Plébéiens inquiets

Plébéiens inquiets

Amis... ambitieux...  délaissés...
La confiance en autrui... Si dans de nombreux royaumes les peuples sont encouragés à se montrer de bonne foi et honnêtes, la réalité est qu'il s'agit là, le plus souvent, d'une chose à laquelle bien peu de personnes peuvent se risquer. Ce n'est pas le cas à Hurlevent, pourtant : nous avons si bien mis un terme à la corruption au sein de la société que non seulement le peuple a toute confiance en son administration, sans avoir besoin de recourir à des pots-de-vin, mais qu'en plus les gens se font mutuellement confiance dans leurs échanges. Cette croyance générale dans l'honnêteté d'autrui est l'un des piliers sur lesquels repose toute société, et notre royaume est en la matière un exemple à suivre.

Mais qu'en est-il de l'Alliance en générale ? « Pour être un bon commerçant, il faut avoir l'air bête et honnête - mais n'être ni l'un, ni l'autre. »
Cet adage de Kul'Tiras est de plus en plus fréquemment entendu dans l'Alliance, ce qui montre bien que notre royaume n'évolue pas pour le mieux. Si les gens du peuple sont capable de s'entraider, ce n'est hélas pas le cas pour ceux qui ont un tant soit peu de rang social élevé. Les nobles d'Hurlevent et la Compagnie Corsandre ont longuement considéré que les dessous-de-table sont un facilitateur naturel des affaires, chaque service rendu ayant un prix; et ceux qui refusent la moindre commission sont précisément considérés comme ce que suggère le proverbe : des sots. Pire encore que des sots, puisqu'ils refusent délibérément les sommes qu'ils pourraient percevoir.

La conséquence de ce cynisme est que toute forme de pouvoir corrompt réellement, et tout ceux qui le croient n'en sont pas exempts. Pas même le Roi.

Lorsque la presse à imprimer fut développée, elle a commencé à attirer d'abord ceux qui voulaient créer des chefs-d’œuvre de l'art, ou des philanthropes qui souhaitaient rendre plus accessible la connaissance des classiques. Très rapidement, pourtant, d'autres ont rejoint leurs rangs : des hommes moins scrupuleux, tout prêts à vivre de la dénonciation d'autrui. Depuis lors, l'impression a commencé à devenir une véritable affaire, à mesure que les imprimeurs se sont offerts aux démagogues de toute l'Alliance pour leur permettre de répandre leurs mensonges. En ce moment même, des piles entières de pamphlets sont sur le point d'être distribuées à quiconque est prêt à faire taire notre parole, tandis que de notre côté, nous usons de nos propres instruments pour dénoncer cette pratique dangereuse et immorale. Nous avons besoin de l'aide de tout le monde.

La réussite de cette tâche permettra de créer une opinion forte et massive du peuple qui dénoncera l'emploi de cette technique autrement si prometteuse dans son service à la calomnie. Puis incitera sa majesté à entendre la libre parole de son peuple et de prendre les mesures qui s'imposent face au risque croissant de corruption qui menace notre paix sociale un peu plus chaque jour.