprendre, le visage tendu suivant la chaine qui continuait d’osciller. « Comment ça, un talisman ? Tu y as fait quoi ? ». Elle inspira longuement, hésitant à lâcher ce qu’elle avait à dire. « Et bien… j’ai laissé la femme me…. m’endormir…. Tu sais, m’hypnotiser un peu, pas beaucoup… ». Elle suivait des yeux le mouvement imperceptible de sa mâchoire qui dénotait sa nervosité. Il se crispait dans l’attente de ce qu’elle allait dire et serrait sans s’en rendre compte sa main sur son bras, presque à lui faire mal.
Elle ne chercha pas à se dégager, malgré la douleur qui irradiait de sa paume sur tout le bras jusqu’au cou et lâcha dans un murmure. «Je n’ai pas eu mal, pas du tout, ne t’inquiète pas… Et je suis indemne…». La main de Michal serra encore plus fort l’avant bras de Clarisse, des larmes de douleur perlèrent et la firent cligner des yeux. « … Tu y as fait quoi ? ». Son ton était dur et sans appel. Elle soupira faiblement. «Je ne sais pas trop…. J’ai accepté le principe de …. Servir de … réceptacle ou de… enfin quelque chose de… ».
Il soufflait dans un râle qui ressemblait au grondement d’un fauve, prêt à sauter à la gorge de celui qui s’approcherait trop près. « T’es tout’d’même pas en train d’me dire que t’es allée t’faire toucher par des démonistes ou j’sais pas quoi ?!?... hein ? ». Son corps entier tremblait nerveusement sous le coup de la colère. Clarisse laissa échapper un hoquet de crainte. «Elle devait se connecter à une part de moi très intime, très pure, quelque chose qu’elle ne pouvait faire que si j’étais inconsciente… je n’ai pas eu mal, je n’avais pas de trace en me réveillant… seulement un affreux mal de crâne et... un peu de nausée… c’est tout…Enfin… non aussi…. elle m’avait prévenue…. le tatouage devrait apparaître comme plus intense après ça, comme si quelque chose de moi en ressortirait qui le rendrait plus … présent..».
Elle dégagea le gilet et montra le tatouage de fleur gravé sur le sein gauche au dessus du mamelon, il semblait effectivement comme refait, repris par le tatoueur, plus intense sur la peau, presque scintillant. Il caressa de ses doigts tremblants la peau qui luisait d’un éclat particulier maintenant que la Lune avait remplacé le Soleil. Il souffla, comme en souffrance. « T’as fait ça quand ? ». Il ne regardait plus la chaîne mais le tatouage, les yeux plissés. « Il y a dix jours …. je n’ai rien ressenti, ni pendant, ni après… mais le tatouage a changé lorsque je suis allée chercher la chaine finie, hier matin…. ». Elle peinait à parler. « Je crois que… qu’un lien a été créé entre toi et moi, qui passe entre la chaine et le tatouage. Il semble illuminé de l’intérieur lorsque la chaine est sur moi, même dans ma poche. Sinon, il ne se passe rien. C’est pour ça que tu ne l’as pas remarqué avant. »
Il la prit dans ses bras et tout en la serrant, posa son front sur le sien, murmurant d’un air perdu. « Chaton…. Qu’est ce t’es allée faire là bas…. C’est quoi cette histoire de lien… Tu t’rends compte de ce que t’as fait, là ? T’es allée t’faire … t’faire toucher par des saletés de lumineux ratés… des fous, des…. ». Elle se dégagea et le regarda en essayant de sourire, timidement. « Mon ange… je me suis bien renseignée avant, tu sais…. C’est juste un lien entre toi et moi, rien de plus… Elle n’a rien fait d’autre, j’en suis certaine, je…. Je me suis fait accompagnée par Kyna et… ».
Il plissa les yeux de nouveau, interpellé. « Kyna… ta cousine ? Elle était avec toi là bas ? ». Clarisse hocha la tête lentement. « Oui…. Je n’ai accepté qu’à cette condition, pour être certaine que rien de grave ne m’arrive…. Et elle est restée tout du long, elle n’a rien vu d’autre que la femme m’hypnotisant, me parler à voix basse pour atteindre cette part intime de moi, tout en mettant la main sur le tatouage et l’autre sur le front pendant une dizaine de minutes….. c’est tout. Elle ne l’aurait pas laissée me faire quoi que ce soit d’autre. La femme m’avait tout expliqué avant et il s’est passé exactement ce qu’elle avait prévu de faire, rien de plus, je t’assure. »
Michal se redressa, l’air un peu moins tendu, hochant lentement la tête. « Mmh…. Et tu crois vraiment qu’y a un truc qui s’passe entre toi et cette chaîne alors ? ». Il regardait la chaine avec suspicion, tout de même désireux d’y croire. Elle esquissa un sourire et entreprit d’ouvrir le petit anneau. « Oui….. c’est évident, je te dis, quand elle est sur moi, mon tatouage scintille, tu vois bien….. et ….. quand elle est ailleurs, c’est comme si je sentais où elle est… je crois que grâce à elle, je saurais toujours où tu es et ce qui se passe en toi…. » Elle passait la chaine autour du cou de Michal et se pencha pour la refermer, passant sa main sur le fil délicat de Mithril qui brillait maintenant sur la peau bronzée de son époux.
«Et tu crois que ca marche dans les deux sens ? ». Un sourire de satisfaction illumina son visage à la vue de la chaine sur son torse. «T’crois qu’avec cette chaine moi j’saurais aussi où tu es et c’qui s’passe pour toi ? ». Il planta son regard dans celui de sa femme, elle acquiesca. « Oui…. C’est un lien plus fort que tout… Avec cette chaîne autour du cou, c’est comme si j’allais t’accompagner partout où tu iras désormais». Il inspira longuement, regarda la chaîne avec satisfaction, puis passa doucement les doigts sur le tatouage qui continuait de scintiller et murmura. « J’en r’viens pas qu’t’es fait un truc comme ça pour moi… J’le sens que c’t’un vrai talisman… ». Il plaqua sa main droite sur le tatouage de sa femme et la gauche sur son propre cœur. « J’le sens là… ça m’réchauffe le cœur…. C’comme si… j’ressentais tout ton amour qui m’illuminait en d’dans… Merci…. ».
Le lendemain matin, à l’aube, Chandler Brinx embarquait avec une dizaine d’autres sur une barque venue les chercher au bout de la plage près du phare. Dans la pénombre de l’embarcation, Michal avait passé la main sous son gilet et tenait fermement la chaine en Mithril, le visage tendu. Lorsque le navire apparut dans la brume, il esquissa un sourire furtif. Il venait de ressentir avec assurance la vibration de la chaine entre ses doigts. Il partait loin, mais sa femme serait avec lui pendant toute la durée de son voyage. De cela il en était maintenant certain. Il grimpa rapidement à l’échelle de cordée, le cœur enfin vaillant et prêt à affronter toutes les pires épreuves qu’on lui présenterait.
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
Dans le campement caché au sein de la végétation touffue et équatoriale d’une île lointaine, des hommes s’entraînent sous le soleil assommant. Les souffles et les râles témoignent de leur fatigue, de leurs douleurs et de leur harassement. Les cris des chefs ponctuent leurs combats, leurs courses, le dépassement de soi qui leur est demandé.
Enfin l’heure de la pause est sonnée au clairon et des groupes se forment pour aller vers un baraquement ouvert au vent, sorte de véranda en bois recouverte de chaume où sont rangés une multitude de longues tables de bois et des bancs usés par le temps et la pluie pour les repas des troupes en formation.
Michal, ou plutôt Brinx comme on l’appelle ici, est plié en deux dans un coin à l’écart, respirant difficilement, sous le coup d’une intense crise respiratoire. Depuis qu’il est arrivé sur l’île où se déroule l’entraînement des commandos du SI :7, il n’a pas réussi à dépasser cette crise qui le ramène des années en arrière et le force à se surpasser pour n’en rien montrer aux autres.
Pas question de faiblir, il doit réussir à suivre cet entrainement jusqu’au bout, même s’il en crève de douleur, même s’il croit à chaque instant mourir d’étouffement, même si ces crises qui le prennent par à-coup l’empêchent de donner le meilleur de lui-même, même s’il préfèrerait dix mille fois être chez lui avec sa femme et son fils, il tient bon, la main tenant fermement la chaîne qui le relie à elle.
« Brinx !! Du courrier !!! ». Au nom crié dans la cour il se relève rapidement, lâchant la chaine et prenant une attitude qui lui donne, en tout cas c’est ce qu’il espère, l’air volontaire et sûr de lui. « Yep ! ». Il avance, légèrement nonchalant, luttant pour ne pas cracher ses tripes sous le coup de la crise qui reprend de plus belle. Le préposé au courrier lui tend une missive en papier jaune pâle qu’il reconnaît immédiatement pour être celui qu’il a offert à Clarisse, un sourire vient illuminer brièvement son visage. Le préposé le capte et lance en rigolant. « C’est ta chérie qui t’écrit encore ? Mais c’est presque tous les jours dis donc !!! Peut pas s’passer d’toi on dirait !! A moins que c’soit toi qui peut pas t’passer d’elle, hein Brinx !!!!». Il hurle de rire en regardant alentour, fier d’avoir autant d’humour apparemment.
Michal hoche la tête, prenant rapidement la lettre qu’il fourre dans sa poche, prend l’air de se diriger vers le baraquement où doit se dérouler le déjeuner, mais bifurque vers le côté pour lire cette missive qu’il espère toujours un peu. Fébrilement, il déchire l’enveloppe et lit avec avidité les mots dont il rêve chaque nuit.
Enfin l’heure de la pause est sonnée au clairon et des groupes se forment pour aller vers un baraquement ouvert au vent, sorte de véranda en bois recouverte de chaume où sont rangés une multitude de longues tables de bois et des bancs usés par le temps et la pluie pour les repas des troupes en formation.
Michal, ou plutôt Brinx comme on l’appelle ici, est plié en deux dans un coin à l’écart, respirant difficilement, sous le coup d’une intense crise respiratoire. Depuis qu’il est arrivé sur l’île où se déroule l’entraînement des commandos du SI :7, il n’a pas réussi à dépasser cette crise qui le ramène des années en arrière et le force à se surpasser pour n’en rien montrer aux autres.
Pas question de faiblir, il doit réussir à suivre cet entrainement jusqu’au bout, même s’il en crève de douleur, même s’il croit à chaque instant mourir d’étouffement, même si ces crises qui le prennent par à-coup l’empêchent de donner le meilleur de lui-même, même s’il préfèrerait dix mille fois être chez lui avec sa femme et son fils, il tient bon, la main tenant fermement la chaîne qui le relie à elle.
« Brinx !! Du courrier !!! ». Au nom crié dans la cour il se relève rapidement, lâchant la chaine et prenant une attitude qui lui donne, en tout cas c’est ce qu’il espère, l’air volontaire et sûr de lui. « Yep ! ». Il avance, légèrement nonchalant, luttant pour ne pas cracher ses tripes sous le coup de la crise qui reprend de plus belle. Le préposé au courrier lui tend une missive en papier jaune pâle qu’il reconnaît immédiatement pour être celui qu’il a offert à Clarisse, un sourire vient illuminer brièvement son visage. Le préposé le capte et lance en rigolant. « C’est ta chérie qui t’écrit encore ? Mais c’est presque tous les jours dis donc !!! Peut pas s’passer d’toi on dirait !! A moins que c’soit toi qui peut pas t’passer d’elle, hein Brinx !!!!». Il hurle de rire en regardant alentour, fier d’avoir autant d’humour apparemment.
Michal hoche la tête, prenant rapidement la lettre qu’il fourre dans sa poche, prend l’air de se diriger vers le baraquement où doit se dérouler le déjeuner, mais bifurque vers le côté pour lire cette missive qu’il espère toujours un peu. Fébrilement, il déchire l’enveloppe et lit avec avidité les mots dont il rêve chaque nuit.
La Marche, le 13 du mois
Mon amour, Mon ange,
Je sais que je ne devrais pas t’écrire autant, te laisser respirer, créer un peu de manque, comme on dit, et je me dis que tu dois me trouver un peu trop collante à vouloir sans cesse garder le lien, mais à peine ai-je fini d’écrire une lettre que l’envie me reprend d’en écrire une autre.
Ne pas savoir du tout comment ça se passe là bas est assez difficile à vivre pour moi. Je crois que c’est pour cela que j’éprouve autant le besoin de t’écrire, cela me donne le sentiment qu’ainsi je suis près de toi, même si je ne sais rien de ce que tu fais. Je ne dis pas ça pour me dédouaner mais il me semble que c’est la stricte vérité, je t’écris pour te parler et j’imagine ainsi tes réponses qui me consolent de ton absence.
J’espère que toutes ces lettres ne te posent pas de problèmes… je devrais peut-être essayer de me raisonner, mais je sens comme un malaise en moi, comme si tu étais malade et cela m’angoisse. Si seulement je pouvais avoir quelques nouvelles…
Je suis allée au Donjon ce matin pour voir Dustin, il va bien, et a même appris à nager la brasse dans le lac. La famille s’en occupe parfaitement et le fait qu’il y ait un petit garçon du même âge facilite grandement sa vie quotidienne. Les deux enfants sont comme deux frères et il n’a pas du tout l’air malheureux. Cela m’a fait du bien de le voir aussi joyeux. Il te ressemble de plus en plus et je crois te voir lorsqu’il rit de ses bêtises.
En passant je suis allée voir Jack, non pas pour le voir, mais pour tenter d’avoir des nouvelles de toi. Malheureusement, il m’a dit que vous étiez tous tenus au secret et que je devais me faire une raison, que je ne saurais rien de ce qui se passe là bas tant que tu ne seras pas revenu, que je devais prendre mon mal en patience et que, de toute façon, je ne devais pas m’inquiéter car « pas de nouvelles, bonnes nouvelles ! ». Il m’a dit ça en riant, je te jure que je me suis tenue de ne pas le gifler en retour.
Céleste est fatiguée depuis quelques jours, elle tousse et ne veut pas que je l’ausculte. Pourtant cela pourrait mal virer, je crois qu’elle a pris un coup de froid. A moins que ce ne soit un virus quelconque, qui aura proliféré à cause de la famine qui règne ici, ce qui serait bien plus inquiétant. Au cas où, je m’oblige à prendre certaines herbes de protection et je fais bien attention à ne pas manger dans des plats ou avec des couverts qui ne seraient pas totalement sûrs. Je ne voudrais pas prendre le risque de tomber malade, car maintenant je peux te l’affirmer, je suis bien enceinte, sans doute comme je te l’ai dit, pour une naissance dans environ 7 mois et demie.
Par contre, je ne l’ai pas dit au Fort pour ne pas les alerter et mettre en question toute ta mission. Il sera bien temps de leur annoncer cette grossesse dans deux ou trois mois lorsqu’elle sera visible. Je ne voudrais pas que cela nuise à ton avancement et je pourrais toujours te suivre pendant les six premiers mois puisqu’il est prévu que je reste en arrière pour l’intendance. Enfin… j’espère que tu ne comptes pas m’écarter de cette mission sous prétexte que je suis enceinte, je te préviens, je ne suis pas du tout prête à accepter d’être mise à l’écart.
Voilà les nouvelles mon ange, j’espère que tu supportes au mieux ton entraînement et que tu me reviendras en pleine forme.
Je t’aime
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
Depuis quelques jours la tension se lisait sur son visage. Clarisse avait appris, de source sûre, que la formation de Michal touchait à sa fin. Les hommes étaient revenus d’une ultime mission en mer, apparemment tous sains et saufs au retour d’une bataille sur une île lointaine, à moins que ce ne fut sous l’eau ou dans un navire, elle n’avait pas réussi à savoir, mais on les disait victorieux et prêts à revenir dans leurs familles, et c’était ce qui lui importait.
Ne pouvant en parler à personne, elle rongeait son frein en s’activant auprès de Céleste qui avait entrepris de nourrir en grand nombre les réfugiés sortis des mines, ce qui avait nécessité beaucoup de poissons pêchés aux abords de la plage. Une fois sa propre formation suivie de bon matin au Fort des Sentinelles, Clarisse avait donc chaque jour proposé de s’acquitter de cette mission avec plaisir. Pêcher seule sur la plage lui procurait beaucoup de sérénité, ses pensées continuaient de tourner sans discontinuer dans son cerveau souvent en ébullition, mais au moins avait-elle l’impression que le vent de la mer les emportait de temps à autre et lui rendait la paix.
Depuis le départ de Michal en terres lointaines Clarisse s’était appliquée à suivre toutes les indications fournies par le régiment de Sentinelles au Fort de la Marche. Exercices d’infiltration, parties de cartes où il fallait apprendre à bluffer, art de la « diplomatie mensongère » où comment réussir à se faire passer pour une pirate malgré ses airs de noble qui lui collaient à la peau, leçons de maintien « aguicheur » et de gouaille à la mode de la Baie, tout un ensemble d’artifices ou de simulacres dont elle avait déjà eu quelques notions lorsqu’elle avait intégré le groupe d’amis de Michal, dix huit mois plus tôt.
Dire qu’elle se sentait prête était loin de la vérité. Non pas qu’elle ne comprenait pas comment être ou faire, mais son cœur l’emmenait trop loin pour que son cerveau puisse réagir aussi parfaitement qu’il aurait réagi si Michal avait été non loin d’elle. Pas une heure n’avait passé sans qu’elle se demande ce qu’il faisait, s’il allait bien, s’il surmontait ses craintes et ses angoisses, s’il lui reviendrait transformé, plus sûr de lui, comme elle le lui avait prédit, ou au contraire cassé, déçu de lui même, désemparé. Pas une heure sans se demander ce qu’il adviendrait d’elle si Michal revenait mal en point. Pas une heure sans échafauder toutes sortes de stratagèmes pour tenter de survivre s’il ne revenait pas.
Enfin, une lettre officielle arriva, annonçant le retour de la mission commando. Accompagnant la lettre au sceau du Roy, une simple petite missive sur parchemin chiffonné et plié en quatre, quelques mots griffonnés à la va vite par Michal.
S’asseyant sur le lit sous le coup d’un semi évanouissement, elle s’effondra en larmes, enfouissant sa tête dans ses mains et prenant conscience de ce qui se passait en elle. Elle avait plongé, d’être restée seule ainsi, loin de lui, pendant trois semaines à craindre le pire, sans nouvelles ou presque, elle s’était lentement laissée enfoncer dans une forme d’oubli de soi, un état d’absence, un flottement dont le petit mot griffonné venait de la sortir brusquement.
Au bout de plusieurs minutes elle put enfin se ressaisir et se relever pour ranger les vêtements qu’elle avait étalés sur le lit pour les essayer. Elle secoua doucement la tête en souriant de sa bêtise. Il serait bien trop heureux de la retrouver pour se préoccuper de sa tenue, bien trop fatigué pour vouloir autre chose que simplement la prendre dans ses bras et respirer son parfum, bien trop perdu aussi sans doute pour pouvoir même dire les mots qui se bousculeraient au bord de ses lèvres. Enfin elle inspira longuement, sentant de nouveau la vie parcourir ses membres, son souffle, son regard. Peu importaient les missions qu’ils allaient devoir remplir, les dangers et les risques qu’ils allaient courir, les aventures qu’ils vivraient ou fuiraient, ils seraient de nouveau ensemble, et c’était vraiment la seule chose qui comptait.
Ne pouvant en parler à personne, elle rongeait son frein en s’activant auprès de Céleste qui avait entrepris de nourrir en grand nombre les réfugiés sortis des mines, ce qui avait nécessité beaucoup de poissons pêchés aux abords de la plage. Une fois sa propre formation suivie de bon matin au Fort des Sentinelles, Clarisse avait donc chaque jour proposé de s’acquitter de cette mission avec plaisir. Pêcher seule sur la plage lui procurait beaucoup de sérénité, ses pensées continuaient de tourner sans discontinuer dans son cerveau souvent en ébullition, mais au moins avait-elle l’impression que le vent de la mer les emportait de temps à autre et lui rendait la paix.
Depuis le départ de Michal en terres lointaines Clarisse s’était appliquée à suivre toutes les indications fournies par le régiment de Sentinelles au Fort de la Marche. Exercices d’infiltration, parties de cartes où il fallait apprendre à bluffer, art de la « diplomatie mensongère » où comment réussir à se faire passer pour une pirate malgré ses airs de noble qui lui collaient à la peau, leçons de maintien « aguicheur » et de gouaille à la mode de la Baie, tout un ensemble d’artifices ou de simulacres dont elle avait déjà eu quelques notions lorsqu’elle avait intégré le groupe d’amis de Michal, dix huit mois plus tôt.
Dire qu’elle se sentait prête était loin de la vérité. Non pas qu’elle ne comprenait pas comment être ou faire, mais son cœur l’emmenait trop loin pour que son cerveau puisse réagir aussi parfaitement qu’il aurait réagi si Michal avait été non loin d’elle. Pas une heure n’avait passé sans qu’elle se demande ce qu’il faisait, s’il allait bien, s’il surmontait ses craintes et ses angoisses, s’il lui reviendrait transformé, plus sûr de lui, comme elle le lui avait prédit, ou au contraire cassé, déçu de lui même, désemparé. Pas une heure sans se demander ce qu’il adviendrait d’elle si Michal revenait mal en point. Pas une heure sans échafauder toutes sortes de stratagèmes pour tenter de survivre s’il ne revenait pas.
Enfin, une lettre officielle arriva, annonçant le retour de la mission commando. Accompagnant la lettre au sceau du Roy, une simple petite missive sur parchemin chiffonné et plié en quatre, quelques mots griffonnés à la va vite par Michal.
Clarisse lut et relut le message, le cœur battant, puis le fourra dans sa poche et entreprit de se préparer. Dans quelques heures, elle pourrait se blottir dans ses bras et cela la rendait presque trop fébrile, comme si elle ne l’avait pas vu depuis des mois, alors que l’absence avait à peine duré trois semaines. Elle s’arrêta tout à coup, les mains tremblantes sur une chemise qu’elle tenait à bout de bras pour en imaginer l’effet sur elle. Elle se comportait comme aux premiers jours, que se passait-il ?Voilà chaton… je rentre à la maison… j’espère que tu vas mieux… J’ai hâte de te retrouver… Je t’aime… à très vite.
S’asseyant sur le lit sous le coup d’un semi évanouissement, elle s’effondra en larmes, enfouissant sa tête dans ses mains et prenant conscience de ce qui se passait en elle. Elle avait plongé, d’être restée seule ainsi, loin de lui, pendant trois semaines à craindre le pire, sans nouvelles ou presque, elle s’était lentement laissée enfoncer dans une forme d’oubli de soi, un état d’absence, un flottement dont le petit mot griffonné venait de la sortir brusquement.
Au bout de plusieurs minutes elle put enfin se ressaisir et se relever pour ranger les vêtements qu’elle avait étalés sur le lit pour les essayer. Elle secoua doucement la tête en souriant de sa bêtise. Il serait bien trop heureux de la retrouver pour se préoccuper de sa tenue, bien trop fatigué pour vouloir autre chose que simplement la prendre dans ses bras et respirer son parfum, bien trop perdu aussi sans doute pour pouvoir même dire les mots qui se bousculeraient au bord de ses lèvres. Enfin elle inspira longuement, sentant de nouveau la vie parcourir ses membres, son souffle, son regard. Peu importaient les missions qu’ils allaient devoir remplir, les dangers et les risques qu’ils allaient courir, les aventures qu’ils vivraient ou fuiraient, ils seraient de nouveau ensemble, et c’était vraiment la seule chose qui comptait.
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
Il venait de poser ses sacs sur le quai, au milieu de la foule de badauds et de voyageurs mélangés. Penché sur un des sacs qui tombait, il était de dos mais elle le reconnut immédiatement. Sa démarche, son allure, ses gestes, tout en lui la happait déjà alors qu’elle avançait à plus de cinquante mètres, fendant lentement la foule qui remontait vers la ville.
Il se releva et se tourna, apparemment comme s’il avait senti son regard sur lui, souriant lentement à sa vue. Il avait l’air épuisé, mais son sourire était celui de l’émerveillement tendre. Elle était là, il était revenu, enfin. Une fois l’un devant l’autre, dans un même mouvement symétrique, leurs bras se croisèrent, leurs visages se caressèrent, puis leurs souffles se mêlèrent, le tout avec lenteur.
Au bout du quai elle ouvrit le coffre de la bécane pour qu’il puisse y mettre ses sacs et grimpa au volant, le laissant s’installer dans le side-car. Le plaisir de se retrouver les rendait l’un et l’autre flottants, avides de partage mais incapables de mots. Il avait l’air sous tension, elle ne voulait pas le forcer, l’inquiéter. Tant de choses à se dire et si peu de mots pour l’exprimer.
Ils rentrèrent doucement chez Céleste, elle conduisait lentement, un peu perdue, comme si elle ne connaissait pas cette route pourtant déjà prise cent fois. Elle posait quelques questions, rares, le laissant parler à son rythme, essayant de sentir s’il allait bien, s’il était encore sous le coup des émotions vécues ou plutôt de celles à venir, elle parlait peu, n’avait pas envie de lui dire combien elle avait souffert de son absence, combien elle s’était inquiétée, même si, elle s’en doutait, il devait savoir, sentir, voir même, comme elle était entre deux eaux, perdue, hésitante. Comme aux premiers jours.
Une fois rentrés dans la petite chambre sous la soupente, elle le laissa défaire ses sacs, sortir quelques babioles qu’il lui avait ramenées, reprendre ses marques. Assise sur le lit, elle attendait qu’il la prenne dans ses bras, sans oser lui montrer qu’elle ne pensait qu’à ça depuis des heures, mais que jamais elle ne saurait le lui dire.
Enfin il vint près d’elle, timide encore. Assis encore humide de la douche qu’il venait de prendre, elle soupira faiblement et se blottit dans ses bras signifiant dans un murmure qu’elle n’en pouvait plus d’attendre. Il l’enveloppa et la serra tendrement, caressant ses cheveux teints, souriant faiblement, comme étonné d’être en sa présence. «Ca te va bien… ». Elle hocha la tête, caressant sa joue. « Tu as pris des couleurs là bas… tu es presque caramel maintenant… ». Il rit légèrement. « Dis tout de suite que je suis couleur chocolat ! ». Elle prit sa joue dans la main. « Non, caramel je te dis, caramel au beurre salé, tu connais ? ».
Peu à peu les gestes tendres détendaient leurs corps, leurs craintes, leurs attentes. Leurs joues se reconnurent, effaçant les semaines d’absence. Leurs lèvres se frôlèrent, fébriles, puis se goûtèrent, timides. Enfin leurs langues se caressèrent l’une l’autre, à peine. Il avait le souffle court à cause de l’excitation qu’il sentait monter en lui, vite, trop vite, mais tellement tentant. Un millième de seconde il eu peur d’être au bord de la crise respiratoire, mais il écarta l’idée, elle était à lui, il devait la prendre. Peu à peu elle s’abandonnait, sans plus penser à rien, et le laissa la prendre, la prendre toute entière, d’un simple baiser.
La langue de Michal caressa tout d’abord l’entrée de la bouche de sa femme, tendre et timide. Puis elle s’immisça lentement à l’intérieur de cette grotte intérieure offerte, frôlant les dents, caressant peu à peu la peau humide de l’intérieur des joues, explorant les interstices, les endroits inaccessibles, se jouant de l’autre langue qui se retira au fond de la grotte pour laisser celle de Michal prendre toute la place, prendre ses aises en elle.
Offerte à cette langue qui peu à peu s’accaparait les lieux, elle le laissa la prendre lentement, l’attirer vers lui, l’emmener dans cet autre monde qui n’appartenait qu’à eux, comme si cette langue possessive était une main tendue vers la sienne et qu’il la prenait ainsi, la tirait du puits au fond duquel elle se cachait pour l’attirer vers lui, l’envelopper de ses bras et l’emporter ailleurs.
Elle explosa de jouissance dans ses bras, sans qu’il n’ait rien fait d’autre que l’emporter dans ce baiser. De la sentir ainsi s’abandonner aussi pleinement le remplit d’un désir de possession d’elle encore plus fort, si fort qu’il sentit son corps lui échapper, son souffle se serrer, ses poumons se contracter. Il posa sa main sur le tatouage puis prit le sein pleinement, se redressa en soufflant, le corps parcouru de soubresauts nerveux. La crise n’était pas passée loin, il l’aurait juré. Ces semaines de formation l’avaient touché en profondeur, et il n’avait pas fini d’en voir les effets sur lui.
Clarisse ouvrit les yeux et le regarda, désemparée. Elle se doutait que ces semaines d’éloignement auraient des incidences dans leur vie, dans leurs comportements, dans leurs attentes. Mais elle n’avait pas imaginé vivre un tel abandon. Etait ce de l’avoir tant attendu, d’avoir autant craint qu’il revienne blessé, d’avoir cru devoir se faire à l’idée qu’il ne reviendrait pas ?
Ils se regardèrent longuement, aussi désemparé l’un que l’autre ; l’un et l’autre de se sentir aussi vulnérables dans leurs corps, de différente façon ; l’un et l’autre de comprendre combien ces trois semaines d’apparence anodine avaient profondément chamboulé leur vie. Michal s’allongea près de sa femme qui se blottit dans ses bras en soupirant faiblement, leurs souffles s’accordèrent, leurs yeux se fermèrent, ils se laissèrent couler dans le sommeil quelques minutes.
Lorsqu’ils s’éveillèrent un peu plus tard, l’intensité de leur baiser les entraina très vite aux confins d’un rivage où les corps emmêlés exprimaient enfin toute la violence de leur désir.
Il se releva et se tourna, apparemment comme s’il avait senti son regard sur lui, souriant lentement à sa vue. Il avait l’air épuisé, mais son sourire était celui de l’émerveillement tendre. Elle était là, il était revenu, enfin. Une fois l’un devant l’autre, dans un même mouvement symétrique, leurs bras se croisèrent, leurs visages se caressèrent, puis leurs souffles se mêlèrent, le tout avec lenteur.
Au bout du quai elle ouvrit le coffre de la bécane pour qu’il puisse y mettre ses sacs et grimpa au volant, le laissant s’installer dans le side-car. Le plaisir de se retrouver les rendait l’un et l’autre flottants, avides de partage mais incapables de mots. Il avait l’air sous tension, elle ne voulait pas le forcer, l’inquiéter. Tant de choses à se dire et si peu de mots pour l’exprimer.
Ils rentrèrent doucement chez Céleste, elle conduisait lentement, un peu perdue, comme si elle ne connaissait pas cette route pourtant déjà prise cent fois. Elle posait quelques questions, rares, le laissant parler à son rythme, essayant de sentir s’il allait bien, s’il était encore sous le coup des émotions vécues ou plutôt de celles à venir, elle parlait peu, n’avait pas envie de lui dire combien elle avait souffert de son absence, combien elle s’était inquiétée, même si, elle s’en doutait, il devait savoir, sentir, voir même, comme elle était entre deux eaux, perdue, hésitante. Comme aux premiers jours.
Une fois rentrés dans la petite chambre sous la soupente, elle le laissa défaire ses sacs, sortir quelques babioles qu’il lui avait ramenées, reprendre ses marques. Assise sur le lit, elle attendait qu’il la prenne dans ses bras, sans oser lui montrer qu’elle ne pensait qu’à ça depuis des heures, mais que jamais elle ne saurait le lui dire.
Enfin il vint près d’elle, timide encore. Assis encore humide de la douche qu’il venait de prendre, elle soupira faiblement et se blottit dans ses bras signifiant dans un murmure qu’elle n’en pouvait plus d’attendre. Il l’enveloppa et la serra tendrement, caressant ses cheveux teints, souriant faiblement, comme étonné d’être en sa présence. «Ca te va bien… ». Elle hocha la tête, caressant sa joue. « Tu as pris des couleurs là bas… tu es presque caramel maintenant… ». Il rit légèrement. « Dis tout de suite que je suis couleur chocolat ! ». Elle prit sa joue dans la main. « Non, caramel je te dis, caramel au beurre salé, tu connais ? ».
Peu à peu les gestes tendres détendaient leurs corps, leurs craintes, leurs attentes. Leurs joues se reconnurent, effaçant les semaines d’absence. Leurs lèvres se frôlèrent, fébriles, puis se goûtèrent, timides. Enfin leurs langues se caressèrent l’une l’autre, à peine. Il avait le souffle court à cause de l’excitation qu’il sentait monter en lui, vite, trop vite, mais tellement tentant. Un millième de seconde il eu peur d’être au bord de la crise respiratoire, mais il écarta l’idée, elle était à lui, il devait la prendre. Peu à peu elle s’abandonnait, sans plus penser à rien, et le laissa la prendre, la prendre toute entière, d’un simple baiser.
La langue de Michal caressa tout d’abord l’entrée de la bouche de sa femme, tendre et timide. Puis elle s’immisça lentement à l’intérieur de cette grotte intérieure offerte, frôlant les dents, caressant peu à peu la peau humide de l’intérieur des joues, explorant les interstices, les endroits inaccessibles, se jouant de l’autre langue qui se retira au fond de la grotte pour laisser celle de Michal prendre toute la place, prendre ses aises en elle.
Offerte à cette langue qui peu à peu s’accaparait les lieux, elle le laissa la prendre lentement, l’attirer vers lui, l’emmener dans cet autre monde qui n’appartenait qu’à eux, comme si cette langue possessive était une main tendue vers la sienne et qu’il la prenait ainsi, la tirait du puits au fond duquel elle se cachait pour l’attirer vers lui, l’envelopper de ses bras et l’emporter ailleurs.
Elle explosa de jouissance dans ses bras, sans qu’il n’ait rien fait d’autre que l’emporter dans ce baiser. De la sentir ainsi s’abandonner aussi pleinement le remplit d’un désir de possession d’elle encore plus fort, si fort qu’il sentit son corps lui échapper, son souffle se serrer, ses poumons se contracter. Il posa sa main sur le tatouage puis prit le sein pleinement, se redressa en soufflant, le corps parcouru de soubresauts nerveux. La crise n’était pas passée loin, il l’aurait juré. Ces semaines de formation l’avaient touché en profondeur, et il n’avait pas fini d’en voir les effets sur lui.
Clarisse ouvrit les yeux et le regarda, désemparée. Elle se doutait que ces semaines d’éloignement auraient des incidences dans leur vie, dans leurs comportements, dans leurs attentes. Mais elle n’avait pas imaginé vivre un tel abandon. Etait ce de l’avoir tant attendu, d’avoir autant craint qu’il revienne blessé, d’avoir cru devoir se faire à l’idée qu’il ne reviendrait pas ?
Ils se regardèrent longuement, aussi désemparé l’un que l’autre ; l’un et l’autre de se sentir aussi vulnérables dans leurs corps, de différente façon ; l’un et l’autre de comprendre combien ces trois semaines d’apparence anodine avaient profondément chamboulé leur vie. Michal s’allongea près de sa femme qui se blottit dans ses bras en soupirant faiblement, leurs souffles s’accordèrent, leurs yeux se fermèrent, ils se laissèrent couler dans le sommeil quelques minutes.
Lorsqu’ils s’éveillèrent un peu plus tard, l’intensité de leur baiser les entraina très vite aux confins d’un rivage où les corps emmêlés exprimaient enfin toute la violence de leur désir.
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
Ainsi donc il était nommé Amiral de la Flotte de l’Alliance sans avoir à faire toute cette suite de missions d’infiltration à Baie du Butin ? Mais pourquoi avait-elle dû faire cette formation au Fort ? Qu’était-ce donc que cette histoire de mensonges à haut niveau ? En quoi Jack les avait-il vraiment bernés ? Pourquoi avoir dû changer d’identité si ce n’était pas pour infiltrer la Voile Sanglante ? Comment pouvait-on nommer un homme à un si haut niveau après une formation aussi courte ? Quel était donc leur avenir ? Où tout cela les avait-il menés ?
Isabel Brinx, puisque c’est ainsi qu’elle devrait ainsi se présenter désormais, observait le Grand Amiral Jes-Tereth, la dirigeante de la flotte de l’Alliance, missionnée au Donjon de Hurlevent malgré son tabard aux couleurs de Theramore. La femme aux cheveux courts et aux gestes vifs avait sorti une cigarette d’une petite boîte argentée, l’avait allumée d’une allumette frottée contre la table en bois de la petite salle d’archives où elle recevait «Les époux Brinx», avait tiré une longue bouffée en fermant les yeux et exhalait maintenant longuement la fumée qui s’étirait en volutes vers le plafond. Elle se redressa d’un bond, posant vivement sa main sur le parchemin qu’elle avait déroulé. « Bien ! Donc…. »
Un peu de fumée arrivant jusqu’à elle, Isabel toussota, passant discrètement sa main devant son visage. Chandler tourna rapidement le visage vers sa femme, fronça les sourcils et s’adressa à l’Amiral, l’interrompant. « Vous pourriez éteindre votre cigarette, je vous prie, ma femme est enceinte et ne supporte pas la fumée ». Voyant son époux intervenir alors que la femme était déjà si désagréable, Isabel avait sursauté, lui faisant signe que ce n’était pas grave, mais Chandler avait continué d’un ton ferme et sans appel. La femme l’avait regardé longuement, arquant un sourcil interrogateur, puis amusé.
« Je vois que ce qui est inscrit dans votre dossier peut se vérifier à l’œil nu, en dehors de cette métamorphose capillaire qui vous rend méconnaissable et qui est une excellente idée, ceci dit en passant… ». Elle le regardait dans les yeux, rangeant sa petite boîte argentée dans une poche intérieure de son gilet. « Vous n’êtes plus le… saltimbanque que vous avez été. Et cela me satisfait grandement de pouvoir le constater par moi même ». Chandler tiqua légèrement de l’œil mais ne bougea pas. Isabel sursauta. « Saltimbanque… Comme vous y allez… tout de même, nous avons tenu une auberge honorable et… ». La femme tapa légèrement du poing sur la table, changeant d’interlocuteur.
« Dame… Brinx. Voulez vous que je vous sorte la totalité du dossier d’un certain … Michal Loumis ? Vous seriez certainement très étonnée d’en lire certaines pages, car nous tenons des comptes très précis de toutes les activités des citoyens de cette ville, quand bien même ils sont allés se terrer au loin, comme par exemple à Baie du Butin ou autre... Vous me comprenez ? ». Isabel coula un regard vers Chandler, se mordillant l’intérieur de la joue, puis regarda la femme en hochant très légèrement la tête. La femme esquissa un sourire amusé, prenant en main le parchemin sur lequel elle nota rapidement quelques mots. « Vous avez bien fait de changer d’identité, Docteur Brinx, croyez moi. Rien n’aurait été possible sinon ».
Elle relut ce qu’elle avait écrit puis enroula le parchemin avant de le tendre à Chandler. « Voilà votre affectation, présentez vous au port devant le recruteur Burns. Comme vous le verrez, j’ai demandé à ce que votre épouse puisse vous suivre, elle est affectée sur le même navire, sous vos ordres, comme médecin de bord ». Elle se tourna vers Isabel tandis que Chandler prenait le parchemin, légèrement abasourdi. « Il y a de grands besoins en médecine généraliste, vous verrez. Les temps sont rudes et les médecins que j’ai envoyés au front récemment ont eu, presque tous, la fâcheuse idée de se servir en alcool fort dans les réserves. ». Elle remit ses gants et se leva, parlant d’un ton badin. « Je gage que vous n’allez pas vous planquer dans les cales pour vider les caisses de rhum du Roy… Dame Brinx… je me trompe ? ».
Sans attendre la réponse, elle les salua d’un signe de tête et d’un claquement de talons, puis elle les laissa sans plus un mot dans la petite salle où ils se trouvaient. Isabel s’était empourprée et se leva, clignant des yeux. Chandler se redressa lentement, serrant un peu trop fort le parchemin entre ses doigts. « J’ai besoin de prendre l’air… et vite. Viens ». Il prit la main d’Isabel et l’entraîna à sa suite, marchant d’un pas rapide vers la sortie du Donjon. « Jack nous a vraiment bernés alors ? … Je n’ai pas compris grand chose mon ange…. ». Isabel courait plus qu’elle ne marchait derrière lui. « Je te rassure tout de suite, moi non plus ».
Une fois dehors il aspira un grand bol d’air en soupirant, lâcha la main de sa femme après l’avoir embrassée simplement, puis il déroula le parchemin, le lisant attentivement. Isabel le regardait, légèrement tendue. « Alors ? ». Il relut le parchemin et enfin, pour la première fois de cette journée mémorable, commença à sourire. « Alors….. et bien…. C’est écrit là… Me voilà effectivement Amiral, à compter de ce jour. »
Isabel Brinx, puisque c’est ainsi qu’elle devrait ainsi se présenter désormais, observait le Grand Amiral Jes-Tereth, la dirigeante de la flotte de l’Alliance, missionnée au Donjon de Hurlevent malgré son tabard aux couleurs de Theramore. La femme aux cheveux courts et aux gestes vifs avait sorti une cigarette d’une petite boîte argentée, l’avait allumée d’une allumette frottée contre la table en bois de la petite salle d’archives où elle recevait «Les époux Brinx», avait tiré une longue bouffée en fermant les yeux et exhalait maintenant longuement la fumée qui s’étirait en volutes vers le plafond. Elle se redressa d’un bond, posant vivement sa main sur le parchemin qu’elle avait déroulé. « Bien ! Donc…. »
Un peu de fumée arrivant jusqu’à elle, Isabel toussota, passant discrètement sa main devant son visage. Chandler tourna rapidement le visage vers sa femme, fronça les sourcils et s’adressa à l’Amiral, l’interrompant. « Vous pourriez éteindre votre cigarette, je vous prie, ma femme est enceinte et ne supporte pas la fumée ». Voyant son époux intervenir alors que la femme était déjà si désagréable, Isabel avait sursauté, lui faisant signe que ce n’était pas grave, mais Chandler avait continué d’un ton ferme et sans appel. La femme l’avait regardé longuement, arquant un sourcil interrogateur, puis amusé.
« Je vois que ce qui est inscrit dans votre dossier peut se vérifier à l’œil nu, en dehors de cette métamorphose capillaire qui vous rend méconnaissable et qui est une excellente idée, ceci dit en passant… ». Elle le regardait dans les yeux, rangeant sa petite boîte argentée dans une poche intérieure de son gilet. « Vous n’êtes plus le… saltimbanque que vous avez été. Et cela me satisfait grandement de pouvoir le constater par moi même ». Chandler tiqua légèrement de l’œil mais ne bougea pas. Isabel sursauta. « Saltimbanque… Comme vous y allez… tout de même, nous avons tenu une auberge honorable et… ». La femme tapa légèrement du poing sur la table, changeant d’interlocuteur.
« Dame… Brinx. Voulez vous que je vous sorte la totalité du dossier d’un certain … Michal Loumis ? Vous seriez certainement très étonnée d’en lire certaines pages, car nous tenons des comptes très précis de toutes les activités des citoyens de cette ville, quand bien même ils sont allés se terrer au loin, comme par exemple à Baie du Butin ou autre... Vous me comprenez ? ». Isabel coula un regard vers Chandler, se mordillant l’intérieur de la joue, puis regarda la femme en hochant très légèrement la tête. La femme esquissa un sourire amusé, prenant en main le parchemin sur lequel elle nota rapidement quelques mots. « Vous avez bien fait de changer d’identité, Docteur Brinx, croyez moi. Rien n’aurait été possible sinon ».
Elle relut ce qu’elle avait écrit puis enroula le parchemin avant de le tendre à Chandler. « Voilà votre affectation, présentez vous au port devant le recruteur Burns. Comme vous le verrez, j’ai demandé à ce que votre épouse puisse vous suivre, elle est affectée sur le même navire, sous vos ordres, comme médecin de bord ». Elle se tourna vers Isabel tandis que Chandler prenait le parchemin, légèrement abasourdi. « Il y a de grands besoins en médecine généraliste, vous verrez. Les temps sont rudes et les médecins que j’ai envoyés au front récemment ont eu, presque tous, la fâcheuse idée de se servir en alcool fort dans les réserves. ». Elle remit ses gants et se leva, parlant d’un ton badin. « Je gage que vous n’allez pas vous planquer dans les cales pour vider les caisses de rhum du Roy… Dame Brinx… je me trompe ? ».
Sans attendre la réponse, elle les salua d’un signe de tête et d’un claquement de talons, puis elle les laissa sans plus un mot dans la petite salle où ils se trouvaient. Isabel s’était empourprée et se leva, clignant des yeux. Chandler se redressa lentement, serrant un peu trop fort le parchemin entre ses doigts. « J’ai besoin de prendre l’air… et vite. Viens ». Il prit la main d’Isabel et l’entraîna à sa suite, marchant d’un pas rapide vers la sortie du Donjon. « Jack nous a vraiment bernés alors ? … Je n’ai pas compris grand chose mon ange…. ». Isabel courait plus qu’elle ne marchait derrière lui. « Je te rassure tout de suite, moi non plus ».
Une fois dehors il aspira un grand bol d’air en soupirant, lâcha la main de sa femme après l’avoir embrassée simplement, puis il déroula le parchemin, le lisant attentivement. Isabel le regardait, légèrement tendue. « Alors ? ». Il relut le parchemin et enfin, pour la première fois de cette journée mémorable, commença à sourire. « Alors….. et bien…. C’est écrit là… Me voilà effectivement Amiral, à compter de ce jour. »
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
La nouvelle ne lui était pas parvenue… Comment avaient-ils pu le laisser sans nouvelles alors qu’elle agonisait loin de lui… Comment se pouvait-il qu’il ne l’ait pas senti… Comment tout cela était-il possible…
Son fils dans les bras, devant la tombe où se trouvait l’amour de sa vie, enfouie là sans qu’il ait pu la voir une dernière fois, Michal sanglotait comme un enfant, perdu et seul au milieu de la foule.
A quoi bon avoir fait tout ce chemin pour reconquérir une nouvelle honorabilité, puisque de ce fait il avait été absent… l’horreur de sa situation le rendait fou de douleur.
Si Dustin n’avait pas été là, il aurait su que faire, se jeter sous le tram ou s’engager sur le front en espérant y mourir, mais là, il devait rester fort. Pour lui, pour son fils.
Il serra le petit garçon dans ses bras en essuyant ses larmes, essayant de retrouver un semblant de respectabilité pour ressortir du cimetière. Puis il rentra chez lui, le cœur vide, la tête pleine de souvenirs, se demandant bien comment il allait surmonter tout ça.
Son fils dans les bras, devant la tombe où se trouvait l’amour de sa vie, enfouie là sans qu’il ait pu la voir une dernière fois, Michal sanglotait comme un enfant, perdu et seul au milieu de la foule.
A quoi bon avoir fait tout ce chemin pour reconquérir une nouvelle honorabilité, puisque de ce fait il avait été absent… l’horreur de sa situation le rendait fou de douleur.
Si Dustin n’avait pas été là, il aurait su que faire, se jeter sous le tram ou s’engager sur le front en espérant y mourir, mais là, il devait rester fort. Pour lui, pour son fils.
Il serra le petit garçon dans ses bras en essuyant ses larmes, essayant de retrouver un semblant de respectabilité pour ressortir du cimetière. Puis il rentra chez lui, le cœur vide, la tête pleine de souvenirs, se demandant bien comment il allait surmonter tout ça.
Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
...........
Je n'aurais pas du aller voir cette femme sans Michal...mais qui pouvait prévoir que nous nous ferions attaquer en sortant de l'auberge... Il n'était pas si tard...comme je m'en veux de le faire souffrir autant, je crois que c'est mon plus grand regret... Rien sur cette terre, ni personne au monde, ne semblaient susceptibles de me pousser à lui faire du mal un jour... Pourtant c'est ce que j'ai fait, bien malgré moi, qui plus est en voulant bien faire...
Pourtant tout allait pour le mieux, ce nouveau travail, cette nouvelle vie qui s'annonçait, le bébé qui grandissait en moi, cette nouvelle identité qui commençait à nous plaire...
Pourquoi ai-je répondu à l'appel de Reese, il devait rentrer le lendemain,il me suffisait d'attendre Michal sagement à la maison, et de le laisser gérer seul cette affaire.
"J'ai là une jeune femme qui dit être la sœur de Michal. Elle arrive de Theramore et vous cherche depuis des semaines… Vous pourriez passer à l’auberge pour la voir ? Je ne veux pas lui donner votre nouvelle identité sans que vous l’avez vue… Ma fille me dit qu’elle a le même regard que Michal, il se pourrait que ce soit vrai… ».
Qu’aurais je dû faire ? Dustin dormait à poings fermés, il était encore tôt dans la soirée, cette « sœur de Michal » m’intriguait, j’y suis allée. Je l’ai vue, j’ai su tout de suite, à son regard, ses yeux, les petites mimiques de son visage, qu’elle disait vrai. Elle était bien la petite sœur de Michal, une sœur qu’il avait oubliée parce qu’elle venait de naître lorsque sa famille avait été attaquée, une sœur qui ne le connaissait pas encore mais rêvait de le rencontrer, une jeune femme touchante de détresse de se savoir depuis peu la sœur d’un autre que les frères qu’elle côtoyait chez elle, à Theramore, dans sa famille d’adoption, depuis plus de 20 ans.
Elle a bien essayé de me sauver, lorsqu’ils ont attaqué, et elle y serait parvenue, si je n’étais pas tombée sur les marches au bord du canal. Au moins a-t-elle réussi à survivre, Michal ne sera pas seul dans sa peine.
Oh, mon ange, si tu savais comme je regrette de ne pas t’avoir attendu. Je serais là à tes côtés, endormie dans tes bras au lieu de te regarder du haut de ce monde où je peux te voir et t’entendre mais toi non. Je te vois souffrir et errer comme une âme en peine, j’aimerais juste que tu essayes de vivre en paix avec toi même. Je serai toujours à tes côtés, invisible mais aimante, prête à t’aider, par tous les moyens. J’ai réussi à écrire un petit mot à Heythe, pour qu’elle veille un peu sur toi, je compte sur elle pour ne pas te laisser sombrer.
Je serai toujours là, mon ange, il te suffira de penser à moi et je serai près de toi…
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Clarisse Loumis
Re: Pour une nouvelle honorabilité.
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Mon ange… je te vois tu sais, je t’observe, je t’entends, je t’écoute même dans tes silences… je t’ai vu tenter de croire avec ce vieil ami que tu aurais pu aller voir Heythe sans que cela porte à conséquence, juste « pour passer du temps ensemble et parler librement », parce que la vie avec moi te pesait et tu n’osais rien dire… comme je me suis sentie lourde dans ton coeur à ce moment là... il était temps que je m’en aille, et la vie sait bien ce qu’il nous faut, car mon temps arrivait à son terme et la maladie m’a rattrapée.
C’est vrai, j’ai été pesante, il le fallait, pour te sauver de toi même, mais je n’ai pas été « possessive » comme tu l’as dit à Heythe … jalouse, oui, beaucoup trop certainement, mais pas possessive … par ma présence, je n’ai fait que t’aider à être toi même, et il est vrai que parfois c’est devenu difficile, entre nous… mais je n’ai toujours voulu que ton bien, et je sais que tu le sais, c’est ce qui rendait notre vie si étrange les derniers temps…
Mon ange… tu t’es obligé toi même à te mettre à l’écart pour cesser d’aller et venir en étant sans cesse à l’affût d’une bêtise à faire, d’un dérapage à acter, d’une parole qui te dépasserait … tu l’as fait pour moi, c’est vrai, parce que cela me blessait de te voir être aussi différent de ce que je savais de toi … parce que mon regard, mon attention de chaque instant te le criait, tu étais et tu es une bonne personne, il nous aura fallu un an et demie de présence intense l’un à l’autre pour qu’enfin tu en prennes conscience et le vive.. Mais jamais je n’ai voulu t’empêcher d’être, bien au contraire …
Tu sais, même si très vite j’aurais aimé l’oublier, faire comme si tout cela pouvait durer éternellement dans cette vie, même si, du moment où je t’ai vu sur ce petit banc j’ai souhaité ardemment vivre avec toi sans barrières, sans craintes, sans regarder autour de nous, j’ai toujours su, au fond de moi, que je ne serai qu’un moment dans ta vie, le moment de ta renaissance, peut-être aussi quelque part de la mienne, mais par des chemins différents, pour que je puisse m’en aller paisible et te laisser vivre ta vie avec une autre, une fois que tu serais devenu celui que tu devais être, celui que tu es devenu.
Mon ange… quand je suis arrivée en ville ce jour de décembre 30, j’étais au plus mal, je ne le cachais pas, j’étais à deux doigts de mettre fin prématurément à mes jours, je me savais condamnée et plus rien ne me retenait à la vie, plus rien ne me donnait le désir d’avoir une présence parmi vous, je venais de passer les pires moments de ma vie, un automne catastrophique, où je serais morte à moi même si je n’avais pas, dans un ultime sursaut d’espoir, tenté de vivre encore quelques mois avant de m’effacer à jamais. Et tu es apparu, et tu as rallumé la flamme qui s’éteignait en moi d’un simple rire, d’un simple regard, d’une simple partie de dés … Tu m’as offert les plus beaux, les plus merveilleux, les plus intenses moments de toute ma vie, tu m’as permis de finir mon parcours en beauté, d’oublier que j’étais appelée à disparaître un jour, de me préparer à ce dernier jour que je savais être proche.
Mon amour … … tu as appris avec moi qui tu étais … tu l’as fait, tu t’es poussé à l’être par amour pour moi, parfois au prix de réelles et intimes douleurs … j’ai tout accepté, je ne regrette rien, c’était mon vœu le plus cher … aujourd’hui, enfin, tu es devenu celui que tu devais être, entier, fort, enthousiaste, vibrant, lumineux, vrai.
Sois heureux là où tu dois être, tu le mérites, et elle saura t’accompagner sur ce nouveau chemin qui t’attend, je le sais. Souviens toi de cette question que tu m’as posée ce tout premier soir de notre si belle histoire. « C’quoi pour vous, la plus grande preuve d’amour ? ». Tu as répondu pour moi. « Laisser partir c’lui ou celle qu’on aime avec un autre pour son bien, parce que c’est là qu’il s’ra heureux ».
Adieu mon ange, vis ta vie, comme tu la mérites, une vie simple et complète avec une femme qui n’a pas voué sa vie à la tienne comme je l’ai fait, c’est ce dont tu as besoin désormais, et elle saura être celle là. Je t’aime.
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Clarisse Loumis
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