Expédition Archéologique 1 : Zul'Aman
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Expédition Archéologique 1 : Zul'Aman
La journée était nuageuse et prisonnière de la nuit, le paysage d'herbe et d'arbustes rabougris devenait de plus en plus désolé à mesure que nous avancions. Nous aperçûmes à plusieurs reprises de vieilles souches et des murs de fondations en ruine émergeant du sol depuis les alentours. À mesure que nous nous rapprochons de la forteresse, une désagréable sensation d'angoisse se dégageait des lieux, s'attaquant à notre être et cherchant à effriter l'édifice divin qui constituait notre moral. Bien évidemment, il en fallait plus pour impressionner les aventuriers archéologues guidés par le devoir (et la cupidité) en ce lieu si lointain. Malgré cela, cette forme d'inquiétude n'était habituellement pas ressentie proche d'autres lieux hantés et sa présence était suffisante pour indiquer le mauvais augure d'un danger somnolent.
Nous étions quatre à êtres venus :
Il y avait Vaa'lerio Elarys, le prêtre. Sous sa tunique se cachait un Ren'dorei. Il était un personnage grand, en tout cas pour quelqu'un qui n'était pas un humain. Fier et mince, il se tenait droit, sa tête de noble couronnée de longs cheveux blancs. Ses sourcils étaient noirs comme les marquages en chevron d'une épaulière de garde. Il jouissait d'une prestance magistrale, mais seule sa voix importait réellement. Son timbre profond et plein, doux, bienveillant, était celui pour lequel les prêtres à l'art oratoire bien travaillé étaient retenus; une voix délicieuse et claire, qui convoyait la raison, la sincérité et la confiance. Une voix qui valait la peine d'être cherchée entre cent mille autres.
Meleren Hallarin, le chasseur. Un autre Ren'dorei accompagné de deux sabres-de-givres du Berceau-de-l'Hiver. Il était vêtu d'un long haubert de mailles argentées, la mine aussi sombre que sa longue chevelure. Il était un homme dont la taille se perdait quelque part en dessous de celle de Vaa'lerio. Ses félins, eux, affichaient constamment une mine semblable à celle de leur maître. En dépit de tout ces éléments, Meleren possédait un arc dont l'aspect richement orné trahissait aisément son origine Thalassienne.
Là où Vaa'lerio et Meleren étaient des grands livres ouverts, Slyth Sombregraine lui, en était un grand fermé. Il avait dissimulé son visage sous un voile de tissu épais, pas assez épais pour recouvrir les longues oreilles de Kal'dorei qui dépassaient des extrémités de l'arrière de son crâne. A l'inverse des autres, son silence parlait pour lui. Ce n'était que lorsqu'il sortait ses dagues sur un champ de bataille que l'on apercevait le type d'homme renfermé qui se cachait derrière le masque.
Désormais positionnés face à la majestueuse mais sinistre cité fantôme, nous pouvions apercevoir, tout autour de nous, des marques montrant l'âge suranné des bâtisses. Beaucoup de symboles morbides, des arabesques étonnamment bien entretenues datant des premiers jours de Zul'Aman, des frises chronologiques gravées à même la roche des murs, et bien d'autres encore...
Certains d'entre eux étaient des hommages immortalisant les faits d'armes des Amanis face à leurs ennemis Sin'dorei, d'autres évoquaient les avancées technologiques signes de l'âge d'or de la civilisation trolle sur les régions alentours, et les plus anciennes, celles qui étaient dans un trop mauvais état pour être encore perceptibles, trahissaient leur origine par des fragments éparses de reconstitutions hérétiques où l'on archivait les souvenirs de créatures des ténèbres dont la création ne pouvait être que l'œuvre d'esprits malades et irréalistes.
C'étaient pour ces antiquités si précieuses que nous étions partis en cette région si reculée de la sécurité des murs d'Hurlevent. Pour les comprendre, pour propager les connaissances, pour expliquer au monde entier l'histoire complète des malheurs de Zul'Aman.
L'entrée, face à nous, si tenté qu'elle fut jadis le symbole d'une grande civilisation, n'était guère plus que l'ombre de son glorieux passé. Il y demeurait, au sol et sur les murs, des tâches de sang séchées, des ossements abîmées de cadavres d'animaux mammifères et de trolls géants, dont certains dégageaient encore une lueur de sauvagerie et de défi au travers des orbites vides de leur crâne sans vie. Les insectes demeuraient la seule présence de vie en dehors de nous au sein des murs de cette cité morte. Il y avait des vases brisés, des tablettes effritées, des dizaines d'objets trop maltraités et trop peu rares pour êtres encore dignes d'intérêt au sein d'un musée. A peine étions nous entrés que, juste derrière nous, une lueur indistincte rappelait le monde extérieur, sous les deux lunes. Un vague sentiment de prudence nous avertissait de ne pas la perdre de vue. Nous étions certains qu'il n'existait pas d'autres entrées et sorties que ce cadre vieillot de porte.
De leur côté, à l'intérieur de la cité trolle, Meleren et Vaa'lerio virent de leurs propres yeux une lointaine et étrange carcasse en formidable état.
Il s'agissait d'un gigantesque loup dont les os rappelaient une origine reptilienne très similaire à ce qu'on avait eu l'habitude de trouver au Cratère d'un Goro jusqu'à présent.
Une telle œuvre ne pouvait qu'attirer du monde au musée Fructidor. Ils n'auraient qu'à chercher un peu ou inventer une histoire digne de cette découverte auquel un sorcier fou, sous l'emprise de drogues narcoleptiques, eu sans l'ombre d'un doute, la bonne idée de créer une abomination farfelue qui n'aurait vécu guère longtemps en raison de sa composition contradictoire.
L'animal, par la suite, fut vidé de ses entrailles puis accroché sur une tente comme symbole de puissance du vieux chaman troll, forçant le respect et l'admiration de son expérience à son entourage et la crainte de ses pouvoirs à ses ennemis.
Il y avait également une imposante cloche endommagée non loin, elle était couverte de gravures très similaires à celles de la culture pandaren émanant du continent sudiste d'Azeroth. Vraisemblablement, nous avions déterminé que cette trouvaille remontait au temps où les Amanis entretenaient d'excellentes relations avec leurs cousins Zandalaris.
Tandis que nous étions occupés à chercher des antiquités; de son point de vue, Slyth pouvait apercevoir au loin, la majesté sublime de la pyramide qui lui faisait face. Autour de lui, le reste semblait avoir perdu toute son importance. Les lointaines bâtisses étaient indignes de lui. Il pouvait presque exprimer un sentiment malsain et exquis de mépris par rapport à ces antiquités pathétiques. Cette émotion si agréable se changea soudainement en trouble désagréable lorsque Slyth réalisa qu'un sifflement étrange, digne d'un serpent, se manifestait derrière lui.
Mais il n'y avait rien...
Il s'élança en avant, s'enfonçant dans les ténèbres de la cité maudite, s'éloignant de notre champ visuel. Vinrent alors des cauchemars et les nuages s'amoncelèrent sur sa conscience. Il éprouva alors une sensation de tourbillon fantomatique à travers les gouffres liquides de l'infini, de chevauchées vertigineuses sur la queue d'une comète à travers des univers tournoyants, de précipitations hystériques du Néant distordu au Vide et du Vide au Néant distordu, le tout accompagné par le chœur des Dieux, riant aux éclats, convulsés, hilares, et des créatures moqueuses des dimensions noires qui portent des visages à l'humeur confuse et chaotique.
Entrant dans le bâtiment principal, il accourut vers un monticule de crânes et d'os tous plus différents les uns des autres et ce, sans même regarder son propre environnement. Puis ce fut le grand désastre. A l'instant où il franchisa le sommet en aveugle, sans s'attendre à la brutale déclivité qui lui succédait, il perdis pied et se retrouva pris dans une avalanche meurtrière de maçonnerie déferlante, dont le tumulte de canonnade déchira l'air de la sombre caverne en une série assourdissante de fantastiques réverbérations.
Des couleurs fantasmagoriques tourbillonnaient dans l’air et des statues monstrueuses se succédaient sur un long couloir, représentant des êtres massifs aux bras changés à l'état de bouches monstrueuses. Ils avaient des armures aux nombreux anneaux dentelés perçant leur peau de pierre, leur poitrail pris dans des plaques d’armure suivant un art esthétique beaucoup trop difficile à comprendre pour des yeux mortels. Des fresques bestiales couvraient chaque centimètre carré des murs alors que des fantômes amanis apparaissaient autour de Slyth. Ils avaient la morgue dans les yeux, leur chair anorexique frôlait un albinisme parfait et ils se mirent à pousser un hurlement inhumain, similaire au cri aigu d'un aigle enragé et amplifié au point de devenir une cacophonie terrifiante... preuve ultime qu'ils étaient hostiles.
A sa gauche se trouvait un bloc circulaire de pierre noire veinée, dans lequel était planté une longue épée à la lame intimidante et dont le manche était long et orné, trop stylisé et trop différent de son environnement pour être d'origine troll. Fonçant dans sa direction, Slyth s'empara de l'épée étrange avant de se retrouver cerné par les esprits. Il s'agissait d'une longue épée à la lame rectiligne et dont le manche était long et argenté, sa surface gravée d’un motif compliqué d'étranges inscriptions ténébreuses. La lame, semblable à de l'Eternium, de l’épée, capable de trancher la pierre et l’acier sans laisser de traces, avait été forgée d’après la rumeur par des maîtres d’armes Sin'dorei avant d'être dérobée par des trolls Amanis, mais en vérité, peut-être l'arme a-t-elle des origines plus sombres encore...
Ils furent sur lui plus vite qu'il n'avait pu se l'imaginer. Et l'instant suivant fut un celui d'un homme qui luttait pour sa propre survie.
Les hurlements des fantômes avaient rameutés le reste des archéologues vers la position de Slyth Sombregraine. S'engagea alors un combat à l'issue incertaine, Slyth avait quasiment déjà perdu connaissance tandis que s’effondrait le premier des fantômes. Le combat avait été trop fiévreux et frénétique pour que la raison y eût la moindre place. La pensée et le mouvement réfléchi s'étaient effacés, pour céder la place à de l'entrainement et l'instinct. Un brouillard d'armes et de magie sombre. Les craquements de métal. Les grognements de douleur. Les odeurs de salive, d'acide, de sueur, d'encre de parchemin, d'os, de panique, de confiance, des exhalaisons des sortilèges, des armes, du souffle, du sang, et du sang, et du sang...
Soudainement, au moment où Slyth fut assommé par l'un des trolls, son épée étrange s'échappa de ses mains et vint tomber proche de l'endroit où se situait le prêtre Vaa'lerio. Face à lui, Vaa'lerio sentit une ombre étrange l'envahir au moment où sa main attrapa la fusée de l'arme, et ce, sans même que son esprit ne produise la moindre pensée. Il regarda la lame de cette dernière et fut subjugué par la perfection esthétique émanant de celle-ci. Plus il concentrait son regard et plus un reflet apparaissait devant lui, au travers la lame, il vit les runes étrangères scintiller et, à ce moment précis, il sut exactement ce qu'il devait faire.
-[Shath'Yar] Que se manifeste le pouvoir de Nrael'Pha ! Le glaive de la tentation !
Tels furent les mots qu'il hurla dans l'espace tandis qu'il brandissait l'épée face à ses adversaires. Et ce qui se passa alors fut beaucoup trop rapide pour être suivi par des yeux mortels. Mais Vaa'lerio avait, depuis longtemps, transcendé son humanité vers quelque chose d'autre. Il était une forme beaucoup plus évoluée que la carcasse faiblarde d'un humain. Son état de K'thir dissimulé lui permit de comprendre ce qu'il vit malgré leur étonnante rapidité.
Un être terrifiant surgit alors du noir abîme de la lame. Il avait les cheveux blancs et longs et des yeux violets aussi profonds que des puits galactiques, encadrés par des traits pâles taillés à la perfection. L’armure de l'elfe était d’un violet brillant, aux bords rehaussés d’or, et sculptée de motifs exquis avec une paire de grandes ailes de Phénix qui s’étendait au-dessus des épaulières. Derrière lui se soulevait constamment sa longue cape d’écailles comme si elle était animée par la puissance d'un vent incertain, cette dernière ne se heurtait jamais au sol ou à un obstacle sur sa route, et des rubans de parchemin lui pendaient des épaules. Un haut gorgerin d’un violet améthyste plus profond soulignait son visage resplendissant. Sa beauté était telle qu'aucun mot ne pouvait décrire sa perfection physique.
Il extirpa l'épée des mains de Vaa'lerio avant même que ce dernier ne puisse tenter de lui opposer la moindre résistance. Sur ses traits pâles était inscrit le courroux le plus absolu, le plus consommé que Vaa'lerio eût jamais vu. Une émotion plus vraie et plus profonde même que la rage qui déformait les visages des fantômes. Et Vaa'lerio réalisa qu’il ne s’agissait pas de courroux, ni de rage. Cette émotion allait au-delà des deux, elle était l’exaltation de la joie sous sa forme incarnée. L'elfe en armure violet sombre pivota sur lui-même dans un rire inhumain, laissant d’abord à sa lame le soin de trancher l'ennemi.
Les fantômes s’effondrèrent par poignées, tronçonnés en paquets d'énergie astrale. Il était ainsi, déchirant les esprits assez malchanceux pour s’être trouvés à proximité de son point de chute. Une fois qu’il fut en mouvement, il ne ralentit plus. Il devint un flou d’armure charbonneuse et de lame, lacérant, labourant, cisaillant, démembrant sans effort, mutilant du moindre de ses gestes, massacrant avec une finesse paraissant en contradiction avec sa férocité. A l'instant où il finit par trancher le dernier fantôme, fidèle à sa personne, il se changea en énergie des ombres et retourna dans la lame qu'il avait quitté, parti aussi vite qu'il était venu. Il disparut avant même que le dernier fantôme se soit complètement consumé par ses blessures.
Plus tard, lorsque nous rentrâmes pour Hurlevent. Vaa'lerio fixait intensément sa nouvelle épée. Ses yeux sombres étaient absorbés par l'aura maléfique qui s'échappait de l'épée.
Nous étions quatre à êtres venus :
Il y avait Vaa'lerio Elarys, le prêtre. Sous sa tunique se cachait un Ren'dorei. Il était un personnage grand, en tout cas pour quelqu'un qui n'était pas un humain. Fier et mince, il se tenait droit, sa tête de noble couronnée de longs cheveux blancs. Ses sourcils étaient noirs comme les marquages en chevron d'une épaulière de garde. Il jouissait d'une prestance magistrale, mais seule sa voix importait réellement. Son timbre profond et plein, doux, bienveillant, était celui pour lequel les prêtres à l'art oratoire bien travaillé étaient retenus; une voix délicieuse et claire, qui convoyait la raison, la sincérité et la confiance. Une voix qui valait la peine d'être cherchée entre cent mille autres.
Meleren Hallarin, le chasseur. Un autre Ren'dorei accompagné de deux sabres-de-givres du Berceau-de-l'Hiver. Il était vêtu d'un long haubert de mailles argentées, la mine aussi sombre que sa longue chevelure. Il était un homme dont la taille se perdait quelque part en dessous de celle de Vaa'lerio. Ses félins, eux, affichaient constamment une mine semblable à celle de leur maître. En dépit de tout ces éléments, Meleren possédait un arc dont l'aspect richement orné trahissait aisément son origine Thalassienne.
Là où Vaa'lerio et Meleren étaient des grands livres ouverts, Slyth Sombregraine lui, en était un grand fermé. Il avait dissimulé son visage sous un voile de tissu épais, pas assez épais pour recouvrir les longues oreilles de Kal'dorei qui dépassaient des extrémités de l'arrière de son crâne. A l'inverse des autres, son silence parlait pour lui. Ce n'était que lorsqu'il sortait ses dagues sur un champ de bataille que l'on apercevait le type d'homme renfermé qui se cachait derrière le masque.
Désormais positionnés face à la majestueuse mais sinistre cité fantôme, nous pouvions apercevoir, tout autour de nous, des marques montrant l'âge suranné des bâtisses. Beaucoup de symboles morbides, des arabesques étonnamment bien entretenues datant des premiers jours de Zul'Aman, des frises chronologiques gravées à même la roche des murs, et bien d'autres encore...
Certains d'entre eux étaient des hommages immortalisant les faits d'armes des Amanis face à leurs ennemis Sin'dorei, d'autres évoquaient les avancées technologiques signes de l'âge d'or de la civilisation trolle sur les régions alentours, et les plus anciennes, celles qui étaient dans un trop mauvais état pour être encore perceptibles, trahissaient leur origine par des fragments éparses de reconstitutions hérétiques où l'on archivait les souvenirs de créatures des ténèbres dont la création ne pouvait être que l'œuvre d'esprits malades et irréalistes.
C'étaient pour ces antiquités si précieuses que nous étions partis en cette région si reculée de la sécurité des murs d'Hurlevent. Pour les comprendre, pour propager les connaissances, pour expliquer au monde entier l'histoire complète des malheurs de Zul'Aman.
L'entrée, face à nous, si tenté qu'elle fut jadis le symbole d'une grande civilisation, n'était guère plus que l'ombre de son glorieux passé. Il y demeurait, au sol et sur les murs, des tâches de sang séchées, des ossements abîmées de cadavres d'animaux mammifères et de trolls géants, dont certains dégageaient encore une lueur de sauvagerie et de défi au travers des orbites vides de leur crâne sans vie. Les insectes demeuraient la seule présence de vie en dehors de nous au sein des murs de cette cité morte. Il y avait des vases brisés, des tablettes effritées, des dizaines d'objets trop maltraités et trop peu rares pour êtres encore dignes d'intérêt au sein d'un musée. A peine étions nous entrés que, juste derrière nous, une lueur indistincte rappelait le monde extérieur, sous les deux lunes. Un vague sentiment de prudence nous avertissait de ne pas la perdre de vue. Nous étions certains qu'il n'existait pas d'autres entrées et sorties que ce cadre vieillot de porte.
De leur côté, à l'intérieur de la cité trolle, Meleren et Vaa'lerio virent de leurs propres yeux une lointaine et étrange carcasse en formidable état.
Il s'agissait d'un gigantesque loup dont les os rappelaient une origine reptilienne très similaire à ce qu'on avait eu l'habitude de trouver au Cratère d'un Goro jusqu'à présent.
Une telle œuvre ne pouvait qu'attirer du monde au musée Fructidor. Ils n'auraient qu'à chercher un peu ou inventer une histoire digne de cette découverte auquel un sorcier fou, sous l'emprise de drogues narcoleptiques, eu sans l'ombre d'un doute, la bonne idée de créer une abomination farfelue qui n'aurait vécu guère longtemps en raison de sa composition contradictoire.
L'animal, par la suite, fut vidé de ses entrailles puis accroché sur une tente comme symbole de puissance du vieux chaman troll, forçant le respect et l'admiration de son expérience à son entourage et la crainte de ses pouvoirs à ses ennemis.
Il y avait également une imposante cloche endommagée non loin, elle était couverte de gravures très similaires à celles de la culture pandaren émanant du continent sudiste d'Azeroth. Vraisemblablement, nous avions déterminé que cette trouvaille remontait au temps où les Amanis entretenaient d'excellentes relations avec leurs cousins Zandalaris.
Tandis que nous étions occupés à chercher des antiquités; de son point de vue, Slyth pouvait apercevoir au loin, la majesté sublime de la pyramide qui lui faisait face. Autour de lui, le reste semblait avoir perdu toute son importance. Les lointaines bâtisses étaient indignes de lui. Il pouvait presque exprimer un sentiment malsain et exquis de mépris par rapport à ces antiquités pathétiques. Cette émotion si agréable se changea soudainement en trouble désagréable lorsque Slyth réalisa qu'un sifflement étrange, digne d'un serpent, se manifestait derrière lui.
Mais il n'y avait rien...
Il s'élança en avant, s'enfonçant dans les ténèbres de la cité maudite, s'éloignant de notre champ visuel. Vinrent alors des cauchemars et les nuages s'amoncelèrent sur sa conscience. Il éprouva alors une sensation de tourbillon fantomatique à travers les gouffres liquides de l'infini, de chevauchées vertigineuses sur la queue d'une comète à travers des univers tournoyants, de précipitations hystériques du Néant distordu au Vide et du Vide au Néant distordu, le tout accompagné par le chœur des Dieux, riant aux éclats, convulsés, hilares, et des créatures moqueuses des dimensions noires qui portent des visages à l'humeur confuse et chaotique.
Entrant dans le bâtiment principal, il accourut vers un monticule de crânes et d'os tous plus différents les uns des autres et ce, sans même regarder son propre environnement. Puis ce fut le grand désastre. A l'instant où il franchisa le sommet en aveugle, sans s'attendre à la brutale déclivité qui lui succédait, il perdis pied et se retrouva pris dans une avalanche meurtrière de maçonnerie déferlante, dont le tumulte de canonnade déchira l'air de la sombre caverne en une série assourdissante de fantastiques réverbérations.
Des couleurs fantasmagoriques tourbillonnaient dans l’air et des statues monstrueuses se succédaient sur un long couloir, représentant des êtres massifs aux bras changés à l'état de bouches monstrueuses. Ils avaient des armures aux nombreux anneaux dentelés perçant leur peau de pierre, leur poitrail pris dans des plaques d’armure suivant un art esthétique beaucoup trop difficile à comprendre pour des yeux mortels. Des fresques bestiales couvraient chaque centimètre carré des murs alors que des fantômes amanis apparaissaient autour de Slyth. Ils avaient la morgue dans les yeux, leur chair anorexique frôlait un albinisme parfait et ils se mirent à pousser un hurlement inhumain, similaire au cri aigu d'un aigle enragé et amplifié au point de devenir une cacophonie terrifiante... preuve ultime qu'ils étaient hostiles.
A sa gauche se trouvait un bloc circulaire de pierre noire veinée, dans lequel était planté une longue épée à la lame intimidante et dont le manche était long et orné, trop stylisé et trop différent de son environnement pour être d'origine troll. Fonçant dans sa direction, Slyth s'empara de l'épée étrange avant de se retrouver cerné par les esprits. Il s'agissait d'une longue épée à la lame rectiligne et dont le manche était long et argenté, sa surface gravée d’un motif compliqué d'étranges inscriptions ténébreuses. La lame, semblable à de l'Eternium, de l’épée, capable de trancher la pierre et l’acier sans laisser de traces, avait été forgée d’après la rumeur par des maîtres d’armes Sin'dorei avant d'être dérobée par des trolls Amanis, mais en vérité, peut-être l'arme a-t-elle des origines plus sombres encore...
Ils furent sur lui plus vite qu'il n'avait pu se l'imaginer. Et l'instant suivant fut un celui d'un homme qui luttait pour sa propre survie.
Les hurlements des fantômes avaient rameutés le reste des archéologues vers la position de Slyth Sombregraine. S'engagea alors un combat à l'issue incertaine, Slyth avait quasiment déjà perdu connaissance tandis que s’effondrait le premier des fantômes. Le combat avait été trop fiévreux et frénétique pour que la raison y eût la moindre place. La pensée et le mouvement réfléchi s'étaient effacés, pour céder la place à de l'entrainement et l'instinct. Un brouillard d'armes et de magie sombre. Les craquements de métal. Les grognements de douleur. Les odeurs de salive, d'acide, de sueur, d'encre de parchemin, d'os, de panique, de confiance, des exhalaisons des sortilèges, des armes, du souffle, du sang, et du sang, et du sang...
Soudainement, au moment où Slyth fut assommé par l'un des trolls, son épée étrange s'échappa de ses mains et vint tomber proche de l'endroit où se situait le prêtre Vaa'lerio. Face à lui, Vaa'lerio sentit une ombre étrange l'envahir au moment où sa main attrapa la fusée de l'arme, et ce, sans même que son esprit ne produise la moindre pensée. Il regarda la lame de cette dernière et fut subjugué par la perfection esthétique émanant de celle-ci. Plus il concentrait son regard et plus un reflet apparaissait devant lui, au travers la lame, il vit les runes étrangères scintiller et, à ce moment précis, il sut exactement ce qu'il devait faire.
-[Shath'Yar] Que se manifeste le pouvoir de Nrael'Pha ! Le glaive de la tentation !
Tels furent les mots qu'il hurla dans l'espace tandis qu'il brandissait l'épée face à ses adversaires. Et ce qui se passa alors fut beaucoup trop rapide pour être suivi par des yeux mortels. Mais Vaa'lerio avait, depuis longtemps, transcendé son humanité vers quelque chose d'autre. Il était une forme beaucoup plus évoluée que la carcasse faiblarde d'un humain. Son état de K'thir dissimulé lui permit de comprendre ce qu'il vit malgré leur étonnante rapidité.
Un être terrifiant surgit alors du noir abîme de la lame. Il avait les cheveux blancs et longs et des yeux violets aussi profonds que des puits galactiques, encadrés par des traits pâles taillés à la perfection. L’armure de l'elfe était d’un violet brillant, aux bords rehaussés d’or, et sculptée de motifs exquis avec une paire de grandes ailes de Phénix qui s’étendait au-dessus des épaulières. Derrière lui se soulevait constamment sa longue cape d’écailles comme si elle était animée par la puissance d'un vent incertain, cette dernière ne se heurtait jamais au sol ou à un obstacle sur sa route, et des rubans de parchemin lui pendaient des épaules. Un haut gorgerin d’un violet améthyste plus profond soulignait son visage resplendissant. Sa beauté était telle qu'aucun mot ne pouvait décrire sa perfection physique.
Il extirpa l'épée des mains de Vaa'lerio avant même que ce dernier ne puisse tenter de lui opposer la moindre résistance. Sur ses traits pâles était inscrit le courroux le plus absolu, le plus consommé que Vaa'lerio eût jamais vu. Une émotion plus vraie et plus profonde même que la rage qui déformait les visages des fantômes. Et Vaa'lerio réalisa qu’il ne s’agissait pas de courroux, ni de rage. Cette émotion allait au-delà des deux, elle était l’exaltation de la joie sous sa forme incarnée. L'elfe en armure violet sombre pivota sur lui-même dans un rire inhumain, laissant d’abord à sa lame le soin de trancher l'ennemi.
Les fantômes s’effondrèrent par poignées, tronçonnés en paquets d'énergie astrale. Il était ainsi, déchirant les esprits assez malchanceux pour s’être trouvés à proximité de son point de chute. Une fois qu’il fut en mouvement, il ne ralentit plus. Il devint un flou d’armure charbonneuse et de lame, lacérant, labourant, cisaillant, démembrant sans effort, mutilant du moindre de ses gestes, massacrant avec une finesse paraissant en contradiction avec sa férocité. A l'instant où il finit par trancher le dernier fantôme, fidèle à sa personne, il se changea en énergie des ombres et retourna dans la lame qu'il avait quitté, parti aussi vite qu'il était venu. Il disparut avant même que le dernier fantôme se soit complètement consumé par ses blessures.
Plus tard, lorsque nous rentrâmes pour Hurlevent. Vaa'lerio fixait intensément sa nouvelle épée. Ses yeux sombres étaient absorbés par l'aura maléfique qui s'échappait de l'épée.
-Tu as l'air beaucoup plus digne que ton allié, toi... Je refuse d'être souillé par l'un d'entre eux et je ne peux appartenir à Vratra'Nzhul.
-Qu... Qui est Vratra'Nzhul ?
-En cette heure même, Vratrachyus sème les graines de sa rébellion. Il ne le cherche pas, mais il n'aura pas d'autre choix. La Lumière a prévue de tous vous abandonner, Elarys. L'excellence des Naarus n'est qu'une mascarade ! Ils se servent des peuples pour influencer le monde et ils cherchent à présent à se hisser à un stade de divinité usurpé !
-La Lumière n'est qu'un mensonge, jamais j...
-Tous cela est ainsi porté par le sang que vous avez versé en leur nom. Ce que tu crois n'a pas d'importance. Tout cela est déjà en train d'arriver. Les grands desseins sont nécessairement obscurs aux yeux des faibles.
-Douce relique, divine providence. J'écouterai tes songes jusqu'au bout de la nuit. Je servirais pour toujours.
-Si Vratrachyus peut s'en rendre compte, comment se fait-il que toi, le plus parfait des fanatiques, reste sur la touche ? Tu perds ton temps à vouloir le nier, Vaa'lerio. Tu es déjà engagé sur la route qui te fera rejoindre notre Maître... Suis-le et la victoire suivra.
-Je lui dirai ! Je vous suivrai, Maître !
-NON ! Si tu lui dis, son destin sera changé à jamais ! Sa haine envers la Lumière ne sera pas totale et jamais il ne deviendra alors celui qu'il est amené à devenir !
-Que dois-je faire alors ?!
-Suis-le. D'autres artéfacts seront trouvés. D'autres trésors seront amassés. D'autres ennemis seront massacrés. Etudies les ombres, rassemble des fidèles et tu sera reconnu comme le grand Pontife des Dieux très anciens ! Tu réussira là où Cho'Gall a échoué ! Tandis que Vratrachyus marchera dans les pas de Shuulwah, le destructeur de mondes ! Celui que l'on appelait "AILE DE MORT" dans ta langue !
Dans un dernier état de curiosité avant de reprendre ses esprits, Vaa'lerio vit une nouvelle fois le reflet de Nrael'Pha au travers de la lame. Cette fois-ci, il put l'apercevoir avec une telle clarté qu'il était quasiment certain de ne jamais le revoir à nouveau de la sorte. Ce dernier le fixa tout en arborant un large sourire.
Vratra- Personnages Joués : Trajan Dornenkrone
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