[Nouvelle] Le chevalier errant
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[Nouvelle] Le chevalier errant
Le chevalier errant
“Je commence à me demander si tous ces efforts à s’attaquer à la Charognerie en valaient réellement la peine,” s'exclama Aedorn d'un ton ironique qui traduisait plus l'angoisse que la moquerie… ou était-ce l'adrénaline ? Il extirpa violemment son épée d’un des énièmes restes laissés par la colère vengeresse du Verdict des cendres. “Eh beh.. Que regardes-tu ?”
“Tu vois ça ?” de la part du sin’doreï qui l’accompagnait. “Les restes d’une liche, probablement Deathwhisper.” La dame liche n’avait alors été qu’une rumeur répandue par des cultistes tourmentés sous l’interrogatoire de quelques versets de lectures saintes... pour les plus chanceux. Les autres tombaient entre les mains de leurs compagnons de la Lame d'ébène et le paladin devait bien admettre que leurs méthodes étaient plus expéditives. “La femme de Kel’Thuzad ?” plaisanta l'elfe.
Le rire bas d’Aedorn fut vite coupé par des explosions venant de l’extérieur de la citadelle. Les tirs de canon résonnaient dans l’enceinte inférieure de la citadelle du roi-liche, maintenant désertée et décorée de la sculpture macabre qu’était le squelette de Marrowgar. “Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu crois qu’Arthas s’est doté de canons ?” demanda Pernath.
“Peut-être qu’il voudrait rendre la bataille plus intéressante en effet… Ou alors peut-être que Hellscream et Wrynn veulent mettre leurs cannonières à profit, après tout elles font le tour du glacier d'Icecrown depuis un moment," répondit l'humain visiblement cynique, s'agit-il de rentabiliser un déploiement si onéreux, ou d'une vaine compétition à atteindre le sommet en premier ? Aedorn se demanda laquelle des deux options était la moins repoussante.
"Mais ils sont toujours derrière nous, les cannonières sont sous la commission de Varok Saurfang et Muradin Bronzebeard," répondit Pernath, toujours une source sûre en ce qui concerne ce genre d'information. Et une explication qui est à la fois plus compréhensible, et à la fois bien plus dangereuse. "Qu'y a-t-il, l'ami ?"
"Saurfang est sermenté par l'honneur de récupérer son fils qui a chargé comme un brave idiot seul contre Arthas à la Porte du Courroux. Et Muradin Bronzebeard... serait apparemment celui qui a appris à Arthas l'existence de Frostmourne. Je suppose qu'il se sent coupable." Aedorn n'était pas aussi doué à mémoriser les informations que son camarade, mais il savait mieux décerner le sens qu'elles contiennent. “Espérons qu’ils arrivent en un morceau pour Crok.”
“Scourgebane ? De quoi parles tu ?”
“Il est avec Brandon, Grondel, Rupert et Arnath. Ils sont montés vers les niveaux supérieurs.”
Le paladin poussa un long soupir tandis que chevaliers d'ébène et d'argent sécurisaient l'oratoire des damnés couvert des cadavres de ses zélotes. Soudain sa tension remonta, à peine avait-il entendu un gémissement sous un des nombreux corps qu’il bondit vers sa source et tira rapidement un homme agonisant du tas de morts avant de l’achever d’un coup d’épée. “Cela veut dire que les niveaux inférieurs sont sûrs,” dit-il enfin, “maintenant nous attendons que Fordring prenne les étages supérieurs et qu’il s’attaque au traître.”
“Enfin”, l’elfe de sang pensait tout haut. “Enfin tu vas payer pour tout ce que tu nous as fait."
Aedorn avait appris à parler et comprendre le thalassien, cependant il jugea inutile de se proposer à être une oreille attentive aux sentiments de son ami. Ce n'était ni le lieu ni le moment, et les émotions du sin'doreï n'avaient nul besoin d'explication.
La brise matinale des Grisons était toujours particulièrement agréable. Le vent sifflait à travers les feuillus pour former un son qui était unique aux oreille du chevalier. La mélodie des feuilles et des branches lui servaient de repère temporel pour s'extirper de ses songes. Il avait vu toutes les provinces du royaume de Stormwind, vagabondé dans les ruines de celui de Lordaeron et des terres du nord, et il était même passé par Kalimdor pendant un court séjour à Théramore. Jusqu’alors il n’avait encore rien trouvé de comparable aux climats incroyables du Northrend. Aedorn inspira longuement tout en scannant les alentours de sa modeste demeure à travers la porte ouverte. Au loin, il pouvait apercevoir Ruissargent au-delà du chantier d’abattage du ciel bleu, et s'il regardait sur sa gauche le gîte Ambrepin était dans son champ de vision.
Mais cette vue ne lui convenait plus. Son estomac se tordait de temps à autre et il sentait que sa case de retraite n’était pas aussi satisfaisante qu’à son aise. Ses rêves se faisaient de plus en plus fréquents ; il fallait qu’il bouge.
Il n'aura pas pris longtemps à l’ancien croisé d’argent pour se préparer. Une maille légère sous un gilet et une veste, des cuissardes solides et des brassards renforcés. Il cintra son fourreau et son sac, s’empara d’un arc et se couvrit d’un long manteau. Juste avant de passer le pas de sa porte, Aedorn lança un dernier regard vers sa table. Une lettre au cachet ouvert s’y trouvait disposée religieusement au centre du meuble sous un halo de lumière produit par l’ombre d’un rideau. Malgré la distance, le chevalier pourrait reconnaître chaque mot, chaque lettre sur le morceau de papier. Il l’avait lue maintes fois. D’un geste hâtif, il plia le message soigneusement et le rangea sous sa veste avant de partir.
“Tu vois ça ?” de la part du sin’doreï qui l’accompagnait. “Les restes d’une liche, probablement Deathwhisper.” La dame liche n’avait alors été qu’une rumeur répandue par des cultistes tourmentés sous l’interrogatoire de quelques versets de lectures saintes... pour les plus chanceux. Les autres tombaient entre les mains de leurs compagnons de la Lame d'ébène et le paladin devait bien admettre que leurs méthodes étaient plus expéditives. “La femme de Kel’Thuzad ?” plaisanta l'elfe.
Le rire bas d’Aedorn fut vite coupé par des explosions venant de l’extérieur de la citadelle. Les tirs de canon résonnaient dans l’enceinte inférieure de la citadelle du roi-liche, maintenant désertée et décorée de la sculpture macabre qu’était le squelette de Marrowgar. “Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu crois qu’Arthas s’est doté de canons ?” demanda Pernath.
“Peut-être qu’il voudrait rendre la bataille plus intéressante en effet… Ou alors peut-être que Hellscream et Wrynn veulent mettre leurs cannonières à profit, après tout elles font le tour du glacier d'Icecrown depuis un moment," répondit l'humain visiblement cynique, s'agit-il de rentabiliser un déploiement si onéreux, ou d'une vaine compétition à atteindre le sommet en premier ? Aedorn se demanda laquelle des deux options était la moins repoussante.
"Mais ils sont toujours derrière nous, les cannonières sont sous la commission de Varok Saurfang et Muradin Bronzebeard," répondit Pernath, toujours une source sûre en ce qui concerne ce genre d'information. Et une explication qui est à la fois plus compréhensible, et à la fois bien plus dangereuse. "Qu'y a-t-il, l'ami ?"
"Saurfang est sermenté par l'honneur de récupérer son fils qui a chargé comme un brave idiot seul contre Arthas à la Porte du Courroux. Et Muradin Bronzebeard... serait apparemment celui qui a appris à Arthas l'existence de Frostmourne. Je suppose qu'il se sent coupable." Aedorn n'était pas aussi doué à mémoriser les informations que son camarade, mais il savait mieux décerner le sens qu'elles contiennent. “Espérons qu’ils arrivent en un morceau pour Crok.”
“Scourgebane ? De quoi parles tu ?”
“Il est avec Brandon, Grondel, Rupert et Arnath. Ils sont montés vers les niveaux supérieurs.”
Le paladin poussa un long soupir tandis que chevaliers d'ébène et d'argent sécurisaient l'oratoire des damnés couvert des cadavres de ses zélotes. Soudain sa tension remonta, à peine avait-il entendu un gémissement sous un des nombreux corps qu’il bondit vers sa source et tira rapidement un homme agonisant du tas de morts avant de l’achever d’un coup d’épée. “Cela veut dire que les niveaux inférieurs sont sûrs,” dit-il enfin, “maintenant nous attendons que Fordring prenne les étages supérieurs et qu’il s’attaque au traître.”
“Enfin”, l’elfe de sang pensait tout haut. “Enfin tu vas payer pour tout ce que tu nous as fait."
Aedorn avait appris à parler et comprendre le thalassien, cependant il jugea inutile de se proposer à être une oreille attentive aux sentiments de son ami. Ce n'était ni le lieu ni le moment, et les émotions du sin'doreï n'avaient nul besoin d'explication.
La brise matinale des Grisons était toujours particulièrement agréable. Le vent sifflait à travers les feuillus pour former un son qui était unique aux oreille du chevalier. La mélodie des feuilles et des branches lui servaient de repère temporel pour s'extirper de ses songes. Il avait vu toutes les provinces du royaume de Stormwind, vagabondé dans les ruines de celui de Lordaeron et des terres du nord, et il était même passé par Kalimdor pendant un court séjour à Théramore. Jusqu’alors il n’avait encore rien trouvé de comparable aux climats incroyables du Northrend. Aedorn inspira longuement tout en scannant les alentours de sa modeste demeure à travers la porte ouverte. Au loin, il pouvait apercevoir Ruissargent au-delà du chantier d’abattage du ciel bleu, et s'il regardait sur sa gauche le gîte Ambrepin était dans son champ de vision.
Mais cette vue ne lui convenait plus. Son estomac se tordait de temps à autre et il sentait que sa case de retraite n’était pas aussi satisfaisante qu’à son aise. Ses rêves se faisaient de plus en plus fréquents ; il fallait qu’il bouge.
Il n'aura pas pris longtemps à l’ancien croisé d’argent pour se préparer. Une maille légère sous un gilet et une veste, des cuissardes solides et des brassards renforcés. Il cintra son fourreau et son sac, s’empara d’un arc et se couvrit d’un long manteau. Juste avant de passer le pas de sa porte, Aedorn lança un dernier regard vers sa table. Une lettre au cachet ouvert s’y trouvait disposée religieusement au centre du meuble sous un halo de lumière produit par l’ombre d’un rideau. Malgré la distance, le chevalier pourrait reconnaître chaque mot, chaque lettre sur le morceau de papier. Il l’avait lue maintes fois. D’un geste hâtif, il plia le message soigneusement et le rangea sous sa veste avant de partir.
Dernière édition par Aedorn le Mar 13 Juil 2021, 17:45, édité 1 fois
Aedorn- Personnages Joués : Aedorn
Re: [Nouvelle] Le chevalier errant
Grisons, 40 ap. l’Ouverture de la Porte des Ténèbres. An Premier de l’Age des Mortels.
Ruissargent a été un village idyllique pour Aedorn durant la majorité de son séjour. Pendant la campagne du Northrend, il n’avait pas été impliqué avec les affaires de lycanthropie qui avaient affligé la commune. En vérité, après qu’il se soit installé dans la région après la mort du Roi-Liche, il y avait eu un cas où il a dû s’impliquer dans la traque d’un habitant pris de la malédiction et qui avait tué sa femme dans un moment de rage. Pourtant, la véritable coupable était la sœur de la victime qui avait guidé cette dernière vers son mari qu’elle ne soupçonnait pas d’être un worgen, avec l’objectif de le séduire ensuite. Aedorn mit fin aux jours du dernier lycanthrope, et laissa la sœur de la défunte s’en aller. Si il avait révélé l’histoire aux villageois, ils l’auraient lynchée ; il y avait eu assez de morts.
Cette fois, il ne s’était arrêté qu’un instant au hameau pour recueillir des provisions et garantir les fers de son destrier, mais l’une des jeunes femmes du village eût tout de même eu le temps d'engager quelques conversations avec lui. Généralement elles tournaient autour de sujets comme l’ennui qu’elles avaient de leurs voisins mâles et de leurs prétendants. Sans doute que ses facettes d’homme du sud lui méritaient de l’attention de la part de ces jeunes femmes qui n’avaient vécu que dans un coin du monde. Malgré cela, il avait toujours eu un certain succès à jouer au séducteur. Après trente hivers, le chevalier était dans la prime de l’âge et son corps était fort de nombreuses années à guerroyer et presque autant à patrouiller et explorer le continent gelé après la bataille de la citadelle d’Icecrown, il avait de long cheveux noirs qui accompagnés d’une noble fourrure couvrant un visage strict lui donnaient une allure de sang bleu. Son corps démontrait une activité physique régulière et le poids des batailles. Une combinaison fort alléchante pour de nombreuses damoiselles d’une commune égarée. Mais cela attirait également la jalousie des quelques hommes qui sortaient de leur enfance et ne faisaient pas vraiment le poid face à lui. N'était-ce pas là ce qui leur arrive à tous ? Aedorn pouvait se souvenir d'avoir été exactement dans leurs bottes, et pour cette raison il n'entretenaît aucune notion d'aller plus loin que les brèves conversations qu'il avait avec les demoiselles de Ruissargent. Et si cela pouvait lui éviter d'avoir à mettre des soufflets à un amoureux éperdu ou à un père colérique, tant mieux.
La route vers le gîte Ambrepin était calme. Cela faisait plus d’une moitié décennie que ces terres n’avaient pas été sous le joug du conflit. Les garnisons de la Horde et de l’Alliance de tout le Northrend s’étaient vues grandement réduites au cours des guerres qui ont suivi celle qui fut amenée ici. Au trot calme de son cheval, Aedorn était pensif. Il était parti avec tant de hâte qu’il se demandait encore ce qu’il se donnerait à faire pour ce voyage. Sans doute pourrait-il rencontrer un voyageur dans le besoin d’un guide. Ce genre d’exercice pouvait être soit très simple à exécuter, soit tournait à la catastrophe à cause des exigences des clients trouvés. Il s’était habitué à jouer à l’escorte. Autrement il y aurait probablement un nouveau nid de furbolgs qui a besoin d’être contenu, mais Aedorn n’aimait pas les traques de monstre banales : elles étaient plus des tâches ingrates qu’autre chose. Au pire il n’aurait pas à s’arrêter à Ambrepin pour trouver du travail : les mages du Kirin Tor auraient d’amples emplettes exotiques à faire, et les mages sont du genre à déléguer leur collecte. Malgré leurs capacités de téléportation, ils ne voudraient jamais salir leurs bas de soie.
“Je vous offre deux cent pièces d’or si vous venez !” hua un gobelin fort bien habillé.
“Désolé, mais nous n’avons pas assez d’homme pour que l’un d’entre eux parte pendant dieux savent combien de temps,” répondit l’un des rangers du gîte avant de retourner à ses affaires. Le gobelin tourna le pied et fustigea de colère sous son nez. Il fit de vifs cent pas et interrogea un nain à la peau sombre et avec une longue barbe et des tresses rousses, lui aussi élégamment décoré.
“Qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ? Il y a un camp Warsong juste sur notre chemin !”
“C’était bien utile d’accoster au Northrend avec des pirates de la Kapital Risk ! Tu croyais qu’on allait éviter des autorités partout qu’on aille ?!”
“Dois-je te répéter encore une fois qu’avec des contrebandiers au moins on paie un tarif limité et on profite de la discrétion.”
“Aucun d’entre vous ne réussira à être bien discret, habillés comme vous l'êtes,” Aedorn s’infiltra dans la conversation tout en faisant signe à quelques connaissances du gîte. Le gobelin semblait irrité, visiblement peu désireux de perdre du temps. “J’ai cru comprendre que vous cherchez un guide, vous avez besoin d’éviter le Bastion de la Conquête ?”
Lorsque le petit homme vert se rendit compte qu’il eut enfin trouvé ce dont il avait besoin, ses traits s'adoucirent. “Ouiiiiii, bien sûûûr. Mon compagnon et moi avons besoin de trouver passage vers Dalaran, il y a quelques détails de plus mais d’abord je dois être sûr que vous preniez le contrat.”
“Vos noms avant tout, comment est-ce que je vous appelle ?”
“Bien entendu. Je suis Kivard Goldflare ! Entrepreneur et investisseur, aussi marchand itinérant en matière de… Ehm d’exotique et de raretés. Voici mon compagnon..”
“Grim Blackdust, du clan Sombrefer. Membre de la Ligue des Explorateurs.”
“Vous ne m’avez pas l’air d’être un trappeur en recherche de nouvelle proie,” fit remarquer Aedorn.
“Ohoho, bien sûr que non. Je suis un archéologue avant tout mon cher,” dit le nain modestement tout en réajustant son accoutrement. Le nain était tout de même imposant aux yeux d’Aedorn, mieux physiquement bâti que le travailleur régulier d’Ironforge. Mais de la part d’un Sombrefer rien ne pouvait vraiment l’étonner, il n’aurait pas été étonnant qu’il ait dû prendre les armes sous le règne de l’empereur Thaurissan. “Si je puis me permettre,” continua timidement Grim, “vous avez l’air d’être un habitué de la région. Dois je comprendre que vous avez toujours vécu ici ?”
“Non, je suis arrivé au Northrend il y a six ans.”
“Quand la guerre contre le roi-liche a commencé ?” remarqua correctement le nain. “Faisiez-vous partie de la force de l’Alliance sous Bolvar ?”
“Non plus, je suis arrivé au Fjord Hurlant avec le Seigneur Fordring et ses chevaliers.”
“Vous êtes un croisé d’argent !” s’exclama Kivard. “Je vois que nous sommes bien tombés. En matière de salaire, je pensais que nous pourrions aller vers les cinquante pièces d’or pour le pass..-”
“Hola, attendez. J’ai entendu que vous étiez prêt à payer n’importe lequel de ces messieurs deux cent pièces d’or et maintenant vous divisez ça par huit ?” dit Aedorn calmement avant de fixer le gobelin des yeux.
“Merde.. Ah.. Je suppose que je ne peux pas aller au-dessous de cette somme, eh ?”
“Vous devriez même aller au-dessus. Je suis prêt à vous guider vers Dalaran pour cette somme, cependant vous dites qu’il y a plus à faire, et pour plus …”
“Récompense due pour travail accompli comme un professionnel, bien sûr !” dit le gobelin fort content. “Grim, je te laisse lui expliquer ce qu’il y a à faire et je vais préparer nos poneys.”
“Ah, oui, en effet…” balbutia le nain. “Nous aurions besoin de faire un arrêt en particulier… De ce que je sais il ne s’agirait même pas de faire un détour c’est sur notre chemin..”
"Ça ne devrait pas poser trop de problème alors.”
“Oui, oui.. Ahem nous devons passer par le Donjon de Garde Hiver.”
Le donjon de Garde Hiver, la forteresse de l’Alliance avait enduré maints assauts pendant la guerre des terres gelées. Aedorn ignorait quel mystère pourrait emmener cette compagnie à cette forteresse. Ou alors ils étaient intéressés par ce qui était en face du donjon. Il prit la parole une fois encore, mais assez discrètement pour garder la conversation entre lui et le Sombrefer.
“Si vous voulez aller à Naxxramas, ça vous coûtera plus que deux cent pièces.”
Cette fois, il ne s’était arrêté qu’un instant au hameau pour recueillir des provisions et garantir les fers de son destrier, mais l’une des jeunes femmes du village eût tout de même eu le temps d'engager quelques conversations avec lui. Généralement elles tournaient autour de sujets comme l’ennui qu’elles avaient de leurs voisins mâles et de leurs prétendants. Sans doute que ses facettes d’homme du sud lui méritaient de l’attention de la part de ces jeunes femmes qui n’avaient vécu que dans un coin du monde. Malgré cela, il avait toujours eu un certain succès à jouer au séducteur. Après trente hivers, le chevalier était dans la prime de l’âge et son corps était fort de nombreuses années à guerroyer et presque autant à patrouiller et explorer le continent gelé après la bataille de la citadelle d’Icecrown, il avait de long cheveux noirs qui accompagnés d’une noble fourrure couvrant un visage strict lui donnaient une allure de sang bleu. Son corps démontrait une activité physique régulière et le poids des batailles. Une combinaison fort alléchante pour de nombreuses damoiselles d’une commune égarée. Mais cela attirait également la jalousie des quelques hommes qui sortaient de leur enfance et ne faisaient pas vraiment le poid face à lui. N'était-ce pas là ce qui leur arrive à tous ? Aedorn pouvait se souvenir d'avoir été exactement dans leurs bottes, et pour cette raison il n'entretenaît aucune notion d'aller plus loin que les brèves conversations qu'il avait avec les demoiselles de Ruissargent. Et si cela pouvait lui éviter d'avoir à mettre des soufflets à un amoureux éperdu ou à un père colérique, tant mieux.
La route vers le gîte Ambrepin était calme. Cela faisait plus d’une moitié décennie que ces terres n’avaient pas été sous le joug du conflit. Les garnisons de la Horde et de l’Alliance de tout le Northrend s’étaient vues grandement réduites au cours des guerres qui ont suivi celle qui fut amenée ici. Au trot calme de son cheval, Aedorn était pensif. Il était parti avec tant de hâte qu’il se demandait encore ce qu’il se donnerait à faire pour ce voyage. Sans doute pourrait-il rencontrer un voyageur dans le besoin d’un guide. Ce genre d’exercice pouvait être soit très simple à exécuter, soit tournait à la catastrophe à cause des exigences des clients trouvés. Il s’était habitué à jouer à l’escorte. Autrement il y aurait probablement un nouveau nid de furbolgs qui a besoin d’être contenu, mais Aedorn n’aimait pas les traques de monstre banales : elles étaient plus des tâches ingrates qu’autre chose. Au pire il n’aurait pas à s’arrêter à Ambrepin pour trouver du travail : les mages du Kirin Tor auraient d’amples emplettes exotiques à faire, et les mages sont du genre à déléguer leur collecte. Malgré leurs capacités de téléportation, ils ne voudraient jamais salir leurs bas de soie.
“Je vous offre deux cent pièces d’or si vous venez !” hua un gobelin fort bien habillé.
“Désolé, mais nous n’avons pas assez d’homme pour que l’un d’entre eux parte pendant dieux savent combien de temps,” répondit l’un des rangers du gîte avant de retourner à ses affaires. Le gobelin tourna le pied et fustigea de colère sous son nez. Il fit de vifs cent pas et interrogea un nain à la peau sombre et avec une longue barbe et des tresses rousses, lui aussi élégamment décoré.
“Qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ? Il y a un camp Warsong juste sur notre chemin !”
“C’était bien utile d’accoster au Northrend avec des pirates de la Kapital Risk ! Tu croyais qu’on allait éviter des autorités partout qu’on aille ?!”
“Dois-je te répéter encore une fois qu’avec des contrebandiers au moins on paie un tarif limité et on profite de la discrétion.”
“Aucun d’entre vous ne réussira à être bien discret, habillés comme vous l'êtes,” Aedorn s’infiltra dans la conversation tout en faisant signe à quelques connaissances du gîte. Le gobelin semblait irrité, visiblement peu désireux de perdre du temps. “J’ai cru comprendre que vous cherchez un guide, vous avez besoin d’éviter le Bastion de la Conquête ?”
Lorsque le petit homme vert se rendit compte qu’il eut enfin trouvé ce dont il avait besoin, ses traits s'adoucirent. “Ouiiiiii, bien sûûûr. Mon compagnon et moi avons besoin de trouver passage vers Dalaran, il y a quelques détails de plus mais d’abord je dois être sûr que vous preniez le contrat.”
“Vos noms avant tout, comment est-ce que je vous appelle ?”
“Bien entendu. Je suis Kivard Goldflare ! Entrepreneur et investisseur, aussi marchand itinérant en matière de… Ehm d’exotique et de raretés. Voici mon compagnon..”
“Grim Blackdust, du clan Sombrefer. Membre de la Ligue des Explorateurs.”
“Vous ne m’avez pas l’air d’être un trappeur en recherche de nouvelle proie,” fit remarquer Aedorn.
“Ohoho, bien sûr que non. Je suis un archéologue avant tout mon cher,” dit le nain modestement tout en réajustant son accoutrement. Le nain était tout de même imposant aux yeux d’Aedorn, mieux physiquement bâti que le travailleur régulier d’Ironforge. Mais de la part d’un Sombrefer rien ne pouvait vraiment l’étonner, il n’aurait pas été étonnant qu’il ait dû prendre les armes sous le règne de l’empereur Thaurissan. “Si je puis me permettre,” continua timidement Grim, “vous avez l’air d’être un habitué de la région. Dois je comprendre que vous avez toujours vécu ici ?”
“Non, je suis arrivé au Northrend il y a six ans.”
“Quand la guerre contre le roi-liche a commencé ?” remarqua correctement le nain. “Faisiez-vous partie de la force de l’Alliance sous Bolvar ?”
“Non plus, je suis arrivé au Fjord Hurlant avec le Seigneur Fordring et ses chevaliers.”
“Vous êtes un croisé d’argent !” s’exclama Kivard. “Je vois que nous sommes bien tombés. En matière de salaire, je pensais que nous pourrions aller vers les cinquante pièces d’or pour le pass..-”
“Hola, attendez. J’ai entendu que vous étiez prêt à payer n’importe lequel de ces messieurs deux cent pièces d’or et maintenant vous divisez ça par huit ?” dit Aedorn calmement avant de fixer le gobelin des yeux.
“Merde.. Ah.. Je suppose que je ne peux pas aller au-dessous de cette somme, eh ?”
“Vous devriez même aller au-dessus. Je suis prêt à vous guider vers Dalaran pour cette somme, cependant vous dites qu’il y a plus à faire, et pour plus …”
“Récompense due pour travail accompli comme un professionnel, bien sûr !” dit le gobelin fort content. “Grim, je te laisse lui expliquer ce qu’il y a à faire et je vais préparer nos poneys.”
“Ah, oui, en effet…” balbutia le nain. “Nous aurions besoin de faire un arrêt en particulier… De ce que je sais il ne s’agirait même pas de faire un détour c’est sur notre chemin..”
"Ça ne devrait pas poser trop de problème alors.”
“Oui, oui.. Ahem nous devons passer par le Donjon de Garde Hiver.”
Le donjon de Garde Hiver, la forteresse de l’Alliance avait enduré maints assauts pendant la guerre des terres gelées. Aedorn ignorait quel mystère pourrait emmener cette compagnie à cette forteresse. Ou alors ils étaient intéressés par ce qui était en face du donjon. Il prit la parole une fois encore, mais assez discrètement pour garder la conversation entre lui et le Sombrefer.
“Si vous voulez aller à Naxxramas, ça vous coûtera plus que deux cent pièces.”
Dernière édition par Aedorn le Mar 13 Juil 2021, 17:44, édité 1 fois
Aedorn- Personnages Joués : Aedorn
Re: [Nouvelle] Le chevalier errant
Les combats faisaient rage sur les remparts de la Citadelle d’Icecrown. Après avoir dépassé les premiers halls de la grande forteresse, Aedorn et sa compagnie co-dirigée par le chevalier de sang Perlath Bloodweaver étaient tombés sur des nécromanciens en pleine tentative de ramener à la non-vie les nombreux morts-vivants pulvérisés par les champions d’argent. Les deux paladins et leurs hommes faisaient partie de l’élite du Verdict des Cendres et percèrent habilement les lignes désorganisées des nécromanciens. Peu de temps passa avant qu’Aedorn se trouve en face d’une Val’Kyr à la tête des lignes du Fléau. Ce n’était pas la première fois qu’il avait dû se confronter à un tel adversaire ; il leva sa lame en position de garde, paré à frapper avec toutes les forces que la Lumière pourrait lui prêter. L’ange de la mort était sur le point de bondir quand soudain, un éclair plus pâle que l’aube frappa le monstre avec une puissance telle que toute la compagnie fut aveuglée pendant quelques secondes. C’est à ce moment que le croisé vit le Haut Seigneur Tirion Fordring dans toute sa splendeur, se tenant triomphalement au-dessus des cendres de la Val’Kyr qu’il avait déchue.
“Monseigneur Fordring,” Aedorn s’inclina devant son suzerain. “Quels sont vos ordres ?”
“Les champions d’argent ont atteint les niveaux supérieurs, il est temps pour nous de les suivre. Nous nous approchons de notre but final ! Une fois que les niveaux supérieurs seront nôtres, je prendrai personnellement le commandement des champions d’Azéroth pour nous confronter au roi-liche. Croisade d’Argent, avec moi !”
Les hommes du verdict ne prirent pas de temps à suivre leur Haut-Seigneur au trot. Aedorn se souvenait de la première fois qu’il se rendit compte qu'il était à son service. A cette époque, il était un jeune chevalier habile certes, mais surtout stupide, qui démontrait avec ferveur les trois vertus et qui voulait servir la cause d'un royaume déchu envers lequel il se sentait endetté. Et ce par tous les moyens, mais sans toujours comprendre le sens des valeurs auxquelles il aspirait. Son mentor - un puissant paladin lui-même - avait combattu les ennemis de l’Alliance avant même sa naissance et avait usé de son influence pour faire adjurer sa pupille au sein de la Fraternité de la Lumière. Aedorn ne pouvait pas se souvenir exactement du détail qui lui avait fait deviner la raison derrière cette affectation, mais il se souvint d'un certain sentiment de satisfaction à l'idée d'avoir été présent dans les intrigues des factions d'une Main d'Argent désunie et en manque de chef. En ces temps troubles, le Roi Varian avait disparu et fut proclamé décédé par Katrana Prestor, Aedorn ne sentait pas qu’il pouvait mettre son épée utilement au service du royaume en considérant les limites du pouvoir royal dans l’exécution des tâches de la maison des nobles. Ses affects étaient terriblement contradictoires, dans sa propre nation l'intrigue de la Maison des Nobles faisait monter en lui en sentiment de dégoût, mais dans les ruines de Lordaeron sous la menace constante du Fléau, l'intrigue de chevaliers, normalement parangons de morale et rechignant la tromperie, lui inspirait de l'excitation. Il était en effet stupide, l'aventure loin de son foyer avait été excitante mais lorsque les troubles se présentent chez soi, il ne s'agissait plus d'aventure. Cette leçon, il la mémorisa le jour de la première bataille de l'Espoir de la Lumière, lorsque Darion Mograine sacrifia sa vie et plongea la lame de Porte-Cendres dans son coeur pour libérer l'âme de son père. Une arme qu'il pouvait désormais voir dans les mains de Tirion Fordring, prêt à déchaîner sa puissance contre celui qui avait, par ses actes et ses décisions, le destin de tout un monde dans la paume de ses mains.
Les trois compagnons s’étaient arrêtés à un modeste village sans nom à l’extrême ouest des forêts vertes, et y furent humblement accueillis par ses habitants dont l’un d’eux qui ouvrit ses portes et prépara des chambres avec joie - en échange d’une compensation d’un certain marchand gobelin, bien sûr -. Le hameau n'était pas composé de plus d'une dizaine d'habitations, une grange au centre servait de stock de vivres et d'église ; il représentait l'une de ces rares communautés fondées par les anciens humains des sept royaumes et qui avait survécu au règne du roi-liche grâce à son humilité. Le guide s’était levé de bonne heure et profitait d’une morceau de pain tout en s’exaltant de la brise matinale des Grisons une dernière fois avant les vents tranchants de l'ouest. Ses compagnons l’avaient prévenu qu’ils auraient le sommeil lourd, il savait donc qu’il avait plusieurs heures devant lui avant de reprendre la route et décida de ne pas se priver d’un moment de détente. Il sortit une pipe longue et y fourra de sa variante préférée de chatoyante avant de l’allumer. Nombreuses fois avait-il entendu de la part de ses confrères les plus pieux qu’une telle substance et ses qualités psychotropes n’étaient qu’une distraction de l’esprit et indigne d’usage pour un paladin qui ne devrait trouver repos que dans sa foi dans la Lumière. Après tout, les graines de chatoyante étaient utilisées dans l’artisanat de la bière et en fumer ne pouvait être que pire aux yeux de ses pairs les plus prudes. Aedorn voyait sa dépendance comme un petit vice, mais avait opté qu’il l’assumerait. Un jeune homme s’approcha de lui. Il semblait troublé et hésitant à prendre la parole, visiblement confus par le manque de réaction de la part d’Aedorn à son arrivée.
“P-.. Excusez-moi ?” dit-il.
“De quoi devrais-je t’excuser ?” Aedorn rétorqua tout en expirant une bouffée de fumée avec un sourire. Le nouvel arrivant était gêné et ne trouvait aucun mot à dire. “Comment t’appelles-tu, garçon ?”
“Caleb, mon nom est Caleb.”
“Et pour quelle raison viens-tu déranger ma minute de sérénité, jeune Caleb ?”
“C’est au sujet de ma soeur, monsieur… Désolé mais ça vous dérangerait pas une seconde de m'écouter, c’est vraiment très important !”
Aedorn leva ses yeux et fixa ceux de jeune paysan avec un silence pesant. Ce dernier ravala sa salive et mis un pas en arrière alors que l’homme en face de lui, plus âgé et plus puissant, se leva et continua de le fixer avec toute sa présence maintenant établie. Le chevalier avait remarqué l’instant de peur dans les yeux de Caleb, mais surtout sa frustration.
“Qu’est-il arrivé à ta soeur ?”
Caleb avait eu raison de mobiliser l’attention d’Aedorn, car son histoire s’avéra intéressante. Six ans plus tôt, sa sœur Anna revint de sa balade quotidienne drainée de toutes ses forces, comme si elle avait enduré une terrible épreuve mais elle assura n’avoir aucun souvenir de subir quoi que ce soit : elle était juste tombée. Sa léthargie ne continua qu’à s’aggraver et après quelques mois elle tomba dans un long sommeil. Depuis son corps avait vieilli normalement, et elle avait pris les formes d’une jeune femme malgré le manque de toute activité physique.
“Ma première hypothèse est qu’elle puisse être sous l’emprise d’un esprit qui se baladait dans les parages. Toute sorte de magie était utilisée partout sur le continent pendant cette période,” affirma Aedorn qui fixait la fille allongée sur un lit de tulipes blanches. “L’esprit a besoin d’énergie pour subsister, et prend les forces d’Anna. Il lui laisse juste assez pour continuer à vivre et se développer.”
“Eh bien, il y avait eu ce qu’il s’est passé le même jour ! Sûrement beaucoup de magie maléfique.”
“De quoi parles-tu ?” Aedorn rallumait les braises dans sa pipe.
“Ce jour-là, un paladin était de passage. Il traquait l’un des chevaliers de la mort du roi-liche et l’avait repérée dans les alentours,” raconta Caleb. “Il a séjourné chez Morthis en face. Il était parti avant l’aube et au crépuscule il revint victorieux, mais c’est aussi après ce jour qu’elle a commencé à être faible. Après qu’elle se soit endormie, j’ai remarqué ça.” Il souleva le bras de sa soeur et pointa du doigt des inscriptions sur la peau de sa soeur aux allures d’un tatouage.
“Peut-être qu’elle était plus rebelle que tu ne croyais,” Aedorn dit-il en souriant. Caleb ne partageait pas son humour. “Très bien.”
Le chevalier arracha la page d’un livre sur la table de nuit et s’empara d’une plume et d’une bouteille d’encre qui reposaient dans l’un de ses sacs. Son père lui avait appris à toujours en avoir sur soi. Il répliqua les tatouages d’Anna sur la page déchirée.
"Si une bataille entre un croisé et un chevalier d'Arthas est responsable, pourquoi ne pas être chercher l'aide de la croisade, ou du Kirin Tor ?"
"Vous croyez qu'ils se soucient de nos affaires ? Pendant la guerre contre le Roi-Liche tout le monde était trop occupé pour se soucier de nos affaires, et après sa mort vous êtes tous partis ! Vous vous foutez du sort de quelques villageois isolés !", Caleb s'exclama avec colère. Aedorn ne pouvait pas lui en tenir compte, la Croisade d'argent était la force la plus puissante d'Azeroth et avait fait front contre l'armée la plus vaste du monde, mais une fois le Northrend libre du règne d'Arthas la plupart de ses membres retournèrent servir leurs suzerains respectifs ou joignirent la reconquête des Plaguelands. Lui-même avait décidé d'accompagner Tirion pour réclamer Hearthglen et le reste du nord de Lordaeron avant de s'autoproclamer sentinelle du Northrend.
“Je suis de route vers Dalaran, là-bas je pourrai en apprendre plus sur la signification de ces signes.”
“Vous.. Vous êtes prêt à nous aider ? A aider Anna ?”
Aedorn masqua un sourire. Il se souvint de la satisfaction émotionnelle de la surprise de la voix d’une personne en aide et de l’inspiration que cela lui apportait.
“Je ne fais aucune promesse, je vais voir ce que je peux faire. Il s’agit d’une malédiction compliquée, probablement à plusieurs phases, dépendantes d’événements qui ne m’évoquent rien et ne me laissent que dans le théorique,” affirma Aedorn. “Mais cela ne m’empêche pas de faire mon enquête. Considère ma compensation au degré de mes trouvailles, cela devrait être équitable, d’accord ?” Il rangea ses dessins et sa plume, et réajusta sa veste.
“Ou.. Oui, oui bien sûr.”
“Tout d’abord je pourrais essayer de recruter un mage pour invoquer les mémoires d’Anna, voir ce qu’il s’est passé pendant sa sortie. Pour ça j’aurais besoin d’une de ses possessions, un objet qu’elle tient à coeur.” Caleb hocha de la tête et lui fit don d’un collier en argent, héritage de leur mère défunte. “Je peux aussi passer par l'Avant-Garde ou le Colisée d'Argent. Possible qu’il reste des archives de quel paladin était ici et qui il a combattu, et pourquoi.”
“Pourquoi ? C’est plutôt évident non ?”
“Un chevalier de la mort ne se risque jamais de se révéler sans raison. Et je dois considérer toute possibilité pour trouver la cause des maux d’Anna.”
Caleb lui offrit quelques provisions et se sépara d'Aedorn avec des adieux amiables. Quand il rentra à la maison qui les accueillaient, le chevalier trouva ses compagnons en train de festoyer pour un déjeuner juste avant la mi-journée. Il s’assit à leur table et rejoignit des débats sur la gestion de capital la plus optimale, le cours de la bourse de la banque de Dalaran, et la qualité des technologies naines et gobelines. Après s’être égaré des conversations de ses camarades, Aedorn fut pris d’un pic de curiosité et s’inquiéta des affaires du monde. Il apprit que Théramore fut anéantie par une bombe de mana lancée par la Horde. De toutes les villes de l'Alliance que les Orcs pouvaient viser, ils anéantissèrent celle qui avait le moins de chance de l'attaquer et lui était peu hostile. Mais il n'était guère étonné : Garrosh Hellscream avait été nommé chef de guerre par Thrall le fol, et les tactiques et attitudes du jeune Hellscream avaient été la cause de maintes complications dans la guerre contre Arthas. L'Orc ne voyait le Roi-Liche que comme un autre adversaire, un trophée à ramener pour prestige et gloire et être acclamé par son peuple. Il ne comprenait pas la nature de la menace du Fléau, et n'avait aucun soupçon du sentiment de vengeance qui occupait l'esprit de toutes les victimes de la trahison d'Arthas. Il n'était qu'un étranger sur Azeroth. Pour cette raison, il avait attaqué des troupes de l'Alliance dans leur flanc quand elles ont tenté d'établir un siège des premiers murs du glacier d'Icecrown et offert encore plus de corps au Roi-Liche. Le chevalier errant se morda la lèvre par culpabilité en ayant une pensée courte d'admiration pour le successeur de Thrall. Il ne pouvait pas arriver à nier que d'un point de vue purement matérialiste et cyniquement stratégique, la destruction de Theramore garantissait à la Horde une emprise considérable sur Kalimdor. Aedorn contempla la disparition de l'un des derniers grands bastions de l'humanité avec tristesse et ne prit plus la parole jusqu'à ce que la compagnie reprenne son chemin vers l'ouest.
“Monseigneur Fordring,” Aedorn s’inclina devant son suzerain. “Quels sont vos ordres ?”
“Les champions d’argent ont atteint les niveaux supérieurs, il est temps pour nous de les suivre. Nous nous approchons de notre but final ! Une fois que les niveaux supérieurs seront nôtres, je prendrai personnellement le commandement des champions d’Azéroth pour nous confronter au roi-liche. Croisade d’Argent, avec moi !”
Les hommes du verdict ne prirent pas de temps à suivre leur Haut-Seigneur au trot. Aedorn se souvenait de la première fois qu’il se rendit compte qu'il était à son service. A cette époque, il était un jeune chevalier habile certes, mais surtout stupide, qui démontrait avec ferveur les trois vertus et qui voulait servir la cause d'un royaume déchu envers lequel il se sentait endetté. Et ce par tous les moyens, mais sans toujours comprendre le sens des valeurs auxquelles il aspirait. Son mentor - un puissant paladin lui-même - avait combattu les ennemis de l’Alliance avant même sa naissance et avait usé de son influence pour faire adjurer sa pupille au sein de la Fraternité de la Lumière. Aedorn ne pouvait pas se souvenir exactement du détail qui lui avait fait deviner la raison derrière cette affectation, mais il se souvint d'un certain sentiment de satisfaction à l'idée d'avoir été présent dans les intrigues des factions d'une Main d'Argent désunie et en manque de chef. En ces temps troubles, le Roi Varian avait disparu et fut proclamé décédé par Katrana Prestor, Aedorn ne sentait pas qu’il pouvait mettre son épée utilement au service du royaume en considérant les limites du pouvoir royal dans l’exécution des tâches de la maison des nobles. Ses affects étaient terriblement contradictoires, dans sa propre nation l'intrigue de la Maison des Nobles faisait monter en lui en sentiment de dégoût, mais dans les ruines de Lordaeron sous la menace constante du Fléau, l'intrigue de chevaliers, normalement parangons de morale et rechignant la tromperie, lui inspirait de l'excitation. Il était en effet stupide, l'aventure loin de son foyer avait été excitante mais lorsque les troubles se présentent chez soi, il ne s'agissait plus d'aventure. Cette leçon, il la mémorisa le jour de la première bataille de l'Espoir de la Lumière, lorsque Darion Mograine sacrifia sa vie et plongea la lame de Porte-Cendres dans son coeur pour libérer l'âme de son père. Une arme qu'il pouvait désormais voir dans les mains de Tirion Fordring, prêt à déchaîner sa puissance contre celui qui avait, par ses actes et ses décisions, le destin de tout un monde dans la paume de ses mains.
Les trois compagnons s’étaient arrêtés à un modeste village sans nom à l’extrême ouest des forêts vertes, et y furent humblement accueillis par ses habitants dont l’un d’eux qui ouvrit ses portes et prépara des chambres avec joie - en échange d’une compensation d’un certain marchand gobelin, bien sûr -. Le hameau n'était pas composé de plus d'une dizaine d'habitations, une grange au centre servait de stock de vivres et d'église ; il représentait l'une de ces rares communautés fondées par les anciens humains des sept royaumes et qui avait survécu au règne du roi-liche grâce à son humilité. Le guide s’était levé de bonne heure et profitait d’une morceau de pain tout en s’exaltant de la brise matinale des Grisons une dernière fois avant les vents tranchants de l'ouest. Ses compagnons l’avaient prévenu qu’ils auraient le sommeil lourd, il savait donc qu’il avait plusieurs heures devant lui avant de reprendre la route et décida de ne pas se priver d’un moment de détente. Il sortit une pipe longue et y fourra de sa variante préférée de chatoyante avant de l’allumer. Nombreuses fois avait-il entendu de la part de ses confrères les plus pieux qu’une telle substance et ses qualités psychotropes n’étaient qu’une distraction de l’esprit et indigne d’usage pour un paladin qui ne devrait trouver repos que dans sa foi dans la Lumière. Après tout, les graines de chatoyante étaient utilisées dans l’artisanat de la bière et en fumer ne pouvait être que pire aux yeux de ses pairs les plus prudes. Aedorn voyait sa dépendance comme un petit vice, mais avait opté qu’il l’assumerait. Un jeune homme s’approcha de lui. Il semblait troublé et hésitant à prendre la parole, visiblement confus par le manque de réaction de la part d’Aedorn à son arrivée.
“P-.. Excusez-moi ?” dit-il.
“De quoi devrais-je t’excuser ?” Aedorn rétorqua tout en expirant une bouffée de fumée avec un sourire. Le nouvel arrivant était gêné et ne trouvait aucun mot à dire. “Comment t’appelles-tu, garçon ?”
“Caleb, mon nom est Caleb.”
“Et pour quelle raison viens-tu déranger ma minute de sérénité, jeune Caleb ?”
“C’est au sujet de ma soeur, monsieur… Désolé mais ça vous dérangerait pas une seconde de m'écouter, c’est vraiment très important !”
Aedorn leva ses yeux et fixa ceux de jeune paysan avec un silence pesant. Ce dernier ravala sa salive et mis un pas en arrière alors que l’homme en face de lui, plus âgé et plus puissant, se leva et continua de le fixer avec toute sa présence maintenant établie. Le chevalier avait remarqué l’instant de peur dans les yeux de Caleb, mais surtout sa frustration.
“Qu’est-il arrivé à ta soeur ?”
Caleb avait eu raison de mobiliser l’attention d’Aedorn, car son histoire s’avéra intéressante. Six ans plus tôt, sa sœur Anna revint de sa balade quotidienne drainée de toutes ses forces, comme si elle avait enduré une terrible épreuve mais elle assura n’avoir aucun souvenir de subir quoi que ce soit : elle était juste tombée. Sa léthargie ne continua qu’à s’aggraver et après quelques mois elle tomba dans un long sommeil. Depuis son corps avait vieilli normalement, et elle avait pris les formes d’une jeune femme malgré le manque de toute activité physique.
“Ma première hypothèse est qu’elle puisse être sous l’emprise d’un esprit qui se baladait dans les parages. Toute sorte de magie était utilisée partout sur le continent pendant cette période,” affirma Aedorn qui fixait la fille allongée sur un lit de tulipes blanches. “L’esprit a besoin d’énergie pour subsister, et prend les forces d’Anna. Il lui laisse juste assez pour continuer à vivre et se développer.”
“Eh bien, il y avait eu ce qu’il s’est passé le même jour ! Sûrement beaucoup de magie maléfique.”
“De quoi parles-tu ?” Aedorn rallumait les braises dans sa pipe.
“Ce jour-là, un paladin était de passage. Il traquait l’un des chevaliers de la mort du roi-liche et l’avait repérée dans les alentours,” raconta Caleb. “Il a séjourné chez Morthis en face. Il était parti avant l’aube et au crépuscule il revint victorieux, mais c’est aussi après ce jour qu’elle a commencé à être faible. Après qu’elle se soit endormie, j’ai remarqué ça.” Il souleva le bras de sa soeur et pointa du doigt des inscriptions sur la peau de sa soeur aux allures d’un tatouage.
“Peut-être qu’elle était plus rebelle que tu ne croyais,” Aedorn dit-il en souriant. Caleb ne partageait pas son humour. “Très bien.”
Le chevalier arracha la page d’un livre sur la table de nuit et s’empara d’une plume et d’une bouteille d’encre qui reposaient dans l’un de ses sacs. Son père lui avait appris à toujours en avoir sur soi. Il répliqua les tatouages d’Anna sur la page déchirée.
"Si une bataille entre un croisé et un chevalier d'Arthas est responsable, pourquoi ne pas être chercher l'aide de la croisade, ou du Kirin Tor ?"
"Vous croyez qu'ils se soucient de nos affaires ? Pendant la guerre contre le Roi-Liche tout le monde était trop occupé pour se soucier de nos affaires, et après sa mort vous êtes tous partis ! Vous vous foutez du sort de quelques villageois isolés !", Caleb s'exclama avec colère. Aedorn ne pouvait pas lui en tenir compte, la Croisade d'argent était la force la plus puissante d'Azeroth et avait fait front contre l'armée la plus vaste du monde, mais une fois le Northrend libre du règne d'Arthas la plupart de ses membres retournèrent servir leurs suzerains respectifs ou joignirent la reconquête des Plaguelands. Lui-même avait décidé d'accompagner Tirion pour réclamer Hearthglen et le reste du nord de Lordaeron avant de s'autoproclamer sentinelle du Northrend.
“Je suis de route vers Dalaran, là-bas je pourrai en apprendre plus sur la signification de ces signes.”
“Vous.. Vous êtes prêt à nous aider ? A aider Anna ?”
Aedorn masqua un sourire. Il se souvint de la satisfaction émotionnelle de la surprise de la voix d’une personne en aide et de l’inspiration que cela lui apportait.
“Je ne fais aucune promesse, je vais voir ce que je peux faire. Il s’agit d’une malédiction compliquée, probablement à plusieurs phases, dépendantes d’événements qui ne m’évoquent rien et ne me laissent que dans le théorique,” affirma Aedorn. “Mais cela ne m’empêche pas de faire mon enquête. Considère ma compensation au degré de mes trouvailles, cela devrait être équitable, d’accord ?” Il rangea ses dessins et sa plume, et réajusta sa veste.
“Ou.. Oui, oui bien sûr.”
“Tout d’abord je pourrais essayer de recruter un mage pour invoquer les mémoires d’Anna, voir ce qu’il s’est passé pendant sa sortie. Pour ça j’aurais besoin d’une de ses possessions, un objet qu’elle tient à coeur.” Caleb hocha de la tête et lui fit don d’un collier en argent, héritage de leur mère défunte. “Je peux aussi passer par l'Avant-Garde ou le Colisée d'Argent. Possible qu’il reste des archives de quel paladin était ici et qui il a combattu, et pourquoi.”
“Pourquoi ? C’est plutôt évident non ?”
“Un chevalier de la mort ne se risque jamais de se révéler sans raison. Et je dois considérer toute possibilité pour trouver la cause des maux d’Anna.”
Caleb lui offrit quelques provisions et se sépara d'Aedorn avec des adieux amiables. Quand il rentra à la maison qui les accueillaient, le chevalier trouva ses compagnons en train de festoyer pour un déjeuner juste avant la mi-journée. Il s’assit à leur table et rejoignit des débats sur la gestion de capital la plus optimale, le cours de la bourse de la banque de Dalaran, et la qualité des technologies naines et gobelines. Après s’être égaré des conversations de ses camarades, Aedorn fut pris d’un pic de curiosité et s’inquiéta des affaires du monde. Il apprit que Théramore fut anéantie par une bombe de mana lancée par la Horde. De toutes les villes de l'Alliance que les Orcs pouvaient viser, ils anéantissèrent celle qui avait le moins de chance de l'attaquer et lui était peu hostile. Mais il n'était guère étonné : Garrosh Hellscream avait été nommé chef de guerre par Thrall le fol, et les tactiques et attitudes du jeune Hellscream avaient été la cause de maintes complications dans la guerre contre Arthas. L'Orc ne voyait le Roi-Liche que comme un autre adversaire, un trophée à ramener pour prestige et gloire et être acclamé par son peuple. Il ne comprenait pas la nature de la menace du Fléau, et n'avait aucun soupçon du sentiment de vengeance qui occupait l'esprit de toutes les victimes de la trahison d'Arthas. Il n'était qu'un étranger sur Azeroth. Pour cette raison, il avait attaqué des troupes de l'Alliance dans leur flanc quand elles ont tenté d'établir un siège des premiers murs du glacier d'Icecrown et offert encore plus de corps au Roi-Liche. Le chevalier errant se morda la lèvre par culpabilité en ayant une pensée courte d'admiration pour le successeur de Thrall. Il ne pouvait pas arriver à nier que d'un point de vue purement matérialiste et cyniquement stratégique, la destruction de Theramore garantissait à la Horde une emprise considérable sur Kalimdor. Aedorn contempla la disparition de l'un des derniers grands bastions de l'humanité avec tristesse et ne prit plus la parole jusqu'à ce que la compagnie reprenne son chemin vers l'ouest.
Aedorn- Personnages Joués : Aedorn
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