L'improbable histoire d'un arbre qui savait parler...
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L'improbable histoire d'un arbre qui savait parler...
L'homme s'installe, assis en tailleur, et se lance dans une de ses histoires fantasques. Deux paires d'oreilles s'impatientent, demanderesses d'en savoir plus sur le sujet. C'est avec passion et couleurs que l'homme se prête à l'exercice.
"Il était une fois, dans un bosquet fort fort perdu au fin fond d'une forêt verdoyante, un tréant qui s'enracinait joyeusement parmi ses conifères. Ses confrères."
Avisant les sourires amusés de ses deux auditeurs, il s'adapte à la réceptivité et opte pour quelques traits d'humour dont il a le secret.
Il reprend.
"C'est donc dans ce bosquet qu'évolue notre bon ami. Nous l'appellerons Sapin vu la sveltesse de sa silhouette et sa coupe de branches, en forme conique.
Il consacre sa vie à tanguer sous les caresses du vent.
Il éduque les oisillons nichés sous son aile. Quand je parle d'aile c'est au figuré. On n'aurait pas vu de si tôt un arbre qui parle et vole en plus !
Bien. Je disais donc.
La vie est paisible.
Les autres tréants ne font montre d'aucune envie de quitter le bosquet.
Mais Sapin est parfois titillé par des questions d'une profondeur ancestrale !
Il s'interroge sur l'au-delà du Sentier. Il devine que là où son regard ne porte, se cachent des merveilles à découvrir.
Il voudrait sans doute être un oiseau ou une otarie.
Il n'arrive pas à comprendre pourquoi son ami Ecureuil veut toujours lui taper un gland ou une noisette dans le trou. Certes, cela pourrait lui en boucher un coin. Mais alors comment ferait-il pour parler aux oiseaux ou s'offusquer que le Soleil n'est pas assez ensoleillé?
Souvent, quand les réflexions l'assaillent, il se fatigue vite et réalise qu'il perd le fil.
La Sieste est son plus grand passe-temps.
Toujours est-il qu'un jour, en tout point semblable aux autres, une idée germa. D'aucuns pourraient dire que sa Feuille est tombée."
Les auditeurs rient de bon cœur et le plus espiègle des deux ose interrompre l'homme pour lui demander si son humour est toujours aussi subtil. Ce qui ne manque pas de sarcasme amical.
L'homme sourit. Un sourire qui dérape au delà du rebord de sa capuche. Capuche qu'il rabat vivement vers l'arrière, pour dévoiler un visage souriant au charisme indéniable et à la pilosité soigneusement taillée.
Après cette interruption, il reprend. Son regard étincelle quand ses piques font mouche et que les rires fusent.
"Quand je dis une idée, c'est l'Idée avec un grand i.
Sapin osa faire un pas. Puis un autre. Il se rappela soudain qu'il avait bien du arriver dans ce bosquet, autrement que par la Sainte volonté d'un créateur-jardinier.
Puis un autre pas.
Alors non, il ne se mit pas à courir ni à sautiller. Néanmoins, il quitta le cercle du bosquet et s'osa sur la pente du Sentier. Etroite, jonchée de gravillons. Il y avait de quoi décourager le plus vaillant tréant du monde.
Comprenez-moi bien. Et je parle par expérience.
Quand on est un arbre et qu'on marche... Les pieds... Je veux dire les racines sont exposées ! Je ne connais pas de marchand de sandales, pour tout avouer. Ce pourrait être une idée de commerce.
J'imagine le slogan beuglé par un gnome entreprenant : Sandales à glands ! Mandales à Pine ! Venez achetez les pantouffles à tréant, c'est attrayant !
Je m'égare. Je vais reprendre si vous le permettez."
L'homme lisse l'étoffe de sa tenue, tendue sur les genoux. Son sourire s'épanouit tandis que son esprit dérive dans le monde imaginaire de Sapin et de ses amis du Bosquet.
(à suivre)
"Il était une fois, dans un bosquet fort fort perdu au fin fond d'une forêt verdoyante, un tréant qui s'enracinait joyeusement parmi ses conifères. Ses confrères."
Avisant les sourires amusés de ses deux auditeurs, il s'adapte à la réceptivité et opte pour quelques traits d'humour dont il a le secret.
Il reprend.
"C'est donc dans ce bosquet qu'évolue notre bon ami. Nous l'appellerons Sapin vu la sveltesse de sa silhouette et sa coupe de branches, en forme conique.
Il consacre sa vie à tanguer sous les caresses du vent.
Il éduque les oisillons nichés sous son aile. Quand je parle d'aile c'est au figuré. On n'aurait pas vu de si tôt un arbre qui parle et vole en plus !
Bien. Je disais donc.
La vie est paisible.
Les autres tréants ne font montre d'aucune envie de quitter le bosquet.
Mais Sapin est parfois titillé par des questions d'une profondeur ancestrale !
Il s'interroge sur l'au-delà du Sentier. Il devine que là où son regard ne porte, se cachent des merveilles à découvrir.
Il voudrait sans doute être un oiseau ou une otarie.
Il n'arrive pas à comprendre pourquoi son ami Ecureuil veut toujours lui taper un gland ou une noisette dans le trou. Certes, cela pourrait lui en boucher un coin. Mais alors comment ferait-il pour parler aux oiseaux ou s'offusquer que le Soleil n'est pas assez ensoleillé?
Souvent, quand les réflexions l'assaillent, il se fatigue vite et réalise qu'il perd le fil.
La Sieste est son plus grand passe-temps.
Toujours est-il qu'un jour, en tout point semblable aux autres, une idée germa. D'aucuns pourraient dire que sa Feuille est tombée."
Les auditeurs rient de bon cœur et le plus espiègle des deux ose interrompre l'homme pour lui demander si son humour est toujours aussi subtil. Ce qui ne manque pas de sarcasme amical.
L'homme sourit. Un sourire qui dérape au delà du rebord de sa capuche. Capuche qu'il rabat vivement vers l'arrière, pour dévoiler un visage souriant au charisme indéniable et à la pilosité soigneusement taillée.
Après cette interruption, il reprend. Son regard étincelle quand ses piques font mouche et que les rires fusent.
"Quand je dis une idée, c'est l'Idée avec un grand i.
Sapin osa faire un pas. Puis un autre. Il se rappela soudain qu'il avait bien du arriver dans ce bosquet, autrement que par la Sainte volonté d'un créateur-jardinier.
Puis un autre pas.
Alors non, il ne se mit pas à courir ni à sautiller. Néanmoins, il quitta le cercle du bosquet et s'osa sur la pente du Sentier. Etroite, jonchée de gravillons. Il y avait de quoi décourager le plus vaillant tréant du monde.
Comprenez-moi bien. Et je parle par expérience.
Quand on est un arbre et qu'on marche... Les pieds... Je veux dire les racines sont exposées ! Je ne connais pas de marchand de sandales, pour tout avouer. Ce pourrait être une idée de commerce.
J'imagine le slogan beuglé par un gnome entreprenant : Sandales à glands ! Mandales à Pine ! Venez achetez les pantouffles à tréant, c'est attrayant !
Je m'égare. Je vais reprendre si vous le permettez."
L'homme lisse l'étoffe de sa tenue, tendue sur les genoux. Son sourire s'épanouit tandis que son esprit dérive dans le monde imaginaire de Sapin et de ses amis du Bosquet.
(à suivre)
Vagabond
Re: L'improbable histoire d'un arbre qui savait parler...
"Où en étions-nous?
Ah. Oui. Le Sentier désagréable à la plante du pied.
Parce qu'au pied du tronc, il n'y a pas de sandales.
D'accord, j'admets que parfois l'humour est à utiliser avec modération.
Reprenons.
Sapin avale aussi lentement que possible les mètres du Sentier.
Tel une étoile filante, il trace un sillon malgré lui, à son passage.
Oui j'imagine que vous vous faites la même visualisation que moi. Un escargot aussi laisse une traînée luisante, brillante, telle la ligne d'une étoile qui file... Tout est à mesure de son propre univers.
Vous ne me semblez pas convaincus... Mettez-vous à la place de notre ami?
Bouger est une nouveauté. Pour un tréant qui avait oublié que mouvoir était possible, s'en souvenir est une épreuve.
Et se mettre à la pratique, un exercice d'une extrême brutalité !
Non ! Je vous vois venir. Attendez la suite."
L'homme sourit aux deux auditeurs et leur intime d'un geste vif le silence. Il fait mine de renifler et tendre l'oreille, puis, haussant les épaules, il reprend l'histoire.
"Sapin était en branle. Il marchait fièrement.
Il voyait sa destination en terre inconnue comme une bénédiction.
Sauf que, bientôt, il en eu plein les branches.
Vous vous rendez compte que le Sentier était en pleine forêt, donc cerné d'arbres et buissons.
Et un tréant qui se promène ne manque pas d'attirer l'attention !
Sapin se rendit vite compte que sa progression enthousiaste se muait en quelque chose de périlleux.
Il y perdit d'ailleurs des plumes. Et pas qu'au sens figuré.
En effet, à vouloir se faufiler sur un chemin peu utilisé, il se prit la tête avec d'autres feuillus.
Il eut beau être courtois et amical, son houppier fut rudoyé.
Par chance, notre ami était court sur Fût, ce qui lui permit de se dégager assez rapidement des différents entremêlements rencontrés.
Il progressa ainsi des heures durant. Et au coucher solaire il s'immobilisa afin de prendre un repos bien mérité."
Laissant un temps mort au récit, l'homme invita les enfants à parler. Ces derniers, dans un concert discordant lui posèrent maintes questions.
"-Les Tréants rêvent-ils? Dorment-ils la nuit? Ont-ils peur du noir? Ils se couchent? Ont-ils du mal à se lever?-"
Plus qu'amusé, hochant la tête, à leur écoute, il se promit de leur offrir un maximum de réponses. Après tout, nourrir la curiosité et l'imaginaire était une des choses les plus essentielles de l'Apprentissage.
Quand les voix se turent, l'homme tira à lui sa besace. Elle était en cuir et avait connu des jours meilleurs.
Il la traita avec douceur, et fourra sa main en dedans pour en extraire une poignée de fruits.
Il goba une baie violacée d'un geste souple, après l'avoir faite sauter en l'air sous le regard pétillant des jeunes gens.
Il leur proposa le Partage.
Ravies, leurs mains se tendirent en coupes pour accueillir les bienfaits de la forêt.
Avalant encore deux baies supplémentaires, l'homme reprit l'histoire.
"Sapin savait une chose fondamentale : le Soleil était sa source d'énergie.
Mais loin de l'abri du Bosquet, loin de la sécurité des anciens, notre ami n'eut qu'un seul autre réconfort...
Ce furent les clins d'œil complices du Ciel où régnait en maître notre amie la Lune.
Il resta figé, toute la nuit durant à lui poser de nombreuses questions.
Il ne dormit pas, il resta entre deux états. Entre l'Eveil et la Sieste. Un état fait d'hallucinations et de rêveries, mais aussi de sensations réelles.
Les insectes étaient paresseux. Les animaux dormaient dans leurs tanières.
Seuls quelques hululements lui parlèrent.
La Lune lui procura du réconfort.
Or, la nuit en été ne dure pas.
Le Soleil, infaillible, fit d'abord rougir l'horizon.
Sa dame, timide, se pressa de se cacher derrière le voile des dernières étoiles.
Ces mêmes étoiles, qui à l'arrivée du conquérant se sentirent misérables et s'éteignirent.
Le jour avait pris son envol.
La chaleur stimula notre ami. La Lumière le fit frémir. Il s'ébroua et secoua le bout de ses branches. Il fit légèrement craquer ses rameaux.
Il s'étira sur la pointe des racines et il bailla pour s'étonner de s'entendre dire d'une voix sortie du fin fond de son tronc : Hoooo !
Pour un tréant, il était loquace !"
Les deux adolescents s'exclamèrent à l'unisson : Hoooo!?
L'homme ne s'en laissa pas raconter et continua son propos.
"Parfaitement. Hoooo!. Il avait parlé. Ce n'était pas commun, d'accord. Mais ce n'était pas non plus extraordinaire.
tout le monde sait qu'un tréant en plus de bouger, marcher, faire sa gymnastique matinale, peut parler !"
(à suivre)
Ah. Oui. Le Sentier désagréable à la plante du pied.
Parce qu'au pied du tronc, il n'y a pas de sandales.
D'accord, j'admets que parfois l'humour est à utiliser avec modération.
Reprenons.
Sapin avale aussi lentement que possible les mètres du Sentier.
Tel une étoile filante, il trace un sillon malgré lui, à son passage.
Oui j'imagine que vous vous faites la même visualisation que moi. Un escargot aussi laisse une traînée luisante, brillante, telle la ligne d'une étoile qui file... Tout est à mesure de son propre univers.
Vous ne me semblez pas convaincus... Mettez-vous à la place de notre ami?
Bouger est une nouveauté. Pour un tréant qui avait oublié que mouvoir était possible, s'en souvenir est une épreuve.
Et se mettre à la pratique, un exercice d'une extrême brutalité !
Non ! Je vous vois venir. Attendez la suite."
L'homme sourit aux deux auditeurs et leur intime d'un geste vif le silence. Il fait mine de renifler et tendre l'oreille, puis, haussant les épaules, il reprend l'histoire.
"Sapin était en branle. Il marchait fièrement.
Il voyait sa destination en terre inconnue comme une bénédiction.
Sauf que, bientôt, il en eu plein les branches.
Vous vous rendez compte que le Sentier était en pleine forêt, donc cerné d'arbres et buissons.
Et un tréant qui se promène ne manque pas d'attirer l'attention !
Sapin se rendit vite compte que sa progression enthousiaste se muait en quelque chose de périlleux.
Il y perdit d'ailleurs des plumes. Et pas qu'au sens figuré.
En effet, à vouloir se faufiler sur un chemin peu utilisé, il se prit la tête avec d'autres feuillus.
Il eut beau être courtois et amical, son houppier fut rudoyé.
Par chance, notre ami était court sur Fût, ce qui lui permit de se dégager assez rapidement des différents entremêlements rencontrés.
Il progressa ainsi des heures durant. Et au coucher solaire il s'immobilisa afin de prendre un repos bien mérité."
Laissant un temps mort au récit, l'homme invita les enfants à parler. Ces derniers, dans un concert discordant lui posèrent maintes questions.
"-Les Tréants rêvent-ils? Dorment-ils la nuit? Ont-ils peur du noir? Ils se couchent? Ont-ils du mal à se lever?-"
Plus qu'amusé, hochant la tête, à leur écoute, il se promit de leur offrir un maximum de réponses. Après tout, nourrir la curiosité et l'imaginaire était une des choses les plus essentielles de l'Apprentissage.
Quand les voix se turent, l'homme tira à lui sa besace. Elle était en cuir et avait connu des jours meilleurs.
Il la traita avec douceur, et fourra sa main en dedans pour en extraire une poignée de fruits.
Il goba une baie violacée d'un geste souple, après l'avoir faite sauter en l'air sous le regard pétillant des jeunes gens.
Il leur proposa le Partage.
Ravies, leurs mains se tendirent en coupes pour accueillir les bienfaits de la forêt.
Avalant encore deux baies supplémentaires, l'homme reprit l'histoire.
"Sapin savait une chose fondamentale : le Soleil était sa source d'énergie.
Mais loin de l'abri du Bosquet, loin de la sécurité des anciens, notre ami n'eut qu'un seul autre réconfort...
Ce furent les clins d'œil complices du Ciel où régnait en maître notre amie la Lune.
Il resta figé, toute la nuit durant à lui poser de nombreuses questions.
Il ne dormit pas, il resta entre deux états. Entre l'Eveil et la Sieste. Un état fait d'hallucinations et de rêveries, mais aussi de sensations réelles.
Les insectes étaient paresseux. Les animaux dormaient dans leurs tanières.
Seuls quelques hululements lui parlèrent.
La Lune lui procura du réconfort.
Or, la nuit en été ne dure pas.
Le Soleil, infaillible, fit d'abord rougir l'horizon.
Sa dame, timide, se pressa de se cacher derrière le voile des dernières étoiles.
Ces mêmes étoiles, qui à l'arrivée du conquérant se sentirent misérables et s'éteignirent.
Le jour avait pris son envol.
La chaleur stimula notre ami. La Lumière le fit frémir. Il s'ébroua et secoua le bout de ses branches. Il fit légèrement craquer ses rameaux.
Il s'étira sur la pointe des racines et il bailla pour s'étonner de s'entendre dire d'une voix sortie du fin fond de son tronc : Hoooo !
Pour un tréant, il était loquace !"
Les deux adolescents s'exclamèrent à l'unisson : Hoooo!?
L'homme ne s'en laissa pas raconter et continua son propos.
"Parfaitement. Hoooo!. Il avait parlé. Ce n'était pas commun, d'accord. Mais ce n'était pas non plus extraordinaire.
tout le monde sait qu'un tréant en plus de bouger, marcher, faire sa gymnastique matinale, peut parler !"
(à suivre)
Vagabond
Re: L'improbable histoire d'un arbre qui savait parler...
Un silence s'installe. L'homme observe les jeunes gens et attend.
On ne sait pas trop bien quoi ni comment. Mais il tarde à raconter la suite, sondant les profondeurs d'un esprit qui flirte avec les étoiles ou les papillons.
"Dites, les enfants, vu comme le soleil est bas perché, ne serait-ce pas mieux de reporter la séance? Vos parents vont s'inquiéter..."
Les deux jeunes gens rappellent au conteur qu'une histoire commencée doit être achevée, c'est la règle. Parents fâchés ou non.
L'homme change légèrement de position, s'étire, se masse la nuque et reprend.
"Après la surprise première de s'entendre parler, notre tréant se mit à tester ses compétences linguistiques.
A chaque pas, des frémissements et des sons.
Des Ahhh.... des Ohhh? Des Hhaaa...
On ne plaisante pas au grand air, n'est-ce pas?
Le voilà donc qui déambule, tout en courbettes raides, poussant des sons multiples. Le terrain change. La forêt se fait moins dense. Les parasites moins nombreux.
Notre ami découvre des champignons, des araignées violettes, des écureuils grisonnants, des chiens de prairie égarés.
Son esprit s'affole. Jamais il n'aurait cru que... Tout compte fait, sa mémoire commence à lui revenir.
Il sait qu'il a bien fait de partir en voyage. Il ignore encore sa destination et le pourquoi de ce sentiment rassurant.
Mais il le sait.
Fin"
Les enfants éclatent de rire et la jeune femme pointe le conteur de l'index. Elle lui rappelle qu'écourter une histoire c'est de la triche. Qu'il a intérêt à poursuivre, faute de quoi elle lui promet de pousser le plus strident des cris, ce qui ne manquerait pas d'ameuter les gardes ou des parents coléreux.
Faisant une grimace, démasqué, l'homme hausse les épaules, leur demande une petite pause et promet de reprendre...
On ne sait pas trop bien quoi ni comment. Mais il tarde à raconter la suite, sondant les profondeurs d'un esprit qui flirte avec les étoiles ou les papillons.
"Dites, les enfants, vu comme le soleil est bas perché, ne serait-ce pas mieux de reporter la séance? Vos parents vont s'inquiéter..."
Les deux jeunes gens rappellent au conteur qu'une histoire commencée doit être achevée, c'est la règle. Parents fâchés ou non.
L'homme change légèrement de position, s'étire, se masse la nuque et reprend.
"Après la surprise première de s'entendre parler, notre tréant se mit à tester ses compétences linguistiques.
A chaque pas, des frémissements et des sons.
Des Ahhh.... des Ohhh? Des Hhaaa...
On ne plaisante pas au grand air, n'est-ce pas?
Le voilà donc qui déambule, tout en courbettes raides, poussant des sons multiples. Le terrain change. La forêt se fait moins dense. Les parasites moins nombreux.
Notre ami découvre des champignons, des araignées violettes, des écureuils grisonnants, des chiens de prairie égarés.
Son esprit s'affole. Jamais il n'aurait cru que... Tout compte fait, sa mémoire commence à lui revenir.
Il sait qu'il a bien fait de partir en voyage. Il ignore encore sa destination et le pourquoi de ce sentiment rassurant.
Mais il le sait.
Fin"
Les enfants éclatent de rire et la jeune femme pointe le conteur de l'index. Elle lui rappelle qu'écourter une histoire c'est de la triche. Qu'il a intérêt à poursuivre, faute de quoi elle lui promet de pousser le plus strident des cris, ce qui ne manquerait pas d'ameuter les gardes ou des parents coléreux.
Faisant une grimace, démasqué, l'homme hausse les épaules, leur demande une petite pause et promet de reprendre...
Vagabond
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