Apathie
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Apathie
« J'en ai assez. Assez du miroir que vous incarnez, de la pointe de vos oreilles jusqu'aux démons qui rongent vos tripes. De cette condescendance innée que vous arborez sans remord aucun. Que vos yeux soient verts ou bleus, peu importe. L'un est gorgé d'un orgueil mal placé, l'autre est vicieux.
Le Quel'dorei s'accable d'un passé mouvementé, se gratifie d'une exécrable pureté. Mais sait-il seulement par quoi nous sommes passés ? Par quoi je suis passée ? À embrasser des monstres que toute ma vie je me suis jurée de purger !... À épouser une nation qui chaque jour me dégoûte plus que la veille ! S'il pouvait observer ou ne serait-ce qu'imaginer l'état dans lequel ce que nous osons appeler nation s'échoue désormais. Le voilà arrivé, époussetant sa robe bleue et dorée, cet azur avec lequel j'aimerais l'étouffer. Sérénade, courbette, il pense que je le jalouse, et ce devait être le cas il y a peu encore jusqu'à ce qu'il me montre ce qu'il est : un égocentrique, comme tant des siens ! Il fait front avec ceux qu'il nomme rescapés, les rutilants elfes qui ne jurent plus que par eux-mêmes. Ils nous traitent de lâches ? Ont-ils seulement vu l'indigeste condamnation qu'ils assènent à ceux qui n'ont pas même eu le choix ? Pensent-ils peut-être que nous l'avons fait de bon cœur ? Ils l'ignorent, car ils ne veulent le savoir ! Mieux vaut rester haut-perché, à se moquer du contrebas.
"Regardez-moi ! Je suis Quel'dorei, et j'ai souffert à cause de vous !" Taisez-vous ! Taisez-vous tous ! Le pire, c'est que ceux qui ne le disent pas le pensent, je suis la mieux placée pour le savoir. Et alors ? Exagérez-vous dans la sournoise intention d'obtenir une contrepartie ? Venez donc m'arracher un bras si bon vous chante, j'ai déjà ruiné mon âme ! Et pourtant, dans toute cette haine que je vous voue, je parviens encore à vous offrir ma pitié. Suis-je donc si faible, prête à tout reconsidérer pour une bande d'ingrats avérés ? Dois-je vous rappeler le génocide que vous avez orchestré ? Sous prétexte que quelques lâches ont suivi les ordres d'un orc, vous êtes venus soutenir une félonne dans le massacre et l'expulsion d'innocents qui ignoraient jusqu'à la raison d'une pareille folie. Vous ne tenez pas du martyre, mais du bourreau ! Êtes-vous satisfaits, à présent ? Évidemment, vous vous dressez sur le trône de la revanche, tandis que le sang limpide de la démence le soulève.
Le Sin'dorei, lui, empeste la naïveté, la profonde bêtise. Le flegme et la suffisance hantent nos cités, nos foyers. En ont-ils conscience ? Bien sûr que oui, et l'encouragent même ! De leur lueur infecte se permettent-ils encore de vivre comme si de rien n'était, comme si tout cela n'avait été qu'un rêve que le premier rayon de soleil se serait empressé de balayer. Ils admirent si ce n'est vénèrent ma puissance, ont-ils seulement idée du tribut ? Je me suis sacrifiée pour les protéger ! Famille, destin et convictions ; tout n'est plus que cendres tandis qu'il ne reste de mon être qu'une abomination errante. Et voilà la façon dont ils nous remercient, moi et mes rares frères qui se souviennent que ce gain n'est que désastre, par l'oubli. Pourquoi souffrir lorsque la cécité peut vous épargner !
"Vous prendrez bien un cristal démoniaque sire ? Avec plaisir très cher, je le tremperai dans l'eau et en ferai un thé !" J'enrage ! De leur insouciance, de cette notion de gravité qu'ils ont pris plaisir à torturer et sur laquelle ils dorment les yeux fermés ! Ils se revendiquent du sang, ils ne sont que poussière !
Mais l'un comme l'autre se satisfont de leur morale assassine, des vipères qui rampent à leurs pieds. L'une des seules raisons qui les pousserait à s'allier, c'est l'opportunisme ! Un comble où tous les coups bas sont permis s'il est possible d'en ressortir grandi. Massacrons la noblesse voisine, cachons puis crachons sur nos bâtards, ils sont indignes ! Demandez-vous seulement à vos enfants ce qu'ils souhaitent, plutôt que de les y forcer ? Au final, tout ceci n'est qu'une vitrine que vous exposez tant et si bien que vous n'êtes plus rien d'autre qu'un étalage marchand de pacotille.
Vous me demandez pourquoi je pars ? Vous voilà abreuvés de vérités que je supportais, que je taisais ! C'en est trop, je fuis cette asphyxie ! Traîtres de l'Alliance, valets de la Horde ou tyrans de la sombre gloire d'Anasterian, je ne fais plus aucune distinction. La destination importe peu, toujours plus intéressante que l'immondice que vous prétendez royaume ! Loin de vous, de vos principes, de votre dictat ! Laissez-moi, tas de suie, être bannie de votre vie, ou je vous bannirais de la mienne ! Je refuse d'être l'une des vôtres, et suis prête à affronter le reflet de l'eau s'il le faut !
Peut-être réviserai-je mon jugement au fil du temps, et plutôt que de vous laisser dans votre agonie, viendrai-je l'abréger par les flammes de la raison. Mais parmi toutes ces incertitudes demeure une conviction : vous ne changerez jamais.
Au revoir, Quel'Thalas. »
Le Quel'dorei s'accable d'un passé mouvementé, se gratifie d'une exécrable pureté. Mais sait-il seulement par quoi nous sommes passés ? Par quoi je suis passée ? À embrasser des monstres que toute ma vie je me suis jurée de purger !... À épouser une nation qui chaque jour me dégoûte plus que la veille ! S'il pouvait observer ou ne serait-ce qu'imaginer l'état dans lequel ce que nous osons appeler nation s'échoue désormais. Le voilà arrivé, époussetant sa robe bleue et dorée, cet azur avec lequel j'aimerais l'étouffer. Sérénade, courbette, il pense que je le jalouse, et ce devait être le cas il y a peu encore jusqu'à ce qu'il me montre ce qu'il est : un égocentrique, comme tant des siens ! Il fait front avec ceux qu'il nomme rescapés, les rutilants elfes qui ne jurent plus que par eux-mêmes. Ils nous traitent de lâches ? Ont-ils seulement vu l'indigeste condamnation qu'ils assènent à ceux qui n'ont pas même eu le choix ? Pensent-ils peut-être que nous l'avons fait de bon cœur ? Ils l'ignorent, car ils ne veulent le savoir ! Mieux vaut rester haut-perché, à se moquer du contrebas.
"Regardez-moi ! Je suis Quel'dorei, et j'ai souffert à cause de vous !" Taisez-vous ! Taisez-vous tous ! Le pire, c'est que ceux qui ne le disent pas le pensent, je suis la mieux placée pour le savoir. Et alors ? Exagérez-vous dans la sournoise intention d'obtenir une contrepartie ? Venez donc m'arracher un bras si bon vous chante, j'ai déjà ruiné mon âme ! Et pourtant, dans toute cette haine que je vous voue, je parviens encore à vous offrir ma pitié. Suis-je donc si faible, prête à tout reconsidérer pour une bande d'ingrats avérés ? Dois-je vous rappeler le génocide que vous avez orchestré ? Sous prétexte que quelques lâches ont suivi les ordres d'un orc, vous êtes venus soutenir une félonne dans le massacre et l'expulsion d'innocents qui ignoraient jusqu'à la raison d'une pareille folie. Vous ne tenez pas du martyre, mais du bourreau ! Êtes-vous satisfaits, à présent ? Évidemment, vous vous dressez sur le trône de la revanche, tandis que le sang limpide de la démence le soulève.
Le Sin'dorei, lui, empeste la naïveté, la profonde bêtise. Le flegme et la suffisance hantent nos cités, nos foyers. En ont-ils conscience ? Bien sûr que oui, et l'encouragent même ! De leur lueur infecte se permettent-ils encore de vivre comme si de rien n'était, comme si tout cela n'avait été qu'un rêve que le premier rayon de soleil se serait empressé de balayer. Ils admirent si ce n'est vénèrent ma puissance, ont-ils seulement idée du tribut ? Je me suis sacrifiée pour les protéger ! Famille, destin et convictions ; tout n'est plus que cendres tandis qu'il ne reste de mon être qu'une abomination errante. Et voilà la façon dont ils nous remercient, moi et mes rares frères qui se souviennent que ce gain n'est que désastre, par l'oubli. Pourquoi souffrir lorsque la cécité peut vous épargner !
"Vous prendrez bien un cristal démoniaque sire ? Avec plaisir très cher, je le tremperai dans l'eau et en ferai un thé !" J'enrage ! De leur insouciance, de cette notion de gravité qu'ils ont pris plaisir à torturer et sur laquelle ils dorment les yeux fermés ! Ils se revendiquent du sang, ils ne sont que poussière !
Mais l'un comme l'autre se satisfont de leur morale assassine, des vipères qui rampent à leurs pieds. L'une des seules raisons qui les pousserait à s'allier, c'est l'opportunisme ! Un comble où tous les coups bas sont permis s'il est possible d'en ressortir grandi. Massacrons la noblesse voisine, cachons puis crachons sur nos bâtards, ils sont indignes ! Demandez-vous seulement à vos enfants ce qu'ils souhaitent, plutôt que de les y forcer ? Au final, tout ceci n'est qu'une vitrine que vous exposez tant et si bien que vous n'êtes plus rien d'autre qu'un étalage marchand de pacotille.
Vous me demandez pourquoi je pars ? Vous voilà abreuvés de vérités que je supportais, que je taisais ! C'en est trop, je fuis cette asphyxie ! Traîtres de l'Alliance, valets de la Horde ou tyrans de la sombre gloire d'Anasterian, je ne fais plus aucune distinction. La destination importe peu, toujours plus intéressante que l'immondice que vous prétendez royaume ! Loin de vous, de vos principes, de votre dictat ! Laissez-moi, tas de suie, être bannie de votre vie, ou je vous bannirais de la mienne ! Je refuse d'être l'une des vôtres, et suis prête à affronter le reflet de l'eau s'il le faut !
Peut-être réviserai-je mon jugement au fil du temps, et plutôt que de vous laisser dans votre agonie, viendrai-je l'abréger par les flammes de la raison. Mais parmi toutes ces incertitudes demeure une conviction : vous ne changerez jamais.
Au revoir, Quel'Thalas. »
Srem
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