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L'écume de la Haine par Jonathan Walter

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Message  Jonathan Walter Sam 16 Nov 2019, 16:49

L'écume de la Haine par Jonathan Walter Mini_w10

Livre 1 : Du haut des Murs



Chapitre 1 :

Ambiance musicale :

       
 
   "Debout !" Le mot passe et résonne dans sa tête, l'a t il rêvé ou est ce la réalité.
    Une ombre passa dans sa chambre, lui intimant de se lever avant de disparaître aussitôt. Le jeunot ouvrit les yeux, s’assied dans la pénombre en se frottant les yeux. Au vu de la clarté il était bien tôt encore. Arrangeant ses cheveux noir en bataille en une raie discipliné sur le côté, mettant du coeur à l’ouvrage en passant sa tunique de coton noir aux fermetures métallique. Mais au moment où il allait passer ses bottes de cuir, l’ombre revint le hanter.
          - Prépare ton paquetage on a du pain sur planche et dépêche toi nom d’un chien.
    Le jeune s’activa de plus belle préparant son sac presque plus gros que lui. Il ne savait pas à quoi s’attendre en ce jour spécial, duvet, ration, torche était de rigueur. Une fois prêt et sûr de n’avoir rien oublié il descendit les marches de la maison quatre à quatre. Courant dans la cour de la maison familiale, c’est là qu’il vit l’ombre du Patriarche. Dos à lui droit, grand, fier. Une main dans le dos et dans l’autre il tenait une montre à gousset tenu par une chaîne d’argent.
          - En retard. Dit il en se retournant vers sa progéniture tout en claquant la fermeture de sa montre à gousset. Toujours droit et fier toisant le jeune homme de toute sa hauteur.
          - Pardonnez moi mon Lieutenant ! Répondit il en exécutant un salut militaire impeccable.
    Sans dire un mot de plus le Patriarche commença à marcher, le jeune homme cavalant pour le suivre et rester à sa hauteur ou au moins quelques mètres derrière lui. Il savait ce qui l’attendait si l’écart se creusait de plus de cinq pieds. Le pauvre jeunot tenait la cadence, suant à grosse goûte, malgré le terrain, tantôt des vallées tantôt des collines escarpés. Sans s’arrêter, sans prendre de pause, sans boire ni manger, la journée entière ils la passèrent à marcher, sans parler, l’un restant droit et fier, l’autre souffrant en silence.
   Après des heures et des heures de marche le crépuscule pointait et la froideur de la nuit posait son linceul d’humidité à l’entrée de ce qui semblait être une forêt sombre. Après encore quelques kilomètres de marche en forêt ils arrivèrent au milieu d’une clairière.
          - Pose ton sac, ici ce sera très bien. Déclara le Patriarche.
   Soufflant, le jeune homme posa son sac avec grand soulagement, mais au moment de s’asseoir et prendre une pause, une épée d'entraînement jaillit de l’obscurité pour se planter en face de lui.
          - Entrainement martiale. Ordonna le Lieutenant.
   C’est sans demander son reste que le jeune et presque homme posa ses frêles mains autour de la rapière d'entraînement, se mettant en immédiatement en garde mais trop tard. Une estocade dans l’abdomen et il tombe au sol le souffle coupé.
          - Relève toi. Intima le vétéran platement.
   Le jeune se releva plein de détermination, entrant dans la danse. Pendant des heures s’en suivi un combat acharné, parade, coup droit, estoc, esquive dans une splendide valse Gilnéenne. Mais impossible pour la recrue de toucher le vétéran, il n’a ni la force ni la technique pour. Il se fatigue et accuse de plusieurs égratignure et ecchymose plus le temps passe. La nuit avait recouvert de sa noirceur la forêt depuis bien longtemps.
          - Minable ! Comment peux tu être de notre famille en étant si faible?
   Le jeune pris de rage tenta un revers, tenant son épée à deux mains. Dans une foudroyante botte, mais trop tard, son poignet fût arrêté par la main du maître, lui agrippant d’une poigne implacable, sa frêle main. Relevant l’épée au dessus de la tête de sa progéniture et se mettant à sa hauteur pour le regarder dans les yeux. De petits yeux noirs cruels et pénétrant le regard encore juvénile et émeraude de sa recrue.
          - Comment un être capable d'éventrer ma femme à la naissance peut être incapable ne serait ce que de me toucher. Le monde est une vaste blague et tu en es la plus belle des farces.
   Ses yeux nimbés d’éclair jugeaient le jeune homme. Les larmes émeraudes pointant au creux de ses paupières. Puis d’un geste sec de ses puissant doigts, le poignet du jeunot émit un sinistre craquement, brisé net il ne puis que lâcher son épée. Sans crier gare, un  lourd et leste coup de genou viendra en pleine poitrine lui briser quelques côtes. Cloué au sol, le souffle coupé tenant son plexus solaire. Ne pouvant émettre que des soubresauts ou des sanglots, des larmes creusant des sillons sur ses maigres joues poussiéreuses pour se perdre dans la boue de Gilnéas. Lorsqu'un  couteau de chasse se planta devant son nez, rejoint par une boussole suspendu à la garde de la lame.
          - Rentre avant midi, ou c’est pas la peine de revenir. Annonça le patriarche, en prenant le sac de fourniture sur son dos. Le couteau, sers t’en pour t'ôter la vie si tu échoue.
   C’est ainsi que son père disparu dans les ombres de la forêt, emportant tout ce qui pouvait lui servir à survivre.
  La face contre terre gémissant de douleur, incapable de crier à la terre entière “Pourquoi?!”, seul dans la nuit, les ombres des branches de la forêt resserrant leur étreinte autour de lui. Les ombres, la peur, la solitude, la douleur ce qui allait devenir son quotidien. En ce jour même, béni par la lumière, le petit Jonathan venait d’avoir cinq ans. Une fête d’anniversaire comme on en fait plus.

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Message  Jonathan Walter Dim 17 Nov 2019, 16:49


Chapitre 2 :

Ambiance musicale :

       
 
      Les années passent et se ressemblent sous la houlette d’un père qui n’en est pas un. Le jeune garçon au regard d’émeraude profond endure les souffrances, subit les exercices. La peur dans ses yeux disparaît pour laisser place à la détermination, avoir l’espoir qu’un jour son géniteur soit fier de lui. Il suit la voie qu’on lui a tracée, sans jamais se plaindre, sans jamais faillir ni faiblir.

       Le clairon sonne, il faut faire vite. Le garçon et presque homme se préparait à la hâte. Le retard n’est pas toléré à l’école militaire de Gilnéas. En bonne et due forme et tenu impeccable, les jeunes recrue se tiennent en rang, ce n’est que le début. Tous n’ont pas plus de 14 hivers, Jonathan en faisait partie. Plutôt chétif de nature, les cheveux brun aménagé en une raie discipliné, comme lui même, et encore imberbe, il contrastait par rapport aux autres grand gaillard. Avec souvent une tête de moins qu’eux, une allure de chat maigre. Souvent des fils de noble ou de notable capable de payer cette formation tous avec une haute estime d’eux même et une propension à rabaisser les autres.

      Cela ne faisait même pas une semaine que le maigrelet était là, mais il était déjà victime de nombreux quolibets, isolé de tous, son enfance était pauvre en matière d’entente amicale. Incapable de se faire ce qu’on pourrait appeler “des amis”, ayant du mal avec le concept même du mot. Rire, discuter, jouer, c’était impossible pour lui, en revanche roter du sang, courir jusqu’à crever d'épuisement, prendre des coups, avoir le sens du devoir et du sacrifice, ça il savait le faire malgré son jeune âge.
      Les premiers jours passent, il est silencieux, il observe, participe au cours quand on lui demande, effectue les exercices physique avec application. Mais ne se mêle pas aux autres. Jamais. Pourquoi le ferait il après tout?
      Assis sur un banc, étudiant une énième fois son manuel de tactiques militaires appliquées, ne demandant rien à personne.
         -  Hey le sans âme ? Tu lis encore ? Ricane une brute épaisse aux cheveux blond.
Jonathan leva les yeux vers lui. Se leva, effectua un salut militaire impeccable.
        - Galad Winsley. Que voulez vous?
        - Nan mais regardez le ! S'esclaffa le blondinet. Hey y a pas d’instructeur à impressionner ici mon lapin.
        D’un geste vertical détaché, il fit tomber le livre de Jonathan dans la boue de Gilnéas. Impassible, il se baisse le ramasse. Sans crier gare le genou de la brute vient percuter son plexus solaire, le souffle coupé le jeune brun s’effondre dans la fange. S’en suivi une danse de coup, de crachat, et d’insulte. Gilnéas était réputé pour ses valses et la petite noblesse avait appris ses leçons. Il ne riposta pas, se laissant faire. Pourquoi se défendre contre ses propres camarade? Après tout on ne lui en a pas donné l’ordre. Un passage à tabac de plus ou de moins, qu’est ce que ça change ? Son père frappait plus fort, c’était une promenade de santé pour lui.
Après un court quart d’heure, les brutes se lassèrent, mais surtout se fatiguèrent plus vite que lui. Le laissant seul, crachant un mollard ensanglanté, il se relève se dirigeant vers l’infirmerie. La nuit tombe, il entre, personne. Tant mieux. Mollement il se dirige et fouille dans les placards à la recherche de quoi se soigner. Il retire sa chemise, fait un rapide diagnostique. Une côte fêlée, une lèvre explosée, un nez en sang, des écorchures et scalps sans grande gravité. Décidément ce n’était que des petites frappes. Dans ses stages commando il avait plus reçu et s’était soigné avec encore moins de moyen. Rien d’alarmant pour lui donc.
          Il s’assied un moment pour compresser sa blessure à la lèvre et son nez. Un bruissement, et une seconde plus tard une porte s’ouvre. Une jeune fille, brune les cheveux rangés en une queue de cheval, les yeux noisette, les traits du visage encore enfantin entre une lanterne à la main.
        - Qui est là? Les médecins sont parti. Vous êtes blessés?
       Jonathan leva les yeux, il était en train de compresser sa côte blessé avec un bandage serré.
        - Laissez ! Je vais vous aider, je suis apprentie ici ! S’exclame t elle en s’élançant avec agilité.
Elle s’approche, quelques mèches brunes lui barrant le yeux, un regard profond d’empathie et de bon sentiment, respirant la sincérité. Ses doigts fins avançant inlassablement et avec douceur vers lui.
       - Je n’ai pas besoin d’aide. Répondit platement Jonathan sans la regarder.
N’accepte jamais une main tendu comme disait Archibald Grisetête. Son père un fervent partisan lui avait assez rabâché.
       - Vous n’y arrivez pas seul regardez vous. Lança elle en riant.
      Ne lui laissant pas le choix, elle toucha avec douceur sa peau, un frisson parcouru son corps tout entier. Paralysé, il ne put que se laisser faire. Il n’avait jamais sentie ça, jamais il n’avait été touché comme ça.
      - Comment vous vous êtes fait ça? Vous êtes de l’académie militaire c’est ça? Demande elle en resserrant le bandage.
“N’accepte jamais une main tendu”
     - L'entraînement.
     - Allez y doucement la prochaine fois. Le prévint elle en finissant son pansement et en posant une main sur son épaule. Au fait moi c’est Sarah !
     - Jonathan Walter. L’informa t il en se levant et ajustant ses vêtements sans même la regarder.


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Message  Jonathan Walter Lun 18 Nov 2019, 17:07


Chapitre 3 :

Ambiance musicale :

       
 
       Le clairon sonne à l’aube, le jeune Jonathan est assis sur sa couche. Prêt et harnaché pour le combat depuis déjà plusieurs minutes alors que ses camarades s’active autour de lui. Il regarde dans le vide, attendant son heure.
       La troupe de jeune conscrit de l’école d’officier se met en ordre, en ligne, personne ne dépasse. Tous sont grand, fort, vigoureux et dans la force de la jeunesse. Jonathan lui, toujours avec ses allures de chat maigre fait tâche dans le paysage. Ces années de privation et de carence affective ont largement réduit sa croissance, surtout face à des fils de noble qui n’ont dû manquer de rien.
L’instructeur passe en revu les troupes, aujourd’hui ils commenceront les duels d’escrime. Galad ce grand blond à l’air benêt n’hésita pas une seconde pour se mettre en face de Jonathan, le défiant à l’épée, il ne manquerait pour rien au monde  l'occasion d’humilier ce roturier maigrelet. Jouant des sourcils pour intimider sa proie qui ne réagit pas, exerçant quelques moulinets de sa lame d’entrainement, bien entendu émoussée pour l’occasion.
L’instructeur donne les instructions.
        - A mon signal vous désarmez et tenez votre adversaire en respect. A vous de jouer.
Le grand blond, à peine le signal donné se rue sur le jeune Walter, lui même en position de combat. D’un pas de côté il esquive le coup verticale du blond, fait un arc de cercle avec son pied à l’arrière tournoi sur lui même et d’un revers touche les lombaires du blond qui bascule en avant se rattrape in extremis pour se relancer à l’assaut du maigrelet sans émotion. Un coup d’estoc dévié, sur le côté et il reçoit une claque sur la joue. Un fente à gauche et c’est une lame émoussé qu’il reçoit entre les reins.
        - Tu es mort. Commenta platement Jonathan.
        - Quoi?! Fulmina Galad, la joue à vif en se tenant le flanc.
        - Si c’était un vrai combat tu serai mort. Répondit le chat maigre en haussant une épaule.
        - Je vais te crever, ta aucune éducation, paysan ! Hurle Galad en se jetant une nouvelle fois à corps perdu dans son duel.
        Redoublant d’effort pour toucher sa cible, Jonathan se revèlera définitivement trop rapide pour lui, intouchable, enchaînant les esquives. Durant plusieurs minutes ils avaient l’air de danser ensemble, pourtant le blond dégoulinait de sueur, crachant ses poumons après chaque passe d’arme. Sa poitrine se soulevant de manière frénétique et irrégulière ses yeux fusillant du regard le chat aux yeux émeraudes, toujours droit, fier, la tenue impeccable. Tous les combats autour était fini depuis bien longtemps, les conscrits s'agglutinent autour du dernier affrontement en cours, tous médusé par la performance du jeune Walter.
        - Walter ! A quoi vous jouez? Finissez en. Vous n’êtes pas là pour humilier votre camarade.
       - Je l’épuise pour le pousser à la faute Sergent, je profite de mon endurance et ma maitrise de soi. C’est une technique comme une autre pour compenser mes faiblesses physique. Expliqua Jonathan impassible les yeux toujours sur son adversaire.
        - Obéissez Walter !
        Sans crier gare, c’est le jeune aux yeux émeraude qui se rua sur Galad, une attaque verticale faite pour être paré facilement, un fouetté de pied dans la cuisse pour déstabiliser le mastodonte blond, un coup de la tranche de la main dans la traché pour qu’il lâche prise, un moulinet de son arme pour le désarmer, un coup de pied dans l’entrejambe pour le mettre à terre et c’était fini. Levant son épée sous la gorge de Galad souffrant le martyre, les yeux injectés de sang et de larme sous le coup de la douleur et de la rage.
        - Tu es mort. Répéta Walter.
        Depuis ce jour plus personne n’osa s’approcher du chat solitaire. Sauf peut être des yeux noisette qui n’avait rien perdu du spectacle du haut de l’infirmerie.

        Après deux ans d'entraînement et d’étude, le jeune Walter sortie chaque année majeur de sa promotion. Au grand dam des autres étudiants nobles qui voyait d’un mauvais oeil ce petit bout d’homme les surclasser dans tous les domaines. Devenant rapidement Caporal il se retrouva vite à devoir donner des ordres à une petite section de sa promotion.
        Jonathan ne vivait que pour ses études, il passait nuit blanche sur nuit blanche à la bibliothèque apprenant tout ce qu’il y avait à savoir sur l’art de la guerre et de la stratégie, passait ses journées à l'entraînement pour parfaire ses techniques de combat.
         C’était un de ces jour paisible, alors qu’il s'entraînait sur un mannequin. Jouant de la rotation de sa cible pour frapper et esquiver au bon moment, le jeu dura plusieurs minutes jusqu’à que son adversaire soit mis en pièce.
        - Bravo ! Applaudit Sarah assise sur une barrière. Tu deviens de plus en plus rapide c’est incroyable.
        - J’essaye de mettre au point une nouvelle technique. Informa Jonathan en essuyant son front et en écartant quelques mèches rebelle.
        - Attend prend ça. Dit la jeune fille en sautant de sa barrière en lui tendant une serviette.
        - Merci. Répondit t’il en s’essuyant le front.
        La jeunette scrutait les moindres mouvement de Jonathan, se mordillant les lèvres en observant sa musculature nerveuse et sèche sous la chemise légère du bretteur humide de sueur.
        - Pourquoi tu me regarde toujours m'entraîner? Demanda le jeune aux yeux d’émeraude, naïf qu’il était. Tu n’a pas de travail à l’infirmerie.
        - Oh… Je… Pour rien et en fait si. Bégaya Sarah en se tortillant les mains. Mais je voulais…
        Elle devient aussi écarlate que la future croisade.
        - Qu’est ce que tu veux?
        - Tu pourrais m’apprendre à me battre? J’ai fais une demande pour devenir médecin de combat, je veux aller au front avec vous si un jour la guerre éclate.
        - Pourquoi moi?
        - Tu es le meilleur, tout simplement. Sourit elle à pleine dent.
        - Ça se tient, prend une épée là bas.
         Sarah s'exécuta allant prendre une épée émoussée. Se positionnant face à Jonathan.
        - En robe tu n’arrivera pas à grand chose, la prochaine fois met un pantalon. Et tes cheveux c’est n’importe quoi, attache les ou coupe les.
        - Je… D’accord. Répondit t elle en rangeant ses mèches en queue de cheval. Les épées sont lourde !
        - Les épées sont les armes les mieux équilibrées qui soit si tu ne sais pas manier l’épée c’est pas la peine d’essayer d’autres armes. Surtout qu’en tant que femme ta force est moindre, tu dois miser sur l’esquive et la précision de tes attaques.
        - Mais si je peux être forte ! S’indigna la jeune brune.
        - Non. Toi tu es comme moi. Faible, alors faut trouver d’autre point fort. Montre moi comment tu tiens ta lame. Dit il sans émotion en s’approchant pour regarder la posture de la jeune fille, il secoue la tête. Misère, ça va prendre un bout de temps.
        - J’ai tout mon temps…



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Message  Jonathan Walter Mar 19 Nov 2019, 16:56


Chapitre 4 :

Ambiance musicale :

       
 
        Les mois passent et les coups d’épées s'enchaînent à l’arrière de l’académie. Sarah avait bien changé, la silhouette fine et élancée, les muscles fuselés, les cheveux attachés, plus rapide que jamais. Mais jamais elle n’avait pu encore vaincre son mentor.
        Un jeu de jambe hors pair, une lame coincée et c’est un coup d’épaule en pleine poitrine qu’elle encaisse le souffle court elle chute au sol. D’un mouvement des reins elle se retourne et aussi vite qu’une anguille parvient à se redresser avant que son bourreau ne mette fin au combat.
        - Tes jambes, redresse toi ! Tu dois être plus rapide que ça ! S’exclame le jeune Jonathan d’un ton amère.
        - Je fais ce que je peux ! Mais tu ne me laisse pas… Répondit la jeunette le souffle court, tout en subissant les assauts de son entraîneur.
        - Dans un vrai combat personne te laissera te relever alors debout !
        Une fois sur pied, c’est un florilège de frappes rapides qui fendent le vent, parade, esquive à droite à gauche, elle se baisse, saute, la sueur lui piquant les yeux. C’est une danse entre les deux bretteurs jusqu’à ce que d’un revers de la main Jonathan parvienne à gifler la joue de la jeune fille qui s’effondre au sol.
        - Tu es morte. Signale Walter levant la lame sur la nuque de la belle.
        - Tu peux arrêter avec ça tu m’énerve? S’exclame t elle en se tenant la joue cuisante qui devint écarlate.
        - C’est pourtant vrai, tu es vraiment toujours aussi mauvaise. Répondit il en haussant une épaule.
        - Tu arrive jamais à lâcher du leste toi? Demande t elle en ramassant sa lame. Tu es toujours aussi... sérieux?
        - Une fois on m’a dit que j’étais drôle.
        - On se foutait de ta gueule Jon’.
        - Ah? Bon ben alors non je suis toujours comme ça? Soupira le jeune homme. Et puis qu’est ce que ça change, pas besoin d’être drôle pour être un bon soldat.
        - Tu n’a aucun but autre dans la vie? Je ne sais pas moi… Comme être avec une femme par exemple? Demanda t elle en rougissant et plaçant une mèche brune rebelle derrière son oreille.
        - Si j’ai envie d’être avec toi.
        - C’est vrai?! S’exclama t elle ses yeux noisette s’illuminant d’étoile.
        - Oui, Sarah, la guerre approche. Les premières rumeurs disent que Hurlevent est tombé, on parle de géant chevauchant des loups. Si on est envoyé au front et que je dois diriger une escouade je te veux avec moi tu es un bon médecin et tu sais te défendre.
        - Oh… Je serais là pour t’aider alors. Dit la jeune fille en baissant le regard, la mine un peu déçu.

        Et les rumeurs disaient vrai. Bientôt l’Alliance fût formé et bientôt un corps expéditionnaire de Gilnéas fût envoyé. Partout sur le royaume de l’est la guerre faisait rage. Sur terre comme en mer.
        Il se tenait là, le ciel voilé, la pluie tombant sur son armure, ses bottes cloutées enfoncées dans la boue son épée et son bouclier en main. Tout autour de lui des hautes herbes à perte de vue, bruissant sous le vent. Le ciel régulièrement déchiré par l’orage. Il devait tenir cette position, c’était les ordres. Il avançait parmi les décombres, cherchant sa section sur le champ de bataille. Lorsqu’une masse sombre et imposante se dressa devant lui. Un orc, hurlant de rage se met à fondre sur lui, sa hache de guerre fendant l’air. Le jeune Caporal leva son bouclier, le choc fut violent, le contact assourdissant. La lame transperça le bouclier se figeant dans la chair du fantassin qui gémit de douleur, mais la hache était bloqué dans l’écu. D’un geste sec il lança son bouclier au loin, privant l’orc de son arme. Le barbare ne lui laissant aucune chance de se reprendre il lui asséna un lourd coup de poing de ses larges mains noueuses en pleine figure, titubant, sonné, malgré son heaume. Un second dans l’abdomen lui faisant presque rendre ses tripes et perdre son casque. En mauvaise posture, une seule phrase lui venait à l’esprit. “Tu es mort” mais cette fois c’était pour lui et pour de vrai. De quoi avait il l’air maintenant ?
        Son masque impassible tomba, laissant place à une grimace de haine et de douleur. Fléchissant sur ses jambes il sauta sur la peau verte, lame en avant. Mais c’était une fente, il pivote et tourne sur sa jambe droite esquivant de peu le poing acharné de l’orc et qui se retrouve emporté dans son élan. Jonathan se positionnant sur le flanc gauche de l’orc plantant son épée dans l’épaule, la retirant de manière tout aussi sec. Il se baisse alors que l’orc se redresse hurlant de douleur pour passer sous son bras meurtrie, pour tel une lame de fond lui ouvrir la panse à l’horizontale. Son épée projetant des gouttes d’hémoglobine sur les herbes d’Arathie. L'orc rendit ses tripes fumantes. C’était fini, l’orc tomba à genou puis au sol dans d'horrible gargouillis. Le souffle court, son heaume sous le bras, de la vapeur sortant de sa bouche à chacune de ses respirations, le visage maculé de sang et de boue.
        - Caporal Walter?! C’est vous?
        Le jeune Caporal se tourna pour voir Wallace, un brave homme expérimenté mais sous ses ordres. Un peu rondouillard, la barbe hirsute, rustre certe, mais sur qui on pouvait compter. A ses côtés une jeune femme en armure, le visage fin et inquiet, ainsi que d’autres hommes de sa section. Tous en aussi mauvais état que lui.
         - Soldat Wallace, quelle est la situation. S’essouffle le jeune sous officier.
         - La zone est sous contrôle, la Horde semble fuir Arathie, pour la première fois elle recule face à l’Alliance.
         - Beau travail. On établit un périmètre, on sécurise la zone, Sarah vous soignez les blessées. Donna t il comme ordre en pointant de son épée les soldats qu'il affecte et les points à défendre.
         - Oui Caporal, mais vous êtes vous même blessé. Répondit la jeune femme.
         - Après.
         C’était l’une des premières victoire de l’Alliance sur les royaumes de l’est, avec la prise du viaduc de Thandol, ils allaient enfin pouvoir entrer en Khaz Modan, là bas, où depuis des mois Forgefer tenait face à la Horde.




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Message  Jonathan Walter Mer 20 Nov 2019, 17:14


Chapitre 5 :

Ambiance musicale :

       
 
          C’est dans une tente à la modeste lueur de sa lanterne, que Jonathan griffonnait son rapport avec un fusain et un papier encore bien trop humide. De lourdes cernes sous ses yeux, une barbe de quelques jours se dessinant sur sa mâchoire. Sirotant de temps en temps une tasse fendu de café noir, froid et immonde. La prise du viaduc de Thandol était un succès et son escouade à bout de souffle avait fait sa part. Demain il entrerait en Khaz Modan. Cela faisait longtemps que son sergent était mort au combat et qu’il avait repris les rênes, depuis la bataille d’Arathie il n’avait pas été remplacé. L’Alliance accusait le coup et beaucoup d’officier étaient tombés, il n’y avait pas loisir à faire des promotions en bonne et due forme, il ne fallait pas perdre de temps, l’Alliance ayant pour la première fois l'initiative sur la Horde.
          Entrant dans sa tente les traits tirés par la fatigue une jeune brune, se glisse vers le jeune Caporal, s’asseyant dans un gémissement d’aise, tout en s’essuyant ses mains ensanglantées sur un linge déjà bien trop souillé. Son tabard transpirant d’hémoglobine.
          - J’ai fais ce que j’ai pu pour la section… Soupire t elle en fermant les yeux, basculant son chef en arrière.
          - Beau boulot soldat vous pouvez prendre du repos, demain nous entrons dans Khaz Modan. Répond le Caporal sans même lever les yeux de sa paperasse.
          - Jon’, quand on est entre nous tu peux m’appeler Sarah depuis le temps. Lance t elle avec un petit sourire déformant son visage couvert de crasse.
          - Tu semble épuisé Sarah, repose toi, si tu nous claque entre les doigts la section ne tiendra pas longtemps.
          - Il me reste une personne à soigner. S’exclame t elle avec un sourire enjôleur, penchant légèrement la tête.
          Le Caporal lève les yeux vers sa subordonné.
          - Qui?
          - Et bien toi espèce de Murloc ! Tu n’es pas sortie de ta tente depuis la fin de la bataille.
          - Des choses importante à régler, mais je vais bien ne t’en fais pas. Dit il en haussant les épaules.
          - J’ai l’impression que tu m’évite, que tu ne veux pas que je te touche. L’accuse t elle en dénouant ses cheveux gras de l’humidité du front d’Arathie.
          Ses longues mèches brunes tombant sur sa poitrine, certaines lui barrant le visage. Son regard noisette cherchant à percer les secrets de son Caporal. Il lève enfin les yeux vers elle, ne pouvant empêcher son regard de la parcourir. Se rendant compte après tant d’année à quel point le corps de sa collègue avait évolué et était devenu désirable.
          - Je t’évite de perdre ton temps avec moi c’est tout. Se défend le Caporal. Tu dois garder ton énergie pour les blessés prioritaires.
          - J’aime être avec toi, ce n’est pas une perte de temps. Répond la jeune femme en s’approchant de lui, déposant sa douce main sur la joue de son sous officier.
          Jonathan, se sentit parcouru d’un frisson, irradiant sa nuque, dressant les poils de son échine et mettant sa chair en alerte. Se délectant du toucher de la simple paume de la main de sa partenaire. Troublé par ce contact il ne sait que dire il est paralysé.
          - Jon’, on ne survivra peut être pas à cette guerre… J’ai envie de toi. Murmure t elle en plongeant son regard noisette en lui, se mordillant les lèvres et devenant écarlate. Tu ne ressent donc rien pour moi? Je ne veux pas mourir au front avec le regret de n’avoir pu sentir ton corps contre le mien. Je… Tu me dois bien ça, j’ai tout essayé pour te plaire…
           Le Caporal Walter, ne savait comment réagir, on ne nous l’apprend pas à l’académie tout ça. Il n’avait jamais su percevoir les signaux que lui envoyait Sarah depuis tout ce temps. Il le constate à présent, elle est belle et désirable, forte et fidèle, il sent quelque chose d'endormie en lui se réveiller, le désir. Il lève sa main en tremblant, la posant sur la joue de la brune. Celle ci s’appuyant dessus en soupirant, se délectant de la chaleur, du contact et du bien être que cela lui procure. Troublé une fois de plus, de peur de perdre le contrôle Jonathan retire subitement sa main, relevant son regard émeraude pour pénétrer celui de la jeune femme. Lui jetant un regard noir plein de jugement.
           - Ce sera tout Soldat? Lâche t il sur un ton vide de tout sentiment.
           - Je… Balbutie la jeune brune, incrédule, des larmes montant dans ses yeux avant de creuser de lourd sillon dans la crasse de ses joues. Oui Caporal...
           En larme, elle baisse la tête, se relève et s’en va sans demander son reste.  Une fois dehors, elle aurait voulu hurler sa peine. Mais ils étaient sur le front, elle ne devait montrer aucun signe de faiblesse. De rage elle donna un violent coup de pied dans un seau qui avait le malheur de se trouver sur son passage. Elle partit s’isoler.
           Jonathan quand à lui était pris aux tripes par quelque chose qu’il ne savait expliquer. Des remords peut être? Toujours à la lueur des lanternes il se passa un peu d’eau fraîche sur le visage puis alla prendre l’air, en bon soldat prenant son heaume sous son bras il sort de la tente.
           Il rencontra Wallace, assis contre un arbre, le vieux soldat était de forte stature. Celui ci prenant ses aises lors de son tour de garde, se payait le luxe de bourrer sa pipe de tabac. Allumant ensuite la braise qui éclaira son regard. Sous sa posture de nonchalance il cachait bien son jeu le vieux briscard. Walter le savait bien, et une fois de plus sous la lumière de sa pipe il avait perçu que les yeux et les oreilles du vétéran était bien plus aux aguets qu’il ne le laissait paraître.
           - Rien à signaler Caporal, pas une peau verte en vu, je ne sens pas leur puanteur. Annonça le vieil homme, en tirant une bouffé de sa pipe avant de regarder le contenu de sa blague à tabac. Misère ce sera ma dernière pipe.
           - Il faut accélérer notre victoire sur la Horde, ainsi vous aurez le loisir de rentrer pour acheter ce qu’il vous faut.
           - Je me fais pas d’illusion cette guerre durera, je n’en verrais surement pas la fin. Soupire le vieux guerrier en passant la main dans sa barbe hirsute.
           - Vous êtes un soldat expérimenté vous vous sous estimez. Répond Jonathan, toujours debout droit et fier en contemplant le viaduc de Thandol éclairé par de timide lumière au loin.
           - Je le vis bien Caporal. Je me contente des petits plaisirs de la vie. Dit il levant sa pipe avec un sourire.
           - Je n’ai pas ce genre d’extravagance. Lança platement Walter son regard toujours rivé sur l’horizon et la menace qui se tapie en Khaz Modan.
           - En parlant de petit plaisir de la vie, Sarah s’est bien occupé de nous aujourd’hui on sera prêt à repartir dès demain.
           - Elle est compétente, oui.
           - C’est un beau brin de fille, on en voudrait plus des comme ça. S’exclame t il avec un petit sourire en coin, il lève les yeux, nostalgique. Ah si seulement j’étais plus jeune…
           - Je ne m’attarde pas à ce genre de détail Wallace.
           - Vous devriez, ça se voit qu’elle en pince pour vous Caporal même si elle est peut être un peu maladroite. Toute la section le sait. J’ai encore de bonnes oreilles, j’entend ce qui se passe dans le camp c’est mon boulot après tout.
            Le vieillard se tournant vers Walter avec un petit sourire taquin.
            - Vous êtes un soldat ou un conseiller conjugal Wallace?
            - Je suis un homme d’expérience Caporal Walter.
            - Servez vous en pour faire votre quart alors. Répondit sèchement Jonathan en tournant les talons clôturant la conversation.
            Le jeune Caporal continua de faire sa ronde en laissant le vieux briscard ricanant à en perdre son souffle. Les volutes de fumées s'échappant de sa bouche, toussant et riant de plus belle, seul contre son arbre.




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Message  Jonathan Walter Jeu 21 Nov 2019, 17:58


Chapitre 6 :

Ambiance musicale :

       
 
            Un tintement régulier dans la nuit à quelques mètres du campement attira l’attention du jeune officier. Il s’approche, il entend comme des coups et des gémissements de douleur. Il s’éloigne de plus en plus des lueurs du campements, mais il veut en avoir le coeur net, éclairé par la lune, il se cache à travers un fourré et observe.
            Il la voit, cette jeune femme svelte, au corps finement musclé, aux longues jambes fuselées le tout dans une harmonie filiforme. Revêtue de son armure précisément ajustée, ses gestes sont vifs, précis, elle frappe une fois, deux fois. L’arbre qui lui sert de cible est presque coupé de moitié. Le jeune officier sort de sa cachette et se campe derrière elle, les bras croisés.
             - Tu va émousser ton épée si tu continue comme ça.
             La jeune fille se retourne brusquement, surprise elle ne l’avait pas entendu arrivé. Elle a les yeux rougis par le chagrin et la haine, elle le fusille du regard.
             - A quoi bon nous battre, Jon? Si la guerre et le combat est une fin en soit, a quoi servent nos vies si le seul horizon visible est la prochaine guerre ou le prochain entraînement pour préparer un autre conflit?
             - Nous nous battons pour que d’autres n’ait pas à le faire.
             - Et quand aurons nous payé notre dette? Quand allons pouvoir vivre?
             Le jeune officier soupire, relâchant les bras et sa posture sevère, il s’approche de sa subordonnée. Dégaine son épée et se met en position de combat avec un léger sourire.
             - Je te l’ai déjà dit, si tu veux t’entrainer fait le bien. Cet arbre en plus de ne t’avoir rien fait n’est pas au niveau face à toi. Tu m’en veux ? Très bien venge toi.
             Légèrement décontenancé Sarah, regarde un instant son arme, puis Jonathan. Elle étire un sourire narquoi répondant au défi de son supérieur.
             - Oh que oui tu vas payer. Sans plus de cérémonie elle se lance à la charge.
             Le Caporal l’attend, en position défensive. De plein fouet la jeune breteuse ramène son épée et d’un revers fait voler en éclat la garde de son adversaire, brise son équilibre d’un coup d’épaule, se baisse d’un croc en jambe elle jette à bas son ennemi qui alla se briser sur le dos. Walter n’a rien pu faire il exhale un cri de douleur muet, le souffle coupé au sol, de justesse il évite la lame qui allait lui fracturer le plexus solaire, d’une roulade et d’un mouvement de rein il se relève et riposte.
             Les coups fusent à une vitesse qu’ils n’avaient jamais égalé, l’un avance l’autre recul, ils tournoient, les lames qui s’entrechoquent marquant le rythme de leur danse. Leurs jambes s’entremêlent, la sueur goutte sur leur front, leur corps s’épuisent, leur souffle s'accélère. Vitesse, souplesse, force et vigueur sont à l’éloge sous le clair de lune.
             Mais d’un coup à la suite d’une estocade du Caporal, Sarah trébuche en arrière. Le sous officier bondit et la ratrappe d’une main plaquée dans son dos, elle reste ainsi basculé en arrière, elle lâche son arme et regarde Jonathan dans les yeux, se perdant dans l’émeraude profonde du reflet de son âme.
             - Je suis morte? Une fois encore? Demande t elle en rougissant par ce proche contact.
             - Non, c’est moi. Moi, qui n’ai jamais été aussi vivant.
             Il se penche sur elle, déposant ses lèvres sur les siennes. Fermant les yeux goûtant pour la première fois la chaleur d’une femme. Il relâche lui aussi son épée pour se consacrer à son étreinte. La déposant délicatement dans l’herbe, quelque chose bouillonne en lui, quelque chose vient de se libérer, il n’a qu’une envie, ne faire qu’un avec elle. Il l'interroge du regard, elle acquiesce souriante, elle retire son gantelet pour déposer sa main douce sur la joue du jeune officier. Le douceur de ses mains le surprend, un frisson lui parcourt l’échine. Il est prêt. Ils se dévêtissent mutuellement.
             C’est ainsi que l’un contre l’autre, leur corps glissant de sueur, leur musculature s’emmelant avec harmonie, ils vivaient. Le jeune caporal investissant sa subordonné doucement de tout son être, attentif à son plaisir. Celle ci orientant son bassin pour mieux s’offrir, entrelaçant ses fines jambes fuselées autour du corps de son amant, lui offrant sa nuque pour qu’il se repaisse. Le souffle court dans le creux de son cou, il entendra son coeur, les gémissements étouffés de son amante alors qu’elle se mord les lèvres. Elle vient de jouir, son doux écrin se resserrant sur la virilité du jeune soldat. Celui ci sera parcouru d’une vague de chaleur irradiant sur tout son bas ventre, son dos marqué par les caresses brûlantes de la jeune femme. Il ne tiendra pas plus longtemps, d’un regard vers elle il lui fait comprendre, et pour toute réponse il obtiendra un ardent baiser, leur langue s'entremêlent dans une valse Gilnéene, de ses ongles elle griffe son dos alors qu’elle se cambre pour mieux accueillir son amant.
             C’est alors, dans un gémissement sourd, étouffé par leur baiser, que le jeune homme débordera de plaisir. Tirant de nombreux trait de jouissance dans le doux écrin qui l’a accueilli, le corps secoué de spasme. Elle encaisse l’attaque dans de nombreux soubresauts. Une fois fini ils resteront l’un sur l’autre profitant de ce moment. Elle lui caresse doucement ses cheveux noir de jais alors qu’il s’endort presque sur elle.
             Il se redresse et jette un œil à son amante, il constate qu’une larme coule sur une joue, creusant un sillon à travers la crasse du front.
             - Tu pleure?
             - Des larmes de joie je crois. Mais… Nous n’aurions peut être pas dû, tout à changé maintenant, je suis un peu perdu.
             - Comment ça tout a changé?
             - Si avant mon plus grand regret était de mourir sans avoir goûté à l’amour, aujourd’hui ça me crève le cœur rien que de penser que je puisse te perdre dans cette guerre.
             - Nous veillerons l’un sur l’autre à jamais maintenant.

             Le soleil se lève sur le campement, les troupes se réveillent et se mettent en ordre. Jonathan avait l’esprit embrumé, mais il tenait bon, il fallait éviter que cela se sache et agir comme si de rien n’était. Un exercice difficile après avoir vécu tant de chamboulements en une nuit. Une fois le campement rangé l’ordre fût donné et la troupe se mit en marche vers le viaduc.
Wallace gardait l’oeil avisé, mais ronchon plus que jamais depuis qu’il n’avait plus de tabac. Bientôt ils arriveraient à Khaz Modan.
             - J’espère que les nains ont du tabac. Maugréa t il en marchant.
             - N’y compte pas Soldat. Répondit Jonathan. Khaz Modan est presque entièrement sous le contrôle de la Horde, seul Forgefer tient bon.
             - Il faut qu’on aille à Forgefer alors !
             - On ira où on nous dit d’aller, mais Forgefer est peut être la plus grande place forte de l’Alliance, à ma connaissance c’est imprenable. J’admire ce genre de forteresse.
             - Vous troqueriez la liberté contre la sécurité d’un mur Caporal ?
             - Sans hésiter.
             - Si vous aviez mon âge vous réviseriez votre choix.




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Message  Jonathan Walter Ven 22 Nov 2019, 20:23


Chapitre 7 :

Ambiance musicale :

       
 
            Une hache de bataille vole dans sa direction. Il se baisse de justesse, un fantassin derrière lui la prend de plein fouet et tombe lourdement au sol dans un odieux bruit de ferraille, perdant la vie à la suite de courts spasmes, la hache plantée net dans sa gorge. Pourtant il faut avancer, un seul mot d’ordre vient d’être donné par Turalyon lui même, venger le Commandant Suprême Lothar. Le coup d’éclat d’Orgrim devait précipiter sa chute, mais il allait se retrouver face à une armée de l’Alliance unie et ivre de vengeance.
             Jonathan devenu Sergent entre temps, n’était qu’une modeste pièce de l’échiquier, mais il tenait à faire sa part. Observant le soldat derrière lui un instant, regardant la vie le quitter, avant de se retourner le regard déterminé sous son heaume.
             - Avancez ! Hurle t il à son escadron laissant sur place l’un de ses subordonné mort derrière lui, en pointant le mont Rochenoire de son épée.
            Levant son bouclier il avance, ses hommes le suivent déterminés. A quelques mètres derrière lui Sarah derrière son heaume et son bouclier veille sur lui. Les haches pleuvent, fracassant les bouclier, secouant les hommes. Mais c’est en ordre serré qu’ils progressent sur les pentes escarpées de la montagne où sont retranchés les orcs.
Les griffons volent au dessus de leur tête, le soutien aérien des marteaux hardi vient mettre à mal les retranchements des peaux vertes. La troupe peut charger, le contact est violent, le choc assourdissant. Le fracas des armes résonnent dans les sommets de la montagne.
             Jonathan encagé dans son armure, fait face à un mastodonte à la peau verte. Taillant habilement sa chair, cuisse, bras, ventre, garde haute entre chaque attaque déviant de son bouclier les assauts malhabiles de la créature au faciès porcin, du moins jusqu’à ce que celui ne soit pris de rage. D’une bourrade il met le sergent Walter au sol, il perd son bouclier, sans avoir le temps de se relever l’orc le soulève au dessus de sa tête pour ensuite le briser violemment sur son genou dans un craquement sourd. Si ce jour là il n’avait pas été en armure complète sa colonne vertébrale serait brisée.
             Il roule frénétiquement dans la poussières des steppes ardentes. Perdant son épée et son heaume. Il essaye en vain de se relever, toussant, haletant, le visage déformé par la douleur vive de ses reins. Le regard meurtrier, son sang dégoulinant le long de sa forte musculature, l’orc approche.
            Sortant de la mêlée in extremis, un corps fin se glisse entre la peau verte et sa proie. Faisant face son bouclier haut. La vision trouble, Jonathan verra la mince silhouette guerrière de son amante faire face à un colosse verdâtre, le tout dessiné par les maigres rayons orangés du soleil perçant les épais nuages volcaniques de mont Rochenoire.
            Elle pare magistralement l’estoc de son adversaire, tournoi sur elle même pour d’un revers leste sectionner nette la main de l’orc. Elle se baisse esquivant la lourde main verte du guerrier pour plonger ensuite sur lui, lame en avant transperçant ses reins et son corps de part en part. Sa lame jaillissante de l’omoplate du Grunt incrédule. Qui tombe mollement à la renverse.
            Elle retire son heaume à la recherche de fraîcheur sous l’étouffante montagne. Ses cheveux, gorgée de sueur retombe sur son regard plein de dédain qui se pose sur la dépouille de son adversaire. Elle crache un généreux mollard sur le corps gisant de la bête qu’elle vient d’abattre.
            Son regard change du tout au tout lorsqu’elle le pose sur le jeune Sergent souffrant qui se relève avec peine, ramassant son épée. Ses yeux débordant d'inquiétude sur son état.
             - Non, ne te relève pas si vite. Prévint elle en accourant à son aide.

       
"Ne prends jamais une main tendue... Il vaut toujours mieux se débrouiller seul. C'est ce qui distingue les forts des faibles."

            - Je vais bien. Souffle le jeune Sergent, avisant la situation sur le champ de bataille.
           Sur le flanc gauche, on sonne du cor. Quelques fantassins ont été débordés, acculés à flanc de montagne par des orcs enragés. Le Caporal Wallace en tête de peloton.
            - Approchez sale chien ! Provoque t il en entrechoquant son bouclier et sa lame. Montrons à ces petits cochons de quel bois se chauffe l’Alliance ! Lorsque que nous serons mort la Lumière n’aura pas à rougir de nous !
           Un imprudent grunt répondit à la provocation du mastodonte Wallace, chargeant, pour constater à son grand désarroi qu’il ne gagnera qu’un bouclier lui fracassant la mâchoire avant de se faire sectionné la carotide d’un revers de lame.
           - Il faut briser son encerclement Sarah. Dit Jonathan déterminé en ramassant son écu.
           - Non pas dans ton état tu dois retourner en arrière ! Plaquant une main sur son épaule pour l’empêcher de passer.
           - Écarte toi Sarah ! Ils meurent là bas ! Si on se fait déborder c’est foutu pour nous tous !
          Au loin le cor sonne de plus bel, le flanc est sur le point d’être en mis déroute. Les corps tombent autour de Wallace, enlacés par la mort. Celui ci le visage en sang, l’armure en lambeaux continue le combat. Derrière lui un Troll jaillit pour lui mordre la nuque, le Caporal l’attrape par la peau du cou pour le faire basculer en avant, celui ci au sol il lui perforera l’orbite et la cervelle à l’aide d’un épais couteau de chasse.
           - Je viens avec toi alors. Répond la jeune femme le regard noisette brûlant de vengeance.
          Reprenant son souffle enfilant son heaume, il fait un moulinet de sa lame, s’assurant qu’il est toujours apte à moissonner une âme. Avant de se lancer avec sa subordonnée et ses hommes restant à la rescousse du Caporal en difficulté. Se taillant un chemin à travers les grunts en faisant preuve d’une violence sans nom. A travers la mêlée il distingue péniblement encore quelques fantassin debout faire face.
Le cor ne sonne plus, il est brisé avec le crâne de son porteur à quelques mètres de Wallace. Certains soldats, tirent péniblement les mourant derrière le Caporal, son regard embrasé il attend de pied ferme, prêt à défendre ses hommes restant. Le sang coulant à travers ses tempes dans sa barbe hirsute et poussiéreuse. Son goût métallique se répandant dans sa bouche. Une volée de hache déferle sur les survivants, renverse leur rang. Seul Wallace, véritable force de la nature tient debout. Une hache ancré dans son écu, une autre dans son épaule.
          Jonathan essaye tant bien que mal d’arriver jusqu’à lui. Taillant dans les rangs des peaux vertes. Focalisant son regard sur le Caporal restant qui hurle de rage. Celui ci renversant plusieurs orcs tel un buffle. Plongeant sa lame de le ventre d’un grunt d’un côté, ouvrant les entrailles d’un troll de l’autre.
           - Venez par là bande de porc ! Je peux faire ça toute la journée s'il le faut ! Hurle t il en fracassant crâne et machoir de son bouclier, tranchant la chair et répandant le sang de sa lame.
          Le jeune sergent et ses hommes parvinrent à mettre en déroute les peaux vertes et à arriver vers le Caporal au terme d’une mêlée sanglante. Il perçoit la silhouette de Wallace les deux genoux au sol pourtant il est encore droit, presque comme si il était encore debout. Il tient encore, pourtant ses yeux sont clos. Jonathan s’approche pour arriver à son chevet, le constat est sans appel, il trône au milieux d’une marre de son propre sang, éventré, une hache logé dans l’épaule, le crâne et la bouche en sang. Le jeune homme s’approche, il entend un râle comme celui d’une bête de somme qui agonise. Il vit encore. Il ouvre les yeux et regarde son supérieur. Crachant un mollard ensanglanté à ses genoux.
           - J’ai tenu comme j’ai pu sergent. Murmure t il.
           - Tu es un soldat parfait. Prend ton repos bien mérité. Lui répond Jonathan d’un ton apaisant.
          Le yeux presque vide et vitreux, Wallace perd son regard vers la cime de la montagne volcanique.
           - Tant de fumée… Et aucune odeur de tabac… Souffle t-il alors que ses yeux rougis par l’alcool, le tabac, la fatigue, le chagrin et les regrets s’éteignent.




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Message  Jonathan Walter Sam 23 Nov 2019, 15:49


Chapitre 8 :

Ambiance musicale :

L'écume de la Haine par Jonathan Walter Amazin10

       
 


            Un insigne de thorium prend place sur son veston. Une médaille de plus à ajouter à son cadastre des récompenses. Promu Sergent Chef suite à la victoire de l’Alliance sur la Horde lors de la seconde guerre. Le Caporal Sarah Delorme à ses côtés, médaillée elle aussi. Bien que la récompense ait un goût amer à ne pas voir le courageux Wallace à leur côté. Le bougre resté soldat toute sa vie, Caporal pour sa dernière bataille, en cause, un caractère un peu trop trempé qui l’a toujours desservi. Il aura donc donné son existence sans jamais être reconnu par les siens. Seul son escadron allait se souvenir de lui tel qu’il était, un héros. Droit et fier d’avoir servi leur patrie, le retour en Gilnéas était plaisant pour tous, la fin de la guerre soulage un grand nombre de soldat. Sauf peut être pour Jonathan. Dans l’assemblée, de petit yeux noirs cruels le toise lors de sa remise de médaille. A la fin de la cérémonie, le nouveau Sergent Chef s’esquive discrètement comme il peut, mais trop tard, une paire de botte de cuir lourdement cloutée se campe derrière lui dans un sinistre tintement métallique.
       - Bonsoir père. Dit platement Jonathan sans même se retourner en soupirant.
       - On ne vient plus voir son vieux père ? Demande t il le regard sévère, les mains derrière le dos dans une posture droite et martiale.
       - Je rentre à peine du front mais…
       - Mais quoi? La guerre t’a donné trop de liberté, il va falloir revenir aux fondamentaux. Tu t’es ramolli. Rentre tu as une heure.
       - Oui Lieutenant.
       - Sans demander son reste, le jeune Sergent pris son paquetage pour retourner dans la maison familiale qu’il exècre tant. Sur la route des pas pressés et fins se font entendre.
       - Jon’ ! Tu étais passé où? Je t’ai cherché partout après la cérémonie.
       La jeune Sarah se dresse devant lui, un sourire apaisant aux lèvres, le scrutant de ses yeux noisettes toujours barrées par quelques mèches rebelles pleines de charme. Son sourire disparaît en voyant la mine de son compagnon.
     - Quelque chose ne va pas? Le questionne elle.
      Avec un effort surhumain. Il lui rend un sourire.
      - Ne t’en fais pas, juste des choses à régler. Je serais bientôt de retour à la caserne pour nos affectations.
      - Je t’attendrais. Dit elle en entrelaçant ses bras autour de son cou pour lui délivrer un baiser brûlant et passionné. Il n’y répondra qu'à moitié, la tête embrumée par les tracas.
      Elle grimace un court instant de par ce constat, mais elle respectera son choix prenant ses dispositions pour partir. Soupirant, Jonathan repris sa route, son lourd sac de combat sur le dos. Arrivant en vue de la vieille maison familiale, les murs noirs pavé de ronce avait bien du mal à se détacher dans la pénombre de Gilnéas, pourtant elle était toujours là. En son fort intérieur, le jeune homme avait espéré ne jamais revenir.
       Il ouvre la lourde porte qui grince, se retrouvant dans un hall lugubre. Rien n’a changé. Il entre, ses pas sur le carrelage froid résonnent dans la vaste salle. Venu de nulle part, un lourd crochet du droit s’encastre dans son abdomen, il lâche son sac, se tord de douleur mais est vite redressé malgré lui par un coude s’enroulant autour de sa gorge, le bras se verrouillant sur son âme volatile en cet instant.
       Le patriarche sert son étreinte sur sa progéniture tout en murmurant à son oreille.
      - Tu vois quand je t’ai dis que tu étais ramolli. De ton temps ici tu ne te serais jamais fait surprendre de la sorte. Voilà ce qui se passe quand on se relâche et qu’on passe son temps à courir la gueuse, tu crois que je n’ai pas vu vos regard?
       - Je… Ne suis pas faible ! Parvient il à articuler entre deux râles d’agonies.
       - Oh que si tu es faible, tu es devenu aussi sentimentale qu’une adolescente. Je vais devoir couper le mal à la racine si tu ne t’en charge pas !
       - Si vous la touchez ! Je vous tue sur le champ !
       - Tu n’es pas en position de force avec moi mon garçon. Ricane le patriarche en resserrant son étreinte. Tu ne peux que implorer ma clémence et ma pitié en cet instant.
       Le visage du jeune homme vire de l’écarlate au blanc pâle la vie s’échappant de son corps.
       - Si vous croyez que je vais supplier vous vous trompez. Je suis un soldat. Exhale t il dans un dernier souffle au porte de la mort.
       Harold Walter, le mastodonte qui sert de père à Jonathan desserre son étreinte, laissant tomber sa progéniture au sol reprenant son souffle péniblement, l’air raclant douloureusement ses poumons.
       - Je vois que tu n’a pas tout oublié non plus. Tu n’es peut être pas une cause perdu finalement, mais j'ai toujours des doutes sur toi, depuis que j'ai vu ton petit corps, frêle et déformé éventrer ma femme.
       Restant seul au milieu de la pièce à s’assurer qu’il était bien en vie. Jonathan porta sa main à sa gorge, un léger sourire aux lèvres. Son retour s’est plutôt bien passé, son père venait de lui faire le meilleur compliment qu’il n’a jamais eu de sa part.

       Les jours passent et se ressemblent, entre levé aux aurores, entraînement physique et mentale, repoussant chaque jour ses limites. Mais le jeune sous officier était toujours plus faible que son géniteur. Celui ci n’hésitait pas à le torturer de manière toujours plus inventive chaque jour. Haletant de soif en marge d’un marathon à pied, il avait voulu le noyer dans la rivière pour combler sa soif. Tremblant de froid dans la nature sans couverture, il avait marqué son dos de sa lame au fer rouge. Après un mois de souffrance, durant ce qui devait être une permission, il rentra à la caserne.

         Dans les rangs Sarah attendait, inquiète. L’attente fût de courte durée, elle était soulagée de l'apercevoir un peu plus loin, droit et fier, mais il ne l’a regarde pas. Les affectations tombent, Jonathan devient sergent chef d’un district du nord de Gilnéas, Sarah elle devient son aide de camp et officier médicale.
         Il entre dans son bureau, pour la première fois il allait être en fonction et non sur le terrain. Il s’installe derrière son secrétaire et prend connaissance des dossiers, vol à l’arraché, bagarre, trafic. Rien de bien méchant en comparaison avec le front. Mais quelque chose d’autre le tracassait. Il n’allait plus pouvoir échapper longtemps à Sarah. Bientôt il allait devoir travailler avec, la côtoyer tous les jours. Que faire ? Et si le paternel venait à mettre ses menaces à exécution? Il était tiraillé entre deux feu, d’un côté il était prêt à tout pour la protéger, même si ça voulait dire devoir la rejeter et de l’autre il voulait passer sa vie avec, tout quitter pour elle. Au diable Gilnéas, au diable l’armée ils étaient assez fort à eux deux pour soulever des montagnes s'il le fallait.

          Alors qu’il complète un dossier, on frappe à la porte. Il lève les yeux de sa paperasse. Une brune à la démarche féline et aux yeux noisette entre.
        - Bonsoir, Sergent chef.
        - Bonsoir Sarah. Répond il avec un sourire. Tu m’a manqué.
        - Depuis le temps je pourrais croire que vous m'évitez Chef.
        Elle s’approche de lui, fait le tour du bureau, passe derrière lui caressant sa nuque de ses longs et fins doigts, pour ensuite se mettre entre l’officier et sa paperasse. Posant ses fesses, moulées dans une tenue de cuir rendant hommage à ses formes longilignes, sur le plan de travail. Croisant ses jambes interminables ornées de cuissardes. Les deux mains appuyées sur le meuble elle se penche vers lui. Son regard noisette taquin et  pénétrant, entrelacé de mèches de jais rebelle, un petit sourire ravageur aux lèvres.
        - Tu m’a manqué aussi Jon’.




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L'écume de la Haine par Jonathan Walter Empty Re: L'écume de la Haine par Jonathan Walter

Message  Jonathan Walter Dim 24 Nov 2019, 16:31


Chapitre 9 :

Ambiance musicale :



       
 


            Le jeune Sergent Chef rêvasse entre deux dossiers non urgent et un rapport déjà à moitié fait qui trône sur son bureau. Les yeux mi-clos, il commence à sombrer. Lorsque, d’un coup la porte s’ouvre à la volée. Son aide de camp entre, le regarde de ses yeux débordant de malice avant d’étirer un large sourire.
      - Vous devriez vous voir Chef, vous faite de la peine.
      - Je… Je dois faire mon rapport et lire ses dossiers. Répond Jonathan en s’affairant frénétiquement et maladroitement à remettre de l’ordre sur son bureau.
      - Faite moi voir ça Chef ? Dit la belle brune tout en s’approchant de sa démarche féline dans une armure faite pour elle épousant ses formes longiligne.
      Elle dépose son heaume sur le bureau et prend des mains le rapport de son supérieur tout en posant son fessier des plus ferme sur le meuble. Elle esquisse, puis élargit son sourire au fil de la lecture. Relève son regard taquin vers son bel officier.
      - Vous êtes sérieux Chef? Une mamie a perdu son chat et c’est ça qui vous empêche de dormir? Hop ! Non urgent, ce sera pour demain et vous me ferez le plaisir de refiler ça à des grouillots.
      L’aide de camp, placera avec fermeté le rapport dans une bannette sur le bureau sous les yeux médusés de son supérieur.
      - Et ces dossiers faites voir ! S’exclame t-elle en les prenant sur le plan de travail, les feuilletant rapidement. Hum… Des techniques d’instruction que vous étudiez? Vous voulez postuler là bas?
      - Oui, pourquoi pas? C’est pas pour tout de suite mais j’y pense, même si mes méthodes ne semble pas bien marcher avec vous.
       Sarah lève les yeux au ciel.
     - En tout cas rien ne vous retient pour dormir ce soir, hop pour plus tard ! Vous allez pouvoir dormir maintenant.
     Elle lance les dossiers derrière elle sous le regard révolté voir quasi implorant de l’officier.
     - Mais ! Ce n’est pas la procédure et…
      Mais trop tard, le jeune Sergent Chef sera coupé dans son élan par son Caporal, qui s’est, le plus lestement du monde penché sur le bureau pour saisir son supérieur le col, le ramener vers elle et lui couper la chique en le gratifiant d’un baiser brûlant, n’hésitant pas à lui offrir sa langue dans la passion du moment. Paraphant son baiser d’un large sourire et d’une morsure à sa lèvre. Jonathan avait oublié pourquoi il était énervé quelques secondes avant, il s’oubliait lui même se laissant aller à cette étreinte sensuelle. Sans même s’en rendre compte, il se retrouva le gambison sur les chevilles, sa virilité à nu tout comme la jeune femme face à lui.
     La féline prendra un malin plaisir à provoquer son amant, se laissant investir de toute sa longueur sur le bureau par son supérieur, faisant voler en éclat la bonne et due forme qui régnait sur le meuble. Griffant le torse de son officier, mordant et léchant sa chair à vif, écartant de chaque côté ses jambes fuselées, laissées bien droite, avec une souplesse défiant l’entendement pour s’offrir audacieusement à la vue de l’homme qu’elle aime. Le bassin orienté pour s’assurer une longue et profonde pénétration, accusant chaque coup d’un long râle de plaisir, ses yeux révulsés par la jouissance que lui procure les coups de rein d’un officier des plus vigoureux. Pourtant elle le défiait toujours quelques bref instant du regard, un petit sourire en coin provocateur alors qu’elle passait ses longs et fins doigts sur ses lèvres pour ensuite les glisser le long de sa propre poitrine dressé par l’excitation de se faire besogner par son supérieur sur son lieu de travail. Refermant ses muscles pelvien, ses chairs intimes brûlantes, glissant tendrement autour du membre du jeune homme avec une audace impudente. Une chose était sûr, l’insolente n’avait pas fini de vouloir se faire corriger.
      C’est au petit matin, ivre de fatigue et de jouissance, incapable de dormir plus que le jeune officier se lèvera de sa paillasse de fortune faite de vêtement, manteaux, tabard et autre étoffe laissés sur le plancher de son bureau. C’est en bouclant sa ceinture qu’il prenait la mesure de la vue. Elle était encore là, assoupie sur ce tas de vêtement, complètement nue, son corps semblant si fin et si fragile, pourtant si nerveuse lorsque sa musculature se met en branle. Ses formes longiligne apportait à son corps une harmonie et une grâce, rien n’était vulgaire en elle. Difficile de croire à qu’elle point elle avait pu être une tigresse voir une garce cette nuit. Son sourire ravageur avait disparu au profit d’une mine paisible et d’une respiration lente. Aujourd’hui il voulait tout quitter pour elle, mais quand?

      Les affaires se suivent, les patrouilles s'enchaînent dans le district du nord de Gilnéas. Jonathan, malgré ses écarts intimes avec son aide de camp, arrivait à se forger une solide réputation. Travailleur implacable, attaché aux procédures il semblait être une machine à écrire des rapports. Présent sur toutes les enquêtes, allant sur le terrain dès que possible, il ne tarda pas à devenir un sous officier incontournable de la caserne, imposant à ses subordonnés une discipline de fer. Seule demeurait Sarah, qui lors de leurs moments intimes, n’était toujours pas parvenu à la dompter. Assoiffé l’un et l’autre du corps de son partenaire, ils n’étaient que rarement rassasié.
       - Je n’aime pas ça Chef.
       Sarah était à genou dans un champ, elle avait ôté l’un de ses gantelets pour analyser quelque chose au sol. Faisant courir un liquide visqueux et rougeâtre entre ses doigts. Derrière elle, campait sur sa position le jeune officier, son heaume sous le bras, à ses côtés un vieux paysan au visage inquiet. Les soldats étaient déployés autour d’eux et ratissait le pâturage à la recherche d’indice.
      - Qu’avez vous Caporal? Demande Jonathan à son aide de camp, se détournant du vieux paysan.
      - Du sang de porc, au vu de la coagulation c’était effectivement dans la nuit. Analyse la jeune femme, avant d’essuyer ses doigts dans l’herbe humide de rosé.
      - Sans doute un nouveau groupe d’orc isolé. Suggère le Sergent Chef en regardant les collines à l’horizon. Nous ne somme pas si loin d’Alterac ici, ce n’est pas la première fois qu’un groupe descend des montagnes où certain ont trouvé refuge pour nous causer des soucis.
      - C’est le troisième vol de bétail ce mois ci Chef, qu’est ce qu’on fait?
      - On va remonter la piste au maximum, je veux l’escouade prête dans 1 heure avec des rations pour trois jours.
      - A vos ordres. Répond elle en remettant son gantelet avant de faire un salut militaire.
       Quelques temps plus tard, la douzaine de soldat était en ordre de marche vers les collines à l’est, bien qu’allant hors de la juridiction de Gilnéas pour s’enfoncer en Lordaeron, justice devait être faite.
       La pénombre tombe sur la forêt des pins argentés, les soldats se déploient à travers la végétation, avançant d’arbre en arbre, les yeux rivés sur leur proie. Ils les avaient traqué sur plusieurs lieux. Ils étaient là, les mastodontes à la peau verte, rassemblé autour d’un feu en mangeant silencieusement le bétail qu’ils avaient volé. Des mastodontes? Non plus maintenant en tout cas, vêtue de haillons, la peau sur les os avec femme et enfant. Ont était loin de la glorieuse Horde de la seconde guerre, des réfugiés, ou des parasites plutôt dans le cœur des hommes.
      Un sifflement strident et une demi seconde plus tard et c’est carreau d’arbalète qui se fige dans la gorge d’une des créatures qui tombe mollement au sol dans l'étouffant gargouilli sanglant caractéristique du trépas. Puis un autre, et un autre, les semblants de guerriers pris pour cible tombent les premiers, ils sont encerclé sans une chance. Ils se rendent sans attendre. On les alignes, hommes, femmes, enfants et vieillard, un soldat campe derrière chacun d’eux, la peur dans leurs yeux. Le jeune officier les passe en revu, passant sa main dans sa barbe naissante, réfléchissant, faisant les cent pas devant eux. Il ne savait encore ce qu’il allait faire d’eux.
      - Un fuyard !
      Soudainement sur le côté gauche, un adolescent parvient à s’extraire de l’emprise d’un des gardes qui bousculé fût projeté au sol dans un lourd fracas. Le jeune orc, les mains liés courait aussi vite qu’il pouvait, pieds nus dans les feuilles mortes de l’automne. Il distançait ses assaillants.
      - Donnez moi ça. Ordonna Jonathan en prenant des mains une arbalète à l’un ses hommes.
       Fermant un oeil, mettant en joue, ajustant son tir longuement. Une expression neutre sur son visage mais pourtant trahi par l’éclat d’émeraude jaillissant de son oeil ouvert. Il décoche un tir parfait. Instantanément, alors que l’orc cours pour sa vie, haletant et transpirant, sera saisi d’une vive douleur, arrêté net dans sa course, le souffle est coupé. Le carreau se fige dans son dos, traverse sa clavicule, empale son coeur et transpercent ses côtes dans un éclat sanguin. La pointe ressortant audacieusement de sa poitrine, il tombe sèchement, et comme les feuilles qui orne son cercueil naturel, il est mort.
      L’officier rend l’arbalète à son subordonné dans un hochement de tête sobre à son égard. Il se tourne vers les prisonniers, leur expression avait changée, plus de peur, que de la haine et de la colère, alors que c’était eux les monstres, pas lui. Sarah resté neutre jusque là s’approche de l’officier.
      - Que fait t on des survivants? Nous somme sur les terres de Lordaeron, leur politique impose qu’on les remettent à un camp d’internement.
      Jonathan regarde longuement les orcs un à un, cette expression, cette rage il l’avait déjà vu. Il se revoit au Mont Rochenoire, soulevé et presque être cassé en deux par un grunt. Avant de répliquer sèchement, un feu ardent et verdâtre logé dans ses paupières.
      - Il n’y pas de survivants.
      - Bien. Répond la jeune femme, en hochant la tête de manière martiale avant de faire un signe d’approbation aux autres soldats.
      Dans un même mouvement et hurlement déchirant la nuit, les créatures furent égorgées une à une et laissées en pâture aux corbeaux. L’officier au regard de jade reprit la tête de la colonne plus déterminé que jamais.





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Message  Jonathan Walter Lun 25 Nov 2019, 18:48


Chapitre 10 :

Ambiance musicale :



       
 

    L’eau glacée ruisselait sur son corps parcouru de frisson, les gouttelettes suivaient les sillons du creux de ses muscles et de ses cicatrices déjà nombreuses depuis la seconde guerre. Il tenait, les mains attachées dans le dos, les poings serrés, la tête en bas. Il reste stoïque alors qu’il plonge régulièrement dans une cuve réfrigérée. Son paternel actionne le mécanisme à un rythme soutenu, alors que le jeune officier reste de marbre gardant le contrôle sur lui même et sur sa respiration.  C’était ça les permissions chez lui rien d'inhabituelle.
    - Tu ne sourcille même plus durant les exercices, je vais devoir être plus imaginatif. Annonce le patriarche alors qu’il détache son fils.
    - Mon corps est endurcie, je ne suis plus le gamin apeuré que j’étais jadis mon Lieutenant. Répond placidement Jonathan en se flattant les poignets encore à vifs de ses entraves. Peut être que c’est vous qui vous ramollissez, vous n’êtes que bon à torturer des enfants finalement.
    Un poing noueux vola au visage du jeune homme, puis un second qui le met au sol, son corps se fracassant dans la boue de Gilnéas. Le patriarche les poings serrés, le regard plein de haine toise sa progéniture de toute sa hauteur un instant avant de se ruer une nouvelle fois sur lui, le gratifiant d’une nouvelle volée de coup dévastateur, ne s’arrêtant pas avant que le visage de son fils soit totalement tuméfié et violacé, un dernier coup et soudain un craquement sourd. Jonathan ouvre les yeux et élargit un sourire, ses yeux émeraude plein de malice a cet instant sont difficilement repérable sur son visage monstrueusement tuméfié. Mais Harold l’a vu, il revoit les yeux de sa femme et son sourire, d’un bond il se relève et fuit sans demander son reste.
    Jonathan reste un instant au sol, toujours le même sourire marquant ses lèvres. Il jubile, aujourd’hui c’est un grand jour et il le sait. Ce soir là, ce n’est pas sa mâchoire qui a craqué, mais bel et bien le poing de son géniteur qui s’est brisé sur son visage. Ses réussites professionnelles, sa relation avec Sarah lui avait donné des ailes et une confiance inégalable. Il était prêt à tout changer.
    C’est alors qu’il se relève doucement, le crépuscule n’était pas loin, il n’est jamais loin à Gilnéas. Il passe sa chemise, la refermant sur sa ceinture abdominale bien dessinées, ses muscles étirés et souffrant. Il boucle sa ceinture, tire sa lame l’inspectant un instant, admirant son reflet dans l’acier blanc. Il était grotesque avec ce visage déformé, une barbe d’une semaine, il avait tellement gonflé d’un côté que sa paupière était close. Il rengaine son arme avant de diriger ses pas vers le manoir familial.
    Entrant dans le sinistre vestibule, le patriarche était de dos, lové dans un imposant fauteuil face à une cheminé ardente. Les ombres des flammes léchaient toute la pièce dans une audace tranquille. A part le crépitement de la cheminé tout était calme. Pas un mot, mais une confirmation pour le jeune officier. La main de son père était largement bandée et immobilisée sur l’un des accoudoirs de son prestigieux trône. Ne pouvant s’empêcher un petit sourire narquois, il décide de passer son chemin et de ne pas provoquer la bête plus encore. Montant dans ses quartiers silencieusement.
    C’est là qu’il saisit son nécessaire à écrire ainsi que son courage pour tenter de coucher sur le papier sa volonté de changer les choses.

  Ma tendre Sarah,

         Il est temps, temps de me soulager d’un poids qui me hante. Un fardeau qui alourdissait mes pensées depuis le début, qui m’a fait hésiter, qui m’a fait t’éviter aussi parfois. Mais aujourd’hui je sais que je suis assez fort pour affronter ma peur. Je suis prêt à tout changer, tout quitter. Je ne doute plus et je sais ce qu’il me reste à faire pour notre avenir. Mon cœur saigne de devoir te l’écrire alors je préfère que nous parlions de vive voix, face à face.
Retrouve moi derrière l’écurie de la caserne dans quinze jours, à minuit. Je m’occuperai des changements nécessaire.

Jonathan

     C’est apaisé et soulagé qu’il sera emporté par le sommeil. Impatient de pouvoir enfin quitter cette vie pour se consacrer à celle qu’il aime tant. Allait il quitter l’armée? Tout dépendra d’elle, une chose était sûr il ne reviendrait jamais dans cette maison maudite.
     Son repos, emplit de rêves d’avenir avec celle qu’il aime, ne sera pas perturbé outre mesure. Mais pendant qu’il songe à tenir le corps de la jeune femme dans ses bras, une ombre passa dans sa chambre.

     Elle avançait, elle ne tenait plus. Voilà bien dix jours qu’elle avait reçu cette lettre énigmatique. Elle l’avait lu une bonne centaine de fois et la encore, marchant dans la pénombre vers le lieu de rendez vous, elle la relisait. Le contenu de la missive tournait et tournait dans sa tête. Elle l’a connaissait par cœur mais ne pouvait s’empêcher de la relire. Qu’est ce qui pouvait bien perturber autant son amant depuis tout ce temps? Elle avait déjà sentie plusieurs fois un malaise chez lui, c’est vrai, en y repensant le retour à la réalité après le front semblait perturbant pour l’élu de son cœur. Elle voulait en avoir le cœur net et au plus vite, pour ça elle s’était même accordée un brin de coquetterie. Soulignant son regard noisette d’un trait noir chose impensable pour un soldat de sa trempe. Sa tenue de cuir moulante ceignait parfaitement ses muscles fins, un corset par dessus sa chemise de bretteur allongeant sa silhouette, dessinait ses formes bien que modeste elle n’en était pas moins harmonieuses. Elle marchait, une lanterne à la main, ses pas légers, enchâssés dans des cuissardes comportant un léger talon rehaussant sa cambrure parfaite, qui battait le pavé dans la nuit. Elle était en avance, mais qu’importe, elle n’en pouvait plus d’attendre.
    Elle arrivait au point de rendez vous, levant les yeux de son vélin qu’elle lisait pour la énième fois. C’est là qu’elle aperçut une ombre encapuchonnée, bien trop grande et massive pour être celle de son amant. Elle plisse les yeux méfiante.
    L’ombre se retourne et abaisse sa capuche, elle reconnaît ses traits entre mille, les traits qu’elle a longtemps parcouru de ses fins doigts. Mais ceux là sont bien plus décharnés. La main de l’homme, bandée se campe ensuite sur le pommeau de son épée.
   - Je viens de la part de mon fils. Il n’a malheureusement pas pu se déplacer, j’en suis navré ma chère.
   - Pourquoi? Qu’est il arrivé? Demande sèchement la jeune femme, la main sur la garde de son épée.
   - Rien, disons que mon fils, n’a pas eu le courage de venir lui même et m’a supplié de venir à sa place.
   - Mais pourquoi? Il sait bien qu’il peut tout me dire ! On s’est toujours tout dit !
   - J’en doute. Je doute qu’il ait eu le courage de vous dire un jour le pourquoi de ma présence ici.
   - Parlez !
   Le patriarche s’approche de la jeune femme avec un petit sourire.
   - Ma chère, la vérité est peut être cruelle à entendre, mais mon fils ne vous aime pas. Il souhaite que cela cesse, il veut se concentrer sur sa carrière militaire.
   - Vous mentez il me l’aurait dit ! Il n’est pas comme ça !
   - Mon fils est incapable d’aimer, il ne voulait pas vous froisser pour autant. Il n’a jamais été très doué pour les relations humaines n’est il pas?
   - C’est faux ! Hurle t-elle alors que les larmes montent.
   Il s’approche toujours inlassablement, ses petits yeux noirs cruels se plantant dans sa victime.
  - Il n’y a jamais eu de malaise entre vous? Des non dits? Comme si quelque chose le tiraillait de l’intérieur en votre présence jeune fille?
  - Je… Non… C’est pas possible ! Le noir de ses yeux ruisselant le long de ses joues alors qu’elle se recroqueville sur elle même.
   - Je sais ma fille, c’est dur, mais c’est la vérité. Pour votre bien tâchez de l’oublier, éloignez vous c’est le mieux à faire pour vous protéger de lui.
   Sarah ne répondit que d’un sanglot de détresse qu’elle a essayé en vain d’étouffer. Tout devenait limpide pour elle, cette froideur, cette réticence, son amour pour les procédures, tout cela était un prétexte pour ne pas qu’elle dérape sur lui. Une façon polie de la repousser, et depuis toujours elle était aveugle ! Il avait toujours été étrange c’est vrai.
   Elle opine vers l’homme mystérieux, se balançant nerveusement sur elle même avant de peiner à articuler.
   - Je… Je le laisserai tranquille, si c'est qu'il souhaite.
   Mais c’était inutile, l’homme avait déjà disparu. Elle était seule, pleurant à chaude larmes, se balançant de détresse, se caressant l’épaule elle même dans un manque cruel de tendresse imaginant une dernière fois être dans les bras de son premier amour, avant de hurler à la mort sa peine, se déchirant la gorge dans la nuit. Elle se relève péniblement, titubant sur ses jambes faibles. Frappe le mur de l’écurie de poings rageur, avant de percuter violemment son pied contre sa lanterne, qui allât se briser contre la bâtisse, commençant à s’éteindre paresseusement. Elle avance le pas traînant, alors que la lumière décline, vers la pénombre. Un dernier soupire de lumière laissant entrevoir ses yeux pleins de haines, rougit par le chagrin, le noir de ses paupières marquant ses pâles joues.

           





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Message  Jonathan Walter Mar 26 Nov 2019, 16:41


Chapitre 11 :

Ambiance musicale :



       
 

       Il préparait son sac frénétiquement, tout était fait à la hâte mais la décision elle, était mûrement réfléchi. Il regarde cette prison une dernière fois, puis à la faveur de la nuit se glisse hors de la chambre de son enfance. Son enfance, peut on encore parler d’une enfance, alors qu’elle était rythmé par les exercices militaires et la souffrance? Sans se retourner il s’élance dans le grinçant escalier. La maison semble vide. Etrange mais c’est sa chance, il ne saurait pas comment réagir si maintenant il tombait nez à nez avec le paternel. Il arrive dans le long couloir, passe par la porte de devant, toujours rien. Il lève le nez pour humer l’odeur de la liberté, l’odeur humide d’une nuit à Gilnéas.
      Il arrive dans l’écurie familiale pour sceller son cheval. Une fois encore, rien. Aucune âme qui vive, homme ou animal. Il devait faire vite, sans une monture il allait vite devoir se hâter sous peine d’être en retard à son rendez vous. Il claque la porte de l’écurie et se lance sur la route à corps perdu. Il a de bonnes heures de marche dans la nuit devant lui.
     C’est sans s’être arrêté une seule fois qu’il arrivera au lieux de rendez vous qu’il avait fixé avec son amante. Il est légèrement en retard, mais qu’importe elle aura bien pris la peine de l’attendre. Sur place, c’est le noir complet, une lanterne est brisée au sol. Curieux il se penche et l'effleure, elle est encore chaude. Il regarde autour de lui, mais rien d’autre. Il attend quelques minutes, elle a sans doute été retardée elle aussi. Les minutes deviennent des heures et au fil de celle ci il se décompose. Comment est ce possible? Au petit matin il se rue à la caserne, sur place les hommes sont pour la plupart encore endormi. Il se jette dans son bureau, encore une fois, rien. Il fouille ses meubles, pas un papier, pas une lettre.
    - Garde ! Hurle t-il alors que le soldat en faction entre dans le bureau.
    - Oui Sergent Chef? Demande t-il en faisant un salut militaire impeccables malgré les cernes sous ses yeux qui démontre que son quart est presque fini.
    - Où est le Caporal Delorme, j’ai une affaire urgente pour elle?
    - Mais Sergent Chef, le Caporal Delorme a déposé sa démission dans la nuit. Son casier et ses quartiers ont été vidés. Quelque chose ne va pas?
    - Foutez le camp. Lance platement le jeune Sergent Chef.
    Une fois le soldat hors de la pièce, dans un geste leste il fait valdinguer ce qui se trouve sur son bureau. Frappe du poing sur celui ci et s’effondre dessus, son regard émeraude rougeoyant des braises de la haine. Il déplace son regard lentement dans la pièce, rien, pas l’ombre d’une explication. Il envisage toutes les solutions, mais rien ne tient. Elle s’est donc lassée de lui? De l'attendre? L’a t elle tout simplement aimé un jour? Pour lui leur relation avait débuté sur le front. Il n’était donc que ça pour elle? Une passade en temps de guerre, elle a profité de sa tendresse pour tenir sur le front, profiter un peu de la vie car ils pouvaient potentiellement mourir à chaque instant? Maintenant la guerre est fini, les choses se sont reposées elle en a fini avec lui. Jonathan n’était donc qu’un homme de compagnie qui a aidé son amante à passer du bon temps dans les moments douloureux? Cette garce avait abusé de lui. Volé son coeur, lacéré et piétiné.
    S’en était trop pour lui, les poings serrés la rage au ventre, plus jamais ça n’arriverait. Il avait été faible, il traînait mollement son regard dans la pièce, un de ses livres d’instruction militaire se trouve au sol. La solution était là, s’investir dans l’objectif de devenir instructeur, et enseigner aux autres que la faiblesse n’est pas tolérable, il rendrait l’armée de Gilnéas implacable. Disciplinée comme il l’était il faisait tout pour chasser Sarah de son esprit pour se consacrer à ses nouvelles aspirations.
    Les jours passent. Toujours aussi assidu et zélé, il se taille vite une solide réputation dans le milieux, sans les entraves de l’amour. Son zèle est d’autant plus apprécié que la politique sécuritaire de Gilnéas se durcit, les tensions avec les autres nations ont atteint leur paroxysme. Le point de friction le plus sensible étant la prise en charge des camps d’internement orc. Gilnéas et d’autres refusent tout bonnement de payer leur part, ils ont quittés l’Alliance.
     Un projet de construction d’un mur commence à se dessiner pour Gilnéas. Plus Gilnéas se repliait sur elle même plus Jonathan se sentait en adéquation avec celle ci, plus il était utile plus il était fort et apprécié dans ce contexte. Il se sentait pousser de nouvelle ailes, avec sa nouvelle compagne auquel il était totalement dévoué, Gilnéas. Sa patrie elle n’allait jamais le trahir. Se replier sur soi, fermer son coeur aux autres, ne plus tendre la main, construire des murs. Tout avait un sens pour lui.
    Il entre dans la maison familiale, avance le pas traînant. La nuit est lugubre comme toujours à Gilnéas. Ses bottes grincent sur les marches du plancher, ses médailles tintent au rythme des pas comme un doux carillon.
    Il entre dans la chambre et il le voit, la chose qui lui sert de père, il dort paisiblement. Jonathan ne compta le temps qu’il resta là à l’observer. Jusqu’à ce qu’il se réveille en sursaut.
   - Qu’est ce que tu fais là toi? Ordonne le paternel en se relevant et reprenant contenance.
    Jonathan reste dans un coin de la pièce, à l’abris de la pénombre, seuls les éclats de la lune illuminent une partie de sa face blafarde. Ses yeux émeraudes reflètent les éclats lunaire, il est un chat dans la nuit, appuyé contre le mur de manière nonchalante.
   - Une promotion, et une permission. Répond Jonathan tout en étirant un fin sourire la lune se reflétant sur ses dents.
   Il désigne d’un geste lent de la main les breloques sur son torse. Il reprend.
   - J’ai réussi le concours officier, je suis Lieutenant instructeur. Major de ma promotion comme toujours, je peux même devenir officier à la Grise Garde si je le veux. Aujourd’hui comme vous le vouliez je suis prêt à mourir sans réserve pour Gilnéas.
   - Tu as intérêt à faire honneur à la famille. Crache le paternel en s’asseyant sur le lit. Si tu reviens vivant c’est que tu n’aura pas assez combattu. Tu a toujours été le plus faible, si tu reviens c’est que tu aura été couard.
   - Cela va de soi. Répond Jonathan en inclinant la tête, tournant les talons prêt à partir. J’imagine que je suis toujours la déception de la famille.
   - Tu a toujours été ma pire injustice, toi vivant en échange de ma femme morte...

   A ses mots, le jeune officier serre les poings, se retourne. Il toise son père, les deux regard plein de haine l’un envers l’autre s'entrechoquent. Sa mère, il en avait les yeux, mais il n’a jamais rien su d’elle, il aurait aimé la connaître, pendant des années de solitudes étant enfant il avait voulu ne jamais venir au monde pour ne plus porter le poids de cette culpabilité.
   - Tu va la rejoindre… Marmonne le jeune officier en marchant doucement vers sa cible.
   Les pas résonnent de ses lourdes bottes cloutés, son long manteau d’officier vole derrière lui. Ses yeux sont déterminés et rivés sur le vieillard qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Comment le pourrait il? Jamais il ne lui a tenu tête après tout. D’un geste preste il saisit son paternel à la gorge. Serrant de toutes ses forces le plaquant sur le lit. Se perdant dans ses petits yeux noir cruels, qui ce soir, transpire la peur, regardant un à un tous les vaisseaux à l’intérieur céder devenant rouge d’agonie, la peau devenant bleu océan, la langue gonflant comme une voile d'un trois mâts.
   - Et là je suis assez fort pour toi connard?! Hurle le jeune officier.
   Le vieux loup incapable de répondre, les yeux sanglant, implorant. Luttant pour sa survie, émettant d’immondes gargouillis. Puis un dernier râle avant de s’éteindre. Le jeune homme lui, déterminé, reste calme. C’est fini, il relâche son emprise, il glisse au sol, assis contre un meuble, restant un long moment près du corps refroidissant de son géniteur. Il ne savait si il était apaisé, libéré, peut être.
   Au petit matin, avant que le soleil ne pointe son nez. Il descend, sort de la maison de son enfance. Sort un cigare, l’allumant d’un geste las, la lueur de la flamme éclairant son visage il regarde la flamme longuement. Prend une inspiration, souffle un panache de fumée, jette son zippo derrière lui. La maison s’embrase avec ses souvenirs douloureux. Il est libre et sans entrave. Demain, il part enseigner son expérience à de jeunes recrues.

           







Dernière édition par Jonathan Walter le Jeu 23 Nov 2023, 23:37, édité 1 fois
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Message  Jonathan Walter Mer 27 Nov 2019, 18:20


Chapitre 12 :

Ambiance musicale :



       
 

       Il était tout fringuant et pimpant, naïf et dans la fleur de l’âge. Un adolescent encore enfant dans sa tête. Il se tenait là, la tête haute, imberbe et les cheveux châtain les traits encore juvénile, un petit sourire aux lèvres, enthousiaste, prêt. Il était parmi tant d’autre de ses semblables, comme tous les autres le matin même il avait fait son sac pour quitter son foyer, comme tant d’autre il avait été bercé par les récits héroïques de la seconde guerre, la glorieuse victoire sur l'effroyable Horde.
       Il leva les yeux, il était à l’ombre d’une construction gigantesque, le Mur de Gilnéas, encore en construction, mais il était bien là. De sa maison lointaine dans les terres il ne l’avait jamais vu. Un édifice titanesque, sortie du sol en un temps record, ce n’était pas l’oeuvre du divin, mais de la volonté d’hommes implacables et fier. Son faible intellect ne calculait pas tous les enjeux politique de la chose, pour lui c’était juste impressionnant de se retrouver à l’ombre de l’histoire.
      Au cœur des histoires, ça, il a toujours voulu y être, et ce n’était pas en finissant boulanger comme ses parents qu’il allait entrer dans la légende. C’est après des années de négociation que son foyer avait bien voulu le laisser s’inscrire dans l’armée. Aujourd’hui il s’était engagé en tant que conscrit, volontaire. Il allait recevoir son instruction et pouvoir servir Gilnéas comme dans les légendes. Il ne pouvait s’empêcher de cacher sa joie derrière un sourire que d’aucun qualifierait d’un peu benêt.
      Soudain la colonne se met en branle, mettant fin à ses rêveries, l’officier arrive. Un grand chauve au visage sévère se pointe, une brute épaisse. Il hurle aux conscrits.
      - Recrue ! Garde à vous ! Saluez le Lieutenant !
      Toute la colonne s'exécute dans des saluts plus ou moins convenable voir médiocre. Le jeune garçon souffle, ce n’était que le sergent, il n’a pas l’air commode, de peur il n’ose même pas imaginer à quoi ressemble le Lieutenant instructeur qu'il est censé voir aujourd'hui pour la première fois.
      Le sergent s’écarte, et d’un pas traînant il l’entend, de lourdes bottes cloutées résonnent sur le pavé marquant une cadence implacable. Un long manteau de cuir bleu nuit vole à sa suite,  ses médailles, carillon de breloque s’envole vers les airs dans un tintement régulier qui sonne le glas de son attente. Il le voit enfin. Et pourtant il est déçu. Le Lieutenant n’a rien d’un héros, il est petit, aux cheveux noir de jais coiffé en une raie disciplinée, jeune il ne doit pas avoir plus de 30 ans. Il a plus l’air d’un jeune noble bureaucrate attaché aux procédures qu’un héros de guerre, le jeune garçon se dit même que ça doit être comme ça qu’il a eu son grade. Un fils de noble qu’on a bombardé là.
      Le petit Lieutenant passe en revu les troupes, silencieux le visage de marbre, une expression imperceptible plane sur ses traits. Il s’arrête à sa hauteur, tourne mollement son regard de jade sur le jeune garçon. Il font la même taille, à ceci prêt que le jeunot n’a pas fini sa croissance lui. Il ne cache toujours pas son enthousiasme, mais quelque chose le perturbe. Quelque chose dans les yeux émeraudes de l’officier le saisi. Des yeux flamboyants, transpirant une haine certaine envers le genre humain et ses faiblesses. Il murmure à peine au fils de boulanger.
    - Ton nom.
    - Wayne Hammerton Lieutenant ! Parvient il à balbutier.
    - Et que fais tu ici Wayne Hammerton?
    - Je…
    Il ne s’attendait pas à cette question. Il réfléchit un instant les yeux pleins d’étoiles il est sûr que c’est la bonne réponse.
    - Je suis la pour servir Gilnéas et notre bon Roi Grisetête.
    Le contact fût violent, le choc assourdissant, un coup fulgurant au plexus solaire lui coupe le souffle. Il n’a pas le temps de suffoquer que d’une balayette de l’officier il se retrouve au sol dans la poussière de Gilnéas. S’en suit un coup de pied dans l’abdomen sec. Un mollard viendra se déposer sur sa joue agonisante pour assaisonner le tout.
    - Faible. Naïf. Qui t’a dis que Gilnéas avait besoin de toi? De faiblard comme toi. Demande platement l’officier.
    Au sol, incapable de répondre il accuse le coup, se tortillant de douleur.
    - Tu vois ce mur que tu souille de ton regard depuis tout à l’heure? Dit l'officier en foudroyant Wayne du regard. Il est à l’image de notre nation tout entière. Grand, fort, construit par des hommes d’exceptions. Vous tous autant que vous êtes, vous n’êtes qu’une pierre à l’édifice, seul vous êtes inerte, inapte à la vie. Mais ensemble vous pouvez former ceci !
    Le lieutenant pointe les remparts du doigt avant de reprendre.
    - Mais si une seule pierre est mal mise, n’entre pas dans le rang, n’a pas été assez polie ou cimentée. C’est tout un pan du mur qui peut s’effondrer toute notre civilisation. Alors je vous le demande recrues. Serez vous une pierre pourrie dans le mur de notre grandeur?
    - Non Lieutenant instructeur ! Crièrent les conscrits à l’unisson.
    L’officier se penche sur Wayne et dit simplement.
    - Les pierres je les polies pour les faire rentrer dans le rang, si vous vous brisez sous mon burin, je n’hésiterai pas à balancer votre carcasse du haut du mur. Comme les déchets que vous êtes.
    Il toisa le jeune homme souffrant avec un mince sourire, sa première expression. De la jubilation dans la souffrance d’autrui. Il se releva, ajusta son tricorne avant de repartir dans ses quartiers sans rien dire. La jeune recrue, elle, souffrait, alors que le monde autour de lui s’affairait à récupérer son paquetage pour aller s’installer dans leur dortoirs. Wayne resta un moment au sol à essayer de retenir sa première leçon. Celle ci était qu’il aurait mieux dû se fier au rumeur qui émanait des recrues, ne pas se fier aux apparences ni à la première impression, car en effet le Lieutenant Walter était bien à la hauteur de sa réputation.  


           







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Message  Jonathan Walter Jeu 28 Nov 2019, 16:30


Chapitre 13 :

Ambiance musicale :



       
 

       La vie était dure au campement des conscrits du district nord de Gilnéas. Le Lieutenant Walter, y avait mis en place des règles particulièrement strictes pour endurcir ses soldats. L’officier savait faire preuve d’inventivité sans égale pour corriger ses recrues. Une politique d'entraînement dure, à l’image du Mur maintenant achevé. Celui ci coupait les terres de bois du bûcher, abandonnées à son sort cette province était au cœur des contestations contre le mur.
      Ce jour là un malheureux avait renversée une marmite en cuisine, toute la section était alors condamné à courir jusqu’à en crever la journée, privée de sommeil la nuit et privée de repas pendant plusieurs jours. C’était beaucoup pour le jeune Wayne jamais habitué à cette rigueur. La fin de la punition collective approchait et tout le régiment était à bout de force. Le Lieutenant inspectait une nouvelle fois les rangs, impassible il constate les ravages de ses dernières punitions.
     - Vous hors du rang, vous aussi. Dit il en désignant les hommes et les femmes semblant les plus faibles dans la colonne.
     Fort heureusement, le fils de boulanger avait toujours mangé à sa faim, et était de solide constitution. Il n'eut pas à sortir.
     - Vous êtes trop faible, rentrez chez vous, je ne vous veux pas dans mon régiment.
    La queue entre les jambes, beaucoup s’en vont, une fois de plus. Ce n’était pas la première fois que indigné mais impuissant Wayne regardait partir des camarades avec qui il avait sympathisés.  Il serre les poings, il s’attendait à de l'héroïsme de la fraternité, de l’entraide. Il n'y avait là que compétition, individualisme.
    - C’est injuste ils ont donné le meilleur d’eux même Lieutenant !
    La phrase était sortie d’elle même, ça lui avait échappé mais avant de s’en rendre compte c’était trop tard. Le Lieutenant se retourne. Il pose mollement son regard de jade sur le soldat, habillant ses lèvres d’un petit sourire en coin.
    - Je crois que la recrue Hammerton à quelque chose à dire.
    L’officier en s’approchant inlassablement de la recrue qui déglutit et se prépare à regretter amèrement ses paroles.
    - Parle, dis ce que tu a à dire, permission de parler franchement Recrue Hammerton. Lance le Lieutenant en arrivant à sa hauteur.
    - Je… Je dis juste que… Ils font de leur mieux, il mérite d’être des nôtres rien que pour ça.
    - Oh? C’est à toi de juger de qui est apte et qui ne l’est pas?
    - Non pas du tout !
    - Très bien, Sergent. Rappelez les recalés, formez une nouvelle section avec et elle sera sous la responsabilité d’Hammerton.
   Et c’était tout, le Lieutenant quitta l'assistance sans un mot de plus. Pas une insulte, pas une humiliation, pas un seul châtiment corporel tout avait été si simple. Alors que le vieux Sergent chauve faisait signe aux recrues de se remettre dans le rang. Le jeune Wayne fut félicité par son courage, l’idole de toute sa nouvelle compagnie.
    Les exercices reprirent comme si de rien n’était. Au fil des jours, Wayne et ses camarades s'endurcissent. C’est alors qu’un exercice sur le terrain commença.
   Dans la pénombre d’un bosquet, ils avancent, armée de fusil d'entraînement, d’épée et de bouclier de garde ainsi que leur armure complète. Ils devaient faire la jonction avec leur alliés avant le lendemain. L’ennemi était autour, sans doute caché, à l'affût.
    - Tu pense qu’on va réussir cet exercice Wayne? Demande le roux de la bande, un colosse au visage ingrat et hirsute.
    - Y a pas de raison Jack, on est ensemble. On va montrer au Lieutenant ce qu’on vaut. Répond Wayne dans un sourire qui se veut rassurant.
    - Ouais tu as raison, le Lieutenant est un incapable, je suis sûr qu’il a été catapulté à son poste par piston. Il a pas la carrure d’un héros de la seconde guerre, je doute même qu’il ait vu un champ de bataille dans sa vie.
    - C’est clair. Bon les ennemis, peuvent être partout à partir d’ici. Faite voir la carte.
    Une jeune blonde, se retourne et lance.
    - Merde la carte ! Je l’ai oublié au camp !
    - Quoi ? T’abuse Marie ! Hurle Wayne.
    - Chut vous allez nous faire repérer vous deux ! Tempère le colosse roux.
    - C’est qu’un exercice y'a pas mort d’homme Wayne. Balance la blonde dans une posture nonchalante.
   Le jeune chef de section se masse les sinus, ce n’était pas prévu. Il réfléchit un instant.
   - Bon, on se rassemble, on sait que l’objectif est à l’est, alors on change pas de cap et on essaye de pas dévier de la trajectoire, ensuite notre point de rendez vous c’est un promontoire on arrivera bien à le trouver c’est assez haut. Mais où est Brann? S’étonne Wayne en regardant à droite et à gauche.
   - Il est parti chercher des champis pour la route. Répond Jack avec un beau sourire.
   Le chef de section châtain lève les yeux au ciel. Quand soudain, un coup de feu retentit dans la clairière adjacente, une nuée de corbeaux s’élève à quelques mètres du groupe. Le tout suivi d’un choc sourd, un bruissement de métal qui tombe au sol.
   - C’est pas des balles d'entraînement ! Marmonne Wayne, dégainant son épée pour courir dans la direction du son.
   - Attend Wayne ! On va pas y aller quand même !
   - Fermez là et suivez ! On reste groupé !
   Les trois gardes se précipitent, ils entrent dans une autre clairière, au sol, dans une marre de sang, Brann, leur compagnon, gît le visage pétrifié par la peur dans un beau coin à champignon. Le chef de section s’avance, met sa main sur le cou du macabé, il a la gorge perforé par un tir d’arme à feu.
   - Putain… Il est mort ! S’exclame Wayne en reculant presque pétrifié d'horreur.
   - Mais merde ! On est où là ! Je pensais que c’était un entraînement ! C’est une blague?! Je veux rentrer chez moi putain ! Panique la jeune blonde en reculant les yeux écarquillés de terreur.
   - Calme toi Marie ! On… On va trouver une solution. Se rassure Jack en tremblant. Wayne qu’est ce qu’on fait ?
   - Fermez là ! J’ai besoin de réfléchir ! Ordonne le châtain, posant sa main sur la tête, il respire un coup, observe autour de lui et reprend. On sait pas ce qui s’est passé, mais y a quelque chose là dehors qui veut notre peau ! Alors on va se serrer les coudes, trouver une autre section pour stopper l’exercice.
   - Oui tu a raison. Ajoute le roux en reprenant un peu contenance.
   La pénombre enveloppe la clairière, une odeur de mort envahissant les poumons des gardes. Ils se tenaient en formation serrée, dos à dos, il avançaient ensemble. Marie tremblait, Jack tenait bon mais n’était pas loin de son point de rupture non plus. Un bruissement sourd, une branche qui craque. Et la blonde lâche son épée et son bouclier et recule en gémissant.
   - Je veux pas rester une seconde de plus ici !
   - Marie ! Non revient !
   Une main sortie des ombres saisit le front de la jeune fille, l’immobilise, ses yeux transpirant de peur et de surprise alors qu’une dague viendra dessiner un long sillon sanglant le long de sa gorge. La main mystérieuse relâche sa prise, sa victime gargouille, révulse ses yeux et tombe au sol. Alors que l’assassin indétectable est déjà reparti dans les ombres sous les yeux médusés des deux soldats.
   - Merde, merde merde… Soliloque Jack paniquant à son tour.
    Le roux prend ses jambes à son cou lui aussi, il fût arrêté net par un tir au fusil venu de la frondaison des arbres. Il relâche son arme, exhale un dernier râle et tombe violemment au sol, l’armure percée en son cœur. Wayne était seul, les ombres tournaient autour de lui. Son cœur s’accélère, sa respiration se saccade, sa poitrine se soulève frénétiquement. Les mains deviennent humide, il tient fermement son épée et son bouclier. Quand un groupe d’homme et de femme l’encercle avance vers lui inlassablement, tous encapuchonnés, armes aux clair. Sans bannière apparente. L’un d’eux se fend d’un sourire.
   - Ça n’a rien de personnel gamin, mais c’est pour la liberté de Gilnéas que nous faisons ça.


           







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Message  Jonathan Walter Ven 29 Nov 2019, 20:37


Chapitre 14 :

Ambiance musicale :



       
 

       Tenant fermement son épée, la jeune recrue se tient prête. Il est encerclé, les ombres dansent autour de lui comme des fauves autour d'une carcasse fumante. Ils se délectent de sa peur. L’un d’eux fond sur lui, il repousse de son bouclier et abat son épée dans un hurlement rageur dans le creux de son omoplate. L’épée rebondit sur l’épais cuir d’un des assassins. Que pouvait il faire avec son épée émoussée d'entrainement?
       La danse dur ainsi pendant des minutes qui lui paraissent des heures, la sueur lui pique les yeux, la chaleur et l'humidité qui nimbe son armure est étouffante. Il est de plus en plus lent, il a bien réussi à en assommer un ou deux mais sans plus. Dans un moment d'inattention le talon d’une lourde botte percute les lombaires de la recrue elle se retrouve au sol, la boue ruisselant sur son visage, le souffle coupé, son cri de douleur est étouffée. Il tente de se relever, mais trop tard on lui ôte son bouclier, son épée, deux hommes lui saisissent chacun des bras, lui relève la tête. Une femme se tient face à lui. Ce sera la dernière chose qu’il contemple, elle, encapuchonnée étirant un long sourire sadique, sans jamais comprendre pourquoi. Dans cette clairière, loin de chez lui, le couché de soleil se reflète sur sa lame effilée qui vibre dans l’air. Il ferme les yeux, acceptant son sort, ignorant tout de ses bourreaux.
Une détonation plus tard, et son visage s’asperge de sang. Il ouvre les yeux, la femme encapuchonné, son orbite vide et fumante, une expression hagard sur son visage s’effondre mollement face à l’assemblée qui se retourne interloquée. Derrière la femme, ce petit Lieutenant au visage impassible, pistole ardente en main, son long manteau bleu nuit jouant avec la brise crépusculaire. A ses côtés le Sergent chauve en armure, et une poignée de soldat. Les assassins toisent les nouveaux arrivants de leur regard plein de haine. Puis ils étirent un sourire mauvais.
       - Changement de programme les gars, je crois que ce soir on va se faire un officier.
       - Approchez chien de rebelle ! Hurle le sergent chauve levant son bouclier avec son escouade.
      Les brigands se rue sur les gardes, qui dans un premier temps encaisse le choc, en bataille rangée, dans la mêlée deux rebelles tombent sans vie après que les glaives de la justice implacable des Soldats aient fondu sur eux. Wayne, avait l’esprit troublé, son regard se baladant sur le champ de bataille, tremblant, d’un point à l’autre, incapable de se remettre debout, l’effet de l’adrénaline s’estompait et il accusait le coup des minutes de lutte précédente.
      D’un côté un garde s’effondre à genoux, les assassins supérieurs en nombre s’y mettent à trois pour l’achever, de l’autre côté une ombre se glisse derrière le sergent et lui poignarde les reins, celui ci se retourne pour décocher un revers d’épée. Mais sa lame ne percutera que du vide. Les gardes faiblissent face au nombre, un autre tombe, puis un autre. Il tourne son regard et il le voit, impassible, il a jeté sa pistole pour accueillir ses agresseurs, sans même l’avoir perçu, le Lieutenant avait dégainé, frappé d'estoc perforant la carotide, la lame traversant la gorge de son adversaire de part en part, en un battement de cil l’acier blanc luisant de sang avait disparu de la blessure, l’homme s’effondrant sans vie. Il tourne sur lui même, s’élance, et d’un revers fend en deux le visage d’une femme qui dans un sanglot étouffé lâche son arme plaquant sa main sur sa plaie, alors que l’officier glisse dans son dos, tourne son épée, la prend en prise inversée, plaque la froide lame sur la gorge de la jeune femme et tire d’un coup sec. Un gargouillis sanguinolent et deux spasme plus tard elle gisait au sol. Le combat tournait court, le Sergent un genoux à terre était aux portes de la mort, crachant de longue gerbe de sang, son escorte au sol à ses côtés avait eux déjà rendu l’âme. Du côté des assassins ce n’était pas plus glorieux, la douzaine de furtif avait été réduit en charpie également. Seul deux était encore en lice. Une dague dans le coeur plus tard et le Sergent rendait l’âme, tout en toisant son vis à vis d’un regard plein de haine.
       Mais c’était sans compter sur le Lieutenant encore bien là, l’assassin se retourne frappe de sa dague, elle est contrée par l’officier qui met le brigand au sol d’une balayette, l’autre se rue sur lui, il sera repoussé d’une gifle d’un revers de la main, alors que le premier au sol sera déjà achevé d’un geste leste du sabre de Jonathan sur sa gorge. Mais le second revient, l’homme aux yeux d’émeraude se relève, contre, exécute une botte, entaille la cuisse de son adversaire, tranche le bras, et revient d’un revers sec ouvrir le ventre de sa cible. Gardant la pose, sa lame ensanglantée vibrant dans l’air alors que le dernier tombe doucement au sol exhalant son dernier râle tout en essayant de remettre ses boyaux en place.
       Wayne avait tout vu les yeux écarquillés, rougit par la fatigue et les larmes de voir tant de sang et vies perdues ici. Il s’évanouit quelques instant.
Lorsqu’il revint à lui, il était toujours au sol, dans cette clairière les cadavres d’hommes et de femmes s'empilent tout autour de lui, la boue se mêlant au sang, une odeur âcre flotte dans l’air. Alors que le clair de lune éclaire les visages blafard des morts. Il aurait tant voulu que ce soit un rêve. Il regarde au loin, une silhouette se dessine dans la pénombre, seule, droite dans son long manteau aux couleurs de la nuit, son tricorne dans une main, il a la tête levée et contemple la lune, a ses côtés planté dans le sol se dessine l’ombre de son épée. Wayne rassemble ses dernières forces, pousse sur ses bras et ses jambes et parvient à tituber vers la silhouette qui le remarque, tourne la tête doucement.
       - Hammerton? Vous êtes donc toujours en vie. Dit platement l’officier en hochant vers Wayne.
       - Je... Oui… Répond la recrue embarrassée tout en détournant le regard, il observe les cadavres autours de lui. Mais, qui est ce?
       - Des rebelles, des gens qui s’opposent à la politique du mur. Explique Jonathan sans même regarder sa recrue, son tricorne sous un bras et s’affairant à nettoyer ses ongles du sang séché sur ses doigts de son autre main. De la vermine, je ne sais pas comment elle a pu être au courant que nous faisions un exercice dans la région. Ils n’ont pas pu résister à l’idée de trucider des recrues isolée et sans expériences. Quand je m’en suis aperçu c’était trop tard.
      - Merci Lieutenant, de m’avoir sauvé.
      - Ce n’est pas moi qu’il faut remercier. Lance le Lieutenant en remettant son tricorne en place. Mais eux ils ont donné plus que moi.
     Il désigne d’un mouvement de tête les recrues et les gardes qui gisent au sol, sans vie, le regard vitreux.
     - J’imagine que les recrues que tu a voulu conserver doivent t’être reconnaissante maintenant. Va leur dire ça maintenant.
     Wayne grimace posant son regard sur les cadavre de Jack, Marie et Brann.
     - Ce n’est pas ce que je voulais Lieutenant.
     - C’est la guerre, Hammerton, tout ne se passe pas comme on le veut. Ajoute Jonathan arrachant son épée du sol puis désigne les cadavres de la pointe. Ta décision a tué cinq gardes compétent, et trois innocents, si j’exclue les faibles c’est aussi pour les protéger eux, Hammerton. Tu vas devoir vivre avec ça maintenant. Tout le monde n'est pas fait pour être soldat, si nous crevons ici c'est pour que d'autre n'aient pas à le faire. C'est comme ça c'est injuste mais c'est simple et c'est les fondements de notre civilisation.
     Wayne ne savait quoi répondre, la logique de son officier était cinglante et sans appel pour lui maintenant. Il s’était trompé, sur toute la ligne.
     - J’avais tort Lieutenant, et pour être sincère, je pensais que vous ne saviez même pas vous battre.
    Walter était en train de nettoyer sa lame avec un linge il s’arrête un instant, tourne son regard vers sa recrue, étire un fin sourire, son regard émeraude plein de malice le pénétrant.
     - Tu en doutais?
     - Je n’en doute plus. Mais pourquoi ne jamais nous avoir montré à l'entraînement.
   L’Officier se redresse, rengaine son épée, et s’approche, sans quitter sa recrue des yeux.
    - Parce que nos ennemis sont partout Hammerton, l'attaque de ce soir le prouve. Je ne suis pas là pour le prestige, je ne suis pas une bête de cirque, un gladiateur qui parcourt les tournois. Je suis un Soldat prêt à tout pour m’assurer la victoire, et quand je combat quelqu’un en vrai, je veux qu’il ignore ce dont je suis capable. Et avoir un chef fort au combat, ce n’est pas ce qui importe, a ce titre là nous nous rangerons aux rangs des orcs et de leur Mak’gora. Je ne suis pas là pour les excès de virilité, je suis là pour accomplir ma mission. Rentrons.
   Son ton et son pas pressant était sans appel, son manteau volant à sa suite, pour disparaître dans le brouillard de la nuit. Wayne resta un instant, méditant sur sa chance d’être en vie, puis saisit son courage, il était prêt à suivre cet homme. Ses jambes se mirent en mouvement toutes seules.

           







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L'écume de la Haine par Jonathan Walter Empty Re: L'écume de la Haine par Jonathan Walter

Message  Jonathan Walter Sam 30 Nov 2019, 19:44


Chapitre 15 :

Ambiance musicale :



       
 

        Le Caporal Hammerton se tenait là. Sur le perron du bâtiment de commandement de la caserne. Il observe de son œil aguerri maintenant les nouvelles recrues qui s'entraîne. C’était la fin de l’été, le soleil commençait à décliner, les jours se raccourcissait. La pénombre classique de Gilnéas ainsi que son humidité n’allait pas tarder à revenir en force cette année, il le sentait. Un de ses hommes l’aborde.
       - Caporal?
       - Oui Soldat. Demande t il en se détournant de l'entraînement en contrebas.
       - Le Lieutenant veut vous voir dans son bureau.
      Sans dire un mot le jeune Caporal entre dans le bâtiment, le pas sûr, il connaît les lieux à présent, arrivant devant l’antre de l’officier il frappe puis entre. Ce bureau est toujours aussi rangé, sans aucune fantaisie, objet personnel, tout ce qui trône ça et là a une quelconque utilité pour accomplir la mission du Lieutenant. Pas une oeuvre d’art, pas un bibelot, à l’image de Lieutenant Walter, sobre et organisé.
     L’officier est debout, une lettre en main derrière son bureau. Il lève son regard émeraude à l’entrée de son subordonné. Il avait quelque peu changé depuis le temps, ses cheveux de jais toujours aménagé en une raie discipliné sur le côté était toujours présent, mais en plus de ça il arborait à présent une courte barbe noire, bien taillée et élégante. Une façon peut être de paraître plus âgé. Un instrument d’autorité envers ses hommes. Il toise Wayne l’air grave, et jette d’un geste las la lettre sur le bureau.
     - J’ai une nouvelle affectation. Annonce l’officier tout en faisant signe à son Caporal de prendre connaissance de la missive.
     Le jeune homme s’avance prudemment, prend le parchemin faisant une moue avant d’annoncer.
     - Je ne sais pas lire Lieutenant…
    L’officier lâche un soupire prenant la lettre des mains de Wayne.
    - Je suis promue Capitaine, Hammerton, et on m’envoie sur le Mur.
    - C’est formidable Lieutenant, enfin je veux dire Capitaine ! S’exclame le garçon en faisant un salut de circonstance. Rendez vous compte ! Capitaine à votre âge, vous n’avez même pas 30 ans ! Et sur le mur en plus ! La fierté de notre patrie ! Vous devez être en joie !
    - Je ne sais pas quoi penser de cette affectation. Peut être. Dit Jonathan, réfléchissant la main sous le menton, il semblait soucieux. Mais je n’irai pas seul, vous allez venir avec moi Sergent Hammerton.
    - Quoi? Sergent? Mais ! C’est trop d’honneur ! Je… Balbutie difficilement Wayne.
    - Vous réfléchissez trop, obéissez et c’est tout.
    - Oui mon Capitaine !
     Après un salut impeccable il sortit du bureau, il était aux anges. Une promotion et une nouvelle affectation c’était une sacrée bonne nouvelle pour lui. Enfin il était reconnu pour ce qu’il était, un bon soldat. Mais il gardait hélas en travers de la gorge ses fautes du passé. Il essayait vainement de se défaire de ses remords dans le dur labeur du garde, l’abnégation guerrière et le dévouement à son officier et à sa patrie.

------------------------------------------------------------

     Son lourd manteau de cuir d’officier bleu nuit exécutait une harmonieuse valse Gilnéene, alors qu’il se tenait sur le toit du monde pour lui. Les mains jointes en son dos, le regard perçant perdu sur l’horizon. En contrebas il voit tous les villages abandonnés suite à la construction du mur, au loin la forêt des pins argentés à perte de vue. Calme, pas de mouvement suspect, rien à l’horizon. Aujourd’hui il est au sommet dans tous les sens du terme. Il est allé plus loin que n’importe lequel de ses ancêtres, plus loin que son père n’aurait jamais pu espérer. Quant à sa mère. Il n’en savait rien, mis à part ses yeux qui ne ressemblait pas à celui de son géniteur. Il en avait déduit très tôt dans l’enfance qu’il avait ceux de sa mère. Mais rien d’autre, on ne parlait pas de ça à la maison. Il aurait voulu la connaître, savoir ce que ça faisait d’avoir quelqu’un qui nous aime depuis l’enfance ou peut être était elle tout aussi cruelle et garce que son père. A quoi bon se lamenter.
    C’est dans cet instant de faiblesse, ses tergiversations sur l’amour maternel, que lui vint une pensée, une pensée tout aussi déplaisante. C’était enfoui en lui pendant longtemps, et pourtant cela refait surface aujourd’hui, pourquoi? C’était en observant l’horizon.

   
“Sarah, où est tu en ce moment ?”

   Elle pouvait être là face à lui, en Lordaeron peut être. Il se retourne un instant, observe sa patrie dans la pénombre silencieuse du crépuscule. Ou peut être est elle toujours à Gilnéas. Quel genre de vie peut elle mener maintenant cette traîtresse. Celle qu’il avait aimé sans réserve, qu’il aurait aimé serrer contre lui éternellement, et pourtant, quand ils auraient pu enfin être réuni. Elle n’était pas là. A ces pensées il sentit une bête insidieuse en lui, un monstre tentaculaire, dont les pseudopodes ornées de griffe lui lacéraient les entrailles. Il se détourne de Gilnéas, se maudissant lui même pour avoir de telles pensées, de telles faiblesses. Il ferme ses paupières, et c’est alors qu’il sent une caresse humide creuser un sillon le long de sa joue. Il ouvre les yeux, incrédule, passe son doigt gantelet de cuir sur sa pommette. Et il l’a voit, au bout de son épais gant, une simple goutte cristalline qui reflète la lumière du crépuscule. Le regard mélancolique il l’observe avant de vite se raviser, d’une moue rageuse, il foudroie du regard le fruit de sa faiblesse, avant de s’en débarrasser d’un geste sec.
    La perle de regret et de souffrance allant chuter du haut du mur, pour se disloquer une bonne fois pour toute dans les vents vifs de Gilnéas.
    - Capitaine Walter?
    Jonathan se retourne précipitamment, reprend contenance et impose son masque impassible à son visage.
   - Sergent Hammerton?
   - Vos quartiers sont prêt et vous attendent, de plus les hommes de la garnison attendent vos mots de circonstance pour votre arrivé et leurs nouvelles affectations.
   - J’arrive.
   Wayne tourne les talons après son salut. Il est rodé maintenant. Le Capitaine lui restera encore un instant à contempler le monde d’en haut, il ne s’en lassera jamais. Le sommet du pouvoir peut être grisant pour certain homme.

Fin du Livre I

           







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Message  Jonathan Walter Ven 11 Mar 2022, 16:26

L'écume de la Haine par Jonathan Walter Walter11

Livre 2 : Plongée en eau profonde



Chapitre 1 :

Ambiance musicale :

       
 

     La brume enveloppait la rive dans son linceul dans une nuit sans étoile propice à la discrétion. Sur la mer glacée une embarcation glisse sur les flots calmes dont les vagues paresseuses lèche la côte sombre. A son bord, plusieurs hommes et femmes, sanglés de cuir, aux épaisses capes, la capuche rabaissée sur leurs têtes. Mais malgré cette dissimulation l'inquiétude se lit sur leurs visages. Pas un mot durant la traversé, pas un gémissement ne se fait entendre, comme si de leur silence dépendait leur vie.

     La barque fend les courants jusqu’à la rive, c’est avec souplesse, maîtrise et vitesse que les individus mystérieux descendent d’embarcation, leurs bottes de cuir entrant en contact avec l’eau gelée de cette fin d’automne. Tel des ombres, ils s’appliquent à décharger des caisses et des tonneaux. Le tout est emporté à l'abris des regards, dans une crique alors que la barque sera habilement dissimulée, ses traces effacées. Une ombre plus souple que les autres, ouvre une caisse s’assurant de son contenu. Sous sa capuche, un visage résolument féminin, fin, mais les traits fatigués. Un regard noisette profond souligné d’un coup de fusain noir, avise la cargaison, l’air décidé elle apprécie son vis à vis silencieuse. Alors qu’un homme se présente derrière elle pour finalement murmurer.
        - Tout est en place, nous somme arrivé à bon port, il ne reste plus qu'à acheminer toutes ses armes jusqu’aux QG de la résistance.
        - Du beau travail, Gilnéas sera bientôt libre si nous continuons nos efforts. Répond de manière placide la jeune femme.
        - J’espère juste que… Balbutie le jeune homme.
        - Qu’est ce qu’il y a Oliver? Parle, tu sais que tout le monde a toujours pu parler librement ici.
        - Non rien, c’est juste que les nouvelles ne sont pas très bonne pour la résistance en ce moment. Plusieurs QG ont été investi et des camarades prisonniers.
    La jeune femme se retourne vers l’homme qui s’applique à regarder à terre pour ne pas croiser le regard sévère de l’ombre féminine. Elle fulmine et bout de l’intérieur, mais elle ne doit pas crier, personne ne le peut ici.
        - Comment cela a t il pu se produire?! Pourquoi on ne m’en informe que maintenant?!
        - Et bien, vous étiez en Lordaeron pour acheter ses armes, et une fois ici notre mission prévalait je ne voulais pas vous ennuyer avec ça s’explique Oliver.
        - Bon sang. Qu’est ce qui a merdé? On a des traîtres? Une taupe?
        - Pas qu’on sache, mais d’après les rumeurs, on parle d’un nouveau Capitaine du Mur. Un type qui fait du zèle même au delà de sa juridiction, c’est à lui qu’on attribue toutes les captures récentes.

    La jeune femme peste intérieurement, retournant à ses occupations d’inspection, le visage encore plus creusé par l'inquiétude. Demain il allait falloir conduire ses armes en lieux sûr, leur travail était loin d’être terminé, et la politique du mur encore moins. Elle maudit ce Capitaine une grande partie de la nuit, quand sa garde pu prendre fin, elle entra dans la grotte au sein de la crique, se dirigea vers ses quartiers, croisant divers camarade, couchés çà et là dans un chaos bien organisé. Ses quartiers était un bien grand mot au vu des circonstance, c’était plutôt un petit havre d’intimité dans la promiscuité des activités de contrebande.

    Elle se délaissa un instant, retirant la plupart de ses sangles, posant dague, sabre, couteau de lancé, pistole. Se passa un coup d’eau fraîche sur le visage puis s’allongea sur sa couche à la lueur d’une lanterne. De sa doublure, tout près de son cœur elle sortit un vélin, il avait bien vécu et ne datait pas d’hier, mais elle le lit une nouvelle fois. Comme tous les soirs depuis plusieurs années maintenant. Une lettre d’amour, un amour perdu jadis. Elle ferme les yeux, plaquant la missive contre son cœur. Une vague enivrante parcourant son corps, ressourçant son esprit, soulageant sa tension, détendant ses muscles crispées par l’effort et le manque de sommeil. Elle était là sa motivation, un jour elle détruirait le système responsable de l'embrigadement de son amour, un jour, quand Gilnéas aura changé elle pourra le retrouver. Un jour elle pourra entendre sa voix l’appeler “Ma tendre Sarah” et ce ne sera plus un simple souvenir gravé sur du papier.

    Alors qu’elle s’oublie dans les profondeurs du sommeil. Une détonation sourde résonne à travers la grotte. Elle se relève en sursaut, ressangle son baudrier de cuir, et abaisse sa capuche avant de prendre les devants. A l’entrée c’est la panique, les hommes se relèvent prêt au combat, se cachent dans les recoins de la roche pour tendre de vaine embuscade face à un ennemi encore non identifié. Une seconde détonation dehors, des cris d’hommes, de la poussière tombe du plafond.
        - Quoi encore? Marmonne Sarah, le regard alerte.
        - Les troupes régulières ! Hurle un rebelle de garde en venant chercher refuge dans la grotte avant de se faire rafler par une balle lui perforant le cœur, tombant net au sol.
    La jeune femme grimace en voyant son camarade repeindre le sol de son sang. Elle sort sa pistole prête. Ils sont acculés, aucune porte de sortie, il va falloir combattre cette fois. Et au fond d’elle, c’est ce qu’elle voulait, elle avait besoin de faire s’incarner sa haine, détruire et libérer sa colère qu’elle dissimule depuis des années. Le temps des filatures, de la contrebande et de la guerre fantôme était fini. Aujourd’hui elle se vengera du système qui l’a écarté, du système pour qui elle avait tout sacrifié, du système qui lui a volé son amour et son avenir.

     Un premier contact avec un Garde passe à sa portée, elle jaillit tel un tigre, elle lui sectionne la carotide d’un geste sec de son sabre. Les yeux dépourvu de compassion, seule la haine transpire de ses prunelles noisette jadis si innocente et naïve. Un autre la charge, elle lève platement sa senestre armée d’une pistole, sans hésiter, elle appuie sur la détente, la détonation est sèche, le casque du garde percé, son crâne perforé, il tombe à ses pieds. Autour d’elle les corps tombent, la lutte continue pour certain. La plupart sont rué de coup, assommé. Les Gardes ont dû avoir des indications, pas trop de mort, les prisonniers doivent parler. Deux soldats arrivent sur elle, elle lâche sa pistole, s’empare d’un poignard. D’une torsion des reins elle esquive une attaque latéral, se relève d’un sursaut, et dans son élan plante la dague dans la nuque de la boîte de conserve qui l’assaille. Elle pivote sur elle même utilisant le corps du soldat mourant pour parer une attaque de l’autre, lui jette dessus s’en sert comme tremplin et de manière fulgurante assénera un fouetté du pied dans le casque du Garde qui volera plus loin, rebondissant contre une paroi, séché au sol sous l’impact il sera vite achevé d’une lame dans le cœur.

    Elle tue, tout sur son sillage, quelques coupures sont cuisantes. Mais elle isole la douleur dans un coin de son esprit. Après des minutes de lutte, à bout de souffle elle prend enfin conscience de la dure réalité. Elle est acculée contre une paroi, des dizaines de soldats autour d’elle, arme à feu braquée sur sa personne. Plus aucun camarade, tous morts ou capturés. Elle halète, tel un animal blessé, un tigre sauvage qu’on essaye de mettre en cage. Mais la raison l’emporte, elle ferme les yeux, elle lâche son arme, elle se rend. Bienheureux sont les morts, au moins pour eux, tout est déjà terminé.




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Message  Jonathan Walter Ven 18 Mar 2022, 16:07

Livre 2 : Plongée en eau profonde



Chapitre 2 :

Ambiance musicale :

       
 

     Les mains sur la tête, sur cette plage de galets glacés battus par les vents et les flots que sont rassemblés les survivants. Sous la brume timidement percée par le jour qui pointe en cette fin d’automne sur Gilnéas. Hommes et femmes, à genou attendent un verdict qui ne vient pas. Scène qui en rappelle une autre pour la jeune femme au regard noisette, les feuilles mortes remplacées par ces pierres gelées, les arbalètes par des fusils, les orcs et leur famille par elle et les rebelles. Elle surveille les allers et venues des soldats de son regard de fauve indompté, jamais elle ne parlera et elle défie quiconque de lui faire penser le contraire. Déterminée comme jamais elle attire brièvement l’attention d’un jeune sergent aux cheveux châtain. Celui ci détourne son regard, visiblement peu à l’aise à l’idée de torturer une femme. Un silence de mort rôde dans la crique, l’humidité et le froid burinent les visages des prisonniers dans cette attente interminable, les genoux sont bientôt rongés jusqu’au sang, les jambes ankylosé comme jamais. Le doute s’installe personne ne sait ce qu’il va se passer.
           - Tout va bien pour vous? Chuchote une voix masculine.
    La jeune femme se retourne timidement pour ne pas attirer l’attention, c’était Oliver, ce jeune rebelle plein de bon sentiment. Le visage déjà en sang, il s’était semble t’il bien battu.
          - Tout va bien pour moi, ne t’en fais pas, reste concentré. Répond Sarah dans un chuchotement qui se voulait rassurant. On va s’en sortir je te le promet.
          - Silence ! Hurle une voix rauque.
    C’est alors sans ménagement qu’une crosse en bois de noyer percute la mâchoire d’Oliver, au sol, incapable d’articuler quoi que ce soit, la mandibule en miette. Il ne fait qu’émettre un râle et des gargouillis sanglant.
    Sarah s’applique à détourner son regard, toujours regarder droit devant soi, son front se plissant de tristesse et d’empathie pour son camarade. Rester calme, sinon d’autres payeront pour elle.
    Les râles continuent, elle ne regarde pas, mais elle sent qu’il ne s’est toujours pas relevé. Des gémissement de douleurs, un encombrement bronchique, des déglutitions maladroite. Ces yeux s’humidifient, elle les fermes, fort. Elle fait tout pour ne pas l’entendre mourir derrière elle. En vain, de plus en plus saccadée, encore et encore, les soldats ne font rien, les rebelles non plus. La tristesse, l’empathie, puis la colère, la haine, elle ne supporte plus, elle est à deux doigts de se retourner là maintenant et de lui hurler de fermer sa gueule et de mourir en silence. Une dernière exhalation et sa vie s’échappe, Oliver est mort, enfin. Elle a honte d’être soulagée par son décès, mais cela faisait maintenant 4 heures qu’il était à l’article de la mort.
          - Le Capitaine arrive. Annonce le sergent châtain.
    Des pas lourds et métalliques frappe le gravier, un long manteau de cuir bleu nuit danse au rythme de la houle du vent iodé. La posture droite, martiale, il ne regarde pas les prisonnier, pourtant il les passe en revu. L’homme est impressionnant pourtant il n’est pas si grand, ses traits altiers et sévère ignore le monde qui l’entoure. Une barbe noire courte, ornée d’une fine moustache et des cheveux arrangés en une raie disciplinée parachève son portrait d’austérité et de rigueur. Le sergent trottine à sa suite faisant son rapport.
          - Nous avons une quarantaine de prisonnier survivant, tous rendu coupable au minimum de contrebande et de rébellion par résistance à nos agents. Des stocks d’armes en grande quantités issu de Lordaeron ont été retrouvés dans les grottes et placés sous scellé. Et après observation je pense que c’est elle la meneuse.
    Les deux officiers s’arrêtent, le sergent désigne la féline aux yeux noisettes, qui les défie du regard. C’est là qu’elle le voit, ce regard émeraude qu’elle a jadis su apprivoiser, su aimer. Impossible, cette lueur unique d’ambition, dans lequel bien au fond elle avait pu y voir de l’amour. Lui, c’était donc lui le Capitaine tyrannique. L’officier supérieur détourne vite son regard, se tenant droit et de dos à la tigresse dont le regard avait changé, le sergent restant entre les deux, en retrait ne comprenant pas ce qu’il se passe.
          - Jon’? C’est… C’est toi?
     Le Capitaine regarde droit devant lui, impassible, alors que son lourd manteau vole au vent maritime, qui laisse planer un silence aussi glaçant que ces galets.
          - Jon’, c’est moi, Sarah. C’était donc toi ce Capitaine qui a tué tant des nôtres c’est ça? Je… Je n’ai pas voulu y croire et pourtant au fond de moi je savais que ça ne pouvait être que toi. Qui d’autre? Hein?
     L’officier prend une lente inspiration, la main légèrement tremblante bien qu’imperceptible pour ses hommes, alors que les yeux de Sarah s’humidifient.
          - Je t’en supplie Jon’... Retourne toi et dis moi que c’est faux, ce n’est pas toi?
     La main tremblante se pose sur la garde de son épée alors que les larmes coulent à flot le long des joues de la jeune femme, emportant avec elles le fusain sous ses yeux.
          - Jon’ ! Pitié regarde moi ! Dis moi qu’on va pouvoir vivre ensemble ! Dis moi que tu n’a pas tués et torturés tous ces gens ! Dis le moi ! Je t’en prie !
     Les yeux de l’officier se ferment doucement alors que les plaintes de Sarah se transforme en hurlement.
          - Jon’ ! Regarde moi ! Regarde moi putain ! Parle moi ! Tu me dois bien ça merde ! J’ai tout sacrifié pour toi ! JON’ ! On aurait pu vivre ensemble j’étais prête à tout pour toi ! Alors REGARDE MOI ! Dis le moi dans les yeux que ce n’est pas toi !
     Son dernier mot fût emporté dans un petit gémissement, elle hoquette de surprise, le souffle coupée. Alors qu’un sillon sanglant se dessine le long de sa gorge. Personne ne l’a vu dégainer, trancher et ranger son épée. Alors que le son cristallin de la vibration de l'acier dans l'air est toujours perceptible. Lui, est toujours de dos, comme si il n’avait jamais bougé. Elle regarde encore le Capitaine, les yeux pleins d’espoir, alors qu’elle est incapable de parler, le sang pourpre, glissant le long de son cou, alors qu’une larme cristalline coule sur la joue de l’austère capitaine. Se perdant vite dans sa barbe noir comme son âme corrompu, personne ne la verra. Alors que la jeune femme svelte aux cheveux de jais, bascule en avant, tombe au sol, ses yeux noisettes figées sur celui qu’elle aime, un sourire aux lèvres, ravie d’avoir revu l’élu de son coeur. Réunie dans la mort.
     Le jeune sergent, ayant aviser la scène sans la comprendre. Regarde son officier, l’interrogeant du regard, alors que celui ci ne daigne même pas poser les yeux sur lui, ses prunelles émeraudes figées devant lui.
         - Mon Capitaine?
         - Il n’y a pas de prisonnier survivant. Envoyez les par le fond. Ordonne le Capitaine, impassible tout en s'en allant.
         - Je… Bien.
      D’un signe de tête du sergent, les soldats s'exécutent comme d’un même homme, plongeant leurs dagues dans la nuques des survivants. C’est dans un même cri de douleur et de surprise que de tous s’échappera la vie sous la même brise que celle qui fait voler le manteau du Capitaine quittant les lieux. Capitaine Jonathan Walter, le despote sanglant du district Nord de Gilnéas, toujours fidèle à sa réputation.


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Message  Jonathan Walter Mer 30 Mar 2022, 11:15

Livre 2 : Plongée en eau profonde



Chapitre 3 :

Ambiance musicale :

       
 

        La brume s’était dissipée en cette fraîche nuit d’hiver, le capitaine seul sur la falaise escarpée de la côte Gilnéenne contemple les eaux. Observant le miroitement de la pleine lune sur l’onde vivante. Il avait toujours été intrigué par l’océan, mouvant et indomptable, toujours il s’était pris de passion pour ce qui pouvait se tapir dans la noirceur des abysses sans jamais avoir pu prendre le temps de vraiment s’y attarder, cela faisait bien longtemps que Gilnéas n’avait pas investi dans une flotte digne de ce nom. Il laisse les embruns de la mer fouetter son visage comme pour se purger. Mais le mal était déjà fait, depuis bien longtemps son âme avait été salit.
        Si elle avait été là, il aurait pu être un autre homme. Mais alors qu’ils auraient pu enfin être réunis, elle n’était pas là. Pourquoi n’était elle pas là?
        Il retire son tricorne noir, laissant sa crinière de jais embrasser l’air marin. Puis son long manteau aussi sombre que la nuit derrière lui. Son plastron de cuir, et sa chemise également. Il s’étire offrant son corps à la morsure glaciale du vent. Un corps luisant sous la pâle lueur de l’enfant bleu. Une musculature sèche et nerveuse, lardée de cicatrice en tout genre, trop nombreuses pour un corps censé être si jeune. Le corps est détendu, souple, mais l’esprit lui est torturé, tiraillé. Il doit la ramener, il ne peut pas la laisser dans une telle obscurité.
       Il profite de l’élan que lui offre une bourrasque de vent et se laisse emporter. Pendant un court instant les yeux clos il se sent libre, mais l’euphorie est de courte durée. L’océan exige son droit de passage. La douleur est cuisante et à la fois glacée, en une seconde il a l’impression qu’on l’a suriné de millier de lames froides comme la mort. Il gémit silencieusement sous la houle, le temps de reprendre en main son corps. Il bat des jambes et s’enfonce dans les profondeurs noirs.
       Il ne s’en était jamais rendu compte avant, mais il commence à être à l’aise dans l’eau, son cœur s’arrête presque, le pouls devient imperceptible, ses yeux s’habituent à l’obscurité, il n’a pas peur, il bouge lentement, progresse sûrement. Autour de lui se dressent des formes sombre, il entre dans un champ d’algue étrange, les ombres se balancent lentement au rythme de la houle. Le regard de jade s'accommode de l’absence de lumière, il peut maintenant voir ce qui l’entoure. Les corps se balancent silencieusement, paisiblement, les yeux clos comme des poupées de chiffon désarticulées. La centaine de corps brisé de ses compatriotes reposent dans la baie, les jambes liées par des cordes lestées par des boulets en acier. Il continue d’avancer dans ce champ de mort, un champ qu’il a lui même semé. Aujourd’hui il vient récolter le fruit de sa folie.

        C’est entre deux balancements morbide qu’il l'aperçoit, cette fine silhouette taillée pour la souplesse et l’agilité aujourd’hui entravée et livrée au grès des flots. Il s’approche, observe son pâle visage, il semble apaisé, un léger sourire aux lèvres demeure. Celui qu’elle avait à sa mort, était elle amoureuse au point d’être heureuse d’être assassinée par son âme sœur, ou au contraire heureuse d’avoir fuit loin de lui ce jour là sachant ce qu’il allait devenir. Un tout autre sourire était visible, celui ci traçant un long sillon le long de sa gorge ouverte et vide à présent mais nulle trace de regret sur son visage encadré par sa chevelure d’ébène dansante au rythme des flots. Celle qu’il avait aimé caresser et voir virevolté au fur et à mesure des combats. Il se maudit d’avoir cédé, si il avait voulu rester seul, il n’en serait pas là aujourd’hui. D’un geste sec il tranche l’entrave de la jeune femme et remonte à la surface, le silence de mort s’évapore alors qu’il brise la ligne d’eau. Reprend sa respiration, nage jusqu’à la rive, ballotté par les vagues et le vent, le monde était bien plus paisible sous la surface. Il sort de l’eau, portant le corps de sa bien aimée, marche sur le sable humide, jusqu’alors immaculé, il porte maintenant la trace de ses lourdes bottes. Sans un regard en arrière il remonte la falaise, les bras chargés de son macabre butin.
         Une fois en haut, il dépose son trésor sur un lit d’herbe, s’applique à remettre ses vêtements sec. S’empare ensuite d’une pelle qu’il avait plantée là auparavant. Et commence sa besogne, labourant la terre sans s’arrêter, coup après coup, parfois en gémissant de douleur, de froid ou de chagrin, grattant la terre de ses ongles pour retirer les pierres qu’il ne peut briser de sa pelle. Les larmes coulent le long de ses joues, se noyant dans sa barbe noir de jais.

         Une fois la tombe creusée, il s’applique à déposer délicatement le corps de la jeune femme au fond, la serrant une dernière fois dans ses bras. Ajustant ses cheveux, posant ses lèvres sur son front, avant de la rendre à la terre. C’est en ajustant les vêtements de la jeune femme lors de la mise en terre qu’il constate quelque chose, il tâte un instant la doublure au niveau du cœur de la jeune femme, il en sort une petite boite métallique qu’il ouvre c’est là qu’il la retrouve, usée par le temps, mais conservé des flots, la lettre qu’il a écrite jadis, son cœur se retourne. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Une larme de plus dégringole le long de son nez alors qu’il retourne la lettre, derrière il arrive à lire une mention, écrite à la main, celle de Sarah.

“Ne l’oublie pas, continue d’espérer, un jour tu le retrouvera.”

      Il resta là, devant la sépulture fraîche, qu’il vient de recouvrir de terre, elle et ses souvenirs, la lettre et ses souffrances. La posture droite, le tricorne sur le cœur, le manteau bleu nuit volant au fil du vent iodé toute la nuit. C’est lorsque le jour se lève qu’il était assis contre l'amas rocheux au seuil de la tombe, à moitié endormi, voir à demi mort. Il avait les traits tirés, le teint pâle, les yeux cernés, dans lesquels une lueur s'était éteinte. Un bruit de pas s’approche du tombeau, il ne réagit pas.
             - Cap… Capitaine? C’est vous?
      Il relève son regard mollement, il voit Wayne Hammerton, son sergent au regard de saumon, un regard qui ne comprend pas les choses les plus élémentaires. On dit que certain voit ce que d’autre ne peuvent voir, lui c’était l’inverse.
             - Ca fait deux jours que tout le monde vous cherche Capitaine, que faites vous là? On voulait vous remettre les honneurs pour votre dernier coup de filet.
      Le Capitaine se relève, en s’aidant de la paroi rocheuse dans un gémissement rauque, et en un instant il domine son subalterne de sa prestance, le feu gangrené de ses yeux se rallumant instantanément.
             - Je n’ai pas de temps à perdre avec les mondanités. Je laisse ça aux autres, je suis un Soldat pas un gladiateur de foire qu’on montre au public. Rangez moi ça.
      Il s’éclipse, livrant violemment la pelle entre les mains du Sergent, qui tente de ne pas la laisser tomber, s’en suit ensuite un coup d’épaule pour le malheureux sur son passage. Incrédule, le jeune Sergent regarde autour de lui, ses yeux allant de la pelle entre ses mains au monticule de terre fraîchement retourné sur le bord de la falaise, livré au vent et à la nature. Comprendra t il seulement un jour ce qu’a pu ressentir et faire son officier?


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Message  Jonathan Walter Ven 29 Avr 2022, 01:01

Livre 2 : Plongée en eau profonde



Chapitre 4 :

Ambiance musicale :

       
 

      Le dos droit, la posture impeccable tel un épervier sur son perchoir. Une longue vue près du visage il observe la forêt des pins argentés du haut des murs. Son épais manteau d’hiver au vent. Le jeune Capitaine observe l’horizon, et rien. Comme d’habitude, cela faisait plusieurs années qu’il n’y avait rien, pourquoi en ce jour de début de l’hiver ce serait différent? Les jours passent et se ressemblent sur le mur. Il était maintenant bel et bien admis par tous que les portes étaient et demeureraient closes. Les fidèles à Gilnéas de bois du bûcher avait été depuis longtemps rapatrié entre les murs. Tandis que les habitants du royaume voisin de Lordaeron s’étaient résigné à renoncer à toute forme de diplomatie avec les sujets du vieux loup gris.
       - Capitaine Walter? Vous n’êtes pas obligé de surveiller le mur par vous même vous savez vous avez des hommes fidèles pour…
       - Je fais ce pourquoi on m’a affecté ici Hammerton. Répondit le jeune Capitaine à son sergent.
       - Je vois. Mais ça fait des mois que plus personne n’ose approcher… Seuls les troubles à l’intérieur de nos murs demeurent. D’ailleurs vous êtes allé au dernier bal au manoir en l’honneur de nos récentes réussites militaire?
       - Non. Répond platement le capitaine l’oeil avisé toujours dans sa longue vue. Pourquoi un soldat irait à un bal?
       - Et bien capitaine, vous êtes l’une des raisons pour laquelle la répression est efficace en ce moment et il paraît normal aux yeux de certain que vous puissiez être présent pour présenter les résultats à la noblesse…
     Le jeune officier se retourne, fusillant son aide de camp de son regard gangrené. Il lui tend sa longue vue et tourne les talons.
       - Je suis un soldat pas une potiche à exposer en public, ils savent se débrouiller sans moi.
       - Je… Très bien Capitaine.
       - Un convoi approche de toute façon pas le temps d’aller à la capitale ou au manoir..
       - Quoi?! S’étonne Wayne en regardant nerveusement dans la longue vue, cherchant dans toutes les directions.
       - Ouvrez les portes mais laissez la herse je vais parlementer si ils essaient de nouer le contact. Ordonne le Capitaine en descendant du mur.
     Le sous officier parvient enfin à localiser la menace. Il voit brièvement un groupe de civil sortir du bois. Ils n’ont pas l’air armée ni hostile. Ils possèdent des chevaux, des chariots, un véritable exode.
     Le mur se met en branle sous les ordres du sergent, les gardes sont doublés. Les hommes à cran. Partout les rumeurs les plus folles prennent forme alors que des gens arrivent massivement devant le mur. Aucun contact n’a encore été noué. La nuit tombe et de petit campement se forme ça et là au pied de la fortification. Une multitude de feu de camp parsème l’horizon comme le reflet des étoiles de la voûte céleste sur la terre lugubre.
     Wayne s’approche d’un créneau du rempart où se trouve une petite troupe en sentinelle.
       - Vous avez pu découvrir des choses sur leurs intentions?
       - Rien sergent répond un jeune soldat blond, une cigarette roulée presque éteinte au creux des lèvres.
       - Au vu du parlé qu’on a pu brièvement entendre quand le sens du vent était en notre faveur c’est des natifs de Lordaeron. Complète un vieux briscard avec une barbe brune de quelques jours.
     Wayne se frotte le menton, observant les étoiles il réfléchi.
       - Qu’est ce que vous pensez de cette immigration Sergent? C’est insensé n’est ce pas? Demande le jeune à la cigarette.
       - Le modèle de vie Gilnéen est tellement réputé qu’il attire du monde je ne vois que ça, Davis.
       - Tu crois? Ils en ont peut être eux aussi marre des taxes pour les camps des orcs. Ce serait tellement bien qu’on puisse de nouveau vivre tous ensemble, j’ai de la famille en Lordaeron moi. Lance avec enthousiasme le jeune Davis à la cigarette.
       - J’en doute fortement rétorque le vieux soldat. Sergent?
     Wayne était toujours dans sa réflexion et n’avait pas participé au débat et le vieux soldat s’en était rendu compte.
       - Le Capitaine suspecte des rebelles. Meuble t il de manière placide.
       - Comment ça?
       - La plupart des armes des rebelles de Gilnéas venait de Lordaeron, on ne peut pas exclure que ce soit leur allié.
       - On comprend oui, des précautions s’imposent alors. Hoche le vieux soldat brun.
      Wayne poursuivi sa réflexion le long du mur en cette fraîche nuit, les soldats ne semblaient pas plus inquiet que cela même si bientôt les rumeurs les plus farfelus allaient courir leurs rangs.

     Les portes s’ouvrent au rythme des lourdes bottes cloutés du Capitaine sur les pavées de la route royale. Un long manteau sombre volant à sa suite, coiffé d’un tricorne, la posture droite et militaire, la barbe courte et la moustache bien arrangée toujours d’un noir d’ébène. Pour compléter le tableau, ses yeux vert et sévère parachève son portrait. La herse resta fermée, et une femme se présente devant, seule. Une silhouette fine et grande, une longue robe paysanne usée par le voyage. Une posture digne et un port noble. Le Capitaine s’approche de la herse, il peut maintenant voir ses traits barrés de l’ombre des barreaux au clair de lune. Une femme d’une quarantaine d’année, le visage fin, une beauté vieillissante mais toujours bien présente. Les traits marqués par les épreuves et les yeux fatigués. Elle coiffe ses cheveux en une longue natte d’or tressée de laquelle s’échappe quelques mèches pour accompagner son visage. Le capitaine arrive à sa hauteur le regard sévère qui le caractérise, la dévisageant.
         - Capitaine Walter de la Garnison du Mur Grisetête. Déclinez votre identité.
      Elle baisse la tête en signe de respect, puis relève son regard azur emplit d’une certaine empathie.
         - Je suis Jeanne Danford, j’ai été désignée par les miens pour venir vous parler. Je suis la meneuse de ce groupe en quelques sortes.
         - Qui sont les vôtres? Demande Jonathan en plissant le regard.
         - Alors vous n’êtes pas au courant Capitaine? Répond calmement la femme.
         - Au courant de quoi? Cessez de tourner autour du pot ! Dites nous pourquoi vous êtes là !
       Le Capitaine perd patience et frappe du poing sur la herse à en faire trembler les barreaux résonnant jusqu’aux mâchicoulis. De peur, la femme fait un pas en arrière puis observe le Capitaine de ses yeux empathiques avec un léger sourire compréhensif. Laissant planer un long silence autour de la poterne, le vent d’hiver maintenant s’engouffrant par delà le mur. Elle le scrute longuement comme une mère émue par l’innocence de son fils.
         - Capitaine… Nous sommes les survivants de Lordaeron. Le royaume est tombé, le Roi est mort.



Dernière édition par Jonathan Walter le Mar 30 Jan 2024, 10:37, édité 1 fois
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Message  Jonathan Walter Mar 24 Mai 2022, 18:39

Livre 2 : Plongée en eau profonde



Chapitre 5 :

Ambiance musicale :

       
 

   Les regards se figent l’un dans l’autre, l’un est vert et accusateur l’autre est bleu gris et sincère. Ils se sondent mutuellement, alors que la femme n’use d’aucun artifice pour masquer ses intentions.
         - Nous demandons asile au royaume de Gilnéas. Les morts eux même se relèvent sur nos terres et s’attaquent aux vivants. Annonce t elle avec aplomb, sa voix est douce et sûre et ne trahit aucune supercherie.
   Le jeune Capitaine, abasourdi par cette annonce, regarde autour de lui en quête de réponse et ne trouve aucun indice révélant la vaste blague de la femme en face de lui.
         - Je ne peux prendre cette responsabilité Danford, combien êtes vous au juste.
         - Plusieurs centaines, d’autre arriveront surement, comme je l’ai dit, notre royaume est en cendre à présent. Le fils a souillé sa lame avec le sang de son père.
         - Je dois me rendre à la cour. Hoche doucement Jonathan pour lui même puis il relève son regard vers la réfugiée. En attendant je vous ferai parvenir des vivres et des fournitures pour l’hiver, mais vous devez vous tenir tranquille.
         - Nous somme vos débiteurs, nous n’avons pas le choix et nous ferons en sorte que le calme règne. Répond elle dans une modeste révérence avant de tourner les talons.
   Le Capitaine Walter resta un instant sur place face à la grille, relevant son tricorne et passant une main dans son abondante chevelure noire de jais, puis faisant de même avec sa barbe, il réfléchit sous l'œil de son sergent.
         - Capitaine? Que fait t on?
   L’officier sort de sa réflexion, fusillant le monde de son regard émeraude avec ardeur. Il se met en marche, déterminé, ses bottes faisant voler en éclat la boue omniprésente de Gilnéas.
         - Un cheval. Ordonne Jonathan sans détour et en pressant son pas, le Sergent peinant à rester dans son giron.
   Un écuyer se presse d’apporter un coursier, ébène comme la nuit, un étalon nerveux qui ne manque pas de se cabrer lorsque le Capitaine monte en selle, usant de sa poigne pour maîtriser l’animal qui évacue son trop plein d’énergie par quelques nobles pas de côté.
         - Capitaine ! Relance le sergent.
         - Doublez la garde jour et nuit, personne n’entre ni ne sort pour l’instant. Envoyez trois quintaux de vivres et des fournitures pour l’hiver. Je me rend à la Capitale. Le mur est sous votre responsabilité en mon absence.
         - A vos ordres.
   Dans un cri gutturale l’officier lance sa monture à pleine vitesse alors que tous s’écarte de son chemin. Chevauchant à travers la campagne grisâtre Gilnéenne. Ce n’est qu’après plusieurs jours de voyage, l’épuisement de plusieurs chevaux laissés aux divers relais que le cavalier sombre comme la nuit , arriva en vue du manoir Grisetête. La nuit était pluvieuse comme toujours. Il mit pied à terre, le pas pressant, cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas présenté ici. Pourtant les gardes le reconnaissent et le laissent passer sans plus de politesse. Retirant ses gants de monte tout en parcourant les couloirs du manoir, il se dirige vers la salle de bal.


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    Les danseurs s’élançaient sur la piste au rythme d’une douce valse. La musique et le vin coulaient à flot. Les rires étaient aussi divers et variés que les différents masques, les conversations joyeuses et légères tout comme les mœurs. Sur une estrade le Baron de Malatray observe les convives, une tenue de soirée de soie légère noir aux finitions dorées ainsi que ses plus belles parures et médailles le décorent. Une épée à la ceinture, une flûte en cristal dans sa dextre alors que sa senestre repose sur son ventre rebondi par l’insouciance. De forte stature, il semble être un guerrier aguerri si ce n’est qu’il avait été fortement dénaturé par des années d’oisiveté et d’excès à la cour. Le teint violacé et un double menton se formant lentement mais sûrement. A peine trente cinq ans il en faisait déjà dix de plus. Assis lascivement dans un fauteuil il bat la mesure de son pied tranquillement, quand soudain, un coup de tonnerre gronde. Les deux immenses battant de la salle de bal s’ouvrent à la volée la faisant presque sortir de ses gonds dans un cri d’effroi de l’assemblée qui contemple ce qui pourrait s’apparenter à un cavalier de l’apocalypse.
   Le Capitaine Walter, svelte et mince contrastant avec la porte monumentale. La mine sale et boueuse, trempé jusqu’au os, dégoulinant sur les tapis prestigieux de la salle de réception. Des mèches d’ébènes humides barrant son regard déterminé et gangréné. Un silence de mort voile la salle qui contemple ce démon tout droit sorti de la nuit.
         - Lordaeron… Est tombé !
   L’indignation et les chuchotements vont bon train alors que, la main sur la fusée de son épée le capitaine fait quelques pas au milieu des convives qui lui cèdent la route. Les traits boueux, il contemple la peur sur les visages de son peuple. Il s’attarde quelques instants sur une fillette aux cheveux de jais et au yeux azur reclue dans un coin de la pièce. Quand l’imposant Baron, le sourire avenant s’interpose.
         - Allons, allons, mes amis, pas de panique. Il applaudit à deux mains, suivi par l'ensemble de la salle qui rit aux éclats. Très belle interprétation de l'ouverture de la porte des ténèbres mon cher ! Mais c'est le royaume de Hurlevent qui a chuté ce jour là ! Revoyez vos cours d'histoire !
   Le jeune Capitaine fusille du regard le noble qui le décrédibilise, grimaçant légèrement il le laisse faire son numéro. Seul au milieu de la cour hilare.
         - D’ailleurs mes amis, je vous présente le Capitaine Walter, grand farceur si il en est. Il nous fait l’honneur de sa présence. Car oui mes amis il s’agit bien de celui que les rebelles ont surnommé le Despote Sanglant du District Nord. Pour son travail assidu dans la protection de nos terres il mérite quelques applaudissements n’est ce pas?
   L’ensemble de la salle reprend alors une certaine contenance et se met à applaudir le Capitaine crasseux dans une scène surréaliste, alors que le Baron se permet à quelques familiarités, le dominant d’une bonne tête il le presse contre lui par l’épaule de manière chaleureuse comme s'ils étaient deux vieux amis. Jonathan grimaçant, méprisant l’assemblée et le spectacle qui s’offre à lui. C’est alors que le Baron lui chuchote à l’oreille.
        - Bien le Capitaine Walter à fait un long voyage, il est épuisé par sa boutade osée et je suis sûr qu’il va prendre un peu de repos avant que nous ne tirions cette histoire au clair.
   La fin de sa phrase bien entendu inaudible pour la cour, entrainant le frêle capitaine grâce à son gabarit.
        - Venez nous avons à parler.
   L’imposant noble emboîte alors le pas, suivi par un Capitaine peu enthousiaste. Il le mène dans une alcôve du manoir, sous un préau sur l’une des nombreuses terrasses alors que la pluie est battante au dehors comme toujours à Gilnéas.
        - Walter par toutes les saintes Moissons mais que vous arrive t il. Pourquoi débarquer comme cela pour répandre la panique? Demande le Baron l’air grave.
        - La situation est suffisamment préoccupante pour que je me passe des mondanités et du protocole.
        - Ah mon cher Walter vous ne changerez jamais. Alors que ce passe t’il par tous les diables?
        - Où est le Roi?
        - En maison de campagne avec sa famille, mais je peux lui faire porter message.
        - Des réfugiés. Déclare l’officier en soupirant. Des centaines et bientôt des milliers sans doute.
        - Quoi? Mais enfin pourquoi maintenant mon ami? S’enquit le noble tout en perdant son teint rosé et aviné au profit du blafard.
        - Le Royaume de Lordaeron est tombé, Arthas a souillé sa lame avec le sang de son père.
    Le bon vieux Gonzague de Malatray se met à réfléchir. Observant autour de lui.
        - Pour l’instant j’imagine que les consignes premières ne changent pas. Personne n’entre et personne ne sort de Gilnéas.
        - Mais ça n’a rien à voir avec une situation habituelle, nous parlons de potentiellement tout un royaume à nos portes.
        - Temporisez la situation je vais voir ce que je peux faire. Mais il est hors de question qu’on abandonne notre mode de vie pour ces… Lordaeronnais. Je vous ferai parvenir des instructions. Et de grâce, prenez un peu plus soin de coller au décors mon ami. Lance le Baron, en inspectant la doublure du manteau sombre du Capitaine avec familiarité et une moue de dégoût sur son visage de crapaud. Restez quelques jours et prenez le temps de vous détendre un peu, vous avez fait un excellent travail jusque là.
        - Je dois retourner auprès de mes hommes. Donnez moi un coursier frais et je repars, je ne gâcherai pas votre fête une minute de plus.
        - Je vous offre un verre le temps que votre cheval soit scellé. C’est la moindre des choses.


Dernière édition par Jonathan Walter le Sam 03 Fév 2024, 15:27, édité 1 fois
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Message  Jonathan Walter Sam 18 Juin 2022, 15:44

Livre 2 : Plongée en eau profonde



Chapitre 6 :

Ambiance musicale :

       
 

    C’est alors que le Baron et le Capitaine reparurent dans la salle de bal. Le Baron fit servir le soldat boueux et trempé d’un vin des plus délicat le temps qu’on lui scelle une nouvelle monture. Le noble s’esquiva bien vite pour honorer les invités, préférant sans doute leur compagnie à celle d’un Capitaine bourru issu de la roture. L’officier resta un instant à l’écart, observant les invités à bonne distance, la mine austère et sévère son verre à la main qu’il touche à peine. Une technique plutôt efficace et dissuasive, prévenant quiconque de venir lui adresser la parole. Jusque là personne n’avait osé venir se salir jusqu’à lui, il en était plutôt satisfait, surtout que le cheval tardait à être prêt. Alors qu’il se pensait en sécurité une ombre s’approcha de lui.
- Vous ne dansez pas? Dit une voix fluette, juvénile et féminine.
- Non. Lâche le Capitaine dans un soupire sans même regarder son vis à vis.
- Vous êtes soldat?
- Oui. Répond l’officier en tournant son regard vers la jeune fille.
    Celle ci semblait avoir une douzaine de printemps. Richement vêtue, des cheveux d’un noir de jais profond et des yeux azurs curieux, comme la plupart des enfants de son âge. Il reprend, trouvant un prétexte pour retourner à la solitude.
- Une jeune fille de bonne famille ne devrait pas parler à un roturier couvert de boue comme moi.
- Je ne suis pas totalement de bonne famille. Je suis en prison ici, vous au moins vous pouvez aller où bon vous semble.
- Le devoir est une autre forme de prison.
- Je préfère le devoir que la solitude et les bonnes manières.
- Des paroles bien naïves, moi et mes hommes payons sur le mur pour que d’autres n’aient pas à le faire. Alors contentez vous d’apprécier ce qu’on vous offre au lieu de vous plaindre petite sotte.
Elle ne lui répondit que d’un sourire en coin. Alors qu’un page arrive annonçant que la monture de Jonathan était prête. Il s’incline brièvement pour saluer la jeune fille et s’esquive de cette réception dans un soupire de soulagement. Il ferme la porte de la salle de bal, inspire le silence et la tranquillité une fois derrière les battants. Puis va rejoindre sa nouvelle monture, prêt à repartir sur le mur.

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    Chevauchant à travers champs et vallées, usant des postes de coursier pour changer de cheval et aller au plus vite, c’est sans s’arrêter outre mesure qu’il arrivera au mur au petit matin. Sans même prévenir les hommes de son retour, il rentre dans le poste de garde, monte sur le mur s’empare de sa longue vue et observe les changements, et il y’en a. Ici et là, de nouvelles tentes et campement ont fait leurs apparitions. Ils doivent êtres plus de mille à présent.
    Dans un fracas de chair et d’acier le capitaine souillé par les intempéries de sa terre natale dévale les escaliers pour faire face à son sergent.
- La situation Hammerton? Alors qu’il marche sans s’arrêter ensuite vers la caserne, tout en retirant ses gants de monte.
- Plus de 1300, Capitaine. Répond le jeune en tentant de suivre son supérieur dans la boue de la cour intérieur. Hommes, femmes, enfant, vieillard, il en arrive tous les jours. L’hiver vient, bientôt nous n’aurons plus de quoi les nourrir.
    La porte du bureau du capitaine s’ouvre à la volée. Jonathan jette son manteau sur un siège ainsi que son tricorne passant sa main dans ses cheveux de jais humide, son sergent à sa suite.
- Vous avez eu des instructions? La Noblesse va nous aider?
- Non, je ne pense pas. Nous somme seul comme d’habitude pour gérer cette crise.
    L’officier prend place, caressant sa barbe, la main sur la fusée de son épée. Ses yeux émeraude fixe, il réfléchit.
- Vous allez battre la campagne qui borde le mur. Racheter les surplus alimentaire des fermiers. Je veux des réserves pour un mois pour eux et pour nous. On baisse les soldes de moitié pour amortir cette dépense, si les hommes se plaignent, tant mieux, ce sera la geôle et demi ration.
- Oui Capitaine. Et vous?
- Je dois revoir cette Jeanne Danford, des rebelles se cachent peut être parmi eux. Les portes restent closes conformément aux vœux du Roi et l’intérêt de Gilnéas.
- A vos ordres. Répond le sergent en s’inclinant brièvement laissant le jeune Capitaine dans ses pensées.

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    Emmitouflée dans une cape, les traits marquées par la fatigue, la femme aux cheveux blond comme les blés marche vers le mur vertigineux, sa tresse d’or dansant avec le vent d’hiver. Elle se retourne un instant le regard plein de mélancolie, la perte de sa terre natale, les pauvres gens qui la suivent, la misère à laquelle ils sont réduit. Des tentes en peaux de bête, la fumée de quelques feux réconfortant au milieu du silence des hommes et des pleurs d’enfants, cela fait des semaines. Elle n’a jamais été une guerrière, jamais elle n’a tenu d’épée, pourtant on lui fait confiance. Car elle possède le courage d’aller jusqu’au bout, même si c’est difficile, la résilience et la détermination est sans faille. Elle affrontera une fois de plus l’inflexibilité du Capitaine aux yeux de jade.
    La porte s’ouvre, mais une lourde herse demeure toujours. Elle enroule ses maigres doigts autour des barreaux. Inutile une fois de plus elle ne bougera pas.
- Bonsoir Danford.
    Dans un des recoins des doubles portes, le Capitaine dos contre le mur, bras croisés la regarde à peine.
- Bonsoir Walter. Une fois de plus vous venez me voir en personne, je suis honorée que vous ne manquiez pas notre rendez-vous journalier.
   L’officier lâche un long soupire contris.
- La moindre des choses, c’est mon rôle ici de contrôler l’accès à ses portes. Vous vous doutez que comme tous les jours depuis presque un mois la réponse ne sera pas différente des autres fois. Je ne peux pas vous laisser passer.
- Je préfère regretter de ne pas réussir que regretter de ne pas essayer. Et puis si la réponse ne change pas vous pourriez tout aussi bien laisser un de vos sous fifre se charger de la sale besogne ou même ne pas me recevoir du tout.
   Jonathan s’approche d’elle, son regard plongeant dans le sien, il lui murmure presque.
- Vous n’avez plus rien, regardez ceux qui croient en vous. Leur courage ne tient qu’à un fil. Vous n’obtiendrez rien ici. Chuchote t il en désignant les tentes fumante recouverte de givre. Partez c’est ce que vous avez de mieux à faire, j’ai déjà fais mon maximum concernant les vivres.
- Je garde espoir Walter… Même si vous ne vous en rendez pas compte vous nous aidez. Je sais qu’au fond de vous il y a un cœur. Dit elle alors que sa mains passe à travers les barreaux pour se poser à plat sur la poitrine du soldat.
    Le capitaine exerce instantanément un mouvement de recul, ses traits se durcissent.
- Partez, allez en Khaz Modan ou à Hurlevent.
   Les yeux de la femme s’humidifie, elle relève son regard déterminé bien que sa voix soit chevrotante, retenant quelques soubresaut de colère.
- Mais vous ne comprenez pas?! Ici ! C’est tout ce qu’on a ! Traverser les montagnes d’Alterac en cette saison et c’est la mort pour nous !
- Je ne peux vous laisser rentrer ! Il peut y avoir des rebelles parmi vous.
- Les rebelles?! Mais vous n’avez que ce mot là à la bouche depuis des semaines, il n’y a ici que des hommes honnêtes des femmes des enfants et des vieillards ! Tous nos vrais combattant ont été dévoré par le fléau ! Ouvrez les yeux John’ ! Nous avons tout perdu !
- Y a t il des rebelles parmi vous oui ou non Danford?! Ordonne le Capitaine en haussant la voix.
    La femme, bouillonne de rage et détourne le regard pour ne pas laisser exploser sa colère, elle hésite à répondre.
- Pas tel que vous l’entendez.
- Précisez Danford nom d’un chien !
- La tension et la colère monte je ne vous le cache pas. Elle marque un temps d’arrêt, hésite, puis tant pis elle décide de tout déballer. Mais personne n’est dangereux ici personne n’a de mauvaise intention ! Nous ne somme que des civils. Mais voilà un mois que nous somme dans le froid, la peur et la faim, alors oui nous vous détestons ! Oui on vous hait ! Vous qui bien au chaud du haut de vos murs vous permettez de juger de notre destin ! De jouer avec notre vie alors que nous n’aspirons qu'à survivre ! Oui je vous hais, Walter, vous et vos hommes, je hais Gilnéas qui depuis qu’elle a quitté l’Alliance à perdu le sens du mot humanité ! Alors oui dans mes moments de faiblesse j’aimerais que vous creviez lentement espèce d’enflure !  Je maudit chaque instant le jour où j'ai croisé votre regard pour la première fois ! Mais jamais, oh grand jamais je ne me rabaisserai à votre cruauté et votre barbarie de laisser mourir à vos portes des enfants ! Vous êtes des sauvages vous n’êtes pas humain, bande de lâche ! Si vous saviez ce que mes yeux ont vu, ce qui nous attend dehors… Laissez nous rentrer par pitié… J’ai tout fais pour apaiser les tension, montrer notre bonne foi, et rien ne change… Pourquoi?
Le discours se termine ponctué de sanglot et de cris de rage sincère. Les yeux bouillonnant de colère alors qu’elle soutient le regard de cet enfant de putain sans une once de sentiment ni de bon sens. Elle se recroqueville ensuite sur elle même, tombe à genoux dans la neige, alors que le Capitaine tourne les talons pour laisser la femme désespérée avec ses démons.
- Deux semaines de vivre. Pas un jour de plus.
   Le regard hagard et sans espoir, a genoux sur le pavé givré, la porte se referme dans un souffle avec fracas. Alors que l’officier s’en va, on entendra un hurlement étouffé par la lourde porte de bois et d’acier. Ultime cris de désespoir déchirant la nuit.
- Johnnnnnn ! Ouvrez moi ! Pitié !

Jonathan Walter
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