[16/11/33] 21h : Emeute de la prison centrale

-"Attention, un gardien arrive ! Planque ça, souffla un prisonnier à un de ses codétenus qui inspectaitune petite boîte pleine de gros pétards nains.
-Sous la dalle, c'est une bonne cachette", assura l'autre en soulevant un pavé déjointé pour y cacher la contrebande.
La petite cellule, sombre et malodorante, débordait de prisonniers en haillons, aux mines grises et mauvaises. Le gardien porta sa lanterne à hauteur des barreaux le séparant des criminels, et inspecta quelques instant l'endroit, avant de repartir.
Ils se regardèrent tous, un sourire aux lèvres pour les uns, une résignation affichée pour les autres, ou encore une excitations mal contenue pour certains.

C'est par une simple rumeur que cela avait débuté. Un des chefs des quelques bandes qui hantaient la prison avait reçu en secret un paquet de l'extérieur et un de ses sbires avaient discrètement fait passer un message à des hommes de confiance. L'arrivée d'un mystérieux prisonnier dans une cellule spéciale avait confortée les prisonniers dans leur idée qu'il se tramait quelque chose.
Les dernières heures avaient vu se concrétiser ces théories : certains geôliers semblaient être devenus très distraits et quelques cellules avaient reçus des colis, à dissimuler expressément. Ils contenaient diversement des crochets pour serrure, des surins aiguisés, des stylets ou des pétards, voir des fumigènes. Les caïds faisaient respecter le silence par l'intimidation, il était hors de question d'utiliser cet arsenal de fortune avant l'heure prévue.

Les prisonniers étaient sortis de leurs cellules, en forçant les cellules ou en utilisant des clés volés. Armés d'armes grossières, comme des surins, des gourdins ou des pétards et fumigènes, ils avaient surpris les gardiens, les repoussant vers l'extérieur. Des armes, boucliers et armures de fortunes avait été constitués grâce au chaos provoqué dans la prison. Certains des évadés s'étaient servis dans l'armurerie. De nombreux geôliers furent blessés, et les plus impopulaires, impitoyablement massacrés.
Remontant à la surface, dans le hall de leur lieu de détention, les criminels gagnèrent du temps grâce à trois explosions inopinées. En effet, trois bombes avaient explosées, l'une au port, l'une dans le quartier des nains, et enfin, une dernière à la garnison du ruisseau de l'Ouest.
Cela dit, des patrouilleurs et des citoyens constatèrent bien vite qu'il se passait quelque chose d'inquiétant. A peine les grilles de l'entrée de la prison avaient-elles été forcées que la caserne principale de la garde était prévenue. S'ensuivit devant l'entrée, entre les canaux et le quartier des mages, des combats de rue et des pillages. La garde, bien organisée et mieux équipée, n'avait aucun problème à repousser de front les sinistres émeutiers. Ceux-ci préféraient évidemment tenter leur chance en s'enfuyant, ou en entrant dans les boutiques et les habitations pour brutaliser et voler.
Des petits groupes épars se dispersèrent dans la ville, laissant la prison vide derrière eux. L'un des leaders de la révolte, un vieux mage du nom de Parfrani Jourdain, menait une bande vers la vieille caserne pour tenter de s'échapper par le port. Evitant de peu aux griffons, ils partirent en sautant des remparts à l'aide d'un sort de lévitation, avant d'essayer de doubler le destin en s'enfuyant en barque. Las, le petit groupe, comme tous leurs confrères évadés, se heurtant aux gardes de Hurlevent. Si une minorité assez conséquente pu s'évaporer dans la nature, le gros des émeutiers fut maîtrisé ou tué durant l'évènement. Jourdain et ses amis, harcelés par les griffons de la garde, abandonnèrent leur barque et essayèrent de partir vers la marche de l'Ouest en longeant les falaises du bord de mer. Un certain Mègue et une naine réussirent, quand à Jourdain, blessé, il préféra se rendre.

L'émeute laissait derrière elle une prison vidée de nombre de ses occupants, des citoyens violentés et de nombreuses infrastructures saccagées et pillées. Il ne faisait pas de doute que l'évasion spectaculaire n'était pas le fruit du hasard, car comme beaucoup le constatèrent, les prisonniers avaient quittés leurs cellules avec une facilité déconcertante. Quand aux bombes, enfin, elles avaient engendrés des dégâts certes réparables, mais considérables, voir spectaculaires pour les plus impressionnables.