L'Église des Derniers Jours
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L'Église des Derniers Jours
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Le maillet s’élève dans l’air sec de la Marche de l’Ouest et s’écrase sur la tête plate du clou, l’enfonçant d’un coup d’un seul dans le bois. En contrebas, une vieille grue de chantier soulève une poutre pour la porter jusqu’à la charpente de cette grange perdue au milieu de nulle part. Ils sont une quinzaine à retaper la vieille bâtisse, des malheureux pour la plupart, nés de la misère et de l’infortune, des gens de peu, des gens de rien. Les bouches sont craquelées, les mains abimées, les cœurs âpres. C’est une vie de vagabond qu’ils ont mené jusqu’à alors, sans espérance ni perspective. Sans Lumière. Une vie dénuée de sens, en somme. Plus maintenant, cependant. Plus depuis qu’ils ont trouvé le Père Isaiah sur leur chemin. Plus depuis qu’ils ont entendu ses prêches. Il leur a redonné la foi de croire en eux et en Elle, la force d’avancer sur une voie qui dépasse leur seule condition misérable, la ténacité de persister dans ce monde grâce à Lumière, comme un chiendent qui, s’il est certes une mauvaise herbe, s’accroche à la vie, se bat pour croître et exister malgré tout.
Trois navets et la carcasse d’une volaille bien maigre mijotent dans la grande marmite du campement. La communauté des croyants est réunie tout autour, sous la voûte du ciel nocturne. Ils se serrent devant le feu, partageant quelques couvertures miteuses, et boivent leur bouillon. Un homme en guenilles les rejoint et s’assoit auprès d’eux sans un mot. Inutile de parler, nul besoin de quémander. C’est la faim qui pousse cette forme famélique. La faim d’humanité, d’espoir, d’amour, de compassion. Il n’est pas le premier, ni le dernier. Le Père Isaiah verse une louche de potage dans un bol et le lui tend, lui offrant le souper et l’étreinte de la Lumière en un seul geste.
Serrés dans cette grange devenue église, ils psalmodient les prières des indigents, ils frappent dans leurs mains au rythme du gospel sacré, unissant leurs voix tremblantes de ferveur en une messe de poussière. Ils se dépouillent de leurs maigres possessions dans le feu purificateur : l’un y jette son seul luxe -un tableau aux couleurs passées- l’autre y bazarde une antique horloge de famille, une vieille femme se sépare de son dernier flacon de bourbon dans un grand souffle de flammes. Les fidèles se nettoient de leurs péchés, prient les louanges de la Lumière, l’humilité de leur condition face à l’éternel, ils chantent en chœur l’abandon de leur chair au seul profit du respect de la foi. Sous le regard du Père Isaiah, certains se fouettent le dos avec des martinets en se balançant au rythme des litanies, d’autres enroulent des cilices à leurs bras pour tourmenter leurs chairs. La souffrance physique pour sublimer l’abnégation, la souffrance psychique pour glorifier la Lumière.
Dehors, au soleil, une boule d’herbes sèches roule sur la terre d’ocre. Les campagnes roussies de la Marche sont un terreau fertile pour la piété des désespérés. Mais déjà les prunelles bleu-de-fer du pasteur se tournent vers l’Ouest et la capitale du péché : Hurlevent.
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- Bonjour à tous. Voici le texte d'introduction d'un projet de secte Lumineuse persuadée que l'heure de la grande bataille finale entre l'Ombre et la Lumière est sur le point d'arriver, et qui s'y prépare. Si vous souhaitez jouer un illuminé en robe au sein de ce projet léger et sans prétention, ou simplement si vous souhaitez plus d'informations, n'hésitez pas à me contacter sur le serveur discord communautaire Chez Fanny/Somnambule (https://discord.gg/GfyARS4t) ou directement en dm (sbltls). Bon jeu, Lux vult !
Camille Chat
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