Les vents du Nord
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Les vents du Nord
Les vents du Nord
La Légion Ardente avait enfin fini par être renvoyée dans le néant qui l’avait vue naître. Des centaines, voire des milliers s’étaient sacrifiés pour la cause. Parmi eux, des rois, des héros et des créatures de légende dont les noms ne seraient jamais oubliés. Mais le major Nathael ne réalisait que trop bien que les vraies légendes étaient ces soldats sans nom.
Ceux qui ne comptaient que sur une lame grossièrement aiguisée et d’un pavois souffrant des affres du temps, et qui pourtant quittaient leurs foyers à chaque fois qu’une menace pointait de son nez. Réalisant qu’ils n’étaient destinés à la richesse ni à la gloire, ils formaient toujours la première ligne. Que ce soit par patriotisme, par sens du devoir, ou simplement pour protéger ceux qui leurs étaient chers, ils n'avaient jamais baissé les bras.
Il pensait que la Lumière les avait enfin graciés par une période de paix, qu’ils pourraient partager avec leurs familles sous un toit, sans avoir à se préoccuper de se réveiller sous le rugissement d’une créature cauchemardesque ou d'une quelconque explosion.
Il avait tort.
- Avec moi et surtout, ne rompez la formation en aucun cas.
Alors qu'une brise glacée s'engouffrait à travers ses os, le paladin fit signe à cinq des dix gaillards aux traits fatigués l'accompagnant de le suivre à l'intérieur de la vieille bâtisse qui se trouvait devant eux. Les autres montaient la garde à l'extérieur, à l'affut du moindre bruit suspect dans les restes fumants de ce hameau de la toundra. Une torche à la main, il ouvrit la trappe d'une cave et commença à y descendre précautionneusement, indiquant à ses hommes de lui emboîter le pas.
- Si des survivants sont présents, c'est ici qu'ils seront. En avant, pour l'Alliance.
Le bruit de ses bottes de plaques cliquetant sur le sol de pierre du tunnel souterrain, Nathael avançait sans prêter attention aux ombres portées par la lueur de sa torche qui dansaient sur le mur, suivi de près par son escouade. Il eut à peine le temps de s'interroger sur ce caveau décidément bien vaste qu'il entendit une voix murmurer à son oreille au détour d'un cellier à vin, si basse qu'il crut d'abord l'avoir hallucinée. Et pourtant, elle se répéta.
Par ici...
Un courant d'air balaya le couloir, et les torches s'éteignirent.
- Restez près de moi.
Un râle étouffé qu'il prit pour celui d'un soldat trébuchant se fit entendre, puis sa torche se ralluma aussi vite qu'elle s'était éteinte.
Aux premiers abords, la scène lui parut inchangée. Pendant une fraction de seconde, il se permit un soupir de soulagement.
- Une brise de vent, sans doute, avançons.
Aucune réponse, aucun bruit de ses hommes. Une partie de lui craignait le pire, et une autre était certaine qu'il était déjà arrivé. N'osant pas se retourner, Nathael répéta l'ordre, sans résultat. Ils étaient des vétérans d'une myriade de guerres, et quelque chose venait de les emporter en un clignement de yeux. Le major aurait pu reculer, rebrousser chemin... Mais la foi, le devoir ou peut-être la peur qui le poussaient à continuer. Torche en main, ses yeux se baladaient à gauche et à droite. Une minute, peut-être deux passèrent. Il était arrivé au fond du tunnel.
- Bordel, un cul-de-sac...
Nathael n'avait lâché aucun juron depuis des années, mais il ne s'était jamais fait piéger de la sorte non plus. L'estomac noué par un effroi qu'il n'osait reconnaître, il fit volte-face, et implora la Lumière alors que ses craintes furent confirmées. Levant sa lame face à ce qui se trouvait devant lui, les prières du paladin étaient tout ce qui lui permettait de ne pas s'agenouiller en hurlant. Il chargea, déterminé à lutter jusqu'au bout. La foi l'animait.
___
Le major fut réveillé par les morsures cinglantes du froid sur son visage. Essayant tant bien que mal de reprendre ses esprits, Nathael mit quinze bonnes minutes à se remémorer ce qui lui était arrivé. Sa vision était brouillée, et il se rendit compte qu’il avait la totalité du visage couvert d’un mélange de terre, de sang et de neige. Des débris de givre incrustés dans ses cheveux, fichés à divers endroits du visage et de l’habitacle, il en avait même dans la bouche.
A la seule lueur de la lune, il ne distingua rien devant lui à part une ligne d’arbres au loin et un parterre de neige à perte de vue. Roulant sur le ventre, il commençait à ramper, puisant dans le peu de forces qui lui restaient. Au bord d'une colline élevée, il aperçut le Donjon de la Bravoure qui se dressait à l'horizon, vieille sentinelle de pierre et son salut à quelques heures de marche. Il avertirait les siens peu importe le prix... Puis il entendit la même voix, de nouveau.
Par ici...
Un courant d'air glacé le traversa, et une ombre s'abattit sur lui.
Marius von Blumwald
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