Dialogues
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Dialogues
L’hymne des morts qu’est le silence laisse peu de place à la vanité des vivants. Même les quelques mésanges qui avaient installés leur nid dans les arbres parsemant le cimetière restaient muettes, respectant l’aube se levant sur le dernier royaume des disparus.
Leurs demeures s’élevaient du sol, formant des allées dégagées, autant de pierres tombales strictement alignées. Le vent léger agitait l’herbe humide de la rosée matinale. C’était l’un de ces tableaux de paix, une vision apaisante malgré ses acteurs morbides. La sérénité des lieux contrastait avec son coté morbide, mettant mal à l’aise le plus brave.
Le cimetière d’Hurlevent accueillait grand nombre d’hôte, et la qualité de l’établissement se valait par le faible nombre de réclamation de ses occupant, aimait à dire Onrik le croque-mort, employé de la ville. Il était le seul à aimer vadrouiller au petit matin, pelle sur l’épaule, sifflotant un air guilleret en vérifiant qu’aucun sans-abris n’était venu faire de « son petit jardin » comme il l’appelait, un hôtel pour la nuit.
Après avoir fait plusieurs fois le tour des allées ouest, il se rendit sur les tombes garnissant la berge du lac, et quel ne fut pas son étonnement de remarquer qu’il n’était pas seul. Non pas l’un des patrouilleurs lobotomisés qui parcouraient neuf cent fois le même chemin par jour, non, mais un potentiel client ! Comme la plupart des habitants de la ville, certes, mais il en faut peu pour se réjouir.
L’homme venait de s’engager dans l’une des allées extérieures, suivant le chemin de terre battue, longeant d’un pas rapide les rangées ordonnées. Il portait sur ses épaules une lourde cape faite d’une épaisse fourrure grisâtre, peau de worg ou de loup, masquant en partie sa silhouette. A chaque pas, les battements du tissu dévoilaient une tenue faite de cuir et de maille, dont la multitude de détails gravés échappaient à l’œil du croque-mort dans la semi-pénombre de l’aube naissante. A ses flancs se balançaient deux haches courtes, aux courbes agressives et aux tranchants dentelés. Chacune reliée par un chainon de bronze, la surface des lames polies renvoyant l’éclat de runes ciselée à même l’acier. Les deux épaulières qu’ils portaient élargissaient sa carrure, tout en servant d’accroche à la cape lupine. Chaque spalière à demi couverte était garnit de larges piques, comme les épines d’une carapace, tant destinée à se défendre qu’a attaquer. Les pièces d’armure, bien qu’imposantes, ne gênaient en rien ses mouvements, et son visage se tournait parfois vers les alentours, dardant sur le cimetière un regard acéré, l’éclat azur de ses yeux abritant une flamme sauvage, à peine contenue.
De chaque coté de son visage, sa chevelure s’évadait en crinière épaisse, nouée à son front par un bandeau de soie noire. L’ébène de sa chevelure d’autrefois était aujourd’hui marquée de tempes grisonnantes d’un homme à l’aube de l’âge mur. De légères rides marquaient le coin de ses yeux, marquant la quarantaine entamée.
Il marcha quelques minutes, jusqu'à se retrouver devant une tombe particulière, qu’il fixa quelques instants avant de se laisser tomber à genoux. Sa main gantée de maille commença par arracher les mauvaises herbes et la mousse qui poussaient sur le granit, avant de frotter la pierre du pan de sa cape. Tout en prenant soin de la stèle, sa voix s’éleva dans les airs, sourde et basse, presque un grondement aux intonations rocailleuses.
« …. Lorgan apprend de jour en jour. Il s’épanouit, tu serais fière de lui, Lisa. Il prend soin de sa petite sœur avec beaucoup de cœur, et fait honneur à son nom. Il a ton regard, et ta volonté. »
L’homme détacha de son poignet un chapelet de seize pierres aux couleurs vives, opale, améthyste, rubis… et le porta à ses lèvres, y déposant un baiser. Puis de sa main, il s’affaira à creuser le sol, retournant la terre devant la pierre tombale.
« Je n’aurais pas de mal à lui apprendre. Mais sans faire pour lui les choix important dont bien souvent les pères privent les fils. Heliven lui offre peut être cela, ce lâcher prise dont ma conscience peine à se défaire. Marque de Lordaeron, de Sheppard et… »
Le belluaire secoua la tête, déposant doucement le chapelet dans le trou creusé. Il s’apprêta à prier, puis finalement, se contenta d’un grondement sourd, avant de recouvrir le présent, l’enterrant aux cotés de Lisa. Il se releva lentement, prenant appui sur son genou, et contempla la tombe de sa première épouse avec tendresse. La pulpe de ses doigts caressa une dernière fois le granit, avant qu’il ne tourne les talons, laissant les morts à leur repos légitime.
Leurs demeures s’élevaient du sol, formant des allées dégagées, autant de pierres tombales strictement alignées. Le vent léger agitait l’herbe humide de la rosée matinale. C’était l’un de ces tableaux de paix, une vision apaisante malgré ses acteurs morbides. La sérénité des lieux contrastait avec son coté morbide, mettant mal à l’aise le plus brave.
Le cimetière d’Hurlevent accueillait grand nombre d’hôte, et la qualité de l’établissement se valait par le faible nombre de réclamation de ses occupant, aimait à dire Onrik le croque-mort, employé de la ville. Il était le seul à aimer vadrouiller au petit matin, pelle sur l’épaule, sifflotant un air guilleret en vérifiant qu’aucun sans-abris n’était venu faire de « son petit jardin » comme il l’appelait, un hôtel pour la nuit.
Après avoir fait plusieurs fois le tour des allées ouest, il se rendit sur les tombes garnissant la berge du lac, et quel ne fut pas son étonnement de remarquer qu’il n’était pas seul. Non pas l’un des patrouilleurs lobotomisés qui parcouraient neuf cent fois le même chemin par jour, non, mais un potentiel client ! Comme la plupart des habitants de la ville, certes, mais il en faut peu pour se réjouir.
L’homme venait de s’engager dans l’une des allées extérieures, suivant le chemin de terre battue, longeant d’un pas rapide les rangées ordonnées. Il portait sur ses épaules une lourde cape faite d’une épaisse fourrure grisâtre, peau de worg ou de loup, masquant en partie sa silhouette. A chaque pas, les battements du tissu dévoilaient une tenue faite de cuir et de maille, dont la multitude de détails gravés échappaient à l’œil du croque-mort dans la semi-pénombre de l’aube naissante. A ses flancs se balançaient deux haches courtes, aux courbes agressives et aux tranchants dentelés. Chacune reliée par un chainon de bronze, la surface des lames polies renvoyant l’éclat de runes ciselée à même l’acier. Les deux épaulières qu’ils portaient élargissaient sa carrure, tout en servant d’accroche à la cape lupine. Chaque spalière à demi couverte était garnit de larges piques, comme les épines d’une carapace, tant destinée à se défendre qu’a attaquer. Les pièces d’armure, bien qu’imposantes, ne gênaient en rien ses mouvements, et son visage se tournait parfois vers les alentours, dardant sur le cimetière un regard acéré, l’éclat azur de ses yeux abritant une flamme sauvage, à peine contenue.
De chaque coté de son visage, sa chevelure s’évadait en crinière épaisse, nouée à son front par un bandeau de soie noire. L’ébène de sa chevelure d’autrefois était aujourd’hui marquée de tempes grisonnantes d’un homme à l’aube de l’âge mur. De légères rides marquaient le coin de ses yeux, marquant la quarantaine entamée.
Il marcha quelques minutes, jusqu'à se retrouver devant une tombe particulière, qu’il fixa quelques instants avant de se laisser tomber à genoux. Sa main gantée de maille commença par arracher les mauvaises herbes et la mousse qui poussaient sur le granit, avant de frotter la pierre du pan de sa cape. Tout en prenant soin de la stèle, sa voix s’éleva dans les airs, sourde et basse, presque un grondement aux intonations rocailleuses.
« …. Lorgan apprend de jour en jour. Il s’épanouit, tu serais fière de lui, Lisa. Il prend soin de sa petite sœur avec beaucoup de cœur, et fait honneur à son nom. Il a ton regard, et ta volonté. »
L’homme détacha de son poignet un chapelet de seize pierres aux couleurs vives, opale, améthyste, rubis… et le porta à ses lèvres, y déposant un baiser. Puis de sa main, il s’affaira à creuser le sol, retournant la terre devant la pierre tombale.
« Je n’aurais pas de mal à lui apprendre. Mais sans faire pour lui les choix important dont bien souvent les pères privent les fils. Heliven lui offre peut être cela, ce lâcher prise dont ma conscience peine à se défaire. Marque de Lordaeron, de Sheppard et… »
Le belluaire secoua la tête, déposant doucement le chapelet dans le trou creusé. Il s’apprêta à prier, puis finalement, se contenta d’un grondement sourd, avant de recouvrir le présent, l’enterrant aux cotés de Lisa. Il se releva lentement, prenant appui sur son genou, et contempla la tombe de sa première épouse avec tendresse. La pulpe de ses doigts caressa une dernière fois le granit, avant qu’il ne tourne les talons, laissant les morts à leur repos légitime.
Angron Manus
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