Le sale monde noir de Swarden

The Sbire / Scarvey Ven 05 Déc 2008, 13:55

L'odeur nauséabonde qui se dégageait de la fosse sceptique qui remontait jusque dans les cuisines de l'Asylum, s'engouffra dans les narines de Jack et Morris Swarden, curieux de déterminer la provenance de ces écœurantes effluves. Âgés respectivement de 51 et 57 ans, Jack et Morris ne parvinrent pas à se mettre d'accord sur la source pestilentielle; un "aïe" suivi d'un grognement ronchon de la part du crâne squelettique firent accourir Olga, moqueuse et ravie... qui en vint à gnomographier la dispute.

Les frères n'avaient pas l'air contents. Il fallait dire que Olga ne ratait jamais l'occasion de les humilier. Elle passait même ses journées à espérer ces petits moments d'impatience puérile, des reproches et de tout la noirceur qu'ils mettaient dans leur cœur flétri d'Ombre et de haine.

Oui, le sale monde de Jack Swarden était vraiment noir... même si les psychiatres n'étaient pas de cet avis.

A 49 ans, Jack Swarden était devenu l'assistant Directeur de l'Archimage Alcibiade, ce qui ne manquait pas de combler ses envies naissantes de passer ses journées à ne rien faire, et surtout ne pas sortir et jamais n'avoir de véritable responsabilités. Puis il devint à son tour Directeur et les choses se compliquèrent. Il avait adopté un jeune ourson blanc, retrouvé en pleine nuit dans sa boîte aux lettres et essayait de s'en débarrasser - parfois avec un succès certain, parfois sans grands effets : il fallait dire que Winnie avait acquis une indépendance que son nouveau maître avait du mal à concevoir de la part d'un animal affreusement mignon, et que les conflits avec Morris s'enflaient inévitablement - par jalousie de ce dernier.

Jack Swarden contemplait régulièrement la ville violette et pleine de parasites qu'était devenue Dalaran. Tant de luxure, tant de perversité et tant de héros stupides réunis au même endroit ! Jamais Jack Swarden n'avait été aussi blasé et aigri. Il n'acceptait plus de vivre dans ce fouillis de cristal, aux couleurs vomissantes de vie ; Rose pastel, bleu turquoise, vert émeraude s'entremêlaient dans un tourbillon écoeurant ; de concert avec l'orgueil et la stupidité des nouveaux héros fiers de montrer leur savoir arcanique qu'ils maitrisaient autant qu'un manchot jouant du piano avec ses dents. Jack Swarden était dépité et refusait de montrer cet horrible spectacle à Winnie.

N'était-ce pas une punition qui débutait, pleine de méfaits qu'on aurait pu croire acharnés sur le pauvre directeur Jack Swarden, même renié par son propre frère qui hantait l'Asylum, cadavérique et amer ? Et cette Merika d'Orakis, qui l'avait finalement réussi à s'imposer en s'invitant elle même à souper avec le directeur après moults négociations laborieuses, subtile comme une rose écrasée par un char à viande ! Voilà un terrible problème auquel Jack Swarden se faisait fort de se donner le temps de ne pas y penser. Car ils se haissaient. Et elle ne lui ferait pas de cadeaux. Tout cela parce qu'elle n'était pas apte à comprendre qu'être enceinte n'était pas une excuse suffisante pour refuser la prise en charge de deux malades mentaux pervers et violents. C'était déjà une mauvaise mère pour son enfant, et cela semblait naturel qu'elle n'ait jamais trouvé un excellent mari.

La Peste était finie, l'orage de tous les évènements sordides du Fléau s'était arrêté... et tout cela avait engendré l'invasion de Dalaran.

L'avenir était odieux.