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Lumière perdue

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Lumière perdue Empty Lumière perdue

Message  Caliel Mar 24 Juin 2014, 10:20

L'enfant était allongée sur son côté, sur les genoux du rôdeur. La rivière, à un pas d'eux, brisait seule le silence dans lequel ils étaient plongés, d'un clapotis écarlate. Les hautes herbes qui les cernaient s'agitaient dans la brise marine. La pauvre tête blonde était peinte de sang sur tout un côté.
Son visage poupin semblait paisible dans l'inconscience. Le nez retroussé et les yeux grands, la petite bouche, sèche, avalait l'air dans une volonté de vivre palpable. Le petit corps n'était agité que de sa respiration, plus douce que les spasmes de douleur qui l'avaient secoué avant qu'elle ne sombre.
Ce n'était qu'un silence de plus à Gilnéas. La morsure au bras de la fillette l'avait condamnée. Une éclaircie brève vint les réchauffer.
Les lèvres vierges de toute sèche, l'homme penché sur elle nettoyait d'un linge humide la vilaine blessure, qui avait arraché l'oreille de la petite fille. De l'autre main, il soutenait sa tête évanouie et dodelinante.
L'une au soleil, l'autre dans l'ombre du visage mutilé.


***

La première phalange se détache aisément. D'une volute de tabac âcre, le tortionnaire rend flou le carmin qui se répand sur le sol, la main du prisonnier clouée au sol d'un pied lourd. Il hurle sous son bâillon, mais Caliel n'entend pas. L'obscurité ambiante lui permet de ne pas voir les yeux de sa victime ; pourtant, ils se devinent l'un l'autre leur visage.
Celui à genoux est gras, pitoyable. On l'a ligoté, sa tempe a saigné d'un violent coup. Il est trempé d'une eau salée.
Le rôdeur tire une nouvelle latte avant de poser une nouvelle question, patient et déterminé : sans plaisir ; juste. Son visage, trop faiblement éclairé par le bout incandescent, est las, parfois se perdant dans la contemplation du noir. La pointe de la lame se pose sur une nouvelle jointure, qui sera bientôt tranchée tout aussi nettement que la première.

Quelques minutes plus tard, la pauvre plage de la Marche se verra cabossée d'une tombe grossière, le sang poissant son sable. La mer porterait le cadavre on ne sait où lors de la marée.
Le regard noir, Caliel ne jettera pas un œil en arrière. Aucune prière pour cet homme.
Caliel
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Message  Caliel Lun 21 Juil 2014, 10:57

Les couleurs dansaient devant ses yeux. Il les avait entendus parler de Lumière et de naarus. Mais maintenant, leurs voix semblaient provenir d'une surface trop haute, alors que lui s'enfonçait dans les abysses. La douleur était trop forte et ses poumons ne trouvaient plus d'air. Ils s'asséchaient, il les sentait mourir.

Dans ses veines, le sang était brûlant. Il sentait à peine les bras de Julyne, et ses murmures paniqués n'arrivaient pas à le faire revenir. Son cœur battait à s'en rompre les côtes. Un engourdissement l'envahissait peu à peu. Tout son corps avait cette sensation désagréable d'un début d'anesthésie. Quelque chose roulait sous sa peau et rendait les chairs insensibles. C'était la mort qui arrivait pour le réclamer.

Il se sentait poisseux d'une sueur chaude, maculé d'un carmin qui était le sien. Ses forces l'avaient quitté, et il ne ressentait plus rien.



Si. Il se sentait en paix. Il se sentait serein. La mort ne l'effrayait pas, mais, surtout, il se savait encore assez fort pour la repousser. Plutôt, il savait que Julyne ne la laisserait pas venir le prendre.

Alors il s'y abandonna. Il se sentit loin, et à cet instant l'obscurité planta ses griffes noires dans ses yeux, et tout prit fin.
Caliel
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