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Message  Srem Mer 08 Aoû 2012, 15:10

Au coin d'une colline, avec en guise de compagnie quelques frères d'arme, deux misérables tentes, un feu de camp et quelques arbres à l'air meurtri, Ashbane observait le sol dans la posture du cadet portant la bouteille de pinard d'une main hasardeuse.
Les minutes passèrent, filèrent et les émotions ne cessèrent de s'intervertir. Tantôt souriant tantôt compatissant, le Champion écoutait les aventures que content ses collègues. Quelques gorgées de trop lui valaient un gémissement désapprobateur lorsqu'une vie était arrachée, un encouragement fougueux lorsqu'au contraire le mal était vaincu, et quelques ricanements fraternels quand la pomme du marchand venait de se faire voler. Nul doute, il vivait ces récits. Il connaissait ses hommes comme sa propre famille puis qu’après tout, là étaient ses vestiges ; et pouvait ainsi affirmer que tous les mots échangés autour de ce rendez-vous insolite étaient vrais, avaient été vécus.
Vint alors son tour. Il daigna lever ses yeux vers les siens, et put voir dans les leurs une pointe d'admiration, d'impatience. Ces fiers soldats semblaient au moment présent aussi inoffensifs que des chatons, aussi gourmands et capricieux que des enfants devant le marchand de glaces. Sonor ricana, et leur demanda sur un ton biaisé ce qu'ils souhaitaient entendre. Le mot « cauchemar » se répéta inlassablement, et il ricana. En d'autres circonstances, il n'aurait pas accepté d'en parler. Mais le cocon qui venait de se former à base d'amitié, d'alcool et de nature l'obnubilait. Il fit signe à son bras-droit, qui demanda sur un ton amical quoique ferme le silence. Il se fit sans plus tarder, et le Vengeur se leva dans les tintements métalliques caractéristiques de son armure. Il posa son derrière sur la souche d'arbre contre laquelle il était à moitié posé quelques minutes plus tôt, et se pencha en avant sur le ton de la confidence, laissant ses coudes toucher ses cuisses.
« J'observe le ciel, il est noir et ne m'inspire pas confiance. Je baisse les yeux, et découvre le domaine à feu et à sang. Devant moi se tiennent mes fiers soldats qui se battent contre des monstres. Poilus, titanesques et bestiaux. J'entends alors le Seigneur m'appeler, me hurler. Je cherche, et le vois face à la plus grande de ces créatures. » Il fit une pause, les soldats écarquillant brièvement les yeux. Ashbane les regarda l'un après l'autre, et au fond de leurs orbites se lisait l'insatiable désir d'entendre la suite. Il ne se fit donc pas prier, ingurgitant tout de même deux gorgées avant de poursuivre.
« Je serre fermement ma main contre le manche de mon estramaçon, et je m'élance avec toute la fureur dont la nature m'a doté. Je me sens alors comme la justice, comme le courroux. Inébranlable et vengeur, approchant sa cible sans fléchir une seconde. Puis tout se chamboule. Une vive douleur me vient au bras droit » Il le tapota d'une main molle. « Le sol se penche dangereusement sur le côté, puis je me rends compte que c'est moi qui suis en train de tomber. Mon regard se porte instinctivement à trois heures, et j'aperçois des yeux luminescents. Je me sens alors comme une proie, comme vulnérable si ce n'est impuissant. Je percute le sol, et vois mon bras droit perforé par les griffes de la bête. Le Seigneur hurle toujours au secours, je laisse alors ma joue gauche toucher le sol, et observe en biais notre père. Il est soulevé à un demi-mètre du sol, tenu par la gorge comme une brebis. Puis la créature leva son autre patte, lui ouvrant la gorge d'un geste précis. Il s'en écoule un flot abominable de sang, la tête pendant alors au corps comme une vulgaire marionnette désarticulée. Le pourpre s'étale au sol, et prend petit à petit la forme d'un spectre abominable, formé d'hémoglobine et de terreur. Des cornes, un visage dément et des serres monstrueuses. Elle m'observe un bref instant, puis se tourne vers le domaine que je parviens encore à distinguer, tout en haut du relief, bien après le creux. Elle s'y dirige alors, la flaque lui servant de pied-à-terre se mouvant d'une grâce tentaculaire. Au fur et à mesure de son avancée, je vois le sang des cadavres de mes soldats quitter leur hôte pour se joindre à l'effroi incarné. La bête sauvage qui m'écrase me force à tourner la tête vers elle. Je l'observe dans les yeux, et ne sent plus mes membres. Je la vois alors lever fièrement sa main griffue vers le ciel, avant de l'abattre sur moi.
C'est alors que je me réveille. »
Srem
Srem


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