Je te hais.

Quelque part, dans le vide sans couleur de l'inconscience.

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Je te hais.

Je te hais, Mauvaise, puisque tu préfères lacérer mes paumes alors que j'étais prêt à tout t'offrir.

Je te hais pour toute la hauteur de ce dédain qui durcit ton visage, ferme ton coeur comme un poing et met du venin dans chacune de tes paroles.

Je te hais pour ton verbe acéré comme un poignard. Pour tes yeux plus froids que le plus froid des aciers. Pour la caresse de ta lame, et pour le goût de tes lèvres.

Pour tout cela je te hais, Traîtresse.

Je te hais pour tous les coups portés que je n'ai pas rendus, pour ton ombre qui se dérobe lorsque je la cherche des yeux, pour tes mensonges, tes demi-mots, tes non-dits.

Pour l'éclat de mon sang sur l'ourlet de ta robe.

Je te hais pour nos mains qui auraient pu se nouer mais ne se noueront jamais.

Pour tout cela je te hais, Capricieuse.

Pour la rancoeur et l'amertume, l'attente et la déception, le dépit et le chagrin, je te hais mille et mille fois.

Mais à présent, la Colère a refermé sur moi ses ailes battantes, couleur de flammes et de venin ; moi qui suis pourtant fait pour guérir et non pour meurtrir, je suis résolu à te livrer bataille.

De tout ce qui t'entoure, je ferai des armes susceptibles de te blesser, car je te hais, Perfide.

Dans la bouche de tes amis je mettrai du poison, et du fiel sous leur langue, pour que chacun de leurs mots te morde comme mordent les serpents. Ils happeront ta cheville quand tu voudras les écraser sous ton talon, et je me réjouirai de te voir souffrir.

Car je te hais, Peste.

Ce qu'il y a de plus détestable dans ta détestable personne, je le tirerai hors de toi et le graverai sur ton front, de sorte que nul ne puisse l'ignorer. Et tu me verras sourire lorsque tous les visages se détourneront de toi.

Car je te hais, Méprisable.

Je lâcherai à tes trousses des meutes entières. Où que tu ailles, tu les sentiras haleter dans ton ombre. Où que tu sois, leurs mâchoires avides claqueront près de tes doigts.

Car je te hais, Vipère.

Partout tu me trouveras, acharné à ta perte. A tous tes refuges je mettrai le feu, afin que nulle part tu ne puisses connaître le repos. Dans ton eau je verserai le sel et l'écume : rien n'étanchera plus ta soif. Sous tes pieds, le sol courbera l'échine, acéré comme mille silex ; et même le vent cherchera à te déchirer, s'il lui plaît d'obéir à ma colère.

Je tuerai la Nuit elle-même pour qu'elle ne puisse te dissimuler, car je te hais, Monstre.

Enfin, tout autour de toi je bâtirai des gouffres et construirai des prisons. Et si cela ne suffit pas, de mon propre corps je ferai une geôle, mes ongles contre tes ongles, mes yeux contre tes yeux, ma bouche contre ta bouche. S'il le faut, je deviendrai ta propre chaîne, chuchotant à ton oreille le nom de ton ennemi.

Et je me réjouirai de nous voir suffoquer ensemble, car je te hais, mon amour.

J’erre dans mes Ombres bien aimées.
Rien ne m’en aurait soustrait..


Il n’est qu’un mage..
Sournois et hypocrite, méprisable par sa magie

Qu’on me fasse Souffle, pour le sien, lui ôter.
Que je sois Temps, pour l’éternité lui retirer.
Que je sois Mort, et à jamais le pourchasser.

Il n’est qu’un mage…
Fourbe et suffisant, détestable pour ses penchants.

Qu’on me fasse Etreinte, pour sa gorge serrer.
Que je sois Maîtresse, pour pouvoir le tromper.
Que je sois Caresse, pour le faire trembler

Il n’est qu’un mage…
Corrompu et répugnant, haïssable dans son entier

Qu’on me fasse voler, pour son ciel, remplir de corvidés !
Que je sois Chimère, et dans ses rêves le tourmenter.
Que je sois Blessure, pour vicieusement l’infecter.

Il n’est qu’un mage…
Pernicieux et traître, abominable entité.

Qu’on me fasse Sang, hémorragie je lui donnerai
Que je sois Lumière, afin de l’aveugler.
Que je sois une larme, pour ses yeux brouiller.


Que je devienne tout, pour qu’il n’ait plus rien…


J’erre dans mes Ombres bien aimées,
Mais pourtant j’ai faibli,
Rien, ne m’en aurait soustrait
Mais une étincelle a jailli,
Cet éclat insidieux a su me révéler
Ne m’approche pas je t’en prie..
Trop tard il semblerait..
Car moi aussi…Je te hais.