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1. Soeurs
Je me souviens de mon sentiment de liberté en arrivant à Darnassus, jusqu'à ce que je comprenne que la ville est toute petite. Je m'y sens bien, en paix. Même les nénuphars ont l'air heureux, heureux de se laisser flotter, bercés par la brise.
Ma soeur m'a montré la maison où sa famille habitait quand elle était enfant. Il y a une boutique de tissus maintenant.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours été fascinée par les ordres militaires. Peut-être parce que je ne suis pas très courageuse, ou pas bien douée pour la guerre, ou simplement trop rebelle pour supporter la hiérarchie.
J'adorais quand nous allions voir la relève de la garde, les Sentinelles sur leurs grands tigres, d'une nonchalance feinte, toujours en alerte, des monstres capables de t'éventrer d'un coup de patte sans perdre la cadence... Tu te souviens ? Rien que d'y penser, j'en ai encore des frissons.
- Oui, on y allait presque tous les jours.
- J'aurais vraiment aimé être une amazone comme elles.
- Tu n'as pas la taille réglementaire pour les oreilles.
- Je sais bien. Ici, à Hurlevent, c'est les sabots et les cornes qui gênent, ça fait peur aux enfants.
Le tigre, je l'ai eu, plus tard. Mais pas la satisfaction d'avoir été utile, d'avoir aidé des gens, ce genre de choses.
- La gloire, le prestige ?
- Non, je crois pas. C'est agréable sur l'instant mais ça passe vite.
- Il y a bien d'autres façons de servir, tu le sais.
- Tu me vois cuisinière ? Infirmière ? Institutrice ? Guide touristique ?
- La gloire et le prestige...
Voilà, c'est ma grande soeur. Enfin, ma soeur adoptive mais c'est pareil.
Quelques mots, mais avec un sourire bienveillant et malicieux qui me fait oublier toutes mes craintes, qui me renvoit toutes mes contradictions. Le genre de sourire qui me donne toujours envie de lui avouer des bêtises imaginaires, pour le plaisir simple de me sentir aimée et pardonnée.
A suivre.
Je me souviens de mon sentiment de liberté en arrivant à Darnassus, jusqu'à ce que je comprenne que la ville est toute petite. Je m'y sens bien, en paix. Même les nénuphars ont l'air heureux, heureux de se laisser flotter, bercés par la brise.
Ma soeur m'a montré la maison où sa famille habitait quand elle était enfant. Il y a une boutique de tissus maintenant.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours été fascinée par les ordres militaires. Peut-être parce que je ne suis pas très courageuse, ou pas bien douée pour la guerre, ou simplement trop rebelle pour supporter la hiérarchie.
J'adorais quand nous allions voir la relève de la garde, les Sentinelles sur leurs grands tigres, d'une nonchalance feinte, toujours en alerte, des monstres capables de t'éventrer d'un coup de patte sans perdre la cadence... Tu te souviens ? Rien que d'y penser, j'en ai encore des frissons.
- Oui, on y allait presque tous les jours.
- J'aurais vraiment aimé être une amazone comme elles.
- Tu n'as pas la taille réglementaire pour les oreilles.
- Je sais bien. Ici, à Hurlevent, c'est les sabots et les cornes qui gênent, ça fait peur aux enfants.
Le tigre, je l'ai eu, plus tard. Mais pas la satisfaction d'avoir été utile, d'avoir aidé des gens, ce genre de choses.
- La gloire, le prestige ?
- Non, je crois pas. C'est agréable sur l'instant mais ça passe vite.
- Il y a bien d'autres façons de servir, tu le sais.
- Tu me vois cuisinière ? Infirmière ? Institutrice ? Guide touristique ?
- La gloire et le prestige...
Voilà, c'est ma grande soeur. Enfin, ma soeur adoptive mais c'est pareil.
Quelques mots, mais avec un sourire bienveillant et malicieux qui me fait oublier toutes mes craintes, qui me renvoit toutes mes contradictions. Le genre de sourire qui me donne toujours envie de lui avouer des bêtises imaginaires, pour le plaisir simple de me sentir aimée et pardonnée.
A suivre.
Dernière édition par Ambre le Dim 28 Juil 2013, 14:14, édité 5 fois
Ambre
Re: Conversations
2. Traversée
Au vent du nord, plante les melons.
- Qu'as-tu dit ?
- Rien, juste un dicton des fermiers de la Vallée des Quatre Vents. Quand le vent vient du nord, c'est le bon moment pour planter les melons, les courges et les trucs du même genre. Là, regarde comme l'écume est chassée sur le côté, le vent vient du nord. Ca veut dire aussi que notre bateau va prendre du retard et ça veut peut-être dire un jour de plus à câliner Nina pour l'empêcher de sauter par dessus bord en plein milieu de nulle part.
Je la comprends. A sa place, une panthère en pleine forme, 250 kilos de muscles, une envie insatiable de chasses nocturnes, de tendres proies, de courses silencieuses et de forêts aveugles, je n'apprécierais pas être coincée sur un bateau qui se traîne pendant des jours infinis, avec pour seule distraction observer d'un oeil vide les marins qui grimpent dans les cordages sous un soleil blanc... Y'en a bien un qui s'écrasera sur le pont dans un bruit d'éponge gorgée de sang, non ?
- Raconte-moi la Pandarie.
Allons ma soeur, ma très chère soeur, toi à qui je dois tout - même mes préférences sexuelles, va jusqu'au bout de ta question. Ce n'est pas le nouveau continent qui t'intéresse, pas plus que la guerre qui s'y déroule, encore moins la faune et la flore. Ce que tu veux vraiment savoir, c'est dans quel état j'en suis revenue.
Ma grande soeur, qui a toujours veillé sur moi... Sans toi - je te l'ai jamais dit mais tu t'en doutes - merde, par Elune et tous les Naarus d'ici et d'ailleurs, je ne serais plus rien, juste une folle qu'on aurait enfermée au plus profond d'un hospice sordide ! Un objet de plaisir, la cervelle grillée, qu'on aurait pu vendre à un riche marchand étranger, ou peut-être qu'on aurait fait des expériences sur moi, qu'on m'aurait donnée, poupée désarticulée au regard fixe, comme jouet à un nécromancien sénile. Qui sait ?
Vous croyez que j'exagère ? Que je cherche à vous faire peur ? Vous n'entendez pas gémir la nuit dans certaines des plus sombres vallées ? Vous n'avez jamais remarqué les ombres dansantes sur certains vieux murs ? La terreur qui vous serre les tripes certains soirs quand même les meilleures chandelles se mettent à fumer ne vous rappelle rien, vraiment ?
Alors, comment je vais ? Pas morte, toujours entière. Je n'ai laissé personne là-bas, ni compagnon mourrant dans un fossé humide et froid, ni douce amante aux draps froissés, pas même une de mes ombres. J'ai toujours faim, je veux qu'on m'aime, je veux aimer à en oublier mon propre nom. Je veux tout donner, tout prendre. Pas de prisonnier.
A suivre.
Au vent du nord, plante les melons.
- Qu'as-tu dit ?
- Rien, juste un dicton des fermiers de la Vallée des Quatre Vents. Quand le vent vient du nord, c'est le bon moment pour planter les melons, les courges et les trucs du même genre. Là, regarde comme l'écume est chassée sur le côté, le vent vient du nord. Ca veut dire aussi que notre bateau va prendre du retard et ça veut peut-être dire un jour de plus à câliner Nina pour l'empêcher de sauter par dessus bord en plein milieu de nulle part.
Je la comprends. A sa place, une panthère en pleine forme, 250 kilos de muscles, une envie insatiable de chasses nocturnes, de tendres proies, de courses silencieuses et de forêts aveugles, je n'apprécierais pas être coincée sur un bateau qui se traîne pendant des jours infinis, avec pour seule distraction observer d'un oeil vide les marins qui grimpent dans les cordages sous un soleil blanc... Y'en a bien un qui s'écrasera sur le pont dans un bruit d'éponge gorgée de sang, non ?
- Raconte-moi la Pandarie.
Allons ma soeur, ma très chère soeur, toi à qui je dois tout - même mes préférences sexuelles, va jusqu'au bout de ta question. Ce n'est pas le nouveau continent qui t'intéresse, pas plus que la guerre qui s'y déroule, encore moins la faune et la flore. Ce que tu veux vraiment savoir, c'est dans quel état j'en suis revenue.
Ma grande soeur, qui a toujours veillé sur moi... Sans toi - je te l'ai jamais dit mais tu t'en doutes - merde, par Elune et tous les Naarus d'ici et d'ailleurs, je ne serais plus rien, juste une folle qu'on aurait enfermée au plus profond d'un hospice sordide ! Un objet de plaisir, la cervelle grillée, qu'on aurait pu vendre à un riche marchand étranger, ou peut-être qu'on aurait fait des expériences sur moi, qu'on m'aurait donnée, poupée désarticulée au regard fixe, comme jouet à un nécromancien sénile. Qui sait ?
Vous croyez que j'exagère ? Que je cherche à vous faire peur ? Vous n'entendez pas gémir la nuit dans certaines des plus sombres vallées ? Vous n'avez jamais remarqué les ombres dansantes sur certains vieux murs ? La terreur qui vous serre les tripes certains soirs quand même les meilleures chandelles se mettent à fumer ne vous rappelle rien, vraiment ?
Alors, comment je vais ? Pas morte, toujours entière. Je n'ai laissé personne là-bas, ni compagnon mourrant dans un fossé humide et froid, ni douce amante aux draps froissés, pas même une de mes ombres. J'ai toujours faim, je veux qu'on m'aime, je veux aimer à en oublier mon propre nom. Je veux tout donner, tout prendre. Pas de prisonnier.
A suivre.
Dernière édition par Ambre le Mar 08 Jan 2013, 09:43, édité 3 fois
Ambre
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3. Fleur de jade
- Raconte moi la Pandarie.
D'accord soeurette, mais il n'y a pas grand chose à dire. Suffit d'amener quelques chariots lourds de soldats et l'histoire se répète très vite. Des bannières rutilantes, pleines de promesses, fleurissent dans les camps et les bivouacs. Les mots magiques sont ensuite prononcés, honneur, conquête, vengeance et voilà, c'est fait, la cage est ouverte.
J'y suis allé sous contrat avec les forces régulières de l'Alliance. Simple mission de reconnaissance, ça se présentait plutôt bien, mais tu sais comment c'est... C'est jamais assez, non, tant qu'il restera une vallée non explorée, une crète non répertoriée, un chemin non balisé, un col non contrôlé, une montagne non mesurée, on enverra des troupes pour occuper le terrain, toujours plus, toujours plus loin.
- Et les Pandarens ?
- Elles sont drôles, très douces, sensuelles d'une certaine manière, voluptueuses même. Elles mettent du jasmin partout. Enfin, couvertes de poils comme elles sont, des pattes au museau j'aurais l'impression d'être zoophile.
- Ambre, je te parle du peuple pandaren.
- Ah oui, pardon. Ils sont gentils, ils méritaient vraiment pas la guerre qu'on leur a amenée mais, je sais pas... Ils ne pensent qu'à faire la fête et à boire de la bière, par tonneaux entiers, même dans la journée. En plus, elle est dégueu leur bière, de la pisse de kodo si tu veux mon avis.
- ...
Comment fait ma soeur pour faire passer autant de sentiments dans un silence ? La légère inclinaison de sa tête, l'ombre d'un sourire complice ? Elle ne juge pas, n'impose pas sa pitié, n'encourage ni ne condamne. Elle offre sa présence, c'est tout. Je l'aime aussi pour ça.
- Moi je bois que la nuit, et pas avec des inconnus.
Alors, pourquoi ce besoin de se justifier ? Je bois ce que je veux, avec qui je veux, faites pas chier.
Quand elle pose sa main sur la mienne, comme ça, je me calme immédiatement. La tension dans mes épaules se relâche et la paix revient pour un moment.
- Et les melons dont tu me parlais ?
- Te moques pas. Les pandarens de Micolline m'ont donné un petit bout de terre - de la bonne terre noire, bien grasse, qui colle aux sabots - et m'ont appris à la cultiver. Tu me vois désherber, pousser une charrue, semer ? J'y croyais pas mais ça m'a bien plu. J'ai même trouvé un certain réconfort à regarder pousser mes poireaux, mes courges et mes navets. Enfin, pendant un temps.
Nina s'occupait des taupes, ça marchait bien. J'ai acheté une chèvre, on allait vendre nos récoltes au marché. Me manquait plus qu'un bon mari aux jambes épaisses et au regard doux, deux ou trois gamins rieurs tout poilus et c'était bon. Je les aurais aimé en les regardant grandir et vieillir doucement, mon arc rangé dans un coffre en bois sculpté de motifs floraux. J'aurais été utile.
- Mais tu te serais perdue en route, tu le sais bien.
- Peut-être, oui. Elle est où ma route ?
A suivre.
- Raconte moi la Pandarie.
D'accord soeurette, mais il n'y a pas grand chose à dire. Suffit d'amener quelques chariots lourds de soldats et l'histoire se répète très vite. Des bannières rutilantes, pleines de promesses, fleurissent dans les camps et les bivouacs. Les mots magiques sont ensuite prononcés, honneur, conquête, vengeance et voilà, c'est fait, la cage est ouverte.
J'y suis allé sous contrat avec les forces régulières de l'Alliance. Simple mission de reconnaissance, ça se présentait plutôt bien, mais tu sais comment c'est... C'est jamais assez, non, tant qu'il restera une vallée non explorée, une crète non répertoriée, un chemin non balisé, un col non contrôlé, une montagne non mesurée, on enverra des troupes pour occuper le terrain, toujours plus, toujours plus loin.
- Et les Pandarens ?
- Elles sont drôles, très douces, sensuelles d'une certaine manière, voluptueuses même. Elles mettent du jasmin partout. Enfin, couvertes de poils comme elles sont, des pattes au museau j'aurais l'impression d'être zoophile.
- Ambre, je te parle du peuple pandaren.
- Ah oui, pardon. Ils sont gentils, ils méritaient vraiment pas la guerre qu'on leur a amenée mais, je sais pas... Ils ne pensent qu'à faire la fête et à boire de la bière, par tonneaux entiers, même dans la journée. En plus, elle est dégueu leur bière, de la pisse de kodo si tu veux mon avis.
- ...
Comment fait ma soeur pour faire passer autant de sentiments dans un silence ? La légère inclinaison de sa tête, l'ombre d'un sourire complice ? Elle ne juge pas, n'impose pas sa pitié, n'encourage ni ne condamne. Elle offre sa présence, c'est tout. Je l'aime aussi pour ça.
- Moi je bois que la nuit, et pas avec des inconnus.
Alors, pourquoi ce besoin de se justifier ? Je bois ce que je veux, avec qui je veux, faites pas chier.
Quand elle pose sa main sur la mienne, comme ça, je me calme immédiatement. La tension dans mes épaules se relâche et la paix revient pour un moment.
- Et les melons dont tu me parlais ?
- Te moques pas. Les pandarens de Micolline m'ont donné un petit bout de terre - de la bonne terre noire, bien grasse, qui colle aux sabots - et m'ont appris à la cultiver. Tu me vois désherber, pousser une charrue, semer ? J'y croyais pas mais ça m'a bien plu. J'ai même trouvé un certain réconfort à regarder pousser mes poireaux, mes courges et mes navets. Enfin, pendant un temps.
Nina s'occupait des taupes, ça marchait bien. J'ai acheté une chèvre, on allait vendre nos récoltes au marché. Me manquait plus qu'un bon mari aux jambes épaisses et au regard doux, deux ou trois gamins rieurs tout poilus et c'était bon. Je les aurais aimé en les regardant grandir et vieillir doucement, mon arc rangé dans un coffre en bois sculpté de motifs floraux. J'aurais été utile.
- Mais tu te serais perdue en route, tu le sais bien.
- Peut-être, oui. Elle est où ma route ?
A suivre.
Ambre
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4. Promesses
La nuit, une cellule aux murs épais en pierres taillées, simplement éclairée par la lune qui entre par une petite fenêtre dont le volet est resté ouvert. Dehors, une immobilité totale. La neige qui recouvre les pentes du Kun-Lai scintille dans le froid. De la masse sombre des bâtiments du monastère montent quelques bruits domestiques. Une cloche tinte dans un couloir, on referme quelque part une lourde porte, odeurs diffuses d'encens et de feu de cheminée.
La chambre est propre, avec un sol aux dalles usées par les prières de générations de moines pandashans. Une affiche aux couleurs passées des Taurens Chieftains en concert à Shattrath trône au dessus d'un coffre en bois simple et, dans un angle, du matériel de pêche démonté attend d'être réparé. Sur une petite table, un pot en terre rempli de perles en verre coloré est posé sur plusieurs parchemins déroulés.
Une grande draeneï dort sur une paillasse à même le sol, blottie contre un immense félin noir, une panthère dont les flancs se soulèvent lentement. Enroulée dans une couverture de grosse laine grise, le modèle militaire standard, elle ne semble porter qu'un riche collier en or où pend un rubis en forme de rose. La draeneï s'agite parfois dans son sommeil, marmonne des paroles indistinctes et ses mains serrent le pelage de la panthère. Grondement doux, extraordinairement grave.
- Ambre.
Les étoiles sont magnifiques, comme une multitude de promesses. Tous les voeux d'une petite fille avide de découvrir le monde.
Rien ne pourra m'arriver tant qu'elles veilleront sur moi. Laquelle est la mienne ? La grande bleue, là ? Non, trop facile. Elle doit être un peu perdue, à l'écart, comme cette petite rouge là-bas... Oui, celle-ci me plaît bien, discrète mais vive, d'une jolie couleur. Je t'ai trouvée, je sais que c'est toi. C'est à moi d'aller me cacher maintenant ?
Le monde dort, mes démons aussi. Cette nuit, en ce moment, le temps s'est arrêté, le monde s'ouvre et je ne suis plus seule. Cette nuit, je n'ai plus peur, je suis en paix. Cette nuit, la montagne m'appelle. Si on allait courir dans la neige ?
- Ambre, réveille toi.
- Mmmh ?
- On est arrivées. Tu te sens bien ?
- Je rêvais de la Pandarie.
A suivre.
La nuit, une cellule aux murs épais en pierres taillées, simplement éclairée par la lune qui entre par une petite fenêtre dont le volet est resté ouvert. Dehors, une immobilité totale. La neige qui recouvre les pentes du Kun-Lai scintille dans le froid. De la masse sombre des bâtiments du monastère montent quelques bruits domestiques. Une cloche tinte dans un couloir, on referme quelque part une lourde porte, odeurs diffuses d'encens et de feu de cheminée.
La chambre est propre, avec un sol aux dalles usées par les prières de générations de moines pandashans. Une affiche aux couleurs passées des Taurens Chieftains en concert à Shattrath trône au dessus d'un coffre en bois simple et, dans un angle, du matériel de pêche démonté attend d'être réparé. Sur une petite table, un pot en terre rempli de perles en verre coloré est posé sur plusieurs parchemins déroulés.
Une grande draeneï dort sur une paillasse à même le sol, blottie contre un immense félin noir, une panthère dont les flancs se soulèvent lentement. Enroulée dans une couverture de grosse laine grise, le modèle militaire standard, elle ne semble porter qu'un riche collier en or où pend un rubis en forme de rose. La draeneï s'agite parfois dans son sommeil, marmonne des paroles indistinctes et ses mains serrent le pelage de la panthère. Grondement doux, extraordinairement grave.
- Ambre.
Les étoiles sont magnifiques, comme une multitude de promesses. Tous les voeux d'une petite fille avide de découvrir le monde.
Rien ne pourra m'arriver tant qu'elles veilleront sur moi. Laquelle est la mienne ? La grande bleue, là ? Non, trop facile. Elle doit être un peu perdue, à l'écart, comme cette petite rouge là-bas... Oui, celle-ci me plaît bien, discrète mais vive, d'une jolie couleur. Je t'ai trouvée, je sais que c'est toi. C'est à moi d'aller me cacher maintenant ?
Le monde dort, mes démons aussi. Cette nuit, en ce moment, le temps s'est arrêté, le monde s'ouvre et je ne suis plus seule. Cette nuit, je n'ai plus peur, je suis en paix. Cette nuit, la montagne m'appelle. Si on allait courir dans la neige ?
- Ambre, réveille toi.
- Mmmh ?
- On est arrivées. Tu te sens bien ?
- Je rêvais de la Pandarie.
A suivre.
Ambre
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5. Etreintes
Troisième jour de pluie, même Nina commence à l'avoir mauvaise.
Les mulets le sentent et deviennent nerveux. Trop chargés, ils dérapent parfois sur le chemin détrempé. Il faut alors s'arrêter pour resserrer les sangles de corde. Les sabots, c'est bien pour courir dans les hautes herbes, ou pour éclater des nez et des truffes, mais beaucoup moins pratique dans les sentiers rocailleux.
- On était vraiment obligées de suivre cette caravane ?
- J'ai promis à maître Fyldan de veiller sur ses marchandises.
- Tu sais, j'en ai fait des petits boulots pourris, mais celui-là est absolument, complètement, nul !
- Ce n'est pas un travail, c'est un service que je rends.
Parfois, j'aimerais bien avoir des pieds, de mignons petits pieds avec tous les orteils qui vont avec et des ongles pour les peindre... Ca a l'air si sensuel, excitant même. J'achèterais plein d'esclaves à la peau sombre pour me masser lentement la plante des pieds le soir. Ensuite, ils me porteraient dans un bain parfumé...
Stupide chèvre bleue, regarde où tu marches au lieu de rêvasser !
Le chemin est traître, la roche glissante et la pente abrupte, une chute pourrait être mortelle. Je veux pas crever ici, les os brisés, disloquée sous la pluie au fond d'un ravin boueux, loin des yeux bleus de mon amour.
Si Elune - ou qui que ce soit commandant nos vies - m'a faite avec des morceaux de succube, queue, cornes et sabots, c'est peut-être parce que je suis moi aussi destinée au plaisir. Quoi de plus merveilleux que de jouir en sentant l'autre jouir ? Un corps chaud, pressé contre moi, tremblant comme après une longue course, tout entier tendu vers la fuite des sens, vers l'instant où tout se fige, où on bascule dans une brève immortalité... Quoi de plus fascinant que de partager ce moment d'oubli, de plonger et se perdre ensuite dans le regard de celle que je serre dans mes bras ? Si je dois mourir, que ce soit en suffoquant d'amour, emportée par une vague de plaisir, bercée par des cris d'abandon, meurtrie par des caresses fiévreuses.
Souvenirs d'étreintes, de draps froissés dans la chaleur d'un matin ou d'herbe humide aplatie sous les étoiles, l'amour ressemble à une drogue pour moi, une drogue à la douceur d'un sein dénudé pour vivre et souffrir. Un sourire prometteur et ma raison chavire, des cuisses offertes m'emportent loin, très loin vers un ailleurs au temps suspendu où je me perds avec délice, éparpillée dans l'infini.
A chaque fois mon coeur se brise mais je ne regrette rien. Je referais tout pareil, sans rien changer, pas une parole ni même un soupir car c'est ma vie. Je ne l'ai pas choisie mais elle me plait bien finalement et je suis triste pour ceux qui n'ont jamais connu de chagrin d'amour.
A suivre.
Troisième jour de pluie, même Nina commence à l'avoir mauvaise.
Les mulets le sentent et deviennent nerveux. Trop chargés, ils dérapent parfois sur le chemin détrempé. Il faut alors s'arrêter pour resserrer les sangles de corde. Les sabots, c'est bien pour courir dans les hautes herbes, ou pour éclater des nez et des truffes, mais beaucoup moins pratique dans les sentiers rocailleux.
- On était vraiment obligées de suivre cette caravane ?
- J'ai promis à maître Fyldan de veiller sur ses marchandises.
- Tu sais, j'en ai fait des petits boulots pourris, mais celui-là est absolument, complètement, nul !
- Ce n'est pas un travail, c'est un service que je rends.
Parfois, j'aimerais bien avoir des pieds, de mignons petits pieds avec tous les orteils qui vont avec et des ongles pour les peindre... Ca a l'air si sensuel, excitant même. J'achèterais plein d'esclaves à la peau sombre pour me masser lentement la plante des pieds le soir. Ensuite, ils me porteraient dans un bain parfumé...
Stupide chèvre bleue, regarde où tu marches au lieu de rêvasser !
Le chemin est traître, la roche glissante et la pente abrupte, une chute pourrait être mortelle. Je veux pas crever ici, les os brisés, disloquée sous la pluie au fond d'un ravin boueux, loin des yeux bleus de mon amour.
Si Elune - ou qui que ce soit commandant nos vies - m'a faite avec des morceaux de succube, queue, cornes et sabots, c'est peut-être parce que je suis moi aussi destinée au plaisir. Quoi de plus merveilleux que de jouir en sentant l'autre jouir ? Un corps chaud, pressé contre moi, tremblant comme après une longue course, tout entier tendu vers la fuite des sens, vers l'instant où tout se fige, où on bascule dans une brève immortalité... Quoi de plus fascinant que de partager ce moment d'oubli, de plonger et se perdre ensuite dans le regard de celle que je serre dans mes bras ? Si je dois mourir, que ce soit en suffoquant d'amour, emportée par une vague de plaisir, bercée par des cris d'abandon, meurtrie par des caresses fiévreuses.
Souvenirs d'étreintes, de draps froissés dans la chaleur d'un matin ou d'herbe humide aplatie sous les étoiles, l'amour ressemble à une drogue pour moi, une drogue à la douceur d'un sein dénudé pour vivre et souffrir. Un sourire prometteur et ma raison chavire, des cuisses offertes m'emportent loin, très loin vers un ailleurs au temps suspendu où je me perds avec délice, éparpillée dans l'infini.
A chaque fois mon coeur se brise mais je ne regrette rien. Je referais tout pareil, sans rien changer, pas une parole ni même un soupir car c'est ma vie. Je ne l'ai pas choisie mais elle me plait bien finalement et je suis triste pour ceux qui n'ont jamais connu de chagrin d'amour.
A suivre.
Ambre
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6. Feux de camp
- Passe-moi le flacon s'il te plait.
- Tu ne crois pas que tu as assez bu ce soir ?
S'il te plait, ma soeur adorée.
Je sais que tu ne veux que mon bien mais je t'en supplie, ne me juge pas. Pas toi. Pas toi qui m'a vu grandir avec mes faiblesses, qui a connu, peinée, mes pires démons. Tu sais bien que parfois le monde crie trop fort pour moi, que la lumière est trop vive, les couleurs trop pures, la nuit trop limpide. Certains jours, le monde me blesse.
Merde, déjà une semaine entière avec seulement des muletiers taciturnes comme un ciel d'orage, deux riches marchands à la bouche pincée et un vieux mercenaire muet qui passe ses soirées à polir et caresser ses armes avec un regard lubrique... Je vais devenir chèvre ! Une vraie je veux dire, qui bêle et qui mâchonne des trucs en permanence, les yeux dans le vague.
Que fais-tu en ce moment mon amour ? Moi je suis là, au milieu d'un grand nulle part humide, essayant de me réchauffer autour d'un feu tremblant. Je veux me rappeler le nombre exact de paillettes dans tes yeux, la douceur de tes lèvres, la courbe de tes seins, de tes fesses, mais les souvenirs se perdent dans cette nuit froide et je n'y peux rien.
- Passe-moi ce flacon.
- Tiens.
Une pression un peu plus longue de sa main, tout est dit. Ma soeur m'acceptera toujours telle que je suis.
- T'inquiètes pas, ce truc n'est pas très fort. C'est pas comme l'alcool que le Grumelots fabriquent à partir du lait de yack.
J'ai passé des soirées merveilleuses avec les Grumelots dans leurs campements.
Autour d'un feu, comme ici, des outres remplies de lait de yack circulaient alors que le vent agitait les flammes, faisait danser les ombres et s'engouffrait en gémissant dans les escarpements arides des contreforts du Kun-Lai. On se racontait nos histoires, parfois inventées mais juste assez pour qu'on puisse faire semblant d'y croire, en fumant une herbe abominable et en buvant l'alcool dans des gobelets en bois dur. Le mélange est mortel ! J'ai souvent été obligée de dormir sur place, roulée dans une peau de yack, le nez dans l'herbe jaune, incapable de tenir debout.
Les premières fois, je ne comprenais rien à ce qu'ils me disaient et je me méfiais même d'eux, faut dire qu'ils sont un peu bizarres et qu'ils n'ont pas une très bonne réputation là-bas. Ils sont incroyables, je les adore tu sais. Détachés de nos contraintes souvent mesquines, la joie les habite. Ils vivent dans leur Rêve et restent indifférents à toutes les moqueries et à toutes les petites méchancetés que les habitants des vallées leur font subir.
Certaines nuits, je m'amusais avec eux à laisser des empreintes de sabots sur les plaques de neige autour du camp pour faire croire aux touristes de passage, troubadours, randonneurs ou alpinistes, que Gros-Pas était venu les narguer.
- Gros-Pas ?
- Oui, une espèce de grande chèvre des montagnes mythique qui est sensée porter chance, ou malchance suivant le clan qui raconte cette histoire.
J'ai trouvé une certaine paix avec eux.
Mes amis les Grumelots, faites attention à vous, la guerre est toujours là, à attendre dans l'ombre. Chérissez votre Rêve car personne ne le fera pour vous.
- Tu m'en sers un peu Ambre, s'il te plait ?
A suivre.
- Passe-moi le flacon s'il te plait.
- Tu ne crois pas que tu as assez bu ce soir ?
S'il te plait, ma soeur adorée.
Je sais que tu ne veux que mon bien mais je t'en supplie, ne me juge pas. Pas toi. Pas toi qui m'a vu grandir avec mes faiblesses, qui a connu, peinée, mes pires démons. Tu sais bien que parfois le monde crie trop fort pour moi, que la lumière est trop vive, les couleurs trop pures, la nuit trop limpide. Certains jours, le monde me blesse.
Merde, déjà une semaine entière avec seulement des muletiers taciturnes comme un ciel d'orage, deux riches marchands à la bouche pincée et un vieux mercenaire muet qui passe ses soirées à polir et caresser ses armes avec un regard lubrique... Je vais devenir chèvre ! Une vraie je veux dire, qui bêle et qui mâchonne des trucs en permanence, les yeux dans le vague.
Que fais-tu en ce moment mon amour ? Moi je suis là, au milieu d'un grand nulle part humide, essayant de me réchauffer autour d'un feu tremblant. Je veux me rappeler le nombre exact de paillettes dans tes yeux, la douceur de tes lèvres, la courbe de tes seins, de tes fesses, mais les souvenirs se perdent dans cette nuit froide et je n'y peux rien.
- Passe-moi ce flacon.
- Tiens.
Une pression un peu plus longue de sa main, tout est dit. Ma soeur m'acceptera toujours telle que je suis.
- T'inquiètes pas, ce truc n'est pas très fort. C'est pas comme l'alcool que le Grumelots fabriquent à partir du lait de yack.
J'ai passé des soirées merveilleuses avec les Grumelots dans leurs campements.
Autour d'un feu, comme ici, des outres remplies de lait de yack circulaient alors que le vent agitait les flammes, faisait danser les ombres et s'engouffrait en gémissant dans les escarpements arides des contreforts du Kun-Lai. On se racontait nos histoires, parfois inventées mais juste assez pour qu'on puisse faire semblant d'y croire, en fumant une herbe abominable et en buvant l'alcool dans des gobelets en bois dur. Le mélange est mortel ! J'ai souvent été obligée de dormir sur place, roulée dans une peau de yack, le nez dans l'herbe jaune, incapable de tenir debout.
Les premières fois, je ne comprenais rien à ce qu'ils me disaient et je me méfiais même d'eux, faut dire qu'ils sont un peu bizarres et qu'ils n'ont pas une très bonne réputation là-bas. Ils sont incroyables, je les adore tu sais. Détachés de nos contraintes souvent mesquines, la joie les habite. Ils vivent dans leur Rêve et restent indifférents à toutes les moqueries et à toutes les petites méchancetés que les habitants des vallées leur font subir.
Certaines nuits, je m'amusais avec eux à laisser des empreintes de sabots sur les plaques de neige autour du camp pour faire croire aux touristes de passage, troubadours, randonneurs ou alpinistes, que Gros-Pas était venu les narguer.
- Gros-Pas ?
- Oui, une espèce de grande chèvre des montagnes mythique qui est sensée porter chance, ou malchance suivant le clan qui raconte cette histoire.
J'ai trouvé une certaine paix avec eux.
Mes amis les Grumelots, faites attention à vous, la guerre est toujours là, à attendre dans l'ombre. Chérissez votre Rêve car personne ne le fera pour vous.
- Tu m'en sers un peu Ambre, s'il te plait ?
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
7. Agonie
Attends-moi, ne pars pas si loin.
Attends-moi, ne vit pas si fort.
Attends-moi, ne jouis pas si vite.
Emmènes-moi avec toi.
Attends-moi, je suis si heureuse avec toi.
Avec toi, j'oublie mes peines, mes faiblesses, ma folie même.
Avec toi, l'espoir d'être presque normale.
Emmènes-moi revoir la mer.
Après l'amour qui nous laisse si proches d'une douce agonie,
cherchant mon souffle, couchée entre tes seins,
les battements de ton coeur s'unissent aux miens.
Avec toi, la sensation de vivre enfin.
Les pupilles agrandies par le désir,
les lèvres encore tremblantes,
quelques mèches de cheveux collés,
je pourrais tuer pour toi.
Les démons dansent autour de notre lit, dans l'ombre.
Je marche au bord de l'abîme,
et si je m'arrête, je tombe.
Serre moi fort.
Née pour mourir dans tes bras,
prisonnière de tes rêves, ton odeur encore sur moi.
Serre moi fort.
A suivre.
Attends-moi, ne pars pas si loin.
Attends-moi, ne vit pas si fort.
Attends-moi, ne jouis pas si vite.
Emmènes-moi avec toi.
Attends-moi, je suis si heureuse avec toi.
Avec toi, j'oublie mes peines, mes faiblesses, ma folie même.
Avec toi, l'espoir d'être presque normale.
Emmènes-moi revoir la mer.
Après l'amour qui nous laisse si proches d'une douce agonie,
cherchant mon souffle, couchée entre tes seins,
les battements de ton coeur s'unissent aux miens.
Avec toi, la sensation de vivre enfin.
Les pupilles agrandies par le désir,
les lèvres encore tremblantes,
quelques mèches de cheveux collés,
je pourrais tuer pour toi.
Les démons dansent autour de notre lit, dans l'ombre.
Je marche au bord de l'abîme,
et si je m'arrête, je tombe.
Serre moi fort.
Née pour mourir dans tes bras,
prisonnière de tes rêves, ton odeur encore sur moi.
Serre moi fort.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
8. Fantômes
Je me souviens de mon premier amour.
Elle était druidesse, comme toi. Elle avait de très longs cheveux blancs et de grands tatouages, des sortes de corbeaux moqueurs sur le visage. Je me souviens de son rire, elle riait beaucoup, de tout. Rien n'avait vraiment d'importance pour elle. Elle pouvait danser seule des heures, juste pour le plaisir de s'étourdir.
- Oui, tu m'avais parlé d'elle. Sais-tu que mon premier amour était chasseresse, comme toi. On s'est même mariées.
- T'as été mariée toi ?
- Oui, tu n'étais pas encore née.
- Elle te manque encore ?
- Un peu, parfois.
Moi, je me souviens de l'odeur de sa peau. Elle aimait s'endormir sur moi après qu'on se soit aimées, elle ne voulait plus que je bouge. J'étouffais un peu mais j'aimais la sentir respirer de plus en plus doucement, profondément, puis s'abandonner complètement. J'avais l'impression de la protéger et que rien ne pourrait nous arriver tant qu'on resterait immobiles, enlacées, emmêlées.
Je me souviens des heures passées dans la forêt, avec le soleil qui perçait au travers des grands arbres, à nous bercer de nos rêves les plus intimes et nos envies les plus folles. Je m'imaginais redoutable amazone, splendide guerrière, engagée par les plus prestigieuses Maisons. Elle se voyait grande prêtresse, gardienne des puits sacrés, savante et honorée. Le soir, on se retrouverait chez nous et on se raconterait notre journée. On irait s'installer sur la terrasse en regardant la lune se lever dans le calme et la fraîcheur du soir, une tisane pour elle et un petit alcool de fraise pour moi. Plus tard, on rentrerait pour faire l'amour. On aurait eu l'éternité devant nous.
Bien sûr, ça c'est pas passé comme ça. Pas du tout.
On a vécu quatre mois de bonheur. Quatre petits mois, comme une lumière très vive, une étoile qui explose et meurt, laissant sur la rétine le fantôme brûlant de son existence fugace. Je ne sais pourquoi elle est allé se battre au Portail du Courroux. Je suis même pas sûre qu'elle soit morte, son corps n'a jamais été retrouvé. Certaines nuits sombres, lorsque l'angoisse me serre dans ses anneaux et me comprime la poitrine, je l'imagine vivante dans l'ignorance, très loin, ombre d'elle-même, perdue.
Je me souviens aussi de marches interminables pour rendre visite à de vagues cousins, pour aller à d'étranges fêtes qui se terminaient toujours sur la plage à l'aube, ou encore simplement pour le plaisir d'être ensemble, de se tenir la main, de la voir nouer ses cheveux pour courir.
Je me souviens de son frère, un grand Elfe au sourire charmeur, au regard un peu perdu, comme s'il ne voyait pas tout à fait les mêmes choses que nous. Très doux, un peu sauvage, il avait un prénom étrange et me draguait gentiment, sans trop y croire.
Quand je me souviens d'elle, parfois la douleur me submerge, m'aveugle et me tord le ventre, mais parfois aussi son souvenir me remplit d'une infinie tendresse, comme si elle allait me prendre la main lorsque j'hésite, comme si je pouvais sentir son parfum lorsque j'ai peur ou encore entendre son rire lorsque je m'inquiète du lendemain.
A suivre.
Je me souviens de mon premier amour.
Elle était druidesse, comme toi. Elle avait de très longs cheveux blancs et de grands tatouages, des sortes de corbeaux moqueurs sur le visage. Je me souviens de son rire, elle riait beaucoup, de tout. Rien n'avait vraiment d'importance pour elle. Elle pouvait danser seule des heures, juste pour le plaisir de s'étourdir.
- Oui, tu m'avais parlé d'elle. Sais-tu que mon premier amour était chasseresse, comme toi. On s'est même mariées.
- T'as été mariée toi ?
- Oui, tu n'étais pas encore née.
- Elle te manque encore ?
- Un peu, parfois.
Moi, je me souviens de l'odeur de sa peau. Elle aimait s'endormir sur moi après qu'on se soit aimées, elle ne voulait plus que je bouge. J'étouffais un peu mais j'aimais la sentir respirer de plus en plus doucement, profondément, puis s'abandonner complètement. J'avais l'impression de la protéger et que rien ne pourrait nous arriver tant qu'on resterait immobiles, enlacées, emmêlées.
Je me souviens des heures passées dans la forêt, avec le soleil qui perçait au travers des grands arbres, à nous bercer de nos rêves les plus intimes et nos envies les plus folles. Je m'imaginais redoutable amazone, splendide guerrière, engagée par les plus prestigieuses Maisons. Elle se voyait grande prêtresse, gardienne des puits sacrés, savante et honorée. Le soir, on se retrouverait chez nous et on se raconterait notre journée. On irait s'installer sur la terrasse en regardant la lune se lever dans le calme et la fraîcheur du soir, une tisane pour elle et un petit alcool de fraise pour moi. Plus tard, on rentrerait pour faire l'amour. On aurait eu l'éternité devant nous.
Bien sûr, ça c'est pas passé comme ça. Pas du tout.
On a vécu quatre mois de bonheur. Quatre petits mois, comme une lumière très vive, une étoile qui explose et meurt, laissant sur la rétine le fantôme brûlant de son existence fugace. Je ne sais pourquoi elle est allé se battre au Portail du Courroux. Je suis même pas sûre qu'elle soit morte, son corps n'a jamais été retrouvé. Certaines nuits sombres, lorsque l'angoisse me serre dans ses anneaux et me comprime la poitrine, je l'imagine vivante dans l'ignorance, très loin, ombre d'elle-même, perdue.
Je me souviens aussi de marches interminables pour rendre visite à de vagues cousins, pour aller à d'étranges fêtes qui se terminaient toujours sur la plage à l'aube, ou encore simplement pour le plaisir d'être ensemble, de se tenir la main, de la voir nouer ses cheveux pour courir.
Je me souviens de son frère, un grand Elfe au sourire charmeur, au regard un peu perdu, comme s'il ne voyait pas tout à fait les mêmes choses que nous. Très doux, un peu sauvage, il avait un prénom étrange et me draguait gentiment, sans trop y croire.
Quand je me souviens d'elle, parfois la douleur me submerge, m'aveugle et me tord le ventre, mais parfois aussi son souvenir me remplit d'une infinie tendresse, comme si elle allait me prendre la main lorsque j'hésite, comme si je pouvais sentir son parfum lorsque j'ai peur ou encore entendre son rire lorsque je m'inquiète du lendemain.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
9. Déchirure
La lune est déjà haute, aucun souffle d'air ne vient troubler le miroir sombre du lac.
A côté, un couple se chamaille à voix basse, se réconcilie ou se déchire. Promesses trahies, passion oubliée et amours défunts.
Pas un souffle d'air, ni de chair offerte sur laquelle poser mes lèvres.
Aucune larme d'abandon ne mouillera mes seins ce soir et l'eau silencieuse me murmure des horreurs, réveillant les démons que je tente d'oublier dans les cris de plaisir et le regard perdu de l'amante qui jouit dans mes bras.
La pierre du banc est encore douce, presque chaude. Chaude comme le flot de sang qui s'écoule d'un carreau en plein coeur ou d'une gorge ouverte. Derrière moi, la cathédrale se dresse, vaisseau blafard, inquiétante dans la nuit.
J'en reviens pas que ma soeur ait été mariée. Des envies de famille ma soeur ? De foyer douillet ?
J'ai été adoptée plusieurs années plus tard mais tu m'a toujours considérée un peu comme ta fille. Tu aurais fait une chouette maman j'en suis sûre. Tu l'as été pour moi.
Voilà, terminé. Seule une fois de plus.
Mon amour, je n'aurai donc été qu'un jouet pour toi ?
J'étais prête à t'attendre, le temps ne compte pas.
J'étais prête à me perdre pour que tu te souviennes de la petite fille que tu as été, celle qui regardait silencieusement son père travailler dans la chaleur de l'après-midi.
Pour toi je serais allée au bout de ta folie, et aussi de la mienne.
Au delà de nos angoisses et de nos terreurs, nous aurions pu trouver un endroit où vivre ensemble.
Où nous aimer, où nous cacher quand la lumière devient trop forte, que le soleil n'en finit pas de se coucher et que le sang des innocents recouvre le monde.
Je t'ai aimé, et je t'aime encore.
Comment peut-on aimer un coeur vide ?
Comment peux-tu vivre avec un coeur aussi vide mon amour ?
La cloche d'un bateau amarré sonne le quart et résonne sur les murailles silencieuses tandis qu'une lune pleine, presque obscène, se reflète sur les eaux tranquilles du port. Partir ? Partir loin pour oublier la douleur du déchirement ?
Nombreux sont ceux qui fuient leur passé, on est croise tous les jours. Moi j'éprouve parfois l'étrange sensation de fuir mon futur.
Au delà de l'océan, le vide est-il aussi froid ?
A suivre.
La lune est déjà haute, aucun souffle d'air ne vient troubler le miroir sombre du lac.
A côté, un couple se chamaille à voix basse, se réconcilie ou se déchire. Promesses trahies, passion oubliée et amours défunts.
Pas un souffle d'air, ni de chair offerte sur laquelle poser mes lèvres.
Aucune larme d'abandon ne mouillera mes seins ce soir et l'eau silencieuse me murmure des horreurs, réveillant les démons que je tente d'oublier dans les cris de plaisir et le regard perdu de l'amante qui jouit dans mes bras.
La pierre du banc est encore douce, presque chaude. Chaude comme le flot de sang qui s'écoule d'un carreau en plein coeur ou d'une gorge ouverte. Derrière moi, la cathédrale se dresse, vaisseau blafard, inquiétante dans la nuit.
J'en reviens pas que ma soeur ait été mariée. Des envies de famille ma soeur ? De foyer douillet ?
J'ai été adoptée plusieurs années plus tard mais tu m'a toujours considérée un peu comme ta fille. Tu aurais fait une chouette maman j'en suis sûre. Tu l'as été pour moi.
Voilà, terminé. Seule une fois de plus.
Mon amour, je n'aurai donc été qu'un jouet pour toi ?
J'étais prête à t'attendre, le temps ne compte pas.
J'étais prête à me perdre pour que tu te souviennes de la petite fille que tu as été, celle qui regardait silencieusement son père travailler dans la chaleur de l'après-midi.
Pour toi je serais allée au bout de ta folie, et aussi de la mienne.
Au delà de nos angoisses et de nos terreurs, nous aurions pu trouver un endroit où vivre ensemble.
Où nous aimer, où nous cacher quand la lumière devient trop forte, que le soleil n'en finit pas de se coucher et que le sang des innocents recouvre le monde.
Je t'ai aimé, et je t'aime encore.
Comment peut-on aimer un coeur vide ?
Comment peux-tu vivre avec un coeur aussi vide mon amour ?
La cloche d'un bateau amarré sonne le quart et résonne sur les murailles silencieuses tandis qu'une lune pleine, presque obscène, se reflète sur les eaux tranquilles du port. Partir ? Partir loin pour oublier la douleur du déchirement ?
Nombreux sont ceux qui fuient leur passé, on est croise tous les jours. Moi j'éprouve parfois l'étrange sensation de fuir mon futur.
Au delà de l'océan, le vide est-il aussi froid ?
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
10. Eternité
Tu trembles encore, plus belle que jamais
Reviens, ferme les yeux, respire
Je suis là, avec toi, je t'appartiens
Personne ne peux t'aimer comme je t'aime.
Dans ton regard perdu pendant l'extase, d'un abandon absolu
Tout l'amour, toute la souffrance et tous les délices qui nous lient
Quand nos cris se mêlent, que nos corps se tendent puis se relâchent
Que tu t'accroches à moi, île nue dans un océan de jouissance, alors je vis.
Quand je me blottis dans la moiteur de tes cuisses
Que je hurle ton nom, de douleur ou de plaisir
Que je te supplie d'arrêter, de continuer
Dans cet instant d'éternité, perdues ensemble, alors je peux mourir.
Pose ta tête entre mes seins
Tu entends mon coeur qui bat pour toi ?
La nuit te fait peur, n'aie crainte je veille sur ton sommeil
Endors toi dans mes bras, écoute le vent.
- Ambre, tu viens ?
- ...
- Ambre, fais voir. Mais oui, ce sourire stupide, ce regard brillant et cette manière de te tenir, offerte comme si tu venais d'être rejetée par la mer... Toi ma fille, tu es amoureuse !
- Un peu, je crois, oui.
- Un peu ? Jamais je ne t'ai vue comme ça. Qui est-ce ?
- Ma damnation.
A suivre.
Tu trembles encore, plus belle que jamais
Reviens, ferme les yeux, respire
Je suis là, avec toi, je t'appartiens
Personne ne peux t'aimer comme je t'aime.
Dans ton regard perdu pendant l'extase, d'un abandon absolu
Tout l'amour, toute la souffrance et tous les délices qui nous lient
Quand nos cris se mêlent, que nos corps se tendent puis se relâchent
Que tu t'accroches à moi, île nue dans un océan de jouissance, alors je vis.
Quand je me blottis dans la moiteur de tes cuisses
Que je hurle ton nom, de douleur ou de plaisir
Que je te supplie d'arrêter, de continuer
Dans cet instant d'éternité, perdues ensemble, alors je peux mourir.
Pose ta tête entre mes seins
Tu entends mon coeur qui bat pour toi ?
La nuit te fait peur, n'aie crainte je veille sur ton sommeil
Endors toi dans mes bras, écoute le vent.
- Ambre, tu viens ?
- ...
- Ambre, fais voir. Mais oui, ce sourire stupide, ce regard brillant et cette manière de te tenir, offerte comme si tu venais d'être rejetée par la mer... Toi ma fille, tu es amoureuse !
- Un peu, je crois, oui.
- Un peu ? Jamais je ne t'ai vue comme ça. Qui est-ce ?
- Ma damnation.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
11. La nuit
La lettre est arrivée le troisième jour.
Chaque jour je recevais une lettre d'elle. Le courrier m'attendait quand nous rentrions à l'auberge après nos longues promenades. Je me précipitais sur sa lettre, la pressait contre mes seins et courrait m'enfermer dans la chambre pour la dévorer, sans prendre la peine de secouer mes sabots, laissant des petits tas de neige jusque dans les escaliers.
Chaque jour, l'aubergiste me lançait son regard courroucé numéro cinq, celui qui laissait entrevoir par delà son air bougon une immense tendresse pour les filles amoureuses.
Je m'en rappelle parfaitement car c'est le deuxième jour que j'ai été nommée Gardienne de la maison Palantir par Tindomë et Parmassë. Tindomë, si belle, si douce, et toi Parmassë, qui a su me faire croire sous le regard bienveillant de ma soeur que je méritais d'être la dépositaire de cette maison.
Le troisième jour, je suis morte.
Ca fait pas mal sur l'instant. La chambre s'est simplement tordue, repliée et m'a avalée. Ensuite, je me souviens seulement des visages inquiets penchées sur moi, ton visage aussi et le goût du sang dans ma bouche. Ma soeur, ma tendre amie, toi qui me connais, tu as deviné tout de suite, tu as trouvé la lettre froissée dans ma main et la lue.
Maintenant, tu sais qu'elle est partie et qu'elle ne reviendra pas.
Elle est partie avec mon coeur, mon âme, ma joie, mes désirs et n'a laissé qu'un grand vide, froid, sombre, éternel. Tout notre amour n'a pas été capable de la retenir, elle, la paria, la déshéritée, rappelée au chevet de son père mourant dans le domaine familial.
Je ne lui en veux pas, comment le pourrais-je ?
L'ombre gagne.
Elle était la flamme vive dans la nuit de mes peurs, de mes colères irraisonnées et meurtrières, la petite bougie qu'on laisse brûler dans une soucoupe en terre dans la chambre de l'enfant terrorisé par la nuit.
Assise par terre près de mon lit, je ne dormirai pas. Un lit, ça se mérite, pour dormir ou pour des étreintes humides.
Je ne veux plus dormir, une morte de dort pas.
Quelle prétention !
Mon premier amour, une passade d'adolescente en comparaison, a duré un peu moins de quatre mois. Cette fois, trois semaines m'ont été accordées. Quelle folie de croire que j'avais droit à davantage de temps !
Comment me souvenir de chaque instant passés avec mon amour, chaque caresse, chacun de ses sourires, chacune de ses extases ?
Debout dans la neige, la tête rejetée en arrière, je regarde les flocons voleter dans une immensité grise.
Certains tombent sur mes yeux, d'autres dans ma bouche. Tous sont éphémères.
Je ne sens plus rien, et plus rien n'a de sens.
Je t'ai laissé partir, je serai maudite pour ça.
A suivre.
La lettre est arrivée le troisième jour.
Chaque jour je recevais une lettre d'elle. Le courrier m'attendait quand nous rentrions à l'auberge après nos longues promenades. Je me précipitais sur sa lettre, la pressait contre mes seins et courrait m'enfermer dans la chambre pour la dévorer, sans prendre la peine de secouer mes sabots, laissant des petits tas de neige jusque dans les escaliers.
Chaque jour, l'aubergiste me lançait son regard courroucé numéro cinq, celui qui laissait entrevoir par delà son air bougon une immense tendresse pour les filles amoureuses.
Je m'en rappelle parfaitement car c'est le deuxième jour que j'ai été nommée Gardienne de la maison Palantir par Tindomë et Parmassë. Tindomë, si belle, si douce, et toi Parmassë, qui a su me faire croire sous le regard bienveillant de ma soeur que je méritais d'être la dépositaire de cette maison.
Le troisième jour, je suis morte.
Ca fait pas mal sur l'instant. La chambre s'est simplement tordue, repliée et m'a avalée. Ensuite, je me souviens seulement des visages inquiets penchées sur moi, ton visage aussi et le goût du sang dans ma bouche. Ma soeur, ma tendre amie, toi qui me connais, tu as deviné tout de suite, tu as trouvé la lettre froissée dans ma main et la lue.
Maintenant, tu sais qu'elle est partie et qu'elle ne reviendra pas.
Elle est partie avec mon coeur, mon âme, ma joie, mes désirs et n'a laissé qu'un grand vide, froid, sombre, éternel. Tout notre amour n'a pas été capable de la retenir, elle, la paria, la déshéritée, rappelée au chevet de son père mourant dans le domaine familial.
Je ne lui en veux pas, comment le pourrais-je ?
L'ombre gagne.
Elle était la flamme vive dans la nuit de mes peurs, de mes colères irraisonnées et meurtrières, la petite bougie qu'on laisse brûler dans une soucoupe en terre dans la chambre de l'enfant terrorisé par la nuit.
Assise par terre près de mon lit, je ne dormirai pas. Un lit, ça se mérite, pour dormir ou pour des étreintes humides.
Je ne veux plus dormir, une morte de dort pas.
Quelle prétention !
Mon premier amour, une passade d'adolescente en comparaison, a duré un peu moins de quatre mois. Cette fois, trois semaines m'ont été accordées. Quelle folie de croire que j'avais droit à davantage de temps !
Comment me souvenir de chaque instant passés avec mon amour, chaque caresse, chacun de ses sourires, chacune de ses extases ?
Debout dans la neige, la tête rejetée en arrière, je regarde les flocons voleter dans une immensité grise.
Certains tombent sur mes yeux, d'autres dans ma bouche. Tous sont éphémères.
Je ne sens plus rien, et plus rien n'a de sens.
Je t'ai laissé partir, je serai maudite pour ça.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
12. Poussière.
Hier encore, l'effroi des corps emmêlés, nus, vaincus.
Des corps gris, épuisés par de vains abandons.
Caresses sans tendresse, pour conjurer la peur du vide.
Et moi, qui étais-je ?
C'est lorsque mon coeur s'est remis à battre, d'abord faiblement, que j'ai enfin osé me retourner.
J'ai vu la trace hésitante de mes pas, si proches de l'abîme, dentelle de sabots dans les banc de sable, traces de sang et de larmes sur la roche. Et bien sûr les endroits où je serais tombée si son amour ne m'avait pas porté.
- Tu n'es pas tombée Ambre, elle est revenue.
- J'ai trébuché, souvent.
- Tu n'est pas tombée, elle est là.
- Quand je fermais les yeux, elle me tenait la main, elle souriait.
Son visage m'apparaissait dans le dessin d'un nuage, dans les reflets d'une eau calme, dans les ombres des feuillages.
La nuit, elle m'attendait dans les replis de mes souvenirs. L'odeur de sa peau, la couleur de ses cheveux, la douceur ou la violence de ses caresses, autant d'étoiles dans l'infini et de repères dans la trame ravagée de mes sentiments. Autant d'espoir dans l'obscurité de mes pensées immobiles.
- Ton amour l'a ramenée Ambre, elle t'attend.
- Mon amour ou ma détresse ?
- La détresse et la solitude n'ont jamais vraiment fait revenir personne.
- Le temps s'était arrêté. Figée dans un désert de pierres coupantes, j'étais perdue.
- Le temps n'a jamais compté pour toi, sur Draenor ou ailleurs, tu le sais bien.
- Une autre malédiction...
Je suis morte à chaque crépuscule, assise sur le muret, en haut du port.
Chaque jour, lorsque le soleil embrasait l'horizon et les remparts, j'aurais voulu être un grain de poussière scintillant en suspens dans les petit nuages qui retombent doucement après le passage des cavaliers. Dispersée par une faible brise chaude, oubliée, perdue dans le néant des chèvres amoureuses.
- Même si les amants se perdent, l'amour ne se perd pas. Une de mes compagnes m'a dit ça.
- J'ai eu si peur, si peur... Je voulais me cacher et mourir. Je ne savais pas qu'on pouvait pleurer autant. Chaque soir, j'ai pleuré en regardant la lune monter, il m'aurait suffit de faire un pas pour la rejoindre, le dernier pas.
- Ambre, elle est revenue pour toi. Dors maintenant.
A suivre.
Hier encore, l'effroi des corps emmêlés, nus, vaincus.
Des corps gris, épuisés par de vains abandons.
Caresses sans tendresse, pour conjurer la peur du vide.
Et moi, qui étais-je ?
C'est lorsque mon coeur s'est remis à battre, d'abord faiblement, que j'ai enfin osé me retourner.
J'ai vu la trace hésitante de mes pas, si proches de l'abîme, dentelle de sabots dans les banc de sable, traces de sang et de larmes sur la roche. Et bien sûr les endroits où je serais tombée si son amour ne m'avait pas porté.
- Tu n'es pas tombée Ambre, elle est revenue.
- J'ai trébuché, souvent.
- Tu n'est pas tombée, elle est là.
- Quand je fermais les yeux, elle me tenait la main, elle souriait.
Son visage m'apparaissait dans le dessin d'un nuage, dans les reflets d'une eau calme, dans les ombres des feuillages.
La nuit, elle m'attendait dans les replis de mes souvenirs. L'odeur de sa peau, la couleur de ses cheveux, la douceur ou la violence de ses caresses, autant d'étoiles dans l'infini et de repères dans la trame ravagée de mes sentiments. Autant d'espoir dans l'obscurité de mes pensées immobiles.
- Ton amour l'a ramenée Ambre, elle t'attend.
- Mon amour ou ma détresse ?
- La détresse et la solitude n'ont jamais vraiment fait revenir personne.
- Le temps s'était arrêté. Figée dans un désert de pierres coupantes, j'étais perdue.
- Le temps n'a jamais compté pour toi, sur Draenor ou ailleurs, tu le sais bien.
- Une autre malédiction...
Je suis morte à chaque crépuscule, assise sur le muret, en haut du port.
Chaque jour, lorsque le soleil embrasait l'horizon et les remparts, j'aurais voulu être un grain de poussière scintillant en suspens dans les petit nuages qui retombent doucement après le passage des cavaliers. Dispersée par une faible brise chaude, oubliée, perdue dans le néant des chèvres amoureuses.
- Même si les amants se perdent, l'amour ne se perd pas. Une de mes compagnes m'a dit ça.
- J'ai eu si peur, si peur... Je voulais me cacher et mourir. Je ne savais pas qu'on pouvait pleurer autant. Chaque soir, j'ai pleuré en regardant la lune monter, il m'aurait suffit de faire un pas pour la rejoindre, le dernier pas.
- Ambre, elle est revenue pour toi. Dors maintenant.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
13. Océan
Je m'abandonne, si proche du Néant, à le toucher.
Tu dis que chaque instant avec moi est une éternite de bonheur.
L'éternité ne nous suffira pas
L'amour ne nous suffira pas.
Tu dis que je suis une offrande.
C'est à toi que je m'offre, tombe ou trésor
Je m'abandonne, prends tout.
Tu dis que je suis ta rédemption.
Nous sommes liées, aucun endroit pour se cacher
Condamnée à t'aimer, à te chérir puis à te pleurer.
Une éternité pour t'oublier.
Quand tu ne seras plus qu'un bouquet d'ossements
Que ces murs aveugles ne seront plus que vestiges
Je serai encore là, assise dans la poussière.
Tes yeux étonnés quand tu bascules dans l'extase
La brève inspiration avant que tu ne cries
L'arrondi de tes lèvres qui s'ouvrent
Puis la délivrance, l'oubli, les larmes de l'abandon
Au delà du plaisir et de la douleur
Un océan de bonheur.
A suivre.
Je m'abandonne, si proche du Néant, à le toucher.
Tu dis que chaque instant avec moi est une éternite de bonheur.
L'éternité ne nous suffira pas
L'amour ne nous suffira pas.
Tu dis que je suis une offrande.
C'est à toi que je m'offre, tombe ou trésor
Je m'abandonne, prends tout.
Tu dis que je suis ta rédemption.
Nous sommes liées, aucun endroit pour se cacher
Condamnée à t'aimer, à te chérir puis à te pleurer.
Une éternité pour t'oublier.
Quand tu ne seras plus qu'un bouquet d'ossements
Que ces murs aveugles ne seront plus que vestiges
Je serai encore là, assise dans la poussière.
Tes yeux étonnés quand tu bascules dans l'extase
La brève inspiration avant que tu ne cries
L'arrondi de tes lèvres qui s'ouvrent
Puis la délivrance, l'oubli, les larmes de l'abandon
Au delà du plaisir et de la douleur
Un océan de bonheur.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
14. Songes
- Maman, c'est toi ?
- Oui ma petite fille.
- On m'a dit que tu étais morte maman.
- Oui, je n'ai pas survécu à ta naissance.
- Mais alors...
- Alors je serai toujours là pour toi mon ange. Le temps ne compte pas, tant que tu m'aimeras, je serai dans ton coeur.
- Oh maman, tu m'en veux pas trop de t'avoir...
- Retrouvée ?
- Tuée, en naissant.
- Tu ne m'as pas tuée, je suis fière de t'avoir donné la vie. J'ai choisi, je savais que ton premier cri serait aussi mon dernier souffle.
- Maman, tu as eu le temps de me voir avant... avant de partir ?
- Oui ma chérie, je t'ai serrée contre moi, tu étais si fragile, encore aveugle. Ta naissance fut le plus beau jour de ma vie.
- Maman, tu m'as tant manquée...
- Moi j'avais confiance, je savais que tu me retrouverais un jour, Issh'naa.
Le soleil se lève au dessus des collines arides et chasse les dernières brumes du sommeil.
Le monde se divise et prend forme, ombre et lumière, tandis qu'à l'intérieur la chaleur monte et devient étouffante. Crissements de sandales sur le sable, frottement d'étoffe, le pas léger mais décidé de ma soeur, puis le lourd tissu noir orné de perles multicolores de l'entrée est rabattu, laissant toute la blancheur aveuglante du désert embraser la petite pièce.
- J'ai encore rêvé de ma mère.
- Toujours le même songe, le premier, celui où elle t'appelle par ton nom de naissance ?
- Oui, celui-ci.
- Ta mère était chamane. Il y avait des tribus de chamans pas loin d'ici, de nombreuses tribus dans ces ruines. Peut-être que leur magie n'a pas complètement disparu.
Avant, je ne rêvais de ma mère qu'au Cercle de Pierres, là où je suis née, près de l'orphelinat. Je vais maintenant la retrouver partout, chaque nuit ? Un plateau écrasé et blanchi par le soleil, une crète battue par les vents, un sous-bois humide, n'importe quel endroit où un chaman sans doute mort depuis longtemps a un jour invoqué un élément ?
Dois-je me réjouir de rencontrer ma mère de cette manière, de pouvoir lui parler de plus en plus souvent ? Est-ce au contraire le signe que ma mort est proche et que nous serons bientôt ensemble ? Ou encore que mes terreurs enfantines m'ont définitivement rattrapées, que mon esprit est sur le point de basculer.
- Allez, debout chèvre lascive, le soleil ne nous attendra pas. Nous devons nous mettre en route maintenant pour profiter de l'hospitalité des marchands ce soir.
- Et des bains.
- Oui, et aussi du lait aux amandes.
- Et des gâteaux au miel...
Maman, as-tu fait le bon choix ? Parfois j'ai le sentiment de ne pas servir à grand chose. Es-tu fière de ta fille ?
Tant que mon humaine est là, je sais pourquoi je vis, mais ensuite ?
A suivre.
- Maman, c'est toi ?
- Oui ma petite fille.
- On m'a dit que tu étais morte maman.
- Oui, je n'ai pas survécu à ta naissance.
- Mais alors...
- Alors je serai toujours là pour toi mon ange. Le temps ne compte pas, tant que tu m'aimeras, je serai dans ton coeur.
- Oh maman, tu m'en veux pas trop de t'avoir...
- Retrouvée ?
- Tuée, en naissant.
- Tu ne m'as pas tuée, je suis fière de t'avoir donné la vie. J'ai choisi, je savais que ton premier cri serait aussi mon dernier souffle.
- Maman, tu as eu le temps de me voir avant... avant de partir ?
- Oui ma chérie, je t'ai serrée contre moi, tu étais si fragile, encore aveugle. Ta naissance fut le plus beau jour de ma vie.
- Maman, tu m'as tant manquée...
- Moi j'avais confiance, je savais que tu me retrouverais un jour, Issh'naa.
Le soleil se lève au dessus des collines arides et chasse les dernières brumes du sommeil.
Le monde se divise et prend forme, ombre et lumière, tandis qu'à l'intérieur la chaleur monte et devient étouffante. Crissements de sandales sur le sable, frottement d'étoffe, le pas léger mais décidé de ma soeur, puis le lourd tissu noir orné de perles multicolores de l'entrée est rabattu, laissant toute la blancheur aveuglante du désert embraser la petite pièce.
- J'ai encore rêvé de ma mère.
- Toujours le même songe, le premier, celui où elle t'appelle par ton nom de naissance ?
- Oui, celui-ci.
- Ta mère était chamane. Il y avait des tribus de chamans pas loin d'ici, de nombreuses tribus dans ces ruines. Peut-être que leur magie n'a pas complètement disparu.
Avant, je ne rêvais de ma mère qu'au Cercle de Pierres, là où je suis née, près de l'orphelinat. Je vais maintenant la retrouver partout, chaque nuit ? Un plateau écrasé et blanchi par le soleil, une crète battue par les vents, un sous-bois humide, n'importe quel endroit où un chaman sans doute mort depuis longtemps a un jour invoqué un élément ?
Dois-je me réjouir de rencontrer ma mère de cette manière, de pouvoir lui parler de plus en plus souvent ? Est-ce au contraire le signe que ma mort est proche et que nous serons bientôt ensemble ? Ou encore que mes terreurs enfantines m'ont définitivement rattrapées, que mon esprit est sur le point de basculer.
- Allez, debout chèvre lascive, le soleil ne nous attendra pas. Nous devons nous mettre en route maintenant pour profiter de l'hospitalité des marchands ce soir.
- Et des bains.
- Oui, et aussi du lait aux amandes.
- Et des gâteaux au miel...
Maman, as-tu fait le bon choix ? Parfois j'ai le sentiment de ne pas servir à grand chose. Es-tu fière de ta fille ?
Tant que mon humaine est là, je sais pourquoi je vis, mais ensuite ?
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
15 - Document I
Premier envoi d'un recueil de notes transmises par Challe de Draenor à dame Rivenne de l'orphelinat de la Marche de l'Ouest, à la demande de cette dernière.
Issh'naa petite furie.
Issh'naa je suis maintenant la seule c'est sûr à connaître ton vrai nom. Le nom que t'a donné ta mère.
Je suis si vieille trop vieille et fatiguée. Trop fatiguée pour continuer à faire vivre le jardin des enfants alors j'écris pour toi ma chérie pour que tu trouves ce que j'écris quand tu seras grande. Plus grande que moi et aussi grande que toutes les femmes-chèvres de la vallée avec leurs cornes de démons.
Issh'naa petite démone lis ce que j'écris et tu apprendras d'où tu viens. Où tu vas je ne sais pas mais je sais comment tu es arrivée ici. Ta vie a commencé avec la mort de tes parents d'abord ta mère et ensuite ton père quelques jours après. Plus de quarante années ont passé mais j'étais jeune quand ton père t'a apportée dans ses bras il mourrait son sang coulait et tu étais couverte de son sang. J'étais si jeune mais ils disaient que j'étais folle. La folle de la montagne celle qui donne des noms aux pierres. Oui je donne des noms aux pierres même les plus petites et les arbres aussi. Ici les arbres et les pierres chantent pour moi alors je les connais.
Bébé toi couverte du sang de ton père qui est mort et moi si jeune je ne savais pas quoi faire il fallait te cacher c'est sûr. Te cacher et changer ton nom seules les pierres connaissent ton vrai nom c'est notre secret. Affamée il fallait te nourrir apeurée dans les bras du grand draeneï bleu qui mourrait. Je ne savais pas quoi faire ça mange quoi les bébés-femmes-chèvres ? Tu n'étais rien et tu n'avais rien enveloppée dans un tissu sale avec ton petit collier alors je t'ai élevée moi celle qui parle aux pierres et qui n'a jamais eu d'enfant.
Petite fille-chèvre avant toi j'étais seule et je voulais rester seule avec mes pierres. Avec toi il m'a fallu vivre et aimer je ne voulais pas que tu deviennes comme moi folle alors j'ai accueilli d'autres enfants des enfants sans parents. Avant toi j'étais la folle dans les collines et je suis devenue la nounou des collines c'est la vie que tu m'as donné. C'est la vie que j'ai eu avec toi et c'était une bonne vie.
A suivre.
Premier envoi d'un recueil de notes transmises par Challe de Draenor à dame Rivenne de l'orphelinat de la Marche de l'Ouest, à la demande de cette dernière.
Issh'naa petite furie.
Issh'naa je suis maintenant la seule c'est sûr à connaître ton vrai nom. Le nom que t'a donné ta mère.
Je suis si vieille trop vieille et fatiguée. Trop fatiguée pour continuer à faire vivre le jardin des enfants alors j'écris pour toi ma chérie pour que tu trouves ce que j'écris quand tu seras grande. Plus grande que moi et aussi grande que toutes les femmes-chèvres de la vallée avec leurs cornes de démons.
Issh'naa petite démone lis ce que j'écris et tu apprendras d'où tu viens. Où tu vas je ne sais pas mais je sais comment tu es arrivée ici. Ta vie a commencé avec la mort de tes parents d'abord ta mère et ensuite ton père quelques jours après. Plus de quarante années ont passé mais j'étais jeune quand ton père t'a apportée dans ses bras il mourrait son sang coulait et tu étais couverte de son sang. J'étais si jeune mais ils disaient que j'étais folle. La folle de la montagne celle qui donne des noms aux pierres. Oui je donne des noms aux pierres même les plus petites et les arbres aussi. Ici les arbres et les pierres chantent pour moi alors je les connais.
Bébé toi couverte du sang de ton père qui est mort et moi si jeune je ne savais pas quoi faire il fallait te cacher c'est sûr. Te cacher et changer ton nom seules les pierres connaissent ton vrai nom c'est notre secret. Affamée il fallait te nourrir apeurée dans les bras du grand draeneï bleu qui mourrait. Je ne savais pas quoi faire ça mange quoi les bébés-femmes-chèvres ? Tu n'étais rien et tu n'avais rien enveloppée dans un tissu sale avec ton petit collier alors je t'ai élevée moi celle qui parle aux pierres et qui n'a jamais eu d'enfant.
Petite fille-chèvre avant toi j'étais seule et je voulais rester seule avec mes pierres. Avec toi il m'a fallu vivre et aimer je ne voulais pas que tu deviennes comme moi folle alors j'ai accueilli d'autres enfants des enfants sans parents. Avant toi j'étais la folle dans les collines et je suis devenue la nounou des collines c'est la vie que tu m'as donné. C'est la vie que j'ai eu avec toi et c'était une bonne vie.
A suivre.
Ambre
Re: Conversations
16 - Document II
Deuxième envoi d'un recueil de notes transmises par Challe de Draenor à dame Rivenne de l'orphelinat de la Marche de l'Ouest, à la demande de cette dernière.
Ambre petite fille-chèvre.
C'est moi qui t'ai appelée Ambre il fallait te cacher si ton père t'a amenée ici dans les collines c'est sûr. Il fallait cacher ton nom pardonne moi j'ai pris ton vrai nom celui que t'a donné ta mère en mourant. Moi qui donnais des noms aux pierres je t'ai donné le nom de l'éclat de pierre que tu portais au cou et que tu serrais contre toi en dormant. Je n'aimais personne que les pierres et les arbres mais toi tu me donnes ton amour et ta confiance. Sans moi tu serais morte bébé aveugle mais sans toi je serais morte sans amour les pierres me l'ont dit.
Ambre sauvage mon premier enfant sans parents je ne t'ai pas enseigné les choses que les filles-chèvres de la vallée apprennent avec leurs mamans. Moi je t'ai appris ce que j'ai appris avec les pierres et les arbres et le vent. Je t'ai appris la vie dans les montagnes comment on attrape et mange les animaux et comment on trouve l'eau sans se faire voir des ogres. Les années et ma vie ont passées mais toi tu es encore si petite bébé-fille-chèvre ma vie est trop courte. J'ai peur quand tu disparais des jours entiers. J'ai si peur je voudrais te rendre à ton père qui est mort ici vidé de son sang et qu'il t'enseigne comme les pères le font les choses que tu devras savoir.
Ambrecroc c'est comme ça qu'ils t'appellent maintenant quand tu essayes de mordre ceux qui veulent toucher la pierre autour de ton cou. Tendre furie si fragile si forte j'ai promis à ton père qui saignait désespéré de ne pas avoir su te garder près de lui. Tu étais tout pour lui j'ai promis que tu vivrais et que tu vivrais libre partout où tu voudras. Sous les étoiles tu seras toujours chez toi et aussi quand le vent agite les hautes herbes de la vallée comme maintenant regarde. Vis tes rêves et tes parents morts seront heureux. J'ai promis.
Ils m'appellent la nounou des collines c'est la vie que tu m'as donné petite-fille-ange. C'est la vie que j'ai eu avec toi et c'était une bonne vie. Maintenant je suis vieille et je voudrais me reposer.
Grandi bien petite Issh'naa.
A suivre.
Deuxième envoi d'un recueil de notes transmises par Challe de Draenor à dame Rivenne de l'orphelinat de la Marche de l'Ouest, à la demande de cette dernière.
Ambre petite fille-chèvre.
C'est moi qui t'ai appelée Ambre il fallait te cacher si ton père t'a amenée ici dans les collines c'est sûr. Il fallait cacher ton nom pardonne moi j'ai pris ton vrai nom celui que t'a donné ta mère en mourant. Moi qui donnais des noms aux pierres je t'ai donné le nom de l'éclat de pierre que tu portais au cou et que tu serrais contre toi en dormant. Je n'aimais personne que les pierres et les arbres mais toi tu me donnes ton amour et ta confiance. Sans moi tu serais morte bébé aveugle mais sans toi je serais morte sans amour les pierres me l'ont dit.
Ambre sauvage mon premier enfant sans parents je ne t'ai pas enseigné les choses que les filles-chèvres de la vallée apprennent avec leurs mamans. Moi je t'ai appris ce que j'ai appris avec les pierres et les arbres et le vent. Je t'ai appris la vie dans les montagnes comment on attrape et mange les animaux et comment on trouve l'eau sans se faire voir des ogres. Les années et ma vie ont passées mais toi tu es encore si petite bébé-fille-chèvre ma vie est trop courte. J'ai peur quand tu disparais des jours entiers. J'ai si peur je voudrais te rendre à ton père qui est mort ici vidé de son sang et qu'il t'enseigne comme les pères le font les choses que tu devras savoir.
Ambrecroc c'est comme ça qu'ils t'appellent maintenant quand tu essayes de mordre ceux qui veulent toucher la pierre autour de ton cou. Tendre furie si fragile si forte j'ai promis à ton père qui saignait désespéré de ne pas avoir su te garder près de lui. Tu étais tout pour lui j'ai promis que tu vivrais et que tu vivrais libre partout où tu voudras. Sous les étoiles tu seras toujours chez toi et aussi quand le vent agite les hautes herbes de la vallée comme maintenant regarde. Vis tes rêves et tes parents morts seront heureux. J'ai promis.
Ils m'appellent la nounou des collines c'est la vie que tu m'as donné petite-fille-ange. C'est la vie que j'ai eu avec toi et c'était une bonne vie. Maintenant je suis vieille et je voudrais me reposer.
Grandi bien petite Issh'naa.
A suivre.
Ambre
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