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Message  Rebecca "Becks" Atherton Jeu 12 Mar 2015, 11:07

PREMIERE PARTIE : LA COMTESSE


I. Appréhension
Gilneas - Domaine du Comte Atherton - An 36



L'orage gronde. Dehors c'est la nuit, mais les éclairs illuminent le ciel. La pluie ne va pas tarder.

La maisonnée est calme, et malgré le fracas du tonnerre au-dehors, la plupart des habitants du domaine sont couchés. Seul le Lord Atherton et sont épouse sont encore éveillés, discutant au coin de l'âtre. Le feu brûle doucement, éclairant chichement les deux nobles. Oh pourtant le manoir n'est pas dépourvu de moyen d'éclairage, mais tout comme le temps, l'humeur est plutôt morose.

L'homme a beaucoup vieilli ces derniers mois, il faut dire que le pays traverse une grave crise, et que l'avenir semble chaque jour plus incertain. Il aimerait tant faire, son tempérament le pousse à agir, à bouger, à faire quelque chose ! Le Comte a toujours un homme d'action, et il met un point d'honneur à éduquer sa progéniture en ce sens. Mais l'heure n'est pas encore à l'action, mais bien aux influences politiques. Il ronge son frein ...

Un nouvel éclair, plus proche. Puis le bruit sourd de la tempête fait vibrer les fenêtres.

Ouvrant les yeux, Rebecca met quelques instants pour se réveiller entièrement. Elle constate que les bougies se sont éteintes, ce qui la met assez mal à l'aise. C'est un peu idiot pour une jeune femme en devenir, mais à quinze ans elle a encore peur du noir. Poussant un long soupir, elle repousse son édredon et se lève, posant ses pieds nus sur l'épais tapis qui recouvre le sol de sa chambre. Se rendant dans le couloir pour y chercher une source de lumière, son attention est attirée par la conversation qui a lieu au rez-de-chaussée.

Avançant à pas de chats elle approche de la rambarde de l'escalier, et poussée par sa curiosité habituelle, la jeune fille descend quelques marches en prenant bien soin de ne pas poser son pied sur les quelques planches qui ont la fâcheuse habitude de grincer. C'est que la rousse est habituée à ce genre de petite balade nocturne, au grand dam de sa gouvernante qui l'a déjà maintes fois grondée sur ce genre de pratique peu en phase avec le comportement d'une dame. Mais ce n'est pas une Atherton pour rien, et le caractère fort fait partie de la norme !

A mi-chemin elle s'arrête, s'installant au mieux pour écouter ce que ses parents disent. Mine de rien, malgré son âge, elle n'est pas non plus totalement idiote. La situation ne lui échappe pas, et si ses jeunes frères ont encore l'insouciance pour eux, Rebecca s'inquiète de l'avenir. La voix grave et décidée de son père s'entend, tandis que sa mère s'exprime avec son habituelle retenue.


"Je reste persuadé que c'est la meilleure solution. Il ne faut pas la précipiter, mais nous devons y penser."

"Tu n'y penses pas ... C'est notre enfant ... Comment lui annoncer ?"

"Le plus clairement possible. Elle comprendra, ou elle finira par le comprendre un jour."

"Mais ce Kellis, pourquoi lui ? Il y a assez de prétendants dans le royaume pour lui éviter cette punition. Il est laid et gros, de plus ses terres sont tellement reculées ... Non je ne veut pas la voir dépérir ..."


Un petit bruit de mouvement s'entend en bas, Rebecca écoute avec attention, comprenant que c'est d'elle dont il est sujet là en bas. Ses yeux sont écarquillés par la surprise, sa main est serrée sur le bois avec force, ses phalanges blanchies par l'effort.


"Ce n'est clairement pas le meilleur parti, mais c'est le plus sûr. Non seulement c'est un marquis, mais de plus son père me doit une faveur depuis bien trop longtemps. Je pressens que le jour approche où cela sera salvateur pour notre sang." 


L'homme soupire, marque une pause puis continue.


"J'ai peur Mary. Le pays va mal, Genn est buté et refuse d'entendre raison pour son fichu mur. La colère gronde dans la noblesse, certains d'entre nous ont perdu gros ... Je n'arrive pas à me l'expliquer, mais tout cela n'est pas bon. Rebecca doit partir, loin d'ici, loin de nous. Une fois là-bas elle se fera bien une raison. Et si un jour le malheur survient, elle aura de bien meilleures chances que nous. Elle doit partir."


S'en est trop pour la jeune fille. Jamais son père n'avait été aussi dur dans ses propos, l'avenir qu'il décrit là est sombre et triste. Elle se sent trahie. Elle rentre dans sa chambre, ne pensant même plus à sa recherche d'une source de lumière, et se recouche, gardant ses grands yeux gris tournés vers le plafond.

La pluie commence à tomber, s'écrasant avec force sur les fenêtres du manoir des Atherton. Tout le monde dort maintenant, sauf Rebecca, qui pleure en silence devant cette promesse d'une vie gâchée ...


Dernière édition par Rebecca "Becks" Atherton le Ven 27 Mar 2015, 10:45, édité 3 fois
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Message  Rebecca "Becks" Atherton Mer 18 Mar 2015, 13:04

II. Colère
Gilneas - Domaine du Comte Atherton - Fin de l'année 38



Longtemps repoussé. Finalement il est là. Le jour du départ de la jeune Rebecca.

Depuis plusieurs semaines la rousse vit enfermée dans sa chambre, refusant de voir son père, obstinée à l'oublier à tout jamais. Elle le considère comme un traître, un traître à son propre sang. Malgré qu'elle connaisse la situation familiale, elle ne peut s'empêcher de lui en vouloir de la jeter en pâture comme ça. Oui elle devait un jour se trouver un époux, mais pas cette chose qui est censée devenir un mari ...

Depuis la fameuse conversation qu'elle a entendu cette triste nuit d'orage, ses parents ont préparé Rebecca à assumer ce changement de situation. l a fallu tout d'abord lui annoncer la nouvelle, ce qui fut fair avec une froideur qu'elle ne soupçonnait pas chez son géniteur. Bref et court, sans possibilités d'en discuter. Son monde de jeune fille où tout se déroule selon ses envies ne faisait que s'effondrer depuis.

Il y eu tla première rencontre avec Roderick de Kellis, l'homme qu'elle allait devoir épouser, l'homme avec qui elle allait devoir partager sa couche. Autant dire que la première impression fût un désastre pour l'ainée des Atherton. Un jeune homme à peine plus âgé qu'elle, gros et laid, sans aucune bonne manière, incapable d'avoir une conversation sensée. Tout le contraire de ses jeunes frères. Tout le contraire de son père ... Seule lumière dans cette obscure pièce de la vie, le Marquis de Kellis, un homme déjà âgé qui avait eu pour elle un sourire un étrange sourire un peu triste, comme pour s'excuser de ce cadeau empoisonné.

Et puis les discussions, les tractations, comme quand on vend du bétail sur le marché. Un calendrier bien établi, où Rebecca doit partir dans la demeure des Kellis pour se préparer officiellement à la cérémonie du grand jour. Officieusement pour lui permettre de s'habituer à sa nouvelle vie, et éviter un esclandre lors du mariage. A charge de son futur époux de faire le nécessaire pour conquérir sa confiance. Oui comme une jument que l'on doit dresser à sa convenance ...

Ses malles sont toutes entreposées dans une charrette, toute la maisonnée est présente dans la grande cour pour assister aux adieux de la jeune fille. L'ambiance n'est pas réellement festive, c'est même plutôt étrange quand on sait qu'il est question ici d'une alliance entre deux Maisons. Mary serre sa fille dans ses bras, lui promettant de rapidement lui rendre visite, lui rappelant qu'elle doit faire preuve de courage. Ses frères également font preuve d'une étonnante empathie à son égard. Dans le regard d'Aaron qui n'a encore que dix ans, un début de larmes, elle écourte le contact rapidement, ne voulant pas qu'il perde la face devant leurs gens.

Viens le tour du Comte de Noirbois, Samuel Atherton, debout face à sa progéniture, dans son armure étincelante, l'écusson du loup hurlant des Atherton visible sur l'attache de sa cape. Il la toise d'un regard froid, Rebecca ne se prive pas pour lui rendre la pareille. L'échange est bref, juste poli, ils se souhaitenant chacun bonne chance. Sans désserrer les lèvres la rousse grimpe dans la charrette, jette un dernier regard sur ce qui était jusqu'à ce jour sa vie, et détourne le regard alors que le convoi se met en branle.

Plus jamais elle ne devait revoir l'endroit.

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Longtemps repoussé. Finalement il est là. Le jour du départ de la jeune Rebecca.

Depuis des semaines le Comte est mal dans sa peau. Alors qu'elle semblait bien prendre la nouvelle lorsqu'il lui a annoncé son prochaine mariage, sa faille refuse maintenant de lui adresser la parole. Malgré ses efforts il est résigné, comprenant de fait ce qui la pousse à agir de la sorte. Jamais il n'avait été aussi dur, jamais il n'avait eu à prendre de choix aussi complexe.

Son propre mariage bien des années auparavant avait aussi été arrangé, mais la rencontre des futurs époux avait été bien différente. Il se souvient encore de son émerveillement devant la beauté de Mary, les battements fous de son coeur, le sourire de sa promise. Il connaissait bien Rebecca pour se rendre compte de sa première impression de son futur époux. Lui-même le trouvait repoussant et insupportable. Elle avait son caractère, son sang, sa fougue. La savoir bientôt partie avec cette pâle imitation d'homme le désolait.

Mais il y a des raisons d'état qui sont hélas supérieures à celles du sang. Si la situation n'était pas glorieuse auparavant, elle était pire maintenant. Une partie de la noblesse s'était révoltée contre le Roi, contre ses décisions. La situation se dégradait chaque jour plus encore, alors que le pressentiment de Samuel sur un grand danger ne cessait de grandir. Il avait donc fait le choix d'éloigner sa fille, la mariant contre son gré avec un obscur fils de Marquis, un parti certes peu enviable mais avec une perspective d'un futur loin de tout.

Et c'était le principal en ce moment. Rebecca était certes intelligente, mais les arcanes de la politique lui échappent totalement. Le Comte par contre sait très bien que de grands changements vont avoir lieu, la rébellion prendra un jour fin, et le Comte avait été trop imprudent en apportant son soutient moral aux insurgés. Si le Roi remporte la mise finale, il pourrait bien se décider à opérer un peu de ménage dans ses rangs. Et si ses fils sont encore trop jeunes, sa fille est assez grande pour être mise à l'écart de toutes représailles. Un jour elle comprendra ...

Ses pensées sont interrompues quand elle se présente à lui, son regard de glace le transperçant comme jamais. Contre son gré Samuel garde son rôle, reste stoïque, même si l'envie de laisser transparaître ses sentiments est forte, très forte. Quelques mots brefs, et la voilà qui monte dans le transport qui doit l'emporter. Le Comte soupire discrètement tandis que sa fille s'éloigne doucement. Il regrette tant. C'est trop tard.

Plus jamais il ne devait la revoir.
Rebecca
Rebecca "Becks" Atherton


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Message  Rebecca "Becks" Atherton Jeu 19 Mar 2015, 08:59

III. Lassitude
Gilneas - Domaine du Marquis de Kellis - Début de l'année 39



Dans la vie d'une jeune femme les mois passent parfois aussi vite qu'une simple journée. Pas pour toutes. Se retrouver loin de chez soi, dans un endroit que l'on aime guère, avec pour seule compagnie un rustre sans la moindre once de compassion, et bien le temps semble véritablement devenir bien plus élastique ...

Depuis son arrivée dans le domaine des Kellis, la rousse au caractère si flamboyant par le passé semble comme s'éteindre. Il faut dire que les déceptions s'enchaînent à un rythme ininterrompu. Malgré ses appréhensions, Rebecca pensait naïvement s'être trompée sur la personne et le caractère de celui qui allait devenir son époux bientôt. Hélas, trois fois hélas, les choses sont pires encore qu'imaginées ... Non seulement le jeune homme ne fait preuve d'aucune finesse envers la future mariée, mais il l'humilie en plus à la moindre occasion.

Soyons clairs, c'est un porc. Un porc sans morale aucune qui couche avec la moindre jolie fille qui croise son chemin. Le futur noble joue sans vergogne de son statut pour attirer dans sa couche les donzelles du domaine, le plus souvent sous la contrainte. Evidemment tout le monde est au courant, de nombreux pères déplorent la situation, et seul l'influence du Marquis actuellement en place permet de calmer la situation. Heureusement le jeune homme ne fait pas preuve de violence, maigre consolation bien entendu. Et Rebecca dans tout cela ? Il lorgne dessus depuis leur première rencontre, et n'attend que le jour tant attendu du mariage pour enfin satisfaire ses envies. Roderick ne se prive cependant pas pour abreuver sa future de promesses grivoises, se vantant de ses conquêtes actuelles, lui promettant mille choses qu'il serait indécent de raconter ici. La pauvre quant a elle tente d'affronter la situation avec stoïcisme, se refusant de monter la moindre peur ...

Mais si le temps semble avoir prit un cours de plus en plus lent, la date fatidique approche néanmoins. Les préparatifs vont bon train, supervisés par l'efficace personnel du Marquis, qui est tout aux petits soins pour la jeune femme à vrai dire. Visiblement ici personne n'aime vraiment celui qui deviendra un jour leur maître, ce qui donne une situation véritablement étrange, toute en contraste avec celle que Rebecca a pu connaître durant son enfance. Repenser à son passé, voir ce que sera son futur, voilà qui termine de déprimer la demoiselle, qui au fil des jours s'enfonce dans une déprime de plus en plus profonde.

La seule lueur dans cette ombre est le Marquis, un homme certes âgé mais encore plein de vigueur. Depuis leur première rencontre il a toujours fait preuve d'une étonnante politesse à son égard, une retenue et une éducation qui contraste avec celles de son fils. Rebecca a souvent l'occasion de faire de longues promenades avec le vieil homme, ils parlent alors ouvertement de toutes sortes de sujets, y compris politiques, ouvrant les yeux de la jeune femme sur ce qu'est le Royaume en vérité, sur les influences et les tenants et aboutissants des événements de ces dernières années. Sans oublier la question Worgen, qui secoue le pays depuis un moment, semblant même s'intensifier. Encore que le relatif recul du domaine permette pour le moment à ses habitants de ne pas encore vraiment s'en inquiéter, à l'inverse du noble qui lui trouve la situation dramatique. Tout comme le père de Rebecca en quelque sorte ...

La jeune femme s'étonne finalement d'être initiée à ce genre de détail, elle qui n'a normalement comme simple but que de produire des héritiers pour sa famille. Le Marquis lui avoue alors être bien conscient des faiblesses de son fils, de ses défauts et de ce qu'il est capable ou non de faire. C'est un bon soldat, malgré sa corpulence il fait preuve d'une étonnante habilité armes en mains. La tactique n'a pour lui aucun secret. Mais c'est un rustre, dont l'éducation n'a été que trop négligée, et il incombe donc à la future mariée de jouer le rôle qu'il ne pourra pas assumer. C'est en fait la véritable raison de sa venue bien avant le mariage. Une fois de plus c'est la raison d'état qui prime, son couple en devenir n'a aucune importance, seul compte la pérennité du domaine.

La réalité est finalement bien sombre quand elle vous arrive en pleine figure. Et Rebecca s'en rend de plus en plus compte, se sentant comme un pion que l'on manipule à l'envi. Son père a t'il fait de même avec elle ? La jeune femme en est maintenant convaincue ...


Dernière édition par Rebecca "Becks" Atherton le Jeu 19 Mar 2015, 09:58, édité 2 fois
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Message  Rebecca "Becks" Atherton Jeu 19 Mar 2015, 09:44

IV. Tristesse
Gilneas - Domaine du Marquis de Kellis - An 39



Rebecca se regarde dans le grand miroir sur pied. Elle est belle. Osons le dire, magnifique. La robe d'un blanc immaculé qu'elle porte réhausse avec goût la pâleur de sa peau, et sa chevelure rousse flamboyante coiffée dans un savant chignon ne fait qu'accentuer le contraste. Autour d'elles, les servantes terminent les derniers préparatifs, pendant que la jeune femme regarde celle qui dans une petite heure deviendra une Kellis. Avec toutes les déceptions qui s'y attachent. Sans oublier Roderick qui est devenu intenable ces derniers jours, son regard lubrique de plus en plus insistant. Sa seule consolation est la présence de sa mère et de ses frères, qu'elle n'a pas eue l'occasion de voir depuis son départ. Seul manque le Comte, annoncé comme soufrant et resté au domaine. Cela ne la déçoit pas vraiment en fait, c'est même mieux ainsi, sa rancoeur envers son géniteur est toujours forte. Intense. Infinie.

La voilà enfin prête, dans les temps prévus dans l'organisation de cette épuisante journée. Tout d'abord la cérémonie officielle, les échanges de voeux, où elle espère que sa voix ne tremblera pas trop. Ensuite la réception, les festivités seront paraît-il inoubliable, le Marquis ayant dépensé sans compter pour marquer l'événement. Enfin la première nuit, et l'angoisse qui s'y rapporte.

La rousse sort de ses tristes pensées lorsque se dresse devant elle la porte de la nef de la chapelle du château. Plus d'échappatoire, elle est prise au piège, son destin est scellé. Elle retient un sanglot, ses nerfs sont à vif. Elle n'a pas du tout envie d'entrer. Le Marquis apparaît à sa droite, un grand sourire ornant ses lèvres, la complimentant sur sa beauté. Rebecca se contente elle d'un sourire bien plus forcé, la gorge trop nouée pour prononcer le moindre mot. Le vieil homme prend délicatement son bras, et le presse avec tendresse, pour tenter de la rassurer. Les portes s'ouvrent, la musique retentit à ses oreilles, vite couverte par les "Oh" polis des invités lorsqu'elle entre et avance vers l'autel. Une bonne partie de la noblesse locale est présente, ainsi que bon nombre d'invités triés sur le volet. Au premier rang sa mère est là, les deux regards se croisent, donnant un peu de courage à la future mariée.

Roderick est là bien entendu, engoncé dans un costume qui ne peut cacher ses replis disgracieux. Voyant arriver la jeune femme, il ne peut s'empêcher de sourire, ce fameux sourire qu'elle commence à connaître, qui précde généralement une remarque grivoise sur son physique. Cette fois il se retient. Ce n'est que partie remise. Comme le veut la coutume, le Marquis présente la jeune femme à celui qui va l'épouser, remplacement le rôle qu'aurait dû tenir son propre père. Les mains des deux jeunes gens se touchent, le contact semble tellement glacial, tellement distant. La rousse n'arrive pas à désserrer ses lèvres, cherchant du regard un moyen de s'en aller. Comme si c'était possible ...

Le silence se fait dans la chapelle, un vieux bonhomme tout parcheminé s'avance vers le couple, s'apprêtant à débuter la cérémonie. Le temps suspend son court un bref instant. Le prête sourit, jauge l'assemblée du regard, et s'éclaircit la gorge.

Le coeur de la jeune femme semble s'arrêter un bref instant, son corps tout entier est traversé par une onde de peur indescriptible. Elle frémit, tout s'assombrit autour d'elle, le froid l'envahi.

Puis c'est le chaos.

Un grondement sourd retentit, les murs se mettent à vibrer tandis que tout ce qui n'est pas solidement attaché roule sur le sol. Des cris s'entendent dans la petite chapelle, sons aigus au milieu de la fureur de la terre qui se déchaîne en ce moment. L'assemblée est prise de manique. Le plafond se fissure, Rebecca est jetée au sol par la force des vibrations, les murs semblent se tordent.

A ses côtés, le futur marié choisit de prendre ses jambes à son cou, emboitant le pas de la majorité des invités en train de fuir vers la sortie bien trop petite pour laisser passer tout le monde. A quatre pattes sur l'épais tapis, la rousse tente de trouver sa famille du regard. Ceux-ci ont sans doute fui également. Les grondements se font plus intenses, les bruits sinistres de la pierre se déchirant emplissent l'atmosphère. Des mains la saisissent pour la remettre sur ses deux pieds, c'est le Marquis qui est venu à son secours. Voilà un homme bien plus courageux que son idiot de fils.

Un nouveau craquement sinistre.

L'horreur se déchaîne.

La nef s'ouvre en deux et bascule. Toute la partie donnant sur la sortie semble glisser de plus en plus, comme aspirée par une force invisible. La jeune femme blêmit, elle vient de voir sa mère, dans la foule entassée. Leurs regards se croisent à nouveau, cette fois c'est la peur qui se lit.

Un nouveau fracas intense, et tout le bâtiment se disloque, disparaissant dans un abîme qui semble sans fond, emportant avec lui la majorité des personnes présentes pour la cérémonie. Sa mère. Ses frères. Son futur époux. Tous viennent d'être aspirés par la fureur du Cataclysme. Rebecca est sous le choc, ses forces l'abandonnent, elle tombe sur ses genoux.

A nouveau les mains du Marquis viennent à la rescousse. Il lui parle mais la jeune femme n'entend plus rien, même les grondements encore puissants semblent lointains dans son esprit brisé. Le vieil homme l'entraîne, la faisant sortir du bâtiment qui continue de disparaître dans le néant ...
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Message  Rebecca "Becks" Atherton Jeu 19 Mar 2015, 12:13

V. Désespoir
Gilneas - Domaine du Marquis de Kellis - An 39



Le chaos s'est calmé. Pas les pleurs. Le choc a été intense pour Rebecca, qui n'avait pas besoin de grand-chose pour craquer, accumulant depuis des mois frustration et désespoir. Depuis des jours et des jours elle est inconsolable, rien n'y fait, pas même la gentillesse du Marquis qui lui aussi doit surmonter cette terrible épreuve.

La maisonnée vit dans le silence, une bonne partie des bâtiments ont été ravagés par les secousses, et les morts se comptent par dizaines. Certains corps ont pu être retrouvés, d'autres ont disparu à tout jamais dans les profondeurs de la terre. De plus, d'inquiétantes nouvelles sont parvenues jusqu'au domaine pourtant très reculé. On parle de la chute du mur, d'une invasion des non-morts. Mais ce qui retient surtout l'attention c'est la tenace rumeur des worgens, qui déferlent sur le pays, libres maintenant.

Prenant sa plume, la jeune femme a prise l'initiative dès le lendemain de la catastrophe d'écrire un courrier à son père, voulant lui annoncer elle-même la funeste nouvelle. Ravalant sa colère envers lui, elle le supplie à la fin de sa lettre de lui permettre de rentrer, de revenir là où elle n'aurait jamais dû partir. Entre ses larmes, elle observe patiemment l'entrée du château, guettant le messager qui doit lui apporter la réponse tant attendue. Finalement au bout du sixième jour, alors que la nuit tombe lentement, un cavalier porteur de la livrée de sa maison arrive enfin, porteur d'un petit coffre qu'il a pour ordre de remettre en mains propres ... à la Comtesse.

Le sang de Rebecca se glace dans ses veines. Ce titre. Ce n'est pas possible ... S'emparant du coffret les mains tremblantes, elle se rue dans sa chambre et s'y enferme pour examiner son contenu. Ses craintes se confirment quand elle y trouve le sceau familial dans son écrin de velours, la tête de loup qui hurle, symbole des Atherton depuis des générations. Une pile de lettres cachetées accompagne l'anneau, une seule n'est pas close, invitant à sa lecture immédiate.


Rebecca. Ma fille. Mon sang.

Mes craintes se sont avérées justes, le destin a finalement frappé de toutes ses forces sur notre Royaume. Et il faut maintenant payer le prix de nos erreurs du passé. Le premier, le plus injuste, le plus déchirant, tu me l'apporte dans ton courrier. Mon coeur saigne, mon âme se meurt. Pourquoi ai-je commis la folie d'envoyer là bas ? Tout est de ma faute ... Mais je devais le faire, oui !

Tu dois comprendre que l'enjeu dépasse les simples sentiments que j'éprouve à ton égard. Le sang ma fille. C'est tout ce qui nous reste quand le monde s'écroule autour de nous. Celui qui coule dans tes veines. Celui des Atherton. Tu en es la digne représentante. Ce n'est pas à une petite fille que je m'adresse, mais à une femme. Prête à comprendre, à entendre.

Un terrible secret se cache depuis des semaines. On t'a dis que j'étais souffrant. Oh oui je le suis. Je suis maudit, infecté, perdu. J'ai été mordu. Depuis je me cache, tentant de maîtriser la bête qui gronde en moi. Vois l'ironie du sort qui nous touche. Pendant que mon amour et ma chair périssent loin de moi, je perds doucement le contrôle de mon esprit, utilisant mes dernières forces pour rédiger ce courrier. Qui arrivera dans les mains de celle que j'ai traitée avec tant de mépris. Toi. Ma fille. Mon sang.

Avant de perdre définitivement pied, j'ai accompli ce qui me semble être le devoir d'un homme juste. D'autres lettres sont jointes à cette missive. Tu trouveras mon testament, dans lequel je te lègue tout. Tout ce qu'il reste ou restera dans un futur lointain. Tu trouveras également la déclaration de mon inaptitude à assumer ma charge, ainsi qu'une copie pour le Marquis afin qu'il la fasse suivre à qui de droit. Une liste de personnes à contacter quand tout sera terminé, quand la situation sera revenue à la normale. Elle est longue, mais bon nombres seront surement morts à ce moment là. Enfin notre sceau. Garde le précieusement. Plus qu'un courrier c'est notre passé.

Quand tu liras tout ceci, je serai loin. Si la bête me veut, qu'elle vienne me chercher. Je n'ai plus rien à espérer de ce monde de toute manière. Ne cherche pas à me retrouver. Ne cherche pas à revenir. Jamais. Reste auprès du Marquis, c'est un homme bon, différent de son fils. Mais je suis sûr que tu t'en es déjà rendue compte. Tu es si intelligente.

Soit forte. Survis. Ne laisse plus jamais personne te dicter ta vie. Tu es une Atherton. Tu es le loup qui hurle.

Je t'aime Becks.


La jeune femme referme la lettre, pâle comme la mort. Si le tout pourrait être contestable, le surnom que son père lui a donné depuis son enfance atteste de la véracité du courrier. C'était leur petit secret en quelque sorte. Une larme coule le long de sa joue.

Le loup hurle. Le loup pleure. Le loup est en vie.
Rebecca
Rebecca "Becks" Atherton


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Message  Rebecca "Becks" Atherton Ven 20 Mar 2015, 10:23

VI. Méditation
Gilneas - Domaine du Marquis de Kellis - An 39



Alors que la plupart des gens prennent le temps de porter le poids du deuil lorsqu'un malheur arrive, la jeune Comtesse n'a pas elle le loisir de se donner un tel luxe. Sa famille vient de disparaître, et si son cœur saigne autour d'elle c'est son monde en entier qui risque maintenant de sombrer dans l'obscurité. Les événements s'enchaînent au fil des nouvelles qui arrivent au domaine du Marquis, et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas bon du tout. Quand vient l'ordre royal d'évacuer le pays et de se réfugier vers le sud, personne ne songe même à contester une telle folie, tant la situation semble désespérée pour quiconque aurait l'idiotie de vouloir rester.

Rebecca participe au mieux aux préparatifs du départ, se disant à juste titre qu'une occupation est sans nul doute le meilleur remède contre les noires pensées. Elle trie ses possessions, ne gardant qu'une infime partie de sa garde-robe, fierté d'avant qui lui semble si futile maintenant. Ses yeux rougis par les heures de pleurs contre son oreiller peinent à contenir de nouvelles larmes, mais elle fait front de son mieux, puisant au fond d'elle un courage qu'elle ne soupçonnait pas. Désirant faire cette tâche seule, elle a renvoyé ses servantes, leur faisant bien comprendre qu'elle ne voulait pas les revoir avant de grimper dans les chariots. Cette solitude voulue lui permet également de réfléchir, de faire le point sur sa situation. La lettre de son père reste bien ancrée dans son esprit. Sa colère se dissipe doucement, au fil des picèes du puzzle qui se mettent en place dans son esprit. Elle qui pensait que le Comte avait perdu tout amour pour sa fille, l'erreur était de taille. Même si elle continue de lui en vouloir pour ce mariage et ce fiasco qu'il a provoqué, ses derniers mots portent un message qu'elle ne peut rejeter.

Elle est le loup. Pas une pécore du coin. Pas une bourgeoise endimanchée. Pas une femme que l'on marie de force. Dans ses veines coule le sang de ses aïeux, qui se sont bâti un monde à la force du bras, sans mendier l'aide d'autres. Elle est le loup. Un animal fier et rusé, sauvage et courageux. Il n'est pas question de se laisser une fois de plus mener à la baguette. Son destin lui appartient. A elle de le forger.

Ses préparatifs prennent fin, sa décision est prise. Sur le lit qu'elle a occupée ces derniers mois se trouvent une grosse malle et un sac de voyage bien plus petit. L'idée est simple, le premier bagage donnera le change, le deuxième lui servira lorsqu'elle prendra la fuite.

Vers où ? Vers quoi ? La jeune femme s'en fiche totalement à vrai dire.

La folie de ses pairs à provoqué l'enfermement de son peuple, la fureur de ce monde lui a donné le coup de grâce. L'évacuation du pays signifie de toute manière que les barrières sociales ne seront plus comme avant. Etre souverain d'une terre que l'on ne possède plus, l'intérêt est tout de même relativement nul. Et tout comme le souligne son père, le sang l'emporte sur tout.

Cependant, ses pensées vont aussi vers le vieux Marquis, un homme qui l'a accueillie et protégée, qui l'a traitée avec respect et amour. Rebecca ne peut pas s'en aller sans lui parler, elle s'en voudrait toute sa vie c'est certain. Reste à arriver à lui faire entendre raison. Il n'aura pas le choix de toute façon. Jetant un dernier regard sur son paquetage, elle se décide finalement à rajouter au sac la pile de courriers que son père lui a fait parvenir, préférant garder en sa possession les documents prouvant sa filiation et son titre. Le sceau semble prendre le même chemin, mais son geste se suspend, la rousse hésite un bref instant avant de se raviser, glissant l'anneau dans son décolleté pour le garder au plus près d'elle. Un long soupir, elle est prête. Il est temps d'aller discuter ...
Rebecca
Rebecca "Becks" Atherton


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Message  Rebecca "Becks" Atherton Ven 20 Mar 2015, 10:29

VII. Espérance
Gilneas - Domaine du Marquis de Kellis - An 39



Le bureau du Marquis est éclairé par quelques simples bougies. Sans doute pour la dernière fois avant de nombreuses années. Tout est prêt, et le départ est prévu le lendemain à l'aube. Le vieil homme est las, tout se passe de travers depuis une semaine. Alors qu'il espérait jouir d'un repos mérité, le voilà obligé une fois de plus de prendre sur ses épaules le destin de dizaines de personnes. Cela aurait dû être le rôle de son fils, et de sa jeune épouse. Si seulement ...

Ses pensées sont interrompues par un léger bruit sur la porte, quelqu'un qui quémande une audience. Une de plus, ça n'en finir jamais ... Soupirant longuement, il grommelle un "Entrez" un peu rauque, espérant décourager l'opportun de venir de déranger trop longtemps. Mais quand le panneau de bois pivote il ne peut s'empêché d'être surpris la par la vue de celle qui devait devenir sa belle-fille.

Avant même qu'elle ne prononce un seul mot, il remarque son regard. Ses grands yeux gris sont encore plus perçants qu'à l'accoutumée. Il ne sait pas encore pourquoi elle est là, mais la discussion promet d'être intéressante.

"Monsieur, excusez-moi de vous déranger à une heure aussi tardive, mais je dois vous parler"

"Jamais tu ne me dérangeras mon enfant, prend place ..."

La jeune femme se pose dans un des confortables sièges qui ornent la pièce richement décorée. Quelques secondes d'un silence lourd passent, finalement elle prend la parole, d'une voix calme et posée.

"Je vais être directe Monsieur, je n'irai pas dans le sud avec vous. Avec personne en fait. Je dois faire ma propre route."

Le marquis cligne des yeux, surpris par cette déclaration.

"Mais ... C'est une folie ... Notre monde a changé, la sécurité est dans cette direction, plus ici. C'est une folie ..."

"La seule folie serait d'accepter à nouveau un carcan que l'on tentera de m'imposer. Je vous respecte beaucoup Monsieur, je pense même éprouver une sorte d'amour pour vous, mais je n'ai jamais voulu être ici. Ce choix m'a été imposé. Et il est hors de question que cela recommence à nouveau."

Son regard est dur et froid, ses pupilles sont fixées sur le vieil homme, qui soupire à nouveau longuement, une fois de plus las et fatigué.

"Je le sais, et je ne peux t'en vouloir. Tu n'as jamais rien éprouvé pour Roderick, même si j'avais le mince espoir que les choses finiraient par changer avec le temps. Finalement je me rend compte que toute cette idée était stupide dès le départ, tu n'est pas facile à mettre en cage jeune fille".

Il lui sourit, faisant le tour du bureau pour s'approcher de la rousse, prenant ses mains avec douceur.

"Mais comprend que tu vas t'aventurer là dans quelque chose d'impossible. Comment compte tu survivre une fois seule ? Le monde est bien différent de celui que tu connais. Dur, violent, sans pitié. Tu es une Dame, pas une paysanne qui se fond dans la masse, rien qu'à te voir on devine ton ascendance. Et ta charge, as-tu pensé à ta charge ? Que penserait ton père ?"

"Ma charge ... Elle m'appartient et je déciderai d'en faire ce que bon me semble le jour venu. Qui viendra contester ? Nous devons partir, loin d'ici, plus personne ne régnera sur nos terres avant ... Avant je ne sais combien de temps. Devrais-je rester oisive et attendre dans une luxueuse demeure ? Subir une fois de plus l'insulte d'une union arrangée pour le soit-disant bien du Royaume ? Regardez où en est notre Royaume !"

Elle montre de la main la pile de missives étalées sur le bureau du Marquis, avant de reprendre d'un ton toujours aussi direct.

"Des ruines et encore des ruines. Et quand des bâtiments sont encore debout ce sont les non-morts qui les ont envahis. Et je ne parle même pas des worgens qui se promènent dans le pays en toute liberté, finissant le travail entamé par la chute du mur. Il faut faire preuve de réalisme. J'en fais preuve. Nous ne reviendrons pas avant un très long moment. Peut-être que mes enfants ne reverront pas ces terres. Si toutefois j'en ai un jour. Et si c'est le cas, je compte bien choisir moi-même leur père !"

La tirade de la rousse se termine, elle s'enfonce un peu plus dans son fauteuil, un air maussade sur le visage. Le silence s'installe à nouveau, le Marquis regarde Rebecca longuement, comme si il la jugeait intérieurement. Pour sûr, il s'attendait à une discussion intéressante, mais pas à ce genre de déclaration. Même si d'un côté il n'est guère étonné, la réputation de sa famille la devance, jamais les Atherton n'ont été réputés pour leur caractère conciliant et calme, et même si les dernières générations ont bien dû se conformer petit à petit aux changements de la cour, la perspective d'un nouveau départ ne pouvait que réveiller les instincts de l'héritière. Son regard le prouve bien, on ne mène pas le loup par la laisse, il finit par se révolter.

"Je comprends. Je n'approuve pas mais je comprends. Ton père m'a mis en garde pourtant, il redoutait que tu prennes une décision de la sorte. Je pourrais te contraindre à m'accompagner, mais quelque chose me dit que c'est peine perdue non ?"

"En effet, mon choix est fait et il paraît que je suis plutôt têtue donc ... Je ne voulais simplement pas partir sans vous en parler. Pour ne pas vous attirer des ennuis."

"Il est vrai que ta disparition risque de faire du bruit malgré tout. On ne laisse pas s'échapper un beau parti comme toi sans créer de remous. Même avec notre situation actuelle. Nous devons faire ça avec intelligence. Oui, nous. Je n'approuve certes pas, mais il est hors de question de te laisser partir sans un petit coup de pouce."

Le Marquis soupire à nouveau, se demandant un bref instant qu'elle drôle d'idée lui traverse l'esprit pour aller lui proposer son aide de la sorte. Lui aussi l'aime en finalité, les regrets sont encore plus forts du coup ...

"Je ... Je vous remercie ... Quand je vois votre sourire, je devine que vous avez déjà une idée ..."

"Oh ça oui. C'est même ma foi fort simple. J'ai des hommes de confiance, et une fausse embuscade s'organise aisément. Je vois les choses comme ceci ..."

Le Marquis s'empare d'une feuille de papier et d'un crayon. Un plan se met en place, l'atmosphère se détend, pour la première fois depuis des jours un sourire orne les lèves de la jeune femme. Il ne reste plus qu'à patienter un tout petit peu ...
Rebecca
Rebecca "Becks" Atherton


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Message  Rebecca "Becks" Atherton Ven 27 Mar 2015, 10:47

DEUXIÈME PARTIE : LA GILNEENE



Les deux silhouettes marchent dans le sous-bois en tentant de faire le moins de bruit possible. La nuit est maintenant avancée, et les nuages cachent une lune qui entre dans son dernier quartier. Le temps est frais, mais chose étonnante dans cette partie du monde, il ne pleut pas. Au loin s'entendent des bruits étouffés de combat, des cris et des ordres, ainsi que la pâle lueur d'un feu de camp. Le premier de nos inconnus, un homme à la stature imposante et vêtu d'une tenue de cuir usée avec le temps, avance sans se retourner, écartant sans peine la rare végétation qui ralenti leur progression. Derrière lui se trouve une jeune femme, qui peine à le suivre engoncée dans une robe peu pratique pour ce genre de balade nocturne. Étonnamment elle arrive à se rendre presque aussi discrète que son guide improvisé, mais il est vrai que sa petite carrure et son poids plume compense son accoutrement sommes toutes original.

Après quelques minutes, le couple d'un soir débouche dans une petite clairière, l'homme en profite pour se tourner dans la direction d'où ils viennent, jaugeant de son regard sombre la distance les séparant du convoi du Marquis. Le petit plan imaginé par le noble marche pour le moment à merveille, simuler une attaque dans ce bois était d'une facilité déconcertante, et à l'heure qu'il est les leurres doivent être aussi loin qu'eux. Dans la pagaille provoquée par l'arrivée des hommes dans le camp endormi, la disparition de la rousse est on ne peut plus aisé à réaliser, et les quelques poursuivants envoyés pour la forme sont entraînés dans le sens opposé par quelques coureurs agiles, faisant le plus de bruit possibles. Le temps que la soldatesque abandonne, Rebecca sera loin, et tous conclurons à une issue tragique pour la jeune femme.

Cette dernière souffle légèrement, le froid est bien plus piquant qu'elle le pensait, comme le prouve la buée qui se forme à chaque fois qu'elle expire. Elle jette un regard vers l'homme qui l'accompagne, hochant la tête avant de prendre la parole.

"Nous sommes assez loin vous pensez ?"

"Ouais mdame. L'temps que les hommes du Marquis r'viennent sur leurs pas, serez déjà loin."


A son tour le trappeur pose ses yeux sur celle qu'il doit abandonner à son sort. Drôle d'idée qu'elle a là, il n'y a rien de plus ête comme idée que de vouloir se balader seule. Mais bon, parait que c'est quelqu'un d'important, et il fait ce qu'on lui demande.

"Devriez-vous changer mdame, z'allez pas courir beaucoup avec vot'robe là"

La jeune femme se regarde et acquiesce, de toute manière sa tenue est sale et à moitié déchirée, ce qui n'est pas plus mal dans le plan établi. L'idée est de mettre en place un faux enlèvement, et retrouver des morceaux de robe sera encore mieux pour le coté dramatique de la chose. Ouvrant le sac qu'elle a emporté lors de sa fuite, elle en extirpe une tunique de cuir bien plus simple et tellement plus adaptée. Levant les yeux vers l'homme, elle s'attend à le voir se détourner afin qu'elle puisse se changer, mais celui-ci ne semble pas vraiment résolu à faire preuve de galanterie. C'est donc la Comtesse qui se détourne, expédiant la tâche au plus vite, sentant le lourd regard du trappeur dans son dos. En effet une fois rhabillée entièrement, elle lui fait une dernière fois face, repérant sur ses lèvres un petit sourire satisfait.

"Au lieu de me reluquer, pensez-bien à faire disparaître mes vêtements et toutes les preuves ..."

"Le Marquis m'a dis de vous t'nir à l'oeil jusqu'au bout hein, alors moi j'le fais ... Mais vous trabusquez pas la tête, j'connais mon boulot. Perdez pas de temps, la nuit avance ..."

"Hum ... Oui ... Merci.

"Me r'merciez pas de vous abandonner comme ça mdame. Je devrais vous remettre sur vot'tente au lieu d'vous laisser faire un truc aussi bête. M'est avis que vous passerez pas la journée. M'enfin chai pas qui vous courrez r'joindre, mais bonne chance quand même mdame."


Le trappeur la salue d'un geste de la tête, se baisse pour ramasser ce qu'il reste de la robe et s'enfonce dans le sous-bois, disparaissant rapidement. La jeune femme est maintenant seule, le silence l'entoure, assourdissant, pesant. Alors que jusqu'ici le courage prédominait dans son esprit, c'est maintenant l'appréhension qui s'installe doucement. Déglutissant elle prend son sac, le bascule sur son épaule et prend à son tour la route, s'éloignant de son passé à chaque enjambée.

Direction le nord, mais avant un détour. Malgré les avertissements de son père, elle veut revenir sur ses terres. Un désir ardent de le revoir la consume, Rebecca se refuse de croire que tout est perdu pour lui. Le loup n'abandonne pas son clan.





Avant de se lancer dans cette folle aventure, tout a été soigneusement préparé avec l'aide du Marquis. Ils ont à deux définis un chemin à emprunter par la rousse, passant près de quelques villages afin de se ravitailler en vivres, où en cas de besoin s'abriter. Le reste du temps cela sera des bois en majorité, parfois des champs à traverser, et rarement des routes. La discrétion est son atout, mais la chance comptera aussi énormément. Elle se sait entourée d'un danger permanent, à elle de se débrouiller pour ne pas échouer dans sa mission.

Le petit sous-bois s'éclairci petit à petit, la marche deviens aisée, la végétation faisant doucement place à une futaie bien entretenue. Le silence règne toujours en maître, comme si le monde entier était en suspension, attend on ne sait quel signal pour s'éveiller à nouveau. Cette tranquillité permet à Rebecca de faire le point sur sa situation, de se remettre les idées en place. Sa première priorité est de trouver des vivres, elle a bien de quoi grignoter mais cela ne sera pas suffisant pour tenir la cadence. Il lui faut rallier le village le plus proche, et s'aidant des étoiles maintenant visibles elle s'oriente dans ce qu'elle espère être la bonne direction.

Les connaissances de la jeune femme sont basiques, mais heureusement la tradition gilnéenne l'a préparée sans le vouloir pour ce genre de situation. La chasse est un art de vivre, et chaque enfant du pays est un jour initié à la nature et à ses dangers, que l'on soit fille de noble ou simple garçon de ferme. Tous participent aux festivités annuelles qui jalonnent le calendrier, dont de nombreuses chasses qui mettent à l'épreuve le talent de tout un chacun. Et si son statut ne lui a jamais autorisée à prendre réellement part au sport préféré de ses jeunes frères, la technique n'a pas de secret pour elle. C'est fort heureux que cette théorie lui soit acquise, ainsi que le maniement basique de quelques armes, sans cela sa petite expédition n'aurait probablement que peu de chance de succès. Toutefois se retrouver dans une situation réelle change beaucoup du confort de ses quelques sorties accompagnée par le garde-chasse du domaine. Rebecca passe toutefois en revue tous les conseils prodigués à l'époque, espérant que ces dernières années non pas altérées sa grâce féline dont elle était si fière étant gamine. Il sera de toute façon assez tôt pour le savoir ...

La nuit avance, les kilomètres s'enchaînent, les premiers désagréments de cette randonnée aussi. Si au début le rythme de marche était soutenu, la rousse marche maintenant bien plus lentement, sentant un début de fatigue l'envahir. Elle n'a pas dormi depuis si longtemps, ses pieds lui font mal. Et ses épaules qui souffrent du poids de son sac. Le premier but de son voyage n'est pourtant pas très loin, serrant les dents elle continue son chemin, soupirant en silence.

Il ne faut en effet plus longtemps avant de voir le bois s'éclaircir. Si la direction est la bonne, le village devrait se trouver non loin d'ici, juste au bord d'une rivière. Il est temps, au loin le jour se lève doucement, et la jeune femme n'a pas envie d'être dehors quand le soleil brillera. Elle redoute bien plus qu'on la rattrape qu'une rencontre inopinée, mais sait-on jamais.

Le sol commence à descendre légèrement, puis plus fort. C'est bon signe. Bientôt le bruit de l'eau se fait entendre, et motivée par ce signe Rebecca accélère le pas, débouchant au détour d'un bosquet plus touffu sur le cours d'eau. Posant son sac elle s'y abreuve, et s'autorise même une petite pause, histoire de se restaurer mais surtout de décider de la direction à prendre. Ce n'est pas bien compliqué, amont ou aval. Le souci est qu'elle n'a aucune piste pour guider son choix. La luminosité est maintenant trop forte pour apercevoir les étoiles, et quand bien même, la jeune femme n'est pas une assez habile aventurière pour se guider avec tant de précision. Le simple fait d'être tombée sur la rivière est déjà un coup de chance ... Finalement, après un quart d'heure elle reprend son chemin, se décidant pour l'aval. Ça descend c'est donc moins fatiguant. C'est le seul argument valable en fait.

Son choix semble le bon, la forêt continue d'aller en diminuant, laissant à nouveau place à un court sous-bois qui se termine à son tour, donnant sur une praire verdoyante baignée par le soleil matinal. Et a un petit kilomètre, le village. La rousse sourit, la chance est réellement de son côté. Reste maintenant à parcourir la distance restante, à découvert. Le silence est toujours aussi intense, pas un animal ne se fait entendre, même le vent semble décidé à se taire. Rebecca hésite un peu, puis sort des fourrés. Pas la peine de tergiverser des heures, c'est soit le village, soit finir par s'endormir sur place. Et ce n'est pas mieux.

La distance est rapidement avalée, sans anicroche, et bientôt les premières maisons apparaissent. Une fois de plus c'est le calme qui règne ici, tout semble abandonné. Peu pressée de vérifier en plein jour si c'est le cas, la jeune femme choisir la première maison qui lui semble accepte et pousse la porte. Comme elle s'y attendait elle n'est pas verrouillée, lui permettant d'entrer facilement. Un premier coup d'œil révèle une habitation simple mais confortable, visiblement abandonnée dans la hâte, au vu du nombre d'effets personnels éparpillés un peu partout. Fouillant les placards elle découvre une miche de pain acceptable, et dans le petit cellier un restant de jambonneau fumé. La rousse s'installe à la table de la cuisine et se permet un deuxième repas, bien plus copieux, arrosé d'un peu de lait. Elle termine en découpant soigneusement ce qu'il reste de la viande pour l'emballer, ça servira toujours pour la suite du voyage. Après avoir verrouillée la porte, elle grimpe à l'étage et trouve rapidement le lit. Le confort ne sera surement pas comparable aux literies qu'elle a l'habitude d'utiliser, mais il faudra faire avec. Elle se dévêtit rapidement, avant de se coucher, sombrant dans un sommeil profond.





L'après-midi est bien avancée quand la voyageuse ouvre finalement les yeux, son corps tout endolori par les efforts de la nuit précédente. Dire que  
Ce n'est que le début ... Soupirant bruyamment elle se lève tout de même, chaque muscle de son corps semblant crier contre ce traitement odieux. Descendant l'escalier en petite tenue, elle vérifie la bonne fermeture de la porte, avant d'entamer un brin de toilette. Rebecca ne peut s'empêcher de sourire sur le coup, voilà bien quelque chose qu'elle n'aurait jamais imaginée faire par le passé. Finalement la liberté à du bon, plus besoin de se soucier en permanence du regard des autres. Elle termine en se rhabillant tranquillement, prenant à peine le temps de se coiffer, sachant que sa chevelure adoptera bientôt sa naturelle propension à s'en aller dans tous les sens. Voilà qui la rendra différente. Quel dommage de ne pas pouvoir la colorer d'ailleurs ...

Mais soit, ce genre de détail attendra des jours meilleurs, il y a encore beaucoup de route à faire. Maintenant que la fatigue est derrière elle, la jeune femme prend le temps d'une fouille complète de l'habitation, réunissant de quoi se nourrir décemment les deux prochaines journées. Elle trouve également quelques vêtements qui sont plus ou moins à sa taille, ainsi qu'un long coutelas qu'elle ajoute au petit poignard qu'elle a emportée avec elle en quittant le campement hier.

Le temps de faire tout ça, et la journée se termine doucement, le crépuscule faisant place au chaud soleil qui a régné jusqu'ici. Décidée à gagner un peu de temps la rousse décide de prendre la route dès que la luminosité le permet. Elle doit en effet passer le petit pont qui enjambe le cours d'eau ici même, sous peine de devoir effectuer un énorme détour. Mais pas question pour autant de lambiner. Replaçant le sac sur son épaule toujours endolorie elle quitte la maison, et se faufile en silence dans le village, se dirigeant vers le centre de celui-ci. Et toujours ce silence. Qui semble se faire de plus en plus lourd. Elle s'oblige à faire s'autant plus attention à ne faire aucun bruit, arrivant au bout de quelques minutes en vue de son moyen de franchir la rivière. Restant un moment aux aguets, elle hésite à nouveau, comme ce matin. Elle n'aime guère les espaces découverts de ce genre ... Et une fois de plus il lui faut un effort de volonté pour oser franchir le cap. A moitié recourbée elle traverse la petite place, prend ensuite le pont et se fond rapidement dans les ombres des maisons avoisinantes. Aucun autre bruit que ses pas légers et sa respiration saccadée ne s'entendent, elle souffle alors un peu, continuant sa route sans attendre.

Sortir du village lui prend à nouveau quelques minutes, un temps suffisant à la nuit pour presque s'installer. Cela tombe bien, elle doit maintenant longer quelques champs avant de retrouver une forêt pour s'y abriter. Après un nouveau coup d'œil pour la rassurer, Rebecca prend la direction voulue, clopinant un peu, ses muscles se rebellant devant la perspective d'une nouvelle nuit de marche. Au-dessus de sa tête le ciel commence à se couvrir, signe annonciateur du retour d'un temps plus habituel dans la région. La rousse presse le pas, espérant rejoindre l’abri des arbres avant le début de la pluie. C'est peine perdue, le trajet est plus long qu'escompté, et de grosses gouttes commencent à s'écraser sur son visage, alors que le bois est tout proche. Pressant le pas, elle avale la distance au plus vite, réussissant à se mettre à couvert avant que le déluge ne débute, malgré tout a moitié trempée par les éléments. Maudissant le ciel, et dans l'impossibilité de se sécher elle continue son chemin. Manque de chance, c'est l'étape la moins facile, où elle devra se cacher dans ce bois durant la journée. Et avec le froid qui s'intensifie ...

Les heures passent, la pluie tombe, transperçant le mince couvert végétal. La jeune femme grelotte, l'humidité et le froid se combinant pour rendre cette partie de la randonnée particulièrement difficile pour ses pauvres nerfs. Elle a mal partout et avance avec peine. Pour la première fois la noble se rend compte de la folie de son idée. Comment a-t-elle pu se penser capable d'un tel exploit ? La boue fait son apparition, elle ne progresse plus qu'à sa seule volonté, se refusant à abandonner aussi vite. Son chemin est en plus semé d'embûches, comme le petit torrent qu'elle a dû traverser en s'agrippant au mieux aux grosses pierres couvrant son lit. Ou encore cette vaste trouée où elle a dû courir pour vite se remettre à l’abri, la laissant le souffle court sous le couvert des arbres. Le seul point positif est qu'elle ne risque pas de faire de mauvaise rencontre sous ce déluge, qui efface par la même occasion toutes ses traces.

Alors que la nuit semble sans fin, le ciel bouché par les nuages sombres, l'atmosphère semble s'éclairer petit à petit. Devinant l'arrivée du jour la jeune femme soupire, cherchant du regard un abri pour se reposer. Rien ne semble convenir dans les environs, et elle opte finalement pour un grand chêne qui servira de lit pour cette longue journée qui l'attend. La pluie semble se calmer un peu, mais l'écorce est tellement humide qu'il lui faut trois tentatives pour arriver à se hisser sur l'arbre, le corps criant stop, prêt à rompre. A la force des bras elle grimpe dans la frondaison, tirant son sac ensuite à l'aide d'une corde. Elle utilise ensuite celle-ci pour s'attacher à une grosse branche, sombrant dans un sommeil profond dans la foulée.





Un grondement sourd réveille la dormeuse, qui perd presque l'équilibre sous la surprise, se retenant de justesse à sa branche. Un deuxième grondement s'entend, tout proche. Le sang se glace dans les veines de la jeune femme, qui n'ose pas bouger d'un iota. Sous elle, le sol et le pied de l'arbre, qu'elle distingue avec peine. Et un ombre. Poilue. Immense. Le worgen tourne autour du tronc et renifle, puis lève son museau pour regarde vers Rebecca. Heureusement bien cachée, dans sa tenue passe partout, elle semble trop discrète pour les yeux lupins. La bête grogne une dernière fois avant de s'éloigner doucement.

N'osant pas bouger, la voyageuse reste de longues minutes aux aguets. La pluie s'est arrêtée durant son sommeil, mais le ciel reste gris et chargé. Le silence est revenu dans la forêt. Finalement elle s'autorise à se déplacer, trouvant une meilleure place pour observer le sol. Plus rien n'y est visible. Se détachant avec précaution elle rassemble ses affaires, et décide de s'en aller tout de suite, juste au cas où la bête aurait envie de revenir. Son ventre crie famine, mais ça sera pour plus tard, elle atterrit sur le sol au prix d'une grimace, son corps toujours aussi en piteux état. Ne perdant pas de temps elle s'en va, par chance la créature est allée du côté opposé à la direction que doit emprunter Rebecca. Son pas est rapide, elle jette des regards fréquents derrière elle, ne voyant rien pour le moment. Histoire de gagner du temps elle prend ses provisions et ralenti le pas juste suffisamment pour se nourrir, sans oser faire une halte. A peine a-t-elle le temps d'avaler sa dernière bouchée qu'un cri retentit. Derrière, loin encore. Il a dû revenir près de l'arbre, et sentir l'odeur fraîche d'une proie. La panique s'empare de la jeune femme, alors qu'un autre cri s'entend, plus proche. Elle se met à courir.

La course-poursuite s'engage, la femme fuit la bête oubliant toutes ses douleurs, l'adrénaline la poussant vers ses derniers retranchements. De longues minutes s'écoulent, des bruits s'approchant sans cesse, des glapissements de rage, ou serait-ce plutôt de faim ? Peu décidée à vérifier leur raison, elle continue, le souffle court, proche de la rupture. Son salut vient quand devant elle se dresse un obstacle naturel, une élévation subite du sol due au Catclysme, qui a provoqué l'apparition d'une sorte de petite falaise aux prises aisées pour des mains humaines. Sans se poser de question Rebecca s'élance vers le haut, et entame l'ascension. Juste à temps. Le worgen est sur ses pas, et la loupe de peu alors que le pied de la rousse se dégage de justesse d'un coup de griffe. La jeune femme continue de grimper, sous les grondements exaspérés du carnassier, qui tourne au pied du rempart de terre et de pierre. Une minute suffit pour arriver sur le haut, et Rebecca se laisse tomber sur le sol, complètement terrassée par la fatigue.

C'est qu'elle resterait bien là un moment. Mais hors de question, le danger reste tout proche. Se remettant sur ses genoux, elle analyse la situation. La bête est toujours en bas, furieuse et hors d'elle, sa proie bien trop en hauteur maintenant. L'espèce de falaise semble elle faire une longueur impressionnante, se perdant dans l'obscurité du bois quel que soit la direction. Au moins le danger est écarté pour le moment. Se relevant avec peine, la rousse se force à reprendre son chemin, espérant que le worgen ne cherchera pas un moyen de contourner l'obstacle. La journée est à peine avancée, la fatigue est toujours là, mais il serait vraiment idiot de se laisser aller à une pause maintenant ... Petit à petit les grondements diminuent, pour disparaître tandis que Rebecca s'éloigne, progressant elle l'espère dans la bonne direction. La situation est bien plus critique qu'elle l'imaginait. Ses vivres diminuent, son corps est au bord de la rupture, si elle ne trouve pas un abri rapidement les choses vont devenir vraiment problématiques. Et pour couronner le tour la pluie se remet doucement à tomber. Trainant la patte la jeune noble poursuit sa route, totalement découragée, tel un automate. Sans qu'elle s'en rende vraiment compte les kilomètres s'enchainent, et si son rythme n'est pas rapide elle arrive à parcourir une distance appréciable avant l'arrivée de la nuit. Son esprit est embrouillé, et elle manque presque ce qui pourtant aurait dû lui sauter aux yeux. Juste plus loin, dans les ombres naissantes, quelques cabanes. Enfin un espoir.

Tout comme hier, la pluie tombe drue et avec force, tandis que la jeune femme se traîne vers son salut. Une porte s'ouvre facilement, elle la repousse derrière elle, glissant le lourd verrou en place. Un lit, une table, des chaises, quelques armoires. C'est spartiate mais suffisant. Elle sourit même devant un tel confort. Retirant avec peine ses bottes, elle s'écroule sur le lit.

Son sommeil est lourd et profond, mais encombré de rêves. De grognements et de cris. De douleur et de mort. Quand elle s'éveille finalement, la jeune femme constate que la pluie tombe avec force sur la petite cabane, mais que le ciel semble plus clair. Aucune idée de l'heure, mais elle a apparemment dormi toute la nuit, au minimum. Ce repos aura au moins légèrement calmé ses douleurs physiques, même si ses pauvres pieds commencent à réellement souffrir du traitement qu'elle leurs imposent. Le reste est douloureux, mais supportable, c'est toujours ça. Engloutissant le restant de ses provisions, Rebecca regarde autour d'elle, à la recherche de quelque chose d'utile. Ses yeux accrochent un détail insolite, un tampon utilisé pour marquer le bois, orné d'armoiries qu'elle connait. Celles du Baron Blanpin, vassal du Marquis de Kellis. Un mince espoir renait, si elle est se trouve sur ses terres c'est au moins la bonne route ! Elle sait de pas son étude des cartes que le domaine du Baron se trouve presque sur le chemin qu'elle doit emprunter, au final elle ne s'est que peu déviée de sa trajectoire.

Ragaillardie par cette découverte, elle se ré-équipe, le ventre pas assez rempli, les pieds endoloris. Ouvrant la porte avec précaution elle ne remarque que la pluie et le bruit du vent. Avec de la chance la bête a perdu sa trace à cause du déluge. Non loin de là un petit chemin de terre démarre, la rousse décide de l'emprunter, préférant pour le moment augmenter le risque de rencontre, le besoin de ravitaillement étant trop important.

Restant tout de même sur ses gardes, elle marche sans trop se presser, préférant garder ses forces un maximum. Mais le chemin parcouru ne sera au final pas très long, car au détour d'un tournant une nouvelle surprise apparaît aux yeux de la voyageuse. Un manoir, immense, sombre et inquiétant. La demeure du Baron. Plus besoin de chercher un village ...





Profitant de la lueur du jour, la jeune femme ne perd pas de temps et explore la bâtisse. Ses craintes et son appréhension des jours précédents se sont envolés, laissant place à un instinct de survie puissante, mettant de côté ses hésitations à s'avancer vers l'inconnu.

La demeure est comme on l'attend richement décorée, avec goût. Tout ici inspire le respect et le luxe, mais une impression de désolation règne maintenant en maître. Ci et là des objets sont renversés, des armoires laissées ouvertes, des affaires abandonnées à même le sol. Le rez-de-chaussée recèle cependant de véritables trésors. A manger pour des semaines ! L'envie est forte de se jeter sur ce qui est encore comestible, mais il faut avant tout faire tout le tour du manoir. Elle poursuit donc son exploration, mettant de côté pour plus tard divers objets utiles pour la route. De quoi agrément un peu son confort sans trop se charger. Ses pieds boueux laissent de grandes traces brunes sur le luxueux tapis qui recouvre le sol, dut un temps où elle aurait été effarée mais cela lui semble déjà si lointain ... Arrivant de le massif escalier qui mène à l'étage, elle le gravit en ressentant une petite pointe d'appréhension à se retrouver peut être bloquée là-haut en cas d'ennuis. La même impression que précédemment se ressent à l'observation des alentours, Rebecca ne peut retenir un pincement au cœur devant ce qui est quelque part une représentation de son passé.

Une double porte lui barre l'accès à une pièce, la jeune femme l'ouvre doucement, sans bruit. La voici dans un bureau, qui comme le reste de la maison montre le goût de son propriétaire. En parlant de lui d'ailleurs ... La rousse ne peut retenir un cri en apercevant un homme assis dans le fauteuil derrière l'imposante table de bois. Ce n'est pas tant cette apparition imprévue qui cause cette surprise, mais surtout ce qu'il reste du visage du Baron. A vrai dire pas grand-chose, l'objet responsable étant visiblement la pistole qu'il tient serrée entre ses mains. Pour on ne sait quelle raison l'homme s'est donné la mort. Peut-être est-ce mieux de ne pas le savoir en fait. S'approchant avec respect, Rebecca observe du coin de l'œil le cadavre pourrissant, cherchant rapidement ce qui pourrait lui être utile ici. Son regard est attiré par un coffret en bois précieux sur le coin du bureau. En l'ouvrant elle découvre avec surprise deux magnifiques pistoles, des armes prévues pour la guerre, sans luxe mais réalisées avec soin, dans un état impeccable. La jeune femme regarde l'arme dans la main du noble, et constate que celui-ci a malgré tout préféré passer de l'autre côté en utilisant une banale arme à feu, comme s'il répugnait à ternir l'éclat de ce qui était soigneusement rangé dans le coffret.

Ne trouvant rien d'autre d'utile, elle quitte le bureau et referme la porte, non sans avoir glissée les armes à sa ceinture. Que la bête vienne maintenant, elle a de quoi se défendre !

La visite continue, avec cette fois moins d'étonnement. Des chambres, une salle d'eau, des pièces de vies. Encore des objets qui pourraient être utile, mais il faudra faire un tri au final ... Redescendant les bras chargés, Rebecca se dirige vers la cuisine afin de maintenant assouvir son appétit. L'image de l'homme dans son fauteuil est toujours bien ancrée dans son esprit, mais la faim est bien plus importante que toute autre considération. Après ces deux journées difficiles, la découverte de ce refuge est une bonne chose, et la jeune femme se demande si il ne serait pas une bonne chose de se permettre un peu de repos. Après tout il vaut mieux perdre une journée que la vie non ? Et puis la bête n'est peut-être pas très loin ...

La décision est prise, elle passera de toute façon la nuit ici. Le reste de la journée sera consacré à un peu de confort personnel. Tout d'abord le bain, malheureusement froid, car elle n'ose pas allumer de feu de peur d'être vue de loin. Mais même glacée l'eau est un réel bonheur. C'est ensuite au tour de sa tenue, qu'elle lave avec application. Pour le reste il y a de quoi se vêtir dans la maison ... Une fois ces quelques tâches accomplies il est temps de passer au tri des objets utiles. En finalité elle n'a pas vraiment besoin de grand-chose, son sac comportais déjà de quoi tenir lors d'une longue randonnée. La jeune femme ajoute tout de même une deuxième gourde, remplie d'un fond de jus de pomme trouvé auparavant. Quelques aiguilles et du fil, un peu de corde, de nouveaux couteaux pour sa collection naissante, et enfin une brosse à cheveux. Unique concession. Son reflet aperçu tout à l'heure devant le miroir l'a passablement horrifiée il faut dire. Elle qui n'était déjà pas bien épaisse, la voilà encore plus amaigrie par ces efforts des jours précédents. C'est idiot mais elle a besoin de s'occuper un peu de son apparence.

Quand le soir arrive, elle décide de se barricader à l'étage dans une des chambres, ayant repérée une pièce parfaite avec un arbre à proximité pour s'échapper au cas où. Un repas frugal, un peu de lecture volée dans la bibliothèque du manoir, et voilà la jeune femme rapidement partie dans le pays des songes.

Le petit matin pointe le bout de son nez, éveillant la voyageuse, un rayon de soleil marquant enfin l'arrêt de la pluie. Mais aussi signalant le retour du danger. Il lui reste encore de nombreux jours de voyage, et même si il était prévu de ne voyager que de nuit, il ne serait pas inutile de prendre un peu d'avance avant la prochaine étape. Surtout qu'elle devra alors longer une route durant un bon moment. Son corps va mieux, ses pieds ne sont pas dans leur forme des grands jours mais à force ... Elle s'y habituera. Rassemblant ses affaires elle s'apprête à partir, il ne reste plus qu'a se vêtir un peu ...

Derrière la porte close de la chambre un grondement retenti.




La jeune femme gémit. Non pas ça ! La porte vibre violemment, comme si on la cognait depuis l'autre côté. Essayant de se calmer Rebecca tente de trouver une solution. La fuite est la première option mais ... Ses vêtements sèchent en bas. Imbécile ! Même chose pour les pistoles qui doivent traîner sur la table du salon. Quelle idiote ... Baisser aussi rapidement sa garde. De nouveau un coup sur la porte, un craquement.

Il est temps de réagir face au danger. Comme dans la forêt le corps décide d'agir avant l'esprit. Elle envoie au sol une table, et déboîte un des pieds, brandissant son arme de fortune. Ce n'est pas bien imposant, mais elle doit redescendre plus vite que lui pour reprendre ses armes. Le tout pour le tout ... La porte craque à nouveau, et cède sous la force de la bête qui se rue dans la pièce. La rousse agit, vite et précise. Le bout de bois atterri en plein sur la tête du worgen, qui recule sous l'impact. Le deuxième coup n'a pas cette chance, la créature pare d'un coup de griffe, brisant net l'arme improvisée. Rebecca recule, glissant à moitié sur le tapis qui recouvre le sol. Un grondement sourd et la bête charge, sûre d'elle. C'est sans compter sur l'agilité de sa proie qui au prix d'un roulé-boulé évite un autre coup, capable à lui seul de l'éventrer.

Rebecca est maintenant du bon côté de la pièce, elle se lève dans la foulée et quitte la chambre en courant comme une dingue. Derrière elle la bête hurle de rage et la suis, obligeant la rousse à se jeter sans réfléchir par-dessus la balustrade. Une fois de plus la chance est de son coté, elle atterrit en souplesse sur le palier intermédiaire, roulant à nouveau pour se réceptionner. Profitant de son avantage elle dévale le restant de l'escalier quand un craquement retenti à l'étage. C'est le worgen qui a lui aussi décidé d'emprunter un raccourci, à sa façon. Défonçant le bois il vole littéralement dans les airs, dans l'intention évidente de couper la course de sa proie. Ne l'attendant pas, cette dernière bifurque directement sur sa droite, entrant dans le salon, là où les pistoles sont posées. Sans s'arrêter elle s'empare du coffret et tente de l'ouvrir, les mains tremblantes.

Le worgen entre à son tour dans la pièce, au moment où le loquet cède. Il se précipite avec fureur vers la rousse, qui brandit une des pistoles dans sa direction. Un bref instant un doute envahi Rebecca. On ne range pas une arme chargée. Jamais. Elle tire toute de même, c'est sa seule chance.

La détonation retentit dans la pièce.

Le worgen poursuit sa course emporté par son élan, alors que la Comtesse pivote son corps pour esquiver.

S'écroulant sur le sol, la bête est morte avant d'avoir touchée le sol. Un trou entre les deux yeux.

Rebecca lâche son arme, s'affale sur le luxueux tapis qui se couvre doucement de sang. Ses mains viennent couvrir son visage. La tension se relâche. Elle pleure.

(Suite à venir ...)
Rebecca
Rebecca "Becks" Atherton


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