Le Faux et le Fou
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Le Faux et le Fou
Ténèbres.
Silence absolu.
Non, celui-ci ne l'est pas. Le Murmure est présent. Toujours. Messager du désespoir, porteur de cris. Combien de jours cela fait il que le Murmure est devenu aussi présent ? Aussi... oppressant ?
L'harmonie discordante est soudainement rompue par une innocente goutte d'eau dont l'écho vient résonner contre les parois d'une grotte, selon toute vraisemblance. L'eau, symbole de vie, dissipe les chuchotements angoissés du Murmure. Celui-ci s 'éloigne, à regret, laissant sa victime recroquevillée. Un corps squelettique, de courtes mèches folles autrefois flamboyantes encadrant un visage émacié et deux yeux verts recouverts par un sinistre voile, une maigre chemise blanche dont la pâleur s'accorde à merveille avec le teint de l'individu... l'être décharné ressemble à peine à un humain et n'est plus que l'infâme spectre de la Mort.
Et, alors que celle-ci vient lui donner son dernier baiser, un frisson d'espoir vient contrecarrer son œuvre. Au son de la goutte, une lueur s'est allumée dans ce regard éteint. Le futur cadavre effectue un geste malhabile et hésitant. Grincements sinistres. Enchaîné. Le frottements des fers contre ses poignets ensanglantés envoie une onde de douleur pure dans tout son corps déjà par trop meurtri. Brûlures, balafres et traces de coups le parsèment, jurant ainsi ainsi avec sa peau livide qui laisse entrevoir os et veines. Combien de temps cela fait-il qu'elle n'a plus mangé ou bu ? Sa gorge n'est plus qu'un brasier permanent, son estomac lui crie son mécontentement et sa vue n'est que flou depuis déjà plusieurs jours. Ses poignets meurtris montrant des signes d'infection, la quantité de sang séché sur le sol, la magie lui rongeant l'intérieur de son être... Tous ces élements mis a bout ne laissent guère entrevoir d'issue à sa fin très proche.
Pourtant Lanivia Lionheart s'accroche désespérément à la vie. Trois noms tournent sans arrêt dans son esprit jusqu'à devenir une obsession. Elle ne peut mourir sans les avoir revu. Peu lui importait que son mari se soit transformé en un vieillard rongé par la laideur et la maladie. Elle ne s'effondrerait pas en apprenant que son père adoptif, sa meilleure amie et son héritage avaient été réduit en poussière. Il lui restait ses enfants et ceux-ci ne connaîtraient sans doute jamais leur vrai père alors il était hors de question de les priver de leur mère. C'était en s'accrochant à cette certitude que Lanivia avait supporté toutes les tortures ; ignoré le Murmure qui lui susurrait continuellement la destruction de Scamshire et la déchéance d'Ethan Lionheart devenu Gérold Blackface et surpassé la faim et la soif.
Elle devait atteindre cette minuscule goutte qui lui offrirait sans doute un répit d'une journée. Bien que sa geôle ne laissait filtrer aucune lumière et ne lui permettait donc pas de mesurer depuis combien de temps durait son calvaire. Son ravisseur ne lui était d 'aucun secours dans ce domaine. Lors de ses rares visites, il se contentait de la torturer jusqu'à ce qu'elle sombre dans l'inconscience. A son réveil, elle ne trouvait qu'un peu de nourriture rancie et d'eau croupie. Il ne restait que le rire fou de son tortionnaire qui résonnait longuement dans la grotte et le Murmure qu'il avait distillé dans son esprit dès son premier jour de captivité.
La jeune femme tenta désespérément de se libérer de ses entraves, ne prêtant pas la moindre attention au sang coulant le long de ses bras. Mais les fers avaient été magiquement renforcés suite à sa première tentative d'évasion. Et son épaule, démise lors de sa chute de cheval, implorait grâce.
Au bout d'un long moment, elle renonça. Elle devrait se débrouiller sans eau et attendre le retour de son geôlier. Pourtant aucune de ses absences n'avait été aussi longue. L'avait-il oubliée ? Celui-ci prétendait se nommer Moqueur mais la lady connaissait trop bien son vieil ennemi pour ne pas y croire une seconde. L' Illusionniste n'agissait jamais sans but or aucune suite ne semblait avoir été prévue à son enlèvement et sa torture. Et jamais le Fou ne l'aurait blessée physiquement, étant bien trop raffiné pour. Non, il s'agissait de quelqu'un d'autre, suffisamment proche des Lionhearts pour avoir connu les récents affrontements entre eux et les Sangdors.
Soudain, un bruit la fit sursauter. Un rire. Clair et cristallin. Dément. Un son tel qu'elle n'en avait pas entendu depuis des mois...
Silence absolu.
Non, celui-ci ne l'est pas. Le Murmure est présent. Toujours. Messager du désespoir, porteur de cris. Combien de jours cela fait il que le Murmure est devenu aussi présent ? Aussi... oppressant ?
L'harmonie discordante est soudainement rompue par une innocente goutte d'eau dont l'écho vient résonner contre les parois d'une grotte, selon toute vraisemblance. L'eau, symbole de vie, dissipe les chuchotements angoissés du Murmure. Celui-ci s 'éloigne, à regret, laissant sa victime recroquevillée. Un corps squelettique, de courtes mèches folles autrefois flamboyantes encadrant un visage émacié et deux yeux verts recouverts par un sinistre voile, une maigre chemise blanche dont la pâleur s'accorde à merveille avec le teint de l'individu... l'être décharné ressemble à peine à un humain et n'est plus que l'infâme spectre de la Mort.
Et, alors que celle-ci vient lui donner son dernier baiser, un frisson d'espoir vient contrecarrer son œuvre. Au son de la goutte, une lueur s'est allumée dans ce regard éteint. Le futur cadavre effectue un geste malhabile et hésitant. Grincements sinistres. Enchaîné. Le frottements des fers contre ses poignets ensanglantés envoie une onde de douleur pure dans tout son corps déjà par trop meurtri. Brûlures, balafres et traces de coups le parsèment, jurant ainsi ainsi avec sa peau livide qui laisse entrevoir os et veines. Combien de temps cela fait-il qu'elle n'a plus mangé ou bu ? Sa gorge n'est plus qu'un brasier permanent, son estomac lui crie son mécontentement et sa vue n'est que flou depuis déjà plusieurs jours. Ses poignets meurtris montrant des signes d'infection, la quantité de sang séché sur le sol, la magie lui rongeant l'intérieur de son être... Tous ces élements mis a bout ne laissent guère entrevoir d'issue à sa fin très proche.
Pourtant Lanivia Lionheart s'accroche désespérément à la vie. Trois noms tournent sans arrêt dans son esprit jusqu'à devenir une obsession. Elle ne peut mourir sans les avoir revu. Peu lui importait que son mari se soit transformé en un vieillard rongé par la laideur et la maladie. Elle ne s'effondrerait pas en apprenant que son père adoptif, sa meilleure amie et son héritage avaient été réduit en poussière. Il lui restait ses enfants et ceux-ci ne connaîtraient sans doute jamais leur vrai père alors il était hors de question de les priver de leur mère. C'était en s'accrochant à cette certitude que Lanivia avait supporté toutes les tortures ; ignoré le Murmure qui lui susurrait continuellement la destruction de Scamshire et la déchéance d'Ethan Lionheart devenu Gérold Blackface et surpassé la faim et la soif.
Elle devait atteindre cette minuscule goutte qui lui offrirait sans doute un répit d'une journée. Bien que sa geôle ne laissait filtrer aucune lumière et ne lui permettait donc pas de mesurer depuis combien de temps durait son calvaire. Son ravisseur ne lui était d 'aucun secours dans ce domaine. Lors de ses rares visites, il se contentait de la torturer jusqu'à ce qu'elle sombre dans l'inconscience. A son réveil, elle ne trouvait qu'un peu de nourriture rancie et d'eau croupie. Il ne restait que le rire fou de son tortionnaire qui résonnait longuement dans la grotte et le Murmure qu'il avait distillé dans son esprit dès son premier jour de captivité.
La jeune femme tenta désespérément de se libérer de ses entraves, ne prêtant pas la moindre attention au sang coulant le long de ses bras. Mais les fers avaient été magiquement renforcés suite à sa première tentative d'évasion. Et son épaule, démise lors de sa chute de cheval, implorait grâce.
Au bout d'un long moment, elle renonça. Elle devrait se débrouiller sans eau et attendre le retour de son geôlier. Pourtant aucune de ses absences n'avait été aussi longue. L'avait-il oubliée ? Celui-ci prétendait se nommer Moqueur mais la lady connaissait trop bien son vieil ennemi pour ne pas y croire une seconde. L' Illusionniste n'agissait jamais sans but or aucune suite ne semblait avoir été prévue à son enlèvement et sa torture. Et jamais le Fou ne l'aurait blessée physiquement, étant bien trop raffiné pour. Non, il s'agissait de quelqu'un d'autre, suffisamment proche des Lionhearts pour avoir connu les récents affrontements entre eux et les Sangdors.
Soudain, un bruit la fit sursauter. Un rire. Clair et cristallin. Dément. Un son tel qu'elle n'en avait pas entendu depuis des mois...
Lena
Re: Le Faux et le Fou
« - Coucou !
Rire dément. Allègre. Incongru.
Lanivia tente en vain de percer l 'obscurité pour confirmer l'identité du visiteur. Peine perdue. Dans un tintement de métal elle se raidit, attendant la suite. Qui ne vient pas. Là où l’Illusionniste passe, le Temps lui même tire sa révérence.
Pourtant, plus le fou rit plus la Mort fuit les lieux. Le rire devient grondement, emprunte mille voix différentes et se répercute sur les parois et aspérités de la grotte. Il repère un moment le Murmure et le dévore avec une simplicité écrasante. Le Murmure, pourtant si puissant et pernicieux. La véritable Folie reprend ses droits en ces lieux.
Lanivia n'a désormais plus aucun doute. Moqueur, le vrai cette fois-ci, se tient là. Dans quel but en revanche ? Cela, elle n'en a aucune idée. Le Comédien ne possède ni logique ni raison. Luttant pour ne pas sombrer dans l'inconscience ; la captive utilise toute son énergie pour murmurer un unique mot, une bulle de sang éclatant à chaque syllabe prononcée.
- Mo...queur ?...
Le rire cesse soudainement, une lumière tremblote dans la pénombre de la grotte et deux yeux exorbités encadrés par un masque d'un bleu éclatant flamboient.
- QUI D'AUTRE?! JE SUIS LE SEUL ET L'UNIQUE ! NUL AUTRE QUE MOI N'EST AUSSI GENIAL !
Penchant la tête de côté, il se met soudain à marmonner :
- Pauvre mortel... Pitoyable pourceau... Oser vouloir imiter la perfection incarnée, le sublime... ! Imbécile suicidaire...
Puis le rire reprit, sardonique. Accompagné d'un chant.
- Il est mort, il s'en est allé ! A ses pieds une tombe. A sa tête , une couronne faite de ses os !
Lanivia frémit. En se rendant compte que le dément est en colère. Lui que les sentiments n'atteignent jamais ! L'impossible s'est réalisé.
- NUL N'OSE M'IMITER ! NUL NE PEUT PRETENDRE VOULOIR ME RESSEMBLER ET BAFOUER AINSI L'ART DANS UNE PANTOMINE AUSSI LAMENTABLE !
Un fou sanguinaire. Il allait certainement la tuer dans son accès de démence. Mais, comme s'il avait lu dans les pensées de la jeune femme terrorisée, Moqueur se calme soudain, son masque incarnat virant à un gris neutre, et reporte son attention sur elle.
- Deux fois que je te sauve la vie petite Lionne. Une mascarade a été commise, l'erreur doit être corrigée. Et puis, tant de choses amusantes chez vous ! Si Delabruine n'était pas pas engagée dans une pièce combien aurais-je eu de plaisir à jouer avec elle ! Nos chemins se recroiseront sûrement petite Lionne mais ce jour là ne t'attends pas à bénéficier de mes faveurs puisque tu seras l’héroïne de ma tragédie !
L'Illusionniste éclate de rire et la lumière disparait, en même temps qu'un tintement feutré se fait entendre. Libre ! Elle n'était plus enchaînée ! Mais comment sortir de ce labyrinthe obscur ?
Lanivia refuse de désespérer et commence à ramper loin de ses fers en direction de Moqueur. Refusant d'écouter les protestations de ses plaies s'ouvrant sous la roche, elle parvient à trouver à tâtons une aspérité plus large que les autres. Une marche ! Déterminée à trouver la sortie, les sens affaiblis, elle n'entend pas de suite le grognement qui semble se diriger vers elle. En revanche, elle sent très bien des crocs s'emparer de sa chemise et la traîner. Épuisée, elle n'esquisse pas le moindre geste pour se débattre. L'ironie de sa situation, se faire sauver par son ennemi juré pour que celui-ci l'abandonne aux bêtes sauvages quelques minutes plus tard lui tire à peine un sourire las. Elle ferme les yeux, se laissant sombrer dans l'inconscience.
___________________________________
Ténèbres. Des visages flottent. Ceux de son époux, après sa maladie. Ceux de sa famille adoptive, transparents avec un voile de chagrin sur les yeux. Lanivia sent les ombres l'engloutir un peu plus. Tout laisser tomber serait tellement confortable... Son corps n'est que souffrance tandis qu'elle continue à se faire tirer vers sa fin. Lanivia s'était toujours considérée comme une louve. Rien d'étonnant vu que son meilleur ami avait toujours été Wolfgang et qu'elle avait passé toute sa vie dans la forêt. En découvrant la ville, elle avait dû se faire renarde pour survivre. Mais bien vite elle avait abandonné cet animal pour redevenir elle-même. Et pourtant... Moqueur l'avait nommé « Lionne ». Elle n'avait rien de ce fier animal à la crinière dorée, misérable arnaqueuse rousse dont la seule chose honorable qu'elle ait faite était d'avoir épousé un merveilleux mari et mis au monde deux magnifiques enfants. Ces trois images reviennent, Ethan redevenu celui d'antan, tenant Erwan et Arthur dans ses bras dans leur chambre du Fort. Vision idyllique. Impossible. Ethan n'était plus que l'ombre de lui-même. Mais cela n'empêchait qu'il était vivant et que ses enfants avaient besoin d'elle. Elle devait ouvrir les yeux, pour pouvoir les rassurer et en faire de vrais Lionhearts dignes de leur père.
Soudain la douleur reflue et des voix commencent à percer l'épais brouillard dans lequel elle est plongée. Celles-ci s'éloignent tandis que Lanivia, paniquée à l'idée de ne pas savoir ce qu'il est en train de se dérouler, reprend conscience. Et reste figée de surprise lorsqu'elle découvre qu'elle est allongée sur un lit dans une chambre respirant la simplicité et le dénuement. Mais le décor ne parvient pas à l’intéresser tellement la scène sous ses yeux est d'une étrangeté sans pareil. Un lion, un vrai, est couché au pied du lit et, au réveil de la jeune femme, dresse la tête, dévoilant ainsi un message accroché à son cou. Surmontant son choc, la marquise s'approche craintivement de l'animal, défaisant le nœud et dépliant la lettre.
« A l'ancienne canidé devenue félin.
Voici un nouveau compagnon de route, puisque l'ancien est mort, offrant à la fois prestige et ridicule puisque d'une originalité hors normes mais trop stéréotypé. Venu du fin fond des Tarides, celui-ci est persuadé que tu es sa mère (quelle ironie pour une femme stérile!) et te sera donc d'une fidélité sans pareille, mon illusion étant tellement parfaite qu'elle ne vacillera jamais.
Au plaisir et que la Folie te garde,
Moqueur,
Comédien génial et Illusionniste parfait. »
Rire dément. Allègre. Incongru.
Lanivia tente en vain de percer l 'obscurité pour confirmer l'identité du visiteur. Peine perdue. Dans un tintement de métal elle se raidit, attendant la suite. Qui ne vient pas. Là où l’Illusionniste passe, le Temps lui même tire sa révérence.
Pourtant, plus le fou rit plus la Mort fuit les lieux. Le rire devient grondement, emprunte mille voix différentes et se répercute sur les parois et aspérités de la grotte. Il repère un moment le Murmure et le dévore avec une simplicité écrasante. Le Murmure, pourtant si puissant et pernicieux. La véritable Folie reprend ses droits en ces lieux.
Lanivia n'a désormais plus aucun doute. Moqueur, le vrai cette fois-ci, se tient là. Dans quel but en revanche ? Cela, elle n'en a aucune idée. Le Comédien ne possède ni logique ni raison. Luttant pour ne pas sombrer dans l'inconscience ; la captive utilise toute son énergie pour murmurer un unique mot, une bulle de sang éclatant à chaque syllabe prononcée.
- Mo...queur ?...
Le rire cesse soudainement, une lumière tremblote dans la pénombre de la grotte et deux yeux exorbités encadrés par un masque d'un bleu éclatant flamboient.
- QUI D'AUTRE?! JE SUIS LE SEUL ET L'UNIQUE ! NUL AUTRE QUE MOI N'EST AUSSI GENIAL !
Penchant la tête de côté, il se met soudain à marmonner :
- Pauvre mortel... Pitoyable pourceau... Oser vouloir imiter la perfection incarnée, le sublime... ! Imbécile suicidaire...
Puis le rire reprit, sardonique. Accompagné d'un chant.
- Il est mort, il s'en est allé ! A ses pieds une tombe. A sa tête , une couronne faite de ses os !
Lanivia frémit. En se rendant compte que le dément est en colère. Lui que les sentiments n'atteignent jamais ! L'impossible s'est réalisé.
- NUL N'OSE M'IMITER ! NUL NE PEUT PRETENDRE VOULOIR ME RESSEMBLER ET BAFOUER AINSI L'ART DANS UNE PANTOMINE AUSSI LAMENTABLE !
Un fou sanguinaire. Il allait certainement la tuer dans son accès de démence. Mais, comme s'il avait lu dans les pensées de la jeune femme terrorisée, Moqueur se calme soudain, son masque incarnat virant à un gris neutre, et reporte son attention sur elle.
- Deux fois que je te sauve la vie petite Lionne. Une mascarade a été commise, l'erreur doit être corrigée. Et puis, tant de choses amusantes chez vous ! Si Delabruine n'était pas pas engagée dans une pièce combien aurais-je eu de plaisir à jouer avec elle ! Nos chemins se recroiseront sûrement petite Lionne mais ce jour là ne t'attends pas à bénéficier de mes faveurs puisque tu seras l’héroïne de ma tragédie !
L'Illusionniste éclate de rire et la lumière disparait, en même temps qu'un tintement feutré se fait entendre. Libre ! Elle n'était plus enchaînée ! Mais comment sortir de ce labyrinthe obscur ?
Lanivia refuse de désespérer et commence à ramper loin de ses fers en direction de Moqueur. Refusant d'écouter les protestations de ses plaies s'ouvrant sous la roche, elle parvient à trouver à tâtons une aspérité plus large que les autres. Une marche ! Déterminée à trouver la sortie, les sens affaiblis, elle n'entend pas de suite le grognement qui semble se diriger vers elle. En revanche, elle sent très bien des crocs s'emparer de sa chemise et la traîner. Épuisée, elle n'esquisse pas le moindre geste pour se débattre. L'ironie de sa situation, se faire sauver par son ennemi juré pour que celui-ci l'abandonne aux bêtes sauvages quelques minutes plus tard lui tire à peine un sourire las. Elle ferme les yeux, se laissant sombrer dans l'inconscience.
___________________________________
Ténèbres. Des visages flottent. Ceux de son époux, après sa maladie. Ceux de sa famille adoptive, transparents avec un voile de chagrin sur les yeux. Lanivia sent les ombres l'engloutir un peu plus. Tout laisser tomber serait tellement confortable... Son corps n'est que souffrance tandis qu'elle continue à se faire tirer vers sa fin. Lanivia s'était toujours considérée comme une louve. Rien d'étonnant vu que son meilleur ami avait toujours été Wolfgang et qu'elle avait passé toute sa vie dans la forêt. En découvrant la ville, elle avait dû se faire renarde pour survivre. Mais bien vite elle avait abandonné cet animal pour redevenir elle-même. Et pourtant... Moqueur l'avait nommé « Lionne ». Elle n'avait rien de ce fier animal à la crinière dorée, misérable arnaqueuse rousse dont la seule chose honorable qu'elle ait faite était d'avoir épousé un merveilleux mari et mis au monde deux magnifiques enfants. Ces trois images reviennent, Ethan redevenu celui d'antan, tenant Erwan et Arthur dans ses bras dans leur chambre du Fort. Vision idyllique. Impossible. Ethan n'était plus que l'ombre de lui-même. Mais cela n'empêchait qu'il était vivant et que ses enfants avaient besoin d'elle. Elle devait ouvrir les yeux, pour pouvoir les rassurer et en faire de vrais Lionhearts dignes de leur père.
Soudain la douleur reflue et des voix commencent à percer l'épais brouillard dans lequel elle est plongée. Celles-ci s'éloignent tandis que Lanivia, paniquée à l'idée de ne pas savoir ce qu'il est en train de se dérouler, reprend conscience. Et reste figée de surprise lorsqu'elle découvre qu'elle est allongée sur un lit dans une chambre respirant la simplicité et le dénuement. Mais le décor ne parvient pas à l’intéresser tellement la scène sous ses yeux est d'une étrangeté sans pareil. Un lion, un vrai, est couché au pied du lit et, au réveil de la jeune femme, dresse la tête, dévoilant ainsi un message accroché à son cou. Surmontant son choc, la marquise s'approche craintivement de l'animal, défaisant le nœud et dépliant la lettre.
« A l'ancienne canidé devenue félin.
Voici un nouveau compagnon de route, puisque l'ancien est mort, offrant à la fois prestige et ridicule puisque d'une originalité hors normes mais trop stéréotypé. Venu du fin fond des Tarides, celui-ci est persuadé que tu es sa mère (quelle ironie pour une femme stérile!) et te sera donc d'une fidélité sans pareille, mon illusion étant tellement parfaite qu'elle ne vacillera jamais.
Au plaisir et que la Folie te garde,
Moqueur,
Comédien génial et Illusionniste parfait. »
Lena
Re: Le Faux et le Fou
Lanivia regardait les feuilles des arbres se balancer doucement au grès du vent. Harmonie. Derniers instants de paix avant la tempête que serait désormais sa vie. Elle s'avança dans le cloître du monastère qui l'avait accueillie des jours durant. Grâce aux religieux, la plupart de ses os étaient ressoudés, ses plaies refermées et ses besoins en eau et nourriture comblés. Sans eux, elle serait sans doute morte. Ce qui l’amenait à revoir certaines de ses idées sur la Lumière. A commencer par celle sur son existence même. Cela lui serait certainement très utile dans les jours à venir.
Elle soupira. La sérénité qui l'habitait à chaque fois qu'elle s'asseyait à l'ombre des arbres l'avait quittée. Enfin, ce n'était pas le cas de tout le monde constata-t-elle, ironique, en regardant le lion tranquillement étendu à terre. Si Ethan avait su ces animaux aussi paresseux peut être aurait-il songé à adopter un autre emblème ! Enfin, la Lady savait que ce n'était qu'une façade. Il veillait au grain, grognant envers quiconque s'approcherait trop près de lui. Sauf sa maîtresse. Elle était la seule à pouvoir le toucher et mieux se faire obéir. Elle savait que sans cela, le fauve aurait déjà été abattu. Mais il était toléré puisque relativement docile et discret. Il chassait uniquement la nuit. Lorsque Lanivia avait récupéré suffisamment de forces pour tendre une corde, elle s'était confectionné un arc artisanal et s'était jointe à la chasse, renforçant sa complicité envers l'animal lui ayant sauvé la vie. C'est ainsi qu'en moins d'une semaine, elle avait réussit à courir sur une maigre distance et à tuer une cible plutôt lente qu'elle avait ramené aux moines, fière d'elle. Ses protecteurs avaient loué son exceptionnelle endurance mais pourtant leurs fronts demeuraient plissés lorsqu'ils observaient le corps squelettique de la jeune femme et les nombreuses lignes blanchâtres qui l'ornait. Les tortures ne disparaîtraient pas en une semaine voir même en deux. Elle porterait à vie les traces de ses supplices.
Elle se demandait comment Ethan réagirait s'il la voyait dans cet état. Quoique le sien était bien pire alors... Elle avait vraiment hâte de le retrouver. Pour comprendre. Pourquoi lui avoir caché à elle, comment adoucir son sort, possédaient-ils encore un avenir ?... Enfin, grâce à lui elle ne serait pas obligée de se remarier pour pouvoir garder son nom puisqu'Edward l'avait officiellement adoptée. En revanche elle se retrouvait veuve seulement un an après son mariage aux yeux de tous. Maudit L.I.O.N. N'auraient-ils pas pu lui laisser quelques semaines de répit ? Mais non, les fameux agents de son époux avaient débarqué la veille pour lui annoncer qu'elle était désormais la Régente de la Maison Lionheart jusqu'à la majorité de ses fils puisque son mari était porté disparu, probablement mort. Elle se demandait vraiment pourquoi Lorian avait faillit à sa tâche et s'était suicidé. Probablement à cause de la pression que lui imposait le rôle de son demi-frère. Elle espérait ne pas finir comme lui. Heureusement, Ethan ou Gérold comme il se nommait désormais serait là pour l'épauler. Mais avant de pouvoir retrouver son mari et ses enfants, elle devait quitter prestement le monastère. Histoire de ne pas se retrouver assiégée par une armée de réprouvés. Dont faisait partit son geôlier avant que Moqueur ne punisse l'insolent imitateur.
Soupirant, elle appela le lion puis se dirigea vers le bureau de l'abbé Claircroix. Celui ci ne parrut pas surprit de son arrivée et sourit doucement à son entrée.
''-Ainsi vous vous apprêtez à nous quitter ?''
Lanivia marqua un temps d'arrêt, étonné qu'il ait deviné si rapidement.
''-En effet, mon père, toutefois je tenais à vous prévenir qu'une armée réprouvée marche vers vous. Quittez le monastère le plus rapidement possible et ne revenez qu'une fois la menace écartée. Cent cinquante des hommes de mon mar... de mes hommes viennent en renfort mais je m'en voudrais s'ils n'arrivaient pas à temps. Si jamais nous parvenons néanmoins à sauver cet endroit des morts vivants je le prendrais sous ma protection afin de vous remercier de vos bienfaits et le confierais à mes vassaux Valenfleurs, d'honorables juristes afin qu'ils gèrent le domaine entourant le monastère et en fasse un comté dont la prospérité sera vantée dans tout Arathi. Il va de soit bien sur que vous poursuivrez votre vie en paix comme avant, les soucis administratifs en moins.
-Vous semblez avoir changée.
-Je porte désormais la vie de plus d'un milliers d'hommes, femmes, vieillards et enfants sur mes épaules. C'est... très formateur. Acceptez vous ma proposition, mon père ?''
Le sourire du vieil homme s'élargit.
''-Je dois vraiment être faible pour devoir accepter la protection d'une jeune femme blessée. Mais soit, par affection pour vous. En revanche aucun de nous ne quittera ce monastère, la dame noire elle même fut-elle à notre porte. Bonne route demoiselle, et que la Lumière vous garde.''
Lanivia lui sourit puis se dirigea vers la sortie. Une longue route l'attendait jusqu'au duché des marches du géant et son foyer de Castel Roc qui avait décidément bien besoin d'elle aussi.
Elle soupira. La sérénité qui l'habitait à chaque fois qu'elle s'asseyait à l'ombre des arbres l'avait quittée. Enfin, ce n'était pas le cas de tout le monde constata-t-elle, ironique, en regardant le lion tranquillement étendu à terre. Si Ethan avait su ces animaux aussi paresseux peut être aurait-il songé à adopter un autre emblème ! Enfin, la Lady savait que ce n'était qu'une façade. Il veillait au grain, grognant envers quiconque s'approcherait trop près de lui. Sauf sa maîtresse. Elle était la seule à pouvoir le toucher et mieux se faire obéir. Elle savait que sans cela, le fauve aurait déjà été abattu. Mais il était toléré puisque relativement docile et discret. Il chassait uniquement la nuit. Lorsque Lanivia avait récupéré suffisamment de forces pour tendre une corde, elle s'était confectionné un arc artisanal et s'était jointe à la chasse, renforçant sa complicité envers l'animal lui ayant sauvé la vie. C'est ainsi qu'en moins d'une semaine, elle avait réussit à courir sur une maigre distance et à tuer une cible plutôt lente qu'elle avait ramené aux moines, fière d'elle. Ses protecteurs avaient loué son exceptionnelle endurance mais pourtant leurs fronts demeuraient plissés lorsqu'ils observaient le corps squelettique de la jeune femme et les nombreuses lignes blanchâtres qui l'ornait. Les tortures ne disparaîtraient pas en une semaine voir même en deux. Elle porterait à vie les traces de ses supplices.
Elle se demandait comment Ethan réagirait s'il la voyait dans cet état. Quoique le sien était bien pire alors... Elle avait vraiment hâte de le retrouver. Pour comprendre. Pourquoi lui avoir caché à elle, comment adoucir son sort, possédaient-ils encore un avenir ?... Enfin, grâce à lui elle ne serait pas obligée de se remarier pour pouvoir garder son nom puisqu'Edward l'avait officiellement adoptée. En revanche elle se retrouvait veuve seulement un an après son mariage aux yeux de tous. Maudit L.I.O.N. N'auraient-ils pas pu lui laisser quelques semaines de répit ? Mais non, les fameux agents de son époux avaient débarqué la veille pour lui annoncer qu'elle était désormais la Régente de la Maison Lionheart jusqu'à la majorité de ses fils puisque son mari était porté disparu, probablement mort. Elle se demandait vraiment pourquoi Lorian avait faillit à sa tâche et s'était suicidé. Probablement à cause de la pression que lui imposait le rôle de son demi-frère. Elle espérait ne pas finir comme lui. Heureusement, Ethan ou Gérold comme il se nommait désormais serait là pour l'épauler. Mais avant de pouvoir retrouver son mari et ses enfants, elle devait quitter prestement le monastère. Histoire de ne pas se retrouver assiégée par une armée de réprouvés. Dont faisait partit son geôlier avant que Moqueur ne punisse l'insolent imitateur.
Soupirant, elle appela le lion puis se dirigea vers le bureau de l'abbé Claircroix. Celui ci ne parrut pas surprit de son arrivée et sourit doucement à son entrée.
''-Ainsi vous vous apprêtez à nous quitter ?''
Lanivia marqua un temps d'arrêt, étonné qu'il ait deviné si rapidement.
''-En effet, mon père, toutefois je tenais à vous prévenir qu'une armée réprouvée marche vers vous. Quittez le monastère le plus rapidement possible et ne revenez qu'une fois la menace écartée. Cent cinquante des hommes de mon mar... de mes hommes viennent en renfort mais je m'en voudrais s'ils n'arrivaient pas à temps. Si jamais nous parvenons néanmoins à sauver cet endroit des morts vivants je le prendrais sous ma protection afin de vous remercier de vos bienfaits et le confierais à mes vassaux Valenfleurs, d'honorables juristes afin qu'ils gèrent le domaine entourant le monastère et en fasse un comté dont la prospérité sera vantée dans tout Arathi. Il va de soit bien sur que vous poursuivrez votre vie en paix comme avant, les soucis administratifs en moins.
-Vous semblez avoir changée.
-Je porte désormais la vie de plus d'un milliers d'hommes, femmes, vieillards et enfants sur mes épaules. C'est... très formateur. Acceptez vous ma proposition, mon père ?''
Le sourire du vieil homme s'élargit.
''-Je dois vraiment être faible pour devoir accepter la protection d'une jeune femme blessée. Mais soit, par affection pour vous. En revanche aucun de nous ne quittera ce monastère, la dame noire elle même fut-elle à notre porte. Bonne route demoiselle, et que la Lumière vous garde.''
Lanivia lui sourit puis se dirigea vers la sortie. Une longue route l'attendait jusqu'au duché des marches du géant et son foyer de Castel Roc qui avait décidément bien besoin d'elle aussi.
Lena
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